Lundi 13 janvier 2025

« Je pourrais m’acheter une île dans les Bahamas, mais créer des nouvelles entreprises m’intéresse beaucoup plus ! »
Elon Musk, en 1999, après avoir vendu sa première Start up

Faut-il en rire ou au contraire s’en inquiéter, voire avoir réellement peur ?

Donald Trump veut récupérer la souveraineté sur le canal de Panama, acheter le Groenland et convaincre les canadiens à devenir le 51ème État des États-Unis…

Et, Elon Musk comme l’homme qu’il soutient parle et écrit à tort et à travers, dans son soutien aux extrêmes-droite en Europe, dans sa volonté de tout déréguler et d’entrer dans un monde où seule la loi du plus fort et du plus riche s’imposera.

Les États-Unis sont sur le chemin de renforcer leur « Ploutocratie ». La ploutocratie est un système de gouvernement où la richesse est la base du pouvoir politique
Les professeurs de droit ont multiplié les mots et les définitions pour expliquer l’organisation du pouvoir.

L’Iran est une « théocratie » fondée sur des principes religieux. La Chine est soit une « oligarchie » si on considère qu’elle est dirigée par le Comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois ou une « autocratie » si on se persuade que le pouvoir est entre les seuls mains de Xi Jinping.

Mais revenons à la ploutocratie américaine. Dans l’émission de la 5 « C à Vous » du 7 janvier 2025, le journaliste Philippe Corbe, spécialiste des États-Unis a fait le constat suivant :

« En janvier 2024, la fortune d’Elon Musk était d’environ 251 Milliards de dollars (selon Forbes), il était déjà l’homme le plus riche du monde. Il est en ce début d’année 2025 à 418 Milliards de dollars. […] Dans l’Histoire de l’humanité, il n’y a jamais existé un homme aussi riche. »

Cette augmentation de la fortune s’explique par une valorisation maximale des valeurs boursières de Musk dû au fait que les investisseurs et les spéculateurs parient que maintenant que Musk est au cœur du pouvoir fédéral, les multiples contrats qui le lient avec l’État fédéral des Etats-Unis, vont encore s’épanouir davantage.

Si les actions de Musk peuvent se valoriser aussi rapidement, il est tout à fait rationnel de prévoir qu’elles peuvent se dévaloriser dans les mêmes proportions, tout aussi rapidement.

Toutefois, il semble bien qu’il se sente aujourd’hui très fort, quasi invulnérable et se donne le droit donc d’intervenir sur n’importe quel sujet et de traiter le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, de « girl ». Ainsi a-t-il écrit sur son réseau social mercredi 8 janvier à 9:58 :

« Girl, you’re not the governor of Canada anymore, so doesn’t matter what you say »— Elon Musk (@elonmusk)

Ce que la presse québécoise a traduit : « Chérie, tu n’es plus le gouverneur du Canada, donc ce que tu dis, nous importe peu ».

Il attaque le premier ministre britannique et quand celui-ci veut rétablir la vérité, Musk l’accuse de « tenir des propos insensés » puis le qualifie de personne « totalement méprisable ».

Lors de la même émission de « C à Vous » Alain Duhamel, me semble avoir bien décrit Musk et Trump :

« On a l’impression, qu’il y a un génie un peu fou et un fou dont on se demande s’il est génial »

Il me semble donc nécessaire d’en savoir un peu plus sur cet homme né le 28 juin 1971 à Pretoria, dans une famille blanche aisée vivant dans une Afrique du Sud sous le joug de l’apartheid. Nelson Mandela est en prison depuis 9 ans et le restera encore pendant 19 ans.

« France Culture » a produit une série de 4 podcasts, de 15 minutes chacun, qui retrace le parcours de cet homme.

Pour ce faire, Guillaume Erner a interrogé François Saltiel, producteur de « Un monde connecté » sur France Culture.
Le premier épisode s’intitule : « de l’enfant harcelé à l’étudiant rebelle de Stanford »

François Saltiel raconte :

« Il est né au moment de l’apartheid, dans un contexte assez violent. Son père est un ingénieur assez fortuné et sa mère une mannequin canadienne. Le fait que sa mère soit canadienne est important dans sa trajectoire. »

Il a une enfance assez difficile. Il est petit et chétif et il est victime d’harcèlement.

François Saltiel poursuit :

« On se moque de lui. Là on a déjà la faille. […] Il y aura une quête de l’enfant humilié qui cherche à se venger. »

Il semble qu’il aurait intégré assez vite qu’il ne peut s’en remettre qu’à lui-même. Il fera des stages de survivaliste où son père l’avait inscrit. Pendant ces stages, la nourriture était insuffisante et on incitait les plus forts de dérober la nourriture des plus faibles. Et Musk était un des plus faibles, il s’est fait avoir plusieurs fois. Il a alors décidé de devenir sportif, de boxer et de faire d’autres sports de combats et de se complaire dans le virilisme.

En 2023, lors d’un conflit avec Marc Zuckerberg, patron de Facebook, il lui a proposé de faire un combat de MMA. Zuckerberg pratique aussi les arts martiaux mixtes (MMA). Ce combat n’aura pas lieu.

Selon François Soltiel, il sera totalement en phase avec la mentalité méritocratique de la Silicon Valley : seul ceux qui le méritent peuvent survivre et s’élever. Il en tirera des règles violentes de management en pointant du doigt ceux qui n’y arrivent pas et en agissant quelquefois au mépris de la loi.
Pour en revenir à l’enfance, il sera décrit comme un enfant supérieurement intelligent. Dès 10 ans il se passionne pour l’informatique et à douze ans, il aurait vendu son premier jeu vidéo pour 500 dollars.

Mais François Soltiel nous met en garde d’adhérer trop vite à ce qu’il considère comme un storytelling. Plus nuancé il dira :

« Il s’est auto-diagnostiqué asperger. On est en face d’un enfant qui est assez seul, qui va développer des compétences et se réfugier dans la science-fiction. Il est un grand lecteur d’Asimov et de K. Dick. La plupart de ses entreprises vont naître de ses lectures. »

Selon son biographe, les relations entre Elon Musk et son père sont très mauvaises. Il le voit comme un père violent. Ses parents vont divorcer assez tôt.

Il va quitter l’Afrique du Sud à 17 ans, parce qu’il veut échapper au service militaire. Il émigre au Canada après avoir acquis la nationalité canadienne grâce à sa mère canadienne. En réalité il veut aller aux États-Unis, patrie de ses romans de science-fiction, mais il pense que par le Canada ce sera plus facile.

Il va passer deux ans au Canada et fera des études de Physique et d’Économie et pratiquera quelques petits boulots, à côté. Son père lui coupe les vivres

Puis du Canada il pourra se rendre à l’Université de Pennsylvanie à Philadelphie et obtiendra un bachelor de physique et continuera ses études d’économie.

Puis il sera admis en 1995 dans une des plus prestigieuses universités : Stanford

François Saltiel raconte :

« Stanford, c’est l’université de la Silicon Valley qui est au cœur de cet eco-système. C’est à Stanford qu’est né Google. […] Elon Musk va se distinguer en ne restant que deux jours à un moment où il voit Internet monter et il se dit je n’ai pas besoin de suivre ces études. Je vais quitter Stanford pour monter ma première entreprise. »

Et c’est ainsi qu’en 1995, Elon Musk fonde avec son frère la compagnie Zip2, éditeur d’un logiciel de publication de contenu en ligne. Ses principaux clients seront les gros titres de la Presse américaine. Cette même Presse qui est aujourd’hui son grand ennemi.

En 1999, Compaq acquiert Zip2 pour 341 millions de dollars. Elon Musk et son frère Kimbal possèdent alors environ 12 % de Zip2. Elon Musk y gagne 22 millions de dollars, ils avaient investi, 4 ans auparavant avec son frère, 28 000 $.

Dans un reportage de CNN de 1999, on entend Elon Musk dire :

« L’agent c’est juste du papier. […] Je pourrais m’acheter une île dans les Bahamas, mais créer des nouvelles entreprises m’intéresse beaucoup plus. »

François Saltiel conclut ce premier épisode :

« Elon Musk est un personnage fascinant. On peut être inquiet par ses idées. Mais tout le monde lui reconnaît sa capacité d’être là au bon moment, au bon endroit et dans le juste timing. […] Il va toujours anticiper ce que sera la prochaine révolution technologique. »

 

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