Lundi 20/01/2014
« Dans le siècle à venir, deux dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l’activité de l’économie mondiale. »
Washington SyCip
et d’autres invités prestigieux de la fondation gorbatchev
fin septembre 1995
Hôtel Fairmont de San Francisco
Tous les femmes et hommes qui dirigent les riches pays occidentaux soutiennent la thèse que nous traversons une crise terrible, mais qu’avec de la rigueur, de l’innovation et beaucoup de libéralisme nous pourrons retrouver le chemin de la croissance et par suite presque le plein emploi.
C’est aussi le cas de François Hollande. Ils s’expriment comme s’il s’agissait d’une vérité scientifique.
Ce n’est pas une certitude scientifique, c’est la seule certitude que nous pouvons avoir.
Il s’agit d’une croyance, nous sommes dans l’univers de la foi, pas de la science.
Ce que ces femmes et hommes espèrent est dans le domaine du possible, mais il est aussi possible qu’ils aient absolument tort.
Le mot du jour n’est pas l’élucubration de quelques cerveaux utopistes. Il s’agit d’une réflexion des patrons des plus grands groupes internationaux, en 1995, dans le cadre de la fondation Gorbatchev.
J’entends de ci de là que cette affirmation « qu’il n’y a pas de travail pour tout le monde » est fausse, pensons aux services à la personne, au monde culturel etc…
Oui, mais ces métiers, dans le cadre d’une logique de marché libérale ne génère pas des plus valus capable de distribuer des salaires convenables pour un niveau de vie moyen des occidentaux qui souhaitent se loger, se nourrir, s’habiller, se soigner et même avoir quelques loisirs. C’est cela que voulaient dire, en 1995, ces maîtres du monde économique. Ces métiers ne peuvent être payés convenablement que si l’on accepte des mécanismes sociaux de redistribution importante. Ce qui n’est pas acquis.
Cette réflexion provient d’un livre écrit il y a déjà 20 ans par deux auteurs germaniques : Hans-Peter MARTIN et Harald SCHUMANN, « le piège de la mondialisation »
Ce livre m’avait été prêté par mon ami Fabien, l’emblématique responsable du Service de la Publicité Foncière de Trévoux.
Ce n’est pas non plus une certitude scientifique, c’est une thèse concurrente de la précédente et dont la plausibilité est au moins égale.
Vous trouverez ci-joint un extrait de ce livre, et ci-dessous un extrait de l’extrait.
Ainsi votre lecture peut être de 4 niveaux : s’arrêter ici et maintenant ou lire le message jusqu’au bout ou lire aussi la pièce jointe ou enfin tenter de se procurer le livre…dont on parle beaucoup sur Internet.
Hôtel Fairmont de San Francisco
C’est dans ce cadre chargé d’histoire qu’à la fin septembre 1995, l’un des rares personnages à avoir lui-même écrit l’histoire accueille l’élite du monde : il s’agit de Mikhaïl Gorbatchev. En signe de reconnaissance, les mécènes américains viennent de lui créer une fondation au Presidio, une ancienne zone militaire située au sud du Golden Gate, que les Américains ont abandonnée après la fin de la guerre froide. Cette fois, Gorbatchev a fait venir, de tous les continents, cinq cents hommes politiques, leaders économiques et scientifiques de premier plan. Ce nouveau « brain-trust global », pour reprendre la définition que donne de cette assemblée triée sur le volet le dernier président de l’Union soviétique et prix Nobel de la paix, doit ouvrir la voie au XXIe siècle, « en marche vers une nouvelle civilisation1* ». D’anciens dirigeants mondiaux expérimentés comme George Bush, George Schultz ou Margaret Thatcher sont venus retrouver les nouveaux maîtres de la planète. On y rencontre le patron de CNN, Ted Turner, dont l’entreprise a fusionné avec Time Warner pour en faire le plus grand groupe médiatique du monde, ou le magnat sud-asiatique du négoce, Washington SyCip. Trois journées durant, ils comptent mener une réflexion intensive, travailler en petits groupes de travail avec les global players de l’informatique et des finances, mais aussi avec les grands prêtres de l’économie, les professeurs d’économie enseignant aux universités de Stanford, Harvard et Oxford.
[…]
David Packard, cofondateur du géant de la haute technologie Hewlett-Packard […] préfère poser la question centrale : « De combien d’employés as-tu vraiment besoin, John ? » « Six, peut-être huit, répond sèchement Gage. Sans eux, nous serions fichus. Cela dit, l’endroit de cette Terre où ils habitent est parfaitement indifférent. » C’est alors au tour du président de séance, le professeur Rustum Roy, de la Pennsylvania State University, de demander : « Et combien de personnes travaillent actuellement pour Sun Systems ? » Gage répond : « Seize mille. A une petite minorité près, ce sont des réserves de rationalisation. » On n’entend pas le moindre murmure dans la salle : pour les personnes présentes, l’idée qu’il existe des légions de chômeurs potentiels encore insoupçonnées est une évidence.
Aucun de ces managers de carrière aux salaires considérables, provenant des secteurs du futur et des pays d’avenir, ne croit plus que l’on retrouvera un jour, dans les anciens pays riches, et dans quelque secteur que ce soit, un nombre suffisant d’emplois nouveaux et correctement rémunérés sur les marchés de croissance, avec leur grande consommation de technologie. […]Dans le siècle à venir, deux dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l’activité de l’économie mondiale. « On n’aura pas besoin de plus de main-d’œuvre », estime le magnat Washington SyCip. Un cinquième des demandeurs d’emploi suffira à produire toutes les marchandises et à fournir les prestations de services de haute valeur que peut s’offrir la société mondiale. Ces deux dixièmes de la population participeront ainsi activement à la vie, aux revenus et à la consommation – dans quelque pays que ce soit. Il est possible que ce chiffre s’élève encore d’un ou deux pour cent, admettent les débatteurs, par exemple en y ajoutant les héritiers fortunés. Mais pour le reste ? Peut-on envisager que 80 % des personnes souhaitant travailler se retrouvent sans emploi ? « Il est sûr, dit l’auteur américain Jeremy Rifkin, qui a écrit le livre La Fin du travail, que les 80 % restants vont avoir des problèmes considérables. »
[…] Les managers débattent sobrement des dosages envisageables et se demandent comment le cinquième fortuné de la population pourra occuper le reste superflu des habitants de la planète. La pression accrue de la concurrence ne permettra pas de demander aux entreprises une participation à cet effort social. D’autres instances devront donc s’occuper des sans-emploi. Les participants au colloque comptent sur un autre secteur pour donner un sens à l’existence et garantir l’intégration : le bénévolat en faveur de la collectivité, les services de proximité, la participation aux activités sportives et aux associations de toute espèce. « On pourrait valoriser ces activités en les couplant avec une rémunération modeste, ce qui aiderait des millions de citoyens à garder conscience de leur propre valeur », estime le professeur Roy. Les patrons des groupes industriels s’attendent en tout cas à ce que l’on revoie prochainement, dans les pays industrialisés, des gens balayer les rues pour un salaire pratiquement nul, ou accepter des emplois de domestiques en contrepartie d’un logement misérable.
Il fallait bien un mot du jour conséquent après ces 4 jours de jeûne….