Lundi 28/07/2014

Lundi 28/07/2014
« La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas »
Paul Valéry
L’art de la citation est difficile, cette phrase est à peu près partout attribuée à Paul Valery.
D’autres ont dit des choses proches.
Un internaute qui a cherché à trouver la source exacte a eu cette réponse :  » les 88 citations de Paul Valéry ont été publiées chez Gallimard sous le titre « cahiers ». Celle que vous énoncez s’y trouve. »
Je n’ai pas encore vérifié personnellement, mais cette citation reflète si bien la réalité.
Pour mémoire c’est le 28 Juillet 2014 que commence la guerre parce que l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. L’Allemagne, la France, la Russie ne sont pas encore en guerre.
Ce n’est pas encore la guerre mondiale, plutôt la continuation de la guerre des balkans qui a débuté le 17 octobre 1912. Elle opposait l’Empire ottoman à la ligue balkanique constituée de la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et le Monténégro. Les armées de la ligue comportent beaucoup plus d’hommes que les forces turques, ce qui fait rapidement basculer l’issue du conflit. De nombreux territoires sont imputés à l’Empire ottoman et partagés entre les membres de la ligue. Un Etat nouveau et indépendant apparaît : l’Albanie.
Et le 29 juin 1913, il y a une seconde étape où la Bulgarie va attaquer ses anciens alliés. La Bulgarie sera vaincue et perdra une grande partie de son territoire.
Ces guerres accentueront les tensions internationales et participeront à l’engrenage qui mènera à la guerre de 14-18.
Lors du discours de Jaurès à Lyon, c’est à cette guerre des Balkans qu’il fait référence pour prévoir le carnage de 14-18 : « ce ne serait plus, comme dans les Balkans, une armée de trois cent mille hommes, etc…. »
Et… après la guerre 14-18, il va y avoir continuation de la guerre qui sera la Guerre d’indépendance turque qui commence grosso modo en mai 1919, opposera la Turquie de Mustafa Kemal aux Arméniens aux Kurdes et aux Grecs qui s’achèvera en 1922 et amènera par le traité de Lausanne (1923) très favorable à la Turquie.
Et c’est ainsi que vous trouverez dans certains pays des Balkans et en Grèce des monuments aux morts qui évoquent la guerre de 1912 à 1922.
Concernant la guerre 14-18, Christopher Clark, un historien anglais a écrit un Livre : Les somnambules Été 1914 : comment l’Europe a marché vers la guerre (Flammarion, 668 pages, 25 euros, 2013)
Il prend le contrepied des thèses conventionnelles sur les origines du conflit. Ainsi disculpe-t-il très largement l’Allemagne et l’empereur Guillaume II, fantasque, immature mais sans réelle autorité sur ses ministres. Il met en évidence par contre l’écrasante responsabilité des Serbes et du tsar Nicolas II ainsi que l’irresponsabilité des dirigeants français, qui n’ont pas su modérer les Russes, et la légèreté des Britanniques, engagés dans une alliance où ils n’avaient pas leur place.
Au demeurant, il ressort de son analyse qu’aucun de ces dirigeants de la Belle Époque n’a sciemment voulu la guerre… même si la plupart la souhaitaient au fond d’eux-mêmes, dans leur inconscient, pour se défaire de leurs peurs et se dégager de leurs impasses géopolitiques. Tels des somnambules qui marchent sans savoir où ils vont, tous se sont laissés piéger par leurs petites ambitions et c’est de la rencontre malheureuse de celles-ci qu’est née la conflagration.
D’autres historiens <comme Serge Sur> ne sont pas d’accord avec cette thèse. Serge Sur accepte l’idée que la causalité du conflit soit difficile à déterminer mais en ce qui concerne la responsabilité il dit simplement sont responsables ceux qui ont déclaré la guerre or c’est l’Autriche Hongrie qui a déclaré la guerre à la Serbie et l’Allemagne à la Russie. Et c’est le fait que l’Allemagne a osé attaquer la Belgique qui a conduit les anglais à entrer dans le conflit.
J’ai aussi trouvé d’autres citations, qui ne seront donc pas « mot du jour » dans le même esprit que celle de Paul Valéry
 « On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels. Anatole France – L’Humanité, 18 juillet 1922. »
« Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent. « 
Le Diable et le Bon Dieu (1951) Jean-Paul Sartre
Et puis venu de l’Antiquité et de l’Historien Hérodote (mort vers 420 AV JC) :
« En temps de paix, les fils ensevelissent leurs pères ; en temps de guerre, les pères ensevelissent leurs fils. »
Parfois on a l’impression que nos dirigeants actuels sont aussi des somnambules qui ne savent pas où ils mènent leurs pays et le monde.