Jeudi 21 Janvier 2016
« Nous nous sommes tant aimés »
Ettore Scola
Ettore Scola ajoute son nom à la liste des artistes décédés en ce début 2016.
Pendant ma période strasbourgeoise où j’étais pendant 3 ans en classe préparatoire scientifique au Lycée Kléber, j’ai été happé par l’intelligence, la beauté et la profondeur, même dans les comédies, du cinéma italien.
On considère la période 1960 à 1980 comme l’âge d’or du cinéma italien. L’art a souvent rimé avec Italie dans tous les domaines.
Des acteurs et actrices formidables : Vittorio Gassman, Alberto Sordi, Marcello Mastroianni, Ugno Tognazzi, Nino Manfredi, Stefania Sandrelli, Sophia Loren, Silvana Mangano, Claudia Cardinale, Monica Vitti et tant d’autres.
Mais surtout des réalisateurs géniaux : Ils sont quasi tous morts : Federico Fellini (1920-1993), Vittorio de Sica (1901-1974), Luchino Visconti, (1906-1976), Dino Risi (1916-2008), Francesco Rosi (1922-2015), Michelangelo Antonioni (1912-2007), Luigi Comencini (1916-2007),
Pier Paolo Pasolini (1922-1975), Marco Ferreri (1928-1997) et Ettore Scola (1931-2016).
Il reste quelques rares survivants : les frères Paolo et Vittorio Taviani né en 1931 et 1929, Ermanno Olmi né en 1931 et Bernardo Bertolucci né en 1940.
« Nous nous sommes tant aimés » est un des films que j’ai le plus aimé de ma vie avec quelques autres comme « Parfum de femme » de Dino Risi, « Casanova » de Fellini et aussi « le voleur de bicyclette » de Vittorio de Sica, un peu plus ancien.
L’express nous apprend que Ettore Scola qui était scénariste « est tombé dans la réalisation un peu par hasard. Étonnamment, il a regretté d’avoir abandonné son métier de scénariste. « C’est [Vittorio] Gassman qui m’a presque obligé à réaliser ce film [Nous nous sommes tant aimés]»
« Nous nous sommes tant aimés » raconte trente années d’histoire italienne au quotidien de 1945 à 1975, vue à travers la vie privée et professionnelle de trois amis, anciens résistants, des idéalistes confrontés à la réalité telle qu’on la vit.
Un des trois amis joué par Gassman va épouser une femme qu’il rendra très malheureuse et va ainsi épouser une famille riche et deviendra lui-même riche en perdant son idéalisme et probablement son âme.
« Nous voulions changer le monde, mais le monde nous a changés ! » est une des répliques de ce film, féroce, tragique et parfois merveilleusement drôle.
Vous lirez ici une belle analyse de ce film et au-delà et aussi Robert Guédiguian qui en parle aussi comme d’un film référence
Nous sommes à mille lieux des effets spéciaux de la guerre des étoiles et autre machines à faire du fric de la plus grande part du cinéma américain. Je suis injuste, les américains ce sont aussi les frères Coen, Tim Burton ou Woody Allen.
Mais le cinéma il n’est pas nécessaire de trop en parler, il est plus pertinent de le regarder par exemple « Une journée particulière » ou « La Terrasse » ou encore « La Nuit de Varennes » tous réalisés par Ettore Scola qui fut aussi le scénariste du « Fanfaron » de Dino Risi encore une fois avec Vittorio Gassman.
« Nous nous sommes tant aimés » et aussi peut être l’histoire entre beaucoup de gens de ma génération et le cinéma italien dont Ettore Scola fut un des Grands.
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