Vendredi 28 juin 2024

« En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal. »
Nicholas Machiavel

Je n’ai pas retrouvé cette citation d’un ministre allemand qui avait dit :

« Les gens croient que mon job est de choisir entre une bonne décision et une mauvaise décision. Presque toujours je dois choisir entre une mauvaise décision et une décision pire. »

Mais je me suis souvenu de cette phrase que j’ai souvent vu attribuer à Machiavel, sans citer la source exacte.

Il me semble que c’est très juste. Je peux donner un exemple récent. L’Union européenne a augmenté les droits de douane sur les véhicules électriques chinois. <Le Monde> donne des précisions à ce sujet.

Le problème vient du fait que l’Union européenne est submergée par ces voitures chinoises et qu’il est quasi certain que les industries qui les produisent, soient largement subventionnées par l’Etat chinois. Donc bonne décision !

Mais non, mauvaise, car la Chine va répliquer :

« la viande de porc provenant de l’Union européenne est désormais dans la ligne de mire de Pékin. Une enquête antidumping sur les importations de produits porcins est au cœur d’un bras de fer commercial entre l’Europe et la Chine.
La France pourrait-elle perdre des parts de marché ?
Un éleveur de truie en Ille-et-Vilaine réalise 10 à 15% de ses ventes grâce à des exportations en Chine. Les Chinois sont en effet friands de parties du cochon qui sont peu consommées ailleurs dans le monde, comme les oreilles ou les pieds.
Une douche froide pour la filière française porcine  […]
Au total, l’an passé, la France a exporté 115 700 tonnes de viande de porc vers la Chine, soit plus de 16% de ses exportations.»

Il faudra donc arbitrer entre deux mauvaises décisions.

On pourrait dire de même pour la guerre en Ukraine, il n’y a pas de bonne décision mais une décision « entre le pire et le moindre mal.»

Il en va de même pour nous, en tant qu’électeur, ce dimanche : nous devrons choisir entre le pire et le moindre mal. La seule chose que nous devrions nous interdire, c’est de ne pas choisir.

Pour finir ces pensées de Christian Bobin :

« Il semblerait que la nuit doive s’épaissir encore un peu plus pour qu’on puisse apercevoir quelques étoiles.
Après, on verra les étoiles, par contraste.
Il faut que le noir s’accentue encore pour que les premières étoiles – les premières, ça veut dire qu’il y en aura d’autres – apparaissent.
Il est possible qu’une catastrophe économique soit une grâce, une chance.
Ça nous dessoulera, ça nous sortira d’une ivresse, de l’irréel, de l’avidité, de la consommation. Mais on n’y est pas encore »
Le Plâtrier siffleur, page 13

Mercredi 26 juin 2024

« Moi ou le chaos » et en fait « moi et le chaos »
Daniel Muraz dans le journal « Courrier Picard » du 18 juin

Et maintenant, il parle du risque de guerre civile !

En effet, dans un entretien au podcast «Génération Do It Yourself» diffusé lundi 24 juin, le président de la République a attaqué ses rivaux des «deux extrêmes», et pour ajouter à l’angoisse générale, prophétise la possibilité de la guerre civile !

Nous sommes passés de la promesse de « Moi ou le chaos » au constat du « Moi et le chaos ».

Un Président de la République ne devrait pas dire cela !

Il ne devrait pas attiser les braises mais au contraire apaiser, essayer de rassembler. Daniel Muraz écrit dans le journal « Courrier Picard » du 18 juin :

« En dramatisant les enjeux et en renvoyant caricaturalement dos-à-dos le front populaire de gauche et l’extrême droite. Face à ces « extrêmes » également diabolisées et traités de « fous », le chef de l’extrême centre en a appelé à créer ce « bloc central » qu’il n’a jamais réussi à construire depuis deux ans.
Quant au projet politique, rien de neuf. Bref, c’est juste « moi ou le chaos ». Et en fait « moi et le chaos ».
Chaos sinon créé, du moins accentué par sa dissolution. Chaos évident à droite chez les Républicains. Chaos à gauche ou les rancœurs réapparaissent. Une clarification politique répondrait certes l’Élysée. Mais chaos aussi au sein d’une ex-majorité présidentielle déboussolée, qui a subi deux ans éprouvants à l’Assemblée et qui se voit contrainte de repartir au front dans la pire des situations, avec un RN au plus haut et une gauche qui, déjouant les espérances élyséennes des « gauches irréconciliables », est quand même parvenue à afficher son unité.
Image chaotique encore renvoyée à l’étranger, notamment aux partenaires européens, affaiblissant le poids de la France dans les négociations qui s’ouvrent à Bruxelles pour renouveler les instances européennes. Chaos et K.O. politique surtout pour un président qui s’engageait en 2017 à tout faire pour que les Français n’aient plus aucune raison de voter pour le RN… »

Parmi toutes les nombreuses causes à la présence de l’Extrême droite aux portes du pouvoir, ce président ne se rend il pas compte de ce que sa manière d’agir, de gouverner en solitaire et de parler a pu irriter au plus haut point les français ?

Il n’aurait pas pu gagner les élections présidentielles de 2017 ou de 2022 sans l’apport de millions d’électeurs qui n’étaient pas d’accord avec les solutions qu’il proposait,  mais voulaient juste éviter le chaos.

En 2022, les électeurs sont allés plus loin, il n’ont donné qu’une majorité relative à son camp. En réponse, il n’a jamais cherché à faire une coalition, il voulait des ralliements pour pouvoir continuer à agir comme lors de son premier mandat, avec une assemblée de députés soumis qui votaient tout ce que ses conseillers et lui proposaient.

Et le sommet de cette dérive fut la gestion de la Loi sur les retraites. Il n’a même pas voulu parler et négocier avec Laurent Berger, l’homme du compromis et de la modération.

Au moment de son départ de la CFDT Laurent Berger a expliqué au JDD, en parlant d’Emmanuel Macron :

« Je ne veux pas tomber dans l’ultra personnalisation des choses, mais on n’a pas la même conception de la démocratie sociale, ni sans doute de la démocratie […] On n’a pas la même conception du modèle social qui doit être le nôtre pour accompagner les Français, les parcours ».

Emmanuel Macron ne nous a pas préservé du chaos, il a été un accélérateur de chaos.

Lundi 24 juin 2024

« Et s’ils comprennent quelque chose à notre présence commune sur terre. »
Christian Bobin

« Je voudrais parfois entrer dans une maison au hasard, m’asseoir dans la cuisine et demander aux habitants de quoi ils ont peur, ce qu’ils espèrent et s’ils comprennent quelque chose à notre présence commune sur terre.»
Christian Bobin, « Ressusciter» p. 159

Je ne sais pas quoi ajouter à cette sage injonction de Christian Bobin.

Peut être ajouter deux photos qui montrent que c’est possible de trouver des humains qui ont compris quelque chose à notre présence commune sur terre et ont agi en conséquence.

Vendredi 21 juin 2024

« Timeo hominem unius libri »
Parole attribuée à Saint Thomas d’Aquin et qui signifie « Je crains l’homme d’un seul livre »

Thomas d’Aquin est considéré comme l’un des plus grands maîtres de la théologie catholique. Les procédures religieuses l’ont proclamé « Docteur de l’Eglise » catholique.

Il est né autour des années 1225 en Italie et il est mort le 7 mars 1274 à l’abbaye de Fossanova dans les États pontificaux. C’était un religieux de l’ordre dominicain.

Il aurait dit :

« Je crains l’homme d’un seul livre. »

La rigueur nous oblige à dire qu’il n’est pas certain que cette citation soit exacte.

<Cette page anglaise> prétend que c’est l’évêque Jeremy Taylor (1613-1667), qui affirmait que Thomas d’Aquin aurait prononcé cette phrase.

Aujourd’hui, il est devenu banal de citer cette phrase et de l’attribuer au théologien dominicain du XIIIème siècle.

Ainsi Delphine Horvilleur a écrit sur un réseau social, en utilisant un dessin de Plantu, le 29 octobre 2020 :

« Thomas d’Aquin a écrit un jour: « je crains l’homme d’un seul livre ». Le fanatique est toujours un mono-lecteur. Ce soir, tandis que nos portes se ferment, promettons-nous de lire DES livres, et surtout ceux qui nous délivrent. »

La citation n’est pas certaine, mais l’Histoire nous a appris qu’elle était juste.

Un <mot du jour récent> a rappelé le combat noble, visionnaire et juste de Simon Leys contre Mao et les maoïstes. Ces fanatiques intolérants étaient les prisonniers intellectuels du « Petit livre Rouge ».

Spontanément on songe aux livres des religions monothéistes : La Torah, la Bible, le Coran qui au cours des siècles et encore aujourd’hui ont nourri des fanatiques qui en croyant comprendre et puiser à une seule source ont commis ou commettent des crimes sans l’once d’un doute ou d’une humanité.

L’ironie de cette citation est que son invention dans le monde chrétien catholique conduisait à une toute autre explication.

On voulait souligner par cette phrase que :

« L’homme qui ne connaît qu’un livre unique mais le connaît à fond est redoutable par la parfaite connaissance qu’il en a…. »

Ce sens primitif, sans grand intérêt, a donc évolué vers deux interprétations :

  • Tout d’abord l’idée qu’il faut craindre l’homme qui ne connaît ou ne jure que par un seul livre ce qui conduit à des visions simplistes et intolérantes du monde en prétendant que leur opinion ou leur croyance constitue « la vérité ».
  • Ensuite pour fustiger ceux qui n’ayant lu qu’un seul livre croient tout connaître et se retrouvent sur la Montagne de la stupidité, première étape de l’effet Dunning-Kruger

Nous sommes dans une situation très préoccupante : Par la décision solitaire du Prince élu qui nous gouverne, la France peut être, le 8 juillet de cette année, dirigée par un parti démagogue, xénophobe et très peu outillé pour comprendre la complexité de notre monde d’interdépendance, de conflictualité, dans lequel l’arrogance de l’Occident est de plus en plus dénoncée et son leadership contesté par des forces puissantes et déterminées.

Et pour expliquer cette situation, beaucoup ne donne qu’une raison principale, voire unique.

Pour quelles raisons, les citoyens français qui se sont exprimés, ont donné près de 40% des suffrages à des partis d’extrême droite ?

LFI prétend que c’est la question sociale : le pouvoir d’achat, la peur du déclassement et les politiques « ultra libérales » du gouvernement français.

Les médias d’extrême droite prétendent que cette raison est à trouver dans les flux migratoires qui submergent notre pays, l’insécurité qu’ils provoqueraient et l’attaque de notre identité nationale par des groupes venant d’autres pays et portant une vision de la société et des valeurs incompatibles avec la République.

D’autres font porter toute la responsabilité à l’Union européenne et son droit de la concurrence libre et non faussée et les traités de libre échange qu’elle négocie.

Enfin les plus simplistes expliqueront que tout est de la faute d’Emmanuel Macron.

Je crois qu’il est alors possible de reprendre la citation attribuée à Saint Thomas d’Aquin en l’adaptant de la manière suivante : « Je crains l’humain qui croit que le problème complexe qui se pose à lui n’est la conséquence que d’une seule cause. »

Parce que si on est persuadé comme je le suis que l’arrivée au pouvoir du RN serait une catastrophe pour la France, parce qu’il n’a aucune solution réaliste aux problèmes qui se posent et qu’en outre les valeurs qui sous-tendent son action sont xénophobes, racistes, il faut bien comprendre les raisons de ce vote pour essayer de trouver des solutions réalistes et conformes aux valeurs humanistes.

La complexité du vote RN, notamment dans les campagnes, est un peu approchée par Camille Bordenet, journaliste au Monde, chargée des ruralités et Benoit Coquard Sociologue à l’INRAE à Dijon dans « les Matins de France Culture » du mercredi 19 juin 2024 : <Vote RN>

La première raison évoquée est le recul des services publics, la lente désaffection des services publics dans nos campagnes.

Camille Bordenet a observé ce phénomène et explique :

« Des guichets de poste, écoles, centres des impôts, services de maternité et d’urgence ou encore des tribunaux, ont progressivement fermé au gré des plans de restructurations nationaux des vingt dernières années. [C’est un processus] très douloureusement vécu par les habitants et les élus et qui entraîne un sentiment de déclassement et de désengagement de la puissance publique »

Le gouvernement a tenté de pallier ce manque par des guichets France Service qui ont pour vocation de constituer, en un lieu unique, un accueil de premier niveau de quasi tous les services publics. Il ne s’agit, pour l’essentiel, pas de résoudre et de répondre aux besoins des gens mais de les accompagner vers des outils numériques qui constituent, dans l’esprit des technocrates qui nous administrent, le dispositif efficace pour répondre aux demandes de services publics des usagers.

Selon la journaliste ni les habitants ni les agents ne sont à l’aise avec cette organisation : pour les uns le service est insuffisant, pour les autres ils se sentent débordés par l’exigence des populations.

Ce dispositif se heurte aussi au problème de la « fracture numérique » car énormément de personnes dans notre pays ne sont pas à l’aise avec le tout numérique

«  Ils sont alors renvoyés à un sentiment d’incapacité qui peut nourrir une aigreur ».

De cette insatisfaction, le Rassemblement national s’est nourri construisant le récit des deux France : celle des villages abandonnés par l’État face à celle de la « France des banlieues nécessairement immigrée et trop aidée » décrit Camille Bordenet.

Benoit Coquard insiste sur l’implantation locale des militants RN et le message délétère qu’ils propagent :

« [Le discours] reconnait que les gens ont beaucoup perdu, assure que la France est en décrépitude et que plus rien ne fonctionne. Mais il rassure aussi en promettant qu’il y aura toujours plus bas socialement que soi ». Un nouvel bouc émissaire est donc créé, la figure de l’assisté social vivant sur les aides d’État, et dont les représentations se recoupent souvent avec celles de l’immigré. »

Il y a donc les difficultés économiques, la peur de s’appauvrir et que les enfants soient encore plus mal lotis, le sentiment de déclassement personnel et du pays, le constat d’être délaissé par l’État, si important en France, la fracture numérique et plus généralement de la modernité.

Mais ce n’est pas tout.

Une grande dame de la Culture, âgée de 85 ans, fondatrice du théâtre du Soleil a publié une Tribune dans « Libération » le 12 juin 2024 :

«A quel moment doit-on cesser de faire du théâtre sous un gouvernement RN ?»

Ariane Mnouchkine fustige l’acte d’Emmanuel Macron :

« et soudain, ce geste du président de la République – ce geste d’adolescent gâté, plein de fureur, de frustration et d’hubris […] Il déverse un bidon d’essence sur le feu qui, déjà, couvait. Il met le feu à notre maison, à notre pays, à la France. »

Elle exprime un espoir à l’égard du nouveau front populaire, mais dit son rejet de la NUPES :

«Je ne pourrais accepter ce qui ne serait qu’un nouveau masque de certains leaders de cette Nupes qui nous a fait tant de mal, car la politique ne doit pas être que tactique cynique au service de convictions plus brutales que sincères. Elle doit se fonder sur la vérité et l’amour de l’humanité. »

Mais elle fait surtout cet aveu :

«Macron est bien trop petit pour porter, à lui seul, la totalité du désastre. Je nous pense, en partie, responsables, nous, gens de gauche, nous, gens de culture. On a lâché le peuple, on n’a pas voulu écouter les peurs, les angoisses. Quand les gens disaient ce qu’ils voyaient, on leur disait qu’ils se trompaient, qu’ils ne voyaient pas ce qu’ils voyaient. Ce n’était qu’un sentiment trompeur, leur disait-on. Puis, comme ils insistaient, on leur a dit qu’ils étaient des imbéciles, puis, comme ils insistaient de plus belle, on les a traités de salauds. On a insulté un gros tiers de la France par manque d’imagination. L’imagination, c’est ce qui permet de se mettre à la place de l’Autre. Sans imagination, pas de compassion. »

Elle parle d’un déni.

Elle parle aussi d’une posture, celle d’un camp du bien, d’un camp « qui sait » et qui traite de salauds celles et ceux qui ne sont pas d’accord.

On évoque là l’insécurité physique et l’insécurité culturelle dont la gauche ne veut pas parler.

Melenchon vante la vertu de la créolisation, c’est-à-dire du mélange des cultures. Cela peut se révéler pertinent sur la longue durée, mais pas en l’espace d’une génération.

Le nouveau front populaire, parle de lutte contre « l’islamophobie », c’est une erreur, il faudrait parler de la lutte contre le racisme anti-musulman.

Il veut abroger la Loi sur le séparatisme, c’est une autre erreur, il faut peut-être l’amender, non la supprimer.

Il faut défendre avec vigueur et force, la laïcité, les sciences, l’Histoire dans l’éducation nationale contre toutes les menaces, les pressions qui s’exercent contre elle par des hommes fanatisés qui croient trouver toutes les réponses dans un seul livre et dans une seule interprétation de celui-ci.

Et puis parallèlement, « les beaux esprits » de la gauche des villes, exactement comme les croyants d’un seul livre, proclament des opinions comme s’il s’agissait de la vérité : s’agissant du colonialisme, du genre, de la culture woke dont ils prétendent, en outre, qu’elle n’existe pas etc…

Sur tous ces sujets, il faut s’éloigner du déni, du dogme et trouver des réponses de gauche, humanistes, universalistes.

Ce sont aussi des raisons qui expliquent le vote RN.

Mardi 18 juin 2024

« Deux français sur trois. »
Valéry Giscard d’Estaing

Valéry Giscard d’Estaing avait écrit un livre en 1984 : « Deux français sur trois » dans lequel il estimait que pour gouverner la France, il fallait convaincre deux français sur trois.

Aujourd’hui, nous en sommes loin.

Nous savons qu’il y a trois blocs qui sont, selon leurs programmes, leurs alliances et les hommes qui les composent, totalement incapables de travailler ensemble ou simplement d’accepter de dire que le programme des deux autres blocs, bien que différent, constitue une alternative acceptable. Les autres sont soient des salauds, des incompétents ou des factieux.

Le bloc le mieux placé peut espérer 33% des voix.

Comment peut-on espérer rassembler les français ainsi.

J’ai déjà écrit deux mots du jour ancien qui d’une part montrait toutes les limites de la 5ème république : <mot du 8 février 2017> et un autre, en 2022, qui expliquait la perversité, dans le contexte actuel, du scrutin uninominal à deux tours : « Les 16 élections législatives de la Vème République : Un regard historique sur un scrutin qui se délite »

Ce scrutin pouvait se concevoir tant que la France était divisée en deux coalitions qui se combattaient mais se respectaient.

Aujourd’hui c’est une catastrophe.

Parce qu’il est envisageable que le Rassemblement National avec 33% des voix puissent, au second tour, avoir la majorité absolue des sièges, alors de 77% des électeurs ne veulent pas de ce programme. Je veux dire qu’ils n’en veulent absolument pas.

Il en va de même pour le nouveau front populaire, qui pourrait avoir, avec 30% des voix, la majorité absolue des sièges alors que tous les autres sont radicalement contre.

Nous avons déjà suffisamment de problèmes pour ne pas y ajouter un type de scrutin qui permet une telle distorsion de la volonté du corps électoral.

Dans l’Union européenne, nous sommes les seuls à ne pas avoir le scrutin proportionnel et nous avons tort.

Avec un scrutin proportionnel, le PS, le PC et les verts n’auraient pas besoin de s’associer à LFI.

Les républicains ne se rallieraient pas au Rassemblement National.

Et les divers partis ne s’ostraciserait pas comme actuellement, car ils sauraient qu’après les élections il faudrait trouver des coalitions.

Ces coalitions éviteraient les mesures excessives et trop décalées par rapport aux autres mouvements politiques.

Il est urgent de passer à la Proportionnelle.

Vendredi 14 juin 2024

« Consultation »
Que signifie ce mot ?

Quelquefois on se pose des questions sur des mots qui nous semblent de la langue courante, mots qu’on utilise sans y penser.

Et puis arrive un évènement qui nous interpelle et on commence à douter du sens de ce mot.

Récemment c’est le mot « consultation » qui m’a conduit à une telle interrogation.

Au départ, il y a cet article du « Canard enchaîné » du 12 juin 2024 :

« Après avoir annoncé aux ténors de la majorité sa décision de dissoudre, Macron leur donne la parole, comme s’ils avaient encore leur mot à dire. Première à s’exprimer, pour des raisons protocolaires Yaël Braun-Pivet, sonnée par la nouvelle, jette un pavé dans la mare.
« Monsieur le Président, selon l’article 12 de la Constitution , vous devez consulter les Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. »
Réponse dudit Président :
« Je suis en train de te consulter…
– Pas comme ça. Je vous demande un entretien en tête à tête »
Demande accordée, Macron et Braun-Pivet s’éclipsent dans un salon voisin, où la présidente de l’Assemblée dit tout le mal qu’elle pense de la dissolution.
« J’ai fait mon choix «  réplique le chef de l’État qui appelle dans la foulée Gérard Larcher, président du Sénat, pour le « consulter » lui aussi. »

Nous avons bien entendu le Président de la République nous dire le 9 juin

« C’est pourquoi, après avoir procédé aux consultations prévues à l’article 12 de notre Constitution, j’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote »,

Que dit cet article 12 ?

Article 12 de la Constitution :

«  Le Président de la République peut, après consultation du Premier ministre et des présidents des assemblées, prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale. Les élections générales ont lieu vingt jours au moins et quarante jours au plus après la dissolution. »

Yaël Braun-Pivet, avait donc raison, en omettant toutefois le premier ministre, il faut une consultation préalable de trois autorités avant la décision par le Président de la République.

Mais que signifie consultation ?

Selon le dictionnaire Larousse, « consultation » est un nom féminin dont la définition est la suivante :

« Action de consulter quelqu’un, de lui demander son avis »

Selon ce même dictionnaire « consulter » répond à la définition suivante :

« Demander à quelqu’un son avis, son conseil, chercher des renseignements auprès de lui, interroger ».

<Le dictionnaire du CNRS> donne l’étymologie :

« Empr. au lat. class. consultare « délibérer »

Il s’agit donc de délibérer, de discuter, d’échanger des arguments…

Le Canard enchaîné a raconté la réaction du Président du Sénat :

« En fait de consultation a raconté Gérard Larcher, vingt-quatre heures plus tard en Conférence des présidents, « J’ai eu un coup de fil du chef de l’État pour « m’informer » qu’il allait dissoudre. Je n’ai pu qu’en prendre acte ». Larcher, afin qu’il y ait « une trace » de cette conversation en a fait consigner le contenu dans les archives du Sénat »

Le Président a informé les trois autorités, il ne les a pas consultés.

L’esprit de l’article 12 et donc de la Constitution n’a pas été respecté.

Soazig de la Moissonnière, la photographe officielle de la Présidence, a immortalisé l’annonce de la décision de dissolution lors de la fameuse réunion de l’Élysée :

On y voit la sidération de Yaël Braun-Pivet, de Gabriel Attal et de Gérald Darmanin.

Que signifie, en terme de communication, le fait de rendre public cette photo officielle ?

Je trouve cela étrange.

Autre incongruité de l’organisation de la République française, que j’ai essayée de décrire dans un mot du jour de 2017 : « La cinquième République »

Le vote sanction des électeurs français a été réalisé contre le Président de la République puisque c’est lui qui décide de tout.

Mais la réponse n’est pas sa dissolution, c’est-à-dire sa démission, mais la dissolution et donc le renvoi des députés. Il faut savoir sacrifier les autres !

Il y a quelques jours, le premier ministre britannique, Rishi Sunak, a demandé la dissolution du Parlement. Mais cette décision s’applique à lui, si le peuple britannique envoie une autre majorité au Parlement, Rishi Sunak ne sera plus premier ministre.

Et il en irait de même en Allemagne, en Espagne, en Italie, au Danemark, bref dans tous les pays comparables.

Sauf aux États Unis, où le Président a beaucoup de pouvoirs comme en France, mais ne peut pas dissoudre la chambre des représentants.

« Il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark » écrivait Shakespeare dans « Hamlet ».

Peut-être y a-t-il quelque chose de pourri dans la Vème République française ?

Jeudi 13 juin 2024

« Le sexe d’un côté et le fric de l’autre et on arrive à ça ! »
Roselyne Bachelot

C’est dans l’émission <Face à Alain Duhamel> du 12 juin que Roselyne Bachelot explique le chaos actuel de la manière suivante :

« Cette dilution de la vie politique française vient de loin. Elle n’est pas à imputer à Emmanuel Macron. Emmanuel Macron est l’effet de cette dilution, il n’est pas la cause.
Parce que les ferments de la distorsion de la vie politique française, ils ont commencé avec le scandale de Dominique Strauss Kahn, qui fait que l’élection présidentielle de 2012 choisit François Hollande qui n’était pas le bon candidat et qui scelle la mort du PS. Ils ont continué avec le scandale de François Fillon qui tue la Droite républiaine. Donc ces deux éléments, ces deux colonnes vertrébrales de la vie politique française s’effondrent à cause de la faute de deux hommes.
Le sexe d’un côté et le fric de l’autre et on arrive à ça. »

Ainsi parle Roselyne Bachelot avec sa gouaille et son sens des formules.

Elle, qui fut ministre de la Culture, post COVID, sous la présidence d’Emmanuel Macron, de 2020 à 2022.

Mais elle fut préalablement, ministre de la Santé et des Sports de 2007 à 2010 et ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale de 2010 à 2012 sous la présidence de Nicolas Sarkozy

Et encore avant, cette Docteure en pharmacie, née le 24 décembre 1946 à Nevers, eut sa première expérience gouvernementale, de 2002 à 2004, comme ministre de l’Écologie et du Développement durable. Jacques Chirac était alors Président de la République.

Elle a raison sur un point, Emmanuel Macron est devenu Président de la République suite à un concours de circonstances : un quinquennat raté de François Hollande et une campagne ratée de François Fillon qui proclamait qu’il fallait faire des économies drastiques dans le train de vie de l’État mais qui n’appliquait pas cette règle pour ses besoins personnels et familiaux.

Sans ces deux aventures, Emmanuel Macron n’aurait jamais été élu Président de la République en 2017, malgré ses talents, son ambition et sa bonne étoile.

Dans son discours de la victoire de 2017, il avait fait la promesse suivante :

« Je veux avoir un mot pour les Français qui ont voté simplement pour défendre la République face à l’extrémisme. Je sais nos désaccords, je les respecterai, mais je serai fidèle à cet engagement pris : je protègerai la République.
Et je veux enfin avoir un mot pour ceux qui ont voté aujourd’hui pour Madame LE PEN – ne les sifflez pas, ils ont exprimé aujourd’hui une colère, un désarroi, parfois des convictions. Je les respecte. Mais je ferai tout, durant les cinq années qui viennent, pour qu’ils n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes. »

Le résultat des élections européennes du 9 juin 2024 qui a fait monter le Parti de Mme Le Pen à 31,4% des suffrages exprimés et en y incluant les autres mouvements, l’extrême droite à près de 40% des voix, montre que la promesse n’a pas été tenue.

Mais « Le sexe d’un côté et le fric de l’autre » ne suffisent pas à expliquer pourquoi « on arrive à ça ! », c’est-à-dire à une extrême droite devant la porte entrouverte du pouvoir.

Rappelez-vous les dernières années crépusculaires de François Mitterrand, puis les 12 ans de Chirac pour lesquels on se rappelle avec reconnaissance l’opposition à la guerre en Irak, mais qui sur le plan interne ne sut et ne put rien faire sur l’inexorable déclin de la France, l’angoisse de la classe moyenne et l’augmentation des tensions au sein de la société française.

Son successeur, Nicolas Sarkozy, qui a traité son prédécesseur de « roi fainéant » malgré son activisme et son énergie n’a pas davantage réussi à rendre confiance aux français.

Entre temps, il y eut les 5 ans de cohabitation de 1997 à 2002 pendant lesquels Lionel Jospin fut un premier ministre sérieux, rigoureux qui pensait que ses résultats économiques lui permettraient d’accéder, sans difficultés, à la Présidence de la république contre « un Chirac fatigué ».

Que Nenni…

Pour la première fois un représentant de l’extrême droite s’invita au second tour de la Présidentielle.

Puis il y eut François Hollande qui échoua jusqu’au point de ne pouvoir se présenter à sa réélection, trahi il est vrai, par un jeune fougueux qui croyait connaître la solution aux problèmes et qui s’est fracassé, à son tour, au mur des réalités de son impuissance politique, plombé et rejeté avec d’autant plus de force que son arrogance apparait grande.

Je ne crois pas un instant que l’élection de Strauss Kahn en 2012 ou de Fillon en 2017 aurait changé quoi que ce soit de fondamental dans cette évolution.

Pourquoi ?

Je peux essayer d’avancer quelques pistes :

Nous sommes en face d’une impuissance politique, dans laquelle pour se faire élire les politiques promettent des choses qu’ils ne pourront tenir.

Nous n’avons plus ni la démographie, ni la productivité, ni la croissance économique pour faire progresser notre État providence et même le maintenir.

Concernant la démographie, nous avons besoin d’immigration mais nous n’avons plus l’énergie et la force pour intégrer ceux qui viennent et même les enfants de ceux qui sont déjà là. Cette situation crée des tensions identitaires, une montée du communautarisme, alimentée par des groupuscules qui sont hostiles à nos valeurs occidentales, créant en réaction, un rejet de plus en plus fort d’une société en plein doute.

Notre pays s’est désindustrialisé et se trouve bien faible dans un monde interdépendant, mondialisé et financiarisé.

Et je n’ai même pas évoqué le défi climatique et plus généralement de la biodiversité et de l’écologie.

Il faudrait encore parler de notre faiblesse militaire dans un monde de prédateurs carnivores qui se moquent de notre comportement d’herbivores feignant de croire que les normes, les règles de droit sont en capacité d’arrêter ou de faire fléchir ces fauves, ces empires qui nous regardent d’un air narquois.

Mais de tout cela les Politiques ne veulent pas parler et les français probablement ne veulent pas en entendre parler.

Quand des hommes politiques, non démagogues, ont tenté de se faire élire, ils ont été balayés ou empêchés de se présenter. On peut parler de Rocard et de Delors à gauche ou de Barre et de Balladur à droite. Ils n’avaient pas de solutions miracles à proposer, bien sûr, mais ils disaient davantage la vérité.

Interrogé par France Inter Jean-Louis Bourlanges que je qualifierai aussi de Politique à démagogie très modérée, a eu cette phrase :

« Ce que je constate et c’est très dur à dire : c’est un divorce profond entre les besoins du pays et les attentes du pays. Les attentes c’est plus de pouvoir d’achat, c’est plus de subvention, c’est plus de « care » comme disait Mme Martine Aubry. Tout un ensemble de soins et de choses. Et les besoins c’est renforcer les budgets militaires, renforcer l’investissement, renforcer la technologie, accroitre la compétitivité des entreprises. »

Mercredi 12 juin 2024

« Le grand remplaçant : La face cachée de Jordan Bardella»
Pierre-Stéphane Fort

Beaucoup pensent que d’ici un mois, il existe une grande probabilité que le premier ministre de la France soit un homme de 29 ans, puisqu’il est né le 13 septembre 1995, à Drancy.

Les premiers ministres sont nommés de plus en plus jeunes.

Le premier ministre actuel Gabriel Attal, avait battu le record puisqu’à 34 ans, le 9 janvier 2024, il est nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, devenant le 25e et plus jeune Premier ministre de la Ve République, devançant de trois ans Laurent Fabius, nommé à 37 ans en 1984.

Jordan Bardella serait alors le 26ème premier ministre et battrait une nouvelle fois le record du premier ministre le plus jeune.

Il parait donc normal de s’intéresser à ce jeune homme plein d’avenir.

Dans les matins de France Culture du mardi 11 juin 2024, Guillaume Erner avait pour invité Pierre-Stéphane Fort : « Le RN ère Bardella : anatomie d’un succès électoral »

Pierre-Stéphane Fort a écrit « Le grand remplaçant : la face cachée de Jordan Bardella »

La page Wikipedia consacré à Bardella, nous apprend qu’il est enfant unique.

Son père est un patron de PME, né en 1968 à Montreuil sous-bois, en Seine-Saint-Denis, d’origine italienne et franco-algérienne.

Mais ses parents ayant divorcé, il grandira avec sa mère dans une cité HLM de sa ville natale.

Sa mère est une agente territoriale spécialisée des écoles maternelles (ATSEM), Luisa Bertelli-Mota. Elle est née en 1962 à Turin en Italie.

Il commence souvent ses discours en rappelant qu’il vient de Seine Saint Denis et insiste sur ses origines populaires.

Mais Pierre-Stéphane Fort juge que « Jordan Bardella n’est pas Cosette » :

« Jordan n’est pas Cosette et son enfance n’aurait sans doute pas inspiré un roman social à Victor Hugo ou Emile Zola. [Sa mère] gagne sa vie modestement et l’élève au quotidien avec le soutien de sa grand-mère.
Jordan Bardella réalise l’ensemble de sa scolarité dans le privé. Saint-Jean-Baptiste de La Salle, l’établissement catholique qu’il fréquente, est à deux pas de chez lui, il a bonne réputation. Vérification faite, pour y scolariser son enfant, il faut payer environ 1 200 euros par an, sans la cantine. Pas évident quand on touche un petit salaire, il paraît donc probable que le père de Jordan Bardella, jamais cité dans ses discours, leur apportait une aide financière.
Son père travaille dans une PME. Dans la presse, je lis souvent qu’il est patron de cette PME, mais malgré des recherches fouillées, la consultation des statuts, etc., je ne peux l’affirmer. Je peux en revanche vous dire qu’il gagne confortablement sa vie et même qu’il est copropriétaire des locaux dans lesquels est installée cette entreprise. Selon mes informations, quand Jordan est adolescent, il l’emmène faire un long voyage aux États-Unis. A 19 ans, il lui offre sa première voiture, une Smart, petite citadine chic et branchée. A la même époque, il le loge gracieusement dans un appartement qu’il détient, sur la coquette commune d’Enghien-les-Bains dans le Val-d’Oise. […] Bref, Jordan Bardella, comme bien des enfants de divorcés, avait un pied dans deux milieux sociaux différents, c’est ainsi qu’il a grandi. Et puis généralement, quand on souffre de difficultés financières, on travaille dès qu’on le peut. Jordan Bardella, lui, ne travaille pas. Enfin si, un mois seulement, à 18 ans, dans l’entreprise de son père. Point final.
Le mythe de l’enfant pauvre issu des pires quartiers de France, qui a grimpé l’échelle sociale à la seule force de son mérite et de son abnégation, a du plomb dans l’aile. »

Ses études ont été courte, il n’a obtenu qu’un baccalauréat économique et social toutefois avec la mention très bien.

Il a tenté d’entrer dans l’Institut d’études politiques de Paris, mais il échoue. Il étudie alors la géographie à l’université Paris-IV mais arrête ses études sans obtenir de diplôme, indiquant préférer se consacrer à la politique.

A part une petite incursion dans l’entreprise de son père, il n’a jamais travaillé. Son métier a été de faire de la politique, rien que de la politique.

Son histoire avec le RN commence en 2012, Il n’a alors que 16 ans lorsqu’il prend sa carte, à l’époque au FN. Il va être remarqué par Marine Le Pen puisqu’il arrive à intégrer son deuxième cercle amical, le clan Chatillon.

Jordan Bardella était en couple avec la fille de Frédéric Chatillon pendant deux ans, qui elle-même est une militante assez radicale. Douze jours après la rencontre entre lui, Marine Le Pen et la fille Chatillon, M. Bardella est nommé porte-parole du Rassemblement national.

<Wikipedia> donne beaucoup d’informations sur Frédéric Chatillon, homme de l’extrême droite dure, ayant travaillé pour le régime syrien d’Assad, tristement célèbre pour ses exactions. Il serait également lié avec le Hezbollah libanais dont il est beaucoup question ces temps-ci. Marine Le Pen a une confiance absolue dans Frédéric Chatillon.

Marine Le Pen mise très tôt sur son storytelling : « Jordan Bardella est le tout jeune homme issu de Seine-Saint-Denis, d’un quartier modeste, d’une famille relativement modeste.»

Pierre-Stéphane Fort raconte :

« Elle mise sur lui et va investir beaucoup d’argent pour le faire former en média training. »

C’est-à-dire qu’il est formé pour devenir un professionnel de la communication dans les médias.

Pour Pierre-Stéphane Fort :

« [Bardella] fait preuve d’un opportunisme chronique. Il a commencé avec Florian Philippot sur une ligne nationaliste sociale. Puis, quand l’étoile de Philippot a commencé à pâlir, il est passé chez les identitaires avec Philippe Olivier. Beaucoup de témoins que j’ai pu rencontrer m’ont dit qu’il sent le vent tourner et qu’il a toujours un coup d’avance. Ce n’est pas un idéologue, mais par contre, c’est un stratège »

Parmi ses talents de communicants, il parvient à toucher beaucoup les jeunes grâce à son utilisation fréquente du média chinois Tiktok.
Pierre-Stéphane Fort souligne par ailleurs la contradiction les paroles et les actes du député européen :

« Au Parlement européen, il vote très souvent le contraire de ce qu’il déclare sur TikTok ou dans les médias français. Par exemple, il fait de grands discours dans lesquels il célèbre les droits des femmes dans l’Union européenne. Dans le même temps, il ne s’oppose pas à l’interdiction de l’IVG en Pologne. Idem sur l’égalité salariale entre hommes et femmes, il préfère s’abstenir. Sur les réseaux sociaux, c’est l’un des champions de la lutte contre le réchauffement climatique. La vérité, c’est qu’il n’a jamais voté un texte majeur au Parlement européen en faveur de cette lutte ».

<France Info> et le <Nouvel Obs> analysent le travail modéré réalisé par Bardella au Parlement européen dont il est élu depuis 2019.

Est il compétent pour le job de premier ministre ?

Pour répondre à cette question, je reprendrai ce passage d’un billet d’humeur de François Morel en 2013.

« Je vous répondrai ce que dans le film « Coup de tête » de Jean-Jacques Annaud dialogué par Francis Weber, Michel Aumont répondait à Paul Le Person qui se demandait si l’abruti à qui on allait offrir un poste de maître-nageur, savait nager : « complique pas ! » »

Mais je ne finirai pas ainsi ce mot du jour. Françoise Hardy qui vient de nous quitter, dans sa chanson « Mon amie la rose », chantait :

« Moi j’ai besoin d’espoir
Sinon je ne suis rien »

<1808>

Lundi 10 juin 2024

« Dissoudre le peuple »
Berthold Brecht

Les élections au Parlement européen de ce dimanche ont donc conduit à ce que la liste du parti d’extrême droite obtienne plus de 30% des voix soit deux fois plus que la Liste de la majorité présidentielle.

Le Président de la République a considéré que cette situation devait conduire à la dissolution de l’Assemblée Nationale.

Si on y pense, c’est un drôle de système que celui de la Démocratie. Tous les citoyens ont droit de voter et chaque vote ne compte que pour une voix. Un prix Nobel et un analphabète ont chacun une voix, le patron d’une entreprise de 50 000 salariés et un éboueur pèsent, le jour du vote, le même poids, un scientifique et un platiste (quelqu’un qui croie que la terre est plate) sont égaux face au scrutin. C’est assez déstabilisant.

Certains régimes comme le régime chiite iranien ont trouvé un moyen pour modérer ces inconvénients : pour pouvoir se présenter, les candidats doivent avoir eu l’autorisation par une commission jugeant de leur capacité et surtout de leurs qualités religieuses.

En écoutant certains commentateurs ou politiques hier, il m’a semblé que pour eux le peuple n’avait pas bien voté. Peut être que le président Macron aurait du dissoudre le peuple, plutôt que l’Assemblée nationale ?

C’est ce qu’avait suggéré Berthold Brecht, dans un poème, après une révolte en l’Allemagne de l’Est où il résidait, contre le gouvernement communiste.

Faut-il préciser que le propos de  Berthold Brecht était ironique  ?

La Solution
Après l’insurrection du 17 juin,
Le secrétaire de l’Union des écrivains
Fit distribuer des tracts dans la Stalinallee.
Le peuple, y lisait-on, a par sa faute
Perdu la confiance du gouvernement
Et ce n’est qu’en redoublant d’efforts
Qu’il peut la regagner.
Ne serait-il pas
Plus simple alors pour le gouvernement
De dissoudre le peuple
Et d’en élire un autre ?