Vendredi 26 septembre 2014

Vendredi 26 septembre 2014
« Le capitalisme [monte] à l’assaut du sommeil »
Jonathan Carry
Jonathan Crary est un universitaire américain qui a publié aux éditions Zones, « 24/7 – Le capitalisme à l’assaut du sommeil ».
Il explique que nous sommes entrés dans un système économique, social et politique promouvant l’idéal d’une vie sans pause, active à toute heure du jour et de la nuit, dans un état d’insomnie généralisée. Selon lui, aucun individu ne peut certes « consommer, jouer, travailler, bloguer, télécharger ou envoyer des SMS 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Mais comme il n’existe désormais plus aucun moment, aucun endroit ni aucune situation où l’on ne puisse pas acheter, consommer ou exploiter des ressources en ligne, le non-temps 24/7 fait une incursion acharnée dans tous les aspects de la vie sociale et personnelle ».
À l’instar de ses propres machines, l’humanité serait passée en « mode veille » : constamment disponible, toujours connectée, jamais vraiment à l’arrêt.
Nous apprenons qu’aux États-Unis, depuis le début des années 2010, le département de la défense a alloué de considérables sommes pour l’étude du bruant à gorge blanche, cet oiseau migrateur possédant la capacité très inhabituelle de pouvoir rester éveillé jusqu’à sept jours d’affilée en période de migration, dans l’idée de pouvoir créer « un soldat qui ne dorme pas ».
Cette volonté de disposer d’humains « capables de se passer de sommeil et de rester productifs et efficaces » est partagée par le capitalisme contemporain soucieux de vaincre ce dernier continent dont « on ne peut extraire de valeur ».
Bien que la privation de sommeil constitue une torture référencée utilisée en droite ligne du NKVD à la CIA et que « dans les expérimentations conduites en laboratoire, les rats meurent après deux ou trois semaines passées sans dormir », une partie de la recherche scientifique s’active donc à « réduire le besoin corporel de sommeil».
Si nous nous sentons crevés, c’est bien que nous ne dormons pas assez – ce que les études spécialisées sur la question du sommeil ne cessent de rappeler.
Les Français dorment en moyenne 7 heures et 13 minutes par nuit, mais la plupart d’entre eux jugent ce temps insuffisant par rapport au temps “nécessaire” à leur bien-être. Plus agités encore que nous, les Américains dorment 6 heures et demie par nuit, contre 8 heures pour la génération précédente et 10 heures au début du XXe siècle.
Confronté à cette compression, l’auteur cherche à comprendre pourquoi le sommeil, de plus en plus saccagé, reste le “dernier rempart à la pleine réalisation du capitalisme”. Car dans le paradigme néolibéral mondialisé, “le sommeil est fondamentalement un truc de losers”.
Si ce sujet vous intéresse je vous donne des liens ci-après parlant de ce livre :
Allez les amis, engageons la lutte contre le capitalisme, Soyons losers et dormons !