Elle s’appelle Clémentine Vergnaud, elle est journaliste à France Info, elle a trente ans.
Elle est atteinte d’un cancer digestif des voies biliaires dont le nom scientifique est : « le cholangiocarcinome »
C’est un cancer rare et extrêmement agressif.
Un jour de grande douleur Clémentine Vergnaud a craqué et a recherché l’espérance de vie pour cette pathologie. Elle a trouvé que pour les malades qui peuvent être opérés, 10% restent en vie au bout de 5 ans.
Les médecins lui ont dit qu’elle n’était pas opérable, à cause de la diffusion de métastases en dehors de l’organe initial touché.
Un collègue journaliste Samuel Aslanoff lui a proposé d’enregistrer un podcast racontant son combat contre le cancer révélant ses sentiments, ses rapports à sa maladie, aux médecins, à ses proches, ses moments de découragement, d’espoir, de peur, de joie.
Je me promenais et écoutais son entretien dans « C à Vous » (qui existe sous format de podcast audio) dans lequel j’apprenais l’existence de son podcast en dix épisodes de 10 à 12 minutes.
J’ai immédiatement écouté le premier < J’ai l’impression que le bateau est en train de couler >, puis le second, le troisième et tous les suivants, à la fin de ma promenade j’avais fini les dix épisodes.
C’est bouleversant et plein d’enseignement.
Celles et ceux qui sont dans un combat similaire y apprendront beaucoup.
Et peut-être, que celles et ceux qui accompagnent ou sont des proches d’un malade qui poursuit une telle lutte, apprendront encore davantage.
Elle raconte comment des amis qui sont plein de bienveillance mais ne sachant que dire, lui assène : « Je suis sûr, tu vas t’en sortir ! »
Mais il faut comprendre que pour le malade, conscient de son état, cela sonne faux et n’aide pas.
Elle donne la solution, il faut juste être présent, être là.
Elle avoue sa peur de la mort :
« La peur de la mort vous saisit dans vos entrailles »
Mais quand elle dit à sa mère et son père : « il faut préparer ma mort, mon départ », ses parents disent simplement : « Nous sommes là pour toi et nous allons en parler et prendre les décisions qu’il faut. »
Ainsi, ses parents sont dans cette présence dont elle a besoin pour avancer.
Elle dit aussi combien le patient a besoin de médecins qui sont dans l’écoute et si possible dans l’empathie.
Elle raconte son expérience d’un médecin qui n’écoutait rien de ce qu’elle lui disait et concluait que ses terribles douleurs provenaient d’une déchirure musculaire.
Heureusement, elle a aussi rencontré beaucoup de médecins remarquables sur lesquels elle a pu s’appuyer dans son combat.
La douceur de celui qu’elle appelle le docteur H qui lui a annoncé la terrible nouvelle et lui a indiqué l’hôpital où elle devrait se rendre dès le lendemain et la procédure qui s’enclencherait alors, est bouleversante.
Quand tout ce qui devait être dit dans l’opérationnel avait été dit, Clémentine Vergnaud et sa mère pleuraient, le docteur H a alors entouré sa main avec ses deux mains et dit :
« Un médecin n’a pas le droit de pleurer. »
Par la suite, elle croisera encore plusieurs fois la route du Docteur H qui chaque fois sera présent et aidant.
Elle détaille aussi ses démêlés avec la bureaucratie et les bugs informatiques de la Sécurité Sociale. Ce serait comique, si on ne baignait pas dans la tragédie.
Elle a aussi cette formule qui me parait très juste :
« Être malade, c’est un vrai boulot »
Elle dit, à mon sens, des choses très importantes à comprendre.
Elle explique qu’elle ne donne jamais précisément les dates de ses séances de scanner à ses proches, de peur d’être envahie par des questionnements incessants et immédiats. Alors que le diagnostic après le scanner doit être accueilli par le patient avec calme et paix. Il est possible qu’il lui « faille faire le deuil d’un traitement qui n’a pas fonctionné. »
Et puis elle explique qu’elle a reçu l’annonce de sa maladie, comme une immense injustice, avec une révolte intense. Mais qu’avec le temps et les conseils de médecins avisés, elle a compris qu’elle devait faire une place à ses cellules malades, accepter de vivre avec elles pour avancer et faire reculer la maladie.
Après des traitements qui l’ont beaucoup affaibli, fait souffrir et eu des conséquences collatérales telles qu’ils ne pouvaient être poursuivis, l’Hôpital Paul-Brousse lui a proposé un traitement innovant qui a pu améliorer son état de santé et stabiliser sa maladie.
Et c’est Clémentine Vergnaud qui a rapporté avec force et sagesse cette phrase de sa mère, ancienne infirmière :
« La mort est au bout du chemin, mais elle s’est un peu éloignée. »
Depuis la mise en ligne de son podcast, la journaliste a reçu des centaines de messages de soutien.
« On m’écrit des tas de choses. Cela peut être des malades qui me disent qu’ils se sentent enfin moins seuls : Je me sens compris, vous avez mis des mots sur nos maux. Cela peut-être des proches de malades aussi »,
Elle a aussi rapporté l’histoire de l’amie d’une femme atteinte d’un cancer :
« J’ai écouté votre podcast juste avant de dîner avec elle et maintenant, je sais quoi lui dire. »
Voici le <Lien> vers la Page présentant les 10 podcasts : « Ma vie face au cancer : le journal de Clémentine. »
Un monument d’humanité !
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