Mercredi 24 décembre 2014

Mercredi 24 décembre 2014
«Mais tout ce qui est beau est aussi difficile que rare.  »
Spinoza, Ultime phrase de L’Ethique de Baruch Spinoza (écrit entre 1661 et 1675)

L’Ethique est selon beaucoup de gens sérieux que j’ai entendu, une des œuvres de l’esprit la plus remarquable de l’humanité. Spinoza (1632-1677) l’a achevée peu de temps avant sa mort.

Dans ce monde où on zappe si facilement, où on nous assèche le désir par de multiples objets dont nous ne savions pas avoir besoin, et peut être particulièrement à Noël, Spinoza nous rappelle que nous ne pouvons aller à la quête du beau et du profond qu’avec effort et en sachant que ces instants sont rares.

Elle me parait aussi singulièrement appropriée après le mot du jour d’hier consacré à Zhu Xiao Mei.

Spinoza parlait surtout de la recherche spirituelle qui fût la quête de sa vie.

Voici la fin de l’Ethique :

« J’ai épuisé tout ce que je m’étais proposé d’expliquer touchant la puissance de l’âme sur ses passions et la liberté de l’homme.

Les principes que j’ai établis font voir clairement l’excellence du sage et sa supériorité sur l’ignorant que l’aveugle passion conduit. Celui-ci, outre qu’il est agité en mille sens divers par les causes extérieures, et ne possède jamais la véritable paix de l’âme, vit dans l’oubli de soi-même, et de Dieu, et de toutes choses ; et pour lui, cesser de pâtir, c’est cesser d’être. Au contraire, l’âme du sage peut à peine être troublée.

Possédant par une sorte de nécessité éternelle la conscience de soi-même et de Dieu et des choses, jamais il ne cesse d’être ; et la véritable paix de l’âme, il la possède pour toujours. La voie que j’ai montrée pour atteindre jusque-là paraîtra pénible sans doute, mais il suffit qu’il ne soit pas impossible de la trouver.

Et certes, j’avoue qu’un but si rarement atteint doit être bien difficile à poursuivre ; car autrement, comment se  pourrait-il faire, si le salut était si près de nous, s’il pouvait être atteint sans un grand labeur, qu’il fût ainsi négligé de tout le  monde ?

Mais tout ce qui est beau est aussi difficile que rare. »

Vous trouverez l’intégralité du texte de Spinoza ici : http://www.lituraterre.org/Spinoza-Ethique.pdf

Nous sommes à la trêve de Noël, après je vais prendre quelques congés et je reviendrai à mon travail le 12 janvier, date de mon prochain mot du jour.

Le silence est aussi, parfois, rempli de sens.

Passer de bonnes fêtes et si vous deviez vous ennuyer des mots du jour, lisez l’Ethique, cette œuvre est remplie de mots du jour.

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Mardi 23 décembre 2014

Mardi 23 décembre 2014
« Zhu Xiao Mei »
Pianiste chinoise qui magnifie Bach
A l’approche de Noël je voudrais partager un moment de grâce.
J’essaye de m’ouvrir à beaucoup de domaines que je partage, mais il n’y a qu’un domaine où je crois qu’on peut me reconnaître une connaissance approfondie, c’est celle de la musique classique occidentale.
Les amis ou les connaissances qui le savent m’interrogent souvent : mais qu’est ce qu’il faut écouter ?
Dans la musique occidentale le plus grand est Jean Sébastien Bach, c’est mon avis c’est aussi l’avis de beaucoup d’autres. J’ai même entendu un jour  Serge Gainsbourg le dire.
Même mal joué, souvent Bach reste beau.
Mais quand Zhu Xiao Mei, se met au piano et joue Bach, la beauté et l’émotion jaillissent immédiatement.
Zhu Xiao Mei est une chinoise qui a 10 ans est entrée au Conservatoire de Pékin où elle commence de brillantes études. Mais ses études sont brutalement interrompues par la Révolution Culturelle maoïste.
Pendant cinq années, elle est envoyée dans un camp de rééducation aux frontières de la Mongolie-Intérieure.
Dans ce camp se trouve un mauvais piano désaccordé, grâce à des gardiens plus laxistes que d’autres elle peut continuer à jouer quelquefois. Elle joue du Bach. Elle recopie aussi pendant des heures sur du mauvais papier de la musique de Bach dont elle se souvient.
Elle dit dans son livre « La rivière et son secret » que Bach lui a permis de survivre dans ces moments d’injustice et de bêtise que des théories humaines menées jusqu’à l’absurde ont imposés à des millions d’humains.
Par suite, elle parvient à s’enfuir de Chine et se retrouve à Paris, on la découvre et elle devient professeur au Conservatoire National de Musique de Paris
J’ai eu la chance de l’entendre jouer les Variations Goldberg à Lyon, salle Molière le 13 janvier 2010. Un de mes plus grands souvenirs musicaux.
Qu’une chinoise, adepte du Tao, puisse jouer ainsi la musique d’un luthérien allemand de culture exclusivement chrétienne montre l’universalité de cette musique.
Zhu Xiao Mei revient à Lyon, au Palais de la Mutualité, le 27/02/2015 jouer, le sommet de la musique de Bach : l’art de la Fugue.
Dans le livret de son dernier disque justement consacré à l’Art de la Fugue elle donne deux clés pour comprendre le lien entre la Chine et Bach à travers ces deux œuvres :
Les variations Goldberg se terminent par l’aria qui les débute et elle l’éclaire par ce mot de Lao-Tseu : « Le retour est le mouvement du Tao« 
L’art de la fugue se termine par une fugue inachevée et elle fait songer Zhu Xiao Mei à une phrase du Livre des mutations, le Yi King le plus ancien des grands textes chinois « sheng sheng bu xi »ce qui signifie « La vie engendre la vie : il n’y a pas de fin« 
Mais les mots ne peuvent exprimer ce que sait faire la musique, Arte a capté, dans de remarquables conditions, un concert de Zhu Xiao Mei où elle joue les Variations Goldberg.
Elle les interprète dans le temple de Bach, je veux dire l’Église Saint Thomas de Leipzig où il a été cantor de 1723 jusqu’à sa mort en 1750. Il est enterré dans cette église
A la fin du concert Zhu Xiao Mei qui reçoit des fleurs va immédiatement les déposer sur sa tombe : http://concert.arte.tv/fr/zhu-xiao-mei-variations-goldberg-bach?language=fr
Vous pourrez l’écouter jusqu’au 14/03/2015.
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Lundi 22 décembre 2014

Lundi 22 décembre 2014
« La France est un paradis fiscal pour le Qatar »
François Bayrou
Plusieurs émissions ont attiré mon attention sur les relations troubles entre la France et le Qatar.
La plus récente est cette interpellation de François Bayrou lors d’une interview le 18/12/2014  où il disait qu’il n’y a pas que le Luxembourg qui conclut des conventions fiscales très avantageuses, la France aussi avec le Qatar :  http://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/audio/rmc-1812-l-invite-de-bourdin-direct-francois-bayrou-137389.html
Mais c’est une émission de RFI  <http://www.rfi.fr/emission/20141025-ratignier-pean-livre-enquete-france-qatar-fayard/> où était invité Vanessa Ratignier, auteur avec Pierre Péan d’un livre-enquête sur les relations de la France et du Qatar : « Une France sous influence, quand le Qatar fait de notre pays son terrain de jeu », un livre publié chez Fayard qui m’a appris le plus  de choses sur cette singularité.
Dès l’entrée de l’émission Vanessa Ratignier rapporte combien l’argent est omniprésent dans la diplomatie du Qatar, « pour ces gens tout et tout le monde peut s’acheter ».
On connait l’opiniâtreté et le sérieux des travaux de Pierre Péan qui a rédigé ce livre avec elle, je pense donc qu’il est très intéressant sinon de lire ce livre, au moins d’entendre l’émission dans laquelle elle décrit les passe-droits notamment fiscaux dont bénéficie ce pays en France.
Cette situation selon elle, s’est particulièrement accentuée sous le précédent septennat <Ici un article de Marianne qui donne aussi des informations sur ces relations>
Mediapart quant à lui dénonce un véritable déni de justice et de règles commerciales pour l’achat d’un palace près de Menton. « Installé sur un formidable pic rocheux qui domine toute la baie de Roquebrune-Cap-Martin, près de Menton (Alpes-Maritimes), l’un des grands palaces du sud de la France, l’hôtel Vista, va être racheté par la famille royale de l’émir du Qatar, alors que celle-ci n’a pas été soumise aux mêmes obligations et astreintes que les autres candidats au rachat. ». Au début c’est une affaire de faillite, il faut vendre ce palace.
L’administrateur judiciaire impose donc des règles très strictes auxquelles devront se conformer tous les candidats qui souhaitent déposer une offre de rachat. En lisant l’article joint vous verrez que ces règles ont été modifiées au cours de la période prévue pour les offres, les dates limites retardées et en fin de compte les règles restantes toujours non appliquées pour que la famille du Qatar puisse acquérir ce bien. Le tribunal de commerce de Nice reconnait toutes ces entorses aux règles mais valide pourtant l’achat !
Vanessa Ratignier a également participé à une interview sur Causeur <ICI> dans laquelle elle dit notamment : « Notre livre ne porte pas tant sur le Qatar que sur la France. À examiner notre pays au prisme de l’émirat, nous avons découvert une inquiétante réalité : celle d’une France sous influence. Étape par étape, nous révélons la façon dont la relation ancienne entre nos deux pays a mal tourné, qu’il s’agisse de la vente au Qatar d’un bien immobilier de l’État en pleine campagne présidentielle 2007, des velléités de l’émirat d’entrer au capital d’EADS et d’Areva, de l’affaire du fonds banlieues, du lancement de la chaîne BeIN Sports en France, ou de la bataille politique franco-française pour l’exploitation du gisement gazier de North Dome (3e réserve mondiale) et ses potentielles dérives financières.
[…] Le problème, c’est que la France s’est laissé conquérir sans combattre, ou si peu. La relation que nous entretenons avec Doha rappelle le pire de la Françafrique. Et même une Françafrique inversée, comme si nous étions devenus une chasse gardée de l’émirat.
Prenons l’exemple de la révision de la convention fiscale : signée au lendemain de la libération des infirmières bulgares, elle a fait de la France un véritable paradis fiscal pour le Qatar, pendant que la crise financière nous laissait craindre l’effondrement du capitalisme et que les États recapitalisaient leurs banques en urgence. Malgré tout, ce texte, qui privait la France de considérables recettes fiscales, a été voté par le Parlement avec une rapidité exceptionnelle ! Face à Doha, Paris n’élève étrangement jamais la voix. »
Samedi 20 décembre 2014, pour le compte de la Ligue 1, Paris Saint Germain recevait Montpellier.
Tout naturellement le président qatari du club : Nasser Ghanim Al-Khelaïfi assistait à la rencontre dans les tribunes.
Et j’ai entendu cette information sur RMC : « Dans les tribunes le président qatari du club : Nasser Ghanim Al-Khelaïfi était entouré à gauche par Nicolas Sarkozy et à droite par Manuel Valls. »

Vendredi 19 décembre 2014

Vendredi 19 décembre 2014
« Mieux vaut une société où les riches ont 1000 et les pauvres 100, qu’une société où les riches ont 200 et les pauvres 50 »
Cela devient lassant de dire que les inégalités explosent dans le monde, mais un rapport de l’OCDE qui vient de paraître va plus loin en démontrant que les inégalités ne sont pas bonnes pour l’économie, en effet ce rapport publié le 09/12/2014  prétend que si on diminuait les inégalités cela doperait la croissance.
En effet «  L’effet le plus important constaté sur la croissance est provoqué par le creusement de l’écart entre, d’un côté, la classe moyenne inférieure et les ménages pauvres et, de l’autre, le reste de la société. L’éducation est la clé : c’est principalement à cause de l’investissement insuffisant des ménages pauvres dans l’éducation que les inégalités pèsent sur la croissance. »
Et Xavier Timbaut, directeur du Département analyse et prévision à l’OFCE et invité à cette émission a rappelé ce propos du philosophe libéral John Rawls qui est connu pour avoir développé la théorie de la justice qui est une théorie libérale qui justifie l’inégalité.
En la simplifiant on pourrait la développer en deux étapes :
Les inégalités sont efficaces parce que ceux qui travaillent plus, prennent plus de risques, font le plus d’efforts doivent toucher plus de revenus pour entretenir leur motivation. Sinon ces personnes qui sont les moteurs de l’économie ne produiraient pas autant d’efforts et de richesses.
La seconde  correspond au mot du jour, elle se base sur ce postulat c’est que dans une société où les riches sont beaucoup plus riches, les pauvres en profitent et sont aussi plus riches que dans une société où il y aurait des riches moins riches.
C’est ce second postulat qui est mis à mal par l’étude l’OCDE : dans la société d’aujourd’hui les pauvres ne profitent plus du fait que les riches deviennent plus riches et c’est même le contraire.
Julia Cagé, professeur d’économie à Sciences po Paris qui était aussi invité rapporte que « des études aux Etats Unis ont montré que l’augmentation des revenus des 1% les plus riches étaient directement liée à la diminution du taux marginal de l’impôt sur le revenu qui était appliqué à ces revenus. Dès lors l’Etat se prive de revenus qu’elle ne peut investir dans l’enseignement et c’est ainsi qu’on constate que dans toute une partie de la classe moyenne le nombre d’enfants qui font des études supérieures est en diminution constante. »
Xavier Timbaut a alors été encore plus explicite en élargissant le propos à la France et aux grandes écoles, c’est par le coût des études comme par la qualité des premiers niveaux que les riches évincent de plus en plus la classe moyenne des Grandes Ecoles et se retranchent derrière une méritocratie de façade pour justifier la réussite de leurs enfants et capter tous les débouchés rémunérateurs. Ce phénomène est général dans quasi  tous les pays. Cette émission nous apprend aussi que la Suède, si souvent montrée en exemple, est le pays où les inégalités ont le plus progressé ! Oui même la Suède, il est vrai qu’il partait d’un niveau très égalitaire.
Sur la page d’accueil de ce site, vous pourrez notamment lire :
« Ces éléments indiscutables montrent à quel point il est crucial de s’attaquer à l’aggravation des inégalités si l’on veut favoriser une croissance forte et pérenne, et combien il importe de placer cette question au premier plan des débats sur l’action à mener », constate Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE. « Ce sont les pays qui œuvrent à l’égalité des chances dès le plus jeune âge qui parviendront à relever le défi de la croissance et de la prospérité ».
« Le creusement des inégalités a coûté plus de 10 points de croissance au Mexique et à la Nouvelle-Zélande ces vingt dernières années, et entre 6 et 9 points aux États-Unis, à l’Italie et au Royaume-Uni. Le même phénomène s’observe en Finlande, en Norvège et en Suède, même si les niveaux d’inégalité étaient moins élevés. À l’inverse, une situation plus égalitaire a contribué à faire progresser le PIB par habitant en Espagne, en France et en Irlande avant la crise. 
Selon de nouveaux éléments mis en évidence dans ce rapport, les inégalités agissent principalement sur la croissance en limitant les possibilités d’instruction des enfants issus de milieux socioéconomiques modestes, ainsi que la mobilité sociale et le développement des compétences. 
Les résultats scolaires des personnes dont les parents ont un faible niveau d’instruction se dégradent à mesure que les inégalités de revenu sont plus prononcées. À titre de comparaison, ce n’est pratiquement pas le cas, voire pas du tout, lorsque le niveau d’instruction parental est moyen ou élevé.
Les effets des inégalités sur la croissance découlent de l’écart non pas entre les 10 % les plus pauvres de la population mais bien entre les 40 % les plus défavorisés et le reste de la société. L’OCDE estime que les programmes de lutte contre la pauvreté ne pourront, à eux seuls, résorber cet écart. Les transferts en nature et le renforcement de l’accès aux services publics, notamment à des services d’éducation, de formation et de soins de qualité, constituent un investissement social essentiel pour améliorer l’égalité des chances à long terme. »
Si c’est les économistes et plus seulement les moralistes et les gauchistes qui le disent, peut être qu’on va enfin s’occuper à réduire les inégalités !

Jeudi 18 décembre 2014

« L’entreprise libérée »
Concept d’organisation de l’entreprise sans hiérarchie

Théorisé il y a plus de cinquante ans aux Etats-Unis, ce concept débarque en France dans les années 1980. La fonderie Favi, qui est le premier groupe à le tester, supprime les pointeuses et incite ses ouvriers à travailler sans hiérarchie.

« D’autres entreprises suivent, mais ce sont des cas isolés. Quelque chose change pourtant à la fin des années 2000 », estime Isaac Getz, coauteur de Liberté & Cie, Quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises (Fayard, 2012).

L’entreprise Chronoflex a fait la même démarche. France Inter, dans son émission « On n’arrête pas l’Eco » du samedi 13 Septembre a fait un reportage de 10 min sur « Le mouvement de libération des entreprises » en s’intéressant à cette entreprise. Les journalistes sont allés en reportage à l »entreprise ChronoFlex et son leader libérateur Alexandre Gérard y témoignent et quelques autres personnes y donnent leur avis.

Vous pouvez réécouter ce reportage ici (il se situe dans l’émission entre 23′ à 33′).

Pour Chronoflex c’est l’histoire d’un beau rebond. En 2009, le chiffre d’affaires de Chrono Flex s’effondre. Frappée par la crise, la PME spécialisée dans le dépannage de flexibles hydrauliques sur engins de chantier subit deux plans de licenciements. « Une expérience traumatisante que je ne souhaitais pas revivre, raconte Alexandre Gérard. C’est pourquoi je me suis intéressé à d’autres formes d’organisation. »

Le PDG du groupe révolutionne alors le management de Chrono Flex. Les salariés sont réorganisés en petites équipes géographiques, chacune cooptant son capitaine. Exit les contrôles et les symboles de pouvoir, place à la prise d’initiatives. Quatorze mois après ce changement de cap et dans une conjoncture toujours aussi morose, le chiffre d’affaires a augmenté de 15 %. Le taux d’absentéisme a chuté. « Et 2013 a été notre meilleure année depuis la création de l’entreprise », s’enthousiasme M. Gérard.

Aux Etats-Unis, l’e-marchand de chaussures Zappos a supprimé tous ses postes de managers pour mettre en place des équipes auto-organisées. En France, des entreprises comme Poult, Lippi et Chrono Flex optent aussi pour la déhiérarchisation.

La crise semble, en tout cas, avoir joué en faveur d’une responsabilisation des collaborateurs et d’une déstructuration de la bureaucratie hiérarchique. Le succès des sociétés qui ont osé le pari de la déhiérarchisation fait le reste. L’entreprise libérée est dans toutes les bouches.

Jean-François Zobrist, ancien directeur de la fonderie Favi et porte-parole de l’entreprise libérée, se dit ainsi de plus en plus sollicité. « J’ai eu 112 demandes d’intervention, en 2013, par des groupements de patrons, des grandes écoles, et surtout des entreprises. » Des PME, mais aussi des grands groupes. A l’image d’Auchan, qui a annoncé une révolution de son modèle d’organisation au profit d’un management en pyramide inversée.

« En période de crise, ce sont ceux qui sont le plus près du terrain qui comprennent le mieux les besoins des clients et qui peuvent y répondre », explique Jean-André Laffitte, DRH d’Auchan France. Déhiérarchiser, c’est responsabiliser tous les collaborateurs, mais aussi supprimer des échelons.

Je tire ces informations d’un article du Monde > <ICI mais il faut être abonné>

En m’intéressant à Chronoflex j’ai aussi trouvé ce lien vers le site du blog qui raconte leur histoire d’innovation et l’explicacation de leur philosophie « <Sur le chemin de la libération>

< Et ici un site consacré à l’entreprise libérée>

En espérant bientôt l’Administration libérée

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Mercredi 17 décembre 2014

Mercredi 17 décembre 2014
« À aucun moment les techniques d’interrogatoire renforcées de la CIA n’ont permis de recueillir des renseignements relatifs à des menaces imminentes,
tels que des informations concernant d’hypothétiques « bombes à retardement », dont beaucoup estimaient qu’elles justifiaient ces techniques. »
Dianne Feinstein
Vous avez tous entendu parler de ce rapport du Sénat américain sur la torture de la CIA.
La commission sénatoriale était présidée par Dianne Feinstein, 81 ans, sénatrice de Californie depuis 1992, après avoir été maire de San Francisco.
La commission du renseignement du Sénat qui a rendu le 9 décembre un rapport de plus 6 000 pages sur « le programme de détention et d’interrogatoire de la CIA ».
Feinstein n’a rien d’une « colombe » et elle a même accusé Snowden de « trahison » lors des révélations hautement médiatisées de cet ancien agent du renseignement américain.
Mais elle croit profondément à l’Etat de droit et elle a tenu tête à d’invraisemblables pressions pour mener à terme son investigation.
L’extrait rendu public du rapport, long de quelque 500 pages [PDF], est en effet accablant.
Les traitements barbares infligés par la CIA à ses détenus vont en effet bien au-delà des simulacres de noyade (waterboarding) dont on connaissait déjà le caractère systématique.
Ce qui est encore plus terrible dans ce crime contre les droits de l’homme c’est qu’en plus il est inefficace.
Je critique souvent les Etats Unis, mais qu’une institution officielle comme le Sénat soit capable d’aller aussi loin dans la critique et la dénonciation  de l’exécutif et des services de renseignement du pays est absolument exceptionnel.
Je ne crois pas qu’en France le Sénat ou l’Assemblée Nationale auraient été capable d’une telle liberté de ton et d’investigation.

Mardi 16 décembre 2014

Mardi 16 décembre 2014
«The economy minister must convince Brussels his reforms are liberal,
and French Socialists they are not »
[M. Macron] « doit convaincre Bruxelles que ses réformes sont libérales,
et les socialistes français qu’elles ne le sont pas
J’entendais votre surprise :«Menfin pas de mot du jour sur la Loi Macron ???  »
Car en effet, Le ministre de l’économie Emmanuel Macron a présenté mercredi 10 décembre en conseil des ministres le projet de loi « pour la croissance et l’activité ». Ce texte de 90 articles doit apporter, selon le ministre, une réponse aux « trois maladies de la France » que sont « la défiance, la complexité et le corporatisme ».
Il faut dire que cette loi me rend assez dubitatif et finalement l’article de ce journal anglais semble assez bien résumer la situation.
<L’Esprit Public de Philippe Meyer> A consacré la première partie de son émission du dimanche 14/12 à cette loi. Et on apprend des choses intéressantes, par exemple que la loi qui règlemente la profession du notariat est la loi 25 du ventôse an XI.  Ce n’est pas tout à fait l’ancien régime mais cela s’en rapproche.
J’ignorais aussi qu’une Société Privée ne pouvait en France, sans obtenir de multiples autorisations rarement accordées, mettre en place une ligne régulière qui pouvait concurrencer la SNCF. Grâce à la Loi Macron on pourra prendre l’autocar pour faire Bordeaux Lyon par exemple. Macron que tout le monde et en particulier Attali décrit comme un esprit brillantissime a eu cette belle formule « <Grâce aux autocars les pauvres voyageront plus facilement>« , parce qu’a priori les prix seront beaucoup moins chers que pour les trains que la SNCF fait rouler. Ce sera un peu plus long, quoique … Ce sera un peu plus inconfortable, ou peut-être pas selon certains trains ….
Le regretté Patrice Chéreau avait fait ce film « Ceux qui m’aiment prendront le train », aujourd’hui on fera le film « Ceux qui m’aiment prendront l’autocar »
Après il y a cette discussion millimétrée et touchant la civilisation, l’ouverture des magasins 5 dimanches dans l’année, système actuel, c’est bien. Mais selon Martine Aubry, 12 dimanches c’est mal, c’est un problème de société. Peut être. Selon moi si c’est vraiment un problème de société il faut s’arrêter à 0 dimanche. Discuter où commence la régression entre 5 et 12, plutôt 7, plutôt 10 me surprend.
Après il y a tout ceux qui auraient dû être dans la Loi et qui en sont sortis, les taxis, les pharmaciens etc…
Sachant que la loi, étant donné les procédures parlementaires ne pourra valablement être définitivement votée qu’en avril 2015, Thierry Pech l’a comparé au « vieil homme et la mer » d’Hemingway. Vous connaissez l’histoire de ce pêcheur qui a pêché un grand poisson qui sur le chemin du retour voit son poisson être dévoré au fur et à mesure par des requins, de sorte qu’arrivé au port, il ne lui restait plus que les arêtes.
Thierry Pech a peur que cela puisse être le destin de cette Loi.
Cela n’est pas pour rassurer Bruxelles.
Je suis dubitatif, mais ça je vous l’ai déjà écrit…

Lundi 15 décembre 2014

Lundi 15 décembre 2014
« Angels in hell »
GMB Akash
Angels in hell, anges de l’enfer, est une série de photographie du photographe Bengali GMB Akash qui a capturé des images très fortes dénonçant le travail des enfants au Bengladesh.
Des photographies révoltantes qui laissent sans voix, dévoilant les conditions de travail très dures des enfants, envoyés dans les usines à partir de 5 ans pour un salaire de misère…
Selon l’UNICEF, plus de 7,4 millions d’enfants sont engagés dans l’activité économique au Bangladesh.
Ce photographe qui a déjà remporté plus de 68 récompenses internationales pour son travail, vient de remporter pour cette série le grand prix décerné par les Neutral Density Photography Awards 2014.
J’avais partagé avec vous, le mardi 14 mai 2013, après le drame de l’usine textile du Bengladesh, le Rana Plaza (l’immeuble de neuf étages qui s’est effondré près de Dacca le 24 avril, a fait 1 127 morts, selon le bilan rapporté par le Parisien du 13/05), cette question de deux chercheurs en sciences humaines Michel Wieviorka & Anthony Mahé qui devrait plus que  nous interpeller : « Sommes-nous capables de regarder en face (la vie de) ceux qui nous permettent de consommer comme nous le faisons ? »
Avec ces photos nous sommes mis dans l’épreuve de notre capacité à regarder en face.
J’en mets une en fin de message.
Le reste est sur ce site : <Photos angels in hell/gmb-akash>
Je pointe quand même une limite à cette publication, les photos ne sont pas contextualisées.
Elles mériteraient un minimum d’explication, on voit notamment des pieds dont on n’est pas certain que ce soient des pieds d’enfants attachés par une chaîne et un cadenas, le site de publication de la photo aurait été inspiré d’expliquer l’environnement de la photo. Cela étant, il s’agit d’un témoignage qui ne saurait laisser indifférent, même si notre esprit critique doit rester en éveil.
En pièce jointe le billet de mediapart qui m’a fait découvrir ces photos.
Il y a aussi de belles choses dans notre monde, mais certaines sont terribles …et nous en profitons.

Vendredi 12 décembre 2014

Vendredi 12 décembre 2014
« Il est des moments où une cure de gauchisme est nécessaire.»
Michel Rocard
J’avoue un faible depuis longtemps pour Michel Rocard. Cette phrase extraite d’une tribune qu’il vient de publier dans le Monde a de quoi surprendre.
Mais finalement elle est compréhensible, car dans ce dérèglement de l’économie libérale, l’explosion des inégalités et l’arrogance des hyper riches et des puissants il peut être sain de s’adonner à une cure de gauchisme.
Michel Rocard rappelle cependant qu’il ne suffit pas d’être gauchiste et il fait dire à Karl Marx : « Camarades, c’est bien de vouloir changer le monde. Mais vous n’y arriverez que si vous commencez à travailler comme des forcenés pour comprendre comment il marche… », ce qui ne doit donc pas être le cas des gauchistes d’aujourd’hui selon l’ancien patron du PSU.
Et il finit son propos par cette belle phrase : «   [renforcer la chance] de voir éclore la société des hommes à la place de celle de l’argent.   »
Voici le propos remis dans son contexte, l’article complet se trouve en pièce jointe.
« Cela appelle une dernière réflexion nécessaire, concernant le gauchisme. Qu’est-ce que le gauchisme sinon l’attitude consistant à refuser le discours politiquement correct auquel se sont ralliées les institutions et les chefs en place ? Il est des moments où une cure de gauchisme est nécessaire.
Le gauchisme, je connais, j’en sors, j’en suis, c’est ma famille. J’avais 16 ans, mon pays baignait dans la joie de la liberté retrouvée. Il tomba d’accord, tout entier, socialistes compris,  pour  entreprendre en Indochine la reconquête de son empire colonial. Je dénonçai cette honte, et me découvris gauchiste. Moins de dix ans après, rebelote, à propos de l’Algérie. L’accord était général. De nouveau, je fus gauchiste, et moins seul dès le début. Nous sauvâmes au moins l’honneur de la gauche.
Et puis un bref moment – Mai 68 – je fus un chef gauchiste, estampillé extrémiste par le ministère de l’intérieur, pour avoir osé réclamer le droit à la parole dans la société hiérarchisée.
Franchement, n’y avait-il pas aussi quelque gauchisme à proclamer, dix ans plus tard, que l’accord solennel de toute la gauche autour du programme commun de gouvernement puis des 110 propositions du candidat ne préparait pas la vraie transformation sociale dont la France et le monde avaient besoin ?
Une cure de gauchisme n’est donc ni pour me surprendre ni pour me déplaire. Mais, mais… le fondateur du gauchisme, au fond, est un camarade à nous qui s’appelait Karl Marx. J’ai grand crainte que nos gauchistes d’aujourd’hui ne soient en train d’oublier sa plus forte leçon. Il ne l’a pas écrite comme telle, c’est sa vie qui la donne. Elle est évidente à résumer : « Camarades, c’est bien de vouloir changer le monde. Mais vous n’y arriverez que si vous commencez à travailler comme des forcenés pour comprendre comment il marche… »
En l’absence d’une soudaine explosion générale, aussi peu probable que souhaitable, ce sera lent. Le peuple que nous défendons aura toujours besoin de ses emplois, c’est- à-dire que la machine marche. Or elle ne peut fonctionner que dans ses règles, qui certes ne sont pas les nôtres, mais sont celles dont elle a besoin. Si nous avons ensemble une vraie confiance et une vraie unité autour de notre vision de l’avenir long, nous n’avons pas le droit de dérégler la machine par des brutalisations de court terme qui peuvent l’affaiblir. Il n’y a de gauchisme utile que pertinent et cohérent.
Voilà la raison qui nous fait obligation de renouveler, renforcer, réunir notre Parti socialiste, dans la France d’aujourd’hui, le seul outil de demain. Ce faisant, nous pourrions même contribuer au réveil de quelques partis frères, renforçant par-là la chance de voir éclore la société des hommes à la place de celle de l’argent. »

Jeudi 11 décembre 2014

Jeudi 11 décembre 2014
« Les dépenses sont publiques, mais les recettes seront… privées ! »
Damien Lempereur
C’est ainsi que l’avocat et homme politique Damien Lempereur analyse une Loi de l’Assemblée Nationale. Plus précisément il écrit : « Euro 2016 : les dépenses sont publiques, mais les recettes seront… privées ! »
En effet, dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 décembre, dans la plus grande discrétion, l’article 24 du projet de loi de finances rectificative pour 2014 a été adopté […] Cet article exempte la société commerciale «Euro 2016 SAS» d’impôts et de taxes pour toute la durée de la Coupe d’Europe des nations qui se déroulera en France en juin et en juillet 2016 !
Damien Lempereur explique : « Vos impôts préparent à coup de milliards la compétition à venir  [la France a déjà dépensé plus de deux milliards d’argent public uniquement pour rénover ou construire les stades qui accueilleront la compétition.], mais lorsqu’il s’agit d’en encaisser les dividendes, l’Etat en fait cadeau à … l’organisateur. Concrètement, la société en charge de l’organisation commerciale de la compétition ne sera redevable ni de l’impôt sur le revenu, ni de l’impôt sur les sociétés, ni de la taxe sur les salaires, ni de la taxe d’apprentissage […] Ce sont ainsi plusieurs centaines de millions d’euros de recettes fiscales auxquels l’Etat renonce par avance. Dans un contexte de crise et d’austérité, alors que l’on demande à chacun de faire toujours plus d’efforts pour économiser quelques dizaines de millions ici et là, il est anormal qu’une société commerciale qui va réaliser d’énormes bénéfices soit autorisée à ne pas payer d’impôt et de taxe en France.
Comme trop souvent en France les dépenses sont publiques, mais les recettes, elles, seront bien privées ! »
« Karine Berger, […] Secrétaire Nationale à l’économie du Parti Socialiste, [a twitté] : «honte sur nous qui venons de déposer les armes et céder au chantage fiscal le plus antirépublicain ».
« Alors bien sûr, l’Etat ne manquera pas de répondre que la candidature de la Fédération Française de Football à l’accueil de la compétition imposait que le gouvernement prenne, à l’égard des entités organisatrices, l’engagement de leur consentir un régime fiscal dérogatoire. Cet engagement a [été pris par la majorité précédente], dès 2010, d’un courrier ministériel joint au dossier de candidature. Doit-on comprendre que le ministre des finances et des comptes publics a un nouveau patron, à savoir la Fédération Française de Football. A moins qu’il ne s’agisse plutôt de l’UEFA, depuis les rives du Lac Léman en Suisse?»
Enfin, pour éviter que cet article 24 ne soit trop facilement reconnu inconstitutionnel – puisqu’une société commerciale va de facto être exemptée d’impôts et de taxes – le gouvernement a jugé bon d’élargir le régime fiscal dérogatoire à «toute compétition sportive internationale attribuée dans le cadre d’une sélection par un comité international, (…) d’un niveau au moins équivalent à un championnat d’Europe et (…) organisée de façon exceptionnelle sur le territoire français». L’Euro 2016 ne sera donc pas le seul à être exempté d’impôts! Le championnat d’Europe de Basket de 2015 organisé par la FIBA devrait pouvoir en bénéficier également.
La France devient donc pour les organisateurs de compétition sportive internationale un paradis fiscal !
Si la France n’avait pas donné cette exemption l’UEFA ne lui aurait pas donné l’organisation du tournoi.
Devant ce choix, la France a-t-elle fait le bon choix ?
Pour ma part, je ne le pense pas.