Lundi 18 novembre 2024

«N’importe qui ! Même un affabulateur, un menteur, un escroc, un violeur ! Tout sauf une femme !»
Une invitée d’une émission consacrée à l’élection de Donald Trump comme 47ème président des États-Unis

Le monde est tellement compliqué que l’ambition de le comprendre est peut être hors de notre portée. J’ai renoncé à conserver en exergue de mon blog cette phrase que Guillaume Erner avait prononcée lors de la première matinale de France Culture qu’il avait animée : « Comprendre le monde c’est déjà le transformer ».

Il faut probablement être beaucoup plus humble. A ce stade, la parole de sagesse de Rachid Benzine écrite dans son livre « Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ? » semble plus appropriée à la situation : « Le contraire du savoir, ce n’est pas l’ignorance mais les certitudes. »

L’ignorance, dans la mesure où elle est comprise et intégrée, constitue une connaissance précieuse : je sais que je ne sais pas. Dans l’Apologie de Socrate, Platon a rapporté ce propos de son maître en philosophie : « Ce que je ne sais pas, je ne pense pas non plus le savoir ! »

Dans son expression publique, Donald Trump semble très éloigné de cette connaissance.

Comment dialoguer avec quelqu’un qui est figé dans ses certitudes ?

Comment vivre en démocratie et organiser le dissensus entre citoyens avec des gens pétris de certitudes ? Je n’ai pas la réponse à cette question.

Donald Trump et ses partisans sont dans cette dérive. Lui qui considère que le réchauffement climatique est une blague. En 2020, visitant la Californie, ravagée par des incendies violents et meurtriers, Donal Trump a nié l’impact du changement climatique sur les phénomènes d’incendies et a déclaré :

« Ça finira par se refroidir, vous verrez. »

Lorsqu’un responsable local de l’agence de protection des ressources naturelles de Californie, à Sacramento lui répond : « J’aimerais que la science dise cela » le président a rétorqué :

« Je ne pense pas que la science sache vraiment. »

Nous sommes entrés dans un monde où la vérité est une opinion parmi d’autre et où un homme, sans étude scientifique,  se croit autorisé de contester l’avis de professeurs spécialisés dans le domaine où ils interviennent.

En 2024, Donald Trump persiste et a inventé un slogan qu’il a entonné à de multiples reprises au cours de sa campagne, et qu’il a encore répété lors de son discours de victoire :

« Drill, baby, drill ! » (« Fore, bébé, fore »).


Dans un article du « Nouvel Obs » nous pouvons lire :

« « On va forer [du pétrole] comme des malades ! », a promis le magnat aux électeurs américains. « Nous avons plus d’or liquide que n’importe quel pays dans le monde. Plus que l’Arabie saoudite ou la Russie », s’est-il encore félicité dans son discours de victoire, en référence au pétrole et au gaz. « Pendant la campagne, il n’a eu de cesse de dire qu’il fallait “réparer l’économie américaine” en offrant l’énergie la moins chère du monde, et donc en accélérant notamment la fragmentation hydraulique en vue de produire des gaz de schistes », observe Pierre Blanc, professeur à Sciences-Po Bordeaux et Bordeaux Sciences Agro. »

Deux documentaires, d’une heure chacun, publiés par Public Sénat montre ce que fut la première présidence de Donald Trump par celles et ceux qui l’ont vécu au plus près « America First, partie 1 – L’Europe doit payer » et « America First, partie 2 – L’ennemi au Moyen-Orient ». C’est affligeant ! Affligeant dans la prise de décision, dans l’argumentation pour répondre aux partenaires, dans le manque de maîtrise des dossiers et des procédures. Pourquoi Donal Trump a t’il à nouveau gagné, jusqu’au vote populaire ?  :

Beaucoup d’analyses ont considéré que le triomphe de Trump était avant tout économique : C’est le pouvoir d’achat des américains dans leur quotidien et aussi pour leur achat de logement qui s’est dégradé pendant la présidence Biden. Tous les économistes nous racontaient que la politique économique de Biden était remarquable. Je prends pour exemple cet article du Monde : « America is back » :

« A huit mois de l’élection présidentielle, le tableau économique est reluisant. […] le chômage est au plus bas ou presque avec un taux de 3,7 % de la population active ; les salaires réels augmentent, notamment au bas de l’échelle ; le pays produit plus de pétrole que jamais, finance un immense plan d’investissement dans l’énergie et les microprocesseurs, et se lance à corps perdu dans l’intelligence artificielle, ce qui fait s’envoler Wall Street. Plus personne ne parle de stagnation séculaire comme dans les années 2010, tandis que le mot « Rust Belt », ceinture de la rouille, nommant les Etats désindustrialisés ayant fait l’élection de Donald Trump en 2016, a disparu des journaux. Premier constat, l’Amérique redevient plus industrielle. Donald Trump en avait rêvé, Joe Biden l’a fait. »

L’article du Monde évoquait bien l’inflation mais pour souligner que Biden était arrivé à la faire diminuer lors des derniers mois. Il semble que nombre d’électeurs américains ont eu une vision différente. Ce décalage arrive quand on donne trop d’importance aux chiffres macroéconomiques et aux moyennes et qu’on ne regarde pas la vie réelle des gens.

D’autres analyses ont insisté sur le sujet de l’immigration qui a déferlé sans maîtrise sur les Etats-Unis pendant la présidence Biden. Enfin d’autres ont considéré que le vote Trump était aussi un vote anti woke qui était défendu par l’aile gauche du Parti démocrate. Probablement qu’il est nécessaire de convoquer toutes ces causes pour expliquer l’élection de cet histrion dangereux qu’est Donald Trump. Mais Thomas Snégoroff y a ajouté une supplémentaire : le masculinisme.

Et lors d’une des nombreuses émissions que j’ai écoutées depuis le 5 novembre, j’ai entendu une intervenante tenir ces propos « N’importe qui ! Même un affabulateur, un menteur, un escroc, un violeur ! Tout sauf une femme !».

Force est de constater que Trump a perdu une fois contre un homme et a gagné deux fois, chaque fois, contre une femme.

Quand on compare le résultat des démocrates sur 4 ans Kamela Harris a perdu 7,5 millions d’électeurs par rapport à Biden. Et puis le vote des hommes hispaniques a progressé de 18 % en faveur de Trump entre 2020 et 2024. Cette population réputée plus conservatrice peut aussi apparaître comme un signe de ce vote « genré ».

Mais c’est dans l’émission « C Politique » de France 5 du dimanche 17 novembre que cet aspect du vote du 5 novembre a été le mieux contextualisé. Elon Musk est un libertarien, mais l’intellectuel qui l’influence est Peter Thiel, fondateur de Paypal et lui soutient Donal Trump depuis sa première candidature en 2016. Il est aussi l’inspirateur déclaré de Cyrus Vance le vice Président élu. Or cet homme a écrit qu’il ne croyait plus en la démocratie depuis que les femmes avaient obtenu le droit de vote. C’est aussi écrit sur sa page Wikipedia.

J’ai trouvé sur le site le « Grand Continent » une page consacrée aux écrits de cet homme né en 1967 à Frankfort sur le Main et sur laquelle on peut lire :

« Je ne crois plus désormais que la liberté et la démocratie sont compatibles. […] Les années 1920 furent la dernière décennie dans l’histoire américaine où l’on pouvait être parfaitement optimiste à propos de la politique. Depuis 1920, l’augmentation considérable des bénéficiaires de l’aide sociale et l’extension du droit de vote aux femmes – deux coups notoirement durs pour les libertariens – ont fait de la notion de « démocratie capitaliste » un oxymore. »


C’est à la fois extrêmement inquiétant pour la démocratie et bien sûr une attaque en règle contre les femmes. Il me semble donc qu’il ne faut pas sous estimer cette dimension du vote Trump : surtout pas une femme !

Mardi 5 novembre 2024

« Trump n’est que le symptôme d’une crise plus profonde »
Gérard Araud

Nous sommes le mardi qui suit le premier lundi de novembre, quatre ans après la dernière élection présidentielle américaine.
Ce jour-là a lieu la nouvelle élection présidentielle américaine. Il est plus juste de dire que c’est le dernier jour de l’élection puisque nombre d’américains ont déjà voté par anticipation. En effet, sur les quelque 244 millions d’Américains appelés aux urnes pour l’élection présidentielle, 78 millions, soit 31,9 %, avaient déjà voté de manière anticipée à la date du 3 novembre, selon les données de l’université de Floride. Le vote par anticipation – qu’il soit en personne ou par correspondance – permet aux Américains d’exprimer leur suffrage plus tôt. Cette option est valable dans tous les États du pays, mais la date d’ouverture du vote anticipé varie beaucoup d’un État à l’autre : il peut débuter jusqu’à cinquante jours avant l’élection, ou seulement cinq jours avant.

Cela peut paraître curieux, pour nous français qui avons l’habitude de voter le dimanche, de fixer le jour officiel de l’élection, un mardi.

Cela montre toute la différence entre la France laïque et les Etats-Unis otages des bondieuseries. Car le dimanche est le jour sacré des chrétiens, il ne saurait être question pour les américains croyants de « souiller » ce jour dédié à dieu pour une simple raison profane d’organisation du pouvoir terrestre. Alors qu’en France, notre révolution a conduit à considérer « sacré » la République. Nous avons donc pris, sans vergogne, le jour sacré des religieux pour organiser le vote qui se déroule dans les locaux de notre temple sacré : « L’école ».

Mais « Ouest France » nous en dit davantage sur ce mardi de l’élection.

La toute première élection présidentielle américaine se tient le 7 janvier 1789, un mercredi. Ce jour-là, les grands électeurs se réunissent pour désigner le président George Washington. Trois ans après, en 1792, une loi est votée pour fixer officiellement les règles de l’Election Day. Elle prévoit que la réunion des grands électeurs prenne place aussi le mercredi, mais cette fois-ci le premier de décembre.

Les différents États doivent alors élire leurs représentants dans les 34 jours avant cette date.
Les élections se déroulent donc en novembre, comme aujourd’hui. Et pour une raison purement pratique : à cette période, les moissons sont terminées, condition primordiale dans la société rurale de l’époque. Autre raison : cette période précède les tempêtes hivernales du Nord-Est des États-Unis, qui auraient empêché certains électeurs de se déplacer.

Un problème se pose cependant : comme chaque État vote à un moment différent, les résultats des voisins commencent à influencer les électeurs, à mesure que les moyens de communication se développent. Une date unique est donc instituée en 1845 : le mardi suivant le premier lundi de novembre.

Pourquoi un mardi ? Car contrairement à la France, il est hors de question que le jour du seigneur des chrétiens, le dimanche, soit perturbé. On écarte donc le dimanche, mais aussi le lundi, car cela aurait contraint certaines personnes à voyager le dimanche pour voter à temps. Le vote officiel des grands électeurs a pour sa part toujours lieu en décembre. Aujourd’hui, c’est donc toujours cette même règle qui est appliquée. Les électeurs se rendent aux urnes un mardi, entre le 2 et le 8 novembre, selon les années.

Nous savons que les américains n’élisent pas directement leur président mais élisent des Grands électeurs disposant d’un mandat impératif les obligeant à voter, lors de la réunion du collège des grands électeurs, pour le candidat dont ils ont porté les couleurs.
J’ai tenté d’expliquer ce mécanisme lors d’un mot du jour qui faisait une analyse assez détaillée de l’élection précédente dans laquelle Biden avait battu Trump : « Des chiffres et des électeurs. ».
Je rappelle les points saillants de cette analyse assez dérangeante :

  • L’affirmation péremptoire que Biden a battu nettement Trump au vote populaire se heurte à la réalité que cet écart s’explique par le vote de deux Etats : la Californie et de New York. En effet ces deux états cumulés représentaient un avantage pour Biden de 7 096 598 voix, c’est-à-dire un nombre de voix supérieur à la différence observée au niveau national.
  • Si on élargit un peu la focale à 6 Etats en ajoutant aux deux premiers l’Illinois (Chicago), le Massachusetts (Boston), le Maryland (Baltimore) et aussi le District of Columbia qui même si la démographie en est plus modeste, présente la particularité d’abriter la capitale : Washington, l’avantage pour Biden monte à 10,5 millions d’électeurs.
  • Ces 6 Etats représentent 25% des électeurs américains, dès lors, l’ensemble des 44 autres Etats qui représentent donc 75% des électeurs ont voté pour Trump et lui ont donné un avantage de 3,5 millions d’électeurs pour un score relatif de 51,5% à 48,5%.
  • Enfin concernant les grands électeurs, j’ai pu démontrer que l’inversion du vote de 21 459 électeurs de Biden vers Trump, c’est-à-dire 0,014% du corps électoral, aurait conduit à un match nul 269 grands électeurs chacun.

Je finissais cet article sur la question de savoir comment expliquer qu’autant d’américains aient voté pour Trump bien qu’ils l’ait vu à l’œuvre pendant 4 ans.

J’osais cette nuance : L’explication simpliste est que 74 000 000 d’américains sont des extrémistes ou des ignorants. La réalité est certainement plus complexe.

Nous sommes 4 ans plus tard, Trump a incité certains de ses partisans à monter à l’assaut du Capitole dans une insurrection qui a stupéfié le monde, il a été condamné pour des faits dans lesquels il montre une attitude qui devrait horrifier tous les évangélistes qui votent pour lui, c’est-à-dire 50% de ses électeurs, il est poursuivi pour d’autres délits, pendant toute la campagne il a tenu des propos d’une violence, d’un esprit de vengeance, d’une volonté de s’attaquer aux institutions démocratiques (« je serais dictateur une journée », « après vous n’aurez plus besoin de voter »), des documents sérieux montrent ses liens étroits et surprenants avec la Russie de Poutine …

Et pourtant, il est tout à fait possible qu’il redevienne Président des Etats-Unis. A celles et ceux qui s’interrogent s’il pourra briguer un nouveau mandat dans 4 ans, la réponse est négative. Seuls deux mandats sont tolérés, ils peuvent être successifs ou disjoints.
Comment expliquer cela ?

Gérard Araud, ancien ambassadeur de France à Washington expliquait déjà en 2021 : dans un article de 2021 : «Trump n’est que le symptôme d’une crise plus profonde». Il existe un malaise au sein de la classe moyenne américaine :  .

« Le génie [de Trump] a été de comprendre en 2016 l’existence d’un malaise américain que personne n’avait vu venir, car les résultats macro-économiques à la fin du mandat d’Obama étaient bons. Il a su parler aux oubliés, et son génie fut aussi d’arriver à continuer à être leur voix durant son mandat sans être récupéré par les républicains «classiques» qui pensaient pouvoir le manipuler. Cette rébellion est toujours là, et restera. »

Il faut comprendre que la démocratie libérale n’est possible que s’il existe une grande classe moyenne qui la fait vivre et qui est content de son sort ou au moins a l’espoir raisonnable que son avenir et celui de leur enfants seront meilleurs :

« Il y a deux cause possibles à cette rébellion . La première est économique. En effet, si quarante ans de néolibéralisme auront permis aux pays émergents de sortir de la pauvreté, les classes moyennes inférieures ainsi que la classe ouvrière des sociétés occidentales auront vu leur niveau de vie stagner, voire diminuer. Ce phénomène a provoqué une hausse du chômage et un accroissement des inégalités. Ce n’est pas un hasard si la révolte touche particulièrement le Midwest où le chômage, lié à la désindustrialisation, est fort. » .

La mondialisation et le libre échange ont eu des conséquences sur les classes moyennes occidentales non réfléchies par les élites qui ne voyaient que « la mondialisation heureuse ». Ce déclassement économique est certainement premier dans le malaise.

« La seconde est identitaire. La majorité des électeurs de Trump sont des hommes blancs ; plus de 60 % des hommes blancs ont voté pour lui. Sur fond de changement démographiques, l’Amérique blanche sent qu’elle perd le pouvoir. De ce point de vue, le trumpisme peut apparaître comme le baroud d’honneur de cette Amérique-là. » .

Il me semble qu’il existe une autre dimension que Gérard Araud n’aborde pas: c’est le recul de l’hégémonie occidentale sur les affaires du monde. Un monde qui conteste de plus en plus le leadership américain.

Probablement de manière assez confuse, car les américains moyens ne sont pas connus pour leur vision géopolitique, mais le fait que l’homme occidental soit contesté dans le monde est certainement aussi un élément du malaise. A cela s’ajoute, aux États-Unis, une immigration massive non régulée, non accueillie qui heurtent profondément les américains qui voient des tentes et des squats s’installer de plus en plus nombreux dans leurs villes.

Enfin, il y a aussi, à l’intérieur de la société, des fractures sociétales provoquées par des démocrates délaissant les intérêts et les valeurs  de la classe moyenne pour entrer dans un progressisme de plus en plus rapide, intolérant à ceux qui pensent différemment pour s’abimer dans le communautarisme, dans des luttes sectorielles où chaque particularité est mis en avant : .

« Les démocrates de leur côté n’utilisaient pas de message national, ils demandaient, pour simplifier aux noirs de voter pour leur camp simplement en raison de leur couleur de peau ! Cela n’a pas vraiment changé. Quand on regarde leur vision de la constitution du gouvernement américain, nous avons l’impression que c’est une répartition avec deux noirs, deux latinos, six femmes et un gay. C’est d’ailleurs présenté comme cela dans la presse. On peut se demander quel est le message national des Démocrates… Les démocrates ne voient plus les citoyens américains qu’à travers leurs identités. La «cancel culture» dans les universités, même si elle reste extrêmement minoritaire, exacerbe ce phénomène. S’il y a un bon exemple des erreurs des Démocrates, c’est la question des transgenres. Si l’on doit le respect à ces derniers, ils ne représentent qu’une infime minorité de la population. En faire un sujet national n’était sans doute pas un bon calcul. » .

Et maintenant, on constate que des latinos et des noirs, surtout les hommes, commencent à voter de plus en plus pour Trump. Je pense que des évolutions sociétales que la Gauche démocrate défend avec ce sentiment d’un combat du bien contre le mal heurtent profondément le conservatisme de ces populations pour qui tout cela va trop vite et trop loin. Trump a su avec ruse et intuition capter ce malaise pour nourrir sa quête du pouvoir. Désormais, pour des raisons électorales il est allé jusqu’à flatter les franges les plus réactionnaires de son électorat qui sont anti-avortement, anti-LGBT, anti-féministe. Ces minorités ne pourraient pas imposer ainsi leurs idées, s’il n’existait pas dans une plus large partie de la population les malaises économiques, les malaises identitaires et les malaises sociétaux .

Je pense qu’en Europe et en France nous sommes sur la même voie, d’un malaise profond de la société auquel prétendent répondre des forces illibérales, des extrêmes droite contre lesquelles la gauche largement dans le déni des problèmes qui se posent, n’a comme seule réponse la diabolisation de l’adversaire et la fuite en avant.

Quand il y a un terrain fertile, des Trump peuvent pousser.

Vendredi 12 juillet 2024

« Gagner »
Comment gagner ?

Qui gagne ?

Qui perd ?

Jean-Luc Melenchon affirme que le Nouveau Front populaire a gagné et, qu’à l’intérieur du NFP, son parti a gagné .

Il en conclut que c’est au sein du parti le plus à gauche de l’échiquier politique qu’il faut désigner le premier ministre. Et avec tout cela, il veut appliquer son programme, tout son programme.
La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet s’insurge 

« Emmanuel Macron veut nous voler la victoire ! ».

D’autres pensent que c’est le Rassemblement National qui a gagné.
D’abord au premier tour comme au second, c’est ce bloc d’extrême droite qui a a obtenu le plus de voix.
Ensuite à l’intérieur de l’hémicycle, si on s’intéresse aux groupes politiques, c’est à dire aux députés qui ont suffisamment de convergence pour accepter de siéger dans un ensemble homogène et identifié au Parlement, le RN est nettement le premier groupe.
En outre,  sa progression entre la législature précédente et celle d’aujourd’hui est la plus importante de toutes les formations.

Il existe aussi des hommes politiques comme Bruno Retailleau  qui prétendent que c’est « la Droite » qui a gagné et qu’il est impossible de nommer un premier ministre de gauche :

« Notre pays est majoritairement à droite ! »

Personne ne s’aventure à dire qu’Ensemble, les formations politiques qui, avant la dissolution, formaient la majorité présidentielle,  a gagné. Il y a des limites à l’outrance. Toutefois, le président de la république pour quelques mois encore, au maximum 34, a écrit une lettre le 10 juillet, dans laquelle on trouve cette phrase :

« Personne ne l’a emporté. »

Et, avec tous ces braves gens comment est-il possible de gouverner la France ?

Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean-Luc Melenchon et quelques autres sont fondamentalement des autocrates, des bonapartistes, non des démocrates.
Il considère qu’il faut un processus de désignation d’un vainqueur, selon des méthodes quelconques.

Le fait que des électeurs votent pour leur parti pour éviter une catastrophe plus grande, sans partager leurs options politiques fait partie de ces méthodes. Une fois « ce truc de prestidigitateur » ayant donné un résultat, celui qui est premier pense pouvoir gouverner à sa guise, sans tenir compte des autres. Les institutions de la cinquième république donne d’ailleurs quelques outils pour ce faire.

Dans sa lettre du 10 juillet, Emmanuel Macron, exprime des réticences par rapport à cette méthode. Le problème c’est qu’il l’a appliquée depuis 2022, alors que lui aussi n’avait pas gagné les législatives, sa majorité présidentielle était seulement le groupe le plus important de l’Assemblée.

Que ferait des démocrates ?

Les différents groupes se réuniraient pour discuter d’un programme. Non pas pour choisir dans une liste de distribution de gratification,  mais pour répondre à  des questions :

  • Comment envisagez vous la dette de la France ?
  • Que pensez vous qu’on puisse faire pour le pouvoir d’achat des français ?
  • Quel est votre plan pour affronter le défi climatique et écologique ?
  • Quel est votre plan énergétique, sur les énergies renouvelables, sur le nucléaire ?
  • Que pensez vous faire pour la réindustrialisation de la France et l’attractivité du territoire ?
  • Quelle est votre politique européenne ?
  • Quelle est votre position sur la guerre en Ukraine ? et à Gaza ? Quelle est votre position sur le budget de la défense ? Quelle est votre vision par rapport à l’OTAN ?
  • Que proposez vous pour diminuer les tensions à l’intérieur de la société française ? Comment peut on rendre l’immigration compatible avec les craintes des français ? Quelle est votre modèle républicain et votre conception de la laïcité ?
  • Quelle est votre position sur la demande de sécurité des français ?
  • Considérez vous qu’il existe un sujet d’insécurité culturelle des français ou cette question est-elle en dehors de votre analyse ?

On pourrait continuer et notamment parler du scrutin proportionnel qui constitue, dans l’état actuel des choses, une arme efficace contre les autocrates.

Qui a gagné ? Qui a perdu ?

Peut être faut il poser la question autrement comment gagne t’on vraiment ?

Et comment perd t’on dignement. ?

Pour donner une piste, je voudrai évoquer un épisode sportif.

Le 2 décembre 2012, une épreuve de cross-country se déroulait à Burlada, en Espagne.

Le premier de la course, le Kenyan Abel Mutai (médaillé de bronze du 3 000m steeple cet été aux JO de Londres), s’apprête à remporter la course. Pensant avoir franchi la ligne, il coupe sa foulée et regarde son chronomètre… Seulement, il s’est trompé, et la ligne d’arrivée réelle est à quelques dizaines de mètres.

Derrière lui, l’Espagnol Ivan Fernandez Anaya arrive en pleine lancée. Il s’aperçoit immédiatement de la méprise de Mutai, et lui fait signe que la ligne est plus loin. Il essaye de dire  au Kenyan de continuer à courir.

Mutai ne connaissait pas l’espagnol et ne comprenait pas. Alors Fernandez a poussé Mutai à la victoire. A ceux qui lui ont demandé pourquoi il a fait cela, Ivan Fernandez Anaya a déclaré qu’il ne méritait pas de gagner, car il n’aurait jamais pu rattraper Abel Mutai sans son erreur.

Ivan Fernandez Anaya, 24 ans, a été champion d’Espagne espoirs du 5 000 mètres en 2010.

On trouve sur les réseaux sociaux cette belle histoire avec des photos erronées ou des réflexions pleines de sagesse qui aurait été prononcées par l’espagnol et qui ne sont pas exactes.

L’histoire montre simplement un homme qui a une éthique et qui se pose la question : Comment gagne- t-on ? Je crois que c’est une bonne question.

Lundi 8 juillet 2024

« La Gauche est très minoritaire dans le pays ! »
Des chiffres et une analyse factuelle

Certains propos de hier soir ont profondément irrité mon âme démocrate.

Si je me suis réjouis que les citoyens français ont une nouvelle fois, et j’espère que ce ne sera pas la dernière, repoussé la menace de l’arrivée au pouvoir de gens xénophobes, illibéraux et incompétents, il n’est pas décent que des hommes politiques qui combattent cette menace plongent dans la démagogie et le déni.

Quand Jean-Luc Melenchon affirme que son camp a gagné et que le seul choix est d’appliquer son programme, tout son programme et rien que son programme il tient des propos hors sol et dangereux pour la démocratie, parce qu’il ne tient pas compte des autres électeurs.

Revenons simplement à ce qui s’est passé lors de ces deux tours d’élections législatives qui ont permis d’élire une Assemblée nationale dont la durée de vie se situe entre 1 et 5 ans. Et n’oublions pas qu’il ne s’agit pas d’un jeu mais de gouverner notre vieux pays qui est menacé par la guerre, par les dettes, par le défi climatique, par la détresse sociale, par l’insécurité physique et culturelle.

Tous les résultats se trouvent sur le site du Ministère de l’Intérieur à l’adresse suivante : <Résultats législatives 2024>

Voici d’abord le tableau des résultats du premier tour qui s’est déroulé le dimanche 30 juin 2024. J’ai ajouté une colonne regroupement, pour tenter d’inscrire tous ces mouvements politiques dans notre grammaire républicaine qui classe les tendances politiques entre l’extrême gauche et l’extrême droite. Il est nécessaire, pour une petite part, de distinguer une tendance <autre> notamment pour les divers et régionalistes.


Dès lors lorsque qu’on présente les résultats en voix selon cette typologie on obtient ce tableau. Mais visuellement, c’est par l’intermédiaire d’un graphique qu’on peut le mieux discerner l’état des forces en présence.


Dès lors, il est clair que les mouvements qui se réclament de la gauche sont nettement minoritaires dans l’électorat. Pour espérer obtenir une majorité il faudrait que ces mouvements puissent s’adjoindre, convaincre, s’allier avec la quasi l’intégralité du mouvement de centre droit, plutôt à droite de ce qui reste de la majorité présidentielle macroniste.

Il me semble que toutes les personnes raisonnables qui ont réfléchi à situation politique dans notre pays ont conclu qu’il faudrait abandonner le scrutin uninominal à deux tours qui n’est plus pratiqué qu’en France pour passer au scrutin proportionnel.

Le scrutin proportionnel a également des défauts, notamment celui d’interdire au corps électoral d’écarter un candidat dont il ne veut pas. En effet, la confection des listes étant entre les mains des dirigeants des partis politiques, les députés sont ceux qui sont choisis par ces dirigeants .

En revanche, et cela me semble la qualité essentielle de ce mode de scrutin, il ne permettra jamais à un force politique qui dispose de l’appui d’un tiers de l’électorat,  d’obtenir la majorité absolue des sièges de l’Assemblée nationale et de poursuivre une politique contraire à la volonté des deux tiers des citoyens.

En outre, ce mode de scrutin rend inutile des alliances contre nature entre des partis politiques qui sont en désaccord sur des points fondamentaux. Enfin, il rend indispensable une autre manière de conduire la politique puisqu’il induit la nécessité de coalitions après les élections. Dès lors si on avait appliqué un scrutin proportionnel aux résultats du premier tour, en prenant comme règle que seuls les mouvements disposant au minimum de 5% des voix peuvent obtenir des députés, on arrive à cette assemblée :

Arrivé à ce stade, il  apparait normal de vouloir comparer l’image de cette assemblée avec celle qui est issue du second tour.

Le scrutin uninominal autorise des candidatures locales qui ne se rattachent pas formellement à un des grands partis.

En outre, des dissidents de l’un ou l’autre parti peuvent aussi obtenir le succès qui leur serait refusé dans un scrutin proportionnel.

Pour pouvoir comparer les deux assemblées, il faut évidemment faire des rapprochements que j’ai effectué ci-contre selon les classements du ministère l’intérieur qui a rangé ces députés selon une répartition gauche, droite, centre. Il reste des régionalistes divers qui sont plus difficilement classables. On constate donc que le Rassemblement national a été très défavorisé par le scrutin actuel. Il me semble très pernicieux que celles et ceux qui se réjouissent de cet effet, en raison de leur opposition radicale à ce parti, considèrent qu’il ne faut pas changer le mode de scrutin qui permet cela. Pour ma part, je n’ai pas de doute, il arrivera un jour où le RN profitera à son tour des effets pervers du scrutin uninominal à deux tours pour obtenir un nombre de sièges disproportionné par rapport à son ancrage électoral.

Hier nous avons donc vécu le second tour, car il restait 501 députés à élire. Pour certains ce fut une divine surprise. De manière factuelle voilà la répartition en voix, en siège et en pourcentage. J’ai repris les mêmes regroupements que pour le premier tour.

Nous constatons les effets déformants qu’induit ce mode de scrutin dans la distribution des sièges. Le Rassemblement national arrive encore largement en tête du scrutin avec plus de 10 millions d’électeurs, il fait mieux qu’au premier tour avec 37% des exprimés contre 33% au premier tour.

Avant de lire ces chiffres, étiez vous conscients de cette réalité ?

501 sièges étaient à distribuer. Si on ne s’intéresse qu’au trois grands blocs de cette élection, on constate que si 37% des électeurs lui ont donné leur bulletin, ils n’ont récupéré que 20,8 % des sièges. En parallèle la majorité présidentielle avec 23,15% des voix a récupéré près de 30% des sièges. Le nouveau front populaire a obtenu 25,7% des voix, si on a écouté le démagogue Melenchon, hier juste après 20:00, on avait le sentiment qu’il croyait avoir obtenu 50% des suffrages. Et si on refait un graphique des forces en présence comme pour le premier tour on obtient le schéma suivant :

Hier, La gauche n’était pas minoritaire, elle est très minoritaire. Hier soir, après que mon ancien camarade du PS, Philippe Prieto se réjouissait de la victoire de la candidate socialiste dans la circonscription où je vote, je lui écrivais ce message :

«  Il y a un peu de répit. Mais attention ce sera très compliqué. Certaines prises de position, ce soir, par des membres de NFP sont totalement hors sol. La Gauche est minoritaire en voix en France. Au premier tour elle représente à peu près 32% des exprimés. Au second tour elle pèse encore moins. Ce n’est pas avec cela qu’on applique « son programme », « tout son programme. ».
C’est le temps de l’humilité, des discussions et des compromis intelligents.
Est ce qu’il y a des hommes de gauche lucides et convaincants qui peuvent prendre ce rôle  ».

Oui, il faut de l’humilité et le sens du compromis. Sinon ce que nous redoutions reviendra en boomerang, plus fort encore.

Mercredi 3 juillet 2024

« La brutalité et la tendresse »
Inspiré par François Ruffin.

L’extrême droite c’est le mal !
J’en suis convaincu.

L’extrême gauche c’est le bien ?
J’ai des doutes.

Doute qui s’efface quand j’essaie d’écouter ce clip de rap, publié dans la nuit du 1er juillet, « No Pasaran ». Ce sont 20 strophes ou couplets qui sont alternativement psalmodiés par plusieurs rappeurs.

On commence la première strophe par Sofiane, c’est à dire Sofiane Zermani, né le 21 juillet 1986 à Saint-Denis dans le 93 : 

« La menace vient droit des cités (Ouais, ouais, pah), ma gueule, on vote contre les porcs
Jordan, t’es mort, Jordan, t’es mort ».

La seconde est confiée au rappeur Zola, de son vrai nom Aurélien N’Zuzi Zola né le 16 novembre 1999 à Évry en Essonne :

« Yeah, j’propose un octogone à Bardella
Ferme les frontières mais la dope remontera d’Marbella quand même (Quand même)
Donc, ouais, c’est pour ça qu’je les ken, donc ouais, c’est pour ça qu’j’ai la paye (Ouais, ouais) »

La troisième, Kerchak, anciennement Zolal, originaire de Bois-Colombes, est né le 19 février 2004. Il exprime les sentiments suivants :

« J’suis pas les politiciens genre j’fais pas trop le Mandela (Nan, nan)
Mais tout c’que j’sais, c’est qu’on vote pas Marine et baise la mère à Bardella (Rrrah) »

Je joins le texte intégral <No Pasaran> et je dévoile encore quelques passages fleuris :

Le rappeur Alkpote, nom de scène d’Atef Kahlaoui, né le 3 février 1981 dans le 10e arrondissement de Paris :

« J’recharge le Kalachnikov, en Louis Vuitton comme Ramzan Kadyrov (Clique, clique)
Nique l’imam Chalgoumi et ceux qui suivent le Sheitan à tout prix (Trogneux)
Marine et Marion, les putes, un coup de bâton sur ces chiennes en rut (Vlan)»

Sauf pour la dernière phrase qui devrait faire hurler toutes les féministes de droite et de gauche !!!! Il faut peut être quelques notes explicatives. Ramzan Kadyrov est le président de la Tchétchénie, alliée de Poutine il a pris le pouvoir après que les troupes russes aient massacré la population tchétchène qui voulait s’émanciper du colonialisme russe.

Ramzan Kadyrov applique dans sa république un islamisme rigoriste, il avait minimisé l’acte terroriste de son compatriote qui avait décapité Samuel Paty.

L’imam Chalgoumi est celui de Drancy qui est menacé de mort depuis des années pour ses prises de position républicaines. « Sheitan » est un mot arabe qui signifie : Satan ou démon.

J’ignore ce que vient faire le nom de Trogneux dans ce morceau de haine, nous savons que c’est le nom de naissance de l’épouse du président de la République.

Ce même rappeur continue sa logorrhée par ces propos complotistes :

« Nique tous ces députés, on sait qu’ils manipulent les statistiques (Menteurs) […]
Font du mal à nos enfants, ils veulent nous injecter une puce dans l’sang (Antéchris) »

Les francs-maçons sont aussi leurs ennemis : Strophe 8 : « Fuck ******** ******, c’est tous des francs-maçons » Strophe 13 « Espèce de franc-maçon, tu te nourris du sang qu’tu consommes Dans leurs ambassades, c’est le Sheitan qui les passionne Ouais, la France, c’est nous (C’est nous), fuck Eric Zemmour».

Quand ces personnes qui sont françaises et ont leur place en France crient, après toutes leurs invectives, « Ouais, la France, c’est nous » ils en sont au même stade d’exclusion que ceux du RN qui disent « La France, c’est nous ». Il y a alors deux France face à face, ce n’est pas ainsi qu’on fait société, et ces jeunes gens sont aussi coupables que ceux qu’ils veulent combattre.

Je trouve tout cela affligeant. Ce n’est pas ma Gauche.

Le Parisien évoque sobrement « des paroles particulièrement virulentes contre le Rassemblement national ou ses dirigeants ». Sur le site de France Info, on lit que « les rappeurs utilisent des paroles incisives pour dénoncer la montée de l’extrême droite », Le Monde est un peu plus incisif : « les mots souvent excessifs voire insultants, les propos misogynes et complotistes, au risque de brouiller leur message. »

Il faut se tourner vers l’hebdomadaire Marianne : <« No Pasaran » : le morceau indigeste et contre-productif des rappeurs qui veulent s’opposer au RN> ou Le Point <« No Pasaran » : les rappeurs du déshonneur et leurs suiveurs> pour obtenir une analyse qui parvient à trouver des mots qui me parlent, après ce déchainement de haine, de sexisme, d’islamisme et de laideur.

Dans mon éthique, il n’est pas possible de tenter de dénicher toutes les dérives extrémistes et racistes que les élus et militants du RN ont semé sur la toile et ne pas dénoncer avec autant de force ce monument de bêtise et de violence de ceux qui prétendent combattre l’extrême droite.

Je me sens beaucoup plus proche de cette injonction de François Ruffin, au moment de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron : « Il faut de la tendresse pour notre pays. » car il jugeait la réforme « brutale ».

Vendredi 28 juin 2024

« En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal. »
Nicholas Machiavel

Je n’ai pas retrouvé cette citation d’un ministre allemand qui avait dit :

« Les gens croient que mon job est de choisir entre une bonne décision et une mauvaise décision. Presque toujours je dois choisir entre une mauvaise décision et une décision pire. »

Mais je me suis souvenu de cette phrase que j’ai souvent vu attribuer à Machiavel, sans citer la source exacte.

Il me semble que c’est très juste. Je peux donner un exemple récent. L’Union européenne a augmenté les droits de douane sur les véhicules électriques chinois. <Le Monde> donne des précisions à ce sujet.

Le problème vient du fait que l’Union européenne est submergée par ces voitures chinoises et qu’il est quasi certain que les industries qui les produisent, soient largement subventionnées par l’Etat chinois. Donc bonne décision !

Mais non, mauvaise, car la Chine va répliquer :

« la viande de porc provenant de l’Union européenne est désormais dans la ligne de mire de Pékin. Une enquête antidumping sur les importations de produits porcins est au cœur d’un bras de fer commercial entre l’Europe et la Chine.
La France pourrait-elle perdre des parts de marché ?
Un éleveur de truie en Ille-et-Vilaine réalise 10 à 15% de ses ventes grâce à des exportations en Chine. Les Chinois sont en effet friands de parties du cochon qui sont peu consommées ailleurs dans le monde, comme les oreilles ou les pieds.
Une douche froide pour la filière française porcine  […]
Au total, l’an passé, la France a exporté 115 700 tonnes de viande de porc vers la Chine, soit plus de 16% de ses exportations.»

Il faudra donc arbitrer entre deux mauvaises décisions.

On pourrait dire de même pour la guerre en Ukraine, il n’y a pas de bonne décision mais une décision « entre le pire et le moindre mal.»

Il en va de même pour nous, en tant qu’électeur, ce dimanche : nous devrons choisir entre le pire et le moindre mal. La seule chose que nous devrions nous interdire, c’est de ne pas choisir.

Pour finir ces pensées de Christian Bobin :

« Il semblerait que la nuit doive s’épaissir encore un peu plus pour qu’on puisse apercevoir quelques étoiles.
Après, on verra les étoiles, par contraste.
Il faut que le noir s’accentue encore pour que les premières étoiles – les premières, ça veut dire qu’il y en aura d’autres – apparaissent.
Il est possible qu’une catastrophe économique soit une grâce, une chance.
Ça nous dessoulera, ça nous sortira d’une ivresse, de l’irréel, de l’avidité, de la consommation. Mais on n’y est pas encore »
Le Plâtrier siffleur, page 13

Mercredi 26 juin 2024

« Moi ou le chaos » et en fait « moi et le chaos »
Daniel Muraz dans le journal « Courrier Picard » du 18 juin

Et maintenant, il parle du risque de guerre civile !

En effet, dans un entretien au podcast «Génération Do It Yourself» diffusé lundi 24 juin, le président de la République a attaqué ses rivaux des «deux extrêmes», et pour ajouter à l’angoisse générale, prophétise la possibilité de la guerre civile !

Nous sommes passés de la promesse de « Moi ou le chaos » au constat du « Moi et le chaos ».

Un Président de la République ne devrait pas dire cela !

Il ne devrait pas attiser les braises mais au contraire apaiser, essayer de rassembler. Daniel Muraz écrit dans le journal « Courrier Picard » du 18 juin :

« En dramatisant les enjeux et en renvoyant caricaturalement dos-à-dos le front populaire de gauche et l’extrême droite. Face à ces « extrêmes » également diabolisées et traités de « fous », le chef de l’extrême centre en a appelé à créer ce « bloc central » qu’il n’a jamais réussi à construire depuis deux ans.
Quant au projet politique, rien de neuf. Bref, c’est juste « moi ou le chaos ». Et en fait « moi et le chaos ».
Chaos sinon créé, du moins accentué par sa dissolution. Chaos évident à droite chez les Républicains. Chaos à gauche ou les rancœurs réapparaissent. Une clarification politique répondrait certes l’Élysée. Mais chaos aussi au sein d’une ex-majorité présidentielle déboussolée, qui a subi deux ans éprouvants à l’Assemblée et qui se voit contrainte de repartir au front dans la pire des situations, avec un RN au plus haut et une gauche qui, déjouant les espérances élyséennes des « gauches irréconciliables », est quand même parvenue à afficher son unité.
Image chaotique encore renvoyée à l’étranger, notamment aux partenaires européens, affaiblissant le poids de la France dans les négociations qui s’ouvrent à Bruxelles pour renouveler les instances européennes. Chaos et K.O. politique surtout pour un président qui s’engageait en 2017 à tout faire pour que les Français n’aient plus aucune raison de voter pour le RN… »

Parmi toutes les nombreuses causes à la présence de l’Extrême droite aux portes du pouvoir, ce président ne se rend il pas compte de ce que sa manière d’agir, de gouverner en solitaire et de parler a pu irriter au plus haut point les français ?

Il n’aurait pas pu gagner les élections présidentielles de 2017 ou de 2022 sans l’apport de millions d’électeurs qui n’étaient pas d’accord avec les solutions qu’il proposait,  mais voulaient juste éviter le chaos.

En 2022, les électeurs sont allés plus loin, il n’ont donné qu’une majorité relative à son camp. En réponse, il n’a jamais cherché à faire une coalition, il voulait des ralliements pour pouvoir continuer à agir comme lors de son premier mandat, avec une assemblée de députés soumis qui votaient tout ce que ses conseillers et lui proposaient.

Et le sommet de cette dérive fut la gestion de la Loi sur les retraites. Il n’a même pas voulu parler et négocier avec Laurent Berger, l’homme du compromis et de la modération.

Au moment de son départ de la CFDT Laurent Berger a expliqué au JDD, en parlant d’Emmanuel Macron :

« Je ne veux pas tomber dans l’ultra personnalisation des choses, mais on n’a pas la même conception de la démocratie sociale, ni sans doute de la démocratie […] On n’a pas la même conception du modèle social qui doit être le nôtre pour accompagner les Français, les parcours ».

Emmanuel Macron ne nous a pas préservé du chaos, il a été un accélérateur de chaos.

Lundi 24 juin 2024

« Et s’ils comprennent quelque chose à notre présence commune sur terre. »
Christian Bobin

« Je voudrais parfois entrer dans une maison au hasard, m’asseoir dans la cuisine et demander aux habitants de quoi ils ont peur, ce qu’ils espèrent et s’ils comprennent quelque chose à notre présence commune sur terre.»
Christian Bobin, « Ressusciter» p. 159

Je ne sais pas quoi ajouter à cette sage injonction de Christian Bobin.

Peut être ajouter deux photos qui montrent que c’est possible de trouver des humains qui ont compris quelque chose à notre présence commune sur terre et ont agi en conséquence.

Vendredi 21 juin 2024

« Timeo hominem unius libri »
Parole attribuée à Saint Thomas d’Aquin et qui signifie « Je crains l’homme d’un seul livre »

Thomas d’Aquin est considéré comme l’un des plus grands maîtres de la théologie catholique. Les procédures religieuses l’ont proclamé « Docteur de l’Eglise » catholique.

Il est né autour des années 1225 en Italie et il est mort le 7 mars 1274 à l’abbaye de Fossanova dans les États pontificaux. C’était un religieux de l’ordre dominicain.

Il aurait dit :

« Je crains l’homme d’un seul livre. »

La rigueur nous oblige à dire qu’il n’est pas certain que cette citation soit exacte.

<Cette page anglaise> prétend que c’est l’évêque Jeremy Taylor (1613-1667), qui affirmait que Thomas d’Aquin aurait prononcé cette phrase.

Aujourd’hui, il est devenu banal de citer cette phrase et de l’attribuer au théologien dominicain du XIIIème siècle.

Ainsi Delphine Horvilleur a écrit sur un réseau social, en utilisant un dessin de Plantu, le 29 octobre 2020 :

« Thomas d’Aquin a écrit un jour: « je crains l’homme d’un seul livre ». Le fanatique est toujours un mono-lecteur. Ce soir, tandis que nos portes se ferment, promettons-nous de lire DES livres, et surtout ceux qui nous délivrent. »

La citation n’est pas certaine, mais l’Histoire nous a appris qu’elle était juste.

Un <mot du jour récent> a rappelé le combat noble, visionnaire et juste de Simon Leys contre Mao et les maoïstes. Ces fanatiques intolérants étaient les prisonniers intellectuels du « Petit livre Rouge ».

Spontanément on songe aux livres des religions monothéistes : La Torah, la Bible, le Coran qui au cours des siècles et encore aujourd’hui ont nourri des fanatiques qui en croyant comprendre et puiser à une seule source ont commis ou commettent des crimes sans l’once d’un doute ou d’une humanité.

L’ironie de cette citation est que son invention dans le monde chrétien catholique conduisait à une toute autre explication.

On voulait souligner par cette phrase que :

« L’homme qui ne connaît qu’un livre unique mais le connaît à fond est redoutable par la parfaite connaissance qu’il en a…. »

Ce sens primitif, sans grand intérêt, a donc évolué vers deux interprétations :

  • Tout d’abord l’idée qu’il faut craindre l’homme qui ne connaît ou ne jure que par un seul livre ce qui conduit à des visions simplistes et intolérantes du monde en prétendant que leur opinion ou leur croyance constitue « la vérité ».
  • Ensuite pour fustiger ceux qui n’ayant lu qu’un seul livre croient tout connaître et se retrouvent sur la Montagne de la stupidité, première étape de l’effet Dunning-Kruger

Nous sommes dans une situation très préoccupante : Par la décision solitaire du Prince élu qui nous gouverne, la France peut être, le 8 juillet de cette année, dirigée par un parti démagogue, xénophobe et très peu outillé pour comprendre la complexité de notre monde d’interdépendance, de conflictualité, dans lequel l’arrogance de l’Occident est de plus en plus dénoncée et son leadership contesté par des forces puissantes et déterminées.

Et pour expliquer cette situation, beaucoup ne donne qu’une raison principale, voire unique.

Pour quelles raisons, les citoyens français qui se sont exprimés, ont donné près de 40% des suffrages à des partis d’extrême droite ?

LFI prétend que c’est la question sociale : le pouvoir d’achat, la peur du déclassement et les politiques « ultra libérales » du gouvernement français.

Les médias d’extrême droite prétendent que cette raison est à trouver dans les flux migratoires qui submergent notre pays, l’insécurité qu’ils provoqueraient et l’attaque de notre identité nationale par des groupes venant d’autres pays et portant une vision de la société et des valeurs incompatibles avec la République.

D’autres font porter toute la responsabilité à l’Union européenne et son droit de la concurrence libre et non faussée et les traités de libre échange qu’elle négocie.

Enfin les plus simplistes expliqueront que tout est de la faute d’Emmanuel Macron.

Je crois qu’il est alors possible de reprendre la citation attribuée à Saint Thomas d’Aquin en l’adaptant de la manière suivante : « Je crains l’humain qui croit que le problème complexe qui se pose à lui n’est la conséquence que d’une seule cause. »

Parce que si on est persuadé comme je le suis que l’arrivée au pouvoir du RN serait une catastrophe pour la France, parce qu’il n’a aucune solution réaliste aux problèmes qui se posent et qu’en outre les valeurs qui sous-tendent son action sont xénophobes, racistes, il faut bien comprendre les raisons de ce vote pour essayer de trouver des solutions réalistes et conformes aux valeurs humanistes.

La complexité du vote RN, notamment dans les campagnes, est un peu approchée par Camille Bordenet, journaliste au Monde, chargée des ruralités et Benoit Coquard Sociologue à l’INRAE à Dijon dans « les Matins de France Culture » du mercredi 19 juin 2024 : <Vote RN>

La première raison évoquée est le recul des services publics, la lente désaffection des services publics dans nos campagnes.

Camille Bordenet a observé ce phénomène et explique :

« Des guichets de poste, écoles, centres des impôts, services de maternité et d’urgence ou encore des tribunaux, ont progressivement fermé au gré des plans de restructurations nationaux des vingt dernières années. [C’est un processus] très douloureusement vécu par les habitants et les élus et qui entraîne un sentiment de déclassement et de désengagement de la puissance publique »

Le gouvernement a tenté de pallier ce manque par des guichets France Service qui ont pour vocation de constituer, en un lieu unique, un accueil de premier niveau de quasi tous les services publics. Il ne s’agit, pour l’essentiel, pas de résoudre et de répondre aux besoins des gens mais de les accompagner vers des outils numériques qui constituent, dans l’esprit des technocrates qui nous administrent, le dispositif efficace pour répondre aux demandes de services publics des usagers.

Selon la journaliste ni les habitants ni les agents ne sont à l’aise avec cette organisation : pour les uns le service est insuffisant, pour les autres ils se sentent débordés par l’exigence des populations.

Ce dispositif se heurte aussi au problème de la « fracture numérique » car énormément de personnes dans notre pays ne sont pas à l’aise avec le tout numérique

«  Ils sont alors renvoyés à un sentiment d’incapacité qui peut nourrir une aigreur ».

De cette insatisfaction, le Rassemblement national s’est nourri construisant le récit des deux France : celle des villages abandonnés par l’État face à celle de la « France des banlieues nécessairement immigrée et trop aidée » décrit Camille Bordenet.

Benoit Coquard insiste sur l’implantation locale des militants RN et le message délétère qu’ils propagent :

« [Le discours] reconnait que les gens ont beaucoup perdu, assure que la France est en décrépitude et que plus rien ne fonctionne. Mais il rassure aussi en promettant qu’il y aura toujours plus bas socialement que soi ». Un nouvel bouc émissaire est donc créé, la figure de l’assisté social vivant sur les aides d’État, et dont les représentations se recoupent souvent avec celles de l’immigré. »

Il y a donc les difficultés économiques, la peur de s’appauvrir et que les enfants soient encore plus mal lotis, le sentiment de déclassement personnel et du pays, le constat d’être délaissé par l’État, si important en France, la fracture numérique et plus généralement de la modernité.

Mais ce n’est pas tout.

Une grande dame de la Culture, âgée de 85 ans, fondatrice du théâtre du Soleil a publié une Tribune dans « Libération » le 12 juin 2024 :

«A quel moment doit-on cesser de faire du théâtre sous un gouvernement RN ?»

Ariane Mnouchkine fustige l’acte d’Emmanuel Macron :

« et soudain, ce geste du président de la République – ce geste d’adolescent gâté, plein de fureur, de frustration et d’hubris […] Il déverse un bidon d’essence sur le feu qui, déjà, couvait. Il met le feu à notre maison, à notre pays, à la France. »

Elle exprime un espoir à l’égard du nouveau front populaire, mais dit son rejet de la NUPES :

«Je ne pourrais accepter ce qui ne serait qu’un nouveau masque de certains leaders de cette Nupes qui nous a fait tant de mal, car la politique ne doit pas être que tactique cynique au service de convictions plus brutales que sincères. Elle doit se fonder sur la vérité et l’amour de l’humanité. »

Mais elle fait surtout cet aveu :

«Macron est bien trop petit pour porter, à lui seul, la totalité du désastre. Je nous pense, en partie, responsables, nous, gens de gauche, nous, gens de culture. On a lâché le peuple, on n’a pas voulu écouter les peurs, les angoisses. Quand les gens disaient ce qu’ils voyaient, on leur disait qu’ils se trompaient, qu’ils ne voyaient pas ce qu’ils voyaient. Ce n’était qu’un sentiment trompeur, leur disait-on. Puis, comme ils insistaient, on leur a dit qu’ils étaient des imbéciles, puis, comme ils insistaient de plus belle, on les a traités de salauds. On a insulté un gros tiers de la France par manque d’imagination. L’imagination, c’est ce qui permet de se mettre à la place de l’Autre. Sans imagination, pas de compassion. »

Elle parle d’un déni.

Elle parle aussi d’une posture, celle d’un camp du bien, d’un camp « qui sait » et qui traite de salauds celles et ceux qui ne sont pas d’accord.

On évoque là l’insécurité physique et l’insécurité culturelle dont la gauche ne veut pas parler.

Melenchon vante la vertu de la créolisation, c’est-à-dire du mélange des cultures. Cela peut se révéler pertinent sur la longue durée, mais pas en l’espace d’une génération.

Le nouveau front populaire, parle de lutte contre « l’islamophobie », c’est une erreur, il faudrait parler de la lutte contre le racisme anti-musulman.

Il veut abroger la Loi sur le séparatisme, c’est une autre erreur, il faut peut-être l’amender, non la supprimer.

Il faut défendre avec vigueur et force, la laïcité, les sciences, l’Histoire dans l’éducation nationale contre toutes les menaces, les pressions qui s’exercent contre elle par des hommes fanatisés qui croient trouver toutes les réponses dans un seul livre et dans une seule interprétation de celui-ci.

Et puis parallèlement, « les beaux esprits » de la gauche des villes, exactement comme les croyants d’un seul livre, proclament des opinions comme s’il s’agissait de la vérité : s’agissant du colonialisme, du genre, de la culture woke dont ils prétendent, en outre, qu’elle n’existe pas etc…

Sur tous ces sujets, il faut s’éloigner du déni, du dogme et trouver des réponses de gauche, humanistes, universalistes.

Ce sont aussi des raisons qui expliquent le vote RN.

Mardi 18 juin 2024

« Deux français sur trois. »
Valéry Giscard d’Estaing

Valéry Giscard d’Estaing avait écrit un livre en 1984 : « Deux français sur trois » dans lequel il estimait que pour gouverner la France, il fallait convaincre deux français sur trois.

Aujourd’hui, nous en sommes loin.

Nous savons qu’il y a trois blocs qui sont, selon leurs programmes, leurs alliances et les hommes qui les composent, totalement incapables de travailler ensemble ou simplement d’accepter de dire que le programme des deux autres blocs, bien que différent, constitue une alternative acceptable. Les autres sont soient des salauds, des incompétents ou des factieux.

Le bloc le mieux placé peut espérer 33% des voix.

Comment peut-on espérer rassembler les français ainsi.

J’ai déjà écrit deux mots du jour ancien qui d’une part montrait toutes les limites de la 5ème république : <mot du 8 février 2017> et un autre, en 2022, qui expliquait la perversité, dans le contexte actuel, du scrutin uninominal à deux tours : « Les 16 élections législatives de la Vème République : Un regard historique sur un scrutin qui se délite »

Ce scrutin pouvait se concevoir tant que la France était divisée en deux coalitions qui se combattaient mais se respectaient.

Aujourd’hui c’est une catastrophe.

Parce qu’il est envisageable que le Rassemblement National avec 33% des voix puissent, au second tour, avoir la majorité absolue des sièges, alors de 77% des électeurs ne veulent pas de ce programme. Je veux dire qu’ils n’en veulent absolument pas.

Il en va de même pour le nouveau front populaire, qui pourrait avoir, avec 30% des voix, la majorité absolue des sièges alors que tous les autres sont radicalement contre.

Nous avons déjà suffisamment de problèmes pour ne pas y ajouter un type de scrutin qui permet une telle distorsion de la volonté du corps électoral.

Dans l’Union européenne, nous sommes les seuls à ne pas avoir le scrutin proportionnel et nous avons tort.

Avec un scrutin proportionnel, le PS, le PC et les verts n’auraient pas besoin de s’associer à LFI.

Les républicains ne se rallieraient pas au Rassemblement National.

Et les divers partis ne s’ostraciserait pas comme actuellement, car ils sauraient qu’après les élections il faudrait trouver des coalitions.

Ces coalitions éviteraient les mesures excessives et trop décalées par rapport aux autres mouvements politiques.

Il est urgent de passer à la Proportionnelle.