Mardi 30 septembre 2014

Mardi 30 septembre 2014

Dimanche on a renouvelé une partie du Sénat :

« [Le Sénat] est réduit à des interventions obscures et accessoires »
Charles De Gaulle
De Gaulle voulait fusionner le Sénat et le Conseil Économique et Social.
Mais les français ont rejeté son souhait par référendum.
Et le Sénat a continué à faire des interventions obscures et accessoires.
Dans cette archives de l’INA vous verrez De Gaulle défendre sont projet et dire le mot du jour : http://www.ina.fr/video/CAF87002504
Vendredi, Thomas Legrand qui réalise un édito politique, le matin, tous les jours de la semaine sur France Inter a lui aussi souhaité la fin du Sénat.
Ce Vendredi 26  septembre France Inter avait posé ses valises dans la Grande Galerie de l’évolution du jardin des plantes, à côté de la gare d’Austerlitz.
Et comme il souhaitait évoquer les élections sénatoriales de dimanche il a osé des rapprochements hardis :
Ce lieu [la galerie de l’évolution qui s’intéresse aux bêtes mortes] a été choisi à dessein pour évoquer le Sénat.
C’est ce dimanche que la moitié du Sénat est renouvelé « dans une indifférence générale méritée », avec un mode de scrutin obscur, indirect et qui ne correspond plus à rien
La chambre haute va certainement basculer à droite. Nous allons donc assister à une alternance politique de l’une des chambres du Parlement et cela ne va rien changer à rien.
Le Sénat ne fera que perdre du temps à certaines lois qui seront en définitive adoptées par l’Assemblée Nationale.
Si une institution qui est l’objet d’une alternance ne présente aucun effet sur le jeu démocratique, sauf pour ces élus et leurs collaborateurs c’est que cette institution est déjà morte.
«  Dans la nature, elle aurait depuis longtemps subi les effets du darwinisme au contact de l’air démocratique ».
Selon Thomas Legrand, » il serait normal que les Sénateurs au lieu de siéger au Palais du Luxembourg, se retrouvent dans la Galerie de l’évolution entre le gorille des montagnes dont il n’existe plus que 400 spécimens, à peu près le nombre des sénateurs et  le quagga (un cheval zébré) qui s’est éteint à la fin du XIXème siècle c’est à dire exactement  à l’avènement de la 3ème République, c’est à dire à peu près au moment où il aurait été naturel que l’espèce des sénateurs s’éteignent. »
Rappelons pour finir que le Sénat américain ne compte que 100 sénateurs pour 348 sénateurs français.

Lundi 29 septembre 2014

Lundi 29 septembre 2014
« La marche est un authentique exercice spirituel. »
Frédéric Gros
Après le sommeil qui fût le sujet du dernier mot du jour, voici un autre exercice qui permet de nous sortir de notre posture de consommateur compulsif : la marche.
Professeur de philosophie politique à l’université Paris-XII  Frédéric Gros a écrit un livre intitulé « Marcher, une philosophie » (Carnet Nord, 2009). Dans ce livre on apprendra que Nietzsche a eu cette formule « les orteils se dressent pour écouter» .
Un article du Monde que je joins à ce message donne quelques clés de ce livre :
Question […] marcher semble, aux yeux de beaucoup, une expérience plus banale, plus pauvre…
[…]  La lenteur de la marche, sa régularité, cela allonge considérablement la journée. Et en ne faisant que mettre un pied devant l’autre, vous verrez que vous aurez étiré démesurément les heures. De sorte qu’on vit plus longtemps en marchant, pas au sens où cela rallongerait votre durée de vie, mais au sens où, dans la marche, le temps ralentit, il prend une respiration plus ample.
Par ailleurs, le rapport du corps à l’espace est aussi très impressionnant : par exemple la beauté des paysages est plus intense quand on a fait des heures de marche pour franchir un col.
[…] Ce n’est pas tant que marcher nous rend intelligents, mais que cela nous rend, et c’est bien plus fécond, disponibles. On n’est plus dans le recopiage, le commentaire, la réfutation mesquine, on n’est plus prisonnier de la culture ni des livres, mais rendu simplement disponible à la pensée.
[…] rappeler quand même que la marche, par sa lenteur, par la fatigue qu’elle entraîne, n’a pas cessé de représenter pour l’homme une contrainte dont il fallait se débarrasser par la richesse ou le progrès technique.
Si on redécouvre aujourd’hui les bienfaits de la marche, c’est que l’on commence à ressentir que la vitesse, l’immédiateté, la réactivité peuvent devenir des aliénations. On finit, dans nos vies ultramodernes, par n’être plus présent à rien, par n’avoir plus qu’un écran comme interlocuteur. Nous sommes des connectés permanents. Ce qui fait l’actualité critique de la marche, c’est qu’elle nous fait ressentir la déconnexion comme une délivrance.
[on marche pour se retrouver ] au sens où, en marchant, vous laissez au bord des chemins les masques sociaux, les rôles imposés, parce qu’ils n’ont plus leur utilité. La marche permet aussi de redécouvrir un certain nombre de joies simples. On retrouve un plaisir de manger, boire, se reposer, dormir. Plaisirs au ras de l’existence : la jouissance de l’élémentaire. Tout cela, je crois, permet à chacun de reconquérir un certain niveau d’authenticité.
Mais on peut aller encore plus loin : la marche permet aussi de se réinventer. Je veux dire qu’à la fois, en marchant, on se débarrasse d’anciennes fatigues, on se déleste de rôles factices, et on se donne du champ.
En marchant, tout redevient possible, on redécouvre le sens de l’horizon. Ce qui manque aujourd’hui, c’est le sens de l’horizon : tout est à plat. Labyrinthique, infini, mais à plat. On surfe, on glisse, mais on reste à la surface, une surface sans profondeur, désespérément. Le réseau n’a pas d’horizon.
[marcher, une philosophie » ?] Peut-être davantage : un exercice spirituel.
Voici ci-après deux autres liens :
« Marche ou crève ! », criait-on…Désormais c’est « Marche et revis ! » Petite sélection de livres sur les bonheurs de la marche. La page de la librairie Mollat sur un grand nombre de livre sur la Marche > http://www.mollat.com/dossier/la_marche_une_philosophie_abordable-12075.html
Et ici vous trouverez Frédéric Gros présenter son livre : http://www.dailymotion.com/video/xcnl0m_frederic-gros-marcher-une-philosoph_news
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Vendredi 26 septembre 2014

Vendredi 26 septembre 2014
« Le capitalisme [monte] à l’assaut du sommeil »
Jonathan Carry
Jonathan Crary est un universitaire américain qui a publié aux éditions Zones, « 24/7 – Le capitalisme à l’assaut du sommeil ».
Il explique que nous sommes entrés dans un système économique, social et politique promouvant l’idéal d’une vie sans pause, active à toute heure du jour et de la nuit, dans un état d’insomnie généralisée. Selon lui, aucun individu ne peut certes « consommer, jouer, travailler, bloguer, télécharger ou envoyer des SMS 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Mais comme il n’existe désormais plus aucun moment, aucun endroit ni aucune situation où l’on ne puisse pas acheter, consommer ou exploiter des ressources en ligne, le non-temps 24/7 fait une incursion acharnée dans tous les aspects de la vie sociale et personnelle ».
À l’instar de ses propres machines, l’humanité serait passée en « mode veille » : constamment disponible, toujours connectée, jamais vraiment à l’arrêt.
Nous apprenons qu’aux États-Unis, depuis le début des années 2010, le département de la défense a alloué de considérables sommes pour l’étude du bruant à gorge blanche, cet oiseau migrateur possédant la capacité très inhabituelle de pouvoir rester éveillé jusqu’à sept jours d’affilée en période de migration, dans l’idée de pouvoir créer « un soldat qui ne dorme pas ».
Cette volonté de disposer d’humains « capables de se passer de sommeil et de rester productifs et efficaces » est partagée par le capitalisme contemporain soucieux de vaincre ce dernier continent dont « on ne peut extraire de valeur ».
Bien que la privation de sommeil constitue une torture référencée utilisée en droite ligne du NKVD à la CIA et que « dans les expérimentations conduites en laboratoire, les rats meurent après deux ou trois semaines passées sans dormir », une partie de la recherche scientifique s’active donc à « réduire le besoin corporel de sommeil».
Si nous nous sentons crevés, c’est bien que nous ne dormons pas assez – ce que les études spécialisées sur la question du sommeil ne cessent de rappeler.
Les Français dorment en moyenne 7 heures et 13 minutes par nuit, mais la plupart d’entre eux jugent ce temps insuffisant par rapport au temps “nécessaire” à leur bien-être. Plus agités encore que nous, les Américains dorment 6 heures et demie par nuit, contre 8 heures pour la génération précédente et 10 heures au début du XXe siècle.
Confronté à cette compression, l’auteur cherche à comprendre pourquoi le sommeil, de plus en plus saccagé, reste le “dernier rempart à la pleine réalisation du capitalisme”. Car dans le paradigme néolibéral mondialisé, “le sommeil est fondamentalement un truc de losers”.
Si ce sujet vous intéresse je vous donne des liens ci-après parlant de ce livre :
Allez les amis, engageons la lutte contre le capitalisme, Soyons losers et dormons !

Jeudi 25 septembre 2014

Jeudi 25 septembre 2014

Un français ayant l’intention de faire de l’alpinisme en Kabylie, a été enlevé par un groupe de djihadiste puis a été décapité par ce groupe.

« Les termes de califat et de djihad sont utilisés pour ne pas en utiliser d’autres.
Ainsi le mot de république est banni parce qu’il vient de la révolution française que les djihadistes détestent et le djihad remplace le mot révolution dans nos banlieues comme dans celles de Bagdad. »
Gabriel Martinez-Gros
Un homme paisible qui aimait la nature et les cimes des montagnes voulait simplement faire un voyage et du sport.
Sur son chemin, il a rencontré des criminels, des monstres assoiffés de sang et qui ont besoin d’une théorie, d’un dogme pour tenter de justifier leurs pulsions de mort.
J’ai entendu, Gabriel Martinez-Gros tenir les propos que j’ai choisis comme mot du jour dans une émission de France Culture : La Grande Table.
J’ai été tellement fasciné par ce qu’il racontait que pour une fois, j’ai acheté le livre qu’il a écrit et qui sous-tend son analyse : « Brève histoire des empires, comment ils surgissent, comment ils s’effondrent » un livre publié aux éditions du Seuil
Parmi ces gens qui massacrent, décapitent, crucifient, veulent faire table rase de tout ce qui n’est pas musulman et plus encore musulman sunnite d’une obédience salafiste radicale, il y a des criminels au cerveau vide et à la libido actionnée par la vue du sang.
Mais il y a aussi un petit groupe qui dirige et qui mène un combat idéologique. Ces gens détestent tout ce que l’occident représente même dans ses combats les plus nobles de la liberté, des droits de l’homme, du doute, du progrès scientifique.
Gabriel Martinez-Gros explique « Pour ces gens les mots République et Révolution sont des mots impies
Ces gens ont l’ambition, peut-être folle, de renverser tout ce qui a été fait dans le monde depuis deux siècles. »
D’ailleurs ils voient comme un signe que les chiites détestés ont quant à eux cédé à l’ennemi occidental en qualifiant leur prise de pouvoir de révolution iranienne et ont institué une république islamique.
Gabriel Martinez, est professeur d’Histoire médiévale, spécialiste de l’œuvre d’Ibn Khaldûn, immense penseur Musulman du XIVème siècle.
Son livre se base sur une interprétation de l’Histoire réalisée par  Ibn Khaldhun à travers l’Histoire des empires, Rome, La Chine, l’Islam, Les Mongols, l’Inde.
L’explication centrale est l’existence d’un Empire qui constitue un centre pacifique, productif, commerçant, désarmé idéologiquement et aussi détestant faire la guerre et qui trouve à ses marges, à sa périphérie des « tribus violentes » qui veulent faire chuter l’Empire.
Pour Gabriel Martinez-Gros l’Empire d’aujourd’hui c’est, l’empire du capitalisme :  les Etats Unis, la Chine, la Russie et l’Europe qui sont le centre pacifique et productif du monde
Et l’Empire voit se lever contre lui des marges violentes.
Ce centre pacifique ne sait plus, ne veut plus faire la guerre même lorsqu’il est attaqué de manière aussi délibérée. Ce ne sont bien sûr pas des frappes aériennes qui pourront en finir avec ces tribus sanguinaires.
Voici l’émission passionnante dont je tire le mot du jour qui se trouve environ à 5mn30 : http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-irak-retour-vers-le-grand-califat-2014-06-17

Mercredi 24 septembre 2014

Mercredi 24 septembre 2014
« Le français est la langue dans laquelle j’ai décidé, un jour, de me plonger.
 J’ai adhéré à cette langue et elle m’a adopté…
C’est une question d’amour. Je l’aime et elle m’aime… ».
Akira Mizubayashi
Une langue venue d’ailleurs,
Cette fois ce n’est pas un podcast, un article ou une vidéo qui est à l’origine de ce mot du jour.
C’est Annie, ma compagne aimée, qui a lu « Une langue venue d’ailleurs » de ce japonais qui a choisi la langue française et qui a adoré ce livre.
Dans une correspondance avec Michel Murat, Akira Mizubayashi  écrit : « On ne choisit pas ses parents, ni son pays, ni son milieu social, ni ses origines ethniques et raciales, ni son époque, ni son lieu et sa date de naissance, ni a priori sa langue. Mais parmi ces choses qui nous sont définitivement imposées du dehors et qui nous fixent, nous arrêtent, nous enferment dans une série de déterminations préalables sans issue ou presque, seul l’espace de la langue semble, en fait, nous offrir une ouverture, une échappatoire, aussi infimes soient-elles. Oui, on peut choisir sa langue ou ses langues, si l’on veut, une langue ou des langues dans toute la symphonie communicante des langues.
Et ici, peut-être, une chose mérite d’être notée : c’est que les langues sont des biens communs, des espaces publics, des lieux non délimités et non délimitables qu’on peut traverser ou pénétrer sans être redevable de quoi que ce soit, à qui que ce soit. La langue est une terre généreuse sans propriétaire où se déroule une fabuleuse fête permanente à entrée gratuite.
La langue est la chose — et en disant cela j’éprouve déjà le besoin d’ajouter que ce n’est même pas une chose —, quelque chose qui relève du communisme absolu, c’est-à-dire quelque chose qui est, par-delà la situation babélique du monde, le plus universellement partagé et partageable, plus que le ciel qu’on regarde, plus que l’air qu’on respire. Quelle aubaine de savoir qu’on n’est pas inévitablement prisonnier de sa langue et sa culture propres ! »
Voici une présentation de ce livre étonnant : <http://www.lacauselitteraire.fr/une-langue-venue-d-ailleurs-akira-mizubayashi> dont je tire ces extraits : « Une langue venue d’ailleurs, paru en 2011 dans la collection L’un et l’autre de J. B. Pontalis, est tout à la fois une autobiographie, une méditation comparative (et comparatiste) finement insérée dans le corps du récit et une magnifique description de ce en quoi une langue est le lieu de la vie.
Au sortir de l’adolescence (début des années 70), un jeune Japonais prend conscience de son profond malaise par rapport à sa langue maternelle, à sa classe d’âge et au passé politique récent de son pays. Rien de négatif sur le plan familial qui l’y aurait disposé. Le père – homme admirable ! – aime ses deux fils, consent à des sacrifices pour soutenir l’apprentissage de la musique par l’un et celui de la langue française par l’autre. « Aucune marchandise n’est meilleur marché qu’un livre, à condition qu’on le lise. Tu achèteras autant de livres que tu voudras, si tu en as besoin et si tu les lis ». Des livres importés de France, assez chers donc.
Le contexte familial est celui d’une classe moyenne grâce justement à la volonté et aux efforts du père issu d’un milieu social modeste et devenu ingénieur. […] Mais plus que cet admirable parcours d’une vie où la volonté trace le chemin sans crainte des difficultés et des peines (il s’agit de parler la langue choisie sans accent, d’y « adhérer » entièrement tout en vivant au Japon, d’accéder à « l’univers du français »), cet ouvrage est aussi une réflexion continue sur quelque chose qui finalement transcende son propre sujet. […] « Le jour où je me suis emparé de la langue française, j’ai en effet perdu le japonais pour toujours dans sa pureté originelle. Ma langue d’origine a perdu son statut de langue d’origine. J’ai appris à parler comme un étranger dans ma propre langue.
Mon errance entre deux langues a commencé… ». « 
Que la langue française continue à vous permettre d’exprimer vos émotions, votre joie, parfois vos peines et souvent des mots de paix et d’amour.

Mardi 23 septembre 2014

Mardi 23 septembre 2014
«Dislocation à gauche»
Figure de style
Oui c’est une figure de style et non une description se rapportant à la situation politique française.
Il y a deux niveaux : d’abord la dislocation, puis la dislocation à gauche
Voilà la définition qu’en donne le Bescherelle:   «La dislocation détache un élément et le reprend ou l’annonce par un pronom personnel ou démonstratif.»
Exemple:  «Marie, elle commence son stage de voile en août.»
Comme le pronom vient renforcer le sujet, donnant de l’emphase à la phrase, on parle d’une dislocation anaphorique. Une tournure qu’il vaut mieux n’employer qu’à l’oral : le Bescherelle précise que «l’usage soigné évite les dislocations familières. On dit souvent, mais on évite d’écrire des phrases du type Pierre, il vous a déjà transmis les dossiers».
Le fait d’employer cette formulation en début de phrase est plus précisément qualifié de «dislocation à gauche», par opposition à la dislocation à droite, ou le sujet précis est rejeté en fin de phrase «Elle va faire 50 milliards d’économie, la France»
Slate, nous apprend l’actualité de cette figure de style, particulièrement fréquentée par notre président actuel. (Je sens que les mots du jour vont pouvoir à l’avenir se délecter de « président actuel », « ancien président » et aussi « futur président », un véritable régal)
Vous vous souvenez, que lors du débat de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, nous avions grâce à lui redécouvert l’anaphore « moi président ». Lors de la dernière conférence de presse, il a récidivé avec : « C’est pas facile ».
Mais une autre figure de style récurrente frappe dans le discours présidentiel : la dislocation à gauche. Voici quelques exemples relevés notamment par l’AFP et Libération lors de la conférence de presse organisée ce jeudi 18 septembre:

«La France, elle va faire 50 milliards d’économie et ce n’est pas si facile. […] La France, elle ne fera pas davantage parce que ce serait mettre en cause la croissance.»

«L’Europe, elle a besoin de la France parce que nous sommes la deuxième économie de l’Europe. […] Alors la France, elle compte.»

«Les résultats, ils tardent à venir, je le sais, je le vois.»

«Le scepticisme, bien sûr qu’il est grand»

Je finirai par la conclusion de Slate : Le président, il a une grammaire frondeuse

Lundi 22 septembre 2014

Lundi 22 septembre 2014

L’ancien Président qui voulait faire autre chose, revient, il veut agir.

Pour ce retour, ce mot mystérieux de Paul Valéry :

« Que de choses il faut ignorer pour agir »
Paul Valery
Fabrice Luchini avait répété cette citation à Nicolas Sarkozy qui en réponse a ri énormément
Le propos est à 1:10
Pour le reste il parle aussi beaucoup du président actuel et ma foi, c’est drôle.

Vendredi 19 septembre 2014

Vendredi 19 septembre 2014
« Je ne suis pas sûr que cela marchera
mais je suis sûr que j’irai au bout »
Anais Kerhoas, Agricultrice de 24 ans,
J’aime finir cette semaine où il a été question de la rente capitalistique, d’apple, du transhumanisme, par l’histoire d’Anais, une jeune agricultrice bretonne.
Elle n’a quasi aucun moyen quand elle débute, mais elle se spécialise dans les plantes aromatiques parce qu’elle en aime l’odeur.
Elle dit « je leur donne tout mon amour, mais je ne sais pas si cela suffit. »
C’est un article du Monde qui me l’a découvrir, je le mets en pièce jointe.
«Taillée comme une brindille, toute légère sous les vents bretons, Anaïs tire sa force de la terre. La jeune Bretonne de 24 ans a choisi sa voie : cultiver des plantes aromatiques bio et les vendre sur les marchés. Sauf que rien ne va comme elle voudrait. Anaïs s’en va-t’en guerre (46 min), premier long documentaire de Marion Gervais, raconte son parcours de combattante. D’abord diffusé discrètement sur TV Rennes, le film est ensuite laissé visible en replay sur le site Internet de la chaîne locale… et se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux : plus de 260 000 vues à ce jour et quantité de messages émus de soutien à Anaïs et d’admiration, pour sa ténacité et pour le documentaire qui sera diffusé le 22 septembre à 23 h 30 sur France 4.
Le tournage a duré près de deux ans. La cultivatrice se livre à la caméra sans faux-semblants, fait part de ses doutes et de sa révolte contre les réglementations qui la freinent, les prix exorbitants des terres, l’attitude d’anciens agriculteurs.
[…] « Je préfère bosser 60 heures dans mon champ que 35 heures à l’usine ou pour des cons ! »«
Le documentaire dont je vous donne le lien ci-après et qui ne dure pas plus longtemps qu’un épisode d’une série américaine est très émouvant.
On voit cette jeune fille, se battre, râler et pousse par pousse planter « ces copines » comme elle appelle ses plantes.
La caméra nous montre les résultats : de magnifiques plantes que la vidéo nous permet de voir mais pas de gouter ni de humer.
Elle dit le mot du jour à 31mn du film qui lui est consacré, elle le dit à sa mère.
La toute fin du film est aussi particulièrement révélatrice, quand cette jeune et modeste agricultrice monte à Paris et rencontre des professionnels du marketing, connaisseurs du marché de l’épicerie bio, bref des « bobos pur jus » qui lui explique : « il faut qu’on joue la carte hyper chic».
La réalisatrice de ce beau documentaire explique  « C’est vertigineux, le film touche à l’intime. Anaïs a fait le choix de la liberté et de ne pas se soumettre. Or, le drame de millions d’existences, c’est de subir. J’ai reçu des quantités de témoignages, de jeunes, de vieux auxquels le courage d’Anaïs a redonné la force de se battre. »
Donc ce week end, Je sais bien que c’est la semaine de l’arrivée de Netflix en France, regarder un épisode de série américaine en moins et regarder ce film, vous ne le regretterez pas.
Et le site qu’elle a créé depuis pour vendre ses plantes : http://www.lestisanesdanais.fr/

Jeudi 18 septembre 2014

Jeudi 18 septembre 2014
« Transhumanisme »
mouvement culturel et intellectuel
Les rencontres de Pétrarque de Montpellier de 2014 avaient pour thème cette année le Progrès en le confrontant à la politique, à l’économie et le 23 juillet à la technologie. Le thème de ce jour était : «  La révolution technologique nous promet-elle un monde meilleur ? ».
Un des invités, Jean-Michel Besnier, philosophe, professeur à la Sorbonne et à Sciences Po m’a particulièrement intéressé.
Il a consacré son intervention au mouvement des transhumanistes.
Dans nos contrées européennes, le concept de progrès, notamment depuis Hiroschima a du plomb dans l’aile. Bien sûr, nous utilisons tous avec ravissement et même quelquefois béatitude tous ces magnifiques outils qui nous permettent d’être connectés, de pouvoir obtenir plus d’informations que nous avons besoin en un clin d’œil, d’être magnifiquement guidé vers notre destination sans avoir besoin de lire, de comprendre, de s’encombrer d’une carte. Mais nous sommes méfiants par rapport au progrès, nous nous demandons s’il va bien toujours dans le bon sens.
Les adeptes du transhumanismes n’ont pas de telles pudeurs. Ce qui inquiète beaucoup Jean-Michel Besnier qui est l’auteur d’un livre « l’homme simplifié » (Fayard 2012) et dont le plaidoyer lors de cette émission m’a paru très convaincant :
Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques, ainsi que les croyances spirituelles afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains.
Les transhumanistes veulent s’appuyer sur la convergence de 4 disciplines NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives).
Bien sûr, ce mouvement est particulièrement présent en Californie et inspire singulièrement les grands majors technologiques américains, en premier lieu Google, et bien sûr Apple. Des conseillers proches du gouvernement américain sont très proches de ces thèses et de cette idéologie.
Jean-Michel Besnier cite notamment le rapport de 2003 de Roco et Bainbridge remis au président des Etats-Unis et où ces chercheurs pensent que la convergence technologique de ces disciplines permettra une « Nouvelle Renaissance ».
Jean-Michel Besnier cite aussi ce propos d’un transhumaniste français Jean-Michel Truong « Après la Shoah, on ne peut pas vouloir que l’avenir ait le visage de l’homme ». Ce dernier, dans ses rêves post-humain, a créé le concept du Successeur [à l’homme].
Jean-Michel Besnier se demande ce que nous allons perdre dans ce monde annoncé et rêvé des transhumanistes ? et il répond : la conscience, la réflexion, le désir, ce qui nous fait fondamentalement humain : la vulnérabilité.
Tout ceci pourrait apparaître comme de joyeux délires de quelques illuminés. Le problème c’est que les recherches technologiques actuelles ainsi que les forces de l’argent qui soutiennent ce projet rendent crédibles cette évolution inquiétante.
Car ce qui reste essentiel pour nous humains, c’est la civilisation dans laquelle nous souhaitons vivre et laisser vivre nos enfants ainsi que les valeurs qui sous-tendent cette civilisation et pas le résultat où nous amèneront des technologies sans limite et sans conscience.
Si le cœur vous en dit vous pouvez aller sur le site de l’association française de ces positivistes : http://transhumanistes.com/
Je voudrais finir en rappelant le mot du jour prophétique du Lundi 28 janvier 2013, Cité en préface par Armin Maalouf de son livre « Le dérèglement du monde » : « L’homme a survécu jusqu’ici parce qu’il était trop ignorant pour pouvoir réaliser ses désirs. Maintenant qu’il peut les réaliser, il doit les changer, ou périr. » William Carlos Williams (1883-1963)

Mercredi 17 septembre 2014

Mercredi 17 septembre 2014
« Le nombre de comptes sur Itunes est de 800 000 000 »
Frédéric Filloux
Itunes, c’est comme le savent la plupart d’entre vous, la plate-forme de Apple permettant d’acheter de la musique, des livres, des appareils.
Un compte sur Itunes correspond à un client. Il y a un certain nombre de doublons, c’est à dire un même client qui a plusieurs comptes.
Mais ce chiffre donne une bonne appréciation du nombre de clients de Apple : 800 millions de clients.
Il y a encore 25 ans, avant Internet, un tel nombre de clients pour une seule entreprise était simplement inimaginable.
Frédéric Filloux et Jean-Louis Gassée sont des spécialistes des médias et des technologies et ont créé un blog où ils dévoilent en anglais leurs analyses sur les développements dans ces domaines. > http://www.mondaynote.com
Ils étaient les invités de l’émission « Un jour dans le Monde » du 09/09/2014 animée par Nicolas Demorand sur France Inter «> http://www.franceinter.fr/emission-un-jour-dans-le-monde-smartphone-un-phenomene-social-global
Cette  émission avait pour objet l’annonce par Apple des nouveautés, notamment  le nouveau modèle d’iPhone, l’Iphone 6, et aussi  sa montre connectée Watch, lors d’une grande conférence (dite « keynote ») au Flint Center à Cupertino (Californie, Etats-Unis).
Frédéric Filloux a donné un certain nombre d’informations :
« La taille de cette entreprise (comme les 3 autres Big Four encore appelé GAFA Google, Apple, Facebook et Amazon) est telle qu’elle est à une taille critique qui par ses seules décisions entraine des conséquences macro-économiques.
Ainsi, les exportations de la Chine vont augmenter de 1% pour la simple raison de la production de l’Iphone 6 et pour Taiwan c’est 2%.
Le fret aérien va être totalement déséquilibré à cause du véritable pont aérien qui va s’établir pour les mêmes raisons entre le Principal lieu de production de Foxconn à Shenzhen  en Chine et l’Europe et les Etats-Unis.
On prévoit une production de 60 000 000 d’Iphone. Il y en a 500 000 000 en circulation aujourd’hui.
Apple fait des marges de 40%, marge qu’on trouve dans l’industrie du luxe.
Apple représente une part faible des smartphone, il ne représente que 17% du marché mais capte 87% des profits. Le grand acteur est Samsung qui capte une bien plus grande part du marché mais avec des marges beaucoup plus faibles.
La richesse intrinsèque d’Apple, les sommes que Apple a en réserve, se monte à 164 milliards de dollars, c’est plus que l’argent en circulation aux Etats Unis. Une grosse part de cet argent est en dehors des Etats-Unis. »
Maintenant si vous voulez des articles critiques sur ces nouveaux outils, notamment la montre connectée vous trouverez cet article de Marianne qui montre la servitude volontaire d’accepter de mettre un bracelet électronique, une invention que big brother aurait adoré :
Et puis un article encore plus de fond sur la médicalisation de notre environnement, puisque cette montre connectée donnera un grand nombre d’informations médicales sur nous puisqu’elle sera capable de les mesurer :
Pour le fun, allez voir sur le site du Monde, cette archive de l’INA montrant qu’en 1947 certains envisageaient déjà le smartphone :
C’était des variations sur une entreprise à la fois fascinante et inquiétante