Mercredi, le 21/10/2015

«Mon mandat ne provient pas du peuple européen.»
Cécilia Malmström (propos qui ont été rapportés par John Hillary)
La commissaire européenne chargée du commerce et donc des négociations du TTIP ou TAFTA
Négocié depuis le mois de juillet 2013, TAFTA, l’accord commercial trans-atlantique ou Trans-Atlantic Free Trade Agreement (aussi connu sous le nom de TTIP, Transatlantic Trade and Investment Partnership ou Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement) est un projet d’accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis. Il concerne des domaines aussi variés que l’accès aux médicaments, la sécurité alimentaire ou le règlement des différends privés-publics. Les négociations sont menées par un petit groupe de fonctionnaires non élus. Le plus grand secret entoure ces négociations.
L’objectif est de développer encore davantage le commerce transatlantique pour le plus grand profit des consommateurs, des affaires et plus probablement des 1% de « super humains » qui détiendront bientôt 50% des richesses de la planète.
Il s’agit d’une part de faire disparaître toutes les protections et particularités qui « empêchent de faire des affaires ». On discute ainsi de la possibilité d’importer des poulets nettoyés à l’eau de javel.
Mais le plus important est le fait de dé-saisir encore davantage les États de leur capacité de légiférer et de rendre la justice en matière d’économie.
Puisque la grande idée de ces « homo œconomicus » est de soumettre les décisions et les lois des États à l’arbitrage privé et ainsi contraindre les États à payer aux multinationales des dommages intérêts colossaux quand une décision de l’État leur porte préjudice.
<On apprend ainsi que le groupe énergétique public suédois Vattenfall réclame à l’Allemagne plus de 3,5 milliards d’euros>  parce que l’Allemagne a décidé souverainement de sortir de nucléaire et que cela est préjudiciable au groupe suédois.
On peut imaginer qu’une politique visant à limiter la consommation de tabac ou la production de gaz à effets de serre entraîne des pertes pour des multinationales présentes sur ce créneau. Un tribunal privé constatera ce préjudice, indiscutable du point de vue des affaires économiques, et condamnera donc l’État à indemniser l’entreprise privée.
L’État aura le choix entre ne pas légiférer ou faire payer les contribuables de son Etat des sommes considérables à des intérêts privés pour avoir le droit de faire des lois qui devraient protéger les citoyens.
C’est évidemment organiser un peu plus l’impuissance des Etats.
<Les porte-paroles des 1% nous avertissent : les Etats Unis ont conclu le partenariat transpacifique sans la Chine cependant> Bref nous autres européens allons devenir les « has been » de l’économie mondiale si nous n’empruntons pas la même voie.
Et c’est dans ce contexte que dans une interview au journal de Londres « The Independent », John Hilary, le directeur de l’organisation caritative « War on Want », engagée contre le TTIP, explique s’être rendu à Bruxelles pour discuter avec Cécilia Malmström, commissaire européenne chargée de cette négociation. John Hilary a relaté : «Lors de notre entrevue je lui ai demandé comment elle pouvait continuer sa promotion persistante du traité, devant une opposition publique aussi massive. Et sa réponse fut aussi froide que limpide : mon mandat ne provient pas du peuple européen.»
Depuis, la commissaire européenne a nié avoir prononcé ces mots comme le relate cet article : http://www.slate.fr/story/108271/cecilia-malmstrom-mandat-peuple-transatlantique.
Peut-on lui accorder le crédit de cette dénégation, quand cette personne fait partie d’une commission, dont le Président, Jean-Claude Juncker a dit : «Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens …» ?
Cette fois l’exemple de la rébellion vient de l’Allemagne : Le 10 octobre 2015, il y avait environ 150.000 et 250.000 personnes dans les rues de Berlin pour protester contre le traité transatlantique de libre-échange, le TTIP. Quelques jours auparavant, une pétition de plus de 3 millions d’Européens était remise par le collectif Stop TAFTA (l’autre nom du traité) à la Commission européenne.