Vendredi, le 30/10/2015

Vendredi, le 30/10/2015
« C’était sans précédent dans l’histoire du Conseil d’Etat.»
Jean-Marc Sauvé, premier Vice Président du Conseil d’Etat
Renaud Dély et Henri Vernet ont écrit un livre sur le monde politique « Frères ennemis, l’hyper violence en politique », chez Calmann-Levy.
Pour comprendre ce qui suit, il faut se rappeler que l’élection de Serge Dassault à la mairie de Corbeil Essonne avait été annulée par le Conseil d’Etat en 2009.
Et c’est ainsi que suite à cette décision, le premier Vice-Président du Conseil d’Etat avait reçu un coup de fil de l’Elysée lui ordonnant de venir voir le Président de la République, le lendemain, dimanche.
Et vous lirez page 61 à 63 du livré évoqué le témoignage suivant :
« Les soupçons de tricherie et d’achat de voix pesant sur le maire UMP Serge Dassault ne pouvaient qu’avoir altéré la sincérité du scrutin.
Discipliné, Jean-Marc Sauvé obtempère à l’ordre présidentiel et reprend la route de Paris. Avant de se rendre à l’Elysée, il potasse le contenu de la décision, histoire de pouvoir faire face au courroux de Nicolas Sarkozy.
Le dossier est lourd, les preuves irréfutables. Qu’importe, la précaution sera de peu d’effet. Lorsque Jean-Marc Sauvé pénètre le lendemain après-midi, dimanche, dans le bureau du président, celui-ci de fort méchante humeur, tourne en rond dans la pièce.
Claude Guéant, impassible, est assis sur un fauteuil. Jean-Marc Sauvé a à peine le temps d’articuler quelques mots que le chef de l’Etat explose. Il l’accuse d’être « un militant socialiste comme tous les juges du Conseil d’Etat » et s’indigne d’une décision politique qui n’a pour but que de servir ses adversaires politiques.
Nicolas Sarkozy vantes les mérites de Serge Dassault et se porte garant de « l’honnêteté » [ça il fallait l’oser] de cet « homme qui a rendu tant de services au pays » et à Nicolas Sarkozy, serait tenté d’ajouter, puisque Dassault possède le Figaro qui n’a de cessé de tresser des louanges à l’action  du chef de l’Etat…
Le savon présidentiel dure une bonne demi-heure. « Et quand Nicolas Sarkozy reprenait son souffle, c’est Claude Guéant qui prenait la parole la parole pour m’enfoncer un peu plus, raconte Jean-Marc Sauvé. L’expérience fut vraiment très désagréable… Plus surprenant encore, emporté par la colère, le chef de l’Etat annonce au premier vice-président du Conseil d’Etat le contenu d’un recours en révision qui n’est nullement de son ressort… et qui ne sera déposé par les conseils de Serge Dassault que trois semaines plus tard.»
Jean-Marc Sauvé conclut cette affaire par : « C’était sans précédent dans l’histoire du Conseil d’Etat.»
Que dire sur cet épisode ?
D’abord revenir aux fondamentaux, c’est à dire au fondement de la démocratie libérale et de l’Etat de Droit. On rappellera ainsi l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’à point de Constitution. »
Séparation des pouvoirs : c’est à dire que le pouvoir exécutif est différent du pouvoir judiciaire et ne peut donc l’influencer dans ses décisions.
La France est déjà un pays bizarre parce qu’elle a deux ordres juridiques : la justice de l’ordre judiciaire et la justice de l’ordre administratif.
Ainsi le Premier Vice-Président qui préside le Conseil d’Etat porte ce nom bizarre parce que dans certains cas le Conseil d’Etat peut être présidé par le Premier Ministre.
Car le Conseil d’Etat est à la fois juge administratif et conseiller du gouvernement. Il donne ainsi son avis sur certain nombre de texte notamment les décrets en Conseil d’Etat.
Mais en toute hypothèse, quand il rend justice, la règle de séparation des pouvoirs doit jouer et l’Exécutif ne doit pas s’en mêler.
Dans les faits, la scène relatée dans le livre n’a rien changé au cours des choses : l’élection a bien été annulée. D’ailleurs l’élection suivante sera aussi annulée. Et Jean-Claude Sauvé est toujours vice-président du Conseil d’Etat.
Vous me direz : « Donc tout va bien, la séparation des pouvoirs a été respectée sur le fond ».
Oui.
Mais comment dire ?
Le fait que le chef de l’exécutif puisse avoir la tentation de convoquer un juge pour l’engueuler parce qu’un de ses arrêts lui a déplu est totalement incongru dans une démocratie « normale ».
Cela ne viendrait même pas à l’idée d’un Président des Etats Unis ou d’un premier ministre anglais ou encore d’un chancelier allemand d’oser ce type d’intimidation.
Et si une telle intimidation avait quand même eut lieu, elle aurait fait dans les jours qui suivent la « Une » de tous les journaux sérieux et je pense que le responsable de l’exécutif se rendant coupable d’un tel fait aurait eu beaucoup de mal à se maintenir au pouvoir.
Sur le fond, je joins un article de Mediapart qui présente un livre qui rend encore plus pathétique cette phrase où Nicolas Sarkozy se portait garant de l’honnêteté de Serge Dassault.

Jeudi 29 octobre 2015

«Le bondy blog»
Media en ligne créé par Serge Michel

C’était le 27 octobre 2005, un jeudi, il y a 10 ans : deux jeunes fuyant la police à Clichy sous Bois, Zyed Benna et Bouna Traoré, pris de panique, vont se réfugier dans un transformateur électrique et y mourir électrocuté.

Pourquoi fuyaient-ils ?

Les raisons ne sont pas claires comme l’explique cet article du monde joint: <Le dernier jour de Bouna Traoré et Zyed Benna>

Le plus vraisemblable est qu’ils n’avaient rien à se reprocher, mais qu’ils se méfiaient des policiers et qu’ils ne voulaient pas être arrêtés de peur d’être disputés par leurs parents.

Et la mort insensée de ces deux enfants (15 ans et 17 ans) va déclencher de terribles émeutes dans la banlieue alentour qui amèneront à ce que le couvre-feu soit déclaré dans certaines villes et que les médias anglo-saxons annoncent au monde qu’il y avait des scènes de guerre à Paris.

C’est dans ces conditions, qu’un journaliste suisse, Serge Michel, récent lauréat du prix Albert-Londres (2001) pour son travail en Iran, envoyé par son journal suisse « L’Hebdo » vient enquêter. Il va s’immerger, pendant 3 mois, dans la ville voisine de Clichy, Bondy et va créer le Bondy Blog, media en ligne qui existe toujours aujourd’hui et qui a pour objectif de raconter les quartiers populaires et de faire entendre leur voix dans le grand débat national.

Serge Petit en est parti, ce média poursuit aujourd’hui un partenariat avec Libération.

L’Obs a récemment interviewé Serge Michel pour revenir sur ces évènements et plus largement sur la banlieue de Paris et le rapport entre les médias et ces territoires.

Et Le regard distant du journaliste suisse nous fait découvrir un point de vue très critique et perturbant.

[Quand je suis arrivé à Bondy à l’automne 2005] « Pour moi, c’étaient ces zones un peu grises, un peu tristes, que je traversais en TGV depuis Genève avant d’arriver à la gare de Lyon. Et le plus curieux, c’est que cette méconnaissance semblait partagée. Pour un reportage à Bagdad ou à Kaboul, on obtient ou on prépare une pile épaisse d’articles qui donnent des idées sur les personnes à voir, les sujets à traiter. Là, sur Bondy, je n’ai rien trouvé, au mieux deux papiers du Parisien sur l’inauguration de la bibliothèque ou un coupage de ruban à la mairie. »

[Il décide d’ouvrir un bureau permanent trois mois durant à  Bondy]

« On a cherché un mode de traitement pertinent. L’idée d’une correspondance dans la durée, d’une immersion s’est imposée. En venant au journal, le matin, j’avais entendu un son sur les émeutes de la Radio suisse romande […]. Je connaissais bien la journaliste. C’était LA reporter de guerre de la RSR. Deux ou trois semaines plus tôt elle intervenait en direct de Beyrouth. Une reporter de guerre dans les banlieues françaises, ça m’a frappé, et ça m’a fait réfléchir. C’est sans doute cela qui m’a donné envie de couvrir le sujet d’une autre façon. Plus comme un correspondant que comme un envoyé spécial. »

[…] « On s’est concentré sur des portraits, des récits de vie ; on a raconté le quotidien, les kebabs, les transports, le foot ; on a essayé de comprendre qui sont ceux qui bossent et ceux qui ne bossent pas – tous ces papiers que vous ne pouvez faire qu’avec du temps, et qui permettent de comprendre un peu mieux les racines du malaise. Notre chance, c’était d’être présents sur place le matin, le soir et les week-ends, les moments où les banlieues-dortoirs vivent, et où les journalistes, paradoxalement, ne sont pas présents.

[…] Je crois que la situation des banlieues, sur le fond, intéressait peu les rédactions. Une anecdote : entre mon arrivée à la gare de Lyon et mon départ en RER pour Bondy, je suis passé par les locaux d’une grande rédaction pour qui j’avais travaillé au Moyen-Orient et dans les Balkans. Je connaissais toute l’équipe du service Etranger.  Ils m’ont dit : « Ah Serge, qu’est-ce que tu fais là ? ». Je leur ai dit : « Je vais en banlieue », et ils m’ont tous regardé avec des regards atterrés, du genre « mon pauvre ! ». Pour un grand reporter français, la banlieue, c’est ce que l’on traverse quand on va prendre un avion à Roissy pour aller faire son métier.

Bagdad, c’est noble, et Bondy, c’est pour les types qui ont raté leur carrière et végètent au service Société. »

Pourtant le Bondy blog a connu un joli succès. Dix ans plus tard, il est toujours là…

« Disons qu’il a toujours été encadré par des journalistes professionnels, et que cela a aidé. La direction de l’Hebdo avait accepté que l’expérience dure trois mois. A l’approche de la date butoir, en février 2006, elle souhaitait passer à autre chose. De mon côté, je sentais qu’il y avait quelque chose d’important qui s’était mis en branle. J’ai proposé, qu’au lieu de fermer, on prenne une dizaine de jeunes de Bondy et qu’on les forme. Entre temps, le Seuil m’avait contacté pour tirer un livre des billets publiés en ligne, et avec les à-valoir du livre, on a pu payer le séjour des futurs Bondy-bloggers à Lausanne et leur transmettre les clés.

Enfin pas toutes les clés, puisque justement, plusieurs journalistes ont continué de s’investir avec une équipe d’encadrement locale. » […]

« Je pense que la France est assez unique dans la place centrale qu’occupe Paris, et dans la création tout autour d’une ceinture qui lui est à ce point étrangère.

Pour moi, la banlieue, c’est un peu Berlin-est. Pas beaucoup de lumière, pas beaucoup de travail, pas grand-chose dans les magasins et des gens dont la vie est plus difficile qu’intra-muros.

Paris, au contraire, c’est Berlin-ouest : la fête, l’argent, la légèreté… Ça peut paraître caricatural, mais cette frontière que représente le périphérique, je ne connais rien de similaire dans des pays développés. On ne retrouve pas ça à Londres, par exemple.»

Nommé N°2 du Monde, il raconte ses frustrations dans ce journal qui n’a en outre recruté aucun Bondy-Blogger, contrairement à TF1, France Inter, Canal + ou France 2. […et il ajoute]

« La France a un système très rodé de reproduction de ses élites, je n’invente rien sur le sujet, et être journaliste en France, contrairement à d’autres pays, notamment la Suisse, c’est appartenir à une élite.

La France, au-delà de ses proclamations d’égalité, c’est aussi une société attachée à ses privilèges, marquée par l’histoire du colonialisme, qui peine à s’ouvrir à l’autre. Et, oui, le banlieusard, dans cette configuration, reste un allogène.

Derrière les proclamations, le beur, le noir, pour beaucoup de journalistes français restent avant tout des sujets. Des collègues, non. Les rédactions font preuve d’une imperméabilité très forte aux gens venus d’ailleurs.»

Si vous voulez en savoir davantage sur cette expérience : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bondy_Blog

Et bien sûr le lien vers le bondy Blog : https://www.bondyblog.fr/

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Mercredi, le 28/10/2015

Mercredi, le 28/10/2015
«Ils disent que c’est un beau pays où un prince pourrait vivre
alors pourquoi l’abandonnas-tu, donne m’en la raison »
Extrait d’un chant traditionnel irlandais « Dear Old Skibbereen» se souvenant de l’immigration irlandaise du XIXème siècle.
Parmi les remarquables émissions de France Culture, il en est une encore plus singulière que les autres : « Concordance des temps » dont l’objet est celui « d’offrir sur l’actualité l’éclairage des précédents historiques, débusquer dans le passé des similitudes avec nos conjonctures contemporaines, rappeler des épisodes et des mutations qui trouvent, par les temps qui courent, des résonances inattendues, replacer dans la longue durée les événements, les émotions et les débats du présent, avec l’ambition d’aider ainsi à mieux les interpréter.»
Cette émission est animée par un homme d’une culture exceptionnelle, Jean-Noël Jeanneney né en 1942 dans une famille d’hommes politiques, son grand père, Jules, fût le dernier Président du Sénat de la 3ème République. Il fut lui-même secrétaire d’Etat, mais il est avant tout agrégé d’Histoire et fut président de Radio France, président de la mission d’organisation du bicentenaire de la révolution française et enfin président de la Bibliothèque Nationale de la France. Aujourd’hui, il jette son regard distant et cultivé sur l’Histoire et les évènements, à 73 ans.
Dans son émission du < du 03/10/2015 > il avait invité Philippe Chassaigne, professeur d’histoire des îles britanniques à l’université Michel de Montaigne à Bordeaux, pour se mettre en quête de similitudes avec notre présent en évoquant l’immigration des Irlandais.
Les irlandais catholiques avaient été dominés et colonisés par les anglais anglicans ou protestants qui étaient au début du XIXème siècle les vrais propriétaires des terres irlandaises. C’est dans ces conditions que se déclencha la grande famine en Irlande entre 1845 et 1852. Cette catastrophe fut en grande partie la conséquence de l’apparition du mildiou sur l’île, un parasite qui anéantit presque intégralement les cultures locales de pommes de terre, nourriture de base des paysans irlandais.
Dans un pays de 8 millions d’habitants, en quelques années, au moins un million de personnes sont mortes et deux millions ont été forcées de quitter leur île, dans des conditions dramatiques, quant au voyage et quant à l’accueil des terres promises, celles-ci étant pour beaucoup closes ou hostiles, en dépit des compassions et des solidarités.
Les irlandais émigrèrent aux Etats-Unis, au Canada et en Australie. Cette immigration ne fut pas facile, ils furent très mal accueillis aux Etats-Unis. Le film « Gangs of New York » de Martin Scorsese (2002) montra un exemple de cette violence et ce rejet à l’égard des migrants irlandais.
Et au début de cette émission, Jean-Noël Jeanneney eu l’excellente idée de faire écouter une chanson de la tradition irlandaise merveilleusement interprétée par <Sinéad O’Connor et que vous trouverez derrière ce lien>
Cette chanson est une réponse du migrant à la question de son fils « Pourquoi as-tu abandonné ton beau pays ?»
Voici les paroles de ce chant :
Dear Old Skibbereen.
O, father dear I often hear you speak of Erin’s Isle
Her lofty scenes, her valleys green, her mountains rude and wild
They say it is a lovely land wherein a prince might dwell
So why did you abandon it, the reason to me tell
oh cher père j’entends souvent que vous parlez de l’île d’Erin
ses vues incomparables, ses vertes vallées, ses montagnes rudes et sauvages
Ils disent que c’est un beau pays où un prince pourrait vivre
alors pourquoi l’abandonnas-tu, donne m’en la raison
My son, I loved my native land with energy and pride
Till a blight came over all my crops and my sheep and cattle died
The rents and taxes were to pay and I could not them redeem
And that’s the cruel reason why I left old Skibbereen
Mon fils j’aimais mon pays avec énergie et fierté
jusqu’à ce que ce fléau ravage toutes mes récoltes et tue mon bétail
les loyers et taxes étaient à payer et je ne pouvais rembourser
voilà la raison cruelle pour laquelle j’ai dû quitter mon vieux Skibbereen
‘Tis well I do remember that bleak November (/December) day
When the bailiff and the landlord came to drive us all away
They set the roof on fire with their cursed English spleen
And that’s another reason why I left old Skibbereen
Je me souviens en effet de ce jour de décembre glacial
quand le propriétaire et l’huissier sont venus nous chasser
ils ont mis le feu à la maison avec leur maudite mauvaise humeur d’Anglais
et c’est une autre des raisons pour laquelle j’ai quitté ce bon vieux Skibbereen
Your mother, too, God rest her soul, lay on the snowy ground
She fainted in her anguishing seeing the desolation round
She never rose, but passed away from life to immortal dreams
And that’s another reason why I left old Skibbereen
ta mère aussi, dieu ait son âme, repose sur le sol enneigé
elle s’évanouit de désespoir à la vue de la désolation alentour
elle ne s’est jamais relevée, mais elle a quitté cette vie pour les rêves immortels
et c’est une autre des raisons pour laquelle j’ai quitté ce bon vieux Skibbereen
Then sadly I recall the days of gloomy forty-eight.
I rose in vengeance with the boys to battle again’ fate.
We were hunted through the mountains as traitors to the queen,
And that, my boy, is the reason why I left old Skibbereen.
Alors tristement je me souviens de ces sinistres journées de 1848
je me soulevai l’esprit vengeur avec les garçons pour lutter contre le destin
nous étions chassés à travers les montagnes comme des traîtres à la couronne
et ça, mon gars, c’est la raison pour laquelle j’ai quitté Skibbereen.
Oh you were only two years old and feeble was your frame
I could not leave you with my friends for you bore your father’s name
So I wrapped you in my cóta mór at the dead of night unseen
And I heaved a sigh and I said goodbye to dear old Skibereen
Oh tu avais seulement deux ans et frêle était ton corps
je ne pouvais pas te laisser avec mes amis puisque tu portais le nom de ton père
alors je t’ai enroulé dans ma redingote au beau milieu de la nuit,
et j’ai soupiré et dit au revoir à ce bon vieux Skibereen
well father dear, the day will come when on vengeance we will call
And Irishmen both stout and tall will rally unto the call
I’ll be the man to lead the van beneath the flag of green
And loud and high we’ll raise the cry, « Revenge for Skibbereen! »
eh bien mon cher père, le jour de la vengeance viendra
et tous les Irlandais costauds et grands se rallieront unanimes à l’appel
je serais l’homme qui conduira le convoi sous la bannière verte
Haut et fort retentira ce cri, « revanche pour Skibbereen! »
Oh you were only two years old and feeble was your frame
I could not leave you with my friends for you bore your father’s name
So I wrapped you in my cóta mór at the dead of night unseen
And I heaved a sigh and I said goodbye to dear old Skibereen
Oh tu avais seulement deux ans et frêle était ton corps
je ne pouvais pas te laisser avec mes amis …
alors je t’ai emballé dans mon … à la fin de la nuit
j’ai soupiré et j’ai dit au revoir à ce vieux Skibereen
well father dear, the day will come when on vengeance we will call
And Irishmen both stout and tall will rally unto the call
I’ll be the man to lead the van beneath the flag of green
And loud and high we’ll raise the cry, « Revenge for Skibbereen! »
eh bien mon cher père, le jour de la vengeance viendra
et tous les Irlandais costauds et grands se rallieront unanimes à l’appel
je serais l’homme qui conduira le convoi sous la bannière verte
sonore et haut retentira ce cri, « la revanche de Skibbereen! »
<Ecoutez cette intéressante émission de la concordance des temps> et dont le titre est : « Des migrants en nombre immense : le cas de l’Irlande »
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Mardi, le 27/10/2015

Mardi, le 27/10/2015
« Chaque entreprise rivalise d’imagination pour être plus écolo que les autres»
Guillaume Meurice
Dans une émission de France Inter où des étrangers (Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek) venant de Belgique ont colonisé la radio française <Si tu écoutes j’annule tout>, il y a un drôle de journaliste humoriste, Guillaume Meurice, qui va sur le terrain interroger des personnes en leur posant des questions déstabilisantes et les mettant souvent devant leurs contradictions.
Cette fois, le 23 octobre, il est allé à la foire d’automne de Paris où toutes les entreprises sont « eco responsables » pour les interroger sur la réalité de leurs informations : http://www.franceinter.fr/emission-le-moment-meurice-green-washing
Guillaume Meurice (GM) : « L’humanité est sauvée, j’en suis absolument certain.
Pourquoi on est sauvé ? C’est parce que ce matin je me suis rendu à l’ouverture de la foire d’automne Porte de Versailles. (http://www.foiredautomne.fr/)
Je peux vous l’assurer : tout est bio, tout est naturel.
Chaque entreprise rivalise d’imagination pour être plus écolo que les autres.
J’ai été vraiment ému par tant de prise de conscience.
J’ai commencé à interroger un marchand de canapé archi-ecolo :»
Marchand : «Nous on fait très attention à nos provenances, comme le cuir, et nos mousses sont… elles sont ….elles sont de plus en plus …. Euh…..comment ? … euh …. Je cherche mes mots ….»
C’est mieux à l’écoute, où on sent l’embarras du marchand. On ne répétera jamais assez ce propos de Nicolas Boileau : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement – Et les mots pour le dire arrivent aisément. ». Je vous laisse comprendre quand c’est l’inverse.
GM se tourne alors vers un autre marchand de canapé « lui aussi écolo à fond »
Il l’interroge sur ce qui est écolo chez lui et voici l’échange :
Marchand : « Déjà on a l’écotaxe sur l’ensemble des canapés  qu’il n’y avait pas avant.»
GM : « Cela fait combien de pour cent ? »
Marchand : « Euh…, cela ne se chiffre pas en pourcentage … c’est de l’ordre de 3 à 8 euros par canapé. »
GM : « Pour un canapé qui coûte combien ? »
Marchand : « Pour un canapé qui Euh…, coute au environ de 3000 euros »
GM : « Eh bien voilà ! Je vous le disais on est sauvé. 3 à 8 euros sur 3000 vont à la protection de l’environnement. Là on est à la limite du terrorisme vert ! A côté de ce mec-là. Nicolas Hulot est un chasseur de buffles ! »
Il est allé voir ensuite un marchand de produit détachant qui avait pour slogan « des produits conçus dans une démarche de respect de l’environnement. C’est la saponette !»
GM : « La saponette qu’est ce qu’il y a dedans ? »
Marchand : « Saponette : bois de Panama, terre de Sommières, fleurs de lierre »
GM «  Ah ! il y a du bois de Panama quand même ? »
Marchande : « Oui … mais bon … »
GM « Il faut couper des arbres et les ramener du Panama jusqu’ici»
Marchande : « bon …    rire gênée … »
GM « Il faut aller chercher le bois au Panama.  On peut penser qu’ils y vont pas exprès, ils demandent à des copains qui vont en vacances là-bas de leur en ramener quelques tonnes… ».
GM «Dans un souci d’écologie on peut aussi s’acheter un Spa… Sur la brochure c’était écrit eco-responsable. Alors Monsieur le vendeur pourquoi c’est eco responsable..»
Marchand « C’est écolo parce que …Euh c’est écolo écolo….bon on utilise des pompes qui utilisent de moins en moins d’énergie »
GM « Bon ce n’est pas hyper écolo !»
Marchand « Ce n’est pas hyper écolo mais ça fait beaucoup de bien ! »
GM « est ce que le plus écolo ce serait de ne pas acheter de spa finalement ? »
Marchand « Oui effectivement, mais cela ne nous arrangerait pas quand même « 
Et pour finir il est allé voir un marchand de coussin réalisé uniquement avec des produits naturels.
GM « Alors c’est fait avec quoi ? »
Marchand « c’est fait avec de la viscose »
GM : «  Ah et cela se trouve où ? »
Marchand : « ben c’’est fabriqué dans une usine à partir d’huiles »
GM : «  Mais alors c’est naturel ou c’est fabriqué ? »
Marchand « C’est naturel mais il faut bien le fabriquer »
C’est encore beaucoup plus drôle quand on en l’écoute < http://www.franceinter.fr/emission-le-moment-meurice-green-washing>
Dans le bio et l’écologie, il y a des gens sérieux et puis il y a un grand nombre qui font semblant ou qui carrément semblent se moquer de nous.

Lundi, le 26/10/2015

Lundi, le 26/10/2015
« Nous devons faire preuve [de vigilance] sur la façon dont les chiffres concernant la crise des migrants sont utilisés par les différents acteurs de cette crise »
Nando Sigona
Grâce à la revue de Presse de France Inter de Hélène Jouan du 21/10/2015 j’ai découvert un site d’information <The Conversation> très intéressant et qui pour l’instant, selon mon expérience (vous constaterez comme je suis prudent) reste un trou noir du moteur de recherche google (sur lequel il faudra que je revienne).
Ce site publie en français des articles parus dans le monde entier.
Dans cet article que je partage avec vous, un chercheur de l’Université de Birmingham, Nando Sigona,  publie un échange qu’il a eu sur Twitter avec un agent de FRONTEX, l’organisme chargé par l’Union Européenne de « gérer » les flux migratoires vers l’Union.
Il écrit :
« Frontex, l’agence européenne chargée de coordonner la gestion des frontières extérieures, a récemment annoncé que 710 000 migrants étaient entrés en Europe entre janvier et septembre 2015. Selon cette agence, ce chiffre révèle ainsi un « afflux sans précédent » en comparaison avec l’année dernière, où 282 000 arrivées avaient été comptabilisées. Quand j’ai découvert ce chiffre sur Twitter, j’ai tout de suite su que quelque chose clochait. Car le chiffre avancé par Frontex ne témoigne pas seulement d’une augmentation considérable par rapport à 2014, il est également bien plus élevé que ceux publiés récemment par l’ONU et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Celles-ci estiment en effet que 590 000 personnes sont arrivées clandestinement en Europe par la mer.
Or ces données sont cruciales. Elles ont un impact considérable sur le débat public concernant la crise des migrants et les médias les reproduisent généralement très vite – d’autant plus quand elles révèlent une augmentation soudaine du nombre d’arrivées. Quant aux politiciens anti-immigration, prompts à considérer que l’Europe subit bel et bien une invasion, ils n’attendent que ce genre de chiffres pour appuyer leurs arguments en faveur d’une fermeture des frontières. Depuis quelque temps déjà, je nourrissais des doutes sur la façon dont Frontex collectait, agrégeait et présentait des données issues de diverses sources. Or je me suis aperçu, il y a peu, que l’agence confondait le nombre de passages de frontières avec celui des entrées effectives au sein de l’Union européenne (UE).
Or les deux ne se recoupent pas, comme le montre bien un examen attentif de l’itinéraire utilisé par les migrants depuis la Grèce à travers les Balkans. En effet, les personnes qui arrivent en Grèce sont comptabilisées par Frontex pour avoir franchi les frontières extérieures de l’Europe. Mais les mêmes quittent ensuite le territoire de l’UE pour traverser des pays comme l’Albanie, la Macédoine ou la Serbie, avant de « ré-entrer » en Hongrie ou en Croatie, et de rejoindre leur destination finale (par exemple l’Allemagne). Et si pour une raison ou pour une autre, un des pays européens les renvoie dans un pays de transit (comme la Hongrie l’a fait avec la Serbie voisine), les migrants vont traverser une troisième fois la frontière et être de nouveau comptabilisés par Frontex.
Je décide alors de questionner l’agence via Twitter : (@FrontexEU Comment pouvez-vous être sûrs de votre chiffre : tous les migrants ne sont pas identifiés et ils peuvent passer plusieurs fois la frontière ?)
À ma grande surprise, je reçois une réponse quelques minutes plus tard. Avec une remarquable honnêteté, Frontex admet avoir compté deux fois certains entrants dans l’Union. L’agence concède également que les migrants arrivant en Europe par des voies différentes sont probablement comptabilisés deux fois.
(@nandosigona Nos bilans mensuels incluent tous les franchissements des frontières extérieures de l’UE. Les personnes arrivant en Grèce seront de nouveau comptées si elles entrent en Hongrie.)
Je reste abasourdi de voir que l’agence rend publiques des données si politiquement sensibles (710 000 entrées) et de façon aussi légère. Frontex sait pourtant pertinemment que ces chiffres peuvent avoir des conséquences importantes sur la façon dont l’Europe réagit à la crise en cours. Je n’essaye pas ici de nier l’importance du flux migratoire auquel est actuellement confronté notre continent, mais simplement d’attirer l’attention sur les responsabilités qui incombent à l’agence chargée par l’Union européenne de coordonner la gestion de ses frontières.
Frontex a finalement publié une « clarification » au sujet de ces chiffres sous la forme d’un paragraphe ajouté à la fin de son communiqué de presse : « Frontex publie des données mensuelles sur le nombre de personnes signalées aux frontières extérieures de l’Union européenne. Une même personne peut traverser clandestinement la frontière à plusieurs reprises et à différents endroits. Cela signifie qu’une grande partie des personnes repérées à leur passage en Grèce ont été de nouveau comptabilisées lors de leur seconde entrée sur le territoire de l’Union européenne, via la Hongrie ou la Croatie. »
En dépit de cette clarification et son aveu qu’une « grande partie » des personnes avaient été comptées deux fois, les gros titres de la presse ont continué à laisser penser que 710 000 migrants étaient bel et bien entrés au sein de l’Union européenne. Combien de journaux ont nuancé ce chiffre avec la mise en garde ajoutée à la hâte par Frontex ? Et combien l’ont tout simplement ignorée pour ne publier que le chiffre en question ?
Pour moi, toute cette affaire est un appel à la vigilance : celle dont nous devons faire preuve sur la façon dont les chiffres concernant la crise des migrants sont utilisés par les différents acteurs de cette crise. Par ailleurs, il est clair que Frontex doit rendre des comptes plus précis sur ses activités, compte tenu du mandat élargi que les États européens lui ont confié.»
C’est en constatant ce type de dérive que l’on comprend mieux la pertinence de ce propos de Churchill : « Je ne crois qu’aux statistiques que j’ai manipulées moi-même.»

Vendredi, le 23/10/2015

Vendredi, le 23/10/2015
«Une Sphère de Dyson »
Construction théorique pour récolter l’énergie d’une étoile
Non ! La sphère Dyson n’est pas une nouvelle innovation de James Dyson qui a rendu célèbre la marque Dyson pour avoir mis sur le marché des aspirateurs sans sac puis des ventilateurs très innovants.
En réalité c’est un objet qui a été imaginé  par le physicien et mathématicien américain Freeman Dyson, dans un court article publié, en 1960, dans la revue Science et intitulé Search for Artificial Stellar Sources of Infrared Radiation (« Recherche sur les sources stellaires artificielles de rayonnements infrarouges »).
Je l’expliquerai de la manière suivante : Des civilisations, comme la nôtre, ont besoin pour continuer à prospérer d’énormément d’énergie. Les polémiques sur les énergies fossiles montrent que c’est un problème essentiel de notre société.
Or nous disposons d’une étoile «le soleil» qui produit une énergie considérable dont nous ne récupérons qu’une toute petite fraction. L’idée de Freeman Dyson est de pouvoir capter une beaucoup plus grande partie de cette énergie. Comment ?
En entourant l’étoile de capteurs qui récupéreront l’énergie de l’étoile pour pouvoir l’utiliser de manière industrielle. Pour entourer l’étoile, il faut donc concevoir une sphère artificielle et creuse.  Freeman Dyson a pensé à une structure sphérique d’une épaisseur de 2 à 3 m seulement et d’autres ont pensé que la matière pour construire cette sphère pourrait venir de Jupiter. Il s’agit d’une réflexion qui semble très sérieuse et en tout cas réalisé par des scientifiques reconnus. Vous pouvez en apprendre davantage sur Wikipédia : <Wikipedia explique la sphère de Dyson>
Mais d’ici être capable de construire une telle méga structure… Notre civilisation humaine semble encore assez loin de pouvoir l’envisager.
Et en réalité la pensée de Freeman Dyson est surtout orientée vers d’autres horizons. Il imagine une civilisation beaucoup plus évoluée et qui pour progresser a su surmonter le problème de la maîtrise de l’énergie. Si une civilisation a mis en place une telle structure dans l’univers, elle devrait pouvoir être observée par nos télescopes. < Ce site explique la recherche extraterrestre par la recherche de sphères de dyson>
Or <J’ai appris par la revue de presse de Nicolas Martin du 16/10/2015> que des astronomes se demandent s’ils ne sont pas en présence d’une telle réalisation : « […] une Sphère de DYSON, […] c’est aujourd’hui de la science-fiction… pour nous, en tout cas… parce que cette Sphère de DYSON… c’est peut-être… je dis bien peut-être… ce qu’a observé le télescope KEPLER autour de l’étoile KIC 84 62 852…. Cela fait longtemps que cette étoile intrigue les astronomes. Des chercheurs de l’université de Pennsylvanie ont émis une hypothèse au sujet de cette « étoile mystérieuse », c’est à lire dans le Parisien… et si les variations de lumière autour de cette étoile étaient provoquées par des objets artificiels… par une mégastructure extra-terrestre… ?»
<Ce Blog sur le site de l’Obs en dit davantage> : « Selon une classification établie par l’astrophysicien russe Nikolai Kardashev, on peut cataloguer les civilisations probables en trois grands types :

Le type I correspond à une civilisation qui aurait réussi à collecter l’ensemble de l’énergie disponible sur une même planète. Notre civilisation est presque à ce niveau, bien qu’il nous faudrait multiplier environ par 100 000 notre production énergétique pour y parvenir (de préférence avec des énergies renouvelables…)

Le type II, c’est une civilisation qui pourrait récolter toute l’énergie produite par une étoile.

Le type III, enfin, est celui d’une civilisation qui collecte l’énergie à l’échelle d’une galaxie.

[…] S’il n’y a pas de civilisations de type III dans les environs, qu’en est-il de celles de type II ? Peut-être a-t-on trouvé une réponse grâce au chasseur d’exoplanètes Kepler.
KIC 8462852, située à quelques 1480 années-lumière de nous, entre les constellations du Cygne et de la Lyre, est une étoile blanc-jaune un peu plus grosse que le Soleil. Elle fait partie des étoiles étudiées par le télescope spatial Kepler durant sa quête des exoplanètes. En se penchant sur les données recueillies lors de cette observation, un groupe d’amateurs utilisant le site participatif Planet Hunters a remarqué quelques bizarreries dans le flux lumineux de KIC 8462852. Le flux lumineux de l’étoile subit en effet quelques chutes qui réduisent sa luminosité. De telles chutes sont souvent des indices qu’une exoplanète passe devant son étoile (un transit). Mais dans le cas de KIC 8462852, les observations ont produit des « chutes irrégulières, apériodiques (qui se répètent mais sans régularité) » qui vont jusqu’à bloquer 20% de la lumière de l’étoile.
Une équipe d’astrophysiciens professionnels emmenée par Tabetha Boyajian, de l’université de Yale, s’est penchée sur la question afin de tenter de trouver une explication à ces « bizarreries » de l’étoile, et son étude est en attente de publication dans la revue MNRAS.
« C’était assez incroyable que ces données soient réelles », explique la chercheuse à New Scientist.  Naturellement, les scientifiques ont recherché une explication : « Nous nous grattions la tête. Pour chaque idée que nous avions, il y avait toujours des arguments contre ». La variabilité de l’étoile, l’interférence d’autres étoiles proches, et même une collision géante entre deux planètes du système… tout cela finissait par être exclu.
L’hypothèse la plus probable, et que l’équipe a favorisée, c’est que les débris d’une famille de comètes, tous associés à un même événement cosmique (peut-être une collision, ou une fragmentation d’un nuage de comètes soumis à la gravité de l’étoile) sont responsables des creux observés dans la courbe de luminosité.  Les scientifiques admettent que d’autres observations sont nécessaires, et Kepler a depuis subi quelques incidents qui ne le rendent pas capable d’effectuer cette tâche.
Reste cependant une « autre » explication. Selon The Atlantic, Tabetha Boyajian déclarait que son équipe n’avait envisagé que les scénarios « naturels », mais que d’autres pouvaient être considérés. Le site cite également Jason Wright, de l’université de Penn, qui devrait publier une explication alternative… qui évoque « un essaim de mégastructures », peut-être des sortes de panneaux solaires géants destinés à capturer l’énergie de l’étoile. En résumé, une sorte de sphère de Dyson, un objet théorisé par le physicien américain du même nom et décrite ensuite par nombre d’auteurs de science-fiction.
Selon Jason Wright, « les extraterrestres devraient toujours être la toute dernière hypothèse à considérer, mais cela ressemblait à ce que l’on pourrait s’attendre à ce qu’une civilisation extraterrestre construise ». L’hypothèse du nuage de comètes précipité vers son étoile est pourtant toujours plausible. Alors, extraterrestres ou fragments de comètes en perdition ? Toujours selon The Atlantic, Wright, Boyajian et le SETI (organisme spécialisé dans la recherche de vie extraterrestre) envisageraient de braquer une grande antenne radio en direction de KIC 8462852, pour voir s’ils peuvent détecter des fréquences radio correspondant à une éventuelle source technologique.
Quant aux creux dans la luminosité de l’étoile, il faudra attendre pour les observer de nouveau. L’équipe de Tabetha Boyajian s’en occupera en 2017, à une période où les variations auront une chance de se reproduire… »
Pour l’instant 2017 n’était évoqué que pour l’élection présidentielle française, la question abordée dans ce mot du jour est autrement plus exaltante…

Jeudi 22 octobre 2015

«Perturbateur endocrinien»
Theo Colborn

Aujourd’hui, je partage avec vous un article de Libération : <Perturbateurs endocriniens : comment les lobbys ont gagné>.

L’expression «perturbateur endocrinien» a été créée par Theo Colborn pour désigner tout agent chimique qui agit sur le système hormonal, et peut, de ce fait, être la cause d’anomalies physiologiques et de reproduction.

« Theo Colborn » est une femme comme son prénom ne l’indique pas. Américaine, elle était zoologiste et épidémiologiste. Née en 1927 à Plainfield, elle est décédée le 14 décembre 2014.

C’est en 1991, que Theo Colborn rassemble des scientifiques afin d’étudier l’effet des produits chimiques sur les hormones. L’expression perturbateur endocrinien est issue de leurs travaux.

Depuis lors, les effets des perturbateurs endocriniens sont recherchés puis observés : agissant à très petites doses, ils ont des effets sur la santé en altérant des fonctions telles que la croissance, le développement, le comportement et l’humeur, la production, le sommeil, la circulation sanguine, la fonction sexuelle et reproductrice.

Ces substances ont pour nom :

  • parabènes,
  • phtalates,
  • bisphénol A,
  • dioxines…

On les retrouve un peu partout, tant au travers des objets que nous utilisons quotidiennement, que par le biais de l’environnement. Ces perturbateurs endocriniens sont ainsi présents dans des produits aussi banals que des packagings de l’alimentation, des bouteilles en plastique, des lingettes pour bébés… et même dans les produits cosmétiques (crèmes, parfums, vernis, etc.).

L’article de Libération présente un livre qui décrit les méthodes des industriels pour obtenir de la Commission européenne l’inaction.

L’auteure est Stéphane Horel qui est journaliste indépendante et documentariste et qui explore l’impact du lobbying et des conflits d’intérêts sur les décisions politiques.

Son livre s’appelle <Intoxication> publié aux éditions de la découverte en octobre 2015.

Dans ce livre elle revient « sur un épisode récent (entre 2010 et fin 2013) et largement occulté, qui explique en grande partie l’immobilisme actuel : la guerre qui a eu lieu au sein des directions de la Commission européenne et qui a abouti à un enterrement du dossier. Ou plus exactement, dans le jargon, à lancer une «étude d’impact» qui a permis de repousser les échéances. Une histoire qui révèle les terribles batailles d’influence autour de la santé à Bruxelles.»

Stéphane Horel explique :

«Je passe des heures, des jours et des nuits à tout lire pour essayer de comprendre en direct ce qui se passe, et comment travaillent en direct les lobbys de toutes sortes».

En ce début octobre, dans la revue Endocrine Reviews (la plus ancienne revue et importante société savante spécialisée travaillant à la recherche sur les hormones et la pratique clinique de l’endocrinologie), un travail de synthèse a été réalisé, dont les conclusions sont sans appel :

«L’accroissement des données examinées enlève tout doute sur le fait que les perturbateurs endocriniens contribuent à l’augmentation de la prévalence de maladies chroniques liées à l’obésité, le diabète sucré, la reproduction, la thyroïde, les cancers, les problèmes neuroendocriniens et affectant les fonctions neurologiques du développement.»

Les chercheurs précisent même que

«Les cinq dernières années représentent un bond en avant dans notre compréhension des modes d’actions des PE sur la santé et la maladie du système endocrinien».

En 2006, la Commission a entamé sa révision de la réglementation des pesticides. Et elle a décidé d’y inclure les PE. Problème : comment les distinguer, comment les définir ? Le Parlement s’y penche, et demande à la Commission de présenter une définition scientifique des PE avant la fin 2013. […]

Au même moment, en 2006, les instances européennes adoptent Reach, un vaste programme dont le but est de protéger la santé et l’environnement en mettant un peu d’ordre dans le grand bazar chimique qu’est devenu le monde contemporain. «Les PE font-ils partie des substances préoccupantes
?» s’interroge alors Reach.

La question, là encore, reste en suspens, mais Reach demande à la commission de trancher, avec la même date limite : juin 2013.

L’industrie pétrochimique sent le danger.

«Elle se met, alors, sur le pied de guerre, écrit Stéphane Horel, l’industrie aurait souhaité que les politiques européennes se désintéressent du dossier. Elle a perdu cette première bataille, mais elle va se mobiliser pour faire en sorte que la définition des PE soit aussi limitée que possible, parce qu’elle veut continuer à mettre ses produits sur le marché sans que n’intervienne le moindre régulateur.»  Commence donc une bataille d’influence. Homérique mais discrète, elle aura pour cadre les couloirs de la Commission européenne, à Bruxelles. Et c’est cet affrontement que nous décrit, dans son livre enquête, Stéphane Horel, et en particulier les derniers épisodes en 2012 et 2013. Un affrontement larvé, torve, terriblement féroce entre deux grandes directions de la Commission européenne, celle sur la santé et celle sur l’environnement. […] »

Pendant des mois et des mois, les deux directions vont s’invectiver en secret autour de la question d’une étude d’impact que pousse habilement l’industrie pétrochimique. Une étude d’impact, quoi de mieux, en effet, pour enterrer une décision ?

[…] «Le but des industriels est de techniciser à outrance le débat, pour arriver à le rendre incompréhensible, et surtout à le rendre indéchiffrable aux yeux des citoyens», analyse Stéphane Horel.

[…] Les médias ? «Pendant ces années de lobbying, ils ont joué un rôle très limité, constate Stéphane Horel, et puis en France, dès qu’il s’agit d’un sujet européen, les journaux ont peur d’ennuyer

Juin 2013, la date couperet. Le lobby des industries a gagné, comme le raconte Stéphane Horel. La Commission européenne a tranché.

Et a demandé une étude d’impact. Ceux qui s’alarmaient sur l’intérêt d’un tel travail ont eu raison : deux ans plus tard, rien n’a bougé.

On en est toujours là.

Et on attend toujours.

<582>

Mercredi, le 21/10/2015

«Mon mandat ne provient pas du peuple européen.»
Cécilia Malmström (propos qui ont été rapportés par John Hillary)
La commissaire européenne chargée du commerce et donc des négociations du TTIP ou TAFTA
Négocié depuis le mois de juillet 2013, TAFTA, l’accord commercial trans-atlantique ou Trans-Atlantic Free Trade Agreement (aussi connu sous le nom de TTIP, Transatlantic Trade and Investment Partnership ou Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement) est un projet d’accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis. Il concerne des domaines aussi variés que l’accès aux médicaments, la sécurité alimentaire ou le règlement des différends privés-publics. Les négociations sont menées par un petit groupe de fonctionnaires non élus. Le plus grand secret entoure ces négociations.
L’objectif est de développer encore davantage le commerce transatlantique pour le plus grand profit des consommateurs, des affaires et plus probablement des 1% de « super humains » qui détiendront bientôt 50% des richesses de la planète.
Il s’agit d’une part de faire disparaître toutes les protections et particularités qui « empêchent de faire des affaires ». On discute ainsi de la possibilité d’importer des poulets nettoyés à l’eau de javel.
Mais le plus important est le fait de dé-saisir encore davantage les États de leur capacité de légiférer et de rendre la justice en matière d’économie.
Puisque la grande idée de ces « homo œconomicus » est de soumettre les décisions et les lois des États à l’arbitrage privé et ainsi contraindre les États à payer aux multinationales des dommages intérêts colossaux quand une décision de l’État leur porte préjudice.
<On apprend ainsi que le groupe énergétique public suédois Vattenfall réclame à l’Allemagne plus de 3,5 milliards d’euros>  parce que l’Allemagne a décidé souverainement de sortir de nucléaire et que cela est préjudiciable au groupe suédois.
On peut imaginer qu’une politique visant à limiter la consommation de tabac ou la production de gaz à effets de serre entraîne des pertes pour des multinationales présentes sur ce créneau. Un tribunal privé constatera ce préjudice, indiscutable du point de vue des affaires économiques, et condamnera donc l’État à indemniser l’entreprise privée.
L’État aura le choix entre ne pas légiférer ou faire payer les contribuables de son Etat des sommes considérables à des intérêts privés pour avoir le droit de faire des lois qui devraient protéger les citoyens.
C’est évidemment organiser un peu plus l’impuissance des Etats.
<Les porte-paroles des 1% nous avertissent : les Etats Unis ont conclu le partenariat transpacifique sans la Chine cependant> Bref nous autres européens allons devenir les « has been » de l’économie mondiale si nous n’empruntons pas la même voie.
Et c’est dans ce contexte que dans une interview au journal de Londres « The Independent », John Hilary, le directeur de l’organisation caritative « War on Want », engagée contre le TTIP, explique s’être rendu à Bruxelles pour discuter avec Cécilia Malmström, commissaire européenne chargée de cette négociation. John Hilary a relaté : «Lors de notre entrevue je lui ai demandé comment elle pouvait continuer sa promotion persistante du traité, devant une opposition publique aussi massive. Et sa réponse fut aussi froide que limpide : mon mandat ne provient pas du peuple européen.»
Depuis, la commissaire européenne a nié avoir prononcé ces mots comme le relate cet article : http://www.slate.fr/story/108271/cecilia-malmstrom-mandat-peuple-transatlantique.
Peut-on lui accorder le crédit de cette dénégation, quand cette personne fait partie d’une commission, dont le Président, Jean-Claude Juncker a dit : «Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens …» ?
Cette fois l’exemple de la rébellion vient de l’Allemagne : Le 10 octobre 2015, il y avait environ 150.000 et 250.000 personnes dans les rues de Berlin pour protester contre le traité transatlantique de libre-échange, le TTIP. Quelques jours auparavant, une pétition de plus de 3 millions d’Européens était remise par le collectif Stop TAFTA (l’autre nom du traité) à la Commission européenne.

Mardi 20 octobre 2015

« Le micro-lattice »
Matériau révolutionnaire
Nous sommes heureux et nous vivons mieux que toutes les générations antérieures !
Bien sûr, nous sommes préoccupés :  des signes semblent indiquer que certaines voies que nous avons empruntées mènent à des impasses. Quelquefois cela nous entraîne vers des crises de pessimisme.
Mais le génie humain continue à être fécond et à inventer, inlassablement inventer. D’abord une photo :
Cette photo montre une image du matériau le plus léger du monde :  le micro-lattice en suspension au-dessus des aigrettes d’un pissenlit.
Un matériau 100 fois plus léger que le polystyrène et capable d’absorber de grandes quantités d’énergie.
«Nous avons réussi à créer le matériau le plus léger au monde», affirme la chercheuse Sofia Young. Il a été développé par les laboratoires HRL
Pour parvenir à cet exploit, les chercheurs se sont inspirés des os humains. «Leur structure externe est rigide mais, si vous regardez à l’intérieur, vous verrez de petites alvéoles creuses. Cela rend un os humain très solide et en même temps, très léger», affirme la chercheuse.
Le micro-lattice ne fait pas autrement. Grâce à sa couche de nickel-phosphore, l’extérieur du matériau est rigide et dense. À l’intérieur, c’est tout le contraire. Composé d’un maillage complexe de minuscules tubes creux, sa structure se présente sous la forme d’une succession d’alvéoles ouvertes. Une disposition qui permet au matériau d’être composé à 99,9 % d’air. 
Cette caractéristique lui offre également une grande capacité d’absorption d’énergie. Pour illustrer cette propriété, Sofia Yang utilise l’exemple du egg dropping challenge (“défi du lâcher d’œuf”). But du jeu : jeter un œuf du 25ème étage d’un immeuble en évitant qu’il se casse au toucher. Plutôt que de l’envelopper dans un mètre de papier bulle, l’enserrer dans un mini-emballage de micro-lattice suffirait amplement à le conserver intact.
Le nouveau matériau pourrait avoir d’importantes répercussions dans l’industrie aéronautique. Boeing comme Airbus sont obsédés par l’idée d’alléger leurs appareils afin de réduire la consommation de carburant. Et donc de réaliser de substantielles économies.

lundi 19 octobre 2015

«Quand Israël naît […] en 1948, […] Pour le monde Arabe, c’est le dernier phénomène colonial de l’histoire européenne qui est anachronique. Pour les Israéliens, c’est avec quelque retard, le dernier phénomène national de l’histoire européenne du 19ème siècle.[…] Et en fait ce conflit de calendrier n’a jamais été surmonté.»
Dominique Moïsi

La violence n’a jamais cessé sur la terre de Palestine et d’Israël, mais <Une nouvelle étape a été franchie et on parle désormais d’une intifada des couteaux>

Samedi <Les Echos> comptaient 41 palestiniens et 7 israéliens tués en deux semaines.

Et hier dimanche, un attentat s’est produit à la gare des autobus de Beer Sheva, dans le sud d’Israël. Deux Palestiniens ont tiré dans la foule et poignardé plusieurs personnes, avant que les forces de sécurité ne répliquent.

Et en France, nous se sommes informés qu’en partie des faits de violence qui se déroulent sur ces lieux.

Avant ces faits, le conflit israélo palestinien était sorti des radars, on ne parlait plus que de la Syrie, de l’Irak et même du Yemen mais plus de la Palestine. Obama dans son discours à l’ONU, il y a quelques jours, n’a pas eu un mot pour la Palestine. Mahmoud Abbas a dit cette même tribune de l’ONU que les accords d’Oslo étaient enterrés et qu’il faudrait peut-être dissoudre l’Autorité Palestinienne.

Comment mieux dire qu’il n’y croit plus.

Depuis l’assassinat de Rabin, il n’y a plus d’homme d’Etat capable du côté israélien de mener son peuple à la paix et il faut bien le reconnaître il n’y a pas non plus d’homme d’Etat de ce niveau du côté palestinien.

Il y a quelques jours j’avais emprunté un mot du jour à une parole de Dominique Moïsi sur la guerre en Syrie et je fais à nouveau appel à lui aujourd’hui.

Il a, en effet, été l’invité de l’émission de Nicolas Demorand du 14 octobre 2015 :

Israël-Palestine : Vers une troisième Intifada ? avec Dominique Moïsi 14 octobre 2015 Entretien avec Nicolas Demorand

Dominique Moïsi est juif, il a cru en l’Etat d’Israël et il a cru en la paix. Et aujourd’hui au bout des désillusions il se pose des questions existentielles et analyse les regards croisés et hostiles de ces deux peuples à l’aune de l’Histoire.

Dans le début l’émission, il fait d’abord parler son émotion et son désespoir en parlant de «la chronique d’une catastrophe annoncée»

Et il ajoute :

«Je ne suis pas surpris. On s’attendait à une telle explosion. Personne ne s’intéresse plus au problème israélo-palestinien. Les jeunes palestiniens en particulier ceux de Jérusalem ne croient plus à la politique, ni au Hamas, ni à l’autorité palestinienne. C’est une manière à eux de se rappeler à l’actualité. Il y a eu des événements qui ont attisé le ressentiment d’abord le bébé de 19 mois brûlé vif dans sa maison enflammée par des colons israéliens. Ses deux parents sont morts aussi. Et puis il y a ces rumeurs sur le changement de statut du Dôme du rocher, de la mosquée Al Aqsar. Cela ramène le conflit à un niveau qu’on avait oublié et qui le rend encore plus impossible à régler : c’est un conflit religieux.»

Demorand lui dit alors :  «Je vous sens accablé»

Moisi :

« Oui ! Oui ! Il y a quelque chose de désespérant pour quelqu’un qui comme moi a cru profondément aux accords d’Oslo.

J’ai un souvenir : J’ai passé une nuit à boire du champagne avec le poète palestinien Mahmoud Darwich. Nous nous sommes embrassés. Nous avons cru qu’entre juifs et palestiniens, le problème pouvait être dépassé.

Et là…

Est-ce que nous avons rêvé ? Depuis le début ? Depuis l’assassinat d’Yitzhak Rabin ? Est-ce que nous avons continué à rêver en pensant que la communauté internationale et les Etats-Unis allaient imposer une solution ?

Aujourd’hui, il y a un sentiment de vide absolu. Il n’y a pas de petite lumière au fond du tunnel.

Il n’y a pas de pression qui va venir de l’extérieur.

Chacun est laissé, seul :

– face à sa peur du changement, sa volonté de préserver à tout prix le statu quo du côté israélien;

– face à son absence totale d’espoir du côté palestinien.»

Et il décrit « Une glaciation longue entre les deux parties, avec des murs des check points partout transformant Jérusalem en Berlin de la guerre froide.» Cela lui semble l’hypothèse la plus vraisemblable.

Il envisage ensuite le conflit du point de vue des Arabes et les solutions qui ont été envisagées :

« Une grande partie des palestiniens et des arabes rêvent que le problème israélien va disparaître. Qu’en gros les israéliens sont en Palestine, comme les Français étaient en Algérie et qu’à un moment donné, ils se retireront. Dans une partie du discours arabe : Ce sont les croisés du Royaume de Jérusalem ils vont partir et le sable du désert recouvrira leurs constructions arrogantes et intolérantes.

Mais ce n’est pas la réalité et le rapport des forces sur le plan militaire joue toujours majoritairement en faveur des israéliens.

Plus personne ne croit à la solution des deux Etats qui étaient la seule légitime et qui faisait sens.

Un Etat binational semble aussi totalement hors de portée étant donné les haines actuelles.

Certains imaginent une 3ème solution d’une confédération avec un 3ème acteur qui est la Jordanie. Cette confédération pourrait se réunir sur l’Economie. Mais cette solution ne semble pas non plus viable dans le contexte actuel.»

Il n’existe donc pas de solution aux yeux de Moisi.

Et c’est alors qu’il plonge dans le cœur du problème et dévoile une question existentielle. Voici la suite de ce dialogue entre Nicolas Demorand (ND) et Dominique Moïsi (DM)

« DM – Pas de solutions, c’est un échec absolu et qui bien entendu vous amène à vous poser des questions fondamentales, existentielles.

ND – Lesquelles ?

DM – Et si c’était une fausse bonne idée que d’avoir créé l’état d’Israël, dès le départ ?

ND – Vous dîtes cela vous ?

DM – Je dis qu’en réalité, c’est une question que les historiens se poseront. Parce qu’il y a un conflit de calendrier fondamental.

Quand Israël naît sur les fonts baptismaux de la communauté internationale en 1948, c’est au moment où commence le grand mouvement de décolonisation dans le monde. Pour le monde Arabe, c’est le dernier phénomène colonial de l’histoire européenne qui est anachronique.

Pour les Israéliens, c’est avec quelque retard, le dernier phénomène national de l’histoire européenne du 19ème siècle. Les Allemands ont un état, les Italiens ont un état.

Pourquoi pas les juifs ?

Et en fait ce conflit de calendrier n’a jamais été surmonté.

Dès le début, une immense majorité des arabes n’accepte pas que l’Europe paye ses péchés sur le dos des Palestiniens.

Et une grande partie des Israéliens a du mal à intégrer le fait qu’en réalité, il y a les Palestiniens sur ces territoires. (…) »

En 1950, Einstein publia la déclaration suivante sur la question du sionisme. Ce discours avait été initialement prononcé devant la National Labor Committee for Palestine (Commission national de travail pour la Palestine), à New York, le 17 avril 1938, mais Einstein l’avait ressortie en 1950, après la création de l’État d’Israël :

« Je verrais bien davantage un arrangement raisonnable avec les Arabes, sur base d’une coexistence pacifique, que la création d’un État juif. En dehors des considérations pratiques, ma connaissance de la nature essentielle du judaïsme résiste à l’idée d’un État juif avec des frontières, une armée et un projet de pouvoir temporel, aussi modeste soit-il. J’appréhende les dégâts internes que pourra provoquer le judaïsme – particulièrement à partir du développement d’un nationalisme étroit dans nos propres rangs et contre lequel il nous a déjà fallu nous battre sans État juif. »

Je finirais par Arun Gandhi, petit fils du Mahatma Gandhi qui vient de publier un livre «Mon Grand Père était Gandhi» et il dit :  «Pour obtenir la paix, le pardon reste incontournable. Si nous ne pardonnons pas, nous ne grandirons pas».

Mais le pardon semble si loin.

Même si je comprends la peur et l’angoisse des juifs israéliens devant cette situation, il n’est pas possible de ne pas répéter que s’il faut être deux pour faire la paix, la plus grande part de la responsabilité est du côté d’Israël notamment par sa politique de colonisation insensée et intolérante qui rend impossible les deux États, seule solution légitime dit Moïsi.

L’existence de l’État d’Israël peut-elle rester légitime, en l’absence de son alter ego Palestinien ?

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