Samedi 17 mai 2025

« Il faut accepter que tout a une fin »
Alejandro Jodorowsky

C’était il y a un an : le 17 mai 2024. C’était un vendredi.

Pierre avait réservé trois couverts au restaurant « Le Vivarais », situé dans la Presqu’ile lyonnaise, Place Gailleton.

Depuis ce jour, j’ai appris que ce restaurant est ouvert depuis le 7 novembre 1917, donc depuis plus de 100 ans. Pierre m’avait dit qu’il s’agissait d’une institution lyonnaise.

C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à 12:30 en cet endroit Pierre, moi et Fabien. Nous avons très bien mangé et beaucoup parlé.

Le repas terminé, nous avons commencé une ballade le long du Rhône puis nous avons traversé le fleuve et nous nous sommes assis sur la terrasse du grand café de la Préfecture où avons consommé une boisson.

Pierre ayant une contrainte nous a quitté un peu plus tard. Avec Fabien nous sommes restés encore un temps, avant de repartir vers la Place Bellecour. Nous sommes alors descendus dans le métro, la Ligne D.

Et comme tant de fois, lorsque jadis nous travaillions dans le même lieu à l’Hôtel des Finances, nous nous sommes séparés : Fabien prenant la direction « Gare de Vaise » et moi la direction inverse.

Seulement ce 17 mai 2024, ce fut la dernière fois. La dernière fois que j’ai vu Fabien vivant.

J’ai écrit un mot du jour de deuil le 23 juillet 2024 : « Une lumière si tendre qu’elle semble s’adresser aux morts plus qu’à nous. ».

Pourquoi ce nouveau mot du jour, un an après ?

Parce que le souvenir de cette rencontre d’il y a un an, a fait surgir en moi une évidence que tous les philosophes ou simplement humains sages nous ont toujours transmis : la vie peut s’arrêter brutalement et nous ne savons jamais lorsque nous rencontrons un ami ou un proche, si cet échange n’est pas le dernier.

Fabien avait 62 ans, rien n’indiquait que deux mois plus tard, une maladie foudroyante l’emporterait. Quelquefois ce sont des accidents qui conduisent au même résultat. Je n’épiloguerais pas sur les conséquences de ce constat : chaque rencontre peut être la dernière. Je pense que chacune et chacun peut en tirer sa propre philosophie de vie.

Christian Bobin écrit dans «La Dame Blanche :

« Rencontrer quelqu’un, le rencontrer vraiment – et non simplement bavarder comme si personne ne devait mourir un jour -, est une chose infiniment rare. La substance inaltérable de l’amour est l’intelligence partagée de la vie. »

Fabien adorait la poésie. Parfois, au milieu d’une conversation, il citait de mémoire un poème.

Récemment j’ai découvert un poème d’Alejandro Jodorowsky. C’est un artiste franco-chilien. Il est surtout connu comme scénariste de bande dessinée et réalisateur, mais il est également acteur, mime, romancier, essayiste et aussi poète.

Il est toujours vivant et il est né le 17 février 1929. Il est donc très vieux. Fabien n’a pas suivi ce bel adage : vieillir est la seule façon que nous avons trouvé pour ne pas mourir. J’ai l’intuition cependant qu’il aurait beaucoup aimé ce poème : « Ce n’est pas facile de vieillir. »

Ce n’est pas facile de vieillir,
il faut s’habituer à marcher plus lentement,
à dire adieu à celui qu’on était
et à saluer celui qu’on est devenu.
C’est difficile, ce passage des années,
il faut savoir accepter ce nouveau visage,
arpenter fièrement ce nouveau corps,
se délester des hontes,
des préjugés et de la peur qu’apportent les ans.

Il faut laisser venir ce qui doit venir,
laisser partir ceux qui doivent partir,
et permettre à ceux qui le veulent
de rester à tes côtés.
Non, vieillir n’est pas une tâche aisée.
Il faut apprendre à n’attendre rien de personne,
à marcher seul, à se réveiller seul,
et à ne pas se laisser happer chaque matin
par l’image de l’homme ou de la femme
que reflète le miroir.

Il faut accepter que tout a une fin,
que la vie elle-même a son terme,
savoir faire ses adieux à ceux qui s’en vont,
se souvenir de ceux qui sont partis,
pleurer jusqu’à se vider,
jusqu’à se dessécher de l’intérieur,
pour que renaissent de nouveaux sourires,
d’autres espoirs,
et des rêves encore inexplorés.

Alejandro Jodorowsky

Mercredi 7 mai 2025

« Le grand problème de la science c’est que ce n’est pas une bonne conteuse. Ce sont les histoires qui motivent les gens à agir, pas les faits. »
Yuval Noah Harari

Ecrire en ce moment est difficile. Ce qui se passe dans le monde est en quelque sorte révolutionnaire, c’est à dire en rupture avec ce qui existait avant. La prédation, le rapport de force existaient bien sûr, mais jamais le droit n’a été à ce point nié dans les relations internationales au profit de la seule puissance. Celui qui est puissant peut exiger ce qui lui plait et regarder avec dédain le juge du droit en lui posant la question « De quelle armée, de quelle police disposes-tu pour m’obliger à faire ce que tu prétends m’imposer ? ». Staline, en son temps avait posé les jalons en demandant : « Le pape ? Combien de divisions ? ».

L’élection de Donald Trump joue un rôle d’accélérateur dans ce dérèglement du monde. La lettre numérique « Zeitgeist » de Philippe Corbé continue à nous donner des informations incroyables : « Que la Force soit avec Lui »

Trump était invité dans l’émission Meet the Press, sur NBC, la plus ancienne émission de la télévision américaine, chaque dimanche depuis 1947. Premier échange rapporté par Corbé :

« NBC : En tant que président, n’êtes-vous pas censé défendre la Constitution des États-Unis ? Trump : Je ne sais pas…»

Il est président et il ne sait pas s’il doit défendre la Constitution des Etats-Unis ! Cet individu a par deux fois en janvier 2017 et janvier 2025, prêté serment, en posant la main sur la bible (c’est ainsi que cela se passe dans ce pays) et il a prononcé alors ces paroles « Je jure solennellement que je soutiendrai et défendrai la Constitution des États-Unis contre tous ennemis, externes ou intérieurs, que je montrerai loyauté et allégeance à celle-ci, que je prends cette obligation librement, sans aucune réserve intellectuelle ni intention de m’y soustraire et je m’acquitterai bien et loyalement des devoirs de la charge que je m’apprête à prendre. Que Dieu me vienne en aide. ». A t’il des trous de mémoire ou simplement ne se sent-il engagé par rien ?

A la question de savoir, s’il veut concourir à un troisième mandat, ce qu’il n’a pas le droit de faire, il répond :

« C’est quelque chose que, à ma connaissance, vous n’avez pas le droit de faire. Je ne sais pas si c’est constitutionnel qu’on vous empêche de le faire ou autre chose. »

A plusieurs reprises Trump a évoqué un troisième mandat. Ses conseillers lui ont certainement dit qu’il ne pouvait pas le faire, d’où sa réponse. Mais soit il ne leur pas demandé pourquoi, ce qui parait tout de même surprenant ou plus vraisemblablement il l’a oublié.

La réponse juridique est que le président des États-Unis est limité à deux mandats en vertu du 22e amendement de la Constitution américaine, adopté en 1951. Cette limitation a été mise en place après les 4 mandats du président Franklin D. Roosevelt qui est mort lors de son dernier mandat en pleine guerre mondiale.

Au milieu du chaos créé par cet homme sans qualité, ses attaques répétées contre la science sont aussi inquiétantes que son désir impérialiste. Pourquoi la science peut elle être ainsi attaquée sans qu’il n’y ait de réactions du plus grand nombre. La médecine, l’augmentation de l’espérance de vie, la conquête spatiale, la technologie qui nous rend la vie plus confortable et plus facile doivent tout à la science et rien au dieu qu’invoque tant de croyants dans le monde et nombre de supporters de Trump..

J’ai trouvé particulièrement intéressant un entretien diffusé sur ARTE : « Un livre pour ma vie : Yuval Noah Harari » dans lequel l’historien israélien et auteur de  « Sapiens » était invité à citer les livres qui ont compté dans sa vie.

Et il a parlé de la difficulté de notre espèce avec la science.

Les humains se nourrissent de récits, récit religieux, récit nationaux, récit mythologique. C’est ainsi qu’ils expliquent le monde :

« Les humains sont ces animaux conteurs d’histoires. On pense en histoires. C’est plus facile, pour nous. Quand on lit des livres récents sur la mécanique quantique qui tentent d’expliquer le fonctionnement physique du monde, ou des livres de biologie cellulaire ou de génétique, c’est tellement compliqué.
Nos cerveaux ne sont pas vraiment évolués ou adaptés pour penser en ces termes. C’est pour cela qu’il faut passer des années à l’Université et s’appuyer sur des équations mathématiques complexes. Et même comme ça, ça reste à distance. En fait, il est très difficile d’intégrer ce que ça signifie parce que nos cerveaux ne fonctionnent pas comme ça.»

Les humains sous estiment certainement la complexité de la pensée scientifique. Harari trouve cependant que la Science exprime beaucoup plus de créativité et quand il la compare à la mythologie il souligne le côté trivial et simpliste de cette dernière :

« Quand je pense à la science et à la mythologie, ce qui me frappe c’est que la science est bien plus imaginative, tumultueuse et surprenante que n’importe quel mythe créé par les humains.
La majeure partie de la mythologie humaine ne fait que reprendre les scénarios élémentaires de nos vies personnelles en les amplifiant.
Donc les dieux de la mythologie grecque sont en fait une famille qui se querelle. Et le genre de dispute qu’on entend petit entre son père et sa mère, on les lit dans la mythologie avec Zeus et Héra lorsqu’ils se disputent ou punissent les enfants. Cela va même jusqu’au fondement le plus profond de la mythologie judéo-chrétienne plus récente. Presque toute l’identité juive repose sur le fait de dire qu’on est les enfants préférés de Dieu. C’est tout. Dans toutes les familles les enfants se disputent pour ça. […] Des nations entières construisent leur identité à partir de cette histoire. »

Il explique de manière aussi simple la mythologie chrétienne. Son art de d’éclairer ce récit me fascine :

« On peut penser aussi aux théologiens chrétiens. Ils expliquent ce qu’est l’enfer. D’un côté, ils disent que les démons vous font rôtir dans le souffre et le feu pour des millions d’années.
Mais à un niveau plus profond, ils disent que l’enfer, c’est être exclu, déconnecté de Dieu. C’est ce que les enfants craignent le plus, comme tout jeune mammifère, de perdre le contact avec leurs parents. Parce que si la progéniture d’un mammifère, d’un être humain, d’un chimpanzé ou d’un dauphin, perd le contact avec sa mère ou avec ses parents, il meurt. Personne ne les nourrit, personne ne prend soin d’eux. On peut donc rapprocher toute cette mythologie chrétienne de la simple idée d’un enfant perdu qui réclame ses parents. »

Et il poursuit en montrant que ces ressorts de la mythologie chrétienne tente d’expliquer le monde, l’univers, mais que dans ce domaine, ils atteignent vite des limites. J’aime beaucoup l’ironie de Harari qui explique que les récits des humains sont motivés par le fait qu’ils sont des mammifères et que s’ils appartenaient à d’autres espèces, les mythologies devraient certainement être revues :

« En ce sens, la mythologie est très profonde émotionnellement. Mais en termes de compréhension de l’univers, elle a quelque chose de très superficiel. En effet, elle ne fait que prendre nos scénarios biologiques déterminés par l’évolution, ces histoires d’enfants et de familles, d’amitiés et les amplifie jusqu’à penser : l’univers entier fonctionne comme ma famille. L’univers entier fonctionne comme notre village.
Mais les choses comme la mécanique quantique contredisent cela. Il y a certains morceaux de l’univers, comme la vie biologique des mammifères, qui fonctionnent comme cela, mais ce n’est pas le cas de la majorité de l’univers.
Dès qu’on s’éloigne des mammifères, si on passe aux reptiles l’histoire est déjà totalement différente. Prenons la tortue. Vous avez cette image de la maman tortue qui sort de l’océan. Elle creuse un trou dans le sable, elle y pond ses 40 ou 50 œufs. Elle rebouche le trou, puis retourne dans l’eau, et voilà ! Voilà ce que Freud aurait à gérer s’il soignait des tortues. Parce qu’il n’y a plus aucun lien ensuite entre la mère et ses petits. Ce n’est pas un mammifère. Elle n’allaite pas ses petits, ne les protège pas, rien. […] Donc quelle serait la mythologie des tortues ?
Toute cette peur de la mythologie chrétienne celle d’être exclu par son père, n’a aucun sens pour les tortues. Et cette obsession juive du père qui nous aime plus que tous les autres, n’a aucun sens pour les tortues. »

Il rappelle aussi que ces mythologies sont très présentes dans les conflits d’aujourd’hui et nous savons que lorsque les religions entrent dans les guerres, c’est rarement signe de paix….

« Certaines guerres actuelles, comme celle dans mon pays… La guerre entre les Israéliens et les Palestiniens est toujours alimentée par ce scénario biologique et mythologique qui veut qu’on soit les enfants préférés de Dieu. Pour les deux camps.»

La science nous laisse froid dit-il, il n’y a pas d’intrigue mais des formules mathématiques. Cela ne fait pas de belles histoires.

« Ce qui diffère chez nous des lapins et aussi des éléphants et des chimpanzés, c’est qu’avec la langue on peut créer des histoires.Nous avons une imagination incroyable,mais les scénarios de base sont toujours les mêmes. [Ils] sont toujours limités par notre biologie de mammifères.
On a donc des mythologies complexes, des poèmes, des films et des séries télé, mais quand on examine l’intrigue, elle découle en fait de la biologie. […]
et on raconte des histoires et des histoires, avec des variations, mais ce sont les mêmes intrigues basiques.
La science fonctionne en dehors de ces intrigues. La mécanique quantique n’est pas un scénario biologique. C’est tellement différent de tout ce qu’on connaît.[…]
Mais grâce aux mathématiques et aux ordinateurs, on arrive à s’en approcher d’une certaine manière. Une immense partie du monde est construite à partir de ces théories et modèles scientifiques.
Mais psychologiquement et politiquement, ils nous laissent complètement froids.
Il est très difficile d’inciter des gens à faire quoi que ce soit en leur disant que E = MC2, ou en leur montrant des équations de mécanique quantique.»

Nos histoires, nos récits peuvent être dévoyées et source d’aveuglement et de conflits. Il cite Poutine et aussi le conflit en terre d’Israël et de Palestine.

« Si on vous nourrit des mauvaises histoires, des mauvais mythes, 50 ans plus tard vous êtes Poutine. Cela peut mener à la mort et à la souffrance de millions de gens. Tout commence dans la tête. […]
On croit que les hommes se battent pour les mêmes raisons que les lapins et les chimpanzés, c’est à dire la nourriture ou le territoire. Mais ce n’est presque jamais le cas. […]
Dans le cas de mon pays, le conflit israélo-palestinien n’est pas lié au territoire. Il y a assez de terre entre la Méditerranée et la Jordanie pour construire des maisons et des écoles pour tous. Ce n’est pas lié à la nourriture. Il y en a assez. Il y a assez d’eau, d’énergie…
Mais les gens croient à des fantasmes, à des mythes, à des histoires qui sont incompatibles. Les deux camps le disent : Dieu nous a donné cette terre. On ne peut pas faire de compromis avec l’amour de Dieu. Pas de compromis avec les dons de Dieu.»

La science a du mal à être contée. Harari tente de le faire, certains s’en offusquent et lui reproche de prendre quelques fantaisies avec la rigueur scientifique. Lui explique qu’il tente pourtant de le faire parce qu’il sait combien le récit est important pour  arriver à toucher le cœur et l’imagination des humains. Parler d’immigration est beaucoup plus simple, l’immigration mobilise tout de suite des récits archaïques qui font bouger les gens.

«Le grand problème de la science c’est que ce n’est pas une bonne conteuse. Ce sont les histoires qui motivent les gens à agir, pas les faits.
Quels sont les problèmes qui préoccupent les électeurs, aux États-Unis, en Europe et ailleurs dans le monde ? L’immigration est l’un des sujets qui arrivent en tête partout alors que beaucoup de gens nient le changement climatique. L’attrait pour l’immigration résulte d’un scénario biologique.
Un scénario selon lequel nous vivons dans une tribu et nous voyons quelqu’un d’une autre tribu arriver sur notre territoire. C’est quelque chose que les chimpanzés connaissent, tout comme les loups, les lapins …
Regardez ces lapins bizarres qui viennent manger notre herbe !.
Ils comprennent ça. C’est très profond. »

Je redonne le lien vers cet entretien qui est beaucoup plus riche que les quelques éléments que j’en ai tirés pour ce mot du jour : « Un livre pour ma vie : Yuval Noah Harari »

 

 

Jeudi 1 mai 2025

« Même après 100 jours au pouvoir, ce n’est pas de sa faute. C’est Biden. »
Propos de Donald Trump rapporté par Philippe Corbé

Philippe Corbé, nouveau directeur de l’information de France Inter, écrit depuis le retour de Trump à la présidence un billet bi-hebdomadaire réservé à ses abonnés, plein d’informations sur les Etats-Unis d’aujourd’hui.

Il a appelé cela « Zeitgeist » ce qui signifie en allemand « l’esprit du temps ». Il parait que c’est un terme couramment utilisé aux Etats-Unis. Dans son dernier opuscule qu’il a titré : « Le patriotisme des poupées ». Il montre l’Ubu de Washington dans toute sa suffisance et son mépris des faits. Il écrit :

« Même après 100 jours au pouvoir, ce n’est pas de sa faute. C’est Biden. »

Rappelons les faits : le département du Commerce a annoncé que le PIB a chuté à -0,3 % au premier trimestre, en rythme annualisé. Un net ralentissement par rapport au taux de + 2,4 % du quatrième trimestre, et bien pire que les + 0,8 % anticipés par les économistes. Selon les analystes c’est pire que prévu.

Un dessin valant mieux qu’un long discours, Corbé publie ce schéma qui montre l’évolution du PIB par trimestre depuis début 2021 qui correspond au début du mandat de Biden.

Tout le monde s’accorde à expliquer que ce recul vient des investisseurs qui s’inquiètent du chaos tarifaire relancé par la Maison-Blanche, avec des droits de douane qui perturbent consommateurs et entreprises.

Quand ces chiffres ont été annoncés sur Fox Business, la chaîne de télévision que regarde Trump, ce dernier a posté :

« C’est la bourse de Biden, pas de Trump. Je n’ai pris mes fonctions que le 20 janvier. (…) »

Et il a continué en abusant des majuscules

« Notre pays va exploser (dans le bon sens), mais nous devons nous débarrasser du “poids mort” laissé par Biden. Cela prendra du temps, ÇA N’A RIEN À VOIR AVEC LES TARIFS DOUANIERS, seulement avec les mauvais chiffres qu’il nous a laissés. Mais quand le boom commencera, ce sera du jamais vu. SOYEZ PATIENTS !!! »

Lors d’une réunion de cabinet quelques heures plus tard, il a réaffirmé son accusation :

« Ça, c’est Biden, pas Trump. »

Et Philippe Corbé de rappeler que le 29 janvier 2024, près d’un an avant de revenir à la Maison-Blanche, alors que Wall Street affichait des résultats éclatants, le même menteur patenté écrivait :

« C’EST LA BOURSE DE TRUMP PARCE QUE MES SONDAGES CONTRE BIDEN SONT TELLEMENT BONS QUE LES INVESTISSEURS PRÉVOIENT QUE JE VAIS GAGNER, ET CELA FERA MONTER LE MARCHÉ. »

Les majuscules sont de Trump !

Il me semble qu’il est inutile de commenter, le verbatim Trumpien suffit à lui-même.

Pour le complément, Philippe Corbé raconte une interview de Trump avec un journaliste auquel il répond au milieu de l’échange, pour l’intimider :

« C’est moi qui vous ai choisi. C’est vous qui faites l’entretien. Je n’avais jamais entendu parler de vous. Mais vous n’êtes pas très sympa. ».

Lors du premier mandat de Trump, un journaliste a demandé : « Pourquoi certains Britanniques n’aiment pas Donald Trump ? » Nate White, un écrivain anglais a écrit cette réponse :

« Quelques choses me viennent à l’esprit :
Trump manque de certaines qualités que les Britanniques apprécient traditionnellement.
Par exemple, il n’a aucune classe, aucun charme, aucune fraîcheur, aucune crédibilité, aucune compassion, aucun esprit, aucune chaleur, aucune sagesse, aucune subtilité, aucune sensibilité, aucune conscience de soi, aucune humilité, aucun honneur et aucune grâce – autant de qualités, curieusement, dont son prédécesseur M. Obama a été généreusement doté.

Pour nous, ce contraste frappant met en évidence les limites de Trump de manière embarrassante.
De plus, nous aimons rire.
Et même si Trump est peut-être ridicule, il n’a jamais dit quoi que ce soit d’ironique, d’amusant ou même de légèrement drôle – pas une seule fois, jamais.
Je ne dis pas cela de manière rhétorique, je le pense littéralement : jamais, jamais. Et ce fait est particulièrement dérangeant pour la sensibilité britannique : pour nous, manquer d’humour est presque inhumain.

Mais avec Trump, c’est un fait. Il ne semble même pas comprendre ce qu’est une blague – pour lui, une blague est un commentaire grossier, une insulte illettrée, un acte de cruauté désinvolte.

Trump est un troll. Et comme tous les trolls, il n’est jamais drôle et ne rit jamais ; il se contente de pousser des cris de joie ou de railleries. Et ce qui est effrayant, c’est qu’il ne se contente pas de prononcer des insultes grossières et stupides : il pense réellement en les utilisant. Son esprit est un simple algorithme robotique composé de préjugés mesquins et de méchancetés instinctives.

Il n’y a jamais de sous-couche d’ironie, de complexité, de nuance ou de profondeur. Tout est superficiel. Certains Américains pourraient considérer cela comme une approche rafraîchissante et directe. Eh bien, nous ne le pensons pas. Nous le considérons comme dépourvu de monde intérieur, d’âme.

En Grande-Bretagne, nous sommes traditionnellement du côté de David, et non de Goliath. Tous nos héros sont des outsiders courageux : Robin des Bois, Dick Whittington, Oliver Twist.

Trump n’est ni courageux, ni un outsider. Il est tout le contraire. […]

Dieu sait qu’il y a toujours eu des gens stupides dans le monde, et beaucoup de gens méchants aussi. Mais rarement la bêtise a été aussi méchante, et rarement la méchanceté aussi stupide.
Il fait paraître Nixon digne de confiance et George W. intelligent. »

A la conclusion de tout cela, je crois que nous avons deux graves problèmes. Le premier est tout simplement tout le mal que fait Trump au monde, bien au delà de l’économie :  à l’écologie et à l’avenir de l’humanité sur la terre, à la science, à la culture et à l’humanisme.

Le second est que la démocratie que nous vénérons a conduit à mettre ce type à la tête des États-Unis !