Vendredi 18/07/2014
[Après la sanction des Etats-Unis contre la BNP]
« les autorités européennes, grecques, italiennes… pourraient sanctionner Goldman Sachs pour avoir truqué les comptes publics grecs qui ont permis à Athènes d’entrer dans la Zone euro, et JP Morgan pour avoir vendu des prêts toxiques en Italie. »
« les autorités européennes, grecques, italiennes… pourraient sanctionner Goldman Sachs pour avoir truqué les comptes publics grecs qui ont permis à Athènes d’entrer dans la Zone euro, et JP Morgan pour avoir vendu des prêts toxiques en Italie. »
Gaël Giraud
Gaël Giraud est ce Jésuite, économiste et directeur de recherche au CNRS qui avait déjà été cité lors du mot du jour du 19 mars 2014.
Dans un article de l’Express, il s’exprimait un peu avant que l’amende ait été définitivement infligée par les Etats Unis à la BNP et donne une suggestion sur le bon usage que l’Europe pourrait en faire.
Il écrit notamment :
«Prétendre que BNP Paribas a respecté les lois françaises ou européennes et que la seule faute qui lui vaut une menace d’amende est l’utilisation du dollar relève de la mauvaise foi: les Etats-Unis ont toujours clairement signifié aux entreprises installées chez eux (où elles gagnent donc de l’argent, les Etats-Unis représentant plus de 10% du chiffre d’affaires de la BNP) qu’elles devaient respecter les embargos américains. Ce n’est pas au titre de l’utilisation du dollar que la première banque française se fait gourmander mais parce qu’elle était parfaitement informée qu’en ne respectant pas ces lois, elle prenait un gros risque. A ce titre, « l’Union Sacrée » qui s’est construite dans la presse française autour de ce qui pourrait devenir un BNPGate, avec ces cris d’orfraies au son de « Il faut sauver le soldat BNP » est confondante.
Autant que je sache, BNP Paribas est poursuivi pour avoir violé des embargos américains (à l’aide de dollars US compensés aux États-Unis) mais aussi pour avoir détruit des documents compromettants, entravant par là le cours de la justice, et accessoirement pour avoir traité les procureurs américains avec l’arrogance dont certains banquiers ne sont plus capables de se départir… J’en conclus, pour ma part, que, si sanction il y a, elle est légitime.
Dix milliards de dollars sont une petite somme pour ce monstre bancaire dont l’actif au bilan (1800 milliards d’euros fin 2013) est proche du PIB français (2000 milliards), et dont les fonds propres pèsent 90 milliards. Au pire, les actionnaires de la banque ne percevront pas de dividendes cette année. Ce sera leur contribution à la précarité dans laquelle les excès financiers (dont font partie les actions qui sont aujourd’hui reprochées à BNP Paribas) ont plongé une bonne partie des citoyens européens.
[…]
La bonne « réponse » à cette offensive de l’administration américaine n’est certainement pas de nous chercher des excuses pour que BNP Paribas échappe à la justice. Au contraire, les autorités européennes, grecques, italiennes… pourraient sanctionner Goldman Sachs pour avoir truqué les comptes publics grecs qui ont permis à Athènes d’entrer dans la Zone euro, et JP Morgan pour avoir vendu des prêts toxiques en Italie. «
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