Vendredi 28/02/2014

Vendredi 28/02/2014

Pour tous ceux qui n’ont pas encore visionné l’entretien de Pierre Rahbi ou pour remémorer l’entretien à ceux qui l’ont vu cet autre mot de sagesse

« On n’a pas mis de limite au superflu. »
Pierre Rahbi
C’est le même lien :http://www.youtube.com/watch?v=lYStCuNMcYU à 13:44
Il dit qu’un diamant n’est qu’un caillou qui brille et qu’il est étonnant que l’imagination de l’humain ait conduit à lui donner un tel prix
Que la sagesse du colibri (celui qui prend sa part au destin de l’humanité) continue à vous accompagner

Jeudi 27/02/2014

Jeudi 27/02/2014
« Vous pouvez tout acheter,
Mais vous ne pouvez pas acheter la joie »
Pierre Rahbi
Pierre Rahbi est une personne lumineuse.
Je l’ai découvert à travers plusieurs entretiens publiés sur Youtube
Cet entretien permettrait de formuler une dizaine de mots du jour. Celui que je vous propose aujourd’hui se trouve juste après 5:30.
Il explique que c’est dans la simplicité qu’il trouve la joie non dans la complexité ou dans la consommation.
Avant cela, il disait que quand il voyait cette armée de consommateurs, muni d’un caddy, se rendre à l’assaut des rayons d’un supermarché, il avait l’impression d’un retour au néolithique, c’est à dire à l’ère de la cueillette non pas sur les arbres mais sur les étagères.
Wikipédia écrit : Pierre Rabhi est un agriculteur biologiste, romancier et poète français, d’origine algérienne, inventeur du concept « Oasis en tous lieux ».
Il défend un mode de société plus respectueux de l’homme et de la terre et soutient le développement de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et préservant les ressources naturelles.
Pierre Rabhi est né en 1938 à Kenadsa près de Béchar, une oasis dans le sud de l’Algérie dans une famille musulmane. Sa mère meurt alors qu’il est âgé de 4 ans. Son père, forgeron, musicien et poète, lui fait alterner l’école coranique et l’école française jusqu’à l’âge de 14 ans.
Pierre est confié à un couple de Français, un ingénieur et une institutrice, venus travailler à la Compagnie des Houillères de son village natal. Plus tard, son père sera contraint de fermer son atelier et de travailler à la mine, ce qui marqua la réflexion et la pensée de son fils.
Pierre quitte Kenadsa pour Oran avec sa famille d’adoption et y suit deux années d’études secondaires.
À l’âge de 16 ans, à Oran, il choisit de se convertir au christianisme (il dit aujourd’hui ne plus se sentir « lié à aucune religion en particulier »). Il commence à travailler, d’abord dans la dentisterie, puis en tant qu’employé de banque. Lorsque la guerre d’Algérie éclate en 1954, il se trouve dans une situation de double exclusion, fâché avec son père pour s’être converti, et avec son père d’adoption qui l’avait mis à la porte à la suite d’un conflit, juste au début de la guerre. Il décide de partir s’installer en France, à Paris.
Il trouve un poste d’ouvrier spécialisé ; dans l’entreprise où il travaille, il rencontre Michèle avec qui il se mariera plus tard.
Tous deux nourrissent le rêve de s’extraire de leur vie urbaine et pensent à l’agriculture. Il rencontre le docteur Pierre Richard, un médecin, écologiste et visionnaire qui s’occupait à l’époque de la création du Parc national des Cévennes, et qui les encourage dans leur démarche.
Ils décident alors de se rendre en Ardèche pour s’y installer définitivement en 1960, précédant le mouvement néorural de la fin des années 1960.
Ils se marient à Thines. Pierre Rabhi devient père et, sans aucune connaissance agricole, s’inscrit dans une Maison familiale rurale et obtient un diplôme.
Après trois ans comme ouvrier agricole, en 1963 il devient lui-même paysan dans les Cévennes ardéchoises.
Après des débuts difficiles, le couple acquiert assez d’expérience pour accueillir et conseiller à partir de mai 1968 d’autres néo-ruraux. Quinze années leur seront nécessaires pour parvenir à vivre de leur ferme. Depuis lors, il est sollicité par de nombreux organismes et notamment l’ONU
Lors de ses apparitions en public, il a coutume de raconter la légende du colibri, légende amérindienne, dont il tirera le nom pour créer son mouvement des colibris.
« Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt.
Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre.
Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu.
Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit : «Je le sais, mais je fais ma part.»
Que la sagesse du colibri vous accompagne dans votre pèlerinage terrestre

Mercredi 26/02/2014

Mercredi 26/02/2014
« Une odeur de gaz est venu bouleverser la donne »
Bernard Guetta
Je sais que vous aimez les mots du jour poétiques ou optimistes.
Celui-ci fait partie de la seconde catégorie, il est l’œuvre de Bernard Guetta dans sa chronique « géopolitique » du 13 février 2014.
Les matières premières sont souvent une source de conflits et même de guerres.
Rien ne dit que la découverte d’un immense gisement de gaz dans la méditerranée entre Chypre, Israël, la Turquie et la Grèce ne conduise pas à des violences.
Mais pour l’instant, c’est plutôt le contraire.
En effet, Les chypriotes grecs, les chypriotes turcs, les Turcs, les Grecs et les Israéliens ne sont pas les meilleurs amis du monde. Il y en a même, à l’intérieur de cet ensemble, qui en bilatéral sont carrément des ennemis irréductibles et haineux.
Mais ils veulent pouvoir accéder au magot : cet immense gisement de gaz.
Et pour l’instant ils vont plutôt dans le sens de la discussion, voire de la coopération. On espère l’accord.
Ainsi les deux parties de l’ile de Chypre dialoguent de nouveau ensemble, on parle d’une réunification possible, les grecs, les turcs et les Israéliens voient cela d’un œil favorable.
Rien que de l’optimisme je vous dis. Un article sur cette question géopolitique :

<http://www.rtbf.be/info/monde/detail_chypre-les-deux-parties-de-l-ile-grecque-et-turque-vont-se-reparler?id=8197721 >

Mardi 25 février 2014

Mardi 25/02/2014
«Le modèle de société européen […] repose sur le rapport interne de l’Etat social et de la démocratie.
Si la progression permanente, depuis deux décennies, de l’inégalité sociale (une tendance empiriquement prouvée pour les pays industriels),
ne se laisse pas inverser, ce rapport se déchirera.»
Jürgen Habermas

Jürgen Habermas est né en le 18 juin 1929 en Allemagne.

Il est assez unanimement reconnu comme un, sinon comme le philosophe politique le plus important en Europe.

Le « Monde » vient de publier, le 23 février 2014, une tribune de sa part où il invite à re politiser le débat, sinon…pour aller vite « ça va mal finir… ».

Il met beaucoup en cause la politique allemande. La critique venant d’un allemand et même du plus grand intellectuel politique allemand n’en est que plus pertinente.

Lui aussi parle de l’inversion « d’une sorte de courbe » mais d’une autre ampleur que celle de notre Président, il déclare indispensable d’inverser la progression de l’inégalité, autrement dit d’amorcer la diminution des inégalités.

Notion scientifiquement plus explicite que l’inversion d’une courbe qui semble être l’invention d’un technocrate peu à l’aise avec des concepts mathématiques.

Ci-après un extrait de cette tribune que vous trouverez derrière ce lien : < Repolitisons le débat européen, par Jürgen Habermas >.

« Le modèle de société européen déploré par tant de monde repose sur le rapport interne de l’Etat social et de la démocratie. Si la progression permanente, depuis deux décennies, de l’inégalité sociale (une tendance empiriquement prouvée pour les pays industriels), ne se laisse pas inverser, ce rapport se déchirera.

Cette dérive vers une scission de la société se combine d’ailleurs à une tendance alarmante, à une paralysie politique croissante, ainsi qu’à un désintérêt prononcé des électeurs appartenant la plupart du temps aux couches les moins favorisées, c’est-à-dire à l’effritement de la représentation égale de l’électorat et du spectre entier de ses intérêts.

Il n’est nul besoin de partager les prérequis marxistes pour reconnaître dans le déchaînement du capitalisme des marchés financiers l’une des causes décisives de cette évolution – et pour en conclure qu’il nous faut mener à bien une re-régulation du secteur bancaire mondial se donnant toutes les chances de réussir, et avant tout dans un territoire économique ayant au moins le poids et la taille de la zone euro.

Le bon fonctionnement des banques européennes, qui ne peuvent plus investir de façon rentable un capital virtuel hypertrophié, coupé de l’économie réelle, exige justement en premier lieu une solution européenne commune. Et mis à part les sacrifices évidents consentis dans les Etats en crise visés au premier chef par les mesures d’austérité, sacrifices dont nous savons déjà aujourd’hui l’ampleur, ce n’est qu’à la fin de la crise que nous pourrons identifier ses victimes, qui aura payé les pots cassés. Tout cela dépend aussi de la politique que nous choisissons aujourd’hui.

[…]

Je me limite à justifier la nécessité d’un changement politique par trois problèmes urgents, mais jusqu’à présent largement niés. Le gouvernement fédéral allemand a, depuis mai 2010, et de façon tout à fait vigoureuse, fait avant tout valoir la position semi-hégémonique de l’Allemagne en Europe. Il a ainsi généré un effet déflagrant dans la politique intérieure européenne, qu’aucune rhétorique de l’apaisement ne vient juguler. En outre, la gestion de crise a conduit ces dernières années à une extension informelle des compétences du Conseil et de la Commission, qui aggrave de façon spectaculaire l’actuel déficit de légitimation de l’Union européenne, et provoque l’intervention de résistances nationales. Cette politique est véritablement inquiétante en ce qu’elle ne touche pas aux causes de la crise.

Le gouvernement fédéral, en raison de son poids économique et de sa puissance de négociation informelle, a imposé au Conseil européen les idées allemandes visant à surmonter les crises, des idées ordolibérales. Il a contraint les pays en crise à des « réformes » radicales, sans endosser la responsabilité, au niveau européen global, des conséquences plus que sévères de cette politique d’austérité manquant de tout équilibre en matière sociale.

[…]

La division de l’Europe entre pays payeurs et pays bénéficiant de ces paiements incite fortement, dans les vies publiques nationales, aux accusations mutuelles et à la désignation de boucs émissaires. La perception réciproquement déformée de destins inégaux dans la crise jusqu’à l’obscénité a aussi été renforcée en Allemagne par une fausse interprétation des causes de la crise.

Car, la Grèce exceptée, la cause immédiate du surendettement des Etats fut l’évolution de l’endettement privé, et non, comme on le prétend, la politique budgétaire des gouvernements concernés. Mais c’est avant tout la manière de se focaliser sur la problématique des dettes étatiques qui explique le refoulement actif, jusqu’à aujourd’hui, dans la gestion de crise, des problèmes structurels fondamentaux. »

<245>

Lundi 24/02/2014

Lundi 24/02/2014
« Peuplier, tes feuilles brillent blanc dans la nuit
Les cheveux de ma mère n’ont jamais blanchi.
Pissenlit, si verte est l’Ukraine
Ma mère aux blonds cheveux n’est pas revenue.
Nuage de pluie, menaces-tu au-dessus du puits ?
Ma mère silencieuse pleure pour chacun.
Étoile ronde, tu enroules la boucle d’or
Le cœur de ma mère fut transpercé par le plomb.
Porte en chêne, qui t’a soulevée de tes gonds ?
Ma douce mère ne peut revenir. »
Paul Celan, Poème « Le peuplier »
J’ai entendu ce poème lors des matins de France Culture du Vendredi 21 février.
Poème en l’honneur de L’Ukraine appelé le grenier à blé de l’Europe, doublement martyrisé par Staline puis par Hitler. L’Ukraine qui a été à la une de l’actualité ces derniers jours, à cause des jours de violence qui se sont déroulés à Kiev.
Je ne connaissais pas Paul Celan qui est un poète et traducteur roumain de langue allemande, naturalisé français en 1955, et décédé à Paris le 20 avril 1970.
Wikipedia nous apprend qu’il est l’auteur d’une œuvre absolument novatrice et qu’il est souvent considéré comme le plus grand poète de langue allemande de l’après-guerre.
Il est le seul fils d’une famille juive de Cernăuți, Bucovine, région aujourd’hui en Ukraine, qui durant l’entre-deux-guerres a fait partie de la Roumanie.
En 1942, ses parents qui refusent de se cacher, sont envoyés dans un camp d’internement en Transnistrie (qui était, avant 1940, une autre région de la Roumanie, reprise en 1941), où son père meurt de typhus. Sa mère, selon certains témoignages, est quant à elle exécutée d’une balle dans la nuque.
En 1943, Paul est envoyé dans un camp de travail forcé en Moldavie. Il est libéré par les Russes en 1944, change son nom en Paul Aurel, Paul Ancel et finalement Paul Celan.

Vendredi 21/02/2014

Vendredi 21/02/2014
« J’affirme que le mot Démocratie n’a plus de sens,
que le mot Etat n’a plus de sens,
que le mot ville n’a plus de sens, et quand on dit que L’Education Nationale
sert à augmenter l’égalité des chances, nous savons tous que c’est l’inverse qui est vrai »
Alain Touraine
Un lecteur de la presse people dira qu’Alain Touraine est un grand bourgeois parisien dont le petit fils est en prison parce qu’il a braqué une dame âgée pour lui soutirer de l’argent
Un téléspectateur de TF1, la télé qui rend du temps de cerveau disponible…, dira que c’est le père du Ministre de la Santé.
L’homme modérément cultivé dira simplement que c’est un des plus grands sociologues Français.
Il a commis un livre la « La fin des sociétés » paru en septembre 2013.
Le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) qui a été créé le 22 avril 2013 sous la Direction de Jean Pisani-Ferry, rattaché au Premier ministre, et qui est au cœur des démarches de réflexion et de concertation nécessaires à la conduite des politiques publiques et à la modernisation du pays, l’a invité à une conférence.
(Certains prétendent que le CGSP est une résurgence du commissariat au Plan).
Et comme Internet est un « don de Dieu » comme le dit le Pape François, nous pouvons assister, en différé, à cette conférence.
Le mot du jour se trouve peu de secondes après 34’00 ».
Dans cette conférence Alain Touraine explique aussi que nous remplaçons le social par le culturel.
Il dit voir monter en France un fort courant de dé-modernisation et que la société industrielle se trouve incapable de se transformer par ses propres moyens.
Il dit aussi que dans le Monde le mot le plus souvent revendiqué est celui de la dignité.
Et enfin, il dit que la réforme qu’il faut réaliser c’est celle de produire des « acteurs ».
Et il définit un acteur comme celui qui a la capacité de développer le sens de sa propre capacité à agir.
Et en plus, il y a même des interlocuteurs et trices de grandes valeurs qui le contredisent et rendent cette conférence d’autant plus intéressante.
Je ne peux que vous encourager à visionner cette conférence <ICI>

Jeudi 20/02/2014

Jeudi 20/02/2014
« La guerre économique est partout »
Ali Laïdi.
Ali laïdi est chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Il a écrit un livre « Aux sources de la guerre économique », chez Armand Colin, dans lequel il explique que si hier, « la guerre économique » était totalement ignorée et que ceux qui osaient en parler passaient au pire pour des adeptes de la théorie du complot, au mieux pour des incultes en matière économique.
Aujourd’hui, elle est dans toutes les bouches, celles des responsables politiques, des économistes, des journalistes et même des publicitaires. » Il y a guerre lorsqu’une entreprise ou un Etat use de moyens déloyaux ou illégaux pour atteindre son objectif, affirme Ali Laïdi.
Subventions déguisées, guerre de l’information, évasion fiscale, en sont les manifestations les plus criantes. Ainsi, la guerre économique est-elle le symptôme d’une économie mondiale malade du tout-compétitif. Pourtant, Ali Laïdi constate que dans le monde politique, l’idée de guerre économique est rejetée aussi bien par les libéraux que par les penseurs de gauche et d’extrême gauche. D’où la naïveté dont fait preuve l’Europe, sur un certain nombre de sujets.
J’ai appris à connaître cet auteur par l’émission les carnets de l’Economie de France Culture <Les Carnets de l’Economie>

Mercredi 19/02/2014

Mercredi 19/02/2014
[Notre chant national] reçut des circonstances où il jaillit
un caractère particulier qui le rend à la fois plus solennel et plus sinistre : la gloire et le crime,
la victoire et la mort semblent entrelacés dans ses refrains.
Il fut le chant du patriotisme, mais il fut aussi l’imprécation de la fureur.
 Il conduisit nos soldats à la frontière, mais il accompagna nos victimes à l’échafaud.
Le même fer défend le cœur du pays dans la main du soldat, et égorge les victimes dans la main du bourreau.
Lamartine
Cité par Philippe Meyer dans sa chronique du 06/02/2014 et publié sur le site de l’Assemblée Nationale avec d’autres commentaires de la marseillaise <ICI>
La marseillaise est un sujet de controverse pour les français, les uns ne veulent pas qu’on y touche, les autres veulent qu’on la remplace car trop guerrière.
Lamartine dans sa langue merveilleuse, en raconte toute la complexité. Voici ce texte dans son intégralité :
La naissance de La Marseillaise évoquée à la veille de la révolution de 1848.
Tout se préparait dans les départements pour envoyer à Paris les vingt mille hommes décrétés par l’Assemblée. Les Marseillais, appelés par Barbaroux sur les instances de Mme Roland, s’approchaient de la capitale. C’était le feu des âmes du Midi venant raviver à Paris le foyer révolutionnaire, trop languissant au gré des Girondins. Ce corps de douze ou quinze cents hommes était composé de Génois, de Liguriens, de Corses, de Piémontais expatriés, et recrutés pour un coup de main décisif sur toutes les rives de la Méditerranée; la plupart matelots ou soldats aguerris au feu, quelques-uns scélérats aguerris au crime. Ils étaient commandés par des jeunes gens de Marseille amis de Barbaroux et d’Isnard. Fanatisés par le soleil et par l’éloquence des clubs provençaux, ils s’avançaient aux applaudissements des populations du centre de la France, reçus, fêtés, enivrés d’enthousiasme et de vin dans des banquets patriotiques qui se succédaient sur leur passage. Le prétexte de leur marche était de fraterniser, à la prochaine fédération du 14 juillet, avec les autres fédérés du royaume. Le motif secret était d’intimider la garde nationale de Paris, de retremper l’énergie des faubourgs, et d’être l’avant-garde de ce camp de vingt mille hommes que les Girondins avaient fait voter à l’Assemblée pour dominer à la fois les Feuillants, les Jacobins, le roi et l’Assemblée elle-même, avec une armée des départements toute composée de leurs créatures.
La mer du peuple bouillonnait à leur approche. Les gardes nationales, les fédérés, les sociétés populaires, les enfants, les femmes, toute cette partie des populations qui vit des émotions de la rue et qui court à tous les spectacles publics, volaient à la rencontre des Marseillais. Leurs figures hâlées, leurs physionomies martiales, leurs yeux de feu, leurs uniformes couverts de la poussière des routes, leur coiffure phrygienne, leurs armes bizarres, les canons qu’ils traînaient à leur suite, les branches de verdure dont ils ombrageaient leurs bonnets rouges, leurs langages étrangers mêlés de jurements et accentués de gestes féroces, tout cela frappait vivement l’imagination de la multitude. L’idée révolutionnaire semblait s’être faite homme et marcher, sous la figure de cette horde, à l’assaut des derniers débris de la royauté. Ils entraient dans les villes et dans les villages sous des arcs de triomphe. Ils chantaient en marchant des strophes terribles. Ces couplets, alternés par le bruit régulier de leurs pas sur les routes et par le son des tambours, ressemblaient aux chœurs de la patrie et de la guerre répondant, à intervalles égaux, au cliquetis des armes et aux instruments de mort dans une marche aux combats. Voici ce chant, gravé dans l’âme de la France.
Ces paroles étaient chantées sur des notes tour à tour graves et aiguës, qui semblaient gronder dans la poitrine avec les frémissements sourds de la colère nationale, puis avec la joie de la victoire. Elles avaient quelque chose de solennel comme la mort, de serein comme l’immortelle confiance du patriotisme. On eût dit un écho retrouvé des Thermopyles. C’était de l’héroïsme chanté.
On y entendait le pas cadencé de milliers d’hommes marchant ensemble à la défense des frontières sur le sol retentissant de la patrie, la voix plaintive des femmes, les vagissements des enfants, les hennissements des chevaux, le sifflement des flammes de l’incendie dévorant les palais et les chaumières; puis les coups sourds de la vengeance frappant et refrappant avec la hache et immolant les ennemis du peuple et les profanateurs du sol. Les notes de cet air ruisselaient comme un drapeau trempé de sang encore chaud sur un champ de bataille. Elles faisaient frémir; mais le frémissement qui courait avec ses vibrations sur le cœur était intrépide. Elles donnaient l’élan, elles doublaient les forces, elles voilaient la mort. C’était l’eau de feu de la Révolution, qui distillait dans les sens et dans l’âme du peuple l’ivresse du combat.
Tous les peuples entendent à de certains moments jaillir ainsi leur âme nationale dans des accents que personne n’a écrits et que tout le monde chante. Tous les sens veulent porter leur tribut au patriotisme et s’encourager mutuellement. Le pied marche, le geste anime, la voix enivre l’oreille, l’oreille remue le cœur. L’homme tout entier se monte comme un instrument d’enthousiasme. L’art devient saint, la danse héroïque, la musique martiale, la poésie populaire. L’hymne qui s’élance à ce moment de toutes les bouches ne périt plus. On ne le profane pas dans les occasions vulgaires. Semblable à ces drapeaux sacrés suspendus aux voûtes des temples et qu’on n’en sort qu’à certains jours, on garde le chant national comme une arme extrême pour les grandes nécessités de la patrie. Le nôtre reçut des circonstances où il jaillit un caractère particulier qui le rend à la fois plus solennel et plus sinistre : la gloire et le crime, la victoire et la mort semblent entrelacés dans ses refrains. Il fut le chant du patriotisme, mais il fut aussi l’imprécation de la fureur. Il conduisit nos soldats à la frontière, mais il accompagna nos victimes à l’échafaud. Le même fer défend le cœur du pays dans la main du soldat, et égorge les victimes dans la main du bourreau.
La Marseillaise conserve un retentissement de chant de gloire et de cri de mort; glorieuse comme l’un, funèbre comme l’autre, elle rassure la patrie et fait pâlir les citoyens.
Alphonse de Lamartine (Histoire des Girondins, Furne et Cie – Coquebert, 1847, p. 408-414.)

Lundi 17/02/2014

Lundi 17/02/2014
« Je suis un étranger presque partout dans le monde »
Anonyme
Vu sur un tableau d’une salle de classe dans le lycée Pierre Brossolette de Villeurbanne
Donc nos amis suisses ont réalisé une de leur belle votation, dans laquelle ils ont souhaité restreindre les possibilités d’accès des étrangers à leur beau et riche pays.
Probablement que si on réalisait un référendum en France sur le même sujet, la réponse risquerait aussi d’être positive.
En France quand le citoyen de « base » pense étranger, il pense aux arabes, aux africains subsahariens et aux européens de l’est avec une prédilection pour les roumains.
En Suisse, ils pensent aux français, aux italiens, aux portugais et même aux allemands.
Oui ! Nous sommes des étrangers pour les Suisses.
Pourquoi ? Vous me direz c’est simple : « c’est parce que nous ne sommes pas Suisse »
Admettons, mais je crois plus important de dire que nous sommes des étrangers pour les suisses parce que nous sommes plus pauvres qu’eux. Il serait plus juste d’écrire nous sommes moins riches.
Les roumains sont des étrangers pour nous parce qu’ils sont plus pauvres. Cette relativité des choses m’a fait penser au mot du jour que j’ai lu, en 2007, sur un tableau du lycée Pierre Brossolette de Villeurbanne.
Mon administration avait organisé une opération d’aide à destination de post bacheliers, dans des quartiers où la diversité sociale était forte, pour mieux affronter certaines épreuves des concours administratifs.
Notre collègue Jérôme était chef de file de cette opération dans le Rhône.
Et je me souviens quand je suis entré dans la salle de classe qui nous était réservé, de ce mot écrit sur le tableau. Il m’est resté.
J’ai cherché sur Internet l’auteur, je n’en ai pas trouvé. Il est anonyme, il n’en n’est pas moins d’une grande profondeur.
Vu de notre petit pays, l’étranger c’est l’autre. Mais vu du vaste Monde, je suis le plus souvent un étranger pour les autres. La connaissance de cette réalité : « Je suis un étranger presque partout dans le monde » peut-elle nous inciter à changer notre comportement ?
Que le ciel vous tienne en joie et vous révèle la réponse à cette question.

Vendredi 14/02/2014

Vendredi 14/02/2014

Pour la Saint Valentin, cette chanson de Brassens :

« Les amoureux qui s’bécott’nt sur les bancs publics
En s’fouttant pas mal du regard oblique
Des passants honnêtes
En s’disant des « Je t’aime » pathétiques
Ont des p’tit’s gueul’ bien sympatiques »
Brassens
Les gens qui voient de travers
Pensent que les bancs verts
Qu’on voit sur les trottoirs
Sont faits pour les impotents ou les ventripotents
Mais c’est une absurdité
Car à la vérité
Ils sont là c’est notoire
Pour accueillir quelque temps les amours débutants
Les amoureux qui s’bécott’nt sur les bancs publics
Bancs publics, bancs publics
En s’fouttant pas mal du regard oblique
Des passants honnêtes
Les amoureux qui s’bécott’nt sur les bancs publics
Bancs publics, bancs publics
En s’disant des « Je t’aime » pathétiques
Ont des p’tit’s gueul’ bien sympatiques
Ils se tiennent par la main
Parlent du lendemain
Du papier bleu d’azur
Que revêtiront les murs de leur chambre à coucher
Ils se voient déjà doucement
Ell’ cousant, lui fumant
Dans un bien-être sûr
Et choisissent les prénoms de leur premier bébé
refrain
Quand la saint’ famill’ machin
Croise sur son chemin
Deux de ces malappris
Ell’ leur décoche hardiment des propos venimeux
N’empêch’ que tout’ la famille
Le pèr’, la mèr’, la fille
Le fils, le Saint Esprit
Voudrait bien de temps en temps pouvoir s’conduir’ comme eux
refrain
Quand les mois auront passé
Quand seront apaisés
Leurs beaux rêves flambants
Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds
Ils s’apercevront émus
Qu’ c’est au hasard des rues
Sur un d’ces fameux bancs
Qu’ils ont vécu le meilleur morceau de leur amour
refrain

<ICI Brassens qui chante cette chanson>