Lundi 29 juillet 2024

« L’incroyable cadeau français au monde : la cérémonie d’ouverture la plus originale et dynamique de l’histoire des Jeux Olympiques »
Gaston Saiz dans le journal argentin « La Nacion »

Je n’avais pas prévu de regarder la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Paris du vendredi 26 juillet 2024..

J’étais seul. Annie était aller rendre visite à son amie d’enfance, Rosemarie, à Barcelone. Alors, j’ai d’abord jeté un œil, puis j’ai regardé plus attentivement, pour être finalement captivé par ce spectacle plein de fantaisie et qui a su montrer combien la ville de Paris était belle, le long de la Seine.

Le drapeau français sur le Pont d’Austerlitz

Plus de de 23 millions de téléspectateurs français soit 83,1 % de part de marché entre 19 h 26 et 23 h 30, ont regardé cette cérémonie. Il s’agit de la deuxième meilleure audience de l’histoire de la télévision française, après la finale de la Coupe du monde France – Argentine de 2022, que pour ma part j’ai boycotté.
Dans le monde, ils furent plusieurs milliards à regarder selon le CIO. Les réactions furent plutôt très positives.

Le journal sportif espagnol MARCA a écrit : « Paris livre la meilleure cérémonie de l’histoire des Jeux ! »

La Une de la Nacion

Il y eut d’autres titres dithyrambique dans la presse internationale. Mais celui que j’ai préféré et mis en exergue a été publié par un journal argentin : « La Nacion »

« L’incroyable cadeau français au monde : la cérémonie d’ouverture la plus originale et dynamique de l’histoire des Jeux Olympiques »

La pluie a cependant gâché la fête des 300 000 spectateurs sur place. Ils ont été privés de certains spectacles en directs, ainsi Lady Gaga avait enregistré son numéro de french cancan alors qu’il ne pleuvait pas.

Dès lors, les personnes qui s’étaient déplacés et avaient payés cher leur place n’ont rien vu, sinon ce que tous les téléspectateurs du monde entier ont vu : un spectacle enregistré.

Quand Thomas Jolly avait imaginé son spectacle, il avait pu constater qu’il ne pleuvait quasi jamais un 26 juillet à Paris.

Kantorow sous la pluie

Alexandre Kantorow, quant à lui, a bravé la pluie pour être présent sur le parcours de la cérémonie. Le son qu’on entendait été enregistré aussi, mais lui était là, avec un piano trouvé dans la journée, piano médiocre qui pouvait être sacrifié sous l’eau.

« Le Parisien » rapporte qu’il est tombé, précisément, 16 mm d’eau (soit 16 litres par mètre carré) à la station Paris Montsouris, située dans le sud de la capitale – à noter que le compteur va de 8 heures du matin le 26 à la même heure le lendemain. Cela en fait le quatrième 26 juillet le plus pluvieux depuis près de 150 ans, cette station étant l’une des plus anciennes en France.

En outre, manque de chance, la majorité de la pluie sur la seule journée de vendredi est tombée… dans la soirée, après 20 heures, soit en plein pendant la cérémonie d’ouverture.

En regardant le spectacle j’étais émerveillé. Mais en approfondissant un peu et par la révélation de l’absence de Lady Gaga, il faut bien comprendre que cette cérémonie d’ouverture a été imaginée et créée pour la télévision et non pour les spectateurs massés au bord de la Seine. Eux, étaient les bénévoles nécessaires pour faire passer l’idée d’un spectacle en live retransmis à la télévision.

Le bateau portant les athlètes français au niveau de la place du châtelet.

Mais c’est la première fois qu’on trouve des bénévoles qui paient très chers leur bénévolat en prétendant qu’ils ont acheté une « place de spectacle. ». Les financiers osent tout, c’est à cela qu’on les reconnait…

Peu de journaux ont souligné ce point : des spectateurs lésés au profit de la télévision. Certains journaux anglais comme « Le Daily Mail ». ont insisté sur la pluie qui a gâché la fête :

« Quelle catastrophe, la cérémonie d’ouverture vire au chaos : la pluie couvre la musique, les athlètes et les invités du Royaume sont obligés de porter des protections et les spectateurs de se mettre à l’abri. ».

Des Anglais qui narguent les Français à cause de la pluie, c’est cocasse.

C’est un média brésilien « UOL » qui a regretté l’ambiance d’un stade et désigné l’objectif des organisateurs : un spectacle de télévision :

« Un spectacle déroutant fait pour la télévision […] Sans public rassemblé, cela manque de dynamisme. […] La pluie n’a pas aidé. […] La cérémonie qui se voulait démocratique a vraiment mal tourné et a frustré des milliers de personnes qui ont rêvé de ce moment et ont parcouru un Paris pluvieux pour tenter de voir quelque chose. Dommage. »

Mais d’autres polémiques ont surgi, montrant des tensions au sein de la société française.

« Le Monde » a publié un article dans lequel il oppose la gauche et l’extrême droite rejoint par une partie de la droite.

Le premier tableau déclenchant les hostilités fut la prestation d’Aya Nakamura. La chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde s’est produite, portant une robe à plumes dorées, aux côtés de la garde républicaine, en uniforme, devant l’Académie française.

« Le Monde » cite de nombreuses personnalités de gauche qui ont applaudit à ce mélange audacieux. En revanche, Marine Le Pen avait estimé avant la cérémonie que la présence d’Aya Nakamura était une tentative d’Emmanuel Macron pour « humilier le peuple français ».

Le soir su spectacle, elle a laissé le porte-parole du Rassemblement national, Julien Odoul, porter l’attaque :

« Quelle honte ! Aya Nakamura y a pas moyen ! L’ouverture des Jeux olympiques est un saccage pour la culture française. »

Pour ma modeste part, je n’ai a priori aucun goût à la musique d’Aya Nakamura. Je concède cependant que ce partenariat baroque entre une institution militaire française et une chanteuse portant un visage moderne et coloré de la France m’a beaucoup séduit. Tant que l’esprit républicain est respecté, ce qui fut le cas devant l’Académie française, la diversité enrichit et renforce la France, surtout quand celles et ceux qui sont différents savent s’associer pour réaliser des choses ensembles.

Il y eut ensuite la polémique sur le tableau « Festivité » dans lequel des drag-queens se retrouvent autour une table, scène dans laquelle certains esprits orientés ont reconnu la Cène, avec peu après l’apparition du chanteur Philippe Katerine (presque) nu.

Patrick Boucheron qui fut un des inspirateurs de la cérémonie explique :

« Rien, dans le scénario initial, n’évoque explicitement [la Cène]. Nos références étaient plutôt de jouer des connotations dionysiennes — et du fil qui se tisse entre la Grèce olympique et Paris car Dionysos, ou plutôt Denis, est le père de Sequana [la Seine]. Ainsi, cette grande table est un festin des Dieux, qui devient le podium d’un défilé de mode déjanté. ».

Les politiques d’extrême droite qui se sont exprimés ont, à travers l’appel au récit chrétien, laissé s’exprimer, avant tout, leur homophobie. Marion Maréchal a désigné les jeux sous le nom de « J-Woke 2024 » et a ajouté « A tous les chrétiens du monde qui regardent la cérémonie d’ouverture et se sont sentis insultés par cette parodie drag-queen de la Cène, sachez que ce n’est pas la France qui parle mais une minorité de gauche prête à toutes les provocations. ».

Ce rejet a dépassé les frontières de la France. Dans certains pays comme le Maroc, des images de ce type n’ont pas été diffusées et ont été remplacées par des plans fixes sur les monuments.

Mais il faut lire Alexandre Douguine qui est allé plus loin dans les délires pseudo-mystiques d’un christianisme figé et ayant refusé d’évoluer avec la modernité. Douguine est un intellectuel, idéologue d’extrême droite russe connu pour ses positions ultra-nationaliste. Il semble être un intellectuel influent dans les cercles nationalistes, et il est parfois considéré comme un des inspirateurs de la politique étrangère de Vladimir Poutine. Il a commenté ainsi la cérémonie :

« L’ouverture des Jeux olympiques de 2024 à Paris est le jugement final de la civilisation occidentale moderne. L’Occident est maudit, c’est une évidence. Quiconque ne prend pas immédiatement les armes pour détruire cette civilisation satanique, sans précédent dans son effronterie, en est complice. Mais un autre aspect est également important. Sur ce pôle, il y a l’Occident et son satanisme affiché. Et sur notre pôle, qu’avons-nous ? Quelque chose d’un peu plus décent […] Mais nous y dérivons encore par inertie et ne remettons certainement pas en question l’étape précédente de notre histoire – sommes-nous même dans le bon train si la dernière station du parcours est les Jeux olympiques français de 2024 ? L’Occident est le diable. […] L’Occident (et donc le diable) a commencé à pénétrer systématiquement en Russie au XVIIe siècle…»

Vous pourrez lire l’intégralité de son commentaire délirant dans cet article du « Grand Continent » : « 86 % des Français considère que la cérémonie d’ouverture a été « un succès » ». J’ai l’intuition qu’un grand nombre d’évangélistes qui suivent Trump exprimeraient des condamnations proches de Douguine.

La conciergerie

Le dernier tableau qui fut l’objet des critiques les plus sévères fut celle de la reine Marie-Antoinette, tête décapitée qui chantait « ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates on les pendra. »

C’est en passant devant la conciergerie, où fut enfermée la reine pour ses derniers jours, que ce tableau qui associe le groupe de metal Gojira et la chanteuse d’art lyrique Marina Viotti est réalisé.

Certains s’insurgent en trouvant que cette image est porteuse de division des français. Elle porte aussi le côté rebelle et souvent révolté de la nation française. C’est du théâtre et c’est un instant de l’Histoire française et qui est intimement lié avec ce monument de Paris.

Et puis il y eut 4 tableaux de rêve, de poésie et de force.

D’abord la jeune et lumineuse chanteuse Axelle Saint-Cirel qui a interprété la Marseillaise.

Elle ne s’est pas retirée comme Lady Gaga, mais a choisi dans des conditions de sécurité compliquées, sous une pluie battante, de monter comme il était prévu sur le toit du Grand Palais et de chanter Une Marseillaise réorchestrée par Victor le Masne et magnifiquement interprétée avec un chœur de femmes.

Patrick Boucheron écrira dans l’article précité :

« Pour moi, c’est une des images les plus fortes — celle du courage, de la jeunesse, du talent. »

 

Le deuxième tableau qui m’a ébloui fut celui, près du pont Alexandre III, quand sont apparues, émergeant une à une de leur socle au son de la Marseillaise, dix grandes statues dorées représentant des femmes ayant marqué l’histoire de France dans les domaines des sciences, des arts, des lettres, de la politique ou du sport.

Simone Veil et les autres femmes remarquables

Il s’agissait de Simone de Beauvoir (1908–1986) ; la magistrate et femme politique française Simone Veil (1927–2017), rescapée de la Shoah et qui obtint la légalisation de l’avortement en France en 1975 après une âpre lutte ; l’écrivaine et militante anarchiste Louise Michel (1830–1905), figure majeure de la Commune de Paris ; l’avocate et femme politique Gisèle Halimi (1927–2020) ; et la dramaturge et activiste Olympe de Gouges (1748–1793), qui plaida en faveur du droit des femmes et des esclaves durant la Révolution française. D’autres, moins connues du grand public, ont été mises en lumière à cette occasion : la philosophe et poétesse Christine de Pizan (1364–1431) qui fut l’une des premières femmes de lettres en Europe ; l’exploratrice et botaniste Jeanne Barret (1740–1807), première femme à avoir fait le tour du monde, déguisée en homme ; l’athlète Alice Milliat (1884–1957), qui œuvra pour l’inclusion des femmes dans le sport en organisant les premiers Jeux mondiaux féminins en 1922 ; la journaliste et écrivaine Paulette Nardal (1896–1985), figure du mouvement de la négritude et l’une des premières femmes noires à avoir étudié à la Sorbonne ; et la réalisatrice, scénariste et productrice Alice Guy (1873–1968), pionnière du cinéma narratif.

Le troisième tableau fut le plus poétique, le plus créatif, comme un conte : un cheval métallique monté par une cavalière qui apporte le drapeau olympique. Je laisse encore la parole à Patrick Boucheron :

Zeus et sa cavalière sur la Seine

« Ces douze minutes de traversée de Paris à cheval devaient passer comme un rêve : celui de notre propre rapport à l’imaginaire. La cavalière est ce vous voulez qu’elle soit : elle peut être la déesse gauloise Sequana qui donne naissance à la Seine, elle peut ressembler à Jeanne d’Arc si vous le souhaitez, mais si vous pensez au cheval de Beyoncé cela va très bien aussi. Impossible là encore de discipliner ses connotations : l’essentiel est qu’elle file sur l’eau noire, vite et droit, comme un trait de lame. […] C’est dans cette superposition de strates imaginaires, sans la dénotation ou la précision de la référence sur le plan historique, que se produit une image pour le monde entier. Entre la pop culture, l’histoire de Paris et son « fluctuat nec mergitur », ce symbole parle à un Japonais, à une Américaine, à un Nigérien ou à une Norvégienne. »

Le quatrième tableau fut celui de l’élévation, de la légèreté, celui de la flamme olympique qui s’élance dans le ciel de Paris.

La Flamme olympique dans le ciel de Paris

Cette cérémonie fut pour moi un acte de création, avec beaucoup d’Histoire, un peu de magie et le plus souvent une immense poésie.

Une France qui regarde vers son passé et qui accepte de se tourner vers la modernité et toute la richesse de ses enfants qui peuvent venir d’ailleurs mais qui ont choisi ce pays, cette nation.

Lundi 29 avril 2024

« L’évocation d’une ancienne tradition qui est en réalité très moderne. »
Max Fisher, journaliste qui rappela que le relais de la flamme olympique est une invention de l’Allemagne nazie

Ces derniers jours quand on allume la radio et je suppose la télévision (que je ne regarde pas) on nous parle beaucoup de la flamme Olympique.

Actuellement, elle se trouve sur le navire le BELEM pour faire le trajet d’Athènes à Marseille où elle arrivera le 8 mai. Puis elle sera portée par de nombreux athlètes dans un très long trajet à travers la France, toute la France, c’est à dire aussi les départements et territoire d’outre mer.

Un site <Relais de la flamme olympique : parcours> vous permet d’en connaître tous les détails. Un article plus simple de l’hebdomadaire <Le Point> donne la liste des villes et les dates.

Lyon et d’autres villes ont refusé d’accueillir la flamme pour ne pas s’acquitter des 180 000 euros exigés pour que le trajet daigne passer par la métropole lyonnaise.

Au préalable, il a fallu allumer cette flamme à Olympie grâce aux rayons du soleil et l’aide de femmes habillées de manière hollywoodienne, dans l’objectif de ressembler à des prêtresses grecques.

J’espère que les adeptes exacerbés des trois monothéismes se rendent compte que nous sommes en pleine célébration polythéiste. On ne dira jamais assez que le polythéisme constitue une invitation à la tolérance, contrairement au monothéisme qui confond croyance et vérité.

Le polythéisme est aussi pragmatique puisque la flamme n’a pas été allumée par le soleil le jour prévu, c’est à dire mardi 16 avril, parce que les nuages ne l’ont pas permis. Il y avait un plan B, une flamme, allumée selon le rite,  attendait sagement de pouvoir transmettre le feu.

Mais quelle est cette tradition qui consiste à faire parcourir à la flamme olympique un si long trajet ?

Il existe même une question préalable : Cette tradition de la flamme olympique existait-elle lors des jeux antiques ?

Sur le site officiel des jeux olympiques de Paris, les organisateurs prétendent que oui :

« Lors des Jeux Olympiques antiques, la Flamme était générée par les rayons du soleil et restait allumée pendant toute la durée des Jeux dans un sanctuaire d’Olympie, le Prytanée. ».

Ce n’est pas ce qu’affirme Wikipedia dans son article sur la flamme olympique :

« La flamme olympique n’existait pas dans les Jeux olympiques antiques. Elle est apparue pour la première fois le 28 juillet 1928 lors des Jeux olympiques d’été de 1928, à Amsterdam. »

La bible française en matière de sport : L’Équipe pose la question à Vinciane Pirenne-Delforge, professeur au Collège de France, qui confirme : « Pas de flamme olympique dans l’Antiquité ».

Une recherche Google donne comme élément de rapprochement qu’à l’époque, des torches étaient allumées pour des cérémonies religieuses, en hommage à certains Dieux ou durant des compétitions sportives, comme des courses de flambeau !

Voilà qui est dit !

Lors de la création des jeux olympiques de l’ère moderne, en 1896 à Athènes, il n’a pas été question non plus de flamme olympique. Elle est apparue, comme l’écrit Wikipedia en 1928 à Amsterdam.

Mais le parcours de la flamme à  travers des villes et des pays a été inventé par d’autres : les nazis. C’est ce que qu’on peu voir sur le Mémorial de l’Holocauste. Mais un article du journal « Le Monde » de 2012 nous donne plus de précision :

« Le journaliste Max Fisher, du magazine américain The Atlantic, rappelle les conditions dans lesquelles est née cette tradition moderne, en 1936, pour les Jeux de Berlin. Le régime nazi avait inventé cette année-là le relais de la flamme, l’utilisant comme instrument de propagande.
A l’origine, Adolf Hitler ne voulait pas des Jeux, qu’il qualifiait d’« invention des juifs et des francs-maçons » [mais] convaincu par le ministre de la propagande, Joseph Goebbels, en 1934, Hitler en fit une démonstration du pouvoir nazi, une évocation des racines aryennes du peuple allemand, unifié par « l’esprit combattant » de ses athlètes. Il saisit aussi l’occasion de lier symboliquement son régime aux empires de l’Antiquité qui lui étaient chers. La flamme fut utilisée pour exprimer la continuité historique naturelle, imaginée par le régime nazi, entre son propre essor et l’héritage grec, via Rome et le Saint-Empire romain germanique. Cette année-là, les porteurs de flambeau passèrent par la Tchécoslovaquie. La propagande allemande encouragea des heurts entre des membres de la communauté allemande et la majorité tchèque. Deux ans plus tard, l’Allemagne envahissait le pays. […] L’idée originale de la torche avait été soufflée à Hitler et Goebbels par un dénommé Carl Diem, patron du Comité olympique du Reich, qui avait mené une longue campagne pour obtenir l’organisation des jeux en Allemagne. ».

Le Monde cite Max Fisher, qui écrivait que l’on peut encore discerner « les échos lointains de cette première cérémonie […] : les costumes, l’orchestration minutieuse, le fer et la flamme, l’évocation d’une ancienne tradition qui est en réalité très moderne ».

A ce stade, on peut conclure soit que le régime nazi a peut être eu des innovations qu’on peut reprendre, soit sentir un certain malaise devant cette antiquité inventée de toutes pièces par des monstres du XXème siècle.

<1803>

Vendredi 25 septembre 2020

«Un tour de France sans dopage est ce possible ?»
Question posée par France Culture

Notre nouveau maire de Lyon, Grégory Doucet a donc osé critiquer le Tour de France qui passait par la Capitale des Gaules. Il l’a traité de « machiste et de polluant. »

Machiste parce qu’il n’existe pas de Tour de France féminin.

Et aussi parce qu’on demandait à deux femmes de remettre aux vainqueurs du jour leurs différents maillots (jaune, vert, à pois, etc.). Elles leur offraient alors un bouquet et une bise. Cette tradition vient d’être abandonnée, c’est désormais un homme et une femme qui remettront les tuniques et trophées.

Et polluant !

Avec Annie, nous avons vu par hasard la fameuse caravane du Tour arriver sur les quais du Rhône à Lyon.

C’est affligeant, d’une laideur sans pareille et une invitation à une société de bullshit consommation.

Pour mettre quelques chiffres sur cette pollution qui accompagne le vélo écologique, on peut lire cet article d’Ouest France qui s’essaie à un article équilibré :

« La caravane publicitaire [c’est] : 170 véhicules qui distribuent environ 18 millions de goodies, le plus souvent des gadgets en plastique, de basse qualité, de la plus faible valeur possible et fabriqués en Chine, la plupart du temps donnés sous blister, selon Consoglobe, dont 500 000 sachets de saucisson Cochonou et 1,5 million de sachets de bonbons Haribo.

Ajoutez à cela une flotte d’environ 2 000 véhicules pour transporter équipes et matériel, 10 à 12 millions de spectateurs qui se déplacent le long des routes, dont beaucoup en camping-car, et environ 3 tonnes de déchets par ville étape »

J’ai trouvé ce reportage sur <La caravane haribo> c’est très instructif.

Pendant ce temps, dans des endroits reculés des Pyrénées il pleut des particules de plastique.

Mais le maire de Lyon a été attaqué de toute part et l’argument le plus souvent utilisé était qu’on ne peut pas critiquer un évènement aussi populaire.

Est-ce que c’est un argument ? On ne peut pas critiquer, parce que c’est populaire !

Les exécutions capitales publiques étaient aussi populaires. Mais on a eu l’intelligence d’y mettre fin, bien que ce fusse populaire.

Il était aussi populaire de boire de l’alcool sans tenir compte du fait qu’on allait prendre le volant. D’ailleurs, c’était si populaire que pendant longtemps quand on provoquait un accident en étant alcoolisé, on bénéficiait de circonstances atténuantes, parce qu’on n’était pas en possession de toute sa lucidité. Des esprits clairvoyants ont mis fin à ces pratiques et les mentalités ont évolué.

Notre président qui nous a donc révélé son opposition féroce au modèle amish, est du côté populaire : il est à 100 % pour le Tour de France.

Et à la fin de l’étape, contre la montre, qui a décidé du vainqueur du tour de France, il a twitté :

« Duel incroyable […] Après cette étape de légende nous n’avons qu’une hâte : retrouver dès l’année prochaine cette grande fête populaire et sportive qui fait la fierté du pays. »

Notre Président aime les vainqueurs.

Il a finalement gardé une âme d’enfant capable de s’enthousiasmer devant le spectacle qu’on lui montre.

L’ombre du doute ne l’effleure pas, est ce que le vainqueur est légitime ?

Car, si notre maire de Lyon a parlé de machisme et de pollution, il n’a pas évoqué la tricherie.

C’est très compliqué d’instiller le soupçon de la tricherie dans ce beau récit des combattants de la route qui se surpassent pour gagner un maillot jaune.

Finalement, il y a quand même eu un article dans le journal « l’Equipe » du lundi qui a suivi le triomphe du jeune slovène pour instiller le doute au milieu de toutes les pages qui magnifiaient cette grande fête populaire pour reprendre les termes du Président de la République.

C’est le journaliste et rédacteur en chef Alexandre Ross qui écrit dans l’édito dont le titre est « Jeune et insouciant »

« Remporter le tour de France, c’est gagner un lion en peluche et un paquet de suspicion »

Plus loin il se pose la question si nous somme victime d’une nouvelle supercherie pour répondre.

« Nous ne savons rien, encore une fois nous sommes perdus ».

Il est très prudent, mais au moins ose t’il poser la question.

<Ouest France> donne la parole à un ancien maillot jaune Stéphane Heulot, mais un maillot jaune qui n’a pas gagné la grande boucle :

« « Le dopage est tellement ancré chez certains managers, comme Mauro Gianetti, qu’ils ne peuvent pas concevoir le cyclisme autrement… » En 2008, le Rennais Stéphane Heulot, maillot jaune du Tour 1996, disait ceci de Mauro Gianetti, manager à l’époque de la sulfureuse Saunier-Duval, aujourd’hui homme fort de la formation UAE Team Emirates, celle du vainqueur du Tour Tadej Pogacar.

Stéphane Heulot connaissait bien Mauro Gianetti. Il avait été son équipier à la Française des Jeux, en 1998, quand le Suisse avait notamment fait son malaise après avoir absorbé du PFC (substance utilisée à titre expérimental dans les hôpitaux, proche de l’EPO). Il était resté trois jours dans le coma, en 1998). Quelques années plus tard, le Breton s’était retrouvé, par le biais de sa société HPC Événements, chargé des relations publiques pour le groupe Saunier-Duval sur le Tour, entre 2005 à 2007.

[…] Un temps éloigné du milieu, Mauro Gianetti a réussi à revenir dans le vélo il y a quelques années, devenant le patron de l’équipe UAE Team Emirates. […]

Mais quand même. Joint ce dimanche, Stéphane Heulot avoue se sentir « plus que mal à l’aise » par rapport au climat général de cette fin de Tour. Sans cibler Pogacar, le Breton se « pose des questions, forcément, comme tout le monde j’espère… » Il poursuit : « Honnêtement, je ne regarde plus le Tour depuis dimanche et la montée du Grand-Colombier (victoire de Tadej Pogacar). Je n’y arrive plus, en fait… Il y a des choses assez faciles à évaluer, quand même, en termes de performance. J’ai du mal à comprendre comment un coureur de 75 kg peut monter à une vitesse folle un col et maintenir sa montée ensuite. En terme de vitesse ascensionnelle, on a vu des trucs qui n’étaient pas possibles, non plus, pour certains… »

[…] Stéphane Heulot se sent mal lorsqu’il évoque ce Tour de France 2020. « C’est pire, même. Vous voyez l’émoticone avec l’envie de vomir, et bien je ressens ça, ça me dégoûte… »

[…] Le dopage sera là tant que des gens seront indéboulonnables. C’est comme si demain, Al Capone était ministre de la Justice… Comment se sortir de tout ça quand 80 % du staff de Jumbo-Visma vient de Rabobank et de l’époque Michael Rasmussen ? Non, ce n’est pas possible… Heureusement, des mecs ont changé, plein de mecs ont changé, mais il y a encore des tricheurs malheureusement, et il faut en avoir conscience. » »

Dans la revue de presse de <France inter> Askolovitch cite d’autres articles : …

«  La Dépêche me rappelle que l’homme qui a découvert Pogacar, quand il était un gamin qui chassait les pelotons sur un vélo trop grand pour lui, s’appelle Hauptman, ancien champion slovène qui en l’an 2000 avait dû renoncer à prendre le départ du Tour de France en raison d’un taux d’hématocrite trop élevé, c’était le temps de l’EPO qui densifiait le sang des coureurs… Le Monde, implacable rappelle des affaires de dopages qui ont déjà traversé le cyclisme slovène, ces dernières années… »

Dans <Slate> la journaliste rappelle simplement que

« Certains des meilleurs grimpeurs de cette édition ont battu des records d’ascension qui avaient été établis par des coureurs dopés dans les années 2000.  […]

Au sommet du col de Peyresourde dans les Pyrénées, le Slovène Tadej Pogacar a ainsi explosé le record de la montée (24 minutes 35 secondes contre 25 minutes 22 secondes) qui appartenait au très sulfureux Kazakh Alexandre Vinokourov, exclu du Tour de France 2007 après un contrôle positif à la transfusion sanguine.

Autre record inquiétant, dans la très raide montée de Marie-Blanque, toujours dans les Pyrénées, Roglic, Pogacar, Bernal et Landa, quatre des meilleurs grimpeurs de ce Tour de France de rentrée scolaire, ont grimpé 23 secondes plus vite qu’un petit groupe emmené en 2005 par Lance Armstrong, le septuple vainqueur de l’épreuve dont le nom a été effacé du palmarès pour dopage avéré. »

Il est donc possible de faire mieux sans se doper !

Lance Armstrong n’a jamais fait l’objet d’un contrôle positif pendant toutes ces années.

Comment croire qu’on ne se trouve pas aujourd’hui dans la même situation ?

<Le Parisien> cite un autre professionnel, aussi ancien maillot jaune : Romain Feillu :

« Retiré des pelotons depuis l’année dernière, Romain Feillu (36 ans) organise des stages destinés aux cyclistes chez lui en Corrèze. Durant sa carrière, l’ancien maillot jaune du Tour de France (2008) n’a jamais pratiqué la langue de bois. Alors que les performances de l’équipe Jumbo Visma du maillot jaune Roglic suscitent quelques interrogations, le sprinter aux 21 victoires pros n’a pas hésité à exprimer ses doutes publiquement avec une certaine ironie. « Quand je pense que certains s’offusquent qu’un mec de 80 kilos monte les cols plus vite que Pantani… Le maillot magique, Jumbo, les Éléphants volants! Ce n’est pas nouveau, il suffit d’y croire… », a ainsi écrit l’ancien sprinteur sur Twitter.

Des propos qu’il a précisés dans un entretien à Ouest-France : « Ceux qui connaissent le vélo savent bien que ce n’est pas normal. »

France Culture pose la question : <Un Tour de France sans dopage, est-ce possible ?>.

Dans cette émission, le journaliste David Opoczynski explique :

« Tadej Pogacar a réalisé quelque chose d’exceptionnel, de l’avis même des spécialistes. C’est ce qu’il est important de souligner : aujourd’hui, effectivement, malheureusement, le doute accompagne de façon permanente les performances des meilleurs du Tour de France (certaines performances – il ne faut surtout pas généraliser). Quand il y a des choses exceptionnelles, qu’elles sont soulevées, font l’objet de critiques, et viennent des gens du milieu, même du cyclisme là, on peut vraiment commencer à s’interroger et à analyser ces performances. »

« Pour vous donner un ordre d’idée, Tadej Pogacar a fait 1 minute 21 secondes à l’arrivée de mieux que celui qui fait deuxième. Et celui qui fait deuxième était à son meilleur niveau. Quand l’écart est plus grand, quand on est au-dessus de tous les autres, de tous les meilleurs, il peut y avoir un doute. »

L’article de Slate, déjà cité donne la parole à ancien entraîneur de l’équipe Festina, celle de Richard Virenque qui a été dopé « à l’insu de son plein gré », formule qui restera éternellement attaché à ce coureur.

Et Antoine Vayer est plus explicite :

« À la question « y a-t-il des tricheurs sur ce Tour de France? », je dis oui. À la question « sont-ils devant? », je dis oui aussi»

Le cyclisme reste un sport épatant, mais il n’est pas possible de ne pas jeter un regard lucide sur les dérives qui restent prégnants malgré des récits de conte de fée pour adultes consentants.

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Vendredi 15 novembre 2019

« Il m’est d’ailleurs arrivé de penser que gagner ne servait à rien »
Poulidor

Comme tout le monde, j’aimais Poulidor et j’aurais voulu qu’il gagne le tour de France.

Mais dire qu’il est l’éternel second est évidemment une fake news.

Son palmarès est remarquable puisqu’il peut se prévaloir de 189 victoires, dont Milan-San Remo (1961), la Flèche wallonne (1963), Paris-Nice (1972, 1973), le Critérium du Dauphiné (1966, 1969), le Tour d’Espagne (1964) etc.

Evidemment, la réputation d’éternel second est liée à la course la plus prestigieuse du cyclisme : le tour de France.

Et dans cette course il y eut comme une malédiction, un « chat noir ».

Il participa à 14 tours de France, le premier en 1962 à 26 ans et le dernier à 40 ans en 1976. Dans le premier et le dernier tour de France auquel il a participé, il a terminé troisième.

Il est d’ailleurs le recordman de podium sur le Tour de France puisqu’il termina 8 fois sur le podium dont 3 fois deuxième mais jamais premier.

Et même plus que cela, il ne porta jamais le maillot jaune, bien qu’il remporta 7 étapes.

Le moment le plus emblématique fut la course épaule contre épaule dans la montée du Puy de Dôme en 1964.

<Libération> rapporte cet affrontement avec ces mots :

« Ce jour-là, sur des pentes à 10%, le cyclisme est presque devenu un sport de contact, de combat. Épaule contre épaule, sans échanger le moindre regard, les deux hommes vont au bout de leurs limites. A la pédale et au mental, Poulidor finit par lâcher son adversaire, qu’il laisse à 42 secondes au sommet. Insuffisant pour le dépouiller de sa tunique jaune. Au final, Poulidor termine deuxième du Tour, à 55 secondes d’Anquetil. »

Ce qu’on dit rarement c’est que Poulidor ne gagna pas cette étape.

Il faut aller lire l’article de <La Montagne> pour savoir qu’il ne finit que troisième devancé par Jimenez et Bahomontés.

L’article de la Montagne est très complet et rapporte que ce Tour 1964 ne fut pas perdu lors de cette ascension mais dans les étapes précédentes :

« Sur les premières semaines, il aurait pu (dû?) s’emparer du maillot jaune. En effet, que de temps perdu dans les étapes précédentes ! D’abord, il y a cette arrivée rocambolesque à Monaco (9e étape) où le Creusois déboule en tête sur le vélodrome de la Principauté mais descend de son vélo un tour de piste trop tôt, ce qui permet à… Anquetil de lui passer devant et de remporter l’étape, empochant ainsi la bonification d’une minute promise au vainqueur…

Puis il y a ce contre-la-montre entre Peyrehorade et Bayonne (17e étape), épreuve sur laquelle Anquetil excelle d’ordinaire, où Poulidor alors en tête est victime d’une crevaison. Arrive ensuite un incroyable concours de circonstances : le mécano se précipite avec un vélo de rechange mais trébuche et tombe dans un fossé, se blessant à la cheville. Le coureur est ainsi obligé de descendre pour aller chercher sa nouvelle monture, mais suite à la chute de celle-ci, le guidon est faussé, obligeant Poulidor à s’arrêter à nouveau quelques mètres plus tard pour tout remettre en ordre. »

Mais ce que je trouve remarquable c’est ce que Poulidor raconte dans un article publié par le journal suisse « Le Temps » :

«Plus j’étais malchanceux, plus le public m’appréciait, plus je gagnais du fric. Il m’est d’ailleurs arrivé de penser que gagner ne servait à rien.»

Il répétait souvent, à la fin de sa vie:

«Si j’avais gagné le Tour, on ne parlerait plus de moi aujourd’hui.»

Il raconte dans un autre article que sa popularité était telle que pour avoir sa participation, les organisateurs de critérium lui versaient des primes plus importantes qu’à Anquetil qui gagnait davantage de courses. Ce dernier en était d’ailleurs fort marri.

Poulidor apparaissait comme le perdant, mais un perdant magnifique qui était allé au bout de lui-même.

Des esprits chagrins, croyant de la supériorité du vainqueur, ont d’ailleurs, en s’appuyant sur la popularité de Poulidor, reproché aux Français de préférer les perdants. Ils entendaient pointer ainsi du doigt, selon eux, une tare de la France dans la compétition mondiale.

Le Huffington Post a consacré un article à ce sujet : « Pourquoi on adore les perdants comme Raymond Poulidor »

Pour ma part, lors d’un des mots du jour sur le football, avant la coupe du monde 2018, je m’étais offusqué de l’injonction de notre jeune président qui fait probablement partie de ces esprits chagrins.

Ce fut le dernier de la série, publiée le 26 juin 2018 et je racontais la chose suivante :

« Et puis pour finir vraiment, je voudrais revenir à la visite d’Emmanuel Macron à l’équipe de France de football à Clairefontaine. Pendant cette visite il a eu ce jugement :

«Une compétition est réussie quand elle est gagnée»

Montrant bien que pour lui ce sont les gagnants que l’on doit admirer et honorer.

C’est une philosophie de vie, c’est une morale.

Une morale que je ne partage pas.

Et le football encore m’aide à l’expliquer.

L’équipe de France de 1982 a perdu à Séville contre l’Allemagne. Je crois que tous ceux qui aiment le foot gardent beaucoup d’affection pour cette équipe de perdants.

Et l’équipe de 1986 qui avait battu le champion du monde sortant italien en 1/8ème finale. En ¼ de finale elle a rencontré l’équipe de Brésil de Socratés que j’ai déjà évoqué lors du mot du jour de vendredi. Certains historiens du football disent que ce fut le plus beau match de l’Histoire du football, tous disent que ce fut l’un des plus beaux. Et ce fut l’Argentine qui gagna la coupe du monde, l’Argentine de Maradona qui se qualifia grâce à la tricherie de ce dernier marquant un but avec la main contre l’Angleterre.

L’équipe de France de Platini et l’équipe du Brésil de Socratés furent des équipes de perdants, mais des perdants magnifiques.

Heureusement, M Macron que le monde de nos souvenirs et de nos célébrations n’est pas qu’un monde de gagnants. Il serait beaucoup moins beau, avec moins d’émotion, d’intelligence, de saveur, plus uniforme, plus triste. »

Et je crois que le témoignage de Poulidor nous apporte cette sagesse qu’il n’y a pas que la victoire qui est belle.

C’est un monde assez affreux que celui dans lequel on n’honore que le vainqueur.

Dans un monde où le premier rafle tout.

C’est un monde assez proche de celui dans lequel nous vivons.

Mais les français aiment Poulidor, c’est peut-être cela leur particularité et leur grandeur.

« Il m’est arrivé de penser que gagner ne servait à rien »

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Mercredi 26 septembre 2018

« Snow-Trampoline, aquaponey, chessboxing, footgolf»
Sports destinés à des gens qui ont du mal à choisir une seule discipline

Comme lundi, c’est la revue de presse de Frédéric Pommier qui me donne le sujet du mot du jour d’aujourd’hui.

C’était l’émission du 15 septembre 2018 qui s’est intéressé aux sports qui combinent deux disciplines :

« Lorsqu’on veut faire du sport, et que l’on hésite entre deux disciplines, il existe une solution : c’est de pratiquer les deux en même temps.

Vous souhaitez faire du ski de fond, et en même temps du tir à la carabine : inscrivez-vous dans un club de biathlon !

Vous souhaitez faire du hockey, et en même temps de la nage sous-marine : inscrivez-vous dans un club de hockey subaquatique !

Vous aimez le snowboard, et en même temps le trampoline : faites du « Snow-Trampoline » ; on rebondit les deux pieds chaussés d’une planche.

Dans le même genre, il y a bien sûr l’aquaponey – de l’équitation en piscine, ou encore le « chessboxing »… Là, il s’agit de mixer un sport et un jeu cérébral. La boxe et les échecs. Un round de boxe, un round d’échec, et il y a « échec et mat » dès que l’un des joueurs est KO.

Et puis un autre sport a fait récemment son apparition en France : le footgolf

Une pratique née au Pays-Bas. Ça se joue sur un terrain de golf, mais les trous sont plus larges, puisqu’on ne joue pas avec des balles, mais avec des ballons, les pieds se substituant aux clubs. Vous aimez le foot, et en même temps le golf : faites donc du footgolf !

C’est ce à quoi nous invite ce matin le journal de Saône et Loire, dont l’un des journalistes a tenté l’expérience. Il a trouvé ce double-sport très distrayant !

La solution pour ceux qui n’arrivent pas à choisir. »

Wikipedia nous apprend que le chessboxing a été imaginé en bande dessinée par Enki Bilal dans son album Froid Équateur en 1992.

<Ce site de la fédération de footgolf> précise que ce sport a été créé en Hollande en 2009 et qu’il est aujourd’hui en plein essor dans le monde. Déjà 35 nations ont créé leur fédération. Et sur 26 nations engagées, la France a terminé 9ème de la Coupe du monde 2016 organisée en Argentine.

On peut trouver des vidéos qui montrent ce que cela donne. Par exemple : <FOOTGOLF FRENCH OPEN 2018>..

Et je vous laisse découvrir les légendes de l’aquaponey sur le <site de la fédération d’aquaponey>

Le sport est bon pour la santé et en plus permet d’occuper son temps libre.

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Lundi 11 décembre 2017

« Nos parents sont d’un naturel vraiment très optimistes.
Ils nous ont montré que les rêves pouvaient se réaliser,
et que ça valait le coup de tout donner pour les vivre. »
Alice Calvet en parlant des réussites de son frère François Gabart

La course en mer constitue une activité très éloignée de mes centres d’intérêt.

Toutefois, j’ai entendu parler de François Gabart à la revue de presse de France Inter de ce dimanche du 10 décembre et j’en tire une réflexion très féconde sur la confiance et la réussite.

Avant ce dimanche, je ne savais rien de François Gabart, qui est pourtant quelqu’un de très connu, je l’ai compris depuis, dans le sport et notamment dans la voile.

Il a 34 ans, il est charentais et dans son domaine il réussit tout ce qu’il entreprend. En ce moment il fait un tour du monde en solitaire.

Ce <Site> nous apprend que ce dimanche il a franchi l’équateur et qu’il est très en avance par rapport au record du monde qu’il entend battre.

Voici ce qu’en disait la revue de Presse de France Inter évoquée ci-dessus :

« Jusqu’ici, tout réussit à ce surdoué. » Phrase à lire dans LE JDD… Alors, qui donc est ce « surdoué » qui réussit à transformer tout ce qu’il touche « en or »  ? Eh bien c’est un navigateur de 34 ans, le Charentais François Gabart, qui, depuis plusieurs années, remporte toutes les courses auxquelles il participe : le Vendée Globe, la Route du Rhum, la Transat Jacques-Vabre, la Transat anglaise… Et il est actuellement en passe de battre le record du tour du monde en solitaire… Un record détenu par Thomas Coville – c’était il y a exactement un an, il l’on imaginait alors qu’il serait ancré pour longtemps, ce record… Thomas Coville avait mis un petit peu plus de 49 jours… Le tour du monde en 49 jours.

Or s’il poursuit au rythme auquel il s’est lancé, au tout début du mois dernier, François Gabart pourrait donc bien terminer son périple avec quatre à six jours d’avance… Il le raconte, son périple, dans LE JOURNAL DU DIMANCHE… La lutte contre la fatigue et le manque de sommeil, la peur et les souffrances physiques : « En baver, c’est ce que je recherche… Tout donner et puis terminer sur la ligne d’arrivée à bout de force. » Mais, dans LE PARISIEN, qui le présente comme « le petit Mozart de la voile », il dit aussi ses émotions : des instants où les larmes peuvent lui monter aux yeux… Un coucher de soleil ou quand la mer est belle… Des sensations très fortes, quatre ou cinq fois par jours. Et puis, ce qu’il aime surtout, c’est la vitesse… Tant pis si, par moments, par gros temps, des eaux agitées, il risque de casser son bateau… Il prend le risque, il aime le risque, parce qu’il a confiance… Une confiance qui, si l’on en croit sa sœur Alice, lui vient de son enfance – déjà, à l’époque, il se rêvait skippeur. « Nos parents, confie-t-elle, sont d’un naturel vraiment très optimistes. Ils nous ont montré que les rêves pouvaient se réaliser, et que ça valait le coup de tout donner pour les vivre. »

Comme une leçon de vie.

Confiance et optimisme… sur un trimaran. »

Je retiens de tout cela que la force qui anime ce jeune homme vient de la confiance et de l’optimisme que lui ont insufflés ses parents.

Cela n’enlève rien à ses mérites et certainement à une grande part de travail, d’entrainement et de volonté.

Mais au départ il y a la confiance.

La confiance qu’on possède, la confiance qu’on donne, la confiance qu’on reçoit.

J’ai trouvé aussi cette vidéo : <Alice parle de son frère et de son tour du monde>

Un des premiers mots du jour citait Eleanor Roosevelt, épouse du Président Franklin D. Roosevelt «L’avenir appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves. »

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Lundi 29 septembre 2014

Lundi 29 septembre 2014
« La marche est un authentique exercice spirituel. »
Frédéric Gros
Après le sommeil qui fût le sujet du dernier mot du jour, voici un autre exercice qui permet de nous sortir de notre posture de consommateur compulsif : la marche.
Professeur de philosophie politique à l’université Paris-XII  Frédéric Gros a écrit un livre intitulé « Marcher, une philosophie » (Carnet Nord, 2009). Dans ce livre on apprendra que Nietzsche a eu cette formule « les orteils se dressent pour écouter» .
Un article du Monde que je joins à ce message donne quelques clés de ce livre :
Question […] marcher semble, aux yeux de beaucoup, une expérience plus banale, plus pauvre…
[…]  La lenteur de la marche, sa régularité, cela allonge considérablement la journée. Et en ne faisant que mettre un pied devant l’autre, vous verrez que vous aurez étiré démesurément les heures. De sorte qu’on vit plus longtemps en marchant, pas au sens où cela rallongerait votre durée de vie, mais au sens où, dans la marche, le temps ralentit, il prend une respiration plus ample.
Par ailleurs, le rapport du corps à l’espace est aussi très impressionnant : par exemple la beauté des paysages est plus intense quand on a fait des heures de marche pour franchir un col.
[…] Ce n’est pas tant que marcher nous rend intelligents, mais que cela nous rend, et c’est bien plus fécond, disponibles. On n’est plus dans le recopiage, le commentaire, la réfutation mesquine, on n’est plus prisonnier de la culture ni des livres, mais rendu simplement disponible à la pensée.
[…] rappeler quand même que la marche, par sa lenteur, par la fatigue qu’elle entraîne, n’a pas cessé de représenter pour l’homme une contrainte dont il fallait se débarrasser par la richesse ou le progrès technique.
Si on redécouvre aujourd’hui les bienfaits de la marche, c’est que l’on commence à ressentir que la vitesse, l’immédiateté, la réactivité peuvent devenir des aliénations. On finit, dans nos vies ultramodernes, par n’être plus présent à rien, par n’avoir plus qu’un écran comme interlocuteur. Nous sommes des connectés permanents. Ce qui fait l’actualité critique de la marche, c’est qu’elle nous fait ressentir la déconnexion comme une délivrance.
[on marche pour se retrouver ] au sens où, en marchant, vous laissez au bord des chemins les masques sociaux, les rôles imposés, parce qu’ils n’ont plus leur utilité. La marche permet aussi de redécouvrir un certain nombre de joies simples. On retrouve un plaisir de manger, boire, se reposer, dormir. Plaisirs au ras de l’existence : la jouissance de l’élémentaire. Tout cela, je crois, permet à chacun de reconquérir un certain niveau d’authenticité.
Mais on peut aller encore plus loin : la marche permet aussi de se réinventer. Je veux dire qu’à la fois, en marchant, on se débarrasse d’anciennes fatigues, on se déleste de rôles factices, et on se donne du champ.
En marchant, tout redevient possible, on redécouvre le sens de l’horizon. Ce qui manque aujourd’hui, c’est le sens de l’horizon : tout est à plat. Labyrinthique, infini, mais à plat. On surfe, on glisse, mais on reste à la surface, une surface sans profondeur, désespérément. Le réseau n’a pas d’horizon.
[marcher, une philosophie » ?] Peut-être davantage : un exercice spirituel.
Voici ci-après deux autres liens :
« Marche ou crève ! », criait-on…Désormais c’est « Marche et revis ! » Petite sélection de livres sur les bonheurs de la marche. La page de la librairie Mollat sur un grand nombre de livre sur la Marche > http://www.mollat.com/dossier/la_marche_une_philosophie_abordable-12075.html
Et ici vous trouverez Frédéric Gros présenter son livre : http://www.dailymotion.com/video/xcnl0m_frederic-gros-marcher-une-philosoph_news
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Mardi 03/06/2014

Mardi 03/06/2014
« Un enfant pleure,
devant lui, dans son assiette,
un ballon de foot a remplacé les aliments »
Paulo Ito
En réalité, le mot du jour est un dessin ou plutôt une fresque d’un artiste à Sao Paulo : Paulo Ito
La coupe du monde de football va commencer dans 10 jours.
Parmi les destinataires du mot du jour, il y a des passionnés de football, d’autres qui sont très hostiles à ce sport qui consiste à faire payer très cher à des gens modestes le droit d’aller regarder des millionnaires courir après un ballon, et il y a aussi des indifférents.
Tout le monde se retrouvera en revanche derrière la dénonciation du coût exorbitant de ce mondial au Brésil alors que les brésiliens ont tellement de besoins non satisfaits.
Ce dessin en dit plus que de nombreux discours.
Par exemple, il était demandé au Brésil de disposer de 8 stades, mais les autorités ont décidé d’en avoir 12 comme par exemple un stade au cœur de l’Amazonie qui a été entièrement construit dans une ville qui ne dispose d’aucun club en première division, alors que 90% de la population n’a pas accès au tout-à-l’égout.
Mais les brésiliens protestent de plus en plus vigoureusement comme le montre l’article de Mediapart joint et n’en déplaise à notre Platini national qui leur conseille de se taire pour ne pas gâcher la fête et de protester après la compétition. <Ici avec les commentaires de la presse Belge>
Pour les connaisseurs de football et d’Histoire, il faut reconnaître qu’il y a du progrès : en 1976 lors de la coupe du monde en Argentine, il n’y avait pas de manifestations sous la dictature militaire du sinistre Videla. D’ailleurs Platini y a participé en tant que joueur. C’est peut-être ce souvenir, qui le conduit, aujourd’hui, à considérer des manifestations avant le mondial comme incongru.
Au Brésil, en 2014, au moins il y a la démocratie et des brésiliens peuvent dire leur mécontentement et leur désaccord avec les priorités mis en œuvre.
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