Mardi 31/12/2013

Mardi 31/12/2013
«Son apport a été décisif pour briser le code Enigma, contribuer à mettre fin à la guerre et sauver des milliers des vies
Sa vie a plus tard été assombrie par sa condamnation pour homosexualité,
condamnation que nous considérerions aujourd’hui comme injuste et discriminatoire, et qui est désormais annulée.»
Chris Grayling Ministre de la Justice britannique à propos du mathématicien de génie Alan Turing

La reine d’Angleterre a accordé, enfin, le 24 décembre, une grâce posthume à Alan Turing, 59 ans après sa mort.

Alan Turing est resté dans l’histoire comme l’homme qui a mis au point la machine électromécanique ayant servi à « casser » le code « Enigma » utilisé par les sous-marins allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.

Cette invention avait donné un avantage considérable aux Alliés face à l’Allemagne nazie.

Certains considèrent même que Turing est le père de l’informatique moderne parce qu’il est parvenu à définir les critères de l’intelligence artificielle <Voir sur ce point l’article de l’express>

Malgré son apport immense à la victoire des alliés, il a été condamné pour homosexualité. Il a été contraint à subir une castration chimique en 1952.

2 Ans plus tard, il se suicida en mangeant une pomme trempée dans le cyanure. Il semble que c’était par référence à l’Histoire de Blanche Neige qu’il aimait beaucoup.

Il avait 41 ans.

Un long moment de silence et d’ignorance du grand public sur le rôle de cet homme dans la guerre et dans la science s’en suivit.

Mais des scientifiques britanniques dont Stephan Hawking se sont mobilisés pour le faire connaître et obtenir une réhabilitation de la part du gouvernement britannique.

En 2009, celui qui était alors Premier ministre du Royaume-Uni, Gordon Brown, avait présenté publiquement les excuses du gouvernement pour le « traitement écœurant » qui avait été réservé à Alan Turing.

Cette Histoire doit nous rappeler qu’aujourd’hui encore dans le monde beaucoup de pays traitent de manière ignoble les personnes qui vivent des amours homosexuels.

La répression est le fait de pays théocratiques, d’Etats totalitaires ou même d’exactions privées non condamnées par la Justice.

Ainsi, les actes homosexuels sont passibles de peine de mort dans sept pays de nos jours :

  • Afghanistan,
  • Arabie saoudite,
  • Iran,
  • Nigeria,
  • Mauritanie,
  • Soudan
  • Yémen.

Ces législations sont effectivement appliquées. Ils sont aussi condamnés par des châtiments physiques, ainsi que des peines d’emprisonnements dans plus de 27 pays par le monde. L’homosexualité est illégale dans plus de 100 pays dans le monde, et les homosexuels s’exposent à des procès systématiques (source Wikipedia)

Lors du débat sur le mariage pour tous, des relents d’homophobie sont réapparus en France.

Rappelons quand même que ce n’est que Le 4 août 1982 que la France dépénalisait l’homosexualité lors d’un vote de l’Assemblée Nationale obtenue par Robert Badinter sous la présidence de François Mitterrand.

Et ce n’est qu’en 1990 que l’Organisation mondiale de la santé a supprimé l’homosexualité de la liste des maladies mentales, mettant fin à plus d’un siècle d’homophobie médicale.

<Voici un article du Figaro qui évoque aussi la grâce au mathématicien Alan Turing>

A bientôt en 2014

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Lundi 30/12/2013

Lundi 30/12/2013

Alors qu’en Occident, le christianisme est à ce moment de l’année à l’heure des fêtes de fin d’année :

« Comme se fait-il qu’en Occident sécularisé, règne « le silence de Noël sur les chrétiens persécutés » ? »
Andrea Riccardi
fondateur de la Communauté Sant’Egidio
A la une du Corriere della Sera, Lundi 23 décembre 2013.
Dans le monde non occidental, les chrétiens sont désormais une minorité, de plus en plus souvent, opprimée et persécutée.
Qu’ils soient catholiques, protestants, anglicans ou orthodoxes, des milliers de chrétiens meurent chaque année à cause de leur foi et sont de plus en plus souvent ciblés ensemble dans les pays du Sud.
Alors que les chrétiens sont quelque 2, 3 milliards, les estimations de ceux tués chaque année en raison de leur foi varient énormément: de 9.000 (un par heure) à 100.000 (onze par heure).
Selon le groupe évangéliste américain Open Doors, la Corée du Nord, l’Arabie Saoudite, l’Afghanistan, l’Irak, la Somalie, les Maldives, le Mali, l’Iran, le Yémen et l’Erythrée sont à la tête de la liste noire.
La situation des fidèles chrétiens s’aggraverait rapidement en Syrie et en Ethiopie.
Open Doors va jusqu’à parler de cent millions de chrétiens persécutés. Evaluation contestée par différents observateurs qui estiment que ces chiffres prennent en compte des populations entières, et non des chrétiens que leur témoignage personnel mettrait en danger.
Auteur en octobre d’un livre intitulé « La guerre globale contre les chrétiens », le vaticaniste renommé John Allen pointe ce phénomène silencieux et négligé qui touche le Sud — Afrique, Asie, Moyen-Orient.
S’il admet l’impossibilité de statistiques exactes et reconnaît que les chiffres peuvent faire l’objet d’exploitation politique, John Allen juge que les chrétiens sont souvent des boucs-émissaires, notamment quand ils appartiennent aux « minorités linguistiques et culturelles ».
Il reproche aux chrétiens d’Occident, d’oublier, de méconnaître, de refuser de prendre en considération leur sort tragique:
« Le récit que l’on véhicule est que le chrétien est riche, puissant, qu’il a beaucoup d’influence politique. C’est le type blanc américain de classe moyenne qui va en +Audi+ à la messe.
Ce n’est pas la mère de couleur, pauvre, avec quatre ou cinq enfants, qui vit au Nigeria et qui est sans cesse en danger à cause de sa foi ».
Selon les experts, trois causes de persécutions se conjuguent contre les chrétiens, parfois présentes ensemble dans un même pays:

La première est le radicalisme religieux, en bonne partie de groupes islamistes qui veulent vider leur pays de la présence chrétienne, mais aussi d’autres radicalismes anti-chrétiens, hindouistes et bouddhistes. Il y a aussi, tient à souligner John Allen, dans cette catégorie les chrétiens attaqués et tués par d’autres chrétiens, comme certains évangélistes américains par des traditionalistes catholiques au Mexique.

Un autre type de persécutions provient des systèmes totalitaires qui les voient comme des éléments idéologiquement non conformes, de la Corée du Nord à l’Erythrée. Ainsi des dizaines de milliers de chrétiens sont encore internés en Corée du Nord, mais aussi dans des containers en plein soleil en Erythrée, note l’expert.

Le troisième groupe de persécuteurs est formé d’intérêts économiques, de guérillas, de groupes criminels (narcos notamment) et de groupes paramilitaires, que les positions de justice sociale des Eglises dérangent.

http://www.lepoint.fr/societe/les-chretiens-de-plus-en-plus-souvent-persecutes-dans-les-pays-du-sud-24-12-2013-1773924_23.php

Vendredi 27 décembre 2013

«Le cadeau de Noël. Histoire d’une invention.»
Martyne Perrot

Le mot du jour du 27 décembre parle naturellement du cadeau de Noël, grâce à un ouvrage d’une sociologue consacré à ce sujet et dont le titre est le mot du jour.

Comme toute tradition, Noël fait partie des événements qui « vont de soi » : si l’on fête Noël cette année, c’est parce que nous l’avons fêté l’année dernière et parce qu’il sera fêté l’an prochain.

Theodore Caplow écrivait ainsi de la fête de Noël :

« Tout ethnographe qui découvrirait un rituel si important dans quelque culture exotique pourrait être tenté d’en faire la pièce maîtresse de sa description de la culture. ».

Dans cet ouvrage, on découvre l’émergence progressive de la version moderne de la fête de Noël à partir du XIXe siècle.

Martyne Perrot écrit :

« Le cadeau de Noël « s’invente » au milieu du xixe siècle. Il prend corps à cette période précise où l’industrie naissante laisse les enfants pauvres dans les rues et confine les plus riches dans des appartements cossus, truffés d’objets et boursouflés de tentures. Récente, en apparence, cette histoire s’enracine pourtant dans un récit très ancien. Celui de la période royale de la Rome antique. C’est là que s’origine le mot d’« étrennes », les strenae en latin, cette fête du Nouvel An, qui se déroulait aux calendes de janvier, en lien avec la déesse de la santé : Strenia. Au milieu du xixe siècle, ce vieux terme d’« étrennes » est omniprésent ; il cohabite avec celui de « cadeaux de Noël », avant que la suprématie de ces derniers ne s’impose dès la fin du siècle. Mais leur histoire recèle des étonnements bien plus grands. Car ils ont, en leur tréfonds, une particularité peu commune dans le monde des objets : ils tombent du ciel ! Et cette origine surnaturelle est d’importance. Elle renvoie à un monde légendaire, celui où, dans ce qui est aussi la dangereuse période du solstice LEVER DE RIDEAU 7 d’hiver, les enfants étaient menacés symboliquement, comme l’attestent le folklore et les croyances populaires. Tapi dans la grande nuit occidentale, le danger était parfois incarné par les donateurs eux-mêmes, dont la longue cohorte prend naissance dans la mythologie européenne et l’histoire de quelques saints chrétiens. Puis vint l’âge du Père Noël, le distributeur jovial, généreux et inconditionnel que l’on connaît aujourd’hui, et dont la physionomie est demeurée inchangée depuis les années 1950. Fait remarquable, la dimension magique et parfois inquiétante de ces cadeaux n’a pas découragé « les nouvelles cathédrales du commerce » que sont les grands magasins. Bien au contraire. Dès leur création au milieu du xixe siècle, en Angleterre, en Allemagne, en France et en Amérique du Nord, ils en ont fait un argument de vente, accordant subtilement sentimentalisme et consommation. »

L’éditeur présente l’ouvrage ainsi :

« Dès la Rome antique, les hommes célébraient Strenia, déesse de la santé. Cette fête, accompagnée de dons alimentaires, symbolisait l’abondance au cœur de l’hiver.

Voilà d’où viennent nos étrennes et l’orange de nos grands-parents !

Au fil des siècles, les cadeaux de Noël, récompenses des enfants sages, se parent de magie : ne tombent-ils pas du ciel ? Vers le milieu du XIX e siècle, ils « s’inventent » dans leur forme actuelle. C’est l’avènement des grands magasins, la naissance du père Noël et d’une tradition devenue sacrée : la fête familiale. »

D’une part, la fête de Noël passe de l’espace public à l’espace privé à mesure que les pratiques bourgeoises gagnent en visibilité et deviennent une source d’inspiration des pratiques sociales.

Ce passage du public au privé fait de Noël une fête de famille centrée de plus en plus sur l’enfant compris comme un individu en soi, avec ses particularités de comportement (dont son imaginaire ludique).

À cette occasion, le cadeau de Noël prend au fil du temps la place des « étrennes » offertes anciennement aux subalternes pour le Nouvel An.

Quant aux produits offerts, ils évoluent à mesure que s’inventent les grands magasins, hérauts des pratiques bourgeoises.

Leur touche finale fut de proposer l’emballage cadeau qui constitue de nos jours la norme pour la cérémonie des cadeaux lors d’une fête de Noël occidentale.

Et Martyne Perrot cite les Misérables de Victor Hugo :

« Dès le début du mois de décembre, sur les boulevards parisiens comme dans les villages alentour, on voyait aussi fleurir des petits étals, des baraques en plein vent, celles-là mêmes que le Jean Valjean de Victor Hugo découvre, à son grand étonnement, derrière l’église de Montfermeil, situé à quinze kilomètres à l’est de la capitale :
« Ils atteignirent le village ; Cosette guida l’étranger dans les rues. Ils passèrent devant la boulangerie, mais Cosette ne songea pas au pain qu’elle devait rapporter. […]
Quand ils eurent laissé l’église derrière eux, l’homme, voyant toutes ces boutiques en plein vent, demanda à Cosette :
– C’est donc la foire ici ?
– Non, monsieur, c’est Noël ! »
En 1862, lorsque Hugo publie Les Misérables, les réclames pour les étrennes sont monnaie courante. La plupart des almanachs et des journaux affichent les leurs en décembre. Écrit vingt ans plus tôt (entre 1843 et 1847), le roman, à travers cette scène d’anthologie, évoque pourtant déjà Noël. C’est derrière la vitrine d’une de ces bimbeloteries, on s’en souvient, que Cosette découvre, sur le chemin du retour, « la merveilleuse poupée à laquelle elle ne put s’empêcher de jeter un regard ».

D’autre part, dans ce mouvement de transformation, au croisement des évolutions de la bourgeoisie et du commerce, se configurent dans le même temps les symboles du Noël occidental moderne.

La pratique du sapin de Noël s’étend à partir de la tradition allemande qui gagne en visibilité par les pratiques de cour, puis par leur usage croissant dans les vitrines inventées par les grands magasins.

Quant au Père Noël, sa généalogie est chaotique. En Europe, il apparaît épisodiquement au Moyen-Âge parmi d’autres personnages colporteurs de cadeaux (comme les « saints et les personnages bibliques, les fées et sorcières, et les vieillards »).

Son pendant le plus net est alors Saint-Nicolas, personnage ambigu pouvant aussi bien ressusciter les enfants qu’être le « Nicolas à la fourrure » (Pelzenickel), autre nom du Père Fouettard, qui utilise son sac pour capturer les enfants. La période de la Réforme luthérienne, en abolissant le culte des saints au XVIe constitue une date importante en déplaçant la fête des enfants du 6 décembre au 25 décembre, jour de la Noël où c’est le Christkindl (l’enfant Christ) qui devient le dispensateur des cadeaux.

Différentes traditions coexistent alors selon les traditions religieuses, catholiques ou protestantes, et selon les régions.

Aux Etats-Unis, où Noël correspondait au calendrier anglican, la figure du Saint Nicolas prend une valeur révolutionnaire.

C’est au début du XIXe siècle que les personnages du Bonhomme Noël et du Saint Nicolas commencent à converge, et parce que les Etats américains officialisent la célébration de la Saint Nicolas le jour de Noël à partir de 1836.

De ces influences éparses naît alors progressivement la figure du Père Noël sous sa forme contemporaine qui se diffuse en Europe occidentale tout au long du XIXe et du XXe siècle.

Enfin, la célébration du Noël occidental moderne s’accompagne de tout un ensemble de règles sociales émergeant progressivement.

Comme la fête est d’abord issue de la bourgeoisie et se fonde sur la privatisation de la célébration, une des valeurs l’accompagnant devient la charité faite aux pauvres (et aux inférieurs en général).

Les ouvrages destinés à la jeunesse bourgeoise utilisent la nuit de Noël comme un événement où l’enfant découvre les inégalités sociales, la compassion pour l’inférieur, mais aussi la nécessaire distance sociale (car jamais n’est offert à l’enfant pauvre des cadeaux hors de portée ou inutiles).

Dans le même temps, les cadeaux et la cérémonie de leur remise, autrefois mérités, deviennent progressivement un dû et même un droit de l’enfant.

Se développent tout au long des deux siècles les cadeaux typiques de la petite fille et du petit garçon aussi bien dans les catalogues publicitaires que dans les pratiques.

Quant aux adultes, ils ne sont pas en reste (avec notamment les cadeaux pour l’époux ou pour l’épouse), même si les règles de don et de contre-don fonctionnent sur un registre différent de celui des enfants (tandis que le cadeau aux enfants se fait sans contrepartie, la « règle de réciprocité » observée par Caplow laisse penser que tout cadeau entre adultes doit se faire dans les deux sens pour correspondre aux attentes des deux parties).

Et voici comment on peut intellectualiser autour du cadeau de noël qui fascine les uns et exaspère les autres.

Je fais partie de la seconde catégorie.

Ici l’article de Slate duquel j’ai extrait certains de ces commentaires : http://www.slate.fr/tribune/80741/jouets-noel

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Vendredi 20 décembre 2013

A propos des auditeurs de radio :
« Faire découvrir quelque chose qu’ils ne savaient pas vouloir »
Jean-Luc Hees, Président de Radio France

Ces propos ont été tenus par Jean-Luc Hees lors des cérémonies des 50 ans de radio France.

Vous trouverez cette réponse sur une vidéo en bas de la page d’agora vox que je vous envoie. Sur cette page vous lirez aussi, avec perplexité (?), ce propos de notre président :

« Je préfère ne pas trancher »

Cela aurait pu être un mot du jour, mais la phrase aurait été sortie de son contexte. Dans le fond elle est probablement juste, mais dans la forme, le procédé eut été malhonnête. Je ne souhaite pas que le mot du jour soit malhonnête.

Mais revenons au mot du jour

«  faire découvrir quelque chose qu’ils ne savaient pas vouloir », voilà la mission du service public. C’est une politique de l’offre pour élever l’esprit.

Et non une politique de la demande pour consommer, pour laisser du temps de cerveau disponible pour accueillir la publicité de coca cola et toutes ces autres émissions de l’apparence, du superficiel, de la vacuité…

Découvrir quelque chose que je ne savais pas vouloir, voilà un beau défi.

Le lien promis : http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/francois-hollande-aux-50-ans-de-la-145279#forum3900165

Ajout :

Ce lien ne fonctionne plus. Agora Vox a publié une autre page consacrée à cet évènement <ICI>. Malheureusement, cette page ne fait plus mention à la phrase de Jean-Luc Hees.

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Mardi 17/12/2013

Mardi 17/12/2013
« Autrefois j’étais indécis, mais à présent je n’en suis plus tout à fait sûr. »
Umberto Ecco
Un mot du jour un peu plus léger aujourd’hui, encore que…
Cité par Etienne Klein dans sa Chronique de France Culture le Monde selon Etienne Klein du 07/11/2013

Lundi 16/12/2013

Lundi 16/12/2013
« Servons la bonne cause et servons-nous ! »
Benjamin Constant
Ce mot du jour ou contre mot du jour, car il veut montrer des dérives de nos élites.
Ce propos est explicité dans l’article de Laurent Mauduit paru dans MEDIAPART et joint au présent message.
Il y a l’analyse libre du journaliste, que je m’interdis de commenter.
Mais il y a surtout des faits objectifs…Ces faits montrent l’extraordinaire porosité entre le monde de la haute administration et le monde de la Finance.
Ainsi, certains Hauts fonctionnaires que j’ai du mal à nommer des serviteurs de l’Etat, qui sont d’abord chargés de surveiller, de contrôler de réguler des entreprises privées peuvent ensuite par un bond rapide et efficace se retrouver de l’autre côté.

Mercredi 11/12/2013

Mercredi 11/12/2013
« telle était ma mission : libérer à la fois l’opprimé et l’oppresseur. »
Nelson Mandela.
Et je ne me lasse pas de citer Nelson Mandela.
Toujours dans son ouvrage « Un long chemin vers la liberté », dans les dernière pages de cet ouvrage, il ajoute : « Quand j’ai franchi les portes de la prison, telle était ma mission : libérer à la fois l’opprimé et l’oppresseur. »
Sur ce point Mandela a été constant dans la dernière partie de sa vie, le mot du jour du 28/06/2013 citait un autre propos de lui : « Etre libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. ».
Bien sûr qu’il faut libérer l’opprimé.
Ce que Mandela nous apprend c’est que l’oppresseur est aussi prisonnier de ses idées, de ses dogmes. La paix ne peut se faire qu’au prix de la réconciliation.
La réconciliation rend nécessaire de s’occuper aussi de l’oppresseur.
Ainsi devenu Président, il a souhaité rencontrer la veuve de M. Hendrik Verwoerd, qui dirigeait le pays quand il a été arrêté et condamné à la prison à vie et il l’a invité au Palais présidentiel à Pretoria. Cette dernière a décliné l’invitation exprimant par ailleurs qu’elle n’aimait pas l’idée d’un président noir pour l’Afrique du Sud.
Alors Mandela a répondu qu’il viendrait lui rendre visite chez elle à Orania qui est resté une enclave blanche jusqu’aujourd’hui, pour prendre le thé. Mme Verwoerd ne pouvait plus refuser.
Et après sa visite, elle a déclaré qu’elle avait été ravie de rencontrer Nelson Mandela.
C’était la force de cet homme : désarmer ses adversaires par son charisme et son humanité.

Lundi 09/12/2013

Lundi 09/12/2013
« Mais j’ai découvert ce secret : après avoir gravi
une haute colline, tout ce qu’on découvre, c’est qu’il
reste beaucoup d’autres collines à gravir. »
Nelson Mandela « Un long chemin vers la liberté »
Mandela !
Bien sûr Mandela, il ne saurait en être autrement.
L’humanité a généré des grands hommes, mais en petit nombre.
Grands hommes qui ne sont pas des saints, comme l’a dit Mandela lui-même, mais Grands hommes parce qu’ils n’agissent pas de la manière habituelle des autres hommes, et qu’ils réussissent à réaliser des choses que l’on croyait impossible.
Il écrit au dernier paragraphe de ses mémoires, « Un long chemin vers la liberté » :
« J’ai essayé de ne pas hésiter ; j’ai fait beaucoup de faux pas. Mais j’ai découvert ce secret : après avoir gravi une haute colline, tout ce qu’on découvre, c’est qu’il reste beaucoup d’autres collines à gravir. Je me suis arrêté un instant pour me reposer, pour contempler l’admirable paysage qui m’entoure, pour regarder derrière moi la longue route que j’ai parcourue. Mais je ne peux me reposer qu’un instant ; avec la liberté viennent les responsabilités, et je n’ose m’attarder car je ne suis pas arrivé au terme de mon long chemin.»
J’ai tiré ces éléments d’un remarquable article de Mediapart, écrit par Thomas Canteloube. Il montre en quoi Mandela est unique :
La mort de Nelson Mandela, annoncée Jeudi 5 décembre, n’est rien de moins que la mort d’un des plus grands hommes du XXe siècle, sinon le plus grand dans la sphère politique.
Pas seulement parce que ses combats ont épousé les luttes majeures de son époque (égalité des droits, anticolonialisme, antiracisme), mais parce qu’à chacune des étapes de sa vie, il a fait triompher ses principes, même quand il les a trempés dans le réalisme politique.
Il a eu des pairs dans ses luttes – combat révolutionnaire, leader syndical et politique, emprisonnement, pouvoir, retraite –, des personnalités qui ont marqué leur temps sur les cinq continents, mais aucun n’est parvenu à franchir toutes ces phases avec autant de réussite et surtout d’intégrité.
Gandhi et Martin Luther King sont les deux noms que l’on associe le plus souvent à celui de Nelson Mandela – le premier l’a inspiré, le second a porté le combat pour l’égalité dans la nation majeure du XXe siècle – mais aucun des deux n’a gouverné. Leurs parcours restent donc « purs » et leur assassinat a grandi leur légende.
Quant aux grands révolutionnaires ou « libérateurs » de cette ère, la plupart ont grossi les rangs des dictateurs (Lénine, Staline, Castro, Mao…) ou fini précipitamment au cimetière (Guevara, Lumumba…). Du côté de ceux qui ont gouverné dignement (Nehru, Havel, Walesa), aucun n’avait un passé de résistant aussi marquant que celui de Mandela et, de toute manière, aucun n’est parvenu à s’affranchir des basses querelles internes, ni à organiser de succession réussie. Et puis il y a tous ceux qui ont brillé à un moment charnière du siècle, mais n’ont guère été des inspirateurs au-delà de leurs frontières (Churchill, de Gaulle, Roosevelt).
Que le ciel vous tienne en joie comme dirait Philippe Meyer

Vendredi 6 décembre 2013

« Tous les imbéciles et ceux qui ne se servent pas de leur discernement, ont toutes les audaces. »
Thomas d’Aquin Somme Théologique, dans la Prima Secundae, Question 40, Article 6

Un des derniers mots du jour reprenait une fameuse réplique des tontons flingueurs : «les cons ça osent tout…»

Grâce à Denis Moreau, professeur de philosophie à l’université de Nantes, nous savons maintenant que Michel Audiard a copié Saint Thomas d’Aquin, l’un des Pères de l’église catholique qui avait écrit :

« Tous les imbéciles, et ceux qui ne se servent pas de leur discernement, ont toutes les audaces. »

Le texte est en latin :

« Omnes stulti, et deliberatione non utentes, omnia tentant »

Nous passons ainsi du comique de cinéma à la culture la plus profonde de notre civilisation chrétienne.
Cette découverte a été publiée par le sérieux journal économique des Echos. <Lien>

L’auteur de l’article, le philosophe Roger-Pol Droit ajoute :

«Faire preuve d’audace, c’est toujours se tenir entre confiance et prise de risque. Une décision assurée de réussir à 100 % n’a rien d’audacieux. En revanche, agir dans des circonstances où l’échec est pratiquement certain n’est plus de l’audace mais de la témérité imbécile, voire de la connerie pure et simple. C’est pourquoi le vocabulaire des Grecs possédait deux termes pour parler de l’audace. L’un (« tolmos ») désignait la bonne audace, celle qui fournit un tremplin à l’action, sans verser dans l’excès de témérité, l’absence de calcul ni l’obstination néfaste. Au contraire, « tharsos » parlait surtout de l’audace effrénée, excessive, proche de ce que les Anciens nommaient « hubris », la démesure aveugle.

Oser revient ainsi à prendre, sur le cours des événements à venir, un risque calculé. Ce calcul s’avère indispensable, sinon la décision est absurde, l’action fait preuve d’inconscience, d’imprudence ou de folie. Toutefois, on ne saurait tout calculer ni tout prévoir, le pari est lui aussi indispensable, et la part de risque irréductible. C’est en ce sens que Kierkegaard parle d’une « folie de la décision » : elle crée, au moins en partie, un avenir qui n’existe pas. La « délibération » dont parle Thomas d’Aquin, c’est bien le discernement, la recherche prudente des chances de réussir, l’examen du rapport de force, des aléas, des conséquences. Cette audace réfléchie, les imbéciles en sont dépourvus. Voilà pourquoi ils osent tout.»

Que le ciel vous tienne en joie comme dirait Philippe Meyer
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