La continuation de la série sur le choc des civilisations me donne du mal.
Il faut donc encore patienter, mais en attendant j’ai lu deux anagrammes que j’ai mis en forme dans un diaporama que je partage ici :
<1701>
La continuation de la série sur le choc des civilisations me donne du mal.
Il faut donc encore patienter, mais en attendant j’ai lu deux anagrammes que j’ai mis en forme dans un diaporama que je partage ici :
<1701>
La constitution d’un gouvernement en France est devenue délicate depuis dimanche…
Prenons un peu de recul et parlons d’autre chose.
Quoique, je me demande s’il n’est pas possible de trouver des correspondances entre notre situation politique française et le sujet du mot du jour d’aujourd’hui.
Commençons par un exemple audio qui nous met dans l’ambiance.
Même celles et ceux qui n’ont aucune affinité avec la musique classique connaissent le début du poème symphonique de Richard Strauss : « Ainsi parlait Zarathoustra ». Cette œuvre a été souvent utilisée dans la publicité et dans les films et notamment en ouverture du film « 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick », illustrant l’alignement entre la Lune, la Terre et le Soleil, ainsi que dans L’aube de l’humanité et dans la scène finale du film.
Je vous invite donc à écouter le début de cette œuvre, après avoir subi la publicité qui permet la gratuité, dans l’interprétation de l’orchestre du <Portsmouth Sinfonia : « Also sprach Zarathustra »>
C’est un moment décapant, absolument unique dont on sort par une espèce de sidération : C’est un disque qui a été enregistré et que des gens ont acheté !
<Portsmouth> est une ville portuaire de la côte sud de l’Angleterre qui compte 205 400 habitants et qui est la deuxième plus grande ville du Hampshire, après Southampton.
Et c’est dans cette rieuse cité qu’a commencé, en 1970, cette histoire étonnante que l’émission de « France Musique » : Maxxi Classique a raconté, le jour de la fête de la musique, le 21 juin 2022.
L’histoire est celle d’une initiative baroque du compositeur Gavin Bryars : créer le Portsmouth Sinfonia
Cet orchestre dispose d’une page Wikipedia : <Portsmouth Sinfonia>
Et aussi d’un site qui lui est dédié : https://www.portsmouthsinfonia.com/
On trouve de nombreuses références sur internet qui parle de cette expérience disruptive. Par exemple : « Je vous assure que cet orchestre joue faux ! »
Mais revenons à l’émission de France Musique < Le Portsmouth Sinfonia : Le pire orchestre du monde >
Le musicologue Max Dozolme narre cette histoire incroyable
« Mai 1970. Dans la cantine du College of Art de Portsmouth, des étudiants et des professeurs d’art prennent le thé. Ensemble, ils imaginent comment ils pourraient participer à une émission anglaise populaire qui doit avoir lieu dans quelques jours au sein de leur école. Cette émission qui porte le nom d’Opportunity Knocks est un télécrochet, une sorte d’ancêtre du programme La France a un incroyable talent. Ce jour-là, un professeur invité qui anime un cours sur la musique expérimentale a une idée ! Et si nous formions un orchestre symphonique qui réunirait des étudiants musiciens et non-musiciens ? Et si pour plus d’égalité, on demandait à tous ces étudiants de choisir un instrument qu’il ne maîtrise pas du tout ? Ça pourrait être une bonne idée non ?
Le professeur à l’origine de la fondation du Portsmouth Sinfonia se nomme Gavin Bryars. Il a 26 ans, il est compositeur, très bon contrebassiste mais dans cet orchestre qu’il vient de créer il a décidé de jouer de l’euphonium, l’instrument le plus grave du pupitre de cuivres. Comme de nombreux étudiants de l’orchestre ne savent pas lire de partitions et connaissent mal le répertoire symphonique, la première oeuvre que le Portsmouth Sinfonia a choisi d’apprendre est un tube de la musique classique. Un air que l’on entend dans des publicités, des dessins animés et des westerns qui a l’avantage d’être connu de tous. Il s’agit de l’ouverture de Guillaume Tell de Rossini !
Parce que même dans cette version saccagé le public a tout de suite reconnu le thème musical de Rossini et probablement parce le concept de cet orchestre a été jugé particulièrement original, le Portsmouth Sinfonia a été désigné grand vainqueur de l’émission Opportunity Knocks ! Ce succès a sans doute donné des ailes aux musiciens car après cette première expérience, la formation a donné plusieurs concerts dont un mémorable au prestigieux Royal Albert Hall de Londres en 1974 !
Pour la petite histoire, c’est grâce aux contacts de Brian Eno, membre éminent de l’orchestre que le Portsmouth Sinfonia a pu enregistrer son tout premier disque en 1973. Suivront un album de reprises de chansons salué par le chanteur des Who Pete Townshend et de nombreux autres concerts jusqu’à une dernière représentation donnée à Paris en 1980. Depuis cette représentation parisienne, le Portsmouth Sinfonia n’a plus jamais joué ensemble mais il a inspiré la création d’autres formations similaires et qui sait, peut-être qu’un jour cet orchestre se reformera, pour le meilleur et surtout pour le pire ! »
L’émission est enrichie par plusieurs extraits musicaux, interprétés ou plutôt massacrés par cet orchestre fantasque.
Max Dozolme résumait cet orchestre ainsi :
« le Portsmouth Sinfonia répétait avec sérieux, donnait des concerts au Royal Albert Hall et enregistrait des œuvres symphoniques. Problème, aucun musicien ne savait jouer de son instrument. […]
Toutefois, l’article cité : « Je vous assure que cet orchestre joue faux ! » précise : « Il n’y avait pas d’audition préalable , le seul critère d’admission était que le musicien ait une connaissance, au moins minimale, d’un instrument y compris pas du tout. Plus en détail, le processus était le suivant. Les musiciens les plus capables, disons crédibles, échangeaient leurs instruments avec d’autres, tandis que quelques interprètes d’un niveau « décent », conservaient le leur afin de préserver une certaine «cohérence» à minima. »
Libre à vous de trouver un lien entre ces instants de cacophonie et ce qui se passe actuellement dans les cercles du pouvoir à Paris.
<1686>
J’ai lu souvent ces derniers temps cette citation attribuée au célèbre écrivain américain né en Allemagne, Charles Bukowski :
« Le problème avec ce monde c’est que les gens intelligents sont pleins de doutes alors que les imbéciles sont pleins de certitudes. »
Ce remarquable écrivain a, hélas en France, une réputation entachée par sa désastreuse intervention dans « Apostrophes » de Bernard Pivot que Wikipedia rapporte de la manière suivante :
« En direct sur le plateau, Bukowski boit trois bouteilles de vin blanc au goulot puis, ivre, tient des propos incohérents, rejette brutalement la comparaison de son œuvre avec celle d’Henry Miller, tandis que François Cavanna — qui défendait l’œuvre et le personnage sur le plateau — tente vivement de le faire taire (« Bukowski, ta gueule ! »). Bukowski caresse le genou de Catherine Paysan, puis, las de la discussion qu’il trouve trop guindée, finit par arracher son oreillette et quitter finalement le plateau — ce que personne n’avait fait auparavant — sans que Bernard Pivot, découragé, ne cherche à le retenir. Hors caméra, il sort un couteau avec lequel il menace (« pour rire », selon lui) une personne chargée de la sécurité, ce qui lui vaut d’être maîtrisé et jeté hors des locaux d’Antenne. ».
Ceci ne diminue en rien ses talents d’écrivain, mais devrait mettre en garde tout le monde devant les méfaits de l’alcool qui conduisent à des comportements regrettables.
Il est possible que Bukowski ait écrit ou dit cette phrase pleine de sens.
Mais j’ai trouvé sur plusieurs sites et notamment ce site sérieux <Philosophie Magazine> et sous la plume très sérieuse de François Morel, une phrase exprimant exactement la même vérité mais attribué au mathématicien philosophe Bertrand Russell. : « Tout le problème de ce monde est que les imbéciles et les fanatiques sont toujours très sûrs d’eux, alors que les gens plus intelligents sont pleins de doute. »
François Morel a raconté en outre :
« Bertrand Russell est l’auteur de cette phrase qui lui a peut-être été inspirée par un souvenir personnel. Figurez-vous qu’il fut l’un des 24 survivants sur un total de 43 passagers d’un accident d’avion. Les victimes étant essentiellement dans la partie non fumeurs de l’appareil, le philosophe gallois put constater que le fait de fumer lui avait sauvé la vie. »
C’est une autre manière de parler du sujet de « l’ultracrépidarianisme » évoqué lors du mot du jour du <23 septembre 2020>
Le présent article a aussi pour objet d’annoncer le retour du mot du jour quotidien à partir du lundi 8 février 2021.
<1519>
Nous sommes donc à nouveau confinés.
Et que peut-on, le lendemain, raconter ?
Nous sommes dans notre gîte à songer….
Comme le lièvre dont La Fontaine parlait
Un Lièvre en son gîte songeait
(Car que faire en un gîte, à moins que l’on ne songe ?) ;
Dans un profond ennui ce Lièvre se plongeait :
Cet animal est triste, et la crainte le ronge.
« Les gens de naturel peureux
Sont, disait-il, bien malheureux.
Ils ne sauraient manger morceau qui leur profite ;
Jamais un plaisir pur ; toujours assauts divers.
Voilà comme je vis : cette crainte maudite
M’empêche de dormir, sinon les yeux ouverts.
Corrigez-vous, dira quelque sage cervelle.
Et la peur se corrige-t-elle ?
Je crois même qu’en bonne foi
Les hommes ont peur comme moi. »
Ainsi raisonnait notre Lièvre,
Et cependant faisait le guet.
Il était douteux, inquiet :
Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre.
Le mélancolique animal,
En rêvant à cette matière,
Entend un léger bruit : ce lui fut un signal
Pour s’enfuir devers sa tanière.
Il s’en alla passer sur le bord d’un étang.
Grenouilles aussitôt de sauter dans les ondes ;
Grenouilles de rentrer en leurs grottes profondes.
« Oh! dit-il, j’en fais faire autant
Qu’on m’en fait faire ! Ma présence
Effraie aussi les gens ! je mets l’alarme au camp !
Et d’où me vient cette vaillance ?
Comment ? Des animaux qui tremblent devant moi !
Je suis donc un foudre de guerre !
Il n’est, je le vois bien, si poltron sur la terre
Qui ne puisse trouver un plus poltron que soi. »
Le Lièvre et les Grenouilles
Jean de La Fontaine
Dans une autre fable, La Fontaine parlait de confinement.
Certain Ours montagnard, ours à demi léché,
Confiné par le Sort dans un bois solitaire,
Nouveau Bellérophon, vivait seul et caché.
Il fût devenu fou : la raison d’ordinaire
N’habite pas longtemps chez les gens séquestrés.
Il est bon de parler, et meilleur de se taire ;
Mais tous deux sont mauvais alors qu’ils sont outrés.
Nul animal n’avait affaire
Dans les lieux que l’Ours habitait ;
Si bien que tout Ours qu’il était,
Il vint à s’ennuyer de cette triste vie.
Pendant qu’il se livrait à la mélancolie,
Non loin de là certain Vieillard
S’ennuyait aussi de sa part.
Il aimait les jardins, était prêtre de Flore,
Il l’était de Pomone encore.
Ces deux emplois sont beaux ; mais je voudrais parmi
Quelque doux et discret ami.
Les jardins parlent peu, si ce n’est dans mon livre :
De façon que, lassé de vivre
Avec des gens muets, notre homme, un beau matin,
Va chercher compagnie, et se met en campagne.
L’Ours, porté d’un même dessein,
Venait de quitter sa montagne.
Tous deux, par un cas surprenant,
Se rencontrent en un tournant.
L’Homme eut peur : mais comment esquiver ; et que faire ?
Se tirer en Gascon d’une semblable affaire
Est le mieux : il sut donc dissimuler sa peur.
L’Ours, très mauvais complimenteur,
Lui dit : « Viens-t’en me voir. » L’autre reprit : « Seigneur,
Vous voyez mon logis ; si vous me vouliez faire
Tant d’honneur que d’y prendre un champêtre repas,
J’ai des fruits, j’ai du lait : ce n’est peut-être pas
De nos seigneurs les Ours le manger ordinaire ;
Mais j’offre ce que j’ai. » L’Ours l’accepte et d’aller.
Les voilà bons amis avant que d’arriver ;
Arrivés, les voilà se trouvant bien ensemble :
Et bien qu’on soit, à ce qu’il semble,
Beaucoup mieux seul qu’avec des sots,
Comme l’Ours en un jour ne disait pas deux mots,
L’Homme pouvait sans bruit vaquer à son ouvrage.
L’Ours allait à la chasse, apportait du gibier ;
Faisait son principal métier
D’être bon émoucheur ; écartait du visage
De son ami dormant ce parasite ailé,
Que nous avons mouche appelé.
Un jour que le Vieillard dormait d’un profond somme,
Sur le bout de son nez une allant se placer
Mit l’Ours au désespoir ; il eut beau la chasser.
« Je t’attraperai bien, dit-il, et voici comme. »
Aussitôt fait que dit : le fidèle émoucheur
Vous empoigne un pavé, le lance avec raideur,
Casse la tête à l’Homme en écrasant la mouche ;
Et non moins bon archer que mauvais raisonneur,
Raide mort étendu sur la place il le couche.
Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami ;
Mieux vaudrait un sage ennemi.
L’ours et l’amateur des jardins
Jean de La Fontaine (1621-1695)
Pendant le confinement de la première vague Fabrice Luchini avait enregistré et diffusé sur Instagram des fables de la Fontaines.
Un internaute a compilé ces enregistrements dans une vidéo que vous trouverez <ICI>
La première fable de cette série est l’ours et l’amateur des jardins.
Il cite le début du lièvre et des grenouilles vers la 16ème minute.
<1478>
Je ne m’arrêterai pas aux éructations d’Erdogan qui poursuit d’autres projets que la simple défense des musulmans « maltraités en France ».
L’Elysée a vivement réagi aux insultes du sultan de Turquie et a rappelé son ambassadeur d’Ankara, un geste diplomatique très fort, le précédent date de 1901.
La Présidence Française a aussi dressé le constat de :
« L’absence de toute marque officielle de condamnation ou de solidarité des autorités turques après l’attentat terroriste de Conflans-Sainte-Honorine »
Mais c’est une vague de fond dans les pays musulmans contre notre liberté de critiquer et de se moquer de toutes les religions.
Il n’existe pas une hiérarchie sunnite, ni quelque chose d’équivalent au Pape dans l’islam sunnite. Cependant l’Université d’Al-Azhar du Caire qui est une institution islamique sunnite d’enseignement, a commencé sa mission en 988, elle est l’un des plus anciens lieux d’enseignement islamiques au monde et constitue une référence.
<Wikipedia> précise que :
« Selon l’article 2 de cette loi, al-Azhar « est un organisme savant islamique qui cherche à préserver, à étudier, à divulguer et à diffuser le patrimoine islamique, à diffuser le message islamique qui a été confié, à tous les peuples et à le promouvoir, à montrer l’islam et son influence sur le progrès de l’humanité, le développement de la civilisation, le maintien de la paix, la tranquillité et la paix d’esprit de tous les peuples, ici et maintenant».
Cette Université est présidée par cheikh Ahmed al-Tayeb qui a condamné mardi 20 octobre la décapitation d’un professeur en France, « un acte criminel odieux» mais il a tout de suite ajouté qu’insulter les religions au nom de la liberté d’expression constitue «un appel à la haine».
<Le Figaro> précise que
« Il s’exprimait à distance dans un discours lu à Rome, sur la célèbre place du Capitole, devant un prestigieux parterre de leaders religieux du christianisme, du judaïsme et du bouddhisme – dont le pape François, le patriarche oecuménique Bartholomée ou encore le grand rabbin de France Haïm Korsia- qui se sont retrouvés mardi pour signer un appel commun à la paix.
«En tant que musulman et grand imam d’Al-Azhar, je déclare que l’islam, ses enseignements et son prophète n’ont rien à voir avec cet acte criminel odieux», déclare en arabe le grand imam sunnite dans ce discours. «Dans le même temps, j’insiste sur le fait qu’insulter des religions et attaquer leurs symboles sacrés au nom de la liberté d’expression est un double standard intellectuel et un appel à la haine», a-t-il ajouté.
«Ce terroriste ne représente pas la religion du prophète Mahomet», a encore commenté le grand imam d’Al-Azhar, dans son discours traduit de l’arabe par l’AFP. L’institution islamique sunnite avait qualifié début septembre d’«acte criminel» la réédition en une du journal français Charlie Hebdo des caricatures du prophète Mahomet à l’occasion du procès des attentats djihadistes de janvier 2015 en France.
Et en octobre elle avait jugé « raciste » le discours du président français Emmanuel Macron contre le « séparatisme islamiste », dénonçant des « accusations » visant l’islam.»
C’est très clair, il ne fallait pas tuer, mais car il y a toujours un mais ce n’est pas bien ce que fait, ce que dit la France sur le rire, la caricature et l’humour sur les religions. Car il s’agit bien de la France, Samuel Paty dans son enseignement était le digne représentant des valeurs de la France. Cela crée bien sur une ambiance, un climat dans lequel des illuminés pensent qu’ils peuvent passer à des actes violents.
Par ailleurs, cheikh Ahmed al-Tayeb a exprimé une demande bien précise : l’adoption d’une législation mondiale sur la « diffamation des religions et de leurs symboles sacrés »
Je ne me lasserai pas de rappeler que si dans la déclaration universelle des droits de l’homme, il n’a pas été mentionné qu’on avait le droit de changer de religion c’est en raison de l’opposition de pays musulmans.
Dans ces domaines nous ne sommes vraiment pas dans le même camp.
Quand sur Twitter, immédiatement après l’assassinat de Samuel Paty, j’ai réagi pour défendre nos valeurs et notre liberté, tout de suite quelqu’un a réagi en me répondant
« Qu’est ce que tu dirais, si on pissait sur ton prophète ? »
Dès lors, on constate que notre position n’est pas admise dans beaucoup de pays musulmans.
Et c’est ainsi que « Le Monde » a publié ce mardi un article : « Colère grandissante du monde musulman contre Macron ». Même les opposants de Macron doivent comprendre qu’ici il n’est pas question de l’homme politique qu’ils combattent mais du Président de la République que les manifestants voient comme l’image de la France.
L’Arabie saoudite ce pays de l’intolérance et des mœurs archaïques ne se tait pas :
« Considérée comme une alliée de la France, l’Arabie saoudite a condamné à son tour les représentations jugées offensantes du prophète Mahomet, rapporte l’agence Reuters. »
Au Bangladesh,
« Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté mardi à Dacca, appelant au boycott des produits français et brûlant une effigie d’Emmanuel Macron […]. Selon la police, plus de 40 000 personnes ont participé à cette marche organisée par l’Islami Andolan Bangladesh (IAB), l’un des principaux partis islamistes bangladais […] « Macron fait partie des quelques dirigeants qui adorent Satan », a déclaré à la foule rassemblée à la mosquée Baitul Mukarram un haut responsable de l’IAB, Ataur Rahman. Il a appelé le gouvernement bangladais à « mettre dehors » l’ambassadeur français. Un autre dirigeant islamiste, Hasan Jamal, a pour sa part, déclaré que les protestataires allaient « mettre à terre chaque brique » de l’ambassade si l’ambassadeur n’était pas renvoyé. »
Et aux Emirats :
« Le Conseil des sages musulmans, sis à Abou Dhabi, a, de son côté, annoncé son intention de poursuivre Charlie Hebdo. Ce conseil, regroupant des dignitaires musulmans de divers pays, « a décidé de mettre en place un comité de juristes internationaux pour poursuivre en justice Charlie Hebdo », fait savoir un tweet publié mardi sur le compte de l’institution sunnite Al-Azhar, située au Caire. Le conseil, présidé par le grand imam d’Al-Azhar, affirme qu’il envisage également de « poursuivre en justice quiconque offense l’islam et ses symboles sacrés ».
« La liberté d’expression (…) doit respecter les droits d’autrui et ne devrait pas permettre d’utiliser les religions dans les marchés de la politique ou dans la propagande électorale », affirme le conseil. »
Et en Algérie :
« Décapitation de Samuel Paty : le Haut Conseil Islamique algérien condamne la campagne « enragée » contre la « religion de paix » et fustige les « dépravés qui prétendent s’exprimer au nom de la liberté d’expression » »
Devant cette déferlante sommes nous soutenus par les pays occidentaux ?
Certes ils condamnent tous l’acte terroriste, mais ils ne soutiennent pas la liberté d’expression à la Française.
Les pires sont certainement les américains.
Immédiatement après l’assassinat de Samuel Paty a circulé sur la toile cette photo d’un texte sensé avoir été publié par le New York Times
Mais le site <Des décodeurs> du Monde nous apprend que ce texte est de 2015 et :
« Ce joli texte de soutien à la France, dont on a pu lire qu’il était extrait d’un éditorial, est en fait un commentaire publié dans la nuit de vendredi à samedi sur le site du New York Times »
Ainsi le New York Times officiel a titré après l’attentat terroriste :
« La police française tire et tue un homme après une attaque mortelle au couteau dans la rue »
Ce journal réputé de gauche et progressiste a donc traduit ce qui s’est passé à Conflans saint Honorine comme une vulgaire bavure policière.
La victime principale semble être le terroriste tchétchène.
Heureusement que des américains ont protesté. Ainsi une journaliste américaine Claire Lehmann a twitté :
« Un professeur de collège est décapité pour avoir blasphémé en France – la plus laïque des nations – et le New York Times titre comme cela »
Alors le New York Times a fait un effort et a modifié son titre :
« La police française tue un homme qui venait de décapiter un professeur dans la rue »
Est-ce vraiment mieux ?
Le point essentiel reste que la police a tué un homme.
Ce titre révèle bien sur la condamnation sur le fond. Le New York Times est désormais totalement paralysé par le risque de pouvoir choquer, blesser une communauté particulière qu’il a renoncé de publier des dessins de Presse,
Il n’est pas isolé, cette vision est celle de la plupart des médias que nous pensons progressistes aux Etats-Unis.
Bien sûr, il existe au sein même du monde musulman des hommes et des femmes qui se lèvent et soutiennent la France : Kamel Daoud, Boualem Sansal.
Mais globalement l’air du monde ne sent pas bon.
Le plus probable c’est que par lâcheté, par lassitude, pour l’économie nous allons nous coucher. Il n’y aura plus de caricature, plus que des critiques très modérés de ces machines religieuses qu’on n’aurait pas le droit de blesser.
Je le regrette profondément, les pays dans lesquels la religion est religion d’État que ce soit dans le passé ou aujourd’hui, ne sont pas des pays où il fait bon vivre, rire et réfléchir.
Vous pouvez lire avec beaucoup d’intérêt ce bel entretien de Caroline Fourest :
« Nous sommes l’un des rares pays à regarder le fanatisme dans les yeux »
<1477>
Au départ, il y a ce dessin partagé par mon ami Lucien sur Facebook
Lucien avait lui-même partagé le dessin qui avait été initialement publié par une personne se faisant appeler « Citoyen du monde » et qui se définit ainsi :
« Personne qui pense que les habitants de la Terre ne forment qu’un peuple commun et que les droits et les devoirs sont universels. Il privilégie l’intérêt du monde par rapport aux intérêts nationaux … »
Je suis, en effet, terrien et vous aussi.
Nous sommes terriens et nous habitons la terre, avec beaucoup d’êtres vivants, animaux, végétaux, bactéries et autres.
Et nous avons beaucoup de problèmes à résoudre pour que la terre continue à être accueillante pour tous ceux qui y habitent : réchauffement climatique, diminution de la biodiversité, contraintes sur les ressources, impact d’homo sapiens sur l’écosystème, conflits entre les Etats…
Alors je sais bien que le plan A de quasi tous les gouvernants de Macron à Trump, en passant par Xi Jinping ou Boris Johnson est que le génie de l’homme va trouver des solutions innovantes et techniques qui permettront de résoudre tous nos problèmes.
Il existe selon certains, un plan B dans lequel une aide extérieure à laquelle ils donnent le nom de Dieu va régler tous ces problèmes. En ce qui concerne les chrétiens que je connais le mieux, cette phase de solution dans laquelle Dieu vient résoudre les difficultés, passent par un jugement dernier dans lequel un grand nombre va passer un sale quart d’heure.
J’ai quelques doutes sur ces deux plans.
Il reste le troisième dans lequel, il y a une prise de conscience collective qui nous fait comprendre que nous sommes tous terriens et que nous avons avec notre descendance un destin commun, sur l’unique planète qui est à notre portée.
Je pense qu’il est rationnel de penser à ce plan C.
<1475>
Samuel Paty était accusé d’être islamophobe par certains parents d’élèves musulmans du collège dans lequel il enseignait.
Et il a été assassiné par un fou qui était de religion musulmane et qui croyait cette accusation exacte.
Il existe d’ailleurs, une officine trouble dont j’ai déjà parlé et qui a pour nom Collectif Contre l’Islamophobie en France et dont le site se trouve derrière ce lien : https://www.islamophobie.net/
J’avais déjà exprimé mon malaise par rapport à ce mot piège lors du mot du jour du 6 février 2020 : « islamophobie ».
Une phobie (du grec ancien φόβος / phóbos, frayeur, crainte ou répulsion) est une peur démesurée et dépendant d’un ressenti plutôt que de causes rationnelles, d’un objet ou d’une situation précise.
L’islamophobie est donc la crainte, la frayeur devant l’islam.
Alors, je vais vous soumettre une liste :
2012
Les 11 mars 2012, 13 mars 2012, 19 mars 2012, tueries à Toulouse et Montauban faisant 7 morts dont 3 enfants et 6 blessés.
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
Evidemment c’est un peu long, mais ce n’est pas de mon fait.
Si vous voulez des liens et des précisions sur cette énumération, vous la trouverez sur cette page <Wikipedia>
Mais au bout de cette énumération, de ce qui s’est passé en France depuis 2012, n’est-il pas légitime d’avoir peur, d’avoir une phobie ?
D’ailleurs, je concède lorsque parfois je vois entrer, dans le métro, un homme barbu vêtu d’une longue tunique que je crois être un « qamis » une peur instinctive me saisit. Peur que je raisonne, en me disant qu’il n’y a aucune raison que cet homme ait de mauvaises intentions, comme 99,x % des musulmans habitant en France.
Mais pendant quelques secondes je deviens ainsi « islamophobe », mais non « anti-musulman ».
Bien sûr, il y a stigmatisation des musulmans en France, il existe une haine anti musulman que professent certains.
Il en est même qui leur envoie l’injonction de retourner chez eux, en Musulmanie je suppose, alors que la plupart à qui est adressée cette vilenie, sont français.
L’islam constitue une réalité française, des citoyens sont musulmans et ont autant de valeur et d’importance que des citoyens chrétiens, juifs, athées et tous les autres.
Mais l’usage du mot islamophobie est une imposture, une volonté délibérée de refus de critiquer et de se moquer des religions comme de toute autre doctrine.
Derrière ce mot se cache une intolérance, une violence, un dessein secret.
J’ai beaucoup aimé la chronique de Sophia Aram de ce lundi, dans laquelle après avoir longuement remercié les enseignants qu’elle a eu au cours de sa scolarité elle dit cela :
« Je pense à notre responsabilité et à notre devoir de lutter contre les véritables promoteurs de ces attentats.
Notre rôle à l’égard de tous ceux qui entretiennent, encouragent et organisent la posture victimaire en expliquant qu’ils sont choqués, blessés, meurtris, par… Par un DESSIN.
Je pense à ce père d’élève faussement « dévasté » et claaamant sa peiiiine sur les réseaux sociaux tout en créant les conditions d’une mise à mort en publiant le nom et le lieu de travail de sa cible…
Je pense à cet agitateur qui se prétend Imam et qui l’accompagne dans cette entreprise macabre. Je pense à son petit air triste et tout chamboulé, horrifié par le dessin du cucul étoilé du prophète mais pas du tout gêné par son appel, dont il sait déjà qu’il fera office de condamnation à mort.
Mais comment ces deux faussaires arriveraient-ils à faire croire à leur blessure et à condamner à mort un homme, s’il n’y avait pas une cohorte de lâches prêts à comprendre, à justifier et à légitimer quotidiennement l’hypothèse qu’un croyant puisse être sincèrement blessé, meurtri et humilié par UN DESSIN.
Comment y arriveraient-ils sans tous ceux qui leur préparent le terrain en assimilant la caricature d’un prophète ou d’un symbole religieux à du racisme ?
Comment y arriveraient-ils sans les promoteurs du concept d’islamophobie ?
Sans ces associations communautaires et religieuses spécialisées dans la plainte victimaire ?
Enfin, comment y arriveraient-ils sans tous ces décérébrés, qu’ils soient militants, universitaires ou animateurs télé, venant dégouliner leur compassion morbide sur les musulmans pour leur expliquer « qu’il est normal, compréhensible d’être bouleversé, meurtri, blessé par un putain de DESSIN.
Je pense à vous, à vos faux semblants, à vos appels au meurtre à peine voilés, à votre médiocrité et votre condescendance.
Sachez que du plus profond de mon être je ne crois pas un seul instant à votre douleur.
Alors ne me parlez plus de votre blessure, elle est indécente face à la douleur bien réelle de tous ceux, dessinateurs, professeurs ou autres qui ont un jour fait le choix d’essayer de vous rendre moins cons. »
Elle a appelé sobrement sa chronique <Samuel Paty>
Et si vous souhaitez écouter une émission plus conceptualisée et historicisée, vous pouvez écouter le grand historien Michel Winnock qui était l’invité des matins de France Culture de ce mardi : <Où s’apprend la laïcité ? Avec Michel Winock>
Michel Winnock exprime les mêmes réticences devant l’utilisation suspecte du terme d’islamophobie, ce mot utilisé par des intolérants qui n’aiment pas la France, ni la culture et les mœurs de notre vieux pays.
<1474>
La terreur islamiste a de nouveau frappé la France. Une fois de plus le prétexte fut le rire, un dessin, une caricature.
En janvier 2015, après les attentats des 7, 8 et 9 janvier à Charlie Hebdo, Montrouge et à l’Hyper Cacher, j’avais écrit le mot du jour du <12 janvier 2015> qui était une réflexion sur le rire, sur sa force et l’arme qu’il constitue contre les intolérants, les totalitaires de toute obédience et parmi lesquels les fanatiques religieux constituent une des pires espèces.
Pour ce faire, je m’étais appuyé sur «le nom de la Rose» d’Umberto Ecco et cette diatribe du moine fanatique qui empoisonnait ses frères religieux qui s’intéressaient à un livre qui évoquait le rire :
« Le rire libère de la peur du diable, […]
Le rire distrait, quelques instants de la peur.
Mais la loi s’impose à travers la peur, dont le vrai nom est crainte de Dieu. […]
Et que serions nous, nous créatures pécheresses, sans la peur, peut être le plus sage et le plus affectueux des dons divins ? »
Ce lundi matin Guillaume Erner en se basant lui aussi sur «le nom de la Rose» a également parlé du rire dans sa chronique : « L’Humeur du matin par Guillaume Erner » :
<Qu’est ce qui a été visé en Samuel Paty ? >
Et la réponse de Guillaume Erner est :
« A peu près tout ce que nous aimons, le savoir, le partage, la tolérance, mais aussi, le rire, le rire qui récapitule probablement ce qui précède, le savoir, le partage et la tolérance. »
Et il ajoute :
« […] Le terroriste qui a frappé au nom de l’islam ne s’est pas seulement attaqué à un enseignant professant le dialogue et l’ouverture, la laïcité et la coexistence, il s’en est pris à quelqu’un qui enseignait le rire.
Ce qu’il y a de plus singulier dans ces assassinats, tellement nombreux hélas, depuis le premier attentat contre Charlie Hebdo, c’est que ces terroristes visent le rire. Ces fanatiques ne s’en sont pas pris à des prêcheurs d’intolérance, à des promoteurs de la haine, non ils s’en sont pris à des dessinateurs de crobar, ou à ceux qui montraient ces petits crobars. Pourquoi cette obsession ? Pourquoi cette réaction inouïe face à des dessins humoristiques ? […]
En réalité, cela fait des siècles que les fanatiques haïssent « l’humour ». Cette haine est d’ailleurs au cœur de l’un des plus grands romans historiques du XXe siècle, « Le nom de la rose », d’Umberto Eco. Souvenez-vous, dans le « nom de la rose », le personnage central Guillaume De Baskerville est un jeune franciscain amoureux du rire, il affronte le vieux moine aveugle, contempteur du rire, Jorge de Burgos. D’ailleurs il est largement question, dans le nom de la rose, non pas des caricatures de Mahomet, mais d’un de leurs équivalents pour l’église du Moyen Âge, le texte parodique et truculent des « Cena Cypriani », rédigé au IX e siècle, ou il est notamment question d’un banquet ou Jésus mange un âne à belles dents…
Or l’église condamne le rire ; il n’y a pas de passage présentant Jésus riant, et la règle monastique de Saint Benoit interdit « le rire prolongé ou aux éclats ».
Pourquoi cette haine du rire ?
Parce que le rire est la libre interprétation – il doit permettre une lecture au premier, deuxième ou troisième degré ? On peut rire ou ne pas rire, le rire est de la liberté, et souvent on n’y peut rien : il n’y a rien de pire que de se forcer à rire.
D’où ce que Guillaume de Baskerville répond au moine Jorge de Burgos dans la scène finale : « le diable est la foi sans sourire (…). Je te hais Jorge, et si je pouvais je te mènerai en bas sur le plateau, nu avec des plumes de volatile enfilées dans le trou du cul, et la face peinte comme un jongleur et un bouffon, pour que tout le monastère rie de toi, et n’ait plus peur ».
Guillaume avait raison, rire des fanatiques est la meilleure manière de les montrer pour ce qu’ils sont, des bouffons. »
Cette chronique renvoie aussi vers un article qui évoque le sujet du rire et de la religion, dans le Nom de la Rose : <Problématique du rire dans Le Nom de la Rose d’Umberto Eco (1980)>
<1473>
La réputation de la langue allemande a beaucoup souffert des errements des allemands lors de la première moitié du XXème siècle. Pour beaucoup c’était devenu la langue des nazis et de la Gestapo. Les films montraient des gens en uniforme, agressifs voire carrément odieux et qui vociféraient des ordres ou des injures dans la langue de Goethe.
Il ne faut cependant pas oublier que la langue allemande est aussi la langue de Goethe, de Rilke dont j’ai parlé récemment et aussi des grands philosophes allemands.
Et c’est probablement pour aider les philosophes dans leurs réflexions que l’allemand offre des mots qui n’existent pas dans les autres langues.
<Le mot du jour du 15 avril 2019> avait pour objet un tel mot : « Die Heimat »
Aujourd’hui l’actualité me donne l’occasion de parler d’un autre mot intraduisible par un mot français : « Schadenfreude ». Cette fois ce mot utilise cette facilité de la langue allemande de construire un mot en accolant deux autres mots.
« Schaden » signifie le dommage ou le dégat. Et « Freude », tout le monde le sait grâce à Schiller et à Beethoven signifie « joie ».
Il y a bien une expression française qui permet de traduire ce mot : « Se réjouir du malheur d’autrui ».
Guillaume Erner dans la petite chronique qu’il tient au début « des matins de France Culture » avait consacré celle du < 02/07/2018> à «Schadenfreude, la joie mauvaise à l’idée du malheur d’autrui »
Il avait abordé ce sujet de cette manière :
« Ça n’est pas très avouable, mais puisque l’on est entre nous on peut se le dire : être heureux ne suffit pas, ce qui importe c’est que les autres soient malheureux. Ce principe c’est la notion que Freud a nommé la Schadenfreude – la joie mauvaise à l’idée du malheur d’autrui.
Ce principe est en réalité beaucoup plus puissant que les multiples méthodes proposées aujourd’hui pour nous apprendre à être heureux. Beaucoup de sages et de moins sages, de psy quelque chose, bref des bonheurologues nous proposent d’éprouver le plaisir de la joie d’être heureux.
Et à chaque coup, ça ne rate pas, ça rate.
Si ces méthodes destinées à être heureux seul, ou en couple, pire en famille, et pourquoi pas en troupeau, si ces méthodes avaient la moindre efficacité, vous vous doutez bien que la consommation de psychotropes, drogue et alcool aurait chuté – si les méthodes de « Self Help » comme on dit aux Etats unis pour qualifier ce rayon gigantesque dans les libraires, si ces méthodes ne fonctionnent pas, c’est peut être parce que l’on est trop angélique.
En réalité, ce qu’il faut pour nous sentir bien, ça n’est pas seulement être heureux, c’est aussi et surtout savoir que les autres sont malheureux. Cette certitude est bien antérieure à Freud – Aristote en avait déjà fait la remarque dans l’Ethique à Nicomaque.
Chez Aristote on trouve un mot nouveau Epichairekakia, un mot qui peut se traduire littéralement par joie née du mal, terme qui désigne la vilaine émotion que ressent celui qui, loin de s’affliger du malheur des autres, s’en réjouit. Beaucoup de temps a passé depuis Aristote, mais ce sentiment demeure – c’est lui qui explique que l’on puisse rire bêtement quand quelqu’un tombe, sentiment tellement présent qu’il a donné naissance a des heures de programme télévisés, les calamiteux sottisiers.
Plus encore, si l’on en croit Spinoza, une bonne part de la compassion serait de la Schadenfreude. Nous plaignons quelqu’un pour sa souffrance, on prend de ses nouvelles, mais en réalité, une joie mauvaise bouillonne en nous, la compassion serait ainsi bien souvent un sentiment ambivalent. »
Il donne ainsi parfaitement raison à la psychologue « Lea Boecker » qui explique dans le journal allemand <der Spiegel> :
« Schadenfreude ist ein allgemeinpsychologisches Phänomen. Menschen auf der gesamten Welt empfinden sie. Sogar in Ländern, in denen es nicht einmal ein Wort für Schadenfreude gibt. »
Ce que je traduirai de la manière suivante : « Schadenfreude constitue un phénomène universel que les humains du monde entier éprouvent même dans les pays où le mot « Schadenfreude » n’existe pas ».
Le Spiegel vient de publier cet article récent en utilisant le mot Schadenfreude pour la raison que Donald Trump vient d’attraper la COVID 19 et que certains éprouveraient une joie mauvaise à cette nouvelle.
Le journal pose la question à la psychologue pour savoir si cela est permis ?
A priori les gouvernants du monde n’expriment pas un tel sentiment. Tous ont manifesté de la bienveillance et souhaité un prompt rétablissement au président des États-Unis.
Nous ne pouvons que faire de même et ne pas éprouver de « Schadenfreude » devant cette épreuve que traverse Donald Trump.
Toutefois, il ne me semble pas incongru de penser, comme l’ont fait d’autres avant moi, que c’est bien la première fois, depuis quatre ans qu’il est président des États-Unis, qu’il y a quelque chose de positif chez Trump.
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Au commencement, il n’était pas question de « point » mais de Loi Godwin et cette dernière s’appliquait aux discussions en ligne. Reprenons cela.
C’est un avocat américain qui s’appelle Mike Godwin qui a énoncé cette Loi empirique en 1990 :
« Plus une discussion en ligne dure, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de un. »
Ce qui signifie que la probabilité qu’elle se réalise est proche de 100%
Xavier de La Porte avait consacré une chronique en 2014 à ce sujet : <Pour en finir avec le point Godwin>. Il rappelle que Mike Godwin a réalisé ses observations sur Usenet qui constituait des prémices de l’Internet .
C’est pourquoi cette règle s’appliquera facilement à Internet dans une logique de continuité.
Xavier de La Porte fait remonter cette Loi à un philosophe allemand :
« En fait, Mike Godwin applique aux conversations en ligne un phénomène identifié dès le début des années 1950 par le philosophe Léo Strauss sous le nom de « reductio ad hitlerum » (« réduction à Hitler »), et qui consiste à disqualifier l’argumentation de l’adversaire en l’associant à Hitler, au Nazi ou à toute autre idéologie honnie de l’Histoire. »
<Wikipedia> est une nouvelle fois d’un grand secours et permet d’apporter à la fois des nuances et des précisions.
Dans son application première, la Loi de Godwin entend conceptualiser ce moment où l’argument disparaît pour être transformé en des analogies extrêmes essayant de discréditer la position de l’adversaire. Il constitue aussi l’arrêt de la discussion puisque les arguments cessent.
La nuance est que la comparaison avec les nazis n’est pas toujours une figure rhétorique mais peut être légitime quand des paroles ou des actions peuvent rappeler l’époque nazi. C’est le cas lorsque certains commencent à évoquer des discriminations ethniques ou religieuses.
Par exemple, Mike Godwin est intervenu lui-même dans la presse au cours des manifestations de Charlottesville d’août 2017 (rassemblant des supremacistes blancs, des néonazis et d’autres branches de l’alt-right américaine) pour dire que, bien sûr, les participants aux marches pouvaient être comparés à des nazis :
Mais ce n’est pas dans ce cas que la Loi Godwin est pertinente. Il faut plutôt que le sujet de la discussion soit très éloigné d’un quelconque débat idéologique, une comparaison de ce genre est alors considérée comme un signe d’échec de la discussion.
Wikipedia précise :
« Selon Mike Godwin, « le point Godwin » est une expression qui s’est développée dans les milieux francophones : « Pour être tout à fait clair, j’ai inventé la « loi de Godwin », pas « le point Godwin » – cette expression s’est développée chez les francophones. Ceux-ci parlent de « point Godwin » quand ils atteignent, dans la discussion, le stade de la comparaison avec les nazis : ils se décernent mêmes des « points Godwin » par dérision ! J’apprécie cette inventivité linguistique mais, à ma connaissance, cette expression est propre aux francophones.»
C’est pourquoi je trouve intéressant de parler de « point » à partir duquel il est temps de clore le débat, dont il ne sortira plus rien de pertinent.
On dit que l’on a atteint le « point Godwin » de la discussion. Wikipedia analyse :
« Bien que le point Godwin ait originellement le sens de « point de non-retour », les francophones jouent sur deux sens du mot « point », qui peut désigner :
Recevoir un point Godwin devrait faire réaliser qu’on a été ridicule dans son argumentation.
Il existerait même des « remises de prix » publiques de points Godwin.
Depuis, le point Godwin s’est étendu à d’autres sphères qu’internet.
Par exemple le domaine politique : Le chef d’Etat Recep Tayyip Erdogan, en 2017 a comparé les Pays-Bas et l’Allemagne aux nazis parce que ces deux pays européens avaient refusé l’organisation de meeting turc sur leur territoire.
Pourquoi je parle aujourd’hui du point Godwin ?
Parce que je n’en ai jamais parlé et que cela étend encore les sujets évoqués par le mot du jour.
Mais aussi, parce qu’il a été atteint dans les élections municipales et métropolitaines à Lyon.
Vous savez qu’il est possible que les écologistes s’emparent de la mairie de Lyon et aussi de la métropole de Lyon. C’est pour cette raison que Gérard Collomb s’est associé à la Droite pour éviter ce résultat.
Dans un premier temps, assez naturellement Collomb et ses alliés ont traité les écologistes d’incompétents.
Puis, ils sont allés plus loin, comme le rapporte de journal <Les Echos> Ils les ont traités « d’extrémistes »
« Son camp et celui de la droite dénonçaient le « péril rouge-vert » et « l’extrémisme écologiste ». »
Puis des textes et des mails ont circulé, Annie en a reçu, dans les milieux économiques pour appeler à faire barrage aux écologistes.
Ils se sont nommés « des Acteurs de Lyon ». Ce collectif revendique l’anonymat, de peur d’exposer leurs entreprises qui dépendent parfois de la commande publique.
On peut lire par exemple :
« Les écologistes, c’est la décroissance et la misère. »
Une étape plus loin, Christophe Marguin, président des Toques Blanches lyonnaises qui est une associations de cuisiniers opérant à Lyon, a traité les électeurs des écologistes de « connards ».
Cet homme inélégant est lui-même chef cuisinier du restaurant « Le Président », il est aussi candidat sur la liste LR dans la circonscription Lyon Nord.
Et enfin…
Le Point Godwin a été atteint par un bijoutier lyonnais : Jean-Louis Maier
<Lyon Capitale> rapporte :
« Jean-Louis Maier a franchi un nouveau cap dans un podcast d’Arte Radio publié ce mercredi en comparant les Verts à Adolf Hitler. « Hitler est arrivé au pouvoir démocratiquement. Ce n’était pas une bonne idée », lâche-t-il. « Le danger est au même niveau entre l’arrivée de Bruno Bernard à la tête de la métropole et celle d’Adolf Hitler pour la population lyonnaise ? », le reprend le journaliste. « Oui. Quand vous avez perdu la démocratie vous ne la retrouvez pas facilement », répond, le ton presque inquiet, Jean-Louis Maier. »
Je pense que nous pouvons attribuer le Point Godwin à Monsieur Jean-Louis Maier.
Je me demande quand même si toutes ces agitations ne sont pas contreproductives et ne vont pas conduire des électeurs moins convaincus à voter vert pour rejeter tous ces excès.
Et je ne résiste pas à finir ce mot du jour par une affiche d’antan
Gérard Collomb n’avait pas expliqué, à cette époque, qu’il était pour la retraite à 60 ans …
pour les autres …
Il a fêté le 20 juin ses 73 ans. Dans 6 ans à la fin du mandat qui commencera après les prochaines élections il en aura 79.
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