Vendredi 29 Janvier 2016

Vendredi 29 Janvier 2016
« La conquête de l’espace public par les femmes est très important. Le fait de pouvoir sortir seule, le soir, la nuit ce qui est encore considéré comme un danger pour les femmes, c’est quelque chose qui doit cesser, partout ! »
Michelle Perrot

Il faut conclure cette semaine consacrée aux violences faites aux femmes dans l’espace public, même en France.

Dans l’esprit de beaucoup, le fait que les femmes doivent faire attention, éviter certaines tenues, éviter certains quartiers, ne pas sortir seule à partir d’une certaine heure est intégré et surtout semble normal.

Que dans le monde tel qu’il existe il vaut mieux être prudent, cela se comprend, mais que cela soit normal !

Non ce n’est pas normal !

C’est une vraie prise de conscience qu’il faut développer, mais aussi l’inscrire dans la réalité avec les moyens appropriés pour rendre l’espace public sur, sécurisé et apaisé.

Les évènements de Cologne pourraient conduire à une régression si la peur l’emportait.

Une autre régression à l’égard des femmes menace la France en raison du communautarisme qui s’est développé dans des populations issues de l’immigration de population venant de pays et de culture qui sont encore à un stade plus archaïque des relations femme/homme.

Mais Michelle Perrot, dans les matins de France Culture, reste optimiste :

«  Il y a des stades dans le développement des « cultures » dans ce domaine. Toutes les cultures n’en sont pas au même stade et le facteur religieux est important. Les religions n’ont jamais été favorables aux femmes ni les unes ni les autres. Le christianisme a évolué, l’Islam peut le faire aussi. Ce n’est pas un fait éternel mais il peut y avoir des différences dans le temps. »

Bien entendu, sur certains points il faut être beaucoup plus ferme dans nos principes et à l’égard de certains mouvements salafistes qui n’acceptent pas certaines valeurs fondamentales de notre société.

Michelle Perrot a rappelé l’évolution dans notre société : « Au XVIIème siècle il se produit « une rupture d’évidence ». On pensait que les deux sexes étaient hiérarchisés et inégaux. Descartes dit : « la science n’a pas de sexe ». Ce qui veut dire, homme et femme sont égaux devant la science.

Et les disciples de Descartes produisent des traités sur le thème « De l’égalité des sexes » qui laissent entendre que les deux sexes pourraient bien être égaux. Et commence ainsi un long processus à travers les lumières.

L’occident va ainsi commencé à professer l’égalité des sexes mais c’est un processus très long.

« Très souvent cette prise de conscience s’accompagne de l’idée de la complémentarité. Ils sont égaux mais ils sont complémentaires et différents. De sorte que les hommes doivent toujours faire de la politique, gouverner, diriger. Et les femmes s’occuper de la maison etc.

Il faut encore conquérir l’idée que ce n’est pas la complémentarité mais que c’est l’universalité des individus qui est importante ».

Dans le monde des  idées, une deuxième étape sera élaborée par Alexis de Tocqueville notamment dans son ouvrage « De la démocratie en Amérique »

Tocqueville parle de l’égalité des conditions, en fragilisant toutes les relations hiérarchiques de subordination notamment entre les  hommes et les femmes.»

Wikipedia l’exprime de la manière suivante :

« Pour Tocqueville, il y a quasi équivalence entre la démocratie (au sens politique) et l’égalité des conditions. Il considère que tous les êtres humains possèdent comme attribut la liberté naturelle, c’est-à-dire la potentialité d’agir librement.»

Michelle Perrot ajoute :

«Puis il y a le XXème siècle qui sera pour les femmes le gain de la contraception qui permet le choix dans la naissance et par conséquence dans la sexualité.

Puis il y a eu cette rupture fondamentale du droit à l’avortement. Il y a eu une sorte de révolution qu’on a appelé l’Habeus corpus des femmes.

Cela est un vrai changement.  La conquête de l’espace public par les femmes est très importante.

Le fait de pouvoir sortir seule, le soir, la nuit ce qui est encore considéré comme un danger pour les femmes, c’est quelque chose qui doit cesser, partout ! »

Une partie du chemin a été réalisée dans les pays occidentaux, il reste encore des terrains à conquérir, dans d’autres partie du monde, c’est des pays entiers qui doivent être conquis.

Encore deux points :

Une pensée qui me semble très juste :

Véronique Nahoum-Grappe, déjà cité  et qui précise :

«La question de la domination masculine ne repose pas intégralement sur les individus homme et femme, dans leurs trajectoires de vie, dans leurs amours, dans leurs corps.

Des pratiques extrêmement cruelles à l’égard des femmes comme l’excision sont pratiqués par les hommes et les femmes, car la société est mixte à tous les niveaux.

On ne peut pas dire que les femmes soient plus gentilles que les hommes, au niveau éthique il y a des femmes qui sont aussi cinglées, aussi cruelles, aussi perverses [que certains hommes le sont] »

Cette réflexion ouvre vers d’autres perspectives où on doit constater que c’est plus largement le féminin qui a été et reste opprimé dans nos sociétés où ce qui est valorisé est la force, la virilité et les autres attributs que l’on prête au masculin.

Alors que la sensibilité et les attributs féminins sont dévalorisés. « Ne pleure pas, sois un homme ». Voilà une interjection, souvent entendu, et qui illustre cette réflexion. Le chemin que doivent parcourir les hommes, c’est aussi l’acceptation et la valorisation de leur part de féminin.

Ce sera peut-être l’objet d’un mot du jour futur.

Le second point est le témoignage d’Hélène après avoir lu les trois premiers mots du jour de cette semaine :

«Malheureusement je suis bien d’accord avec toi !

Hier j’étais à une soirée d’info professionnelle où était présent le Docteur Foldes le premier chirurgien à avoir proposé une chirurgie de reconstruction pour les femmes victimes de mutilations sexuelles « culturelles »

Avec d’autres personnes engagées il a ouvert un centre près de l’hôpital de Saint Germain en Laye, dans un local prêté par l ‘hôpital. [Ce centre est ouvert à toutes les violences faites aux femmes]

Ils essayent de prendre en charge la personne victime dans sa globalité avec une équipe pluridisciplinaire

En relation directe avec le parquet ils arrivent à avoir des mesures de protections d’urgences qui mettent plusieurs semaines lorsqu’une plainte est déposée en commissariat !  (Et on ne compte pas les plaintes sans suites car reçues par un policier qui n’a pas été formé à cela et qui rédige la plainte de façon irrecevable) […]

C’est le seul centre de ce genre en France ils n’ont aucune aide publique!!

Quand on pense que les violences touchent 1/4 de la population féminine et que la majorité des violences est perpétrée par des personnes proches de la victime et souvent avant sa majorité.

Le coût des violence faites aux femmes est estimé à plus de 4 milliards d’euros par an soit plus que le cancer du sein et ce genre d’institut a besoin d’un kilo de papier pour des subventions de l’ordre de 1000 euros !»

Mise à jour le 12/05/2020 après la constatation que le lien vers le site de cette association était devenu obsolète.

Le nouveau site de ce Centre : https://www.women-safe.org/

Voici la présentation de ce site :

En 2008, Frédérique Martz et le docteur Pierre Foldes font le constat que lorsque les femmes victimes libèrent enfin leur parole, elles déclarent cumuler plusieurs formes de violences (physique, psychologique, sexuelle, économique, rituelle…). Or, celles-ci étaient souvent traitées dans des dispositifs différents, morcelant la prise en charge. Il a fallu imaginer une nouvelle manière d’accompagner les victimes avec une approche globale et pérenne.

En 2014, ils créent ensemble l’association Institut en Santé Génésique, située à Saint-Germain-en-Laye, et s’engagent dans un vrai combat pour les victimes de toutes formes de violences.

En 2017, L’Institut en Santé Génésique devient WOMEN SAFE (Soigner, Accompagner, Femmes et Enfants) association spécialisée en victimologie et psychotraumatologie, et étend son action auprès des enfants victimes ou témoins de violences avec la création du pôle « Mineurs ».

<638>


Jeudi 28 Janvier 2016

Jeudi 28 Janvier 2016
« La ville faite par et pour les hommes »
Parler de la violence contre les femmes dans l’espace public, ramène forcément à s’interroger sur les villes, sur la place des femmes dans les villes, dans les rues, sur les places, dans les transports.
Je commencerai d’abord par une expérience personnelle de la cour de récréation de la primaire que je n’ai décrypté que bien plus tard quand j’ai commencé à être sensible à la remise en cause de la société patriarcale.
Quand j’ai débuté dans l’école primaire en 1964, elle n’était pas mixte, il y avait l’école des garçons et l’école des filles. Aujourd’hui, encore beaucoup de bâtiments dédiés à l’école primaire, toutes mixtes désormais, portent à leur fronton « École de garçons » ou « École de filles ».
Mais quand je suis entré au cours moyen 2, l’école est devenue mixte. Dans l’organisation de mon école de la Verrerie-Sophie, la classe de CM2 allait se faire dans les bâtiments qui étaient avant ceux des filles.
Et quand des garçons se retrouvaient à cette époque dans la cour de récréation, que faisaient-ils ? Ils, jouaient au football.
En résumé, les garçons sont venus, ont colonisé l’espace de la cour de récréation des filles et ont joué au football sans les filles, ne laissant plus qu’une petite place, dans les marges de la cour, aux filles ! Et tout le monde trouvait cela normal. Même les institutrices qui étaient toutes restées dans le bâtiment des filles n’ont rien dit : un partage de l’espace de 80 % pour les garçons 20% pour les filles était normal !
Ce sujet concernant la place laissé aux femmes dans nos villes a été le thème de l’émission : « Un jour en France du 9 novembre 2015 »
C’est une question que l’on n’a abordé que récemment.
Il y a d’abord, pour le symbole, le nom des rues et des places qui portent le nom d’hommes,  beaucoup de généraux. Peu portent des noms de femme et c’est toujours des petites rues, des petites places, des écoles maternelles.
Les équipements sportifs sont faits essentiellement pour les garçons. Et lorsqu’ils sont réputés mixtes, par exemple les skate parcs, ils sont quasi exclusivement occupés par les garçons.
L’émission « Sur les docks du 24/11/2015 » avait abordé ce sujet et révélait notamment :
«Une étude récente menée dans le bois de Vincennes souligne que la présence des femmes diminue dans les espaces aménagés dès que les hommes les investissent. Ainsi les pistes cyclables du bois sont principalement fréquentées par des hommes pratiquant le vélo de course. L’espace urbain « concocté » par les urbanistes en concertation avec les élus nous rappelle ce monde pensé au masculin : rampes de surf, terrains de foot, cages à volleyball, terrains de boules ? Conséquence : la fréquentation des équipements urbains affiche deux tiers d’hommes pour un tiers de femmes. »
Tout cela se déroule dans un espace public où le harcèlement sexuel à l’égard des femmes est général.
D’ailleurs, quand sur une place comme « la Place du Pont » de Lyon dont j’ai parlé récemment, il y a des regroupements de personnes qui stationnent, ce sont toujours exclusivement des humains du genre mâle.
Souvent les femmes marchent vite, pour ne pas avoir à subir d’avances ou de remarques déplacées. Les femmes évitent les regards pour ne pas avoir de mauvaise surprise etc…
Bien sûr la France est un paradis par rapport à d’autres pays. Et en France cela dépend des quartiers et bien sûr cela dépend de l’heure. Et alors dans certains quartiers et à certaines heures…
Force est de constater que cette liberté fondamentale de sortir et de se déplacer dans la ville à n’importe quelle heure de la journée et donc le soir et la nuit n’est pas pleinement respectée, même en France !
Dans beaucoup de pays du monde c’est impossible pour les femmes ou très très dangereux, par exemple à New Delhi
Dans cet article on apprend que c’est beaucoup trop dangereux et que les autorités ont trouvé une disposition absolument surréaliste : verbaliser les femmes qui sortent seules le soir ! Ce sont encore les victimes qui sont pénalisées.
Mais le harcèlement est aussi la réalité de la rue et des transports de notre beau pays. Les femmes pour y faire face sont obligées de pratiquer l’évitement ou d’avoir des stratégies pour pallier ces atteintes à la liberté de circuler librement et sans risque.
Ce sont des choses absolument inacceptables.
Peut-être faudrait-il interdire à certains hommes de sortir le soir et pour certains même la journée. Eh bien oui, il  n’arrive pas à se contrôler ou simplement « à taire leurs pulsions animales ! ». Souvent on continue à leur chercher des excuses où à minimiser leurs actes et propos obscènes.
Mais c’est une vraie prise de conscience qu’il faut avoir à ce sujet. Ne pas rester dans la seule posture individuel de l’évitement.
Au Portugal la question se pose de criminaliser le harcèlement dans la rue : http://www.courrierinternational.com/article/controverse-faut-il-criminaliser-le-harcelement-sexuel-dans-la-rue
Vous trouverez aussi des réflexions très riches sur ce sujet sur une page de l’Express : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/loi-sur-le-harcelement-sexuel_1623990.html
Je rappelle aussi ce site gouvernemental déjà cité : http://www.stop-harcelement-sexuel.gouv.fr/
Et bien sûr le livre dont j’ai choisi le titre comme exergue à ce mot du jour
<637>

Mercredi 27 Janvier 2016

Mercredi 27 Janvier 2016
« Vous n’êtes pas coupable ! vous êtes victime. »
Vous n’êtes pas coupable, vous êtes victime !
Combien de combats et de prise de conscience a-t-il fallu pour arriver à cette affirmation qu’il faut dire et répéter aux femmes victimes de viols comme de violence.
Et encore, même dans nos pays, cette pensée délétère, « elle a dû le chercher un peu ! » n’est jamais très loin. Elle est même exprimée par des femmes comme récemment par la maire de Cologne après les événements que nous savons.
Ma mère m’a appris tant de choses qui m’ont construit et que je continue à mettre en œuvre dans ma vie. Mais elle ne m’a appris le féminisme. Je l’ai appris ailleurs et contre son enseignement !
Et lorsqu’on quitte les pays occidentaux et qu’on va en Inde ou dans la grande majorité des pays où l’Islam est prééminent, la pensée que la femme est forcément coupable n’est pas peu présente, elle est omniprésente, première dans la démarche juridique.
Lisez donc ce billet de Tahar Ben Jelloun sur son blog.
Je reviens vers Michelle Perrot, l’historienne, dans les matins de France Culture du 20 janvier 2016 :
« La violence contre les femmes est universelle et elle est de très longue durée et nous n’en voyons aujourd’hui qu’un aspect.
C’est lié à l’idée de la hiérarchie des sexes. C’est surtout l’inégalité qui a régné, c’était l’évidence. Et pour arriver à une sorte de rupture de cette évidence, il a fallu du temps.
C’est au XVIIème, Descartes « La science n’a pas de sexe », qu’on commence à parler d’égalité.
Et puis il a fallu l’action des femmes elles-mêmes.
Le viol a mis très longtemps pour être reconnu comme crime.
C’est tout à fait récent. Le procès de 1978 à Aix en Provence, où deux jeunes femmes qui campaient avaient été violées. Elles ont protesté. Il y a eu un procès. Gisèle Halimi a été l’avocate et c’est à la suite de ce procès qu’il y a eu la fameuse loi sur le viol [de 1980] qui dit que le viol est un crime, ce n’est pas simplement un délit.
La prise de conscience de tout cela est récente et lié au changement de perception du rapport entre les hommes et les femmes. »
Revenons à cet épisode du procès d’Aix en Provence, pour lequel vous trouverez cet article assez détaillé.
Cela s’est passé en 1978, j’avais 20 ans. Je sais bien que je suis très vieux, mais ne plaisantons pas : c’était hier, dans notre pays de liberté : la France.
J’en tire les extraits suivants pour décrire comment ont été traitées, dans un premier temps,  les victimes et leur avocate:
« Jusque dans les années 1970, le viol relevait du tabou. Les victimes étaient considérées comme étant plus ou moins consentantes. Une affaire retentissante d’agression sexuelle en réunion va totalement changer le regard de la société. En août 1974, Anne Tonglet et Araceli Castellano, des touristes belges, homosexuelles, plantent leur tente dans une calanque de naturistes, à Marseille. Le lendemain, à l’aube, elles sont réveillées par trois hommes qui se jettent sur elles, les tabassent, et les violent cinq heures d’affilée. Grâce aux signalements fournis, les agresseurs sont vite interpellés. Les jeunes femmes portent plainte. Commence alors un vrai calvaire pour obtenir que les coupables soient jugés. « La presse locale considérait qu’elles l’avaient bien cherché, se souvient Alain Dugrand, qui couvrait l’affaire pour « Libération ». Comment imaginer camper dans les calanques, à Marseille, en faisant du naturisme ? C’était déjà créer une situation de pousse-au-crime. »
[…]
L’instruction d’un dossier de viol débutait par une enquête de moralité de la plaignante. La police devait s’enquérir de son degré de fiabilité. Si elle avait eu, antérieurement, des relations sexuelles, elle était soupçonnée de mentir. Il lui fallait ensuite convaincre les médecins. Anne Tonglet raconte la séance où elle et son amie ont été examinées par un professeur devant des étudiants. Tous des hommes : « On a dû écarter les jambes chacune à notre tour et il a introduit son doigt dans le vagin « pour voir si l’hymen acceptait le doigt ou pas. […]
L’affaire est requalifiée en simples coups et blessures. Déçues par leurs avocates, Anne et Araceli contactent Gisèle Halimi. […] Elle obtient d’abord que le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence se déclare incompétent pour juger les trois agresseurs – ceux-ci feront annuler cette décision. Débute une campagne contre le viol lancée en 1975 par les mouvements féministes. La honte change de camp. Pour la première fois, une femme violée témoigne à visage découvert à la télévision. […]
A chacune de leurs sorties, l’avocate et sa jeune assistante, Agnès Fichot, sont insultées. Les nombreux partisans des prévenus leur crachent dessus. Mais les trois hommes, qui n’ont cessé de clamer leur innocence, sont condamnés à six ans de prison pour l’un, et à quatre pour les deux autres. En décembre 1980, une loi définit exactement le viol, soit toute forme de pénétration, quelle qu’elle soit, et le criminalise. »
Parallèlement est sorti un film en 1978 « L’Amour violé » réalisé par Yannick Bellon et où Nathalie Nell jouait le rôle principal.
C’est un film que j’ai vu à sa sortie lors de ma période strasbourgeoise. Il m’avait profondément marqué. Ce fut la première étape de ma prise de conscience féministe qui n’a fait que se renforcer depuis.
Bien sûr, être femme ne signifie pas forcément porter des valeurs éthiques. Le jugement de Bertrand Russell reste valable : c’est une erreur de croire dans la supériorité morale des opprimés. On peut être femme et être « une mauvaise personne » et par exemple piéger un homme notamment par le biais d’une accusation de viol.
Mais ce n’est pas de cela que je parle.
Jamais la tenue vestimentaire d’une femme ne peut justifier la moindre agression.
Si une femme se promène nue dans la rue, elle commet un attentat à la pudeur, si telles sont les règles qui s’appliquent dans cette commune (je ne néglige pas les espaces naturistes). Si un homme doit réagir, il doit prendre un vêtement pour essayer de couvrir cette femme.
Il n’y a pas le début d’un commencement de consentement à l’acte sexuel de la part de cette femme. L’interpréter ainsi constitue un trouble du jugement de certains esprits masculins.
C’est pour cela qu’il m’est particulièrement pénible d’accepter le voile des femmes dans l’espace public, parce qu’il repose sur cette idée scandaleuse que les agressions sexuelles par des mâles éructant seraient justifiées par le comportement et l’habit des femmes.
Non ! Les agressions sont le fait de la perversion de la pensée mâle !
<636>

Mardi 26 Janvier 2016

Mardi 26 Janvier 2016
« The fallacy of the superior virtue of the oppressed»
« L’erreur qui consiste à croire dans la supériorité morale des opprimés »
Bertrand Russell (mathématicien et philosophe britannique 1872-1970)
(Titre du chapitre 5 des « Unpopular Essays  »(Essais impopulaires ouvrage de 1950)
Récemment, j’ai lu « Une vie» de Simone Veil qui raconte la vie de cette grande dame qui a tant fait pour la cause des femmes et qui a été aussi survivante des camps nazis.
C’est un livre passionnant. Un extrait m’a particulièrement marqué, il se situe aux pages 82 et 83 du livre.
Il s’agit d’un épisode qui se situe à la fin de la guerre, l’armée rouge déborde partout l’armée allemande, les nazis s’affolent et évacuent les camps de la mort dans la panique et une horreur encore accentuée.
Ils mélangent les femmes et les hommes et :
« Le 18 janvier 1945, le commandant de Bobrek, reçut l’ordre de départ. Nous sommes donc partis à pied pour l’usine Buna, située dans l’enceinte d’Auschwitz–Birkenau. Nous y avons rejoint tous les autres détenus des camps d’Auschwitz, environ 40 000 personnes, et avons entamé cette mémorable longue marche de la mort, véritable cauchemar des survivants, par un froid de quelque 30 degrés en dessous de zéro. Ce fut un épisode particulièrement atroce. Ceux qui tombaient étaient aussitôt abattus. Les SS et  les vieux soldats de la Wehrmacht qu’ils encadraient jouaient leur peau et le savaient.
Il leur fallait à tout prix fuir l’avance des Russes, tenter d’échapper coûte que coûte à la mort qui les poursuivait. Enfin, nous sommes parvenus à Gleiwitz, à 70 km plus à l’ouest, je dis bien 70, où s’opérait le regroupement des déportés qui avaient réussi à survivre. La proximité croissante des troupes soviétiques affolait tellement les Allemands que nous nous sommes alors demandé si nous n’allions pas tous être exterminés. Nous attendions notre sort, hommes et femmes mélangées dans ce camp épouvantable où il n’y avait plus rien, aucune organisation, aucune nourriture, aucune lumière.
Certains hommes exerçaient sur les femmes un chantage épouvantable : « Comprenez nous, on n’a pas vu de femmes depuis des années. » C’était l’enfer de Dante. Je me souviens d’un petit Hongrois très gentil. Il avait dans les treize ans et son désarroi était tel que nous l’avions recueillie par pitié. Il disait : « les hommes, ils m’ont abandonné. Je suis tout seul. Je ne sais pas où aller. Je ne sais pas trop comment trouver à manger. N’empêche que les hommes ils seront bien contents tout de même de nous retrouver quand il n’y aura plus de femmes ». C’était à fendre le cœur. Je me demandais en mon fort intérieur : « que vont devenir ces jeunes s’ils parviennent à échapper à cet enfer ? ».
C’était l’enfer de Dante !
Simone Veil dit en quelques mots, de manière pudique la violence à l’endroit des femmes et aussi des enfants, dans un univers de violence généralisée. La violence contre les femmes s’ajoute à la violence générale : « Certains hommes exerçaient sur les femmes un chantage épouvantable.»
Ces « certains hommes » ont vécu l’horreur, ils sont des opprimés de l’extrême et l’épisode comme le décrit Simone Veil est terrifiant, ils marchent la faim au ventre, par -30°, la moindre faiblesse signifie la mort que les nazis distribuent sans état d’âme à tous les déportés qui les retardent dans cette course vers l’abîme.
Et ces misérables mâles trouvent plus faibles qu’eux et essayent de justifier leurs actes par cette supplique ignoble « comprenez-nous, on n’a pas vu de femmes depuis des années. »
Michelle Perrot dans les matins de France Culture du 20 janvier explique :
« Au XIXème siècle, les ouvriers battaient leurs femmes. Il y avait une violence contre les femmes que le mouvement ouvrier a niées pendant longtemps.
C’est toujours plus difficile à penser. Moi je crois qu’il ne faut surtout pas la nier. »
Et elle ajoute : « Que reste-t-il à dominer pour un homme particulièrement dominé sinon les femmes ? Et c’est pourquoi dans ces situations où on pourrait penser qu’il y a solidarité entre les hommes et les femmes. Eh bien non !  Il y a une dominée de plus c’est la femme ! »
Ainsi, ce n’est pas parce qu’on est migrant qu’on cesse de dominer les femmes.
Parmi les migrants opprimés, il y a plus opprimé encore : ce sont les femmes qui vivent la même oppression que les hommes et en sus l’oppression sexuelle de certains hommes.
Je crois que rien ne peut mieux décrire cette réalité que la formule de Bertrand Russell : L’«erreur qui consiste à croire dans la supériorité morale des opprimés »
<635>

Lundi 25 Janvier 2016

Lundi 25 Janvier 2016
« La nuit des chasseurs »
Annick Cojean
Il s’est donc passé des agressions contre des femmes, à grande échelle, par des bandes organisées dans la ville de Cologne le 31 décembre.
Les forces de l’ordre n’ont pas su maîtriser ces actes de violence et dans un premier temps ont communiqué dans un déni de la réalité. Ils ont osé affirmer que la nuit du réveillon s’est bien passée.
« La nuit des chasseurs » est le titre d’un article où la journaliste du Monde, Annick Cojean, donne la parole à des victimes. Vous trouverez cet article derrière ce lien.
Pour une fois je n’en citerai aucun extrait, car ce ne sont pas ces faits que je vais développer, mais un sujet beaucoup plus large, qui vient de loin, qui est toujours présent dans le monde entier, à des stades différents, mais toujours présent : je veux parler de la violence faite aux femmes…
C’est dans la sphère privée que cette violence est la plus forte, la plus présente, la plus extrême.
8 femmes violées sur 10 connaissent leur violeur et le viol se passe à leur domicile ou au domicile du criminel.
En France, on estime il y aurait un viol toutes les 6,3 minutes, ce qui fait à peu près 230 viols par jour.
Concernant les meurtres et les autres violences commises à l’égard des femmes, en France, c’est aussi et massivement le domicile qui est le lieu de l’acte et le criminel un proche, souvent le compagnon de la victime.
Mais ce n’est pas de la sphère privée que je vais prioritairement parler.
Cette semaine j’ai l’intention de parler, plus particulièrement, de la violence contre les femmes dans l’espace public.
Ce n’est pas la première fois que je parle de ce problème.
J’avais déjà fait appel à Annick Cojean, cette grande journaliste du Monde le 8 septembre 2014 pour ce mot du jour : « C’est juste pas de chance d’être une femme dans la plupart des pays du Monde »
Et le mot du jour du 18 novembre 2014 parlait d’une étude pilotée par Sylvie Ayral et Yves Raibaud « la  fabrique des garçons ».
Mais que s’est-il réellement passé à Cologne ? On ne le sait toujours pas très bien 25 jours après les faits.
Et n’est-ce pas cela le plus surprenant dans cette affaire ?
Certaines choses sont sûres :  de manière massive des femmes ont été harcelées sexuellement et pour certaines violées par des hommes en groupe et d’origine immigrée semble-t-il majoritairement.
Mais il y a aussi eu beaucoup de vols.
Dans l’émission la Grande Table de France Culture du 20 janvier L’anthropologue des mondes contemporains Véronique Nahoum-Grappe, ancienne élève de François Héritier qui a beaucoup travaillé sur la question des différences des sexes, sur la domination masculine et la violence faite aux femmes explique qu’en Occident on pensait plutôt que les foules étaient protectrices, qu’avec du monde on ne risquait rien
Et ce fut la sidération de Cologne. Le fait de constater que cette foule peut devenir hostile, créer un mur qui va vous isoler pour vous peloter, vous déshabiller, vous menacer sexuellement pour mieux  vous voler votre sac à main et peut être même vous violer, est terrifiant.
Les femmes n’étaient pas préparées à cela.
Peloter, s’en prendre aux attributs physiques de la femme pour la fragiliser et lui voler son sac dans une manipulation mafieuse, qu’est ce qui est premier ? S’en prendre au corps des femmes ou voler ?
Véronique Nahoum-Grappe parle d’une ratonnade d’un nouveau type. « Les mafias entrent dans toutes les failles, c’est une mafia un peu proto-proxénète qui allie le rapt et le racket »
Alors on a parlé du choc des cultures. Ces arabes et ces migrants qui ne savaient pas se tenir !
Il ne s’agit pas de nier que les pays arabo-musulman du golfe, du moyen orient comme les pays du Maghreb à l’exception de la Tunisie ont une pratique des relations homme-femme bien pire que dans nos pays.
Dans l’émission des matins du 20/01 l’écrivaine et une militante féministe algérienne Wassyla Tamzali a reconnu  : « Il y a un rapport spécifique d’inégalité dans les pays musulmans. Ce sont les seuls pays qui ne reconnaissent pas l’égalité des hommes et des femmes »
Je ne développerai pas cette polémique concernant la provenance des agresseurs. Pour l’instant il semblerait plutôt qu’il viendrait  du Maghreb et donc de ces bandes mafieuses évoquées ci-avant.
Mais après ce malaise de se dire qu’après 25 jours on ne sait toujours pas précisément ce qui s’est passé, c’est-à-dire qui l’a fait ? Pourquoi ? Y a-t-il eu préméditation ? Quel était l’objectif ?
Il y a un second malaise, c’est pourquoi ce silence ? Pourquoi les autorités n’ont-ils rien dit ?
Alors l’explication paraît évidente : les autorités ne voulaient pas stigmatiser les réfugiés !
Ils avaient peur, parce que quelques-uns avaient commis des « mauvais actes » la population pouvait vouloir se retourner contre tous.
Peut-être.
Constatons que c’est raté. Le fait de n’avoir rien dit rend la situation beaucoup plus dangereuse : « Ils nous l’ont caché ! Qu’est ce qu’il nous cache d’autre ? »
Mais l’explication principale n’est-elle pas le fait qu’il s’agit de violences faites aux femmes ?
Marianne Meunier, journaliste à la Croix et invité des matins de France Culture a expliqué : « Les évènements  de Cologne ont entrainé des révélations en Suède. L’extrême droite a pris ce prétexte pour expliquer que ce sont ses noires prévisions qui se sont réalisés : l’afflux de personnes qui ne respectent pas nos standards de vie. Mais d’autres qui sont des associations féministes rapportent que la violence faite aux femmes n’est pas seulement le fait des émigrés. C’est une expérience quotidienne et beaucoup plus récurrente qu’éprouve les femmes en Europe et pas seulement à  Cologne. »
Vous en avez entendu parler ?
La violence faite aux femmes c’est moins grave, semble-t-il !
Si cela est arrivé, c’est qu’elles ont été imprudentes et autres explications scandaleuses !
Véronique Nahoum-Grappe fustige ces attitudes :
 « Fureur ! Fureur de fond !
Parce que cela touche à la liberté, à la liberté de sortir, le soir entre copines !
[…] je suis sidéré par ce silence.
Parce qu’on ne veut pas dire du mal sur ces personnes sur ces migrants, parce que ça gène.
Ne parlons pas de ce qui dérange ! Restons politiquement correct !
Parce que ces violences sont faites aux femmes on peut les cacher ?
Ça c’est inouï !
Ce silence montre que les violences faites aux femmes ne sont jamais perçues aussi violentes que celles qui sont commises à l’égard d’autres groupes ! »
Oui je crois profondément que c’est une des raisons du silence et aussi du peu d’empressement pour intervenir et enquêter sur ces évènements.
La maire de Cologne, une femme ! a immédiatement donné des conseils qui laissaient entendre qu’il fallait être plus prudent…
Quand ce sont des violences faites aux femmes, il y a toujours un peu de la responsabilité de la fille d’Eve …
Fureur ! fureur oui !
<634>

Vendredi 22 Janvier 2016

Vendredi 22 Janvier 2016
«47 % des Français souhaiteraient un homme fort qui ne se préoccuperait ni du Parlement ni des élus. »
Enquête CEVIPOF de décembre 2015 publié dans le JDD du 16 janvier 2016
Le Centre d’études de la vie politique française, acronyme CEVIPOF, qui appartient à Sciences Po, réalise chaque année une enquête sur l’état du pays et la confiance des Français. De manière scientifique, cette enquête repose sur un sondage OpinionWay réalisé en ligne du 17 au 28 décembre 2015 auprès d’un échantillon représentatif de 2.064 personnes âgées de 18 ans et plus.
Le journal du dimanche a publié un article sur les résultats de cette enquête et révèle que l’état d’esprit des Français se situe entre lassitude, morosité et méfiance
«[C’est] une étude qui confirme une coupure croissante, parfois vertigineuse, entre les citoyens et leurs représentants. La lassitude! C’est le qualificatif qui arrive en tête de ceux proposés pour qualifier le mieux l’ »état d’esprit actuel » des Français. […] Ce sentiment était déjà en tête fin 2014.
Au terme d’une année pourtant marquée par les tragédies terroristes de janvier et de novembre, la « peur » n’est citée qu’en 7e position (l’item est même en recul de 1 point par rapport à 2014). Mais, comme l’observe l’universitaire Martial Foucault, directeur du Cevipof, les trois premiers qualificatifs évoqués par les Français en disent long sur l’état d’une société de la défiance : la lassitude donc (31%, =), puis la morosité (29%, –1 point) et la méfiance, sentiment de plus en plus prégnant (28%, +2 points). En quatrième position seulement, distancée mais en hausse : la sérénité (18%, +2 points).»
Le Figaro donne des précisions supplémentaires en faisant référence à l’enquête du JDD : «Sur les institutions, les Français accordent leur confiance avant tout dans celles qui incarnent l’autorité comme l’armée (81%, +5) et la police (75%, +6). En bas de la liste se trouvent toujours les banques (29%, -3), les syndicats (27%, identique), les médias (24%, -1) et les partis politiques (12%, +3).
Plus des deux-tiers des Français (67%,-6) continuent de penser que la démocratie fonctionne mal. L’image des hommes politiques reste toujours aussi dégradée: 81% des Français ont des sentiments négatifs à leur égard et 88% (-1) jugent qu’ils ne se préoccupent pas de leur avis.»
Mais vous ne trouverez pas en ligne l’intégralité de l’article du JDD. Et c’est lors de la revue de presse de Frédéric Pommier du week end du 17 janvier que j’ai tiré le mot du jour :
«47 % des Français souhaiteraient un homme fort qui ne se préoccuperait ni du Parlement ni des élus. »
Cette demande illustre bien sûr un malaise chez les français. Mais elle déclenche aussi un malaise chez moi, car ce souhait est exactement le contraire de ce que je pense.
Je pense en effet, que nos élites politiques sont à la fois déconnectés du réel et en trop proche connivence avec un groupuscule de représentants des pouvoirs économiques et financiers dont l’intérêt égoïste est le plus souvent très éloigné du plus grand nombre des citoyens et même de l’avenir de notre planète.
Cette vision est un peu trop brutale : les hommes politiques ne sont pas que « méchants », « déconnectés » ou « liés à des intérêts privés ». Ils sont aussi obnubilés par des préoccupations de court terme à la fois pour des raisons électorales, « les prochaines élections », mais aussi les préoccupations à court  terme des citoyens individualistes que nous sommes devenus.
Mais croire qu’un homme ou une femme providentielle, sorte de « Deus ex machina », puisse les sortir de cette situation est  signe d’une immaturité incommensurable.
Quand on voit les exemples :  Erdogan en Turquie, Poutine en Russie, Orban en Hongrie, Sissi en Egypte ou même la Chine que constate-t-on ? Des régimes et des hommes proches du pouvoir encore plus corrompus que dans nos démocraties libérales. Un appel au nationalisme qui entraîne systématiquement des tensions externes et des risques de conflits.
Au niveau économique, il y a des résultats contrastés mais toujours le même accaparement de l’essentiel des richesses par un petit nombre.
Un homme seul ne peut et ne va rien faire. Obama est parmi les dirigeants politiques un de ceux qui est le plus remarquable à la fois en intelligence et je crois en éthique. Mais il est paralysé par les lobbys, les pressions des milieux faible en nombre mais économiquement immensément riches et puissants.
En France nous avons eu successivement un président qui s’est présenté comme un homme autoritaire et fort, puis un autre qui a voulu être « normal » et consensuel. Force est de constater que les résultats sont décevants et même déprimants comme le montre les résultats de l’enquête.
Et pourtant, le Président de la République française a du pouvoir, il peut décider de faire la guerre sans demander l’aval du Parlement, ce qui n’existe nulle part dans les pays comparables et certainement pas en Grande Bretagne ou en Allemagne. Il décide contre l’avis de ses ministres, il arrive à contraindre sa majorité parlementaire comme nulle part ailleurs.
Et pourtant cela ne marche pas.
Susan George a dit : « Ce que je voudrais éviter c’est que l’on cherche,  chaque fois qu’il y a une élection présidentielle, la femme ou l’homme providentiel » –
Moi je crois que ce qui nous manque ce n’est pas plus d’autorité, mais c’est plus de démocratie c’est à dire plus de contre-pouvoir, plus de transparence, plus d’explications.
Les moyens techniques existent aujourd’hui pour à la fois davantage expliquer et aussi davantage faire participer le plus grand nombre aux décisions et à la préparation des décisions.
Il est inconcevable que notre démocratie existe uniquement pendant quelques heures tous les 5 ans pour élire un président sur un programme qu’il n’appliquera pas. Et que pour le reste il fera ce que bon lui semble, avec au moins pour l’instant la sanction finale qu’il est battu systématiquement à la prochaine manifestation démocratique.
Ce n’est pas vraiment un problème d’homme ou de femme c’est un problème d’organisation et de fonctionnement !

Jeudi 21 Janvier 2016

Jeudi 21 Janvier 2016
« Nous nous sommes tant aimés »
Ettore Scola
Ettore Scola ajoute son nom à la liste des artistes décédés en ce début 2016.
Pendant ma période strasbourgeoise où j’étais pendant 3 ans en classe préparatoire scientifique au Lycée Kléber, j’ai été happé par l’intelligence, la beauté et la profondeur, même dans les comédies, du cinéma italien.
On considère la période 1960 à 1980 comme l’âge d’or du cinéma italien. L’art a souvent rimé avec Italie dans tous les domaines.
Des acteurs et actrices formidables : Vittorio Gassman, Alberto Sordi, Marcello Mastroianni, Ugno Tognazzi, Nino Manfredi,  Stefania Sandrelli, Sophia Loren, Silvana Mangano, Claudia Cardinale, Monica Vitti et tant d’autres.
Mais surtout des réalisateurs géniaux : Ils sont quasi tous morts : Federico Fellini (1920-1993), Vittorio de Sica (1901-1974), Luchino Visconti, (1906-1976), Dino Risi (1916-2008), Francesco Rosi (1922-2015), Michelangelo Antonioni (1912-2007), Luigi Comencini (1916-2007),
Pier Paolo Pasolini (1922-1975), Marco Ferreri (1928-1997) et Ettore Scola (1931-2016).
Il reste quelques rares survivants : les frères Paolo et Vittorio Taviani né en 1931 et 1929, Ermanno Olmi né en 1931 et Bernardo Bertolucci né en 1940.
« Nous nous sommes tant aimés » est un des films que j’ai le plus aimé de ma vie avec quelques autres comme « Parfum de femme » de Dino Risi, « Casanova » de Fellini et aussi « le voleur de bicyclette » de Vittorio de Sica, un peu plus ancien.
L’express nous apprend que Ettore Scola qui était scénariste « est tombé dans la réalisation un peu par hasard. Étonnamment, il a regretté d’avoir abandonné son métier de scénariste. « C’est [Vittorio] Gassman qui m’a presque obligé à réaliser ce film [Nous nous sommes tant aimés]»
« Nous nous sommes tant aimés » raconte  trente années d’histoire italienne au quotidien de 1945 à 1975, vue à travers la vie privée et professionnelle de trois amis, anciens résistants, des idéalistes confrontés à la réalité telle qu’on la vit.
Un des trois amis joué par Gassman va épouser une femme qu’il rendra très malheureuse et va ainsi épouser une famille riche et deviendra lui-même riche en perdant son idéalisme et probablement son âme.
« Nous voulions changer le monde, mais le monde nous a changés ! » est une des répliques de ce film, féroce, tragique et parfois merveilleusement drôle.
Nous sommes à mille lieux des effets spéciaux de la guerre des étoiles et autre machines à faire du fric de la plus grande part du cinéma américain. Je suis injuste, les américains ce sont aussi les frères Coen, Tim Burton ou Woody Allen.
Mais le cinéma il n’est pas nécessaire de trop en parler, il est plus pertinent  de le regarder  par exemple « Une journée particulière » ou « La Terrasse » ou encore « La Nuit de Varennes » tous réalisés par Ettore Scola qui fut aussi le scénariste du « Fanfaron » de Dino Risi encore une fois avec Vittorio Gassman.
« Nous nous sommes tant aimés » et aussi peut être l’histoire entre beaucoup de gens de ma génération et le cinéma italien dont Ettore Scola fut un des Grands.

Mercredi 20 Janvier 2016

Mercredi 20 Janvier 2016
« La consommation ostentatoire »
Thorstein Veblen (1857 – 1929) économiste et sociologue américain
Les soldes !
Les soldes d’hiver 2016 ont été lancées le 6 janvier dernier.
Et on voit des grappes de personnes s’agglutiner dans des magasins, surtout des magasins de vêtements et être entraînées dans une fièvre consommatrice compulsive.
Mais qu’est-ce qui pousse tous ces gens à acheter, à consommer bien au-delà de leurs besoins ?
Thierry Brugvin a dirigé l’ouvrage « Être humain en système capitaliste ? Psychosociologie du néolibéralisme » paru en septembre 2015.
Il prend appui sur ce concept de « consommation ostentatoire » de Thorstein Veblen
Wikipedia nous apprend que : Le concept de consommation ostentatoire est la traduction française de l’expression anglaise « Conspicuous consumption », forgée par le sociologue et économiste américain Thorstein Veblen et exposée pour la première fois en 1899 dans son ouvrage Théorie de la classe de loisir. Dans cette étude des classes supérieures, de la très haute bourgeoisie aux USA, Veblen note que celle-ci gaspille temps et biens. Lorsqu’elle favorise dans la vie le loisir, elle gaspille du temps, et lorsqu’elle consomme de manière ostentatoire, elle gaspille des biens.
La consommation est statutaire, elle sert à celui qui en fait un « usage ostentatoire » à indiquer un statut social.
Thierry Brugvin explique :
« Le besoin de consommer et de posséder compense la peur de ne pas être reconnu et d’être faible. Le marketing capitaliste vise à inciter à la consommation infinie et repose sur plusieurs besoins et peurs de nature psychologique.
Le sociologue Thorstein Veblen qualifie de « consommation ostentatoire », c’est-à-dire l’acte de consommer pour se sentir exister par le regard des autres, qu’on imagine envieux et admiratif.
[…]
Le besoin de possession et d’accumulation est quasiment illimité chez certains milliardaires, qui accumulent plus qu’ils ne pourront jamais consommer ou dépenser. Car, le ressort profond de leurs besoins réside sur un besoin de puissance. Le niveau de leur consommation devient un indicateur de réussite.
L’autre aspect du besoin névrotique de possession consiste à se sécuriser, face à la peur de manquer au plan affectif et matériel. La sécurité matérielle relève des besoins essentiels physiologiques (de se nourrir et de se loger), mais aussi de posséder des technologies puissantes et multiples. Ces dernières visent à être en capacité de faire face à tous les besoins et problèmes éventuels, grâce à des instruments, à la technologie (automobile, ordinateur, outillage), mais aussi le besoin névrotique de connaissance. […]
Le besoin de consommer relève aussi d’un besoin de possession affectif et non pas seulement matériel. Le fait de consommer (de la nourriture, des vêtements, des voyages, de la culture…) s’avère nécessaire à la vie et à l’épanouissement de l’être humain. Mais à l’excès, cela manifeste le besoin de compenser une carence affective. Il s’agit à nouveau de la peur de ne pas être aimée suffisamment.
Plus le consommateur se nourrit, plus il se donne de l’amour par ce qu’il ingurgite, plus il compense alors sa peur de ne pas être aimé. C’est un comportement analogue aux boulimiques, mais eux à un degré extrême. […]
Le besoin de consommer s’alimente de la peur de manquer et de ne pas être reconnu.  […] »
Et il finit par cette réflexion toute empreinte de simplicité épicurienne :
« Le détachement et l’acceptation vis-à-vis de ces peurs névrotiques permettent aux individus de retrouver une sécurité psychologique intérieure et finalement de se recréer de vraies valeurs, telles celles d’être heureux dans et par la sobriété. »
J’entends de façon prémonitoire des réactions offusquées.
Que cette réflexion psychologique puisse s’appliquer aux milliardaires qui accumulent des biens et des finances qui dépassent de très loin leur capacité d’utilisation et  de jouissance peut être entendu.
Mais rapprocher cette réflexion des soldes n’est pas sérieux !
Du point de vue de la micro-économie, il s’agit d’une attitude pertinente pour le client d’attendre les meilleurs prix pour acheter et parallèlement les commerçants ont besoin de ces périodes pour leur chiffre d’affaire.
Du point de vue de la macro économie, il faut bien penser à la croissance du PIB et un emballement de la consommation ne peut qu’être bénéfique pour ce carburant nécessaire à l’emploi et aux performances économiques.
Certes !
Le mot du jour n’a aucune vocation de prêcher une morale mais simplement poser des questions auquel il appartient à chacun, s’il le souhaite, de répondre pour sa part.
<631>

Mardi 19 janvier 2016

Mardi 19 janvier 2016
« Avec ses start-up, la France devient la 1ère nation étrangère du CES de Las Vegas »
Le CES de Las Vegas, c’est à dire le  Consumer Electronics Show est le salon de référence en matière d’électronique et de numérique. Il fixe les tendances technologiques à venir au niveau mondial
Il s’est déroulé du 6 au 9 janvier et la France peut en tirer fierté car sur le podium des Etats ayant le plus de représentants, la France occupe la deuxième place derrière les intouchables Etats-Unis et devant Israël.
Capital nous apprend : «Un événement incontournable pour les entreprises françaises, qui vont constituer cette année la 2ème délégation derrière les Etats-Unis (5ème en 2015). En effet, la France débarque en force avec pas moins de 190 sociétés, soit 60% de plus qu’en 2015. Surtout, 128 d’entre elles sont des start-up, qui exposeront au sein d’un espace dédié, alors qu’elles n’étaient que 66 l’an dernier. En 2016, un tiers des jeunes pousses présentes au CES seront françaises. Cette explosion de la présence française à Las Vegas s’explique principalement par le bon positionnement de nos entreprises dans un domaine en plein boom : les objets connectés.»
Les objets connectés disposent de plusieurs sites pour comprendre à quoi ils peuvent servir et les grandes tendances dans ce domaine :
Le Parisien nous apprend ainsi l’arrivée du bracelet anti-dépression. : « dans une France accro aux Témesta, Valium, Xanax, Lexomil et autres pilules pour traiter l’anxiété, trouver le sommeil ou lutter contre ses idées noires, cet outil bourré de capteurs — dont l’expérimentation va démarrer ce mois de février — ouvre de nouveaux horizons pour bien diagnostiquer cette maladie souvent mal repérée, et donc mal traitée, qui frappe près de 20 % de la population française.
« Ce bracelet vise à donner l’alerte quand la santé psychique flanche », explique Philippe Nuss, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (XIIe), qui va superviser l’expérimentation. Tension artérielle, température corporelle… les capteurs de ce bracelet — qu’on pourra garder sous la douche — vont enregistrer quantité de données physiologiques et comportementales. Pour donner, au final, un bel algorithme, une sorte de profil numérique du patient.
En cas d’anomalie, un sommeil dégradé, une respiration plus courte, une peau plus acide, stop ! Le médecin devra s’interroger. Est-ce un simple coup de blues, trop de stress ? De la fatigue ? « Ce bracelet nous aidera à faire le tri. Et si c’est alarmant, cela permettra une meilleure prise en charge, assure Philippe Nuss. Cela peut aussi déculpabiliser le patient, ajoute-t-il, car la dépression, ce n’est pas que dans la tête, elle engendre de vraies douleurs physiques. Aujourd’hui, on sait que ce n’est pas qu’une simple histoire de neurotransmetteurs qui fonctionnent mal, de signaux chimiques perturbés. En fait, plusieurs zones du cerveau sont concernées et il y a une anomalie de distribution de l’information entre elles. Ce bracelet permet de déterminer à quel type de dépression on se trouve confronté », précise-t-il.»
Si vous allez lire l’article, vous pourrez aussi voir une vidéo de présentation et un dessin humoristique où un homme qui n’a pas l’air en grande forme dit «J’ai essayé le bracelet qui détecte la dépression …» et ajoute «Chaque fois que je regarde les indicateurs, ça me déprime». Je ne sais pas vous, mais pour ma part je pense que l’on assiste peu à peu au triomphe du docteur Knock, celui qui prétendait que tout homme en bonne santé était un malade qui s’ignorait.
En attendant la France devient une vraie championne planétaire des Start up.
C’est l’émission de RTL : <3 Minutes pour comprendre> qui m’a appris  que Xavier Niel, PDG de Free est à l’origine d’un projet qui se passe dans le XIIIème arrondissement de Paris : « la Halle Freyssinet ». On y rénove un ancien hall de la SNCF pour le transformer en un des plus grands incubateurs de start-ups au monde.  34.000 mètres carrés d’espace qui vont accueillir près de 1.000 entreprises
« Cela s’insère dans un écosystème parisien avec plein de start-ups disséminées un peu partout dans Paris qui marchent super bien et font déjà une grande partie de notre succès, explique Xavier Niel. On rajoute des briques supplémentaires à ce succès et donner envie à encore plus de jeunes à créer leur propre entreprise et leur propre job. »
Xavier Niel veut tout simplement créer la « Silicon valley » française. Ce nouvel immeuble se veut le vaisseau amiral de la modernité. 200 millions d’euros ont été investis, dont 90 % proviennent du PDG de Free et les 10 % restants de la Caisse des dépôts. Selon la maire de Paris, Anne Hidalgo, ces coopérations public/privé sont nécessaires pour l’avenir de la capitale. « Arriver à conjuguer le génie la force l’inventivité d’entreprises, d’architectes créateurs du secteur privé avec le public, c’est gagnant-gagnant, affirme-t-elle. Avec trois personnes par start-up, c’est de l’ordre de 3.000 emplois minimum. »
Dans l’enceinte, tout a été fait pour sauvegarder l’esprit du hall de gare. Tout est fait pour créer l’émulation comme l’explique Nancy chargée de projet sur le chantier. « On l’a conçu de façon à privilégier les rencontres et les accidents heureux, les échanges », souligne-t-elle. Pour le moment, les ouvriers sont encore à l’œuvre et laisseront bientôt place aux mille start-ups pour l’inauguration prévue d’ici la fin de l’année.
Ce projet a un site Web : http://1000startups.fr/ où dès la page d’accueil l’ambition est dévoilée : «Bienvenue dans le plus grand incubateur numérique au monde.»
La France sera t’elle sauvée par ses start-up ?

Lundi 18 janvier 2016

« Daech va m’arrêter et me tuer […] ils vont me décapiter,
mais je garderai ma dignité car c’est mieux que de vivre humiliée»
Ruqia Hassan journaliste syrienne assassinée par le califat

Elle s’appelait Ruqia Hassan, elle avait 30 ans et était connue pour son franc parler contre les djihadistes de Raqqa.

Depuis la fin de l’été, elle est la cinquième journaliste syrienne (connue à ce jour) tuée par l’organisation extrémiste dont elle dénonçait quotidiennement les exactions – et selon certains, probablement la première femme reporter assassinée par Daech.

D’après les témoignages émanant des réseaux sociaux, la jeune rebelle était une kurde syrienne de Raqqa, diplômée de philosophie à l’Université d’Alep. Quand l’organisation de État islamique imposa sa loi à Raqqa, en 2014, cette révolutionnaire anti-Assad de la première heure avait refusé de quitter sa ville.

Sous le pseudonyme de « Nissan Ibrahim », elle avait alors fait le courageux choix de raconter, notamment via Twitter et Facebook, le quotidien des habitants sous Daech. Sa mort remonte vraisemblablement à septembre, mais la nouvelle de son assassinat n’a commencé à circuler que ce week-end [du 3 janvier 2016].

Selon plusieurs media de l’opposition syrienne en langue arabe, l’EI aurait informé, en fin de semaine dernière, sa famille de son exécution pour « espionnage ».

« Même si la date exacte de sa mort demeure méconnue, l’activité de Hassan sur les réseaux sociaux s’est brutalement interrompue le 21 juillet 2015. Entre juillet et décembre, Hassan a disparu de la ville de Raqqa. »,

[…] Sous son compte Twitter, Abu Mohammed – un internaute connu pour être le fondateur du groupe « Raqqa est égorgée en silence » – a reproduit les derniers écrits que la jeune femme avait publiés sur Facebook :

«Là, je suis à Raqqa. J’ai reçu des menaces de mort. Et quand Daech va m’arrêter et me tuer, c’est OK parce qu’ils vont me décapiter, mais je garderai ma dignité car c’est mieux que de vivre humiliée par l’EI».

C’est le journal « Le Figaro » qui raconte cette histoire : <Ruqia Hassan une journaliste exécutée par l’état islamique>

Cette information vous a peut-être échappé.

Il est vrai qu’elle était en compétition avec la commémoration des attentats de Charlie et surtout de deux autres informations d’une grande importance : Michel Platini a renoncé à se présenter à la tête de la FIFA et Zinedine Zidane a été nommé entraîneur du Real de Madrid.

Mais cette information me conduit surtout à deux réflexions

La première est qu’aujourd’hui dans notre société, il apparait que la valeur suprême est la vie, la mort apparait comme un scandale. Même quand un militaire, dont la mort semble être un risque du métier, meurt, toute la nation est figée et en compassion devant ce fait inacceptable !

Un courant de pensée occidentale, « le transhumanisme » soutenu par Google et d’autres géants du Web tente même de mettre fin à la mort.

Il n’en a pas toujours été ainsi dans notre civilisation.

Et cette manière de penser n’est pas généralisée sur la planète. Aujourd’hui des fous de Dieu, pour réaliser les noirs desseins de leurs gourous, sacrifient leurs vies dans des attentats meurtriers. Mais, il existe aussi d’autres femmes et hommes, parce qu’ils croient en des valeurs supérieures qui acceptent de risquer leur vie et de la sacrifier. « Plutôt mourir que vivre humiliée ».

Tel était le cas de Ruqia Hassan qui voulait informer le Monde de ce qui se passe dans la capitale du califat auto-proclamé.

La vie était certainement importante à ces yeux, mais elle n’était pas la valeur suprême.

Ils existaient des valeurs qui méritaient qu’on meure pour elles.

La seconde est celle de comparer la vie et les actes de cette femme avec ceux de ces jeunes filles qui vivent dans le même pays que nous et qui font exactement la démarche inverse.

L’express nous apprend qu’«un djihadiste français sur trois, sur le sol syrien ou irakien, est une femme. En effet, sur les 600 Français partis grossir les rangs de l’organisation Etat Islamique, les services de renseignements tricolores recensaient 220 femmes en décembre 2015, contre 164 en septembre 2015. Leur part est passée de 10% du contingent français en 2013 à 35% fin 2015, toujours selon France Info. La part de femmes converties à l’islam parmi elles est aussi plus importante que celle des hommes convertis (un tiers contre un sixième). »

Bien sûr tout n’est pas parfait dans notre pays, mais on y vit libre, surtout si on compare à Raqqa, on est soigné presque gratuitement quand on est malade, on peut dire à peu près ce que l’on veut, on peut danser, chanter, boire de l’alcool ou ne pas boire et tant de choses…

Et ces filles choisissent l’asservissement, le rôle d’épouse soumise et reproductrice de mâles violents et psycho-rigides.

Le plus simple et probablement le plus rassurant est de dire qu’elles sont folles et déséquilibrées.

Comme il est rassurant, dans nos réflexions, de considérer que le jeune adolescent de religion musulmane qui a attaqué et voulu tuer un autre homme qui portait la kippa est un fou, un déséquilibré.

J’ai peur que ces explications simples et « occidentalement convenable » ne suffisent pas à analyser ces actes qui directement ou indirectement constituent des actes de sauvagerie et de destruction.

Il existe bien des dogmes et des doctrines qui sont suffisamment attirantes aux yeux de ces jeunes pour les pousser à emprunter les chemins de la violence et du chaos.

Le nom et le destin de Ruqia Hassan sont très présents sur le Web. Voici quelques-uns des sites qui parlent de ce sujet :

http://www.huffingtonpost.fr/2016/01/07/ruqia-hassan-femme-journaliste-execute-daech

http://www.theguardian.com/world/2016/jan/13/ruqia-hassan-killed-for-telling-truth-about-isis-facebook

http://journaldesgrandesecoles.com/la-jeune-journaliste-syrienne-ruqia-hassan-executee-par-daesh/

http://femmesdumaroc.com/actualite/daech-execute-la-journaliste-syrienne-ruqia-hassan-25411

http://www.humanite.fr/une-journaliste-kurde-assassinee-par-daech-594936

Pour finir ce mot du jour, je fais appel à Camus et à cet extrait de l’homme révolté :

« La mesure n’est pas le contraire de la révolte. C’est la révolte qui est la mesure, qui l’ordonne, la défend et la recrée à travers l’histoire et ses désordres. L’origine même de cette valeur nous garantit qu’elle ne peut être que déchirée. La mesure, née de la révolte, ne peut se vivre que par la révolte. Elle est un conflit constant, perpétuellement suscité et maîtrisé par l’intelligence. Elle ne triomphe ni de l’impossible ni de l’abîme. Elle s’équilibre à eux. Quoi que nous fassions, la démesure gardera toujours sa place dans le cœur de l’homme, à l’endroit de la solitude. Nous portons tous en nous nos bagnes, nos crimes et nos ravages. Mais notre tâche n’est pas de les déchaîner à travers le monde ; elle est de les combattre en nous-même et dans les autres.»

Vous trouverez cette réflexion ainsi que bien d’autres sur cette magnifique page de France Culture où cette radio a fait appel à ses formidables archives pour laisser parler des hommes de réflexion et de sagesse -Castoriadis, Camus, Krishnamurti, Michaud et Baudrillard – :

<C’est ici>

Nous portons tous en nous nos crimes et nos ravages. Mais notre tâche n’est pas de les déchaîner à travers le monde ; elle est de les combattre en nous-même et dans les autres.
<629>