Mardi 23 décembre 2014
« Zhu Xiao Mei »
Pianiste chinoise qui magnifie Bach
A l’approche de Noël je voudrais partager un moment de grâce.
J’essaye de m’ouvrir à beaucoup de domaines que je partage, mais il n’y a qu’un domaine où je crois qu’on peut me reconnaître une connaissance approfondie, c’est celle de la musique classique occidentale.
Les amis ou les connaissances qui le savent m’interrogent souvent : mais qu’est ce qu’il faut écouter ?
Dans la musique occidentale le plus grand est Jean Sébastien Bach, c’est mon avis c’est aussi l’avis de beaucoup d’autres. J’ai même entendu un jour Serge Gainsbourg le dire.
Même mal joué, souvent Bach reste beau.
Mais quand Zhu Xiao Mei, se met au piano et joue Bach, la beauté et l’émotion jaillissent immédiatement.
Zhu Xiao Mei est une chinoise qui a 10 ans est entrée au Conservatoire de Pékin où elle commence de brillantes études. Mais ses études sont brutalement interrompues par la Révolution Culturelle maoïste.
Pendant cinq années, elle est envoyée dans un camp de rééducation aux frontières de la Mongolie-Intérieure.
Dans ce camp se trouve un mauvais piano désaccordé, grâce à des gardiens plus laxistes que d’autres elle peut continuer à jouer quelquefois. Elle joue du Bach. Elle recopie aussi pendant des heures sur du mauvais papier de la musique de Bach dont elle se souvient.
Elle dit dans son livre « La rivière et son secret » que Bach lui a permis de survivre dans ces moments d’injustice et de bêtise que des théories humaines menées jusqu’à l’absurde ont imposés à des millions d’humains.
Par suite, elle parvient à s’enfuir de Chine et se retrouve à Paris, on la découvre et elle devient professeur au Conservatoire National de Musique de Paris
J’ai eu la chance de l’entendre jouer les Variations Goldberg à Lyon, salle Molière le 13 janvier 2010. Un de mes plus grands souvenirs musicaux.
Qu’une chinoise, adepte du Tao, puisse jouer ainsi la musique d’un luthérien allemand de culture exclusivement chrétienne montre l’universalité de cette musique.
Zhu Xiao Mei revient à Lyon, au Palais de la Mutualité, le 27/02/2015 jouer, le sommet de la musique de Bach : l’art de la Fugue.
Dans le livret de son dernier disque justement consacré à l’Art de la Fugue elle donne deux clés pour comprendre le lien entre la Chine et Bach à travers ces deux œuvres :
Les variations Goldberg se terminent par l’aria qui les débute et elle l’éclaire par ce mot de Lao-Tseu : « Le retour est le mouvement du Tao«
L’art de la fugue se termine par une fugue inachevée et elle fait songer Zhu Xiao Mei à une phrase du Livre des mutations, le Yi King le plus ancien des grands textes chinois « sheng sheng bu xi »ce qui signifie « La vie engendre la vie : il n’y a pas de fin«
Mais les mots ne peuvent exprimer ce que sait faire la musique, Arte a capté, dans de remarquables conditions, un concert de Zhu Xiao Mei où elle joue les Variations Goldberg.
Elle les interprète dans le temple de Bach, je veux dire l’Église Saint Thomas de Leipzig où il a été cantor de 1723 jusqu’à sa mort en 1750. Il est enterré dans cette église
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A la fin du concert Zhu Xiao Mei qui reçoit des fleurs va immédiatement les déposer sur sa tombe : http://concert.arte.tv/fr/zhu-xiao-mei-variations-goldberg-bach?language=fr
Vous pourrez l’écouter jusqu’au 14/03/2015.
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Désormais vous pouvez retrouver cette vidéo sur Youtube
https://www.youtube.com/watch?v=dUqmiAnFxhY