Jeudi 31/07/2014

Jeudi 31/07/2014
«Vert»
Michel Pastoureau
Histoire d’une couleur
Dans notre perception contemporaine le Vert est associé à un mouvement politique l’Ecologie, aux produits Bio plus généralement à la nature.
Pour les habitants de Rhône-Alpes, les « Verts » c’est le club rival de Lyon : l’AS Saint Etienne.
Les historiens dans leur volonté d’explorer jusqu’au plus petit recoin les fondements de nos civilisations s’intéressent à la couleur.
Plus précisément Michel Pastoureau qui a écrit plusieurs ouvrages sur les couleurs, il a commencé par le Noir, puis le Bleu et maintenant le vert.
Et on apprend des choses étonnantes :
Ainsi, en 1789, le vert aurait pu figurer sur les emblèmes de la Révolution et donc l’intégrer notre drapeau. Sauf que les hommes de 89 se sont aperçus que le vert était aussi associé à la maison du comte d’Artois, fieffé réactionnaire et futur Charles X !
Longtemps le vert est une couleur qui se révèle spécialement instable. Les teinturiers, d’ailleurs, ont longtemps eu toutes les peines du monde à le fixer.
Son ascension, longtemps incertaine et contrariée, est manifeste aujourd’hui. Il est bien porté de l’afficher mais comme une idéologie, à la façon du rouge d’autrefois dont on attendait aussi qu’il sauve le monde. Si l’historien laisse de côté le messianisme et qu’il en reste au strict registre des couleurs, il constate cependant que le vert n’est le préféré que d’une personne sur cinq ou six, bien loin derrière le bleu !
Depuis qu’on fait des enquêtes sur les couleurs préférées en Europe occidentale (la fin du XIXème siècle), le classement et la répartition restent très stables :
1/ Le bleu partout en tête dans l’Europe occidentale 45 à 50%
2/ Le vert autour de 15 à 18%
3/ Le rouge
4/ Le noir
5/ Le blanc
6/ Le jaune
Voilà, celles et ceux qui aiment le jaune constituent une élite, je veux dire une toute petite minorité…
Le livre de Michel Pastoureau retrace la longue histoire sociale, artistique et symbolique du vert dans les sociétés européennes, de la Grèce antique jusqu’à nos jours. Il souligne combien cette couleur qui a longtemps été difficile à fabriquer, et plus encore à fixer, n’est pas seulement celle de la végétation, mais aussi et surtout celle du Destin. Chimiquement instable, le vert a symboliquement été associé à tout ce qui était instable: l’enfance, l’amour, la chance, le jeu, le hasard, l’argent. Ce n’est qu’à l’époque romantique qu’il est définitivement devenu la couleur de la nature, puis celle de la santé, de l’hygiène.
Aujourd’hui, c’est plutôt une couleur positive : Ainsi donner le feu vert c’est accepter qu’une action continue. On lui a même confié une mission de taille : sauver la planète ! C’est devenu une idéologie : l’écologie – après le rouge, symbole du communisme.
Mais, pour certains le vert est censé porter malheur. Les comédiens refusent toujours de la porter sur scène. Une vieille superstition : au Moyen Age, le vert-de-gris, pigment utilisé par les peintres, était aussi un poison…
Le vert, c’est la couleur de Satan, du diable, des ennemis de la chrétienté, des êtres étranges : fées, sorcières, lutins, génies des bois et des eaux. Les super-héros et les Martiens, grands et petits hommes verts de la science-fiction, s’inscrivent dans cet héritage culturel, où le vert joue le rôle de l’ailleurs, de l’étrangeté, du fantastique.
Vert = bleu + jaune : Cette combinaison, apprise dès l’école maternelle, s’est révélée très tard. A longtemps persisté un tabou, venu de la Bible, sur les mélanges : on ne fusionne pas deux matières pour en faire une troisième. Il existait surtout un règlement professionnel très strict chez les teinturiers, qui n’avaient l’autorisation de fabriquer que certaines couleurs : les cuves de bleu et de jaune ne se situaient pas au même endroit dans la ville, et personne n’aurait donc eu l’idée de les mélanger.
Il faut attendre la découverte du cercle chromatique par Newton, au XVIIe siècle, pour qu’on situe le vert à mi-chemin entre bleu et jaune. C’est très récent à l’échelle de l’histoire. Le vert n’est donc en rien le mélange des symboles du bleu et du jaune, à la différence du roux, qui a longtemps associé les mauvais aspects du rouge et du jaune : colère, péché, luxure, d’un côté, mensonge, trahison, robe de Judas, de l’autre.
Du point de vue philosophique et anthropologique, la chance et la malchance vont ensemble, la roue de la fortune tourne. Par excellence, le vert est la couleur de l’indécision, le visage du destin ; sa symbolique la plus forte, c’est une partie en train de se jouer : pelouses des terrains de sport, tapis des joueurs de cartes, tables de ping-pong, tapis verts des conseils d’administration où se décide l’avenir d’une entreprise. Le vert incarnait la chance, donc la fortune et l’argent, bien avant l’apparition du dollar : le billet vert…
 Au XIXe siècle, avec les deux révolutions industrielles, on sent qu’on manque de verdure : la nature fait son entrée dans la ville. Le mouvement commence en Angleterre à l’époque victorienne : on construit des parcs et des jardins, espaces verts, allées vertes, coulées vertes, etc.
D’anglais, le phénomène devient européen, puis américain. On envoie les gens se mettre au vert à la campagne – voyez encore aujourd’hui, les classes vertes. Il y a un besoin de couleur verte pour les yeux et de chlorophylle pour les poumons.
C’est aussi une couleur associé à l’Islam. C’est d’abord la couleur du prophète et de ses descendants : Mahomet aimait cette couleur, portait au combat un turban et un étendard verts. On évitait de mettre du vert dans les beaux tapis pour ne pas fouler cette couleur sacrée. En terre d’Islam, le vert est très valorisé, toujours positif, jamais pris en mauvaise part ; c’est la couleur fédératrice sur le plan politique et religieux.
Et aussi Néron adorait le vert ; des témoignages vantent sa collection d’émeraudes ; il aime les modes orientales, barbares, donc s’habille de vert, ce qui est extravagant pour un empereur romain. Dans les jeux du cirque, courses de chars, il soutient les curies vertes, alors que les empereurs en général soutiennent les bleues. Ses biographes disent qu’il était un grand amateur de poireaux, la nourriture des plus pauvres…
Maintenant vous pouvez trouver encore plus dans le livre : « Vert. Histoire d’une couleur, de Michel Pastoureau, éd. Seuil, 240 p., 39 €. »
On dit aussi souvent que c’est la couleur de l’espérance. Espérance nécessaire, en ce jour où il y a 100 ans, un Villain assassina Jaurès.

Mercredi 30/07/2014

Mercredi 30/07/2014
« Pendant les vacances, je ne fais rien !… Rien !
Je ne vais rien faire ».
Raymond Devos
Il me semble que c’est un mot du jour approprié en temps de vacances !
Ci-après un extrait du sketche
J’avais dit : – « Pendant les vacances, je ne fais rien !… Rien ! Je ne vais rien faire « .
Je ne savais pas où aller. Comme j’avais entendu dire : – « A quand les vacances ?… A quand les vacances ?… »
Je me dis : –  » Bon !… Je vais aller à Caen… ».
Et puis Caen !… ça tombait bien, je n’avais rien à y faire. Je boucle la valise… je vais pour prendre le car…
Je demande à l’employé :
– Pour Caen, quelle heure ?
– Pour où ?
– Pour Caen !
– Comment voulez-vous que je vous dise quand, si je ne sais pas où?
– Comment ? Vous ne savez pas où est Caen ?
– Si vous ne me le dites pas !
– Mais je vous ai dit Caen !
– Oui !… mais vous ne m’avez pas dit où !
– Monsieur… je vous demande une petite minute d’attention !
Je voudrais que vous me donniez l’heure des départs des cars qui partent pour Caen !
– !!!…
– Enfin !… Caen !… dans le Calvados !…
– C’est vague !
-…En Normandie !… Ma parole ! Vous débarquez !
– Ah !… là où a eu lieu le débarquement !… En Normandie !
– A Caen… Là !
– Prenez le car.
– Il part quand?
– Il part au quart.
– !!!… Mais (regardant sa montre)… le quart est passé !
– Ah ! Si le car est passé, vous l’avez raté.
– !!!… Alors… et le prochain?
– Il part à Sète.
– Mais il va à Caen?
– Non il va à Sète.
– Mais, moi, je ne veux pas aller à Sète… Je veux aller à Caen !
– D’abord, qu’est-ce que vous allez faire à Caen ?
– Rien !… rien !… Je n’ai rien à y faire !
– Alors, si vous n’avez rien à faire à Caen, allez à Sète.
– !!!… Qu’est-ce que vous voulez que j’aille faire à Sète ?
– Prendre le car !
– Pour où ?
– Pour Caen.
– Comment voulez-vous que je vous dise quand, si je ne sais pas où !…
– Comment !… Vous ne savez pas où est Caen ?
– Mais si, je sais où est Caen !… Ça fait une demi-heure que je vous dis que c’est dans le Calvados !…
Que c’est là où je veux passer mes vacances, parce que je n’ai rien à y faire !
– Ne criez pas !… Ne criez pas !… On va s’occuper de vous. Il a téléphoné au dépôt.
Mon vieux !… (Regardant sa montre) : A vingt-deux, le car était là.
Les flics m’ont embarqué à sept…
Et je suis arrivé au quart. Où j’ai passé la nuit !
Tant que nous aurons le rire nous resterons humains

Mardi 29/07/2014

Mardi 29/07/2014
«Un jour il inventa l’argent,
Ce démon très intelligent
Qui sut comprendre le premier
La valeur d’un bout de papier.
Ce démon était un banquier.»
Les frères Jacques
<Dans l’excellente émission du 12/07 de Michel Field et Olivier Duhamel : Mediapolis> les intervenants s’étonnaient du scandale de Bygmalion et ce que révèle cette affaire de l’addiction des politiques français au fric.
En conclusion ils terminent toujours par une chanson et ils ont cette fois choisi la chanson « le fric » des frères Jacques :
Le Fric
Un jour il inventa l’argent,
Ce démon très intelligent
Qui sut comprendre le premier
La valeur d’un bout de papier.
Ce démon était un banquier
Et depuis dans le monde entier
L’argent circule
Et fait des bulles.
Gardez votre monnaie ;
La quête est terminée ;
Car d’un commun accord
C’est demain l’âge d’or :
LE FRIC
Magique ;
L’artiche
Fortiche ;
La banque
La planque ;
La paye ;
L’oseille.
Pognon
Mignon ;
Le blé
Gonflé ;
Les Louis
Inouïs
Les briques
Pratiques.
Affure ;
Carbure ;
Le pèze ;
La braise ;
Le jonc ;
Les ronds ;
Ferraille ;
Mitraille ;
Benèf
Besèf ;
Pourliche ;
Backchich ;
Les rentes ;
Ma tante,
Des sous ;
Des clous ;
Liquide ;
Solide ;
Osier ;
Rotin ;
Papier ;
Talbin ;
Galette ;
Pépettes ;
Fortune ;
Deux tunes ;
Ressources ;
La bourse ;
Le nerf
De guerre ;
Finance ;
Balance…

<Et bien sur la vidéo où les Frères Jacques s’amusent>

Lundi 28/07/2014

Lundi 28/07/2014
« La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas »
Paul Valéry
L’art de la citation est difficile, cette phrase est à peu près partout attribuée à Paul Valery.
D’autres ont dit des choses proches.
Un internaute qui a cherché à trouver la source exacte a eu cette réponse :  » les 88 citations de Paul Valéry ont été publiées chez Gallimard sous le titre « cahiers ». Celle que vous énoncez s’y trouve. »
Je n’ai pas encore vérifié personnellement, mais cette citation reflète si bien la réalité.
Pour mémoire c’est le 28 Juillet 2014 que commence la guerre parce que l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. L’Allemagne, la France, la Russie ne sont pas encore en guerre.
Ce n’est pas encore la guerre mondiale, plutôt la continuation de la guerre des balkans qui a débuté le 17 octobre 1912. Elle opposait l’Empire ottoman à la ligue balkanique constituée de la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et le Monténégro. Les armées de la ligue comportent beaucoup plus d’hommes que les forces turques, ce qui fait rapidement basculer l’issue du conflit. De nombreux territoires sont imputés à l’Empire ottoman et partagés entre les membres de la ligue. Un Etat nouveau et indépendant apparaît : l’Albanie.
Et le 29 juin 1913, il y a une seconde étape où la Bulgarie va attaquer ses anciens alliés. La Bulgarie sera vaincue et perdra une grande partie de son territoire.
Ces guerres accentueront les tensions internationales et participeront à l’engrenage qui mènera à la guerre de 14-18.
Lors du discours de Jaurès à Lyon, c’est à cette guerre des Balkans qu’il fait référence pour prévoir le carnage de 14-18 : « ce ne serait plus, comme dans les Balkans, une armée de trois cent mille hommes, etc…. »
Et… après la guerre 14-18, il va y avoir continuation de la guerre qui sera la Guerre d’indépendance turque qui commence grosso modo en mai 1919, opposera la Turquie de Mustafa Kemal aux Arméniens aux Kurdes et aux Grecs qui s’achèvera en 1922 et amènera par le traité de Lausanne (1923) très favorable à la Turquie.
Et c’est ainsi que vous trouverez dans certains pays des Balkans et en Grèce des monuments aux morts qui évoquent la guerre de 1912 à 1922.
Concernant la guerre 14-18, Christopher Clark, un historien anglais a écrit un Livre : Les somnambules Été 1914 : comment l’Europe a marché vers la guerre (Flammarion, 668 pages, 25 euros, 2013)
Il prend le contrepied des thèses conventionnelles sur les origines du conflit. Ainsi disculpe-t-il très largement l’Allemagne et l’empereur Guillaume II, fantasque, immature mais sans réelle autorité sur ses ministres. Il met en évidence par contre l’écrasante responsabilité des Serbes et du tsar Nicolas II ainsi que l’irresponsabilité des dirigeants français, qui n’ont pas su modérer les Russes, et la légèreté des Britanniques, engagés dans une alliance où ils n’avaient pas leur place.
Au demeurant, il ressort de son analyse qu’aucun de ces dirigeants de la Belle Époque n’a sciemment voulu la guerre… même si la plupart la souhaitaient au fond d’eux-mêmes, dans leur inconscient, pour se défaire de leurs peurs et se dégager de leurs impasses géopolitiques. Tels des somnambules qui marchent sans savoir où ils vont, tous se sont laissés piéger par leurs petites ambitions et c’est de la rencontre malheureuse de celles-ci qu’est née la conflagration.
D’autres historiens <comme Serge Sur> ne sont pas d’accord avec cette thèse. Serge Sur accepte l’idée que la causalité du conflit soit difficile à déterminer mais en ce qui concerne la responsabilité il dit simplement sont responsables ceux qui ont déclaré la guerre or c’est l’Autriche Hongrie qui a déclaré la guerre à la Serbie et l’Allemagne à la Russie. Et c’est le fait que l’Allemagne a osé attaquer la Belgique qui a conduit les anglais à entrer dans le conflit.
J’ai aussi trouvé d’autres citations, qui ne seront donc pas « mot du jour » dans le même esprit que celle de Paul Valéry
 « On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels. Anatole France – L’Humanité, 18 juillet 1922. »
« Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent. « 
Le Diable et le Bon Dieu (1951) Jean-Paul Sartre
Et puis venu de l’Antiquité et de l’Historien Hérodote (mort vers 420 AV JC) :
« En temps de paix, les fils ensevelissent leurs pères ; en temps de guerre, les pères ensevelissent leurs fils. »
Parfois on a l’impression que nos dirigeants actuels sont aussi des somnambules qui ne savent pas où ils mènent leurs pays et le monde.

Vendredi 25/07/2014

Vendredi 25/07/2014
«Quel massacre, quelles ruines, quelle barbarie !»
Jean Jaurès, 25 Juillet 1914
C’est à Lyon, dans le quartier de Vaise que Jean Jaurès a prononcé son dernier discours en France le 25 juillet 1914, une semaine avant son assassinat le 31 juillet, qui précéda de 2 jours le début de la guerre de 14-18.
Venu soutenir à Vaise, près de Lyon, le candidat socialiste pour une élection législative, il met en garde contre les erreurs qui pourraient conduire à une guerre qu’il décrit comme une immense boucherie.
Alors que la plupart des hommes politiques de cette époque s’enthousiasment à l’idée de se battre et bien sûr vaincre l’Allemagne et en plus rapidement : « On sera de retour à Noël », sa lucidité devant ce qui va arriver à l’Europe est extraordinaire.
Par exemple voici ce qu’il dit lors de ce discours :
« […] j’espère encore malgré tout qu’en raison même de l’énormité du désastre dont nous sommes menacés, à la dernière minute, les gouvernements se ressaisiront et que nous n’aurons pas à frémir d’horreur à la pensée du cataclysme qu’entraînerait aujourd’hui pour les hommes une guerre européenne.
Vous avez vu la guerre des Balkans ; une armée presque entière a succombé soit sur le champ de bataille, soit dans les lits d’hôpitaux, une armée est partie à un chiffre de trois cent mille hommes, elle laisse dans la terre des champs de bataille, dans les fossés des chemins ou dans les lits d’hôpitaux infectés par le typhus cent mille hommes sur trois cent mille.
Songez à ce que serait le désastre pour l’Europe : ce ne serait plus, comme dans les Balkans, une armée de trois cent mille hommes, mais quatre, cinq et six armées de deux millions d’hommes. Quel massacre, quelles ruines, quelle barbarie ! Et voilà pourquoi, quand la nuée de l’orage est déjà sur nous, voilà pourquoi je veux espérer encore que le crime ne sera pas consommé. Citoyens, si la tempête éclatait, tous, nous socialistes, nous aurons le souci de nous sauver le plus tôt possible du crime que les dirigeants auront commis et en attendant, s’il nous reste quelque chose, s’il nous reste quelques heures, nous redoublerons d’efforts pour prévenir la catastrophe. Déjà, dans le Vorwaerts, nos camarades socialistes d’Allemagne s’élèvent avec indignation contre la note de l’Autriche et je crois que notre bureau socialiste international est convoqué. »
Hélas l’espoir de Jaurès, sera déçu quelques heures après sa mort les socialistes allemands et français rejoindront l’union nationale, chacun de leur côté et se combattront férocement.
Il faut savoir que Jaurès n’était pas un pacifiste au sens commun de ce nom. Il avait ainsi écrit « l’armée nouvelle » en 1911.
Il n’était pas contre toutes les guerres, il était contre cette guerre qui se préparait parce qu’il avait l’intuition du carnage que ce serait.
Dans la première du lien que je donne, on entend Rolande Trempé, historienne spécialiste du mouvement ouvrier, qui a été la première à soutenir une thèse sur les mineurs de Carmaux. Et dans ce cadre elle s’intéresse particulièrement à Jaurès. Elle décrit Jaurès. C’était un philosophe, un homme qui savait manier les idées, transporter le verbe. C’était un formidable intellectuel qui savait dialoguer avec les ouvriers qu’il allait voir simplement et souvent. (Pour la petite histoire Rolande Trempé est née en 1916).
J’ajouterai que c’était un visionnaire. Un peu le contraire des hommes politiques d’aujourd’hui
Que le ciel vous tienne en joie, la France a aussi donné naissance à des personnes comme Jaurès

Jeudi 24/07/2014

Jeudi 24/07/2014
« J’ai la ferme conviction que cette affaire [Areva/UraMin] a été montée pour distribuer des sommes d’argent considérables à des hautes personnalités tant africaines que françaises. »
Vincent Crouzet
Entre corruption et crime organisé, vérité et mensonge, Vincent Crouzet révèle les dessous de l’affaire Areva / UraMin dans son roman « Radioactif », paru aux éditions Belfond.
Pour écrire son roman Radioactif, Vincent Crouzet s’est inspiré de faits et de personnages réels. Un exercice qui lui a valu d’être entendu pendant sept heures par la brigade financière de Paris, en qualité de témoin. Ce roman brode autour du rachat d’UraMin par Areva et intéresse beaucoup les enquêteurs.
En 2007, Areva rachète la compagnie UraMin qui détient de concessions d’uranium en Centrafrique, en Namibie et en Afrique du Sud. La somme de ce rachat est de 2, 5 milliards de dollars. Selon la version officielle ces gisements n’ont rien rapporté parce que les cours se sont effondrés. Mais dans son roman, Vincent Crouzet a une thèse selon laquelle l’argent a servi à arroser en pots-de-vin de multiples rétrocessions.
« Les enquêteurs m’ont avoué que c’était la première fois qu’ils convoquaient un romancier pour être auditionné sur une affaire d’une telle ampleur », explique Vincent Crouzet, romancier et consultant géopolitique. Ce sont les sources et les témoins qui intéressent particulièrement les enquêteurs.
« Dans la vérité et dans mon roman, la compagnie paie 75 fois la valeur initiale de ces trois mines. Donc, il faut savoir où est parti cet argent car je ne peux pas imaginer que des gestionnaires d’une grande société, comme Areva ou Murana dans mon roman, peuvent se permettre de payer 75 fois une compagnie. »
 Dans Radioactif, on pourrait croire que peu de choses sont romancés. Pourtant, Vincent Crouzet assure qu’il a inventé, même si c’est un roman à clé assez facile.
« J’ai fictionné parce que je n’ai que des éléments. C’est un vrai roman d’espionnage. Je me suis emparé des éléments qui étaient en ma connaissance pour en faire un vrai thriller et un roman d’espionnage. »
« Si j’avais eu des éléments et des preuves j’aurai bien évidemment écrit un document, mais j’avais tout ce qu’il fallait pour écrire un très beau roman. Je ne pensais pas que la justice me rattraperait. »
La corruption est immense et omniprésente. La France n’est pas épargnée, bien au contraire

Mercredi 23/07/2014

Mercredi 23/07/2014
«Contrats à durée déterminée d’usage courant »
Contrat de travail à Radio France
Un article publié le 15/07 sur RUE 89 de la journaliste Anouk Cohen revient sur l’abus de l’intermittence à Radio France.
« C’est curieux mais c’est ainsi : comme France Télévisions, Radio France abuse du système de l’intermittence. A la Maison ronde, les producteurs animateurs sont tous intermittents, embauchés en contrats à durée déterminée d’usage courant (CDDU) pour une saison radiophonique.
Deux types d’intermittence existent :

le contrat de grille, où l’employé est embauché sur une période de dix mois et payé via un forfait de cachets mensualisés ;

l’intermittence basique, où l’employé est embauché pour des périodes de travail aléatoires.

En 2012 – la DRH nous a affirmé que les chiffres n’avaient pas beaucoup bougé depuis –, 5 000 collaborateurs étaient en CDDU à Radio France.
Selon la société, ces collaborateurs ont « toujours » été intermittents.
Interrogé en 2013 par les députés membres de la mission d’information sur les conditions d’emploi dans les métiers artistiques, Jean-Luc Hees, alors patron de Radio France, a justifié le recours à des emplois non permanents « pour permettre la modification de la grille des programmes qui évolue chaque année ». Le rapport des élus précise :
« Il a en outre expliqué que l’embauche de salariés sous contrat à durée indéterminée, par exemple de producteurs, posait la question du motif du licenciement de ces salariés en cas d’évolution de cette grille.
Il a donc estimé que l’emploi sous de tels contrats conduirait à “ geler ” les programmes de Radio France et a, par ailleurs, noté que le contrat à durée déterminée d’usage présentait un avantage pour les salariés non reconduits dans leurs fonctions, en raison des indemnités de fin de collaboration auxquelles il ouvre droit. »
Les syndicats sont eux plus réservés sur la question. Le rapport poursuit : « Ainsi que l’a noté le syndicat Sud Radio France, la situation des salariés en contrat à durée déterminée d’usage est fragile : Radio France leur impose une situation précaire alors qu’ils occupent, pour certains, des fonctions permanentes de l’entreprise. Il en résulte une absence de réelle évolution de carrière et, en outre, un préjudice important en matière de retraites. »
La logique voudrait en effet qu’ils aient un statut de salarié permanent, affilié au régime général. Mais pour faire des économies, Radio France les maintient dans la « permittence ». «
Voilà un autre concept la « permittence » : se dit de celui qui travaille exclusivement pour un employeur mais reste intégré au régime d’intermittent.
Une productrice se confie à la journaliste sur cette manière de lien avec son employeur : « C’est épuisant toute une vie. »

Mardi 22/07/2014

Mardi 22/07/2014
«Dites-nous qui donne naissance aux irresponsables ? […]
Tout le monde sait comment on fait les bébés
Mais personne sait comment on fait des papas»
Stromae Papaoutai
Des destinataires de ce mot du jour connaissent bien mieux que moi ce chanteur belge venu enchanter (témoignage de Cécile) les Nuits de Fourvière de Lyon, le 12 Juin 2014
Je crois que nous pouvons tous fan, pas fan ou néophyte partager ces paroles.
Nous vivons, en France, dans un monde où des gens en sortant d’une boite de nuit <sont agressés à la machette>
Où parmi des gens qui veulent manifester pacifiquement pour dire leur désaccord avec l’usage de la violence à Gaza <Des jeunes attaquent une épicerie casher>
Parmi cette population de jeunes border line, cherchant ses repères et basculant dans l’extrémisme ou simplement la délinquance, dans combien de cas l’absence ou la non présence des pères est primordiale ?
Quelquefois la mère est absente aussi, mais malgré les évolutions, dans notre société globalement les mères continuent à être plus présentes et à se préoccuper davantage du devenir de leurs enfants.
Alors cette question : sait on comment on fait les papas est plus que pertinente, fondamentale.
Pour celles et ceux qui ne connaissant rien de Stromae ( comme moi !) :
Stromae, « maestro » en verlan, de son vrai nom Paul Van Haver, né le 12 mars 1985 à Bruxelles, est un auteur-compositeur-interprète et producteur belge de hip-hop, de musique électronique et de chanson française.
Stromae est né en Belgique de père rwandais et de mère flamande. Au mois d’avril 1994, alors que la guerre fait rage au Rwanda, un appel leur annonce le décès de son père et l’hécatombe qui décime presque toute sa famille élargie au cours du génocide au Rwanda. Sa mère élève seule à Bruxelles, puis en périphérie, une fratrie de quatre fils et une fille. À l’âge de onze ans, Stromae commence à s’intéresser à la musique et s’inscrit à l’Académie musicale de Jette pour prendre des cours de solfège et de batterie. Sa mère l’envoie à l’internat jésuite de Godinne. <La suite sur Wikipédia>
Parole de Papaoutai:
Dites-moi d’où il vient
Enfin je saurais où je vais
Maman dit que lorsqu’on cherche bien
On finit toujours par trouver
Elle dit qu’il n’est jamais très loin
Qu’il part très souvent travailler
Maman dit « travailler c’est bien »
Bien mieux qu’être mal accompagné
Pas vrai ?
Où est ton papa ?
Dis-moi où est ton papa ?
Sans même devoir lui parler
Il sait ce qu’il ne va pas
Ah sacré papa
Dis-moi où es-tu caché ?
Ça doit, faire au moins mille fois que j’ai
Compté mes doigts
Où t’es, papa où t’es ? etc. [Refrain]
Quoi, qu’on y croit ou pas
Y aura bien un jour où on y croira plus
Un jour ou l’autre on sera tous papa
Et d’un jour à l’autre on aura disparu
Serons-nous détestables ?
Serons-nous admirables ?
Des géniteurs ou des génies ?
Dites-nous qui donne naissance aux irresponsables ?
Ah dites-nous qui, tient,
Tout le monde sait comment on fait les bébés
Mais personne sait comment on fait des papas
Monsieur Je-sais-tout en aurait hérité, c’est ça
Faut l’sucer d’son pouce ou quoi ?
Dites-nous où c’est caché, ça doit
Faire au moins mille fois qu’on a, bouffé nos doigts
[Refrain]
Où est ton papa ?
Dis-moi où est ton papa ?
Sans même devoir lui parler
Il sait ce qui ne va pas
Ah sacré papa
Dis-moi où es-tu caché ?
Ça doit, faire au moins mille fois que j’ai
Compté mes doigts
Où est ton papa ?
Dis-moi où est ton papa ?
Sans même devoir lui parler
Il sait ce qui ne va pas
Ah sacré papa
Dis-moi où es-tu caché ?
Ça doit, faire au moins mille fois que j’ai
Compté mes doigts
[Refrain]
Stromae

< Voici le clip sur Dailymotion >

Lundi 21/07/2014

Lundi 21/07/2014
« Mon peuple habitera dans un lieu de paix… ».
Livre d’Isaïe Chapitre 32 verset 18
Dans ce déchainement de violence à Gaza auquel nous assistons de manière impuissante, il existe en Israël un village dont parle l’Hebdomadaire « Le Point ».
Le nom de ce village est Neve Shalom-Wahat al-Salam
Ce village coopératif, dont le nom signifie en hébreu et en arabe « oasis de paix », regroupe depuis 1977 à la fois des familles juives et des familles arabes palestiniennes (musulmanes ou catholiques).
Fondé en 1970 par le frère dominicain Bruno Hussar, juif d’origine et de nationalité israélienne, il offre depuis l’exemple d’une cohabitation équilibrée et sans accrocs entre deux peuples prétendument irréconciliables.
<L’article de Wikipedia qui lui est consacré> dit qu’il tire son nom du Livre d’Isaïe (32, 18) où il est dit « Mon peuple habitera dans un lieu de paix… » qui est le mot du jour d’aujourd’hui.
Si on y ajoute le verset précédent : on obtient de ce livre, écrit environ 8 siècles avant notre ère, cette parole de sagesse :
«Et le produit de la justice sera la paix, et le fruit de la justice le repos et la sécurité pour jamais.
Mon peuple habitera dans un séjour de paix, dans des habitations sûres, dans des demeures tranquilles.»
De ces deux peuples sur une même terre, la guerre ne résoudra rien. La paix ne pourra être que le fruit de la justice et de la sécurité, pour chacun des deux peuples.
Selon « Le Point » le village de Neve Shalom-Wahat al-Salam (NSWAS) est unique en son genre. Situé entre Jérusalem et Tel-Aviv, non loin de la frontière cisjordanienne, il constitue une enclave pacifiste dans une région marquée par l’éternel conflit israélo-palestinien.
L’ancien membre des Pink Floyd Roger Waters y avait délocalisé son concert du 22 juin 2006 initialement prévu à Tel-Aviv, attirant du même coup plus de 40 000 personnes ce soir-là ! Et l’auteur-compositeur de déclarer : « J’ai fait changer le lieu du concert, qui aura lieu à Neve Shalom-Wahat al-Salam en signe de solidarité avec les voix de la raison, palestiniennes ou israéliennes, qui cherchent une voie non violente pour une paix juste. »
Une cinquantaine de foyers, soit plus de 200 personnes, composent ce village, et des travaux d’extension sont en cours pour accueillir 34 nouvelles familles. Deux voire trois autres extensions sont d’ores et déjà à l’étude. L’activité principale de NSWAS réside dans le travail éducatif pour la paix, l’égalité et la compréhension entre les deux peuples. De fait, plusieurs institutions sont tournées vers cet objectif. D’abord, une crèche, un jardin d’enfants et une école primaire, dotés d’un système éducatif laïque, bilingue et biculturel. Dans ce dernier établissement, les enfants juifs et palestiniens suivent pendant six ans une éducation commune. Ensuite, une « école pour la paix », par le biais de conférences et de séminaires, forme les jeunes ainsi que les adultes à la médiation de conflits ou à la connaissance approfondie de la culture de l’autre, par exemple. Ses enseignants interviennent en outre dans des universités israéliennes et comptent lancer prochainement un master de « résolution des conflits » avec l’université du Massachusetts de Boston. Enfin, le village accueille un centre spirituel pluraliste, le Doumia-Sakinah, où les résidents et les visiteurs des différentes confessions, juive, musulmane mais aussi chrétienne, viennent se rencontrer. Des activités y sont ainsi organisées : dialogue, étude ou encore méditation.
Les habitants « veulent démontrer ainsi la possibilité de coexister en développant une communauté sociale, culturelle et politique, fondée sur l’acceptation mutuelle, le respect et la coopération dans la vie quotidienne – chaque personne demeurant fidèle à sa propre identité nationale, culturelle et religieuse ». « La vie quotidienne de la communauté est organisée sur des bases démocratiques. Un secrétaire et un secrétariat sont élus chaque année et tous les membres participent aux assemblées régulières où les questions concernant la communauté sont discutées et décidées. NSWAS est indépendant de toute autorité extérieure et n’est affilié à aucun parti politique. »
L’objectif affiché du village n’est pas la fusion mais la cohabitation des deux peuples et des deux cultures.
Et enfin pour ceux qui veulent aller voir le Livre d’Isaïe <En voici une traduction>
La paix sera le fruit de la Justice et de la Sécurité

Vendredi 18/07/2014

Vendredi 18/07/2014
[Après la sanction des Etats-Unis contre la BNP]
« les autorités européennes, grecques, italiennes… pourraient sanctionner Goldman Sachs pour avoir truqué les comptes publics grecs qui ont permis à Athènes d’entrer dans la Zone euro, et JP Morgan pour avoir vendu des prêts toxiques en Italie. »
Gaël Giraud
Gaël Giraud est ce Jésuite, économiste et directeur de recherche au CNRS qui avait déjà été cité lors du mot du jour du 19 mars 2014.
Dans un article de l’Express, il s’exprimait un peu avant que l’amende ait été définitivement infligée par les Etats Unis à la BNP et donne une suggestion sur le bon usage que l’Europe pourrait en faire.
Il écrit notamment :
«Prétendre que BNP Paribas a respecté les lois françaises ou européennes et que la seule faute qui lui vaut une menace d’amende est l’utilisation du dollar relève de la mauvaise foi: les Etats-Unis ont toujours clairement signifié aux entreprises installées chez eux (où elles gagnent donc de l’argent, les Etats-Unis représentant plus de 10% du chiffre d’affaires de la BNP) qu’elles devaient respecter les embargos américains. Ce n’est pas au titre de l’utilisation du dollar que la première banque française se fait gourmander mais parce qu’elle était parfaitement informée qu’en ne respectant pas ces lois, elle prenait un gros risque. A ce titre, « l’Union Sacrée » qui s’est construite dans la presse française autour de ce qui pourrait devenir un BNPGate, avec ces cris d’orfraies au son de « Il faut sauver le soldat BNP » est confondante.
Autant que je sache, BNP Paribas est poursuivi pour avoir violé des embargos américains (à l’aide de dollars US compensés aux États-Unis) mais aussi pour avoir détruit des documents compromettants, entravant par là le cours de la justice, et accessoirement pour avoir traité les procureurs américains avec l’arrogance dont certains banquiers ne sont plus capables de se départir… J’en conclus, pour ma part, que, si sanction il y a, elle est légitime.
Dix milliards de dollars sont une petite somme pour ce monstre bancaire dont l’actif au bilan (1800 milliards d’euros fin 2013) est proche du PIB français (2000 milliards), et dont les fonds propres pèsent 90 milliards. Au pire, les actionnaires de la banque ne percevront pas de dividendes cette année. Ce sera leur contribution à la précarité dans laquelle les excès financiers (dont font partie les actions qui sont aujourd’hui reprochées à BNP Paribas) ont plongé une bonne partie des citoyens européens.
[…]
La bonne « réponse » à cette offensive de l’administration américaine n’est certainement pas de nous chercher des excuses pour que BNP Paribas échappe à la justice. Au contraire, les autorités européennes, grecques, italiennes… pourraient sanctionner Goldman Sachs pour avoir truqué les comptes publics grecs qui ont permis à Athènes d’entrer dans la Zone euro, et JP Morgan pour avoir vendu des prêts toxiques en Italie. «
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