Jeudi 19 Octobre 2017

« Dès que [Jacqueline Du Pré] commença de jouer, je fus comme hypnotisé. »
Placido Domingo

Cette chronique quotidienne est partage.

Je ne peux partager que ce que je comprends, ce qui m’interpelle, qui résonne en moi, qui m’émeut.

Je suis né dans une famille de musiciens. Mon père, mon frère ainé en ont fait leur beau métier.

Le destin, les circonstances, mes envies ne m’ont pas conduit vers ce même chemin.

Mais la musique occupe une place essentielle dans ma vie, parce qu’elle me fait du bien, parce qu’elle me nourrit, parce qu’elle m’apaise, parce qu’elle me donne de la joie.

Et dans ce monde de la musique, je me suis construit un panthéon.

Une des plus belles places dans ce panthéon est occupée par la violoncelliste Jacqueline Du Pré.

Elle était lumineuse, passionnée, elle dégageait une émotion immédiatement perceptible.

Elle eut un destin tragique.

Elle nous a quittés il y a exactement 30 ans, le 19 octobre 1987. Elle avait 42 ans.

Mais en réalité, elle nous avait quittés bien avant. En 1971, elle avait 26 ans, ses capacités de jeu avaient entamé un déclin irréversible car l’artiste avait commencé à perdre la sensibilité et la mobilité de ses doigts. Elle a dû, alors très vite, arrêter sa carrière. Elle était atteinte de sclérose en plaques, maladie qui, par ses complications, a causé son décès.

Ce fut une comète, une musicienne extraordinairement précoce, pleine d’intensité comme si dès le début elle savait qu’elle aurait si peu de temps pour s’exprimer.

Le grand violoniste Yehudi Menuhin a dit :

« Lorsque je la regarde, lorsque je l’écoute, je me sens tout petit devant tant d’esprit, honteux de la moindre indulgence vis-à-vis de moi-même et particulièrement fier d’avoir, aussi peu que ce soit, fait de la musique avec elle. »

Et j’ai mis en exergue ce propos du chanteur Placido Domingo :

« Dès qu’elle commença de jouer, je fus comme hypnotisé. J’ai été immédiatement convaincu par sa maîtrise, sa concentration, qui faisait chanter son violoncelle comme je n’en ai entendu chanter aucun autre. »

Vous trouverez sur Youtube <Cette interprétation magistrale du Concerto d’Elgar>.

Et puis, réalisé par Christopher Nuppen un reportage et un concert extraordinaire où 5 jeunes artistes dont Jacqueline Du Pré interprètent la plus belle version du <quintette la Truite de Schubert>

Et si vous voulez des propositions de CD, j’en propose deux :



Et je finirai par une rose, car le nom de Jacqueline Du Pré a été donné à une rose :


<Vous trouverez plus de précisions derrière ce lien>

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Vendredi 13 octobre 2017

« Un anniversaire »
Retour annuel d’un jour marqué par un événement

Avant qu’homo sapiens puisse fêter un anniversaire, il a fallu qu’il invente plusieurs choses.

  • Il lui fallait d’abord la capacité de décrire le temps dans une période cyclique. Le cycle de l’année qui accompagne une rotation complète de la planète des homos sapiens autour de son étoile constitue la première pierre de cet édifice.
  • Il fallait ensuite être capable de décrire un cycle par petites périodes repérables et identifiées. Le jour, période pendant laquelle la terre tourne autour d’elle-même fut la seconde pierre.
  • Et la troisième pierre est constituée par la capacité à marquer un évènement dans le calendrier ainsi créé. Cette dernière faculté nécessitait la création de l’écriture.

L’étymologie illustre parfaitement le sens d’anniversaire. C’est encore un mot qui vient du latin anniversarius (« qui revient tous les ans »), formé de annus (« année »), et de versus participe passé du verbe vertere (« revenir »).

On fête l’anniversaire d’un évènement, cet évènement peut être une naissance.

Depuis quand fête t’on les anniversaires ?

On apprend sur cette page du CNRS que :

Plutarque raconte qu’après la bataille de Platée les guerriers morts ayant été enterrés sur le lieu du combat, les platéens s’étaient engagés à leur offrir chaque année le repas funèbre. En conséquence, au jour anniversaire, ils se rendaient en grande procession, conduits par leurs premiers magistrats, vers le tertre sous lequel reposaient les morts. (Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 14.)

* Platée fut une bataille des guerres entre les grecs et les perses appelés guerres médiques et eut lieu en 479 avant JC.

Wikipedia fait référence à la bible pour montrer que dans ce livre des monothéismes, il est question d’anniversaire.

Ainsi dans l’Ancien Testament, un festin d’anniversaire est cité en Genèse 40, 20, dans l’histoire de Joseph :

« Et il arriva, le troisième jour, jour de la naissance du Pharaon, qu’il fit un festin à tous ses serviteurs ; et il éleva la tête du chef des échansons et la tête du chef des panetiers au milieu de ses serviteurs : il le rétablit dans son office d’échanson(…). Mais le chef des panetiers, il le pendit. »

Dans le Nouveau Testament, un festin d’anniversaire est cité en Marc 6, 21 quand la fille d’Hérodiade obtient la tête de Jean le Baptiste :

« Or vint un jour propice, quand Hérode, à l’anniversaire de sa naissance, fit un banquet pour les grands de sa cour, les officiers et les principaux personnages de la Galilée : – la fille d’Hérodiade entra et dansa, et plut tant à Hérode qu’il promit avec serment de lui donner ce qu’elle demanderait. Et elle de dire, endoctrinée par sa mère: ‘Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean le Baptiste.’ (…) il envoya décapiter Jean dans la prison. »

C’est l’histoire dont Oscar Wilde fit la pièce de théâtre « Salomé » et Richard Strauss un opéra. Mais, en France c’est à partir de la révolution et de l’institution du registre d’état civil que l’on a vraiment commencé pour le commun des mortels de connaître avec précision la date de naissance et qu’on a pu fêter l’anniversaire de chacun. Certains, diront mais avant le registre d’état civil, il y avait les registres des églises. Mais le registre des églises enregistrait le baptême, non la naissance. D’ailleurs, avant le registre d’état civil, le commun des mortels fêtait plutôt le jour du Saint dont il portait le prénom et qu’on appelle encore aujourd’hui «la fête». Le 13 octobre correspond à la Saint Édouard, c’est donc la fête de tous les Édouard.

2017, est une année particulièrement féconde en anniversaires d’évènements de dizaines, voire de centaines d’années :

  • Il y a quelques jours, on commémorait l’anniversaire des 50 ans de l’exécution du Che le 9 octobre 1967 à la Higuera, Bolivie
  • Et puis il y a la date anniversaire des 100 ans de la révolution bolchevique, la révolution d’octobre qui a eu lieu selon notre calendrier le 7 novembre 1917
  • Le 7 janvier 1957 a eu lieu le début de la bataille d’Alger.
  • Et puis nous fêterons aussi les 500 ans de la Réforme sur laquelle je reviendrai bientôt plus longuement.

J’ai trouvé taquin d’écrire ce mot sur « un anniversaire » le 13 octobre puisque c’est le jour où je suis né, en 1958.

Je partage cette caractéristique avec Margaret Thatcher (1925), mais aussi Yves Montand (1921) et Raymond Kopa (1931).

J’ai aussi eu la joie, lorsque j’étais à Bercy de travailler avec la pétillante et sympathique Chantal qui est née le même jour que moi, un peu plus tard et qui parfois lit ce mot.

Je souhaite donc un bon anniversaire à Chantal.

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Vendredi 1er septembre 2017

« Un gite dans le Beaujolais »
Un lieu pour éviter le tourisme de masse

Le sujet de conversation qui a pour objet les vacances n’a pas ma prédilection. Mais lorsqu’on m’interroge, je suis bien obligé de répondre.

Et lorsque des collègues curieux m’ont demandé où nous allions passer nos 3 semaines de vacances avec Annie et que j’ai répondu le Beaujolais et que j’ai ajouté, en plus, comme l’année dernière, il y a eu comme un silence réprobateur.

Si encore nous disposions d’une résidence secondaire dans le Beaujolais, pourquoi pas, mais un gite ! et trois semaines !

« Mais enfin tu habites Lyon, dans le Beaujolais tu y vas quand tu veux, un dimanche par exemple. Un weekend, si tu veux faire des excès ! »

Mais pourquoi le Beaujolais ?

La première raison c’est parce que c’est près de là où j’habite et qu’ainsi je n’ai pas besoin d’aller loin pour me reposer, me ressourcer, marcher et surtout rencontrer un nombre raisonnable de touristes.

Dans le Beaujolais on fait des rencontres étonnantes. Par exemple, sur le marché du Bois d’Oingt, vous trouvez un boulanger bio : « L’ami du pain ». Dans sa jeunesse il était ingénieur, mais maintenant il fait des pains à se pâmer. Un jour, nous avions acheté plusieurs pains (« c’est quand c’est bon qu’il faut qu’il y en ait beaucoup » dit mon frère Gérard.) et nous sommes allés nous désaltérer à une terrasse près du marché. Brusquement, nous avons entendu monter le son d’un violoncelle jouant une suite de Bach de belle manière. Je me suis précipité, dans ma jeunesse à moi j’avais tenté aussi le violoncelle, pour rencontrer cet interprète. C’était le boulanger. Je lui alors dit : « Vous ne vous contentez pas de produire un pain divin, vous jouez aussi Bach à la perfection ». Il m’a alors répondu que l’émotion était la même pour faire du pain et jouer du Bach, que les deux avaient un lien avec le divin.

Cet homme surprenant a pour nom Didier Genetier.

Quand on est dans un lieu calme, c’est-à-dire loin de l’agitation, il est plus facile de se ressourcer, de se retrouver soi-même et même de poursuivre des activités intellectuelles. De ces activités qui n’occupent pas la journée, mais la remplissent.

Avant de partir, je m’étais promené sur les quai de Saône de Lyon, j’y ai trouvé un livre que je n’avais pas lu, mais que beaucoup m’avaient conseillé de lire. Le bouquiniste qui me l’a vendu a eu cette remarque : « Je vous envie de découvrir ce chef d’œuvre ». C’est ainsi que j’ai lu « Belle du Seigneur » d’Albert Cohen.

J’ai aussi lu le « Luther » de Lucien Febvre, le premier réformateur par le co-créateur avec Marc Bloch de l’Ecole des Annales.

J’ai pu, lors de longues ballades écouter la nature, échanger avec Annie et aussi écouter, entre autres, plus de 8 heures d’émissions de France Culture consacrées à l’Alimentation d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Autant de nourritures pour mes futurs mots du jour. Car écrire les mots me permet d’approfondir, de mieux comprendre, de mieux saisir ce que j’ai lu ou écouté. Et bien sûr le partager. L’objectif de le partager, m’incite et me pousse à approfondir et donc d’aller plus loin qu’une seule simple lecture ou écoute.

Tout ceci ne serait pas possible si Annie n’avait pas déniché un gite remarquable, remarquable par la qualité et les conditions de l’accueil.

La possibilité d’un échange marchand équilibré où chacun trouve son compte tout en conjuguant l’échange humain et le partage d’expériences. Ghislaine et Michel sont les acteurs de cet échange harmonieux et simple. Ce gite, ce lieu peu éloigné de notre résidence, cette campagne vallonnée et paisible correspondent à ce que nous attendons des vacances qui je rappelle vient du verbe latin « vacare » et qui peut se décliner par cette formule « caractère de ce qui est disponible ».

Chacun est libre de choisir ses vacances en fonction de ses moyens, bien sûr, mais aussi de ses envies, de ses besoins et de ses attentes. Les attentes des uns et des autres peuvent être très différentes. Mais il me semble important de se sentir libre, de ne pas se croire obligé de faire comme les autres ou pire d’être dans la crainte du regard de l’autre.

Alors évidemment, même s’il n’y a pas grand monde, il existe toujours l’altérité. C’est-à-dire des personnes qui entendent non seulement utiliser leur temps libre d’une manière très différente de la vôtre, mais qui en outre aime que leur activité soit connue du voisinage, en bien ou en mal, peu importe, connue est le mot essentiel. Il y a ainsi près du gite, sur une colline alentour, un groupe d’individus qui trouvent plaisant de pratiquer le ball trap le dimanche matin et le mercredi après-midi

Comme je l’ai dit, cela apprend l’altérité. La qualité du gite est telle que si vous vous réfugiez à l’intérieur, vous n’entendrez rien et pourrez lire tranquille ou faire autre chose. Ces moments bruyants peuvent aussi vous inciter, lors de ces deux demi-journées, de vous éloigner un peu du gite pour pratiquer d’autres ballades ou activités.

Nous retournerons encore dans ce gite que vous pouvez découvrir derrière ce lien : <Les Buis du Chardonnet>

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Vendredi 30 juin 2017

« Le mot du jour d’Alain »
Le blog qui regroupe tous les mots du jour écrits par Alain K.

Pour garder de la consistance, de la pertinence et de la profondeur il faut savoir se taire, se reposer, se ressourcer.

Le flux quotidien de mots va donc s’interrompre quelque temps.

L’année dernière, j’avais initié cette pause par un mot sur « l’Histoire du silence » d’Alain Corbin.

Et puis j’avais ajouté, des « mots inachevés » qui avaient été imaginés mais non rédigés, pour éventuellement faire patienter celles et ceux qui étaient frustrés de mon long silence.

Cette année, je vous laisse avec le site sur lequel vous pouvez relire tous les 914 mots écrits jusqu’à présent et sur lequel je vais donner quelques précisions techniques dans le message d’aujourd’hui.

D’abord pour celles et ceux qui ne le sauraient pas encore l’adresse du blog est d’une grande simplicité : https://lemotdujour.fr/

Mais vous pouvez aussi le rechercher à l’aide d’un moteur de recherche, en cherchant « le mot du jour d’Alain »

Quand vous utilisez un moteur de recherche sérieux , c’est-à-dire pas celui qui appartient à une société qui a pour ambition de tout savoir sur vous et de ne surtout rien oublier, la recherche est immédiate.

Par exemple Qwant ou Lilo ou même Yahoo, la première réponse tombe sur ce blog.

L’autre malin, lui va vous renvoyer d’abord, vers une tentative de blog sur le site du Monde, mais ce blog n’existe plus. C’est bien d’avoir de la mémoire, mais actualiser ses connaissances est bien aussi.

 

1 Un peu de technique

Du point de vue technique sur ce blog il y a deux « type d’objets » : des articles et des pages.

Un message, ce que j’appelle « un mot du jour » est un article.

Quand vous allez sur le blog par l’adresse donnée ci-dessus vous vous trouvez sur la page « Accueil », sur cette page se trouve toujours le dernier article publié, c’est-à-dire le dernier mot du jour.

Chaque mot du jour possède un lien consubstantiel avec une date. Il n’est donc pas surprenant que le point d’entrée principal vers un article soit une date.

Vous trouverez, dès lors, comme entrée principale d’abord dans la rubrique « articles récents » les 5 dernières dates de publication d’articles et dans la rubrique « archives » une entrée par le mois de publication qui vous envoie vers une page qui comporte les derniers mots du jour de ce mois et au bout de la page vous trouvez un bouton précédent pour avoir accès aux mots précédents du mois.

Il faut comprendre, pour que l’accès immédiat soit vers les mots les plus récents, que le classement est par ordre chronologique inverse, ce qui quelquefois peut surprendre en naviguant entre les pages des archives.

Alexis a, sur ma demande, créé une page qui est appelée liste des mots. Cette page porte tous les éléments identifiants un mot du jour soit 3 éléments :

  • La date
  • L’exergue
  • L’auteur ou l’explication de l’exergue.

Cette page est générée automatiquement grâce à l’ingéniosité d’Alexis.

C’est une page qu’on pourrait dire infinie, elle n’a, en tout cas, pas de limite. Tout au bout, vous trouverez le premier mot du jour envoyé. Et tant que j’écrirais des mots du jour, cette page se rallongera pour les contenir tous. Étonnant non ?

Grâce au monde virtuel, nous pouvons mieux appréhender la notion d’infini.

Et sur cette page, que vous pouvez faire défiler à grande allure, si un article a attiré votre regard, c’est encore sur la date qu’il faut cliquer pour aller vers l’article.

J’ai voulu créer un peu de chronologie dans le bon sens (en allant de l’ancien vers le récent) en créant une entrée au menu appelée : « Série de mots ». Cette fonction n’est pas générée automatiquement, elle demande donc plus de temps à être réalisée et se constituera au fil du temps.

Elle renvoie vers des pages comportant les séries de mots que j’ai écrites quelquefois.

A la date d’aujourd’hui, elle comporte deux séries :

Ces pages sont écrites dans l’ordre dans lequel les mots ont été écrits et comporte le début du message, c’est alors un lien <lire l’article> qui emmène vers l’article complet.

 

2 Pourquoi est-il plus pertinent de lire les mots du jour sur le blog que dans la messagerie ?

Pour de multiples raisons :

  • D’abord parce qu’ergonomiquement, c’est beaucoup plus facile à lire sur tous les écrans et encore davantage sur les smartphones et les tablettes ;
  • Ensuite parce que dès que je constate une erreur, je la corrige. Ce qui n’est pas le cas lorsque vous conservez le message envoyé, je ne peux pas le mettre à jour. Ainsi un lien qui ne fonctionne pas ne fonctionnera jamais
  • Enfin, je mets à jour les articles publiés.

Dans un des derniers mots, une réponse de Marc m’a fait comprendre qu’il y avait une ambigüité. J’ai donc pu préciser les choses pour lever toute ambigüité.

Le mot du 15 juin évoquait le grand remplacement de Renaud Camus, or le 24 juin l’émission Répliques avait invité Renaud Camus mais aussi le démographe Hervé le Bras pour lui apporter la contradiction. J’ai donc pu compléter l’article par un lien vers cette émission que je vous recommande.

 

3 Bienvenue sur Internet

Voilà ce que m’a répondu Alexis quand je lui ai fait part de ce que je constatais sur mon blog.

Il y a un outil statistique et de suivi dans le tableau de bord du blog.

Et donc j’ai été surpris que le N° IP : 103.229.124.198 venait de consulter 867 articles de mon blog, en un seul jour, le 15/06/2017. A ce niveau de consommation, il était clair qu’il s’agissait d’un robot qui scannait le blog. En tentant de localiser ce N° IP, il est apparu qu’il était implanté à Hong Kong. Les chinois s’intéressent, enfin les robots chinois s’intéressent à mon blog.

Et puis j’ai, à nouveau, constaté qu’un même numéro IP a consulté 149 articles le 23 juin, 161 le 24, 166 le 25, 105 le 26.

C’était aussi probablement un robot, même si à ce niveau, un passionné peut éventuellement y arriver, en allant très vite sur certains articles.
Et où était implanté cette adresse IP, me demanderez-vous ?
La réponse est : le centre de la Serbie !

Sur les bons conseils d’Alexis, j’ai accepté les commentaires mais en les modérant, ce qui signifie qu’avant qu’il soit publié je dois donner mon accord. Il y a actuellement 3 commentaires sur le blog. Mais j’en ai refusé une vingtaine, un était écrit en allemand, tous les autres en anglais. Souvent pour dire que le blog était très bien mais invariablement pour donner des liens vers des sites dont l’adresse ne laissait pas de doute quant au caractère pornographique de leur contenu.

C’est probablement dans ce monde virtuel, que nous pouvons le mieux toucher cette réalité que nous cohabitons désormais avec les robots.

Nous vivons dans « un monde d’humains et de robots ». Franz de Waal dirait plutôt « un monde d’animaux et de robots ».

C’est sur cette pensée que je vous laisse.

Le prochain mot du jour est prévu lundi 28 août 2017.

D’ici là, bonnes vacances à tous.

<article sans numéro>

Mardi 6 juin 2017

«Savoir, Savoir-faire, Faire savoir»
Pierre Ferrari, Mon professeur de droit administratif à la faculté de droit de Metz (années 1982-1983)

Pierre Ferrari était un excellent professeur de droit public. Je me souviens encore de ce conseil qu’il nous avait donné un jour au milieu de son cours : « «Savoir, Savoir-faire, Faire savoir»

Il faut d’abord acquérir le savoir et les connaissances. C’est le début, le commencement.

Nous sommes à l’heure des gens pressés et nous côtoyons souvent des personnes impatientes de « faire savoir » sans avoir pris le temps d’approfondir la première étape : le savoir qui est apprentissage, maturation et aussi expérience.

Mais le savoir ne suffit pas, il faut aussi le savoir-faire. Autrement dit la pratique. J’ai beaucoup aimé cette réflexion, un jour glané sur les réseaux sociaux : « Un jour j’irai vivre dans le monde de la théorie, dans ce monde tout se passe toujours bien ». Mettre en œuvre, voici la seconde étape.

Et puis on peut accéder à la 3ème étape : faire savoir.

Je vous l’avais écrit lors du précédent mot, vous lisez aujourd’hui le 900ème mot du jour. Vous êtes désormais plus d’une centaine de destinataires, encore tout récemment quelques esprits bienveillants se sont rajoutés à la liste.

Plusieurs m’ont conseillé de faire un blog qui semble un outil plus moderne pour diffuser quotidiennement ce billet qui essaye d’allier butinage, réflexion et pédagogie.

Je m’y suis refusé longtemps car j’aimais ce lien unique qui au-delà de la technique de diffusion revenait à écrire une petite lettre (quelquefois longue pourtant) qu’un nombre circonscrits de personnes que je connais et que j’apprécie reçoivent dans leur boite aux lettres virtuel, le matin avant de commencer leur journée.

Il faut être exact, de manière très limitée j’ai accepté qu’entre dans la liste des destinataires des personnes que je ne connaissais pas mais qui m’ont été recommandées par un abonné que je connaissais.

Certains m’ont dit qu’ils avaient institué une sorte de rituel de lire à leur réveil, à leur arrivée au travail ou en chemin dans les transports en commun le fruit de mon exercice quotidien.

Récemment notre ami commun, Google, nous a collectivement joué des tours en n’acheminant pas le message du matin ou avec beaucoup de retard. Sans aucune certitude je soupçonne notre ami de surveiller avec suspicion le nombre de destinataires de ces courriels. Vous savez que Google « offre » énormément de services gratuits aux particuliers. Il les offre parce que dans la relation commerciale subtile qu’il a créée. le particulier n’est pas un client, mais un produit. C’est nous, les particuliers, que Google vend à des professionnels.

Quand il soupçonne un particulier d’agir comme un professionnel, il va lui demander de passer à des services payants d’une manière plus ou moins explicite. Ceci m’a beaucoup contrarié. Mon fils Alexis me voyant dans l’embarras a alors pris les choses en mains.

Bien que la création de blog ne fasse pas partie de ses compétences et qu’il a la sagesse de savoir arrêter de faire de l’informatique après ses heures de travail, toutes entières consacrées à cette matière binaire, il a par affection accepté d’offrir de son temps et de son ingéniosité pour créer un blog dédié à mon mot du jour.

Et c’est le 6 juin, jour anniversaire du débarquement …d’Alexis dans la vie que je peux vous en annoncer la création.

Le domaine « lemotdujour.fr » avait été négligemment délaissé, j’ai donc pu l’acheter.

Désormais, chaque matin où un mot aura été écrit, l’article sera publié sur ce blog.

Grâce au travail d’Alexis tous les mots du jour déjà écrits sont présents sur cet espace. Tout n’est pas encore finalisé, car certains complétements manuels des articles doivent être réalisés. Mais ils sont tous accessibles.

Je continuerai à envoyer le mot par courriel, mais je n’ajouterai plus de destinataires à ma liste.

Celles et ceux qui considèrent que l’existence du blog rend inutile le message quotidien, voudront bien m’en informer, je les retirerais de la liste.

Et si vous vous attendiez à recevoir un message que vous ne recevez pas, il suffira alors d’aller sur la page d’accueil du blog.

Ce blog est public mais les commentaires sont modérés.

Vous êtes évidemment libre de donner l’adresse du blog à qui vous le souhaitez.

Mon souhait reste cependant que ce partage continue à se faire avec des personnes qui ne sont évidemment pas d’accord sur tout, heureusement, mais qui accepte le débat d’idées dans la bienveillance, le respect et l’argumentation.

Voici l’adresse : https://lemotdujour.fr

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Mercredi 24 mai 2017

« Maman, tu es simplement jeune, depuis plus longtemps !»
Laurine S.

Mot du jour pour la fête des mères qui tombe cette année le dimanche 28 mai, au bout du pont de l’ascension.

Le plus souvent la relation d’une mère avec ses enfants est d’une grande intensité. C’est dans la nature des choses. Le début de notre existence se passe dans le corps de la mère. Pendant 9 mois il y a un partage absolu des sensations, des émotions, tout simplement de tout ce qui est vécu. Cette relation intime ne peut que déboucher sur un lien extrêmement fort. C’est au moins le cas, de loin, le plus fréquent.

Une mère ne peut alors que regarder l’épanouissement et la maturation de ses enfants avec un immense bonheur.

Par-delà cette expérience de la vie, il se peut de manière subtile et furtive que cette évolution puisse aussi amener la mère à sentir les années qui passent dans sa propre vie.

André et Lucie nous ont fait la joie de nous rendre visite lors du dernier été.

Et Lucie en évoquant cette sensation a rapporté cette magnifique parole de sa fille Laurine qui agit comme un baume, s’il est nécessaire : « Maman, tu es simplement jeune, depuis plus longtemps !».

Je me suis promis d’utiliser cette belle pensée pour la fête des mères.

Ce soir nous débutons donc le pont de l’ascension et avec Annie nous allons prendre quelques congés jusqu’au lendemain du lundi de la Pentecôte.

Le prochain mot du jour sera donc envoyé mardi 6 juin 2017.

Il s’agira alors du 900ème.

Le premier date du mardi 9 octobre 2012, quasi un quinquennat.

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Lundi 22 mai 2017

« Pour nous c’est plus facile ! Moi, je fais un film quand je sens la crise venir, et vous, vous écrivez un roman. »
Charlie Chaplin (lors d’un échange avec Georges Simenon

Nous sommes en plein festival de Cannes qui cette année a ouvert le 17 mai et finira le 28 mai.

Autour de mes 20 ans je lisais beaucoup Georges Simenon qui n’est pas, comme on le croit, un auteur de roman policiers mais un écrivain de la psychologie et des tourments de l’âme humaine. Wikipedia nous apprend qu’en 1941, Gide avait dit « Simenon est un romancier de génie ».

J’allais beaucoup au cinéma aussi et j’étais grand admirateur du cinéma italien et particulièrement de Federico Fellini.

En 1960, le Festival de Cannes avait réuni ces deux génies, le premier comme président du jury et le second comme compétiteur. Il semble que Georges Simenon a joué un rôle majeur dans l’attribution de la Palme d’or à « la dolce vita » de Federico Fellini.

Dans mes souvenirs, l’exergue de ce mot du jour était de Federico Fellini au cours d’un échange avec Simenon, lors de ce festival. Mais notre mémoire nous joue des tours. Je suis retourné à la source, un livre que j’avais acheté il y a bien longtemps et qui reprenait les entretiens d’une émission de la télévision française « Portrait Souvenir » diffusés le 30 novembre et les 7,14 et 21 décembre 1963.

Et si cette phrase a bien été prononcée, ce ne fut pas par Fellini mais par Charlie Chaplin. En toute hypothèse, elle est bien d’un immense créateur. Je vous livre le paragraphe entier :

« Nous [Charlie Chaplin et Georges Simenon] bavardions et nous disions que nous étions tous plus ou moins névrosés, que généralement les névrosés vont chez le psychanalyste, et Chaplin ajoutait : Pour nous c’est plus facile ! Moi, je fais un film quand je sens la crise venir, et vous, vous écrivez un roman. Alors en me tapant l’épaule : Mais nous, on nous paie pour cela, on nous paie pour nous soigner ! Au fond, c’est un peu la même chose. Je crois qu’on ne serait ni romancier, ni peintre, ni d’aucune profession si ce n’était pas une sorte de nécessité intime. »

Georges Simenon (entretien avec Roger Stéphane) page 141 publié en 1963.

 

Le dernier mot du jour racontait ce que pouvait vivre celui qui recevait l’œuvre créative, ici il est question de ce qui se passe chez le créateur. Ceci nous dit que l’art fait du bien à celui qui crée et à celui qui bénéficie de la création.

Pour la sortie du Casanova de Fellini, en 1977, l’Express avait demandé à Fellini de se prêter aux questions de celui qui était devenu son ami : Simenon. En 1993, l’Express a republié cet entretien et cet article se trouve toujours sur leur site.

La réponse de Fellini à la dernière question de Simenon était celle-ci :

« Vous et moi n’avons jamais raconté que des échecs. Tous les romans de Simenon sont l’histoire d’un échec. Et les films de Fellini? Que sont-ils d’autre? Mais, je veux vous le dire, il faut que j’arrive à vous le dire… Lorsqu’on referme un de vos livres, même s’il finit mal, et, en général, il finit mal, on y a puisé une énergie nouvelle. Je crois que l’art, c’est ça, la possibilité de transformer l’échec en victoire, la tristesse en bonheur. L’art, c’est le miracle… ?  »

« L’art c’est le miracle », restons sur cette belle pensée.

<897>

Vendredi 19 mai 2017

« Vous avez la chance d’exercer un métier dont le but est de créer la beauté »
Message aux musiciens de l’orchestre de Lyon après avoir assisté à un magnifique concert avec Hillary Hahn (Propos tenu initialement par le grand chef italien Carlo Maria Giulini)

Rien que…

Le 29 avril 2017 nous avons assisté, avec Annie, à un concert à l’Auditorium de Lyon. C’était un concert consacré à deux œuvres de John Adams, compositeur américain qui était d’ailleurs présent dans la salle.

Au milieu de ces deux œuvres, la violoniste américaine Hillary Hahn a interprété le concerto de violon de Tchaïkovski avec l’Orchestre National de Lyon et Léonard Slatkin.

J’avais déjà entendu cette artiste que je considérais comme une bonne violoniste mais je ne m’attendais pas à ce niveau de qualité et d’émotion.

Les réseaux sociaux développent le pire, mais permettent aussi des choses positives.
J’ai pu exprimer mon enthousiasme sur la page facebook de l’Orchestre de Lyon :

« Ce soir moment de grâce avec Hillary Hahn qui jouait le concerto de violon de Tchaikovski avec L’ONL sous la direction de Léonard Slatkin.
Bien sûr il y a une technique sans faille et un son chaud et puissant mais il y a surtout la musicienne qui habite la partition, qui la transcende et remplit les auditeurs d’émotion et de joie.
En symbiose avec la soliste, Léonard Slatkin et le merveilleux orchestre de Lyon ont dressé un écrin somptueux dans lequel la soliste a su déployer son interprétation lumineuse.
Une des plus belles émotions musicales qu’il m’ait été donné de vivre. »

Mais comme j’ai aussi énormément apprécié l’orchestre qui a magnifiquement accompagné Hillary Hahn, j’ai alors posté un message pour les musiciens de l’Orchestre que je voudrais partager avec vous aujourd’hui.

« Aux musiciens de l’Orchestre

Je voudrais écrire ici un message de reconnaissance à tous les musiciens de l’Orchestre National de Lyon et leur directeur musical Léonard Slatkin.

Vous avez, comme l’avait dit Carlo Maria Giulini à ses musiciens du Los Angeles Philharmonic, alors qu’il y a tant de gens qui ont une profession pénible ou futile et quelquefois même vide de sens, la chance d’exercer un métier dont le but est de créer la beauté.

Cette beauté qui est présente jusque dans vos instruments : un violon est une véritable œuvre d’art.

Alors ma reconnaissance vient du fait que vous réalisez parfaitement cette quête de créer la beauté. […]

Hier j’ai entendu une artiste exceptionnelle, Hillary Hahn, j’avoue que je ne savais qu’elle pouvait être à ce niveau de musicalité et d’intensité. Je l’avais déjà entendu et je n’avais pas eu cette révélation.

Mais vous l’orchestre avait été exceptionnel, et je voulais vous l’écrire. Tous les solistes des vents, les cordes, les cuivres les bois vous avez été à un niveau extraordinaire qui ont fait de cette interprétation quelque chose de magique.

J’ai quasi 60 ans, ce que j’ai entendu hier, je le mets au panthéon de mes émotions musicales au niveau de la 8ème de Bruckner que j’avais entendu avec Celibidache et sa Philharmonie de Munich ou le quintette en ut de Schubert par les Alban Berg et Heinrich Schiff.

Les mots sont faibles, on tombe rapidement dans les superlatifs, il suffit probablement de dire que mon temps et mon existence ont été remplis par cette beauté, tout simplement que cela fait immensément du bien.

Je suis abonné depuis 6 ans et j’entends que vous réussissez de mieux en mieux dans votre quête de la beauté.

Léonard Slatkin est le catalyseur qui a permis cela, sa complicité avec Hillary Hahn, son goût pour Tchaïkovski ont bien sûr étaient un atout considérable dans l’accomplissement de l’interprétation.

Vous êtes des femmes et des hommes comme les autres, vous avez vos joies mais aussi vos difficultés, vos doutes mais n’oubliez jamais le bien que vous faites aux autres. Vous nourrissez les âmes et les cœurs.

Voilà pourquoi je tenais à vous dire ma reconnaissance. »

Ce que j’essaie d’exprimer dans ce message, c’est qu’il y a d’une part la perfection technique et la capacité de créer de l’émotion, mais surtout que l’art, et la musique particulièrement, peuvent faire du bien à tout notre être. Il faut cependant que pour arriver à ce résultat, nous soyons en capacité d’être totalement présent.
Rien que…
Rien qu’écouter et se laisser pénétrer par la musique.

Sur le Web j’ai trouvé, mais avec une piètre qualité technique, le troisième mouvement du concerto évoqué, dans la même distribution, Hillary Hahn, Orchestre National de Lyon et Slatkin, en 2011 à Lucerne :

<Concerto violon Tchaikovski 3ème mouvement Hahn Orchestre de Lyon Slatkin en 2011>

Si vous souhaitez écouter cette œuvre avec une autre magnifique artiste et dans des conditions techniques correctes : <Janine Jansen Philharmonie de Paris chef d’orchestre Paavo Jarvi en janvier 2015>

Mais pour retrouver Hillary Hahn, voici un petit extrait de Bach par cette artiste : <La gigue de la 3ème Partita de Bach à Frankfurt le 9 décembre 2016>

En décembre 2016, Hillary Hahn était déjà venu à Lyon, mais le concert où nous devions nous rendre avait été annulé en raison de la grève des personnels techniques. Et Hillary Hahn avait organisé une rencontre originale dans un bar lyonnais, qu’elle avait intitulé l’apéro tricot. Elle avait invité des personnes à venir faire du tricot pendant qu’elle jouait du violon. Vous trouverez un court extrait derrière ce lien : <Concert Apéro Tricot avec Hilary Hahn>

Hillary Hahn a enregistré en 2011 le concerto de violon de Tchaïkovski mais pas avec l’orchestre de Lyon


<Hillary Hahn en 2011>

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Mercredi 17 mai 2017

« Le divertissement Pascalien »
Blaise Pascal

Entre 1976 et 1979, je me suis égaré dans les classes de mathématiques supérieures au Lycée Kléber de Strasbourg.

Mon professeur de mathématiques de Terminale, M Wilhem, m’avait prévenu ainsi que tous mes camarades qui envisageaient le même choix après le baccalauréat : « Vous êtes fous de vouloir aller là-bas ».

A la fin de ces 3 années qui furent clôturées par un échec cinglant, j’ai lu l’avis du grand professeur de mathématiques Laurent Schwartz que je cite de mémoire sans trahir sa pensée : « Cette sélection des ingénieurs par les concours des classes préparatoires est absurde. C’est comme si pour sélectionner des futurs médecins vous organisiez un concours de musique et que vous décidiez que les meilleurs à cette sélection seraient aptes à devenir médecin »

Laurent Schwartz (1915-2002) était un esprit autorisé pour exprimer son avis sur ce point : il était l’un des grands mathématiciens français du XXe siècle, le premier de ceux-ci à obtenir la médaille Fields, en 1950 et professeur emblématique à l’École polytechnique de 1959 à 1980, il avait été élève en classes préparatoires et avait intégré à l’issu de cette période l’Ecole Normale Supérieure.

Il voulait exprimer l’idée que ce que les étudiants apprenaient pendant ces 2 ou 3 années (selon qu’on redoublait la seconde, ce qui fut mon cas) ne leur servirait que très peu pour leurs futures fonctions professionnelles, l’essentiel de ce qui était appris devait servir à nourrir les épreuves qui permettraient la sélection par voie de concours.

Ces trois années furent assez pénibles mais ce que je conserve particulièrement en mémoire est une œuvre littéraire et philosophique.

Chaque année, deux œuvres littéraires étaient étudiées. La première année ce fut d’une part les petits poèmes en prose de Baudelaire et surtout les Pensées de Pascal qui m’impressionnèrent énormément et m’apprirent surtout beaucoup de leçons de vie.

On sait que cette œuvre de cet autre grand mathématicien a pour objet central la foi et la croyance en Dieu.

Mais il y avait bien d’autres réflexions comme celle-ci par exemple

« Quand on veut reprendre avec utilité, et montrer à un autre qu’il se trompe, il faut observer par quel côté il envisage la chose, car elle est vraie ordinairement de ce côté-là, et lui avouer cette vérité, mais lui faire découvrir le côté par où elle est fausse. » (Pensée N°9)

C’est une autre façon de « tourner autour du pot » comme j’aime exprimer cette manière d’analyser des concepts ou des faits par des regards différenciés.

Pour ma compréhension des humains ce qu’il m’a appris en priorité c’est son explication du besoin de divertissement de l’homme, ce qu’on résume par le concept de « divertissement pascalien »

La Pensée N° 139 est toute dédiée à ce concept de divertissement.

Une des premières phrases marquantes souvent citées est celle-ci :

« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre »

Un peu plus loin dans ce chapitre se trouve ce développement :

« Tel homme passe sa vie sans ennui en jouant tous les jours peu de chose. Donnezlui tous les matins l’argent qu’il peut gagner chaque jour, à la charge qu’il ne joue point, vous le rendez malheureux. On dira peutêtre que c’est qu’il recherche l’amusement du jeu et non pas le gain. Faitesle donc jouer pour rien, il ne s’y échauffera pas et s’y ennuiera. Ce n’est donc pas l’amusement seul qu’il recherche, un amusement languissant et sans passion l’ennuiera, il faut qu’il s’y échauffe et qu’il se pipe luimême en s’imaginant qu’il serait heureux de gagner ce qu’il ne voudrait pas qu’on lui donnât à condition de ne point jouer, afin qu’il se forme un sujet de passion et qu’il excite sur cela son désir, sa colère, sa crainte pour l’objet qu’il s’est formé, comme les enfants qui s’effraient du visage qu’ils ont barbouillé.

D’où vient que cet homme, qui a perdu depuis peu de mois son fils unique et qui accablé de procès et de querelles était ce matin si troublé, n’y pense plus maintenant ? Ne vous en étonnez pas, il est tout occupé à voir par où passera ce sanglier que les chiens poursuivent avec tant d’ardeur depuis six heures. Il n’en faut pas davantage. L’homme, quelque plein de tristesse qu’il soit, si on peut gagner sur lui de le faire entrer en quelque divertissement, le voilà heureux pendant ce tempslà. Et l’homme, quelque heureux qu’il soit, s’il n’est diverti et occupé par quelque passion ou quelque amusement qui empêche l’ennui de se répandre, sera bientôt chagrin et malheureux. Sans divertissement il n’y a point de joie.

Avec le divertissement il n’y a point de tristesse. Et c’est aussi ce qui forme le bonheur des personnes de grande condition qu’ils ont un nombre de personnes qui les divertissent, et qu’ils ont le pouvoir de se maintenir en cet état. »

Dans la pensée 143, Pascal montre que ce choix du divertissement occupe l’homme tout au long de sa vie et prend toutes les formes : les affaires, l’apprentissage, les soins, et toutes ces choses qui occupent l’esprit.

« On charge les hommes, dès l’enfance, du soin de leur honneur, de leur bien, de leurs amis, et encore du bien et de l’honneur de leurs amis. On les accable d’affaires, de l’apprentissage des langues et d’exercices, et on leur fait entendre qu’ils ne sauraient être heureux sans que leur santé, leur honneur, leur fortune et celle de leurs amis soient en bon état, et qu’une seule chose qui manque les rendrait malheureux. Ainsi on leur donne des charges et des affaires qui les font tracasser dès la pointe du jour – Voilà, direz-vous, une étrange manière de les rendre heureux ! Que pourrait-on faire de mieux pour les rendre malheureux ? – Comment ! ce qu’on pourrait faire ? Il ne faudrait que leur ôter tous ces soins ; car alors ils se verraient, ils penseraient à ce qu’ils sont, d’où ils viennent, où ils vont ; et ainsi on ne peut trop les occuper et les détourner. Et c’est pourquoi, après leur avoir tant préparé d’affaires, s’ils ont quelque temps de relâche, on leur conseille de l’employer à se divertir, à jouer, et à s’occuper toujours tout entier. »

Dans la pensée 171 il donne l’explication centrale, mais pas encore finale. Nous nous divertissons pour éviter de songer à nous. Nous occupons, nous remplissons notre cerveau de choses plus ou moins futiles pour que l’essentiel ne trouve pas de place :

« La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement, et cependant c’est la plus grande de nos misères. Car c’est cela qui nous empêche principalement de songer à nous, et qui nous fait perdre, insensiblement. »

La pensée suivante rattache toutes ces réflexions sur le divertissement au « Rien que » de Christophe André :

« Nous ne tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours; ou nous rappelons le passé, pour l’arrêter comme trop prompt: si imprudents que nous errons dans des temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons pas au seul qui nous appartient ; et si vains que nous songeons à ceux qui ne sont rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste. » (172)

La pensée 166 donne l’explication finale, le divertissement est ce que l’homme a inventé pour ne pas à avoir à penser à sa finitude :

« Divertissement – la mort est plus aisée à supporter sans y penser, que la pensée de la mort sans péril »

Pourquoi avons-nous tant besoin de faire tant de choses, d’activités ?

Pourquoi est-il si compliqué pour certains de se poser, simplement gouter le moment présent et vivre l’instant. Vivre l’instant, vivre la relation ou la solitude. Vivre l’échange ou se pacifier dans le silence ?

Le silence cher à Alain Corbin qui est si compliqué aujourd’hui à obtenir. Beaucoup sont drogués à ce besoin de bruit de fond : la radio ou la télévision sont allumés en permanence alors même qu’on n’écoute pas, qu’on ne regarde pas mais qu’il y a quelque chose qui remplit le silence.

L’explication de ce besoin de faire toujours quelque chose se trouve dans le divertissement pascalien qui en d’autres mots est une fuite.

Quand on se retrouve, faut-il faire quelque chose ou simplement se poser pour échanger ?

Et quand on est seul, faut-il toujours aller vers de multiples occupations ou simplement ne rien faire ou faire une seule chose, « Rien que »…

C’est sur ces questions que je vous laisse aujourd’hui.

Vous trouverez de larges extraits des Pensées sur ce site : http://www.croixsens.net/pascal/section11.php

Et aussi sur celui-ci : http://www.penseesdepascal.fr/Divertissement/Divertissement4-moderne.php

Lundi 27 février 2017

Lundi 27 février 2017
« Les gens qui nous permettent de nous ressourcer et les gens qui nous vident de notre énergie »
Réflexions personnelles pour présenter des livres et des émissions de Michel Serres

La semaine dernière, il y a eu une série de mots du jour un peu …plombant ?

J’ai même été poussé à écrire à la fin de celui qui parlait de la guerre civile globale décrit par l’indien Pankaj Mishra que je le trouvais trop pessimiste.

Il n’est pas possible, ni raisonnable de rester dans cette seule vision sombre de l’Humanité.

Je vais m’inspirer, pour les prochains mots du jour d’une interview de Michel Serres qui avait été invité pour parler de 3 de ses livres publiés ou republiés récemment :


Michel Serres que j’avais convoqué pour le 800ème mot du jour : « L’intelligence est imprévisible et mystique» pour expliquer que l’intelligence est cette faculté qui permet d’approcher un problème, une histoire sous un regard nouveau qui l’éclaire autrement, qui renouvelle notre vision.

Cela nous conduit à nous éloigner de l’actualité pour réfléchir sur notre contemporain : où en sommes-nous ? Quel passé, quelle Histoire nous a engendré ?

Vous pouvez dès à présent voir cette interview : <Michel Serres invité de KTO>

Mais aujourd’hui en préambule, je voudrais esquisser une réflexion qui s’appuie sur mon expérience de vie.

Le point initial vient du fait que lorsque j’ai regardé cette vidéo, cela m’a fait du bien. J’aime cette expression « m’a ressourcé ».

Et cela me conduit à réfléchir plus avant : nous avons tous connu et connaissons des gens, des proches auprès de qui nous arrivons à nous ressourcer. Au contraire nous connaissons des personnes, des situations qui nous vident de notre énergie, trivialement nous pompe.

C’est une chance, j’utiliserai une terminologie mystique, « une grâce » quand comme moi : dans le couple, la compagne que m’a offert la vie, est source de ressourcement.

C’est en effet une chance quand le couple est source de ressourcement ou encore les parents. Nous savons cependant que ce n’est pas toujours le cas.

En amitié aussi, il existe une telle dichotomie.

Des évènements de la vie peuvent conduire que pendant une période donnée, un ami a besoin d’énergie, de soutien et que nous sommes en capacité d’apporter cette énergie. Il se peut aussi que l’on soit dans la situation inverse où c’est nous qui avons besoin d’aide et que nous pouvons compter sur un proche pour nous apporter ce soutien.

L’expérience m’a appris que la période pendant laquelle ce déséquilibre est acceptable, est limitée.

Cela demande de la vigilance et de la lucidité, avant tout pour celui qui donne.

Au-delà, il faut savoir soit arrêter la relation déséquilibrée, soit passer la main.

Cette réflexion trouve particulièrement à s’appliquer, aujourd’hui, dans les nombreux cas où les enfants sont confrontés à des maladies dégénératives de leurs parents et où il faut trouver, en temps utile, des solutions autres que le seul dévouement affectif.

Il n’y a pas que la maladie qui conduise à se trouver dans de telles situations, il peut y avoir une expérience malheureuse ou un échec, mais aussi plus problématique la personnalité de celui qui « pompe ».

Mais ce qui me parait fondamental c’est surtout de reconnaître les personnes ou les moyens dont on dispose pour se ressourcer car il faut savoir se faire du bien, si on veut pouvoir faire du bien aux autres.

Nous voilà bien loin de l’actualité française, des présidentielles ou encore des dernières facéties de Trump.

Mais nous ne pouvons pas que nous nourrir de l’actualité, il nous faut aussi réfléchir sur la vie, sur les rencontres, sur notre humanité.

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