Mardi 28 octobre 2014
« Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant ! »
Devise des canuts
Si en venant de la méditerranée, vous remontez le Rhône, vous arriverez au confluent où la Saône venant de l’Ouest va se dissoudre dans le Rhône qui vient de l’Est.
Dans ce lieu, émerge de l’eau un bout de terre : la presqu’ile de Lyon, le cœur de cette ville.
A peine engagé sur la Presqu’ile vous tombez sur le tout nouveau quartier “Confluence” qui permet à des architectes venant de tout horizon d’exprimer leur créativité mais aussi leur fantasme et leur délire.
Puis vous arrivez à la gare historique de Lyon : Perrache. Là où le tunnel de Fourvière vomit chaque jour des milliers de voiture s’engageant sur l’autoroute A7 qui commence par une plaie traversant la presqu’ile pour défigurer son versant est, avant de retraverser la Saône finissante pour s’élancer vers le sud.
En continuant au-delà de la place Carnot vous arrivez à l’abbaye d’Ainay, merveilleuse basilique romane achevée en 1107. A cette époque le confluent se situait en ce lieu.
Puis vous arriverez successivement à la place Bellecour, au théâtre des Célestins, à la Place des Jacobins pour enfin arriver à la Place des Terreaux où se trouve la façade ouest de l’Hôtel de Ville qui voit sa façade est faire face à l’Opéra.
C’est à la Place des Terreaux que Richelieu fit décapiter Cinq-Mars qui avait conspiré contre lui, le 12 septembre 1642
Et c’est là au nord de la Presqu’ile que se dresse la colline de la Croix Rousse.
Colline de la Croix Rousse
Initialement commune indépendante sur le plateau, à l’extérieur des fortifications lyonnaises du XVIème siècle, la Croix-Rousse n’a été rattachée à Lyon qu’en 1852. Les pentes en revanche faisaient partie de Lyon.
Aujourd’hui encore les Croix Roussiens ne se sentent que modérément lyonnais et en toute hypothèse quand il décide de descendre de leur colline vers la Presqu’ile ils disent « je vais en ville » ou « je vais à Lyon ».
C’est à la Croix Rousse, principalement, qu’œuvraient au XIXe siècle, les canuts qui étaient les ouvriers tisserands de la soie sur les machines à tisser.
Les canuts, surtout par leurs révoltes, vont influencer les grands mouvements de pensée sociale du XIXe siècle, des saint-simoniens à Karl Marx, en passant par Fourier ou Proudhon
Les canuts étaient soumis à de rudes conditions de travail (ils travaillaient dix-huit heures par jour), et ils sont révoltés à de nombreuses reprises. Leur première révolte, en novembre 1831, est considérée comme l’une des premières révoltes ouvrières. Ils occupent Lyon aux cris de : « Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant ! ». Le roi Louis-Philippe envoie 20 000 hommes de troupe et 150 canons pour réprimer l’émeute.
Le 14 février 1834, les canuts se révoltent de nouveau, en occupant les hauteurs de Lyon, et ils font face pendant six jours à 12 000 soldats, en mettant à profit les traboules, passages obscurs qui permettent d’aller d’une rue à l’autre à travers les immeubles.
Une troisième insurrection a lieu en 1848, au moment de la proclamation de la Seconde République. Elle est menée par la société ouvrière des « Voraces ». La république permettra aux sociétés ouvrières de sortir de la clandestinité en autorisant les associations de type mutualiste ou coopératif.
Les mêmes Voraces mènent une quatrième insurrection en 1849, en écho au soulèvement des républicains parisiens. Circonscrite sur le faubourg de la Croix-Rousse, elle est violemment réprimée.
C’est en pensant au destin de la médecin mexicaine évoquée lors du mot du jour du 24 octobre, elle qui a préféré mourir debout que vivre à genou que m’est revenu à l’esprit cette devise des canuts de la Croix Rousse.