Jeudi 23 mai 2024

« L’entraîneur sage»
Un jeu de mots qui parle de Pierre Sage, entraîneur de football

Albert Camus nous l’avait appris : le football nous permet de comprendre beaucoup de la vie.

J’écris « L’entraineur sage » pour faire référence à l’entraineur Pierre Sage de l’Olympique lyonnais.

Pour celles et ceux qui ne suivent pas le football, il me faut narrer un peu cette histoire.

L’olympique Lyonnais a commencé le championnat cette année avec un entraineur de renom :  Laurent Blanc. Les résultats furent catastrophiques.
Il fut remplacé rapidement par un entraineur italien, Fabio Grosso qui fut ce joueur qui marqua le dernier penalty de l’équipe d’Italie lors de la finale de la coupe du monde perdue par la France en 2006.

Cet ancien joueur prestigieux n’arriva pas davantage à faire gagner l’équipe puisqu’au bout de 13 journées, Lyon était 18ème et dernier de la Ligue 1 avec 7 pts.

Les spécialistes ont étudié le passé : jamais une équipe, ayant ce nombre de points à la 13ème journée, n’était parvenue à assurer son maintien à l’issue de la saison, c’est-à-dire éviter d’être classée dans les 3 derniers du classement.
Alors on vira aussi Fabio Grosso.

En attendant et de manière temporaire, il fut décidé de prendre Pierre Sage qui était le responsable du centre de formation de Lyon.
Il n’avait pas été un joueur de football de haut niveau, il n’avait même pas le diplôme permettant d’entraîner.
Il commença très mal par deux défaites, puis une remontée historique, dans le sens où cela n’était jamais arrivé avant.

L’équipe de Lyon a terminé 6ème du championnat et s’est aussi qualifié pour la finale de la coupe de France qu’elle jouera samedi.

Quand on examine le parcours que cet entraîneur a permis à son équipe de réaliser à partir de la quinzième journée, voici ce que cela donne :


Je compare donc l’évolution des points accumulés depuis la quinzième journée par Lyon et les deux clubs qui ont terminé aux deux premières places du championnat.
Lyon a réalisé un meilleur parcours que les deux premiers. En pratique, Lyon est le club qui a gagné le plus de points à partir de la quinzième journée.

Je ne vais pas aller plus loin dans l’analyse footballistique de ce parcours.

Que nous apprend cette expérience ?
Les journalistes et les spécialistes sportifs ont décortiqué ce qui a fait le succès.

D’abord il est parvenu à redonner confiance aux joueurs.
Son premier succès a été de savoir écouter les joueurs et leur parler.

Contrairement aux autres entraîneurs, il n’a pas changé tout le temps son équipe et a mis en place une stratégie de jeu plutôt simple.

Il s’est appuyé sur les qualités de ses joueurs et les a fait jouer sur le poste qui leur convenait le mieux.
L’équipe a pu recommencer à gagner et la dynamique de groupe a pu se réenclencher.

Bien sûr, il a eu un peu de chance de ci de là, mais la chance ne se provoque-t-elle pas ?

Les spécialistes de football pourraient encore expliquer bien des raisons de cette réussite.
Pour ma part je retiendrai : humilité, savoir écouter, parler avec bienveillance, rester simple et faire confiance.

J’ai confiance, je sais faire confiance, on me retourne la confiance.

Ces règles de réussite peuvent s’appliquer dans bien d’autres domaines que le football.

Mais pour agir ainsi, il faut être sage, je veux dire faire œuvre de sagesse.

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Lundi 21 octobre 2019

« Un temps de misère communicationnelle »
Frédéric Joly

Vendredi dernier j’évoquais l’ouvrage de Victor Klemperer « LTI. La langue du IIIe Reich » et le livre récent de Frédéric Joly « la Langue confisquée » consacrée à une relecture de celui de Klemperer.

Or un article paru dans l’Obs du 5 septembre 2019 et écrit par la journaliste Marie Lemonnier : « Des outrances nazies aux mots creux du management : quand la langue devient un poison » me semble un complément et un approfondissement intéressant, en cela qu’il s’intéresse davantage encore à la situation d’aujourd’hui.

Aujourd’hui tout est communication. Quand une mesure du gouvernement est rejetée par la population ou une partie de la population, c’est qu’il y a eu « mauvaise communication».

Et des cohortes de politique munis « d’éléments de langage » vont répéter les mêmes mots creux et diffuser un message rassurant qui a souvent un rapport assez lointain avec les motivations et les effets de la mesure.

Le monde de l’entreprise et du management se trouvent dans cette même dérive : utiliser des « mots » qui présentent la réalité sous un angle très orienté.

C’est ce que Frédéric Joly définit comme un temps de misère communicationnelle.

Marie Lemoine introduit son article par cet éloge du livre de Frédéric Joly

« L’ensauvagement des mots précède et prépare l’ensauvagement des actes », déclarait récemment Mona Ozouf (1), soulignant l’importance capitale de lire « LTI. La langue du IIIe Reich » de Victor Klemperer pour le comprendre. Frédéric Joly, auteur du brillant essai « la Langue confisquée. Lire Klemperer aujourd’hui », vient ainsi d’exaucer le vœu de l’historienne en se replongeant dans les écrits du philologue juif, qui laissa l’un des documents les plus hallucinants sur l’hitlérisme.

Elle explique que c’est précisément pour mieux penser notre temps, « un temps de misère communicationnelle », que Frédéric Joly convoque Klemperer. Bien sûr, rappelle-t-il, on ne saurait comparer les heures sombres du totalitarisme aux nôtres. « Mais si aucune « lourde barre de métal rouillé » ne pèse plus sur nous, nous connaissons d’autres empêtrements qui, sans doute parce qu’ils ne sont pas synonymes de coercition, ne semblent pas nous préoccuper outre mesure. » C’est un tort qu’il souhaite voir réparer en suscitant notre vigilance sur les distorsions infligées aujourd’hui à la langue et sur nos « adhésions non contraintes à des logiques d’appauvrissement langagier ».

Frédéric Joly constate d’abord une « brutalisation » de la langue, un « ensauvagement » des mots, dont l’injure et la mauvaise foi contre l’adversaire, sur les réseaux sociaux comme sur les plateaux télé, sont parmi les symptômes les plus affligeants.

Et la journaliste Marie Lemoine poursuit :

« Comment ne pas penser en ce moment même aux éructations répétées du Twitter fou de la Maison-Blanche ou d’un Bolsonaro enragé ? Dans son récent message de pardon adressé à la France, suite à la très gênante passe d’armes entre les chefs d’Etat français et brésilien au sujet de l’Amazonie en feu, l’écrivain Paulo Coehlo relevait « l’hystérisme » langagier de Jair Bolsonaro, dans lequel il percevait, à juste titre, une manifestation du « moment de ténèbres » que traverse son pays.

Joly ne peut, en outre, que remarquer la puissante imprégnation dans nos structures mentales, et donc dans nos vocabulaires, du monde économique et du « management », mais aussi de la programmation et de la mécanisation. On doit ainsi « profiter » de ses amis, de son temps, de toute occasion ; il faut sans cesse chercher à « s’optimiser », à « augmenter » ses capacités et son bonheur ; on va « reprogrammer » son cerveau, « gérer » sa vie et ses émotions… […].

J’ai toujours détesté utiliser le verbe « profiter » pour une autre raison que celle à laquelle il est essentiellement destiné : le profit capitalistique. On ne profite pas de ses amis, on les rencontre, on remplit l’échange d’informations, de sens et d’affect. Les mots de l’économie et du marché nous polluent.

Et Marie Lemoine de conclure :

Mais à la phraséologie néolibérale, reprise comme un seul homme par tous les gourous de la psychologie positive, Joly ajoute la grave réduction du langage à sa seule fonction communicationnelle. Or, avant d’être un outil de communication – ce qu’il est, bien sûr –, le langage « signifie ». Tirer le langage « vers le signal », délivrer un message à tous les coups univoque, voilà qui est tuer toute possibilité d’interprétation, ou d’implicite. C’est, au fond, une attaque contre la culture, la civilisation, toute l’humanité. « La dégradation de la Raison : voilà la racine du mal », concluait Klemperer en juillet 1945.

Or appauvrir une langue, contribuer à son appauvrissement, quels que soient les mobiles d’une telle opération (volonté de domestication politique, de facilitation ou de simplification de l’argumentation, de « fluidification » des échanges), c’est l’obscurcir et se condamner à mal communiquer », déplore l’essayiste. Pire, c’est perdre l’idée de la vérité, puisque la vérité « est une fonction permanente du langage ». Aussi, pour Frédéric Joly, n’y a-t-il pas lieu de s’étonner de ce climat de défiance généralisée quant au langage argumenté et aux vérités qui semblaient jusque-là établies. A l’ère de la post-vérité, les professionnels du brouillage entre le vrai et le faux sont légion.

« Nos sociétés du « bullshit » ne bannissent pas la vérité : elles la considèrent seulement comme inutile. En cela, elles ne diffèrent pas spectaculairement de la société décrite par Klemperer. »

Puisse cet avertissement ne pas demeurer un vain mot. Parce qu’aucun mot ne l’est. »

Nous ne sommes pas assez vigilants dans notre quotidien de ce que signifient les mots utilisés pour décrire une situation.

<Le mot du jour du 26 avril 2016>  : développait cette remarque de Paul Jorion : « Le salaire est une charge, un coût, quelque chose de négatif qu’il faut réduire. Les dividendes des actionnaires et les bonus des patrons sont des parts de profit donc positifs. Le mépris du salarié, c’est dans nos règles comptables qu’il est inscrit

Ainsi parler de la charge salariale c’est induire un type de raisonnement et de priorité, alors qu’on pourrait parler de l’investissement salariale pour décrire ce que représente pour l’entreprise le fait de faire confiance à un salarié et de le payer.

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Vendredi 15 décembre 2017

« Vers des communautés de travail inspirées »
Frédéric Laloux.

J’annonçais hier que j’allais parler de Frédéric Laloux et de sa « Conférence » qu’il a consacrée à son livre « Reinventing Organizations » avec pour sous-titre en français la phrase que j’ai mise en exergue.

Frédéric Laloux était partenaire associé chez McKinsey, le fameux cabinet de conseil auprès des directions générales. Il s’est beaucoup interrogé sur le management et a écrit un livre « Reinventing Organizations » paru en anglais en 2014.

Un article du New York Times l’a décrit de la manière suivante :

« Le livre de management le plus important et le plus inspirant qu’il m’ait été donné de lire »
Tony Schwartz

La version française est parue en 2015 chez les Editions Diateino.

Ce livre ne se trouve pas sur mon bureau, mais sur celui du bureau voisin car Annie le trouve très intéressant et c’est d’ailleurs elle qui m’a fait découvrir la conférence qui constitue le point d’entrée de cet article. Si j’ai regardé avec attention la conférence, je ne me suis pas plongé dans ce livre de 500 pages.

On trouve de nombreuses références sur Internet, par exemple cet essai d’en faire une synthèse en 9 pages : http://www.reinventingorganizations.com/uploads/2/1/9/8/21988088/chene_synthese_laloux2014.pdf

Frédéric Laloux introduit sa conférence notamment par sa question sur les cerveaux et sa réponse de l’existence, dans notre corps, de trois cerveaux dont le cœur.

Et il pose cette question :
« Ce n’est que dans les années 90 que les deux autres cerveaux ont été découverts et reconnus.Pourquoi ne pas les avoir trouvés avant, alors qu’un cadavre, un scalpel et un microscope basique le permettaient aisément ?  »

Il fait d’ailleurs un rappel historique sur la découverte du système neuronal des intestins dès le XIXème siècle.

Et il répond à cette question de la découverte tardive :

«Nous n’étions pas capables d’envisager l’existence de plusieurs cerveaux parce que notre vision du monde nous en empêchait.»

Pour Frédéric Laloux, l’explication est simple depuis la nuit des temps toute l’idéologie humaine tournait autour de cette croyance : pour qu’une organisation fonctionne il faut un « boss », un seul qui décide ! Donc un seul cerveau ! Trois cerveaux seraient probablement le début de l’anarchie.

On pourrait peut-être émettre l’hypothèse que l’invention d’un Dieu monothéiste relève de cette même croyance, il faut un organisateur, un chef unique et omnipotent.

Il a l’intuition que la découverte des deux autres cerveaux dans les années « nonantes », comme il dit en langue franco-belge, a été rendu possible par l’avènement d’internet et des réseaux qui ont rendu crédible l’existence de plusieurs réseaux et donc de plusieurs centres de décisions.

C’est ainsi, selon lui, qu’une possibilité d’intelligence collective dans les entreprises, sans boss, est entrée dans les consciences.

J’avais déjà évoqué ce type de réflexion en 2014, plus exactement <Le mot du jour du 18 décembre 2014> où il était question de « l’entreprise libérée » dans laquelle la hiérarchie était remise en cause. Annie m’explique que le terme « L’entreprise libérée » est un terme qui ne s’est pas imposé.

Ce terme n’est d’ailleurs pas repris par Frédéric Laloux qui va utiliser des codes couleurs. Il envisage donc d’autres façons de faire fonctionner les organisations que par un centre de décision hiérarchique. A ce stade (à partir de la minute 13 de la vidéo) il évoque, en étudiant l’histoire du monde, l’évolution des organisations et les différents changements de paradigmes concernant les modes d’organisation et de management dans le cadre d’enjeux de plus en plus complexes.

Il associe des couleurs à ces paradigmes Rouge, Ambre, Orange, Vert, Opale.

Et puis, il développe une réflexion qui m’a interpellé. L’économie a démontré que l’organisation pyramidale, au niveau étatique, est bien trop rigide pour faire face aux défis de l’innovation et de l’efficacité. Ce fut le grand échec des systèmes soviétiques. Tout le monde a compris que la multiplication des acteurs et la décentralisation des centres d’initiatives que sont les entreprises et particulièrement aujourd’hui les start-up sont bien davantage en capacité de résoudre la complexité et de trouver des solutions qui fonctionnent. Or, des patrons qui vous expliquent cette capacité d’un marché libre (je précise cependant régulé et je l’oppose à des solutions bureaucratiques) à trouver des solutions innovantes et efficaces, dès qu’ils retournent dans leurs entreprises reviennent au dogme du cerveau unique et de l’organisation hiérarchique.

Je ne suis pas en mesure de résumer l’ensemble de cette conférence qui dure 1h40, mon ambition est simplement de vous donner envie de la regarder.

Frédéric Laloux évoque cependant plusieurs entreprises qui ont fait le choix d’une organisation non hiérarchique, dans son développement il parle d’organisation « Opale ».

Concrètement ces structures sont des organisations non pyramidales. C’est à dire que la structure hiérarchique a disparu. En règle générale il reste un dirigeant mais il n’a pas du tout le même rôle que dans une organisation classique. Ces organisations opales ont en commun d’avoir supprimé en partie ou complètement les managers d’équipe, les managers intermédiaires et les top-managers, d’avoir réduit drastiquement les fonctions supports centralisées et d’avoir supprimé les réunions de comité exécutif.

Il donne plusieurs exemples mais évoque particulièrement une entreprise néerlandaise : Buurtzorg de soins à domicile.

Ainsi chez Buurtzorg, les équipes de 10-12 infirmières fonctionnent sans chef, les coachs régionaux accompagnent 40 à 50 équipes et n’ont aucun pouvoir de décision sur celles-ci, et ils ne se réunissent que quatre fois par an avec le directeur. Comment fonctionnent ces entreprises ? L’absence de structure hiérarchique n’empêche pas l’existence d’une structure d’un autre ordre, qui ne repose plus sur l’organisation de postes à occuper mais sur l’articulation de rôles à remplir

Ainsi, chaque salarié remplit des rôles techniques opérationnels, mais également des rôles de management, qui sont répartis entre les différents membres de l’équipe au lieu d’être concentrés dans les mains d’une personne

De même, les fonctions de soutien, habituellement centralisées, sont réparties entre les membres des équipes

Les équipes se chargent elles-mêmes des ressources humaines (recrutements et licenciements, formation, évaluations, plannings, etc.), des finances (achats, suivi financier, investissements, etc.), des aspects techniques (maintenance, sécurité, qualité)

Lorsqu’il y a des responsables régionaux, ils ont un rôle de coach mais ils n’ont pas de pouvoir de décision et n’ont aucune autorité sur les équipes

Ils sont là pour les conseiller et les accompagner mais ne peuvent en aucun cas les contraindre à quoi que ce soit

Les relations sont fondées sur la confiance ce qui nous rappelle le mot du jour de lundi.

Ce nouveau modèle d’entreprise a vocation à réconcilier le travail salarié avec les aspirations des individus. L’entreprise devient un organisme vivant et réactif à tous les signaux internes et externes du marché et de la société. Ce modèle s’appuie sur l’autonomie des équipes et la conviction que chaque employé doit être pleinement lui-même pour apporter une valeur ajoutée à l’entreprise et que de cette manière l’entreprise saura mieux affronter la complexité du monde et trouver les moyens les plus efficaces.

Ce livre a aussi fait l’objet d’une version simplifiée et illustrée:

Le dessinateur, Etienne Appert, présente son travail et son apport de la manière suivante :

« Considérant que beaucoup de lecteurs pouvaient être intéressés par ce sujet, mais pas nécessairement prêts à lire 500 pages d’étude théorique sur le management, Frédéric m’a proposé de réaliser une version « grand public » du même livre. Nous avons co-construit un objet hybride, qui n’est ni un simple livre illustré, ni une pure bande dessinée, mais où textes et dessins ne cessent d’interagir pour un maximum de clarté et d’efficacité. Cela a amené Frédéric a réécrire entièrement son contenu, c’est donc bien un livre complétement nouveau que nous vous proposons. »

De nombreux articles évoquent l’intérêt de cet ouvrage :

Article dans l’OBS : «Nous n’avons pas besoin de patron»

Dans le Monde on insiste sur l’invention d’une autre façon d’organiser le travail

Ce site destiné au cadres en parle aussi

En tout cas, cet homme mérite d’être entendu et approfondi. Je vous renvoie vers la conférence en français : Conférence

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Jeudi 18 décembre 2014

« L’entreprise libérée »
Concept d’organisation de l’entreprise sans hiérarchie

Théorisé il y a plus de cinquante ans aux Etats-Unis, ce concept débarque en France dans les années 1980. La fonderie Favi, qui est le premier groupe à le tester, supprime les pointeuses et incite ses ouvriers à travailler sans hiérarchie.

« D’autres entreprises suivent, mais ce sont des cas isolés. Quelque chose change pourtant à la fin des années 2000 », estime Isaac Getz, coauteur de Liberté & Cie, Quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises (Fayard, 2012).

L’entreprise Chronoflex a fait la même démarche. France Inter, dans son émission « On n’arrête pas l’Eco » du samedi 13 Septembre a fait un reportage de 10 min sur « Le mouvement de libération des entreprises » en s’intéressant à cette entreprise. Les journalistes sont allés en reportage à l »entreprise ChronoFlex et son leader libérateur Alexandre Gérard y témoignent et quelques autres personnes y donnent leur avis.

Vous pouvez réécouter ce reportage ici (il se situe dans l’émission entre 23′ à 33′).

Pour Chronoflex c’est l’histoire d’un beau rebond. En 2009, le chiffre d’affaires de Chrono Flex s’effondre. Frappée par la crise, la PME spécialisée dans le dépannage de flexibles hydrauliques sur engins de chantier subit deux plans de licenciements. « Une expérience traumatisante que je ne souhaitais pas revivre, raconte Alexandre Gérard. C’est pourquoi je me suis intéressé à d’autres formes d’organisation. »

Le PDG du groupe révolutionne alors le management de Chrono Flex. Les salariés sont réorganisés en petites équipes géographiques, chacune cooptant son capitaine. Exit les contrôles et les symboles de pouvoir, place à la prise d’initiatives. Quatorze mois après ce changement de cap et dans une conjoncture toujours aussi morose, le chiffre d’affaires a augmenté de 15 %. Le taux d’absentéisme a chuté. « Et 2013 a été notre meilleure année depuis la création de l’entreprise », s’enthousiasme M. Gérard.

Aux Etats-Unis, l’e-marchand de chaussures Zappos a supprimé tous ses postes de managers pour mettre en place des équipes auto-organisées. En France, des entreprises comme Poult, Lippi et Chrono Flex optent aussi pour la déhiérarchisation.

La crise semble, en tout cas, avoir joué en faveur d’une responsabilisation des collaborateurs et d’une déstructuration de la bureaucratie hiérarchique. Le succès des sociétés qui ont osé le pari de la déhiérarchisation fait le reste. L’entreprise libérée est dans toutes les bouches.

Jean-François Zobrist, ancien directeur de la fonderie Favi et porte-parole de l’entreprise libérée, se dit ainsi de plus en plus sollicité. « J’ai eu 112 demandes d’intervention, en 2013, par des groupements de patrons, des grandes écoles, et surtout des entreprises. » Des PME, mais aussi des grands groupes. A l’image d’Auchan, qui a annoncé une révolution de son modèle d’organisation au profit d’un management en pyramide inversée.

« En période de crise, ce sont ceux qui sont le plus près du terrain qui comprennent le mieux les besoins des clients et qui peuvent y répondre », explique Jean-André Laffitte, DRH d’Auchan France. Déhiérarchiser, c’est responsabiliser tous les collaborateurs, mais aussi supprimer des échelons.

Je tire ces informations d’un article du Monde > <ICI mais il faut être abonné>

En m’intéressant à Chronoflex j’ai aussi trouvé ce lien vers le site du blog qui raconte leur histoire d’innovation et l’explicacation de leur philosophie « <Sur le chemin de la libération>

< Et ici un site consacré à l’entreprise libérée>

En espérant bientôt l’Administration libérée

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