Jeudi 18 septembre 2014

Jeudi 18 septembre 2014
« Transhumanisme »
mouvement culturel et intellectuel
Les rencontres de Pétrarque de Montpellier de 2014 avaient pour thème cette année le Progrès en le confrontant à la politique, à l’économie et le 23 juillet à la technologie. Le thème de ce jour était : «  La révolution technologique nous promet-elle un monde meilleur ? ».
Un des invités, Jean-Michel Besnier, philosophe, professeur à la Sorbonne et à Sciences Po m’a particulièrement intéressé.
Il a consacré son intervention au mouvement des transhumanistes.
Dans nos contrées européennes, le concept de progrès, notamment depuis Hiroschima a du plomb dans l’aile. Bien sûr, nous utilisons tous avec ravissement et même quelquefois béatitude tous ces magnifiques outils qui nous permettent d’être connectés, de pouvoir obtenir plus d’informations que nous avons besoin en un clin d’œil, d’être magnifiquement guidé vers notre destination sans avoir besoin de lire, de comprendre, de s’encombrer d’une carte. Mais nous sommes méfiants par rapport au progrès, nous nous demandons s’il va bien toujours dans le bon sens.
Les adeptes du transhumanismes n’ont pas de telles pudeurs. Ce qui inquiète beaucoup Jean-Michel Besnier qui est l’auteur d’un livre « l’homme simplifié » (Fayard 2012) et dont le plaidoyer lors de cette émission m’a paru très convaincant :
Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques, ainsi que les croyances spirituelles afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains.
Les transhumanistes veulent s’appuyer sur la convergence de 4 disciplines NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives).
Bien sûr, ce mouvement est particulièrement présent en Californie et inspire singulièrement les grands majors technologiques américains, en premier lieu Google, et bien sûr Apple. Des conseillers proches du gouvernement américain sont très proches de ces thèses et de cette idéologie.
Jean-Michel Besnier cite notamment le rapport de 2003 de Roco et Bainbridge remis au président des Etats-Unis et où ces chercheurs pensent que la convergence technologique de ces disciplines permettra une « Nouvelle Renaissance ».
Jean-Michel Besnier cite aussi ce propos d’un transhumaniste français Jean-Michel Truong « Après la Shoah, on ne peut pas vouloir que l’avenir ait le visage de l’homme ». Ce dernier, dans ses rêves post-humain, a créé le concept du Successeur [à l’homme].
Jean-Michel Besnier se demande ce que nous allons perdre dans ce monde annoncé et rêvé des transhumanistes ? et il répond : la conscience, la réflexion, le désir, ce qui nous fait fondamentalement humain : la vulnérabilité.
Tout ceci pourrait apparaître comme de joyeux délires de quelques illuminés. Le problème c’est que les recherches technologiques actuelles ainsi que les forces de l’argent qui soutiennent ce projet rendent crédibles cette évolution inquiétante.
Car ce qui reste essentiel pour nous humains, c’est la civilisation dans laquelle nous souhaitons vivre et laisser vivre nos enfants ainsi que les valeurs qui sous-tendent cette civilisation et pas le résultat où nous amèneront des technologies sans limite et sans conscience.
Si le cœur vous en dit vous pouvez aller sur le site de l’association française de ces positivistes : http://transhumanistes.com/
Je voudrais finir en rappelant le mot du jour prophétique du Lundi 28 janvier 2013, Cité en préface par Armin Maalouf de son livre « Le dérèglement du monde » : « L’homme a survécu jusqu’ici parce qu’il était trop ignorant pour pouvoir réaliser ses désirs. Maintenant qu’il peut les réaliser, il doit les changer, ou périr. » William Carlos Williams (1883-1963)