Jeudi 1 mai 2025

« Même après 100 jours au pouvoir, ce n’est pas de sa faute. C’est Biden. »
Propos de Donald Trump rapporté par Philippe Corbé

Philippe Corbé, nouveau directeur de l’information de France Inter, écrit depuis le retour de Trump à la présidence un billet bi-hebdomadaire réservé à ses abonnés, plein d’informations sur les Etats-Unis d’aujourd’hui.

Il a appelé cela « Zeitgeist » ce qui signifie en allemand « l’esprit du temps ». Il parait que c’est un terme couramment utilisé aux Etats-Unis. Dans son dernier opuscule qu’il a titré : « Le patriotisme des poupées ». Il montre l’Ubu de Washington dans toute sa suffisance et son mépris des faits. Il écrit :

« Même après 100 jours au pouvoir, ce n’est pas de sa faute. C’est Biden. »

Rappelons les faits : le département du Commerce a annoncé que le PIB a chuté à -0,3 % au premier trimestre, en rythme annualisé. Un net ralentissement par rapport au taux de + 2,4 % du quatrième trimestre, et bien pire que les + 0,8 % anticipés par les économistes. Selon les analystes c’est pire que prévu.

Un dessin valant mieux qu’un long discours, Corbé publie ce schéma qui montre l’évolution du PIB par trimestre depuis début 2021 qui correspond au début du mandat de Biden.

Tout le monde s’accorde à expliquer que ce recul vient des investisseurs qui s’inquiètent du chaos tarifaire relancé par la Maison-Blanche, avec des droits de douane qui perturbent consommateurs et entreprises.

Quand ces chiffres ont été annoncés sur Fox Business, la chaîne de télévision que regarde Trump, ce dernier a posté :

« C’est la bourse de Biden, pas de Trump. Je n’ai pris mes fonctions que le 20 janvier. (…) »

Et il a continué en abusant des majuscules

« Notre pays va exploser (dans le bon sens), mais nous devons nous débarrasser du “poids mort” laissé par Biden. Cela prendra du temps, ÇA N’A RIEN À VOIR AVEC LES TARIFS DOUANIERS, seulement avec les mauvais chiffres qu’il nous a laissés. Mais quand le boom commencera, ce sera du jamais vu. SOYEZ PATIENTS !!! »

Lors d’une réunion de cabinet quelques heures plus tard, il a réaffirmé son accusation :

« Ça, c’est Biden, pas Trump. »

Et Philippe Corbé de rappeler que le 29 janvier 2024, près d’un an avant de revenir à la Maison-Blanche, alors que Wall Street affichait des résultats éclatants, le même menteur patenté écrivait :

« C’EST LA BOURSE DE TRUMP PARCE QUE MES SONDAGES CONTRE BIDEN SONT TELLEMENT BONS QUE LES INVESTISSEURS PRÉVOIENT QUE JE VAIS GAGNER, ET CELA FERA MONTER LE MARCHÉ. »

Les majuscules sont de Trump !

Il me semble qu’il est inutile de commenter, le verbatim Trumpien suffit à lui-même.

Pour le complément, Philippe Corbé raconte une interview de Trump avec un journaliste auquel il répond au milieu de l’échange, pour l’intimider :

« C’est moi qui vous ai choisi. C’est vous qui faites l’entretien. Je n’avais jamais entendu parler de vous. Mais vous n’êtes pas très sympa. ».

Lors du premier mandat de Trump, un journaliste a demandé : « Pourquoi certains Britanniques n’aiment pas Donald Trump ? » Nate White, un écrivain anglais a écrit cette réponse :

« Quelques choses me viennent à l’esprit :
Trump manque de certaines qualités que les Britanniques apprécient traditionnellement.
Par exemple, il n’a aucune classe, aucun charme, aucune fraîcheur, aucune crédibilité, aucune compassion, aucun esprit, aucune chaleur, aucune sagesse, aucune subtilité, aucune sensibilité, aucune conscience de soi, aucune humilité, aucun honneur et aucune grâce – autant de qualités, curieusement, dont son prédécesseur M. Obama a été généreusement doté.

Pour nous, ce contraste frappant met en évidence les limites de Trump de manière embarrassante.
De plus, nous aimons rire.
Et même si Trump est peut-être ridicule, il n’a jamais dit quoi que ce soit d’ironique, d’amusant ou même de légèrement drôle – pas une seule fois, jamais.
Je ne dis pas cela de manière rhétorique, je le pense littéralement : jamais, jamais. Et ce fait est particulièrement dérangeant pour la sensibilité britannique : pour nous, manquer d’humour est presque inhumain.

Mais avec Trump, c’est un fait. Il ne semble même pas comprendre ce qu’est une blague – pour lui, une blague est un commentaire grossier, une insulte illettrée, un acte de cruauté désinvolte.

Trump est un troll. Et comme tous les trolls, il n’est jamais drôle et ne rit jamais ; il se contente de pousser des cris de joie ou de railleries. Et ce qui est effrayant, c’est qu’il ne se contente pas de prononcer des insultes grossières et stupides : il pense réellement en les utilisant. Son esprit est un simple algorithme robotique composé de préjugés mesquins et de méchancetés instinctives.

Il n’y a jamais de sous-couche d’ironie, de complexité, de nuance ou de profondeur. Tout est superficiel. Certains Américains pourraient considérer cela comme une approche rafraîchissante et directe. Eh bien, nous ne le pensons pas. Nous le considérons comme dépourvu de monde intérieur, d’âme.

En Grande-Bretagne, nous sommes traditionnellement du côté de David, et non de Goliath. Tous nos héros sont des outsiders courageux : Robin des Bois, Dick Whittington, Oliver Twist.

Trump n’est ni courageux, ni un outsider. Il est tout le contraire. […]

Dieu sait qu’il y a toujours eu des gens stupides dans le monde, et beaucoup de gens méchants aussi. Mais rarement la bêtise a été aussi méchante, et rarement la méchanceté aussi stupide.
Il fait paraître Nixon digne de confiance et George W. intelligent. »

A la conclusion de tout cela, je crois que nous avons deux graves problèmes. Le premier est tout simplement tout le mal que fait Trump au monde, bien au delà de l’économie :  à l’écologie et à l’avenir de l’humanité sur la terre, à la science, à la culture et à l’humanisme.

Le second est que la démocratie que nous vénérons a conduit à mettre ce type à la tête des États-Unis !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *