Mardi 15 avril 2014

Mardi 15/04/2014
«[Je suis] Intrigué par le contraste entre le bilan de Napoléon, désastreux,
et la gloire qui s’attache à son nom avec cette récurrence de la tentation bonapartiste en France.»
Lionel Jospin

Lionel Jospin a considéré important de publier un livre sur Napoléon ou plutôt « Le mal napoléonien » titre de son livre publié au Seuil.

Important, parce que les français croient toujours à l’homme providentiel qui va régler leurs problèmes.

Probablement que dans un coin de vos réflexions et des miennes, il existe aussi cette tentation du « grand homme ».

Et les français sont restés fascinés par ce « grand homme » par excellence qu’était Napoléon.

Et c’est là que l’œil analytique et froid de Lionel Jospin démasque la réalité :

La France après Napoléon est moins puissante qu’avant lui, les élites intellectuelles européennes qui admiraient la France de la révolution, détestaient après lui ce peuple guerrier, arrogant et une France qui voulaient gouverner l’Europe.

Et enfin, pendant que la France faisait la guerre et envoyaient des milliers de ses enfants à la mort, l’Angleterre commençaient la révolution industrielle.

Le retard de la France est rapidement devenu énorme.

Laurent Joffrin interroge Lionel Jospin dans le Nouvel Obs.

Voici un extrait de cet entretien

« Le Nouvel Observateur
Un livre sur Napoléon. Etrange pour un socialiste… Vous avez été fasciné ?

Lionel Jospin
Non, intrigué. Intrigué par le contraste entre le bilan de Napoléon, désastreux, et la gloire qui s’attache à son nom avec cette récurrence de la tentation bonapartiste en France.

Napoléon a effectivement porté au plus haut la gloire française et il a répandu dans toute l’Europe les idées de la Révolution.

Napoléon n’a pas porté les idées de la Révolution, il les a détournées. Je ne sous-estime en rien le personnage. Mais je montre en quoi les quinze années du Consulat et de l’Empire ont été néfastes pour la France et pour l’Europe. Quant à son héritage, il reste quelques grandes institutions mais aussi une certaine nostalgie française de la grandeur factice, associée paradoxalement à un manque de confiance, qui conduit parfois nos compatriotes à soupirer après un pouvoir fort.

Vous avez donc écrit un réquisitoire…

Plutôt une démystification fondée sur les faits.

Quand vous observez la carrière météorique de Napoléon, vous vous apercevez qu’au bout de quinze ans le bilan de l’Empire est catastrophique ; la France sort de l’aventure avec une population stagnante, une puissance abaissée et un territoire amputé. Elle est détestée en Europe. Ses ennemis triomphent. Elle a entre-temps été dirigée par un pouvoir de plus en plus policier, emporté par la logique de la guerre et qui a cherché à dominer les autres peuples comme il a soumis le sien

[…]

Le bonapartisme est-il encore un danger aujourd’hui ?

Disons qu’on retrouve l’écho déformé de ses thèmes dans les partis populistes, en France et en Europe: la critique des «élites», l’appel au chef charismatique comme seul interprète des besoins du peuple. S’y ajoute la peur de l’étranger. Contre ces formes bâtardes du «mal napoléonien», l’antidote doit être une république exemplaire. »

<Article du nouvel Obs> et aussi <Ici l’émission du 03/06 des Matins de France Culture consacrée à ce livre>

<272>

Le mot du jour va de nouveau s’interrompre, au moins jusqu’au Mardi suivant le week end pascal.
Demain je vais à nouveau confier mon corps aux soins des médecins pour qu’ils puissent réparer les dommages qu’il a subis du fait de thérapies précédentes, visant à combattre un mal plus important.
Et si tout va bien je serai en mesure de reprendre rapidement mes activités.
Que les cloches de Pâques, en route vers Rome, illuminent votre weekend.