« Ce dont nous avons besoin c’est d’action collective, de mobilisation, c’est de reconnaissance mutuelle de nos histoires, de nos combats, de nos identités et on sera beaucoup plus forts. »
Hanna Assouline, cofondatrice « des guerrières de la paix »
La tendance n’est plus tellement au débat, cet art de la discussion qui permet de se parler sans se battre donc de débattre. Le temps est plutôt à l’invective, à l’exclusion, à la délégitimation de celui qui ne partage pas exactement le même point de vue.
Ce point de vue peut être l’utilisation d’un mot comme celui de « génocide » pour qualifier les massacres commis par l’armée d’Israël à Gaza. Si tu n’utilises pas ce mot tu es soit mal informé, soit plus probablement un salaud qui encourage ce génocide.
Je ne sais pas si l’utilisation de ce terme est appropriée, je n’en suis pas convaincu mais ce n’est pas à moi d’en décider, c’est à la justice internationale qui ne s’est pas prononcée, elle a évoqué un risque de génocide.
A force, pourtant de répéter ce terme, comme une évidence,on a commencé à vouloir relativiser le génocide contre les juifs puisqu’Israël et les juifs de cet état faisaient la même chose. Et bientôt, on en est arrivé à ce que tous ceux qui ne voulaient pas utiliser ce terme ou qui tentait d’expliquer que le Hamas avait aussi une grande responsabilité dans ce qui se passait à Gaza devenait de facto des « génocidaires ».
Un professeur d’histoire médiévale, spécialiste de l’inquisition à l’université de Lyon 2, Julien Théry, s’est laissé choir dans cette fange. Il a publié, sur Facebook une liste intitulée « 20 génocidaires à boycotter en toutes circonstances ». Cette liste incluait pour l’essentiel des personnalités juives.
Un professeur d’université en France, en 2025, peut donc publier une liste de juifs en demandant de les boycotter ou de les canceller en les traitant de ce nom infâme de génocidaires. Ces 20 personnes n’ont, jusqu’à nouvelle révélation, pas touché à un cheveu de palestinien de Gaza. Mais ils sont génocidaires, par appartenance probablement. Le reproche principal à leur encontre serait, semble t’il, le fait qu’ils aient publié une tribune dans le Figaro jugeant que la reconnaissance de l’Etat palestinien par la France n’était pas pertinent actuellement. On peut ne pas être d’accord avec cette opinion, c’est mon cas. Je trouve juste que la France, entraînant d’autres pays avec elle, ait reconnu l’Etat palestinien. Cela ne fait pas des personnes qui ne partagent pas cette opinion, des génocidaires. Mais il n’est évidemment pas indifférent de traiter ces « juifs ».de génocidaires.
Peut être que ce professeur a oublié, un instant, les leçons d’Histoire qu’il a du tirer de ses études sur l’inquisition et dans un moment de colère non maitrisé et passager, a utilisé un mot dépassant sa pensée.
Mais que dire de Jean-Luc Melenchon qui aspire à devenir Président de la République et donc à travailler à l’Unité du peuple qu’il entend diriger, lorsque ce dernier plutôt que de dire que le propos de Julien Théry est exagéré ou hors de propos, écrit le tweet suivant pour répondre à la LICRA qui s’est indigné des propos de M Théry :
« Solidarité avec cet enseignant éclairant. »
Hanna Assouline, cofondatrice des Guerriers de la paix a publié sur les réseaux sociaux un extrait d’une intervention qu’elle a fait lors d’une réunion :
« On est dans une course à la radicalité, à l’invective, à une forme de violence verbale qui fait qu’on est tous pris dans ce cirque qui non seulement n’aide en rien notre réflexion collective politique, ne nous aide pas ni à nous comprendre, ni à avancer, ni à comprendre le monde correctement mais qui en plus n’aide vraiment pas les gens pour lesquels on prétend s’engager. »
Les excès et la polarisation ne sont pas du seul côté pro palestinien, il y a de la même manière des théories, des récits, on utilise aujourd’hui le terme « narratif » qui prennent fait et cause pour les thèses des messianistes juifs qui prétendent que le peuple palestinien n’existe pas, que la Cisjordanie doit appartenir à Israël parce qu’il s’agit d’une terre bibliquement juive et enfin que la Jordanie est déjà l’Etat des palestiniens et qu’il n’est donc pas nécessaire d’en créer un autre.
Pour celles et ceux qui croient encore à la paix en Israël et en Palestine, les militants des deux bords sur les terres du conflit, ces affrontements dans notre société française ne les aident pas et ne font rien avancer. C’est ce que rapporte Hanna Assouline :
« Et ça ça fait partie des choses qui ont été dites et redites à de nombreuses reprises par les militants palestiniens et israéliens qui luttent pour la paix, pour la dignité, pour la justice. Ils nous ont répété en fait, quand vous vous déchirez, quand vous utilisez notre cause pour alimenter la haine, l’islamophobie, le racisme, l’antisémitisme, quand vous nous utilisez comme des slogans, comme des étendards, sans vous poser la question réelle de notre avenir, pour régler les comptes de vos propres sociétés et de votre histoire coloniale, de votre histoire vis-à-vis de la shoah, de toutes les failles qui vous appartiennent et qui n’ont rien à voir avec nous. Non seulement vous ne nous aidez pas et vous n’êtes absolument pas dans la solidarité avec nous mais vous nous condamnez davantage à l’impasse. […] Cela nous a été répété par des gens extrêmement différents des Palestiniens comme des Israéliens. Cette idée de quand vous pensez nous aider, vous nous condamnez davantage, quand vous pensez nous aider de cette manière là. »
Comme le dit la cofondatrice des guerrières de la Paix nous sommes en face d’une offensive mondiale de l’extrême droite, de la renaissance des logiques d’empire, nous ne pouvons nous permettre, pour ceux qui veulent la paix, c’est à dire la coexistence pacifique de deux peuples sur la terre entre la mer et le jourdain, de nous invectiver et d’aspirer à la pureté des idées.
Un des premiers mots du jour citait cette formule des temps révolutionnaire : « Un pur trouve toujours un plus pur qui l’épure. ». Les choses sont toujours plus compliquées que cette vision biblique de la lutte du bien contre le mal. Quand on en est convaincu, on accepte la complexité du monde et la fécondité du débat.
« Aujourd’hui on a besoin d’action, on a besoin d’un sursaut collectif, on a besoin de tout le monde autour de la table. On n’a pas besoin de rétrécir le front en essayant de se demander qui est assez pur dans son militantisme pour avoir le droit d’être assis à nos côtés. On a besoin d’un sursaut, d’un élan collectif qui soit le plus large possible, sinon on ne va pas y arriver. Et face à nous, on est face à une offensive mondiale fasciste qui est en train de nous écraser et qui se délecte des divisions dans lesquelles on tombe tous. […] »
Hanna Assouline finit par cette invitation à s’écouter et accepter mutuellement à reconnaître l’histoire de l’autre pour pouvoir mieux comprendre comment vivre ensemble.
« Ce dont nous avons besoin c’est d’action collective, de mobilisation, c’est de reconnaissance mutuelle de nos histoires, de nos combats, de nos identités et on sera beaucoup plus forts. Et pour lutter ici, dans nos sociétés et pour lutter pour eux là-bas. »
Je trouve pertinent de partager cet appel à s’écouter, à ne pas pratiquer l’excommunication et a envisager l’hypothèse qu’on peut discuter de tous les sujets.
« Une finale incommensurable sur le green de Munich»
As, journal espagnol relatant la finale de la ligue des champions du 31 mai 2025
De temps à autre je parle de football. Parce que le Football est un formidable laboratoire qui montre beaucoup des réalités de ce monde et du comportement des gens. J’avais commencé la série de mots du jour de 2018, avant la coupe du monde de Russie, par cette citation d’Albert Camus :
Cette fois, le football va me permettre de montrer qu’un évènement, qu’un fait peut être examiné à travers des regards ou dois je écrire des filtres différents ?
Si on regarde la chose à l’aide d’un seul filtre, on a une vision tronquée, amputée de sa complexité. J’ai l’intuition que c’est le mode devenu le plus courant pour aborder les questions politiques ou de société.
Page du journal L’équipe du 1er juin 2025
L’évènement footballistique qui me conduit à cette réflexion est évidemment la victoire du Paris Saint Germain en finale de la Ligue des champions, samedi.
Ce ne fut pas une victoire mais un triomphe. Paris a battu l’Inter Milan 5 buts à zéro. Jamais une finale de cette épreuve n’avait été remportée par 5 buts d’écart. Jusqu’à samedi le record était celui de la finale de 1994 dans laquelle le Milan AC entraîné par Fabio Capello, l’autre club de Milan, avait battu le Barcelone entrainé par Johan Cruyff 4-0 et dont les spécialistes disaient que c’était, alors, la meilleure équipe d’Europe.
Lors de cette finale de 1994, le club italien avait été remarquablement efficace et opportuniste, mais n’avait pas surclassé son adversaire dans le jeu comme l’a fait le Paris Saint Germain cette année. Ainsi le journal anglais le Daily Mail a écrit :
« Les Italiens massacrés, le PSG champion d’Europe avec style. Ils n’ont pas seulement battu l’Inter ici à Munich, Ils l’ont complètement anéanti. »
Pour retrouver une telle domination, il faut revenir à la finale de 2011 où l’équipe de Barcelone entraîné par Pep Gardiola a battu le Manchester United de Alex Ferguson. Le score n’était alors que de 3-1 mais le match fut à sens unique faisant dire à Alex Ferguson : « Jamais une équipe ne m’avait autant impressionné. Elle était injouable. »
Les journaux italiens ont reconnu la déroute de l’équipe milanaise. La Gazzetta dello Sport écrit « Quelque chose s’est brisé et s’est terminé ce soir pour l’Inter. », de son côté Tuttosport, reconnaît l’ampleur du naufrage : « Une lourde défaite qui restera dans l’Histoire. »
1/Un premier regard qui se pose sur cet évènement peut être celui d’une personne attachée au calme d’une société apaisée.
Force est alors de constater que la célébration de cette victoire a déchainé la violence et le chaos. On dénombre deux morts sur l’ensemble des débordements qui ont eu lieu à travers l’Hexagone le 31 mai, ainsi que 192 personnes blessées en région parisienne, selon France Info.
« Le Monde » nous apprend qu’un homme de 17 ans a été poignardé à mort à Dax (Landes), près de la place de la Fontaine chaude où s’étaient réunis les supporteurs ; quatre personnes blessées – dont deux grièvement et une victime dont le pronostic vital reste engagé – après avoir été fauchés par un véhicule à Grenoble.
A Coutances (Manche), un fonctionnaire de police a été placé dans un coma artificiel après avoir été touché à l’œil et à l’arcade sourcilière par un jet de projectile. Sur les réseaux sociaux, les images de dévastation et d’affrontements tournent en boucle : des véhicules en flammes ; un pompier agressé par la foule sur les Champs-Elysées, où un magasin de chaussures de sport a été pillé et vandalisé par des dizaines de personnes – trois autres ont été dégradés – ; un scooter percuté de plein fouet par une voiture à Paris ; le pilote d’une moto violenté et son engin volé sur le boulevard périphérique ; la voiture de deux jeunes femmes saccagée ; Au commissariat de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), « deux policiers se trouvant devant le commissariat ont été victimes d’une soixantaine de tirs tendus de mortiers » l’énumération pourrait continuer…
La soirée et la nuit de samedi à dimanche a conduit à 559 interpellations à travers la France, dont 491 en région parisienne. 307 personnes ont été placées en garde à vue dont 216 à Paris, soit 202 majeurs et 14 mineurs selon le parquet de Paris. Un bilan national encore provisoire fait état de 692 incendies à travers le pays, dont 264 véhicules.
Une semaine auparavant, Le club de rugby de Bordeaux Bègles a aussi gagné la coupe d’Europe des clubs. Le retour des joueurs à Bordeaux a fait l’objet de célébrations euphoriques, il n’y eut aucun incident notable. Ce premier regard peut conduire à jeter le discrédit sur le football et ses supporters, particulièrement en France. Car s’il y a eu des incidents dans d’autres pays, par exemple récemment à Liverpool suite à la victoire de ce club dans le championnat anglais, il n’y a pas ce déchainement de violence dans toute la ville ni dans le reste du pays, dans aucun autre pays européen. Je ne développe pas, mais je voudrais tenir à distance à la fois ceux qui disent que cela n’a rien à voir avec « le monde du football français » et ceux qui trouvent tout de suite des explications qui tombent rapidement dans le racisme et la stigmatisation.
Mais cette réalité existe. Dire, comme certains politiques situés dans les oppositions que c’est la faute de l’organisation des services de sécurité, constitue à la fois un déni et « du foutage de gueule ».
2/ Le deuxième regard pourrait être celui de la personne qui regarde le monde et qui d’un côté voit le peuple gazaoui martyrisé par Israël, le peuple ukrainien sous les bombes russes, la guerre économique déclenchée par Trump, les injustices dans le monde, les défis climatiques et écologiques devant lesquels les humains semblent baisser les bras et qui de l’autre côté voit l’énergie, l’argent et les foules mobilisés par ce jeu de ballon qui ne peut apparaitre devant sa vision du monde que sous une forme dérisoire.
« Panem et circenses », « du pain et des jeux » disaient des auteurs romains devant une telle dichotomie du temps de l’Empire. Comment nier que cette vision montre une part de vérité ?
C’est une partie de la réalité, ce n’est qu’une partie.
3/Le troisième regard que je vous propose est celui de l’économiste, c’est-à-dire de l’étude de l’allocation des ressources.
Nous savons que les meilleurs joueurs ont des salaires mirobolants et qu’en plus ils disposent de revenus tout aussi élevés dans le cadre du sponsoring et de la publicité. Cette réalité a été synthétisé par cette description : « un jeu financé par des gens modestes qui paient très chers pour aller regarder des millionnaires courir après un ballon ». Je n’ai pas retrouvé l’auteur de cette formule qui m’avait marqué quand je l’avais entendue.
Si on s’intéresse aux dix plus gros budgets des clubs européens, le grand Continent a publié ce tableau.
Si, en parallèle, on s’intéresse aux 15 derniers vainqueurs de la ligue des champions on trouve ce tableau :
Il n’y a que Chelsea qui n’apparait pas dans les dix premiers budgets.
Cette anomalie me semble étonnante, surtout que j’ai pu lire que la source « sportune », identique à celle utilisée par Le Grand Continent, disait que le budget de Chelsea était pour la saison dernière (2023-2024) de 600 millions d’euros ce qui met ce club dans les 10 plus gros budgets.
Et sur le site de la RTBF, j’ai pu lire qu’« Avec 2,64 milliards d’euros dépensés depuis 2014, dont plus d’un milliard depuis son rachat par le consortium américain BlueCo en mai 2022, Chelsea est aussi le club ayant investi le plus d’argent dans des transferts au cours de la dernière décennie. ».
Nous pouvons ainsi être rassuré, ce sont bien les clubs les plus riches qui gagnent.
Ce constat qui est conforme à la marche économique du monde, met à mal ce qu’on appelle « la glorieuse incertitude du sport ». Il y a bien incertitude mais à l’intérieur d’une petite élite sélectionnée par l’argent. C’est assez décevant pour les amateurs du football et répulsif pour les autres.
Il y a bien un troisième groupe, celui des économistes libéraux qui vont se satisfaire de ce marché des joueurs qui semble admirable de cohérence : les meilleurs joueurs, ceux qui font gagner, sont payés le plus cher. Le fait que ce soit les clubs les plus riches, c’est-à-dire ceux qui peuvent embaucher les meilleurs joueurs, qui gagnent est une magnifique démonstration que la loi du marché est juste dans le football…
Ce regard sur le monde du football constitue aussi un éclairage exact de la réalité, mais ne saurait expliquer à lui seul ce que représente le football.
4/L’analyse géopolitique va nous conduire à voir que cette victoire est celle du Qatar.
C’est le fonds souverain du Qatar qui a acheté le club le 30 juin 2011. Le propriétaire est donc l’Emir du Qatar qui confie la présidence du club à un de ses hommes de confiance : Nasser al-Khelaïfi , toujours en fonction.
Il n’y a pas de doute que la victoire est celle du Qatar. Quand l’avion de Qatar airways a atterri à Roissy avec les joueurs parisiens, Nasser al-Khelaïfi a tenu à porter la coupe avec le capitaine de l’équipe, il n’était pas concevable de laisser cet objet de convoitise entre les seules mains des joueurs. La même scène a été vu lorsque les joueurs et leur président sont arrivés à l’Elysée dans une tentative de récupération par le Président de la République. Ce dernier a remercié chaleureusement Nasser al-Khelaïfi :
« Cette victoire vous doit beaucoup Président. [ d’autres éloges…] et je remercie avec vous le Qatar qui a toujours été un actionnaire exigeant. Qui a réengagé, qui a réinvestit dans ce club, qui n’a jamais laché. […] Je veux aussi remercier l’Emir du Qatar… ».
Il reste des coins d’ombre mais la vraisemblance du récit semble avérée, chacun des protagonistes ayant, de manière plus ou moins explicite, reconnus les faits que je vais résumer.
L’équipe parisienne avec la coupe pose devant l’avion du Qatar
Le Qatar poursuit ce rêve fou d’organiser la coupe du monde, alors que son territoire est minuscule, son histoire avec le football proche du néant et qu’en outre les conditions climatiques de ce pays rendent la pratique du football dangereuse pour la santé. Vous savez cela puisque cette coupe du monde a eu lieu.
Le 23 novembre 2010, Nicolas Sarkozy, président de la République, invite Michel Platini, président de l’UEFA, l’organisme européen du football à l’Elysée. Michel Platini dit qu’il ne savait pas qu’il y aurait un autre invité : le prince héritier du Qatar qui sera en 2022 l’émir du Qatar. Michel Platini est une des voix qui va voter pour l’attribution de la coupe du monde. Il est en outre en raison de son passé du plus grand joueur de football de sa génération, un homme très influent dans le monde du football.
Le Président de la FIFA, organisation mondiale du football, Joseph Blatter affirme que Platini lui avait révélé avant novembre 2010 qu’il voterait, pour l’attribution du Mondial 2022, pour les Etats-Unis.
Y a-t-il eu corruption ?
Ce n’est pas jugé. Toutefois selon l’article du Monde, si Michel Platini a nié que le président lui a demandé de voter pour le Qatar, il a toutefois :
« senti qu’il y avait un message subliminal » de la part de Nicolas Sarkozy lorsqu’il s’était « retrouvé avec des Qatariens ».
Nous savons que Platini a voté pour le Qatar.
Le Qatar achetait déjà beaucoup d’armes et d’autres biens et services français, il va en acheter davantage et aussi beaucoup investir en France.
Pascal Blanchard lors de l’émission C ce soir du 2 juin 2017, très intéressante et nuancée sur le Qatar, a donné ces chiffres :
« 47 entreprises françaises ont des investissements significatifs du Qatar, notamment l’hôtellerie, 84% de l’armement du Qatar est français. »
Nicolas Sarkozy est aussi un très fervent supporter du Paris Saint Germain qui en 2010 était en grande difficulté financière et sportive. Selon ses propres dire au journal l’Equipe, il reconnait avoir facilité le rachat du PSG par le Qatar mais prétend que l’intérêt du Qatar pour Paris en raison de son « soft power sportif » existait depuis longtemps et qu’il n’en était pas à l’origine.
Toujours est-il que le Qatar a bien obtenu la coupe du monde de 2022 et a racheté le PSG, 7 mois après ce diner.
Un rapport récent analysait le rôle problématique des frères musulmans en France. Le Qatar est un des derniers amis de cette confrérie. Le Qatar finance en France des réseaux islamiques qui très probablement professent des valeurs assez éloignées de nos principes républicains. Le Qatar est le financier du Hamas. Le Qatar est aussi le pays qui a été le cadre des négociations entre les Talibans et l’Administration Trump et qui a conduit à la fuite honteuse des américains sous Biden. Le Qatar continue à jouer le rôle de médiateur pour essayer de faire reconnaître le régime des talibans par les pays occidentaux.
Il faudrait aussi dire quelques mots sur Nasser al-Khelaïfi qui a vu sa longue présidence ponctuée de plusieurs affaires, quelquefois des procédés de barbouzes. Mais cela est développé dans ce documentaire de compléments d’enquête « Pouvoir, scandales et gros sous : les hors-jeux du PSG ».
L’intéressé quand il est interpellé sur ces sujets parle de Qatar bashing, l’accusation d’islamophobie n’est jamais loin.
C’est aussi une réalité du football d’aujourd’hui, le pouvoir de l’argent et l’intervention de fonds d’investissement ou d’Etat qui n’avaient aucun lien historique ou pratique avec le football mais qui ont pris les premières places pour pouvoir augmenter leur sphère d’influence grâce à leur richesse.
5/ Et puis il y a le regard naïf, le regard de l’enfant que nous étions et qui reste en nous..
Tous les angles de compréhension précédents sont justes. Il y en encore certainement d’autres auxquels je ne pense pas. Mais ils n’expliquent pas tout.
J’ai déjà essayé d’aborder ces sujets dans la série de mots que j’avais consacré au football : « Le football par l’Histoire, l’Économie et la Morale ». Je citais l’écrivain Eduardo Galeano qui a beaucoup écrit de manière savante sur le football et qui pour expliquer l’inexplicable pour toutes celles et tous ceux qui sont hermétiques à ce jeu, a fait appel au dialogue entre une journaliste et la théologienne allemande Dorothée Solle :
« – Comment expliqueriez-vous à un enfant ce qu’est le bonheur ?
– Je ne le lui expliquerais pas, répondit-elle. Je lui lancerais un ballon pour qu’il joue avec. ».
Dans mon enfance c’était la principale activité de loisirs avec les copains. Dès qu’il y avait un peu de temps libre nous allions jouer au ballon et nous étions heureux. Alors le football jouée dans cette finale par des millionnaires n’a rien à voir avec ces jeux d’enfants !
Est ce si sûr quand on voit la joie des joueurs qui ont marqué ou ces millionnaires qui se cachent le visage et pleurent. Vous croyez qu’ils pleurent parce qu’ils se disent à ce moment là que grâce à cette victoire ils vont pouvoir encore gagner plus d’argent plus tard ?
Ils y penseront probablement quelques jours plus tard, mais à cet instant c’est leur âme d’enfant qui pleure d’avoir pu réaliser leur rêve. Et les supporters, les vrais pas les casseurs, sont en communion avec eux et trouvent aussi ces ressources dans leur âme d’enfant.
Et puis ce jeu quand il est joué comme l’équipe de Paris l’a fait ce samedi, est beau et plein d’intelligence de vie. Le meilleur joueur de Paris, Ousmane Dembélé est un formidable dribbleur et il devenu un buteur performant. Mais dans cette finale, il n’a presque pas dribblé, ni tirer au but. Il a appliqué une tactique au service de son équipe, il a utilisé sa vitesse et son énergie pour harceler le gardien et les défenseurs adverses pour les empêcher de faire de belles passes et relancer positivement leur équipe. Grâce à ce rôle ingrat qu’il a réalisé jusqu’à la dernière minute, ses équipiers sont parvenus à récupérer toujours très rapidement les ballons et relancer leurs attaques. Et ce sont les autres qui ont brillé et marqué des buts magnifiques. Mais comme c’était le joueur le plus brillant qui a fait ce travail défensif tous les autres ont eu la même rigueur et le même enthousiasme pour étouffer l’équipe adverse, ce qui a été réalisé.
C’est ce que le journal espagnol AS a salué dans cet éloge :« Ce que Mbappé, Neymar, Messi, Dani Alves, Ibrahimovic, Beckham, Di María ou Cavani n’ont pas pu réaliser, ces jeunes talents l’ont réalisé en dessinant une finale incommensurable sur le green de Munich. Ils ont laisse l’Inter sans rien, déchiqueté sans aucun signe de pouvoir mordre. »
Car le football est un jeu collectif et lorsque le collectif atteint ce sommet auquel se sont hissés les joueurs parisiens, la joie simple du football comme on rêve de le jouer quand on est enfant sans y parvenir, devient réalité et fait du bien comme une œuvre d’art ou la vision d’un magnifique paysage.
C’est un autre regard, qui n’efface aucun des 4 autres mais qui les complète pour approcher d’un peu plus près le sens et la compréhension de cet évènement qui a eu lieu samedi à Munich.
« Le drapeau de la résistance flotte sur Phnom Penh. »
Une du journal Libération le 17 avril 1975, au moment de la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges
Il y a cinquante ans, le 17 avril 1975, de jeunes soldats Khmers rouges entrent dans la capitale du Cambodge : Phnom Penh.
Ils ont eu cette victoire finale sans combat, les forces gouvernementales du maréchal Lon Nol se sont enfuis. Le maréchal Lon Nol avait renversé le roi Sihanouk, 5 ans auparavant avec l’aide des américains. Gangrené par la corruption, le régime est tombé comme un fruit mur, Lon Nol avait fui le pays dès le 1er avril.
En face il y avait les khmers rouges de Pol Pot, de Khieu Samphân, de Nuon Chea, de Ieng Sary. Le mot « khmer » désigne le groupe ethnique majoritaire (90 %) de la nation cambodgienne. Le surnom « Khmers rouges » (c’est-à-dire « Cambodgiens communistes ») leur a été attribué par Norodom Sihanouk vers la fin des années 1950.
Ce mouvement politique et militaire cambodgien, ultranationaliste et communiste radical est d’inspiration maoïste, soutenu par la Chine communiste. Ce régime, un des plus cruels de l’histoire de l’humanité tombera le 7 janvier 1979, après une défaite militaire contre l’armée du Viet Nam. Le Viet Nam est communiste, allié des soviétiques et ennemi de la Chine. En moins de 4 ans, près de 2 millions de cambodgiens périront, soit un quart de la population, à cause des mesures et de l’organisation mise en place par l’Angkar qui est nom que les Khmers rouges se sont donnés.
En 1975, une grande partie de la Gauche française s’est fourvoyée. Les vainqueurs étaient communistes, les vaincus étaient des suppôts de l’impérialisme américain, il n’en fallait pas davantage pour distinguer « le camp du bien » et « le camp du mal. »
C’est le journal Libération qui était le plus enthousiaste en écrivant le 17 avril 1975 : « Le drapeau de la résistance flotte sur Phnom Penh. » Le correspondant du quotidien, Patrick Sabatier écrit :
« Phnom Penh est donc tombée “comme un fruit mûr”, sans combats violents. Le “bain de sang” prédit par certains, souhaité par d’autres, n’a pas eu lieu. Bien au contraire, la protection des civils est apparue comme la préoccupation principale des forces de libération. »
Le lendemain, le quotidien récidive, avec un titre encore plus ronflant : « Sept jours de fête pour une libération. » et le journaliste continue à encenser les vainqueurs :
« La libération de Phnom Penh aura été, plus qu’un succès militaire, une immense victoire politique pour le Funk (Front uni national du Kampuchéa, coalition anti-Lon Nol dont les Khmers rouges étaient la branche communiste »
Dans « Le Point » Jean-François Bouvet qui a écrit en 2018, le livre « Havre de guerre, Phnom Penh, Cambodge » (Fayard) reconnait que Patrick Sabatier finira par s’excuser de son aveuglement. Bouvet explicite ce a commencé immédiatement dans le Cambodge dirigé par l’Angkar :
« Avec leurs véhicules munis de haut-parleurs, [les khmers rouges] sillonnent la capitale en prétendant que les Américains vont la bombarder et qu’il faut l’évacuer pour trois jours. Imaginez : 700 000 habitants plus 1,3 million de réfugiés. C’est un piège. Dès les premiers jours, les Khmers rouges chassent ces 2 millions de personnes. Ils déportent dans les campagnes une population dont ils sont incapables d’assurer l’approvisionnement. D’où un exode hallucinant, même les blessés sont poussés le long des avenues sur leurs lits d’hôpital. Les villes moyennes subiront le même sort, car c’est la ville en tant que telle, berceau de tous les vices, qui doit être purgée. Le Cambodge va devenir pour trois ans, huit mois, vingt jours un gigantesque camp de travail à ciel ouvert.»
Dans le journal Le Monde, la une est plus factuelle : « Phnom Penh est tombée. ». Les commentaires à l’intérieur du journal ressemblent à celles de Libération :
« La ville est libérée […] L’enthousiasme populaire est évident. »
La veille de l’entrée des troupes communistes, un journaliste du Monde écrivait : :
« Une société nouvelle sera créée ; elle sera débarrassée de toutes les tares qui empêchent un rapide épanouissement : suppression des mœurs dépravantes, de la corruption, des trafics de toutes sortes, des contrebandes, des moyens d’exploitation inhumaine du peuple (…). Le Cambodge sera démocratique, toutes les libertés seront respectées. »
Et Jean Lacouture, dans Le Nouvel Obs, écrit :
« Peut-on dire qu’encerclée par les masses rurales la cité soit tombée “comme un fruit mûr” ? Mûr, Phnom Penh ? Ou abîmé, souillé, avarié par cinq années de guerre civile, d’interventions étrangères et d’intrigues menées par un quarteron d’aventuriers ? Ainsi le Cambodge entre-t-il, au son des roquettes et du canon, dans l’ère du socialisme. »
Je laisse le mot de la fin à un homme qui a vécu cette horreur : Rithy Panh qui s’exprime dans l’Express :
« A l’époque, j’étais dans les rizières, en train d’essayer de survivre. Je me souviens d’avoir vu quelques rares fois une traînée d’avion dans le ciel, et je me disais : « il va nous voir ! ». Après tout, l’homme avait déjà marché sur la lune… Je ne comprenais pas pourquoi personne n’entendait rien, ne disait rien.
Et puis un jour, on nous a dit que certains à l’étranger félicitaient le petit pays qui avait vaincu le régime soutenu par l’impérialiste américain.
La gauche française et mondiale ne voulait pas savoir. Pourtant, dès 1976-1977, des réfugiés cambodgiens témoignaient de ce qu’il se passait à la frontière thaïlandaise : il y avait quand même des informations qui arrivaient. Mais même après le départ des Khmers rouges, en 1979, lorsqu’on découvre l’ampleur des crimes, certains intellectuels continuent à défendre le régime, comme le philosophe français Alain Badiou, qui conclut ainsi sa tribune dans Le Monde, en janvier 1979 : « Kampuchéa vaincra ! ». Ou à relativiser ses crimes, comme le linguiste américain Noam Chomsky, qui se montre très ambigu. « On a pratiquement fini par tenir pour un dogme, en Occident, que le régime [des Khmers rouges] était l’incarnation même du mal, sans aucune qualité qui puisse le sauver », écrit-il en 1980 dans un texte cosigné avec Edward S. Herman.
Par la suite beaucoup de chercheurs de gauche qui étaient très favorables aux Khmers rouges lorsqu’il était au pouvoir ont changé d’avis. Mais, sur le moment, ils étaient enfermés dans leur aveuglement, par idéologie. Il s’est passé la même chose pour l’URSS de Staline, quand des poètes français comme Louis Aragon y allaient et ne se rendaient compte de rien, ou pour la révolution culturelle de Mao, qui a également fasciné la gauche française. »
Nicolas Sarkozy à propos de la présidence Macron en octobre 2017
Dès octobre 2017, soit 4 mois après l’élection d’Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy avait émis ce jugement sur le parcours présidentiel de Macron. Vous trouverez cette information dans « Le Point » ou «L’Express ». Cette phrase a été prononcée 1 an avant le début du mouvement des gilets jaunes.
Et, après ce mouvement, après la pandémie du COVID 19, après les guerres d’Ukraine et de Gaza, après une réélection en 2022 sans campagne, sans débat, uniquement pour éviter le Rassemblement National et enfin une dissolution en 2024 donnant une chambre ingouvernable, ces propos inquiétants rencontrent une situation politique que nous voyons dégénérer devant nous.
Nicolas Sarkozy avait donné les raisons de ce jugement :
« Il n’a pas d’emprise sur le pays. Il ne s’adresse qu’à la France qui gagne, pas à celle qui perd. Il est déconnecté. »
Emmanuel Macron a, en effet, une responsabilité immense dans la situation actuelle.
D’abord il a échoué à réaliser sa promesse de faire reculer l’extrême droite au cours de son mandat. Ces 7 ans n’ont été qu’une progression inexorable du rassemblement national, conséquence de la montée des colères, des exaspérations et même de la haine à l’égard du Président de la République.
Probablement est-il utile de rappeler, ce que le candidat élu, après une longue marche solitaire au milieu de la cour Napoléon du palais du Louvre, va promettre, le 7 mai 2017, à ses partisans dans la joie de son triomphe et aux français dans l’attente d’une nouvelle ère :
« Je sais nos désaccords, je les respecterai mais je resterai fidèle à cet engagement pris : je protégerai la République. […]
Je ferai tout dans les cinq années qui viennent pour qu’ils n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes.[…]
Je le sais, la tâche sera dure, je vous dirai à chaque fois la vérité, mais votre ferveur, votre énergie, votre courage toujours me porteront. (…) Je rassemblerai et réconcilierai parce que je veux l’unité de notre peuple et de notre pays. […]
Et enfin mes amis, je vous servirai. Je vous servirai avec humilité, avec force. Je vous servirai au nom de notre devise : liberté, égalité, fraternité. Je vous servirai dans la fidélité de la confiance que vous m’avez donnée. Je vous servirai avec amour. »
Chacun jugera de la distance entre les promesses et la réalité du pouvoir exercé par ce jeune homme parvenu au sommet de l’État à 39 ans.
Depuis ce jour de mai 2017, il a eu souvent des propos maladroits, blessants, méprisants rendant son pouvoir encore plus insupportable à beaucoup.
Il a aussi échoué à rétablir les comptes publics, à éviter la dégradation de la balance commerciale et l’augmentation de la dette. Il n’a pas pu faire cesser la politique du « quoi qu’il en coûte » à temps. Et il a laissé le déficit public déraper en 2024 sans réagir ni sur les dépenses, ni sur les recettes. Le déficit, pour lequel la prévision annonçait 4,4 %, ce qui était déjà trop élevé par rapport à l’engagement de 3%, dépasse les 6 % en 2024.
Il n’a pas réagi, le nouvel Obs le raconte dans son article du 3 décembre 2024 : « Les trois fautes de Macron » :
« Le premier acte se noue le 8 avril 2024. Le chef de l’État participe, contrairement à son habitude, à la réunion des présidents de groupes de la majorité qui se tient tous les lundis à l’Elysée. « J’entends parler de projet de loi de finances rectificative. Je n’en vois pas l’intérêt. » Puis, au sujet des pistes d’économies réclamées par son ministre Bruno Le Maire : « Il ne faut pas que ça soit la foire à la saucisse. » […] Alors que depuis la fin de 2023, la direction du Trésor alerte sur une baisse inquiétante des recettes et un déficit qui dérape dangereusement, le président décide… de ne rien faire. Les élections européennes s’approchent, il ne faut surtout pas inquiéter les électeurs qui pourraient se détourner du parti présidentiel. Au lieu d’intervenir en urgence, Emmanuel Macron procrastine. Pendant ce temps, les finances publiques flambent.»
Cette première erreur va en entraîner une seconde, il va prendre la décision de dissoudre la chambre des députés, le soir des élections européennes catastrophiques pour son camp. Il ne veut probablement pas affronter le débat budgétaire de la fin de l’année, avec sa majorité relative et la révélation de ce dérapage budgétaire. Beaucoup explique qu’il ne pensait pas que les partis de gauche, qui s’étaient déchirés et insultés au cours de la campagne européenne, puissent se réconcilier et présenter un front uni, indispensable pour gagner dans un mode de scrutin uninominal à deux tours. Peut être aussi, c’est une hypothèse personnelle, espérait t’il secrètement une victoire du rassemblement national qui aurait, selon toute vraisemblance, devant la difficulté de la tâche et son manque de compétence évidente, perdu de sa crédibilité et son principal argument pour gagner les présidentielles : les français n’avaient jamais essayé son programme jusque là.
Lors de ces élections législatives, les français se sont mobilisés et la gauche est arrivée unie aux élections.
L’assemblée qui a été élue est fracturée en 3 blocs à peu près équivalent : La Gauche (NFP) 33% le Bloc central macroniste 29%, l’Extrême Droite 25%, avec une quatrième force, beaucoup plus faible, la droite LR 8%. Chaque bloc refuse de faire alliance avec aucun des deux autres. Les blocs de gauche et central sont même très divisés en leur sein.
Finalement Emmanuel Macron va aussi échouer dans le domaine économique dont pourtant lui-même et ses partisans prétendaient qu’il constituait le point fort de son mandat.
Il a accentué la politique de l’offre qui avait été initié par Hollande. Cette politique repose sur l’idée qu’on peut favoriser la croissance en créant un cadre fiscal et normatif très favorable aux entreprises, ce qui leur permet d’être plus compétitive, rentable, d’investir et in fine de créer de l’emploi.
Cette politique de fiscalité très arrangeante pour les entreprises diminue beaucoup les recettes de l’État sauf si un surcroit important de croissance les augmente en volume bien que les taux soient plus faibles. Cela n’est pas arrivé et aujourd’hui les plans de licenciement sont d’une ampleur telle que le chômage est de nouveau en train de repartir à la hausse. La responsabilité d’Emmanuel Macron dans cette situation désastreuse d’une France qui s’enfonce dans la crise, de services publics qui se détériorent, avec un déficit abyssal, une dette qui ne sert pas à investir mais à payer les frais de fonctionnement, une crédibilité internationale de plus en plus faible, est immense. Mais il n’est pas seul responsable, les députés qu’ils soient de son camp comme de l’opposition de gauche ou d’extrême gauche ont aussi une responsabilité énorme. Comment ne pas être choqué par le sourire narquois de Mélenchon en train d’assister, dans les tribunes du palais Bourbon, à la chute de Barnier et qui ne veut aucun compromis, mais espère des présidentielles anticipées qu’il pense pouvoir gagner. Marine Le Pen est dans un état d’esprit similaire. Et les chefs des différents partis du bloc central comme de la droite LR sont aussi, avant tout, préoccupés des élections futures et non de la situation des français et de la France. Incapable de discuter, de débattre. Chaque fois qu’un plateau de télévision présente deux députés d’un camp différent, il n’y a qu’invectives et dialogue de sourd. Ce n’est pas une élection présidentielle qui règlera ce problème d’une France divisée en trois et demi et qui ne sait plus se parler, ne sait plus faire société ensemble et se réfugie largement dans le déni des contraintes et des contradictions auxquelles la France doit faire face.
« L’incroyable cadeau français au monde : la cérémonie d’ouverture la plus originale et dynamique de l’histoire des Jeux Olympiques »
Gaston Saiz dans le journal argentin « La Nacion »
Je n’avais pas prévu de regarder la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Paris du vendredi 26 juillet 2024..
J’étais seul. Annie était aller rendre visite à son amie d’enfance, Rosemarie, à Barcelone. Alors, j’ai d’abord jeté un œil, puis j’ai regardé plus attentivement, pour être finalement captivé par ce spectacle plein de fantaisie et qui a su montrer combien la ville de Paris était belle, le long de la Seine.
Le drapeau français sur le Pont d’Austerlitz
Plus de de 23 millions de téléspectateurs français soit 83,1 % de part de marché entre 19 h 26 et 23 h 30, ont regardé cette cérémonie. Il s’agit de la deuxième meilleure audience de l’histoire de la télévision française, après la finale de la Coupe du monde France – Argentine de 2022, que pour ma part j’ai boycotté.
Dans le monde, ils furent plusieurs milliards à regarder selon le CIO. Les réactions furent plutôt très positives.
Le journal sportif espagnol MARCA a écrit : « Paris livre la meilleure cérémonie de l’histoire des Jeux ! »
La Une de la Nacion
Il y eut d’autres titres dithyrambique dans la presse internationale. Mais celui que j’ai préféré et mis en exergue a été publié par un journal argentin : « La Nacion »
« L’incroyable cadeau français au monde : la cérémonie d’ouverture la plus originale et dynamique de l’histoire des Jeux Olympiques »
La pluie a cependant gâché la fête des 300 000 spectateurs sur place. Ils ont été privés de certains spectacles en directs, ainsi Lady Gaga avait enregistré son numéro de french cancan alors qu’il ne pleuvait pas.
Dès lors, les personnes qui s’étaient déplacés et avaient payés cher leur place n’ont rien vu, sinon ce que tous les téléspectateurs du monde entier ont vu : un spectacle enregistré.
Quand Thomas Jolly avait imaginé son spectacle, il avait pu constater qu’il ne pleuvait quasi jamais un 26 juillet à Paris.
Kantorow sous la pluie
Alexandre Kantorow, quant à lui, a bravé la pluie pour être présent sur le parcours de la cérémonie. Le son qu’on entendait été enregistré aussi, mais lui était là, avec un piano trouvé dans la journée, piano médiocre qui pouvait être sacrifié sous l’eau.
« Le Parisien » rapporte qu’il est tombé, précisément, 16 mm d’eau (soit 16 litres par mètre carré) à la station Paris Montsouris, située dans le sud de la capitale – à noter que le compteur va de 8 heures du matin le 26 à la même heure le lendemain. Cela en fait le quatrième 26 juillet le plus pluvieux depuis près de 150 ans, cette station étant l’une des plus anciennes en France.
En outre, manque de chance, la majorité de la pluie sur la seule journée de vendredi est tombée… dans la soirée, après 20 heures, soit en plein pendant la cérémonie d’ouverture.
En regardant le spectacle j’étais émerveillé. Mais en approfondissant un peu et par la révélation de l’absence de Lady Gaga, il faut bien comprendre que cette cérémonie d’ouverture a été imaginée et créée pour la télévision et non pour les spectateurs massés au bord de la Seine. Eux, étaient les bénévoles nécessaires pour faire passer l’idée d’un spectacle en live retransmis à la télévision.
Le bateau portant les athlètes français au niveau de la place du châtelet.
Mais c’est la première fois qu’on trouve des bénévoles qui paient très chers leur bénévolat en prétendant qu’ils ont acheté une « place de spectacle. ». Les financiers osent tout, c’est à cela qu’on les reconnait…
Peu de journaux ont souligné ce point : des spectateurs lésés au profit de la télévision. Certains journaux anglais comme « Le Daily Mail ». ont insisté sur la pluie qui a gâché la fête :
« Quelle catastrophe, la cérémonie d’ouverture vire au chaos : la pluie couvre la musique, les athlètes et les invités du Royaume sont obligés de porter des protections et les spectateurs de se mettre à l’abri. ».
Des Anglais qui narguent les Français à cause de la pluie, c’est cocasse.
C’est un média brésilien « UOL » qui a regretté l’ambiance d’un stade et désigné l’objectif des organisateurs : un spectacle de télévision :
« Un spectacle déroutant fait pour la télévision […] Sans public rassemblé, cela manque de dynamisme. […] La pluie n’a pas aidé. […] La cérémonie qui se voulait démocratique a vraiment mal tourné et a frustré des milliers de personnes qui ont rêvé de ce moment et ont parcouru un Paris pluvieux pour tenter de voir quelque chose. Dommage. »
Mais d’autres polémiques ont surgi, montrant des tensions au sein de la société française.
« Le Monde » a publié un article dans lequel il oppose la gauche et l’extrême droite rejoint par une partie de la droite.
Le premier tableau déclenchant les hostilités fut la prestation d’Aya Nakamura. La chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde s’est produite, portant une robe à plumes dorées, aux côtés de la garde républicaine, en uniforme, devant l’Académie française.
« Le Monde » cite de nombreuses personnalités de gauche qui ont applaudit à ce mélange audacieux. En revanche, Marine Le Pen avait estimé avant la cérémonie que la présence d’Aya Nakamura était une tentative d’Emmanuel Macron pour « humilier le peuple français ».
Le soir su spectacle, elle a laissé le porte-parole du Rassemblement national, Julien Odoul, porter l’attaque :
« Quelle honte ! Aya Nakamura y a pas moyen ! L’ouverture des Jeux olympiques est un saccage pour la culture française. »
Pour ma modeste part, je n’ai a priori aucun goût à la musique d’Aya Nakamura. Je concède cependant que ce partenariat baroque entre une institution militaire française et une chanteuse portant un visage moderne et coloré de la France m’a beaucoup séduit. Tant que l’esprit républicain est respecté, ce qui fut le cas devant l’Académie française, la diversité enrichit et renforce la France, surtout quand celles et ceux qui sont différents savent s’associer pour réaliser des choses ensembles.
Il y eut ensuite la polémique sur le tableau « Festivité » dans lequel des drag-queens se retrouvent autour une table, scène dans laquelle certains esprits orientés ont reconnu la Cène, avec peu après l’apparition du chanteur Philippe Katerine (presque) nu.
Patrick Boucheron qui fut un des inspirateurs de la cérémonie explique :
« Rien, dans le scénario initial, n’évoque explicitement [la Cène]. Nos références étaient plutôt de jouer des connotations dionysiennes — et du fil qui se tisse entre la Grèce olympique et Paris car Dionysos, ou plutôt Denis, est le père de Sequana [la Seine]. Ainsi, cette grande table est un festin des Dieux, qui devient le podium d’un défilé de mode déjanté. ».
Les politiques d’extrême droite qui se sont exprimés ont, à travers l’appel au récit chrétien, laissé s’exprimer, avant tout, leur homophobie. Marion Maréchal a désigné les jeux sous le nom de « J-Woke 2024 » et a ajouté « A tous les chrétiens du monde qui regardent la cérémonie d’ouverture et se sont sentis insultés par cette parodie drag-queen de la Cène, sachez que ce n’est pas la France qui parle mais une minorité de gauche prête à toutes les provocations. ».
Ce rejet a dépassé les frontières de la France. Dans certains pays comme le Maroc, des images de ce type n’ont pas été diffusées et ont été remplacées par des plans fixes sur les monuments.
Mais il faut lire Alexandre Douguine qui est allé plus loin dans les délires pseudo-mystiques d’un christianisme figé et ayant refusé d’évoluer avec la modernité. Douguine est un intellectuel, idéologue d’extrême droite russe connu pour ses positions ultra-nationaliste. Il semble être un intellectuel influent dans les cercles nationalistes, et il est parfois considéré comme un des inspirateurs de la politique étrangère de Vladimir Poutine. Il a commenté ainsi la cérémonie :
« L’ouverture des Jeux olympiques de 2024 à Paris est le jugement final de la civilisation occidentale moderne. L’Occident est maudit, c’est une évidence. Quiconque ne prend pas immédiatement les armes pour détruire cette civilisation satanique, sans précédent dans son effronterie, en est complice. Mais un autre aspect est également important. Sur ce pôle, il y a l’Occident et son satanisme affiché. Et sur notre pôle, qu’avons-nous ? Quelque chose d’un peu plus décent […] Mais nous y dérivons encore par inertie et ne remettons certainement pas en question l’étape précédente de notre histoire – sommes-nous même dans le bon train si la dernière station du parcours est les Jeux olympiques français de 2024 ? L’Occident est le diable. […] L’Occident (et donc le diable) a commencé à pénétrer systématiquement en Russie au XVIIe siècle…»
Vous pourrez lire l’intégralité de son commentaire délirant dans cet article du « Grand Continent » : « 86 % des Français considère que la cérémonie d’ouverture a été « un succès » ». J’ai l’intuition qu’un grand nombre d’évangélistes qui suivent Trump exprimeraient des condamnations proches de Douguine.
La conciergerie
Le dernier tableau qui fut l’objet des critiques les plus sévères fut celle de la reine Marie-Antoinette, tête décapitée qui chantait « ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates on les pendra. »
C’est en passant devant la conciergerie, où fut enfermée la reine pour ses derniers jours, que ce tableau qui associe le groupe de metal Gojira et la chanteuse d’art lyrique Marina Viotti est réalisé.
Certains s’insurgent en trouvant que cette image est porteuse de division des français. Elle porte aussi le côté rebelle et souvent révolté de la nation française. C’est du théâtre et c’est un instant de l’Histoire française et qui est intimement lié avec ce monument de Paris.
Et puis il y eut 4 tableaux de rêve, de poésie et de force.
D’abord la jeune et lumineuse chanteuse Axelle Saint-Cirel qui a interprété la Marseillaise.
Elle ne s’est pas retirée comme Lady Gaga, mais a choisi dans des conditions de sécurité compliquées, sous une pluie battante, de monter comme il était prévu sur le toit du Grand Palais et de chanter Une Marseillaise réorchestrée par Victor le Masne et magnifiquement interprétée avec un chœur de femmes.
Patrick Boucheron écrira dans l’article précité :
« Pour moi, c’est une des images les plus fortes — celle du courage, de la jeunesse, du talent. »
Le deuxième tableau qui m’a ébloui fut celui, près du pont Alexandre III, quand sont apparues, émergeant une à une de leur socle au son de la Marseillaise, dix grandes statues dorées représentant des femmes ayant marqué l’histoire de France dans les domaines des sciences, des arts, des lettres, de la politique ou du sport.
Simone Veil et les autres femmes remarquables
Il s’agissait de Simone de Beauvoir (1908–1986) ; la magistrate et femme politique française Simone Veil (1927–2017), rescapée de la Shoah et qui obtint la légalisation de l’avortement en France en 1975 après une âpre lutte ; l’écrivaine et militante anarchiste Louise Michel (1830–1905), figure majeure de la Commune de Paris ; l’avocate et femme politique Gisèle Halimi (1927–2020) ; et la dramaturge et activiste Olympe de Gouges (1748–1793), qui plaida en faveur du droit des femmes et des esclaves durant la Révolution française. D’autres, moins connues du grand public, ont été mises en lumière à cette occasion : la philosophe et poétesse Christine de Pizan (1364–1431) qui fut l’une des premières femmes de lettres en Europe ; l’exploratrice et botaniste Jeanne Barret (1740–1807), première femme à avoir fait le tour du monde, déguisée en homme ; l’athlète Alice Milliat (1884–1957), qui œuvra pour l’inclusion des femmes dans le sport en organisant les premiers Jeux mondiaux féminins en 1922 ; la journaliste et écrivaine Paulette Nardal (1896–1985), figure du mouvement de la négritude et l’une des premières femmes noires à avoir étudié à la Sorbonne ; et la réalisatrice, scénariste et productrice Alice Guy (1873–1968), pionnière du cinéma narratif.
Le troisième tableau fut le plus poétique, le plus créatif, comme un conte : un cheval métallique monté par une cavalière qui apporte le drapeau olympique. Je laisse encore la parole à Patrick Boucheron :
Zeus et sa cavalière sur la Seine
« Ces douze minutes de traversée de Paris à cheval devaient passer comme un rêve : celui de notre propre rapport à l’imaginaire. La cavalière est ce vous voulez qu’elle soit : elle peut être la déesse gauloise Sequana qui donne naissance à la Seine, elle peut ressembler à Jeanne d’Arc si vous le souhaitez, mais si vous pensez au cheval de Beyoncé cela va très bien aussi. Impossible là encore de discipliner ses connotations : l’essentiel est qu’elle file sur l’eau noire, vite et droit, comme un trait de lame. […] C’est dans cette superposition de strates imaginaires, sans la dénotation ou la précision de la référence sur le plan historique, que se produit une image pour le monde entier. Entre la pop culture, l’histoire de Paris et son « fluctuat nec mergitur », ce symbole parle à un Japonais, à une Américaine, à un Nigérien ou à une Norvégienne. »
Le quatrième tableau fut celui de l’élévation, de la légèreté, celui de la flamme olympique qui s’élance dans le ciel de Paris.
La Flamme olympique dans le ciel de Paris
Cette cérémonie fut pour moi un acte de création, avec beaucoup d’Histoire, un peu de magie et le plus souvent une immense poésie.
Une France qui regarde vers son passé et qui accepte de se tourner vers la modernité et toute la richesse de ses enfants qui peuvent venir d’ailleurs mais qui ont choisi ce pays, cette nation.
Jean-Luc Melenchon affirme que le Nouveau Front populaire a gagné et, qu’à l’intérieur du NFP, son parti a gagné .
Il en conclut que c’est au sein du parti le plus à gauche de l’échiquier politique qu’il faut désigner le premier ministre. Et avec tout cela, il veut appliquer son programme, tout son programme.
La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet s’insurge
« Emmanuel Macron veut nous voler la victoire ! ».
D’autres pensent que c’est le Rassemblement National qui a gagné.
D’abord au premier tour comme au second, c’est ce bloc d’extrême droite qui a a obtenu le plus de voix.
Ensuite à l’intérieur de l’hémicycle, si on s’intéresse aux groupes politiques, c’est à dire aux députés qui ont suffisamment de convergence pour accepter de siéger dans un ensemble homogène et identifié au Parlement, le RN est nettement le premier groupe.
En outre, sa progression entre la législature précédente et celle d’aujourd’hui est la plus importante de toutes les formations.
Il existe aussi des hommes politiques comme Bruno Retailleau qui prétendent que c’est « la Droite » qui a gagné et qu’il est impossible de nommer un premier ministre de gauche :
« Notre pays est majoritairement à droite ! »
Personne ne s’aventure à dire qu’Ensemble, les formations politiques qui, avant la dissolution, formaient la majorité présidentielle, a gagné. Il y a des limites à l’outrance. Toutefois, le président de la république pour quelques mois encore, au maximum 34, a écrit une lettre le 10 juillet, dans laquelle on trouve cette phrase :
« Personne ne l’a emporté. »
Et, avec tous ces braves gens comment est-il possible de gouverner la France ?
Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean-Luc Melenchon et quelques autres sont fondamentalement des autocrates, des bonapartistes, non des démocrates.
Il considère qu’il faut un processus de désignation d’un vainqueur, selon des méthodes quelconques.
Le fait que des électeurs votent pour leur parti pour éviter une catastrophe plus grande, sans partager leurs options politiques fait partie de ces méthodes. Une fois « ce truc de prestidigitateur » ayant donné un résultat, celui qui est premier pense pouvoir gouverner à sa guise, sans tenir compte des autres. Les institutions de la cinquième république donne d’ailleurs quelques outils pour ce faire.
Dans sa lettre du 10 juillet, Emmanuel Macron, exprime des réticences par rapport à cette méthode. Le problème c’est qu’il l’a appliquée depuis 2022, alors que lui aussi n’avait pas gagné les législatives, sa majorité présidentielle était seulement le groupe le plus important de l’Assemblée.
Que ferait des démocrates ?
Les différents groupes se réuniraient pour discuter d’un programme. Non pas pour choisir dans une liste de distribution de gratification, mais pour répondre à des questions :
Comment envisagez vous la dette de la France ?
Que pensez vous qu’on puisse faire pour le pouvoir d’achat des français ?
Quel est votre plan pour affronter le défi climatique et écologique ?
Quel est votre plan énergétique, sur les énergies renouvelables, sur le nucléaire ?
Que pensez vous faire pour la réindustrialisation de la France et l’attractivité du territoire ?
Quelle est votre politique européenne ?
Quelle est votre position sur la guerre en Ukraine ? et à Gaza ? Quelle est votre position sur le budget de la défense ? Quelle est votre vision par rapport à l’OTAN ?
Que proposez vous pour diminuer les tensions à l’intérieur de la société française ? Comment peut on rendre l’immigration compatible avec les craintes des français ? Quelle est votre modèle républicain et votre conception de la laïcité ?
Quelle est votre position sur la demande de sécurité des français ?
Considérez vous qu’il existe un sujet d’insécurité culturelle des français ou cette question est-elle en dehors de votre analyse ?
On pourrait continuer et notamment parler du scrutin proportionnel qui constitue, dans l’état actuel des choses, une arme efficace contre les autocrates.
Qui a gagné ? Qui a perdu ?
Peut être faut il poser la question autrement comment gagne t’on vraiment ?
Et comment perd t’on dignement. ?
Pour donner une piste, je voudrai évoquer un épisode sportif.
Le 2 décembre 2012,une épreuve de cross-country se déroulait à Burlada, en Espagne.
Le premier de la course, le Kenyan Abel Mutai (médaillé de bronze du 3 000m steeple cet été aux JO de Londres), s’apprête à remporter la course. Pensant avoir franchi la ligne, il coupe sa foulée et regarde son chronomètre… Seulement, il s’est trompé, et la ligne d’arrivée réelle est à quelques dizaines de mètres.
Derrière lui, l’Espagnol Ivan Fernandez Anaya arrive en pleine lancée. Il s’aperçoit immédiatement de la méprise de Mutai, et lui fait signe que la ligne est plus loin. Il essaye de dire au Kenyan de continuer à courir.
Mutai ne connaissait pas l’espagnol et ne comprenait pas. Alors Fernandez a poussé Mutai à la victoire. A ceux qui lui ont demandé pourquoi il a fait cela, Ivan Fernandez Anaya a déclaré qu’il ne méritait pas de gagner, car il n’aurait jamais pu rattraper Abel Mutai sans son erreur.
Ivan Fernandez Anaya, 24 ans, a été champion d’Espagne espoirs du 5 000 mètres en 2010.
On trouve sur les réseaux sociaux cette belle histoire avec des photos erronées ou des réflexions pleines de sagesse qui aurait été prononcées par l’espagnol et qui ne sont pas exactes.
L’histoire montre simplement un homme qui a une éthique et qui se pose la question : Comment gagne- t-on ? Je crois que c’est une bonne question.
Certains propos de hier soir ont profondément irrité mon âme démocrate.
Si je me suis réjouis que les citoyens français ont une nouvelle fois, et j’espère que ce ne sera pas la dernière, repoussé la menace de l’arrivée au pouvoir de gens xénophobes, illibéraux et incompétents, il n’est pas décent que des hommes politiques qui combattent cette menace plongent dans la démagogie et le déni.
Quand Jean-Luc Melenchon affirme que son camp a gagné et que le seul choix est d’appliquer son programme, tout son programme et rien que son programme il tient des propos hors sol et dangereux pour la démocratie, parce qu’il ne tient pas compte des autres électeurs.
Revenons simplement à ce qui s’est passé lors de ces deux tours d’élections législatives qui ont permis d’élire une Assemblée nationale dont la durée de vie se situe entre 1 et 5 ans. Et n’oublions pas qu’il ne s’agit pas d’un jeu mais de gouverner notre vieux pays qui est menacé par la guerre, par les dettes, par le défi climatique, par la détresse sociale, par l’insécurité physique et culturelle.
Tous les résultats se trouvent sur le site du Ministère de l’Intérieur à l’adresse suivante : <Résultats législatives 2024>
Voici d’abord le tableau des résultats du premier tour qui s’est déroulé le dimanche 30 juin 2024. J’ai ajouté une colonne regroupement, pour tenter d’inscrire tous ces mouvements politiques dans notre grammaire républicaine qui classe les tendances politiques entre l’extrême gauche et l’extrême droite. Il est nécessaire, pour une petite part, de distinguer une tendance <autre> notamment pour les divers et régionalistes.
Dès lors lorsque qu’on présente les résultats en voix selon cette typologie on obtient ce tableau. Mais visuellement, c’est par l’intermédiaire d’un graphique qu’on peut le mieux discerner l’état des forces en présence.
Dès lors, il est clair que les mouvements qui se réclament de la gauche sont nettement minoritaires dans l’électorat. Pour espérer obtenir une majorité il faudrait que ces mouvements puissent s’adjoindre, convaincre, s’allier avec la quasi l’intégralité du mouvement de centre droit, plutôt à droite de ce qui reste de la majorité présidentielle macroniste.
Il me semble que toutes les personnes raisonnables qui ont réfléchi à situation politique dans notre pays ont conclu qu’il faudrait abandonner le scrutin uninominal à deux tours qui n’est plus pratiqué qu’en France pour passer au scrutin proportionnel.
Le scrutin proportionnel a également des défauts, notamment celui d’interdire au corps électoral d’écarter un candidat dont il ne veut pas. En effet, la confection des listes étant entre les mains des dirigeants des partis politiques, les députés sont ceux qui sont choisis par ces dirigeants .
En revanche, et cela me semble la qualité essentielle de ce mode de scrutin, il ne permettra jamais à un force politique qui dispose de l’appui d’un tiers de l’électorat, d’obtenir la majorité absolue des sièges de l’Assemblée nationale et de poursuivre une politique contraire à la volonté des deux tiers des citoyens.
En outre, ce mode de scrutin rend inutile des alliances contre nature entre des partis politiques qui sont en désaccord sur des points fondamentaux. Enfin, il rend indispensable une autre manière de conduire la politique puisqu’il induit la nécessité de coalitions après les élections. Dès lors si on avait appliqué un scrutin proportionnel aux résultats du premier tour, en prenant comme règle que seuls les mouvements disposant au minimum de 5% des voix peuvent obtenir des députés, on arrive à cette assemblée :
Arrivé à ce stade, il apparait normal de vouloir comparer l’image de cette assemblée avec celle qui est issue du second tour.
Le scrutin uninominal autorise des candidatures locales qui ne se rattachent pas formellement à un des grands partis.
En outre, des dissidents de l’un ou l’autre parti peuvent aussi obtenir le succès qui leur serait refusé dans un scrutin proportionnel.
Pour pouvoir comparer les deux assemblées, il faut évidemment faire des rapprochements que j’ai effectué ci-contre selon les classements du ministère l’intérieur qui a rangé ces députés selon une répartition gauche, droite, centre. Il reste des régionalistes divers qui sont plus difficilement classables. On constate donc que le Rassemblement national a été très défavorisé par le scrutin actuel. Il me semble très pernicieux que celles et ceux qui se réjouissent de cet effet, en raison de leur opposition radicale à ce parti, considèrent qu’il ne faut pas changer le mode de scrutin qui permet cela. Pour ma part, je n’ai pas de doute, il arrivera un jour où le RN profitera à son tour des effets pervers du scrutin uninominal à deux tours pour obtenir un nombre de sièges disproportionné par rapport à son ancrage électoral.
Hier nous avons donc vécu le second tour, car il restait 501 députés à élire. Pour certains ce fut une divine surprise. De manière factuelle voilà la répartition en voix, en siège et en pourcentage. J’ai repris les mêmes regroupements que pour le premier tour.
Nous constatons les effets déformants qu’induit ce mode de scrutin dans la distribution des sièges. Le Rassemblement national arrive encore largement en tête du scrutin avec plus de 10 millions d’électeurs, il fait mieux qu’au premier tour avec 37% des exprimés contre 33% au premier tour.
Avant de lire ces chiffres, étiez vous conscients de cette réalité ?
501 sièges étaient à distribuer. Si on ne s’intéresse qu’au trois grands blocs de cette élection, on constate que si 37% des électeurs lui ont donné leur bulletin, ils n’ont récupéré que 20,8 % des sièges. En parallèle la majorité présidentielle avec 23,15% des voix a récupéré près de 30% des sièges. Le nouveau front populaire a obtenu 25,7% des voix, si on a écouté le démagogue Melenchon, hier juste après 20:00, on avait le sentiment qu’il croyait avoir obtenu 50% des suffrages. Et si on refait un graphique des forces en présence comme pour le premier tour on obtient le schéma suivant :
Hier, La gauche n’était pas minoritaire, elle est très minoritaire. Hier soir, après que mon ancien camarade du PS, Philippe Prieto se réjouissait de la victoire de la candidate socialiste dans la circonscription où je vote, je lui écrivais ce message :
« Il y a un peu de répit. Mais attention ce sera très compliqué. Certaines prises de position, ce soir, par des membres de NFP sont totalement hors sol. La Gauche est minoritaire en voix en France. Au premier tour elle représente à peu près 32% des exprimés. Au second tour elle pèse encore moins. Ce n’est pas avec cela qu’on applique « son programme », « tout son programme. ».
C’est le temps de l’humilité, des discussions et des compromis intelligents.
Est ce qu’il y a des hommes de gauche lucides et convaincants qui peuvent prendre ce rôle ».
Oui, il faut de l’humilité et le sens du compromis. Sinon ce que nous redoutions reviendra en boomerang, plus fort encore.
L’extrême droite c’est le mal !
J’en suis convaincu.
L’extrême gauche c’est le bien ?
J’ai des doutes.
Doute qui s’efface quand j’essaie d’écouter ce clip de rap, publié dans la nuit du 1er juillet, « No Pasaran ». Ce sont 20 strophes ou couplets qui sont alternativement psalmodiés par plusieurs rappeurs.
On commence la première strophe par Sofiane, c’est à dire Sofiane Zermani, né le 21 juillet 1986 à Saint-Denis dans le 93 :
« La menace vient droit des cités (Ouais, ouais, pah), ma gueule, on vote contre les porcs
Jordan, t’es mort, Jordan, t’es mort ».
La seconde est confiée au rappeur Zola, de son vrai nom Aurélien N’Zuzi Zola né le 16 novembre 1999 à Évry en Essonne :
« Yeah, j’propose un octogone à Bardella
Ferme les frontières mais la dope remontera d’Marbella quand même (Quand même)
Donc, ouais, c’est pour ça qu’je les ken, donc ouais, c’est pour ça qu’j’ai la paye (Ouais, ouais) »
La troisième, Kerchak, anciennement Zolal, originaire de Bois-Colombes, est né le 19 février 2004. Il exprime les sentiments suivants :
« J’suis pas les politiciens genre j’fais pas trop le Mandela (Nan, nan)
Mais tout c’que j’sais, c’est qu’on vote pas Marine et baise la mère à Bardella (Rrrah) »
Je joins le texte intégral <No Pasaran> et je dévoile encore quelques passages fleuris :
Le rappeur Alkpote, nom de scène d’Atef Kahlaoui, né le 3 février 1981 dans le 10e arrondissement de Paris :
« J’recharge le Kalachnikov, en Louis Vuitton comme Ramzan Kadyrov (Clique, clique)
Nique l’imam Chalgoumi et ceux qui suivent le Sheitan à tout prix (Trogneux)
Marine et Marion, les putes, un coup de bâton sur ces chiennes en rut (Vlan)»
Sauf pour la dernière phrase qui devrait faire hurler toutes les féministes de droite et de gauche !!!! Il faut peut être quelques notes explicatives. Ramzan Kadyrov est le président de la Tchétchénie, alliée de Poutine il a pris le pouvoir après que les troupes russes aient massacré la population tchétchène qui voulait s’émanciper du colonialisme russe.
Ramzan Kadyrov applique dans sa république un islamisme rigoriste, il avait minimisé l’acte terroriste de son compatriote qui avait décapité Samuel Paty.
L’imam Chalgoumi est celui de Drancy qui est menacé de mort depuis des années pour ses prises de position républicaines. « Sheitan » est un mot arabe qui signifie : Satan ou démon.
J’ignore ce que vient faire le nom de Trogneux dans ce morceau de haine, nous savons que c’est le nom de naissance de l’épouse du président de la République.
Ce même rappeur continue sa logorrhée par ces propos complotistes :
« Nique tous ces députés, on sait qu’ils manipulent les statistiques (Menteurs) […]
Font du mal à nos enfants, ils veulent nous injecter une puce dans l’sang (Antéchris) »
Les francs-maçons sont aussi leurs ennemis : Strophe 8 : « Fuck ******** ******, c’est tous des francs-maçons » Strophe 13 « Espèce de franc-maçon, tu te nourris du sang qu’tu consommes Dans leurs ambassades, c’est le Sheitan qui les passionne Ouais, la France, c’est nous (C’est nous), fuck Eric Zemmour».
Quand ces personnes qui sont françaises et ont leur place en France crient, après toutes leurs invectives, « Ouais, la France, c’est nous » ils en sont au même stade d’exclusion que ceux du RN qui disent « La France, c’est nous ». Il y a alors deux France face à face, ce n’est pas ainsi qu’on fait société, et ces jeunes gens sont aussi coupables que ceux qu’ils veulent combattre.
Je trouve tout cela affligeant. Ce n’est pas ma Gauche.
Le Parisien évoque sobrement « des paroles particulièrement virulentes contre le Rassemblement national ou ses dirigeants ». Sur le site de France Info, on lit que « les rappeurs utilisent des paroles incisives pour dénoncer la montée de l’extrême droite », Le Monde est un peu plus incisif : « les mots souvent excessifs voire insultants, les propos misogynes et complotistes, au risque de brouiller leur message. »
Dans mon éthique, il n’est pas possible de tenter de dénicher toutes les dérives extrémistes et racistes que les élus et militants du RN ont semé sur la toile et ne pas dénoncer avec autant de force ce monument de bêtise et de violence de ceux qui prétendent combattre l’extrême droite.
Je me sens beaucoup plus proche de cette injonction de François Ruffin, au moment de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron : « Il faut de la tendresse pour notre pays. » car il jugeait la réforme « brutale ».
« En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal. »
Nicholas Machiavel
Je n’ai pas retrouvé cette citation d’un ministre allemand qui avait dit :
« Les gens croient que mon job est de choisir entre une bonne décision et une mauvaise décision. Presque toujours je dois choisir entre une mauvaise décision et une décision pire. »
Mais je me suis souvenu de cette phrase que j’ai souvent vu attribuer à Machiavel, sans citer la source exacte.
Il me semble que c’est très juste. Je peux donner un exemple récent. L’Union européenne a augmenté les droits de douane sur les véhicules électriques chinois. <Le Monde> donne des précisions à ce sujet.
Le problème vient du fait que l’Union européenne est submergée par ces voitures chinoises et qu’il est quasi certain que les industries qui les produisent, soient largement subventionnées par l’Etat chinois. Donc bonne décision !
« la viande de porc provenant de l’Union européenne est désormais dans la ligne de mire de Pékin. Une enquête antidumping sur les importations de produits porcins est au cœur d’un bras de fer commercial entre l’Europe et la Chine.
La France pourrait-elle perdre des parts de marché ?
Un éleveur de truie en Ille-et-Vilaine réalise 10 à 15% de ses ventes grâce à des exportations en Chine. Les Chinois sont en effet friands de parties du cochon qui sont peu consommées ailleurs dans le monde, comme les oreilles ou les pieds.
Une douche froide pour la filière française porcine […]
Au total, l’an passé, la France a exporté 115 700 tonnes de viande de porc vers la Chine, soit plus de 16% de ses exportations.»
Il faudra donc arbitrer entre deux mauvaises décisions.
On pourrait dire de même pour la guerre en Ukraine, il n’y a pas de bonne décision mais une décision « entre le pire et le moindre mal.»
Il en va de même pour nous, en tant qu’électeur, ce dimanche : nous devrons choisir entre le pire et le moindre mal. La seule chose que nous devrions nous interdire, c’est de ne pas choisir.
Pour finir ces pensées de Christian Bobin :
« Il semblerait que la nuit doive s’épaissir encore un peu plus pour qu’on puisse apercevoir quelques étoiles.
Après, on verra les étoiles, par contraste.
Il faut que le noir s’accentue encore pour que les premières étoiles – les premières, ça veut dire qu’il y en aura d’autres – apparaissent.
Il est possible qu’une catastrophe économique soit une grâce, une chance.
Ça nous dessoulera, ça nous sortira d’une ivresse, de l’irréel, de l’avidité, de la consommation. Mais on n’y est pas encore » Le Plâtrier siffleur, page 13
« Moi ou le chaos » et en fait « moi et le chaos »
Daniel Muraz dans le journal « Courrier Picard » du 18 juin
Et maintenant, il parle du risque de guerre civile !
En effet, dans un entretien au podcast «Génération Do It Yourself» diffusé lundi 24 juin, le président de la République a attaqué ses rivaux des «deux extrêmes», et pour ajouter à l’angoisse générale, prophétise la possibilité de la guerre civile !
Nous sommes passés de la promesse de « Moi ou le chaos » au constat du « Moi et le chaos ».
Un Président de la République ne devrait pas dire cela !
Il ne devrait pas attiser les braises mais au contraire apaiser, essayer de rassembler. Daniel Muraz écrit dans le journal « Courrier Picard » du 18 juin :
« En dramatisant les enjeux et en renvoyant caricaturalement dos-à-dos le front populaire de gauche et l’extrême droite. Face à ces « extrêmes » également diabolisées et traités de « fous », le chef de l’extrême centre en a appelé à créer ce « bloc central » qu’il n’a jamais réussi à construire depuis deux ans.
Quant au projet politique, rien de neuf. Bref, c’est juste « moi ou le chaos ». Et en fait « moi et le chaos ».
Chaos sinon créé, du moins accentué par sa dissolution. Chaos évident à droite chez les Républicains. Chaos à gauche ou les rancœurs réapparaissent. Une clarification politique répondrait certes l’Élysée. Mais chaos aussi au sein d’une ex-majorité présidentielle déboussolée, qui a subi deux ans éprouvants à l’Assemblée et qui se voit contrainte de repartir au front dans la pire des situations, avec un RN au plus haut et une gauche qui, déjouant les espérances élyséennes des « gauches irréconciliables », est quand même parvenue à afficher son unité.
Image chaotique encore renvoyée à l’étranger, notamment aux partenaires européens, affaiblissant le poids de la France dans les négociations qui s’ouvrent à Bruxelles pour renouveler les instances européennes. Chaos et K.O. politique surtout pour un président qui s’engageait en 2017 à tout faire pour que les Français n’aient plus aucune raison de voter pour le RN… »
Parmi toutes les nombreuses causes à la présence de l’Extrême droite aux portes du pouvoir, ce président ne se rend il pas compte de ce que sa manière d’agir, de gouverner en solitaire et de parler a pu irriter au plus haut point les français ?
Il n’aurait pas pu gagner les élections présidentielles de 2017 ou de 2022 sans l’apport de millions d’électeurs qui n’étaient pas d’accord avec les solutions qu’il proposait, mais voulaient juste éviter le chaos.
En 2022, les électeurs sont allés plus loin, il n’ont donné qu’une majorité relative à son camp. En réponse, il n’a jamais cherché à faire une coalition, il voulait des ralliements pour pouvoir continuer à agir comme lors de son premier mandat, avec une assemblée de députés soumis qui votaient tout ce que ses conseillers et lui proposaient.
Et le sommet de cette dérive fut la gestion de la Loi sur les retraites. Il n’a même pas voulu parler et négocier avec Laurent Berger, l’homme du compromis et de la modération.
Au moment de son départ de la CFDT Laurent Berger a expliqué au JDD, en parlant d’Emmanuel Macron :
« Je ne veux pas tomber dans l’ultra personnalisation des choses, mais on n’a pas la même conception de la démocratie sociale, ni sans doute de la démocratie […] On n’a pas la même conception du modèle social qui doit être le nôtre pour accompagner les Français, les parcours ».
Emmanuel Macron ne nous a pas préservé du chaos, il a été un accélérateur de chaos.