Lundi 30 septembre 2013

Lundi 30 septembre 2013
«Les manipulations idéologiques et les escroqueries linguistiques de tous les instants font que les classes moyennes et les classes populaires sont dans un espèce de fatalisme, un endormissement généralisé.»
Monique Pinçon-Charlot
Monique Pinçon-Charlot a tenu ces propos lors de l’émission de France Culture du 10/09/2013 – La grande table 2ème partie
Elle était invitée avec son mari Michel Pinçon (près de 140 ans à deux) à l’occasion de la publication de leur livre « La violence des riches » (La Découverte)
Michel Pinçon a ajouté : «Pourquoi cette absence de réaction ? L’idéologie néo libérale dominante pousse à la recherche de solutions individuelles, la solidarité qui autrefois était une caractéristique de la classe ouvrière se délite, se dégrade.»
L’émission Infra Rouge sur France 2 du 01/10/2013 (22h50) sera aussi consacrée à ce livre.
Les sociologues Michel et Monique Pinçon-Charlot décortiquent le monde des riches, leurs réseaux, leurs héritiers, leur monde fermé, leur cooptation et plus que tout leur compréhension des rapports de classe et leur certitude au-delà des conflits qui peuvent exister entre eux, d’appartenir à une classe sociale spécifique qui doit s’imposer dans le combat intellectuel mais surtout dans le combat d’intérêt par rapport aux autres classes.
C’est ce qu’ils expliquent dans leur livre « la violence des riches, chronique d’une immense casse sociale » qui vient de paraître

Vendredi 27 septembre 2013

Vendredi 27 septembre 2013
«C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches.»
Victor Hugo – L’homme qui rit – Livre deuxième, chapitre 11

Le paragraphe dans son entier :

«Oui, murmura Gwynplaine pensif,
c’est de l’enfer des pauvres
qu’est fait le paradis des riches.»

Je pense qu’aujourd’hui ce mot de Victor Hugo reprend tout son sens…

Lors de l’émission du 23/09/2013 de L’Eco du Jour de France Inter, Philippe Lefébure a montré une des faces du modèle allemand, ce modèle tant vanté, en racontant une histoire de l’économie quotidienne :

« Il y a quelques mois, cette jeune Française, installée à Berlin, depuis 2 ans, a raconté sur le site Rue89, ses déconvenues sur le marché du travail berlinois. Par la même, elle a décrit l’envers du décor d’une réussite allemande, beaucoup enviée à l’étranger (et, notamment, en France), le « boom », ici, des start-ups internet.
A tel point qu’on surnomme Berlin, la « Silicon Allee », dans une référence facile à la Silicon Valley californienne. […]C’est l’expérience malheureuse de Mathilde, qui ignorait, en arrivant ici, qu’il n’existe pas de salaire minimum en Allemagne: c’était un des thèmes de la campagne, on le sait. Mathilde, du coup, en a fait la douloureuse expérience: à son premier entretien d’embauche, elle a pensé qu’on lui proposait un mi-temps pour 650 euros par mois. Non, il s’agissait bien d’un contrat de 40 heures par semaine.
Dans les start-ups qu’elle a fréquenté par la suite, c’est la « précarité qui domine » raconte-t-elle. Quand ce n’est pas un statut de stagiaire, on y pousse, souvent, les jeunes dans le statut « indépendant ».
Des « free lance », qui, du coup, remplissent les cafés de la ville à la recherche d’une connexion internet pour travailler. Certains y trouvent leur compte. Pas Mathilde, une Française de Berlin qui se classe, sans hésiter, parmi les « déçus » du modèle allemand. »
Par ailleurs, saviez-vous que vous pouviez lire en ligne et télécharger « L’homme qui rit » et bien d’autres livres sur Wikisource ?
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Jeudi 26 septembre 2013

Jeudi 26 septembre 2013
« Les statistiques, c’est comme le bikini.
Ce qu’elles révèlent est suggestif.
Ce qu’elles dissimulent est essentiel. »
Aaron Levenstein
Sans commentaire sauf à dire que l’auteur de ce mot est un spécialiste des statistiques et professeur universitaire aux Etats Unis.

Mercredi 25 septembre 2013

Mercredi 25 septembre 2013
« Quand tu n’as que deux solutions,
choisis toujours la troisième »
Humour juif
Cité par Daniel Cohn-Bendit le 24/09 lors de son billet d’humeur sur Europe 1 :
C’est manifestement de l’humour, mais pas que…
C’est aussi un conseil à ne pas se laisser enfermer dans le conformisme.
C’est encore une invitation à l’innovation et à la créativité.
Revenons une nouvelle fois vers Einstein qui justement était juif.
La voie universitaire lui avait été fermée, il a dû se résoudre à travailler dans l’office des brevets de Berne.
Les historiens des sciences montrent qu’à l’époque de grands scientifiques, insérés dans l’institution universitaire, tel Poincaré était tout près de découvrir la théorie de la relativité.
Mais enfermés dans la tradition et les dogmes, ils n’y sont pas parvenus.
C’est Einstein qui a trouvé la troisième solution.

Mardi 24 septembre 2013

Mardi 24 septembre 2013
Les enfants de la guerre Ne sont pas des enfants
Ils ont […] pris des cimetières Pour des jardins d’enfants.»
Charles Aznavour
Polina Jerebtsova, auteur du « Journal de Polina, Une adolescente tchétchène » était l’invitée des Matins de France Culture de ce Mardi 24 septembre 2014.
Elle raconte comment l’armée russe a opéré dans ce pays avec Vladimir Poutine dans le rôle de Bachar el-Assad.
Jusqu’en 1945, nous autres européens, étions les champions du monde de la guerre, de la violence, des massacres.
Depuis nous nous sommes calmés et apaisés. Et nous oublions qu’ailleurs, en Syrie, en Tchétchénie en Somalie et dans d’autres pays africains, des guerres civiles d’une violence extrême ont lieu de notre vivant.
Comme je l’ai déjà raconté ce ne sont pas des bons qui affrontent des méchants, mais des chefs de guerre criminels qui s’affrontent entre eux.
Mais au milieu de ces combats se trouvent des familles, des enfants comme Polina Jerebtsova qui n’en peuvent rien et qui se trouvent au milieu des bombes et des massacres.
Brice Couturier, lors de l’émission a évoqué cette chanson d’Aznavour qui raconte « les choses de la vie » pendant la guerre : La chanson « Les enfants de la guerre » a été interprétée par Charles Aznavour et apparaît sur l’album De t’avoir aimée (1966)
Paroles de la chanson :
Les enfants de la guerre
Ne sont pas des enfants
Ils ont l’âge de pierre
Du fer et du sang
Sur les larmes de mères
Ils ont ouvert les yeux
Par des jours sans mystère
Et sur un monde en feu
Les enfants de la guerre
Ne sont pas des enfants
Ils ont connu la terre
À feu et à sang
Ils ont eu des chimères
Pour aiguiser leurs dents
Et pris des cimetières
Pour des jardins d’enfants
Ces enfants de l’orage
Et des jours incertains
Qui avaient le visage
Creusé par la faim
Ont vieilli avant l’âge
Et grandi sans secours
Sans toucher l’héritage
Que doit léguer l’amour
Les enfants de la guerre
Ne sont pas des enfants
Ils ont vu la colère
Étouffer leurs chants
Ont appris à se taire
Et à serrer les poings
Quand les voix mensongères
Leur dictaient leur destin
Les enfants de la guerre
Ne sont pas des enfants
Avec leur mine fière
Et leurs yeux trop grands
Ils ont vu la misère
Recouvrir leurs élans
Et des mains étrangères
Égorger leurs printemps
Ces enfants sans enfance
Sans jeunesse et sans joie
Qui tremblaient sans défense
De peine et de froid
Qui défiaient la souffrance
Et taisaient leurs émois
Mais vivaient d’espérance
Sont comme toi et moi
Des amants de misère
De malheureux amants
Aux amours singulières
Aux rêves changeants
Qui cherchent la lumière
Mais la craignent pourtant
Car les amants de la guerre
Sont restés des enfants

Lundi 23 septembre 2013

Lundi 23 septembre 2013
«Roland Garros»
Roland Garros
Il y a 100 ans, Roland Garros qui était aviateur et non un joueur de tennis a effectué la première traversée aérienne de la méditerranée.
C’est grâce à Google et à son Doodle du jour que cet anniversaire nous est rappelé
Roland Adrien Georges Garros, est né le 6 octobre 1888 à Saint-Denis de La Réunion. C’est un aviateur français, lieutenant pilote lors de la Première Guerre mondiale, mort dans un combat aérien le 5 octobre 1918 à Saint-Morel (Ardennes), la veille de ses 30 ans. Sa célébrité est d’abord venue de ses exploits sportifs en aviation, et surtout de la toute première traversée aérienne de la Méditerranée, qu’il effectue le 23 septembre 1913. Aujourd’hui, son nom reste associé au tournoi des Internationaux de France de tennis, car il se déroule dans le stade qui porte son nom depuis sa construction en 1928.
J’ai cherché, en vain, un mot du jour associé à Angela Merkel qu’un journal de Berlin a nommé « la chérie de l’Allemagne », mais je n’ai rien trouvé ni de sérieux, ni de drôle à raconter. Il paraît que la France cherche un leader charismatique et l’Allemagne plébiscite Merkel.
Finalement je pense que Roland Garros est un bon choix pour le mot du jour.

Vendredi 20 septembre 2013

Vendredi 20 septembre 2013
«Il n’est pas de vent favorable pour qui ne connaît pas son port d’attache.»
Sénèque
Éloignons nous un peu de l’actualité pour revenir aux vieux sages :
Sénèque est un philosophe de l’école stoïcienne.
Conseiller à la cour impériale sous Caligula et il fut le précepteur de Néron
Néron lui demandera de mourir et il se suicida en s’ouvrant les veines en l’an 65 de notre ère.
Pour l’amateur d’opéra que je suis, la mort de Sénèque est un moment magique du premier chef d’œuvre que l’opéra occidental a donné à l’humanité : « Le couronnement de Poppée » de Monteverdi : https://www.youtube.com/watch?v=PJELKH9kl_s
On ne chante plus l’opéré baroque ainsi, mais si vous voulez entendre dans cet air, une des plus grandes basses de l’Histoire de l’opéra : Boris Christoff, c’est ici : https://www.youtube.com/watch?v=2HC0rvqmejk

Jeudi 19 septembre 2013

Jeudi 19 septembre 2013
«Entre le pessimisme désespéré et l’optimisme satisfait,
la seule certitude raisonnable est le volontarisme.»
Albert Jacquard, lors d’une interview, à l’occasion de la sortie de son livre « Utopie raisonnable »
Ce propos est très proche du fondateur du PC italien Antonio Gramsci : « Il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté ».
La citation exacte, traduit littéralement de l’italien, (selon Wikipedia) est : « Je suis pessimiste avec l’intelligence, mais optimiste par la volonté » ; elle est extraite d’une lettre à son frère Carlo écrite en prison, le 19 décembre 1929 (Cahiers de prison, Gallimard, Paris, 1978-92). On parle souvent, à propos de cette citation, d’emprunt à Romain Rolland, sans citer de source ; on notera en revanche l’écho à l’aphorisme d’Alain, tiré de ses Propos: « Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté. » (Toujours selon Wikipedia.)

Mercredi 18 septembre 2013

Mercredi 18 septembre 2013
«Le Droit ne fait pas Justice.»
François Sureau
Ce propos, qui me paraît plein de sens, a été tenu le 14/09/2013 dans l’émission « les Matins de France Culture » par François Sureau.
François Sureau est avocat, il s’occupe notamment des réfugiés politiques pour les défendre devant l’Administration et les Tribunaux français.
Mais avant, il a été maître de requêtes au Conseil d’Etat.
Il a alors vécu un épisode qui l’a marqué à jamais et avec lequel il doit vivre.
Nous étions au début des années 1980. Fraîchement sorti de l’ENA, le jeune juriste débarque au Palais-Royal, émerveillé de siéger au milieu des maîtres du droit qui ont enthousiasmé ses études.
Le bonheur se teintant toujours de désenchantement chez Sureau, il se voit affecté dans une obscure section, où il traite de démembrement rural et de l’indemnisation compliquée des rapatriés d’Algérie.
Puis avec enthousiasme, il accepte de rejoindre la commission qui statue sur le sort des demandeurs d’asile ayant essuyé un refus de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
Et c’est là que sa vie va croiser celle de Javier Ibarrategui, militant basque exilé en France. Ce dernier demande l’asile politique à la France, car il se dit menacé de mort dans son pays.
Pour la justice française, l’affaire est délicate. Accéder à cette demande, c’est nier le retour de l’Espagne à la démocratie et à l’État de droit.
Javier Ibarrategui, dit à la commission « si vous me renvoyez en Espagne, je serai assassiné. »
Dans cette affaire, le Droit a été dit : la demande de Javier Ibarrategui a été refusée.
Il est donc retourné en Espagne et des groupes d’extrême droite, des anciens franquistes, l’ont assassiné.
C’était le Droit, ce n’était pas la Justice.
François Sureau a expliqué pendant l’émission :
« Ce que le Droit vise à faire, c’est à maintenir l’ordre public.
Réaliser ce compromis tout à fait étrange entre les demandes individuelles, l’Intérêt Général, les nécessités du Bien commun, s’incarnant dans des normes quelquefois contradictoires.
Le Droit, sert à éviter l’arbitraire
L’arbitraire public, Javier Ibarrategui a pu s’expliquer devant un juge, la décision a été prise dans le cadre d’une procédure documentée.
L’arbitraire privé comme interdire à une personne à se faire justice soi-même.
En résumé : éviter un mal social pire »
De la décision de la commission et du drame qui en découlera François Sureau a tiré un bref récit dont j’ai lu plusieurs critiques très enthousiastes :
François Sureau
Le chemin des morts
Collection Blanche, Gallimard
Parution 05-09-2013
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Mardi 17 septembre 2013

Mardi 17 septembre 2013
« Sur le Titanic en train de sombrer,
est-il raisonnable de consacrer beaucoup d’efforts et d’intelligence à obtenir une meilleure cabine ? »
Albert Jacquard
Dans son livre « J’accuse l’économie triomphante »
Albert Jacquard vient de nous quitter le 11 septembre
C’était un humaniste et un scientifique rare. Il était né à Lyon le 23 décembre 1925.