Mercredi 30 avril 2014

« Le thérémine »
Lev Thérémine
Commençons par une photo :
Au tout début de la révolution bolchevique, il y a eu quelques mois où ont régné en Russie une créativité et une inventivité absolument extraordinaire.
Bien vite le régime totalitaire a détruit tout cela.
C’est dans ce contexte que Lev Sergueïevitch Termen (connu sous le nom de «Léon Theremine») a inventé cet instrument étrange qu’on joue sans toucher. C’est en fait le premier instrument de musique électronique, composé d’un boîtier électronique équipé de deux antennes, l’instrument a la particularité de produire de la musique sans être touché par l’instrumentiste. Dans sa version la plus répandue, la main droite commande la hauteur de la note, en faisant varier sa distance par rapport à l’antenne verticale. L’antenne horizontale, en forme de boucle, est utilisée pour faire varier le volume selon sa distance par rapport à la main gauche.
Le résultat est étonnant souvent utilisé dans la musique de film pour créer une ambiance étrange, proche de la voie humaine. Notamment Tim Burton l’a utilisé dans son film Ed Wood.
Bien sûr l’Union soviétique a par la suite eu un comportement lamentable avec l’inventeur qui a été forcé de travailler dans un laboratoire secret du goulag.
Voir un exemple sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=V4p2HfmoNNA
Et l’émission qui m’a fait découvrir cet instrument étrange : <La fascinante histoire de l’instrument de Lev Thérémine>
C’était un mot du jour de découverte avant un long week end
<279>

Mardi 29/04/2014

Mardi 29/04/2014
« La calomnie est un petit vent
Une petite brise très gentille
Qui, imperceptible, subtile,
Légèrement, doucement,
Commence, commence à murmurer.
[…]
Et le pauvre calomnié,
Humilié, piétiné
Sous le fléau public,
Par grand malheur s’en va crever. »
Rossini/Beaumarchais le barbier de Séville
Dominique Baudis vient de mourir.
C’était un homme de qualité, il était maire de Toulouse quand j’ai passé 18 mois dans la ville rose à partir de 1985, élève de l’Ecole Nationale du Cadastre.
Il vécut un épisode terrifiant où la calomnie <en 2003 lui attribua des crimes sordides>.
Il ne fut totalement blanchi qu’en 2005. Personne ne peut dire ce que cette terrible épreuve a eu pour conséquence physique dans son corps et a pu entraîner une mort prématurée à 66 ans.
La calomnie est une abomination.
Je crois que jamais elle n’a été mieux décrite que dans le Barbier de Séville par Beaumarchais et Rossini :
« La calomnie est un petit vent
Une petite brise très gentille
Qui, imperceptible, subtile,
Légèrement, doucement,
Commence, commence à murmurer.
Piano, piano, terre à terre,
À voix basse, en sifflant,
Elle glisse, elle glisse
Elle rôde, elle rôde
Dans l’oreille des gens
Elle s’introduit, s’introduit adroitement
Et les têtes et les cervelles
Étourdit et fait gonfler.
En sortant de la bouche
Le tapage va croissant,
Il prend force peu à peu,
Vole déjà de lieu en lieu,
Il ressemble au tonnerre, à la tempête
Qui au cœur de la forêt
Va sifflant, grondant,
Et vous glace d’horreur.
À la fin elle déborde et éclate, se propage, redouble,
Et produit une explosion
Comme un coup de canon,
Comme un coup de canon,
Un séisme, un orage,
Un tumulte général
Qui fait retentir l’air.
Et le pauvre calomnié,
Humilié, piétiné
Sous le fléau public,
Par grand malheur s’en va crever. »

Lundi 28/04/2014

Lundi 28/04/2014
«Il faut sauver les arméniens.»
Jean Jaurès
La guerre de 1914-1918 va être de plus en plus présente dans les prochains mois et années, dans les médias, les livres et probablement le mot du jour.
Je me suis intéressé à deux événements récents qui m’ont fait découvrir la publication d’un livre intitulé « Il faut sauver les arméniens » et qui rassemble plusieurs discours à l’Assemblée nationale de Jaurès à partir de 1896.
Le premier évènement est le fait que le premier ministre turc Erdogan a adressé ses condoléances aux petits enfants des morts arméniens, pour ce qu’il n’arrive pas encore à appeler le génocide arménien, mais pour lesquels il parle de souffrance. Il l’a fait le 24 avril, jour où les arméniens commémorent le génocide qui a commencé il y a 99 ans en 1915.
Le second est la visite « compliquée » du président de la république dans la « ville de Jaurès » Carmaux le 23 avril, officiellement en hommage à Jaurès à l’occasion du centenaire de sa mort.
Rappelons que Jean Jaurès a été assassiné le 31 juillet 1914, au Café du Croissant, rue Montmartre, vers 21 h 40 par un étudiant nationaliste, Raoul Villain qui tire deux coups de feu par la fenêtre ouverte du café et abat Jaurès à bout portant. Rappelons que le lendemain, le 1er août il y a mobilisation générale en France et l’Allemagne déclare la guerre à la Russie, puis le 3 août l’Allemagne déclare la guerre à la Serbie et à la France.
Ces deux faits m’ont conduit à découvrir le combat précoce de Jaurès en faveur des arméniens.
Ce livre rassemble plusieurs discours de Jean Jaurès à la tribune de la Chambre des députés entre 1896 et 1897 concernant les massacres des Arméniens de 1894-1896 ordonnés par le sultan de l’Empire ottoman, Abdul Hamid, dit le « sultan rouge », et qui ont fait plus de 200 000 victimes.
Dans le premier discours du 3 novembre 1896. il stigmatise la responsabilité du sultan mais aussi celle des puissances européennes, dont la Russie, et met en accusation le gouvernement de la République française pour sa politique à l’égard de l’Empire ottoman. Jean Jaurès initie alors de fait, le mouvement arménophile en France.
Dans son intervention du 22 février 1897. Il critique l’attentisme du ministère des Affaires étrangères qui stimule les violences et démontre que la démocratie implique de combattre la tyrannie même hors de ses frontières.
Dans sa 3e interpellation du 15 mars 1897, il s’élève contre l’impunité accordée au sultan qui fait massacrer à nouveau les Arméniens, contre le choix de collaborer avec lui pour réprimer les populations de la Crète et contre la puissance financière des porteurs de bons ottomans qui confondent la politique avec leur intérêt personnel. Il faut néanmoins noter dans la post-face de V. Duclert que c’est la défaite turque de Sarikamish face à la Russie en janvier 1915 qui engendra un  » vaste procès collectif  » de trahison arménienne déclenchant le Génocide. L’auteur ne dit pas que cette accusation de trahison était factice et que l’intention génocidaire existait avant Sarikamish. Il cite aussi 1.2 million d’Arméniens exterminés lors de ce Génocide, alors qu’il y en a eu 1.5 million.
Jean Jaurès avait déjà compris que le processus génocidaire était enclenché.
Ce mot du jour nous rappelle que la France a connu des grands hommes politiques humanistes et visionnaires.

Vendredi 25/04/2014

Vendredi 25/04/2014
«On est quand même dans un pays formidable»
Guillaume Gibault
Le mot du jour aurait pu aussi s’appeler « le slip français ».
Guillaume Gibault, qui est alors jeune diplômé de 25 ans issu d’HEC, fonde en 2011 le slip français après qu’un ami lui ait lancé un pari : produire des slips. Gibault accepte et décide, de lancer une première commande de six-cents slips auprès d’un fabricant français. La marque est lancée.
Le 11/03/2014, les matins de France Culture ont invité Pascal Lamy, l’ancien directeur de l’OMC, pour parler du livre qu’il vient de faire paraître : Quand la France s’éveillera (Odile Jacob, 13 mars).
A la fin de l’émission, l’animateur passe une interview de Guillaume Gibault d’où j’ai tiré le mot du jour.
Il dit en résumé :
« La marque « le slip français » c’est le pari qu’en France on est toujours capable de fabriquer en France de beaux sous-vêtements
C’est partie d’une blague.
Mais il y a un vrai savoir-faire en France pour ce genre de produit.
On est quand même dans un pays formidable, où j’arrive à aller dans l’usine à Lille en TGV en 1 heure.
On arrive à grandir, on est connu dans le monde entier
On est accompagné par les banques
Il y a des tas de gens qui sont bien formés
On a quand même beaucoup d’atout et notamment cet atout qui est la marque France »
Et Pascal Lamy conclut, à l’issue de cet entretien : « Il dit en 4 phrases ce que je dis en 170 pages. »
Et ici le site consacré au slip français : http://www.leslipfrancais.fr/
J’espère qu’après ce mot du jour vous n’achèterez plus que des slips français

Jeudi 24/04/2014

Jeudi 24/04/2014
«Dans les pays du nord ou anglo-saxons,
on parle de bien-être au travail,
[en France] on évoque la problématique de la souffrance au travail»
Bénédicte Litzler, avocate au barreau de Paris
Les matins de France Culture du 5 mars 2014 étaient consacrés à la souffrance au travail. 41% des salariés français se déclarent stressés au travail.
Le mot du jour rapporte le propos introductif d’une des intervenantes de cette émission.
Cette réflexion me parait pleine de sens pour nous autres français.
Que ce soit à l’école, au travail et ailleurs nous partons toujours de ce qui ne va pas, nous regardons toujours la situation par le filtre négatif.
Ici nous parlons de la souffrance, des risques psycho-sociaux pour éviter que le mal ne se répande.
D’autres abordent le sujet sous l’angle inverse : l’objectif est d’être bien au travail. La question posée est : comment faire pour y être bien et éviter ce qui empêche de l’être ?
Partir du positif, du bien pour progresser, s’améliorer. Par suite ce sont souvent des outils et des démarches proches qu’on utilisera, mais le point de départ n’est pas le même et c’est cela qui fait toute la différence.
Cette émission des matins avait invité Bénédicte Litzler, avocate au barreau de Paris, et Marie-Edith Alouf, journaliste. Avec Anne-Françoise Chaperon, psychologue, elles ont publié : Harcèlement moral au travail, comprendre et se défendre, aux éditions Odile Jacob.
La question abordée était :  » Comment prévenir les situations de harcèlement au travail, comment les reconnaître, comment y répondre ? La crise a-t-elle modifié, amplifié les souffrances au travail ? »
Que le ciel vous donne le bon filtre pour observer la réalité et faire progresser le bien

Mercredi 23/04/2014

Mercredi 23/04/2014
«Le graphène est le matériau de l’avenir.»
Nick Bilton
Ce n’est plus le plastique le matériau de l’avenir, mais le graphène, écrit Nick Bilton dans son blog sur le New York Times. Non seulement il est le matériau le plus résistant et le plus mince au monde, mais il est aussi le meilleur conducteur de l’électricité et de la chaleur, compte tenu qu’il s’agit d’une forme de carbone. En outre, il n’est épais que d’un atome, et il est à la fois le matériau le plus dur du monde, et le plus malléable.
Ce matériau miracle est appelé à changer l’industrie de l’électronique, écrit Bilton.
Le graphène a été découvert il y a dix ans, mais ce n’est qu’en 2010 qu’il a commencé à intéresser le monde, lorsque deux physiciens de l’Université de Manchester ont reçu le prix Nobel pour les expériences qu’ils avaient menées avec ce matériau en 2010.
L’American Chemical Society a déclaré en 2012 que le graphène est 200 fois plus résistant que l’acier et qu’il est si fin qu’avec un gramme de ce matériau, on peut couvrir la surface d’un terrain de football.
Le graphène est à la fois transparent, conducteur et flexible, des qualités qui sont rarement associées dans un seul matériau. Le graphène est de haute qualité et peu coûteux.
Quelques possibilités d’exploitation du graphène:
En 2011, une première batterie combinant graphène et silicium a été développée par des chercheurs de la Northwestern University. Le téléphone portable qu’elle aurait pu équiper aurait disposé d’une autonomie de 15 jours, et il se serait rechargé en seulement 15 minutes.
En 2012, l’American Chemical Society a déclaré que le graphène permettrait de concevoir des téléphones portables « minces comme une feuille de papier et pliables au point de pouvoir rentrer dans une poche ».
Le graphène peut être étiré de 20%, tout en demeurant capable de conduire l’électricité. Le seul autre matériau aussi extensible est le caoutchouc. Par comparaison, le silicone qui équipe les appareils électroniques d’aujourd’hui, ne peut être étendu sans dommage que de 1%.
La submersibilité du graphène le prédispose aux applications médicales. Il pourrait par exemple être utilisé pour concevoir des équipements implantés directement dans le corps.
Les constructeurs automobiles réfléchissent à la conception de carrosseries de voitures contenant du graphène, qui, outre qu’ils seraient très protecteurs, pourraient également servir de panneau solaire pour charger la batterie de la voiture.
Si vous voulez en savoir davantage, un article du Monde est joint au présent message.
Le progrès fait rage et le futur ne manque pas d’avenir…comme dirait Philippe Meyer

Mardi 22/04/2014

Mardi 22/04/2014
« On me mit, pendant trois mois environ, à un régime spécial
pour stimuler mon imagination. »
Germaine Tillion
C’est ainsi que cette immense Dame (1907-2008) parlait de la torture qu’elle venait de subir dans une lettre qu’elle a écrite à la Gestapo et que Slate.fr vient de publier.
La France a décidé de transférer les cendres de Germaine Tillion au Panthéon.
Si l’actualité avait dû dicter l’agenda, le mot du jour aurait dû être « conflit d’intérêt » et il eut fallu faire un développement sur cette incapacité d’une grande partie de nos élites qui prônent une vie frugale pour l’ensemble des français à se l’appliquer à soi-même, voire même à comprendre ce que signifie le concept du conflit d’intérêt.
Mais la lecture de l’article de Slate.fr, me conduit à préférer parler d’une figure lumineuse : Germaine Tillion était d’abord ethnologue et entre 1934 et 1940, dans le cadre de sa thèse, elle a effectué quatre séjours en Algérie pour étudier l’ethnie berbère des Chaouis présente dans l’Aurès.
Puis, de retour en France au moment de l’armistice de 1940, son premier acte de résistance est de donner les papiers de sa famille à une famille juive qui sera ainsi protégée jusqu’à la fin de la guerre. Elle devient, de 1941 à 1942, chef de la filière d’évasion de prisonniers de guerre fondée par le colonel Hauet.
Arrêtée le 13 août 1942, Germaine Tillion est déportée le 21 octobre 1943 à Ravensbrück. Elle perd sa mère, résistante comme elle, déportée en 1944 et gazée en mars 1945. Avant sa déportation en Allemagne et pendant sa détention en France elle a écrit cette lettre pleine d’ironie, d’intelligence et de courage.
Après la guerre elle s’engagera dans plusieurs combats politiques notamment contre la torture en Algérie et l’émancipation des femmes.
Wikipédia rapporte un propos tenu à la fin de sa vie, elle a quand même vécu jusqu’à 100 ans : « Au terme de mon parcours je me rends compte combien l’homme est fragile et malléable. Rien n’est jamais acquis. Notre devoir de vigilance doit être absolu. Le mal peut revenir à tout moment, il couve partout et nous devons agir au moment où il est encore temps d’empêcher le pire. »
Voici le début de cette lettre étonnante
Fresnes, 3 janvier 1943
Messieurs,
J’ai été arrêtée le 13 août 1942, vous le savez, parce que je me trouvais dans une zone d’arrestation. Ne sachant encore au juste de quoi m’inculper et espérant que je pourrais suggérer moi-même une idée, on me mit, pendant trois mois environ, à un régime spécial pour stimuler mon imagination. Malheureusement, ce régime acheva de m’abrutir et mon commissaire dut se rabattre sur son propre génie, qui enfanta les cinq accusations suivantes, dont quatre sont graves et une vraie:
1. Assistance sociale. J’ai en effet fondé et dirigé personnellement pendant un an un service dont le but était de venir en aide à tous les prisonniers de nos colonies relâchés immédiatement après l’armistice. Des appuis officiels sont venus, et mon organisation a fini par prendre une telle ampleur que je devais cesser de la diriger ou renoncer à mes travaux scientifiques, ce qui ne se pouvait pas. J’ai eu la chance de pouvoir confier mes équipes de visites d’hôpitaux et de confection de colis dans de très bonnes mains (un commandant de l’armée coloniale) en juillet 1941. À partir de cette date, je me suis consacrée exclusivement à mon œuvre d’ethnologie berbère, mais sans renoncer à venir en aide (à titre strictement privé et personnel) aux malheureux que le hasard mettait sur mon chemin. Je demande donc: En quoi cela est-il contraire aux lois de l’occupation ou à une loi quelconque?
 2. Espionnage. Je nie formellement avoir jamais fait quoi que ce soit pouvant être qualifié ainsi. Depuis mon retour à Paris, je ne suis pas sortie une fois des limites du département de la Seine, fait que la police allemande ne conteste pas
Nous ne pouvons que nous incliner devant le courage, l’intelligence, la lucidité et le choix des beaux et des bons combats.

Mardi 15 avril 2014

Mardi 15/04/2014
«[Je suis] Intrigué par le contraste entre le bilan de Napoléon, désastreux,
et la gloire qui s’attache à son nom avec cette récurrence de la tentation bonapartiste en France.»
Lionel Jospin

Lionel Jospin a considéré important de publier un livre sur Napoléon ou plutôt « Le mal napoléonien » titre de son livre publié au Seuil.

Important, parce que les français croient toujours à l’homme providentiel qui va régler leurs problèmes.

Probablement que dans un coin de vos réflexions et des miennes, il existe aussi cette tentation du « grand homme ».

Et les français sont restés fascinés par ce « grand homme » par excellence qu’était Napoléon.

Et c’est là que l’œil analytique et froid de Lionel Jospin démasque la réalité :

La France après Napoléon est moins puissante qu’avant lui, les élites intellectuelles européennes qui admiraient la France de la révolution, détestaient après lui ce peuple guerrier, arrogant et une France qui voulaient gouverner l’Europe.

Et enfin, pendant que la France faisait la guerre et envoyaient des milliers de ses enfants à la mort, l’Angleterre commençaient la révolution industrielle.

Le retard de la France est rapidement devenu énorme.

Laurent Joffrin interroge Lionel Jospin dans le Nouvel Obs.

Voici un extrait de cet entretien

« Le Nouvel Observateur
Un livre sur Napoléon. Etrange pour un socialiste… Vous avez été fasciné ?

Lionel Jospin
Non, intrigué. Intrigué par le contraste entre le bilan de Napoléon, désastreux, et la gloire qui s’attache à son nom avec cette récurrence de la tentation bonapartiste en France.

Napoléon a effectivement porté au plus haut la gloire française et il a répandu dans toute l’Europe les idées de la Révolution.

Napoléon n’a pas porté les idées de la Révolution, il les a détournées. Je ne sous-estime en rien le personnage. Mais je montre en quoi les quinze années du Consulat et de l’Empire ont été néfastes pour la France et pour l’Europe. Quant à son héritage, il reste quelques grandes institutions mais aussi une certaine nostalgie française de la grandeur factice, associée paradoxalement à un manque de confiance, qui conduit parfois nos compatriotes à soupirer après un pouvoir fort.

Vous avez donc écrit un réquisitoire…

Plutôt une démystification fondée sur les faits.

Quand vous observez la carrière météorique de Napoléon, vous vous apercevez qu’au bout de quinze ans le bilan de l’Empire est catastrophique ; la France sort de l’aventure avec une population stagnante, une puissance abaissée et un territoire amputé. Elle est détestée en Europe. Ses ennemis triomphent. Elle a entre-temps été dirigée par un pouvoir de plus en plus policier, emporté par la logique de la guerre et qui a cherché à dominer les autres peuples comme il a soumis le sien

[…]

Le bonapartisme est-il encore un danger aujourd’hui ?

Disons qu’on retrouve l’écho déformé de ses thèmes dans les partis populistes, en France et en Europe: la critique des «élites», l’appel au chef charismatique comme seul interprète des besoins du peuple. S’y ajoute la peur de l’étranger. Contre ces formes bâtardes du «mal napoléonien», l’antidote doit être une république exemplaire. »

<Article du nouvel Obs> et aussi <Ici l’émission du 03/06 des Matins de France Culture consacrée à ce livre>

<272>

Le mot du jour va de nouveau s’interrompre, au moins jusqu’au Mardi suivant le week end pascal.
Demain je vais à nouveau confier mon corps aux soins des médecins pour qu’ils puissent réparer les dommages qu’il a subis du fait de thérapies précédentes, visant à combattre un mal plus important.
Et si tout va bien je serai en mesure de reprendre rapidement mes activités.
Que les cloches de Pâques, en route vers Rome, illuminent votre weekend.

Lundi 14/04/2014

Lundi 14/04/2014
«Je suis de plus en plus sûr
que la docilité des consommateurs
est sans limite.»
Annie Arnaux
Je vous avais parlé lors du mot du jour du 4 février 2014 de la collection dirigée par Pierre Rosanvallon « Raconter la vie » qu’il explique ainsi :
«  De nombreux Français se trouvent aujourd’hui oubliés, incompris, pas écoutés. Ils se sentent exclus du monde des gouvernants, des institutions et des médias.
Le pays, en un mot, ne se sent pas représenté, comme si ce qu’il vivait ne comptait pas. Raconter la vie veut rompre avec cette situation, qui mine la démocratie et décourage les individus.
Ce projet a l’ambition de répondre au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, la réalité quotidienne mieux prise en compte. Donner la parole, rendre visible, c’est aider les personnes à retrouver leur dignité, à résister. C’est leur permettre de rassembler leur vie dans un récit qui fait sens, de l’insérer dans une histoire collective. »
Dans cette collection Annie Arnaux a écrit un livre à teneur sociologique sur un Hypermarché, celui qu’elle fréquente souvent à Cergy Pontoise.
Elle parle avec pudeur et intelligence des gens qui fréquentent ce lieu, du regard des uns vers les autres et aussi du comportement du consommateur.
Après la phrase qui est le mot du jour d’aujourd’hui elle ajoute :
«Ces hypermarchés imposent leurs lois, ils imposent les désirs, ils imposent un mode de consommation. Il y a maintenant de plus en plus la disparition des caissières au profit de caisses automatiques.
Tout ceci est accepté. Nous sommes une communauté de consommateurs de désir, mais nous sommes une communauté impuissante.»
Le livre qu’elle a écrit s’appelle : « Regarde les lumières mon amour« , il s’agit des paroles d’une maman à son enfant en montrant des lumières de Noël qui illuminaient les escalators du temple de la consommation décrit par Annie Arnaux
Que le ciel vous tienne en joie et vous rappelle que l’essentiel n’est pas l’avoir mais l’être
<271>

Vendredi 04/04/2014

Vendredi 04/04/2014
« Gouverner c’est choisir »
Mendès-France
C’est une citation bien connue que je rappelle ici.
Mais son actualité vient du fait que lors de la passation de pouvoir à Matignon, l’ancien maire de Nantes et l’ancien maire d’Evry l’ont tous les deux cités.
Vous direz : le citer c’est bien, le faire c’est mieux.
Et vous aurez raison.
Le mot du jour va s’interrompre quelques jours.
La semaine prochaine je vais de nouveau bénéficier d’un stage à Nevers.
Le prochain mot du jour est prévu pour le Lundi 14 avril.
A bientôt