Mercredi 28 octobre 2020

«Nous sommes bien seuls pour défendre notre conception de la liberté d’expression.»
Le Monde ne comprend pas la France

Je ne m’arrêterai pas aux éructations d’Erdogan qui poursuit d’autres projets que la simple défense des musulmans « maltraités  en France ».

L’Elysée a vivement réagi aux insultes du sultan de Turquie et a rappelé son ambassadeur d’Ankara, un geste diplomatique très fort, le précédent date de 1901.

La Présidence Française a aussi dressé le constat de :

« L’absence de toute marque officielle de condamnation ou de solidarité des autorités turques après l’attentat terroriste de Conflans-Sainte-Honorine »

Mais c’est une vague de fond dans les pays musulmans contre notre liberté de critiquer et de se moquer de toutes les religions.

Il n’existe pas une hiérarchie sunnite, ni quelque chose d’équivalent au Pape dans l’islam sunnite. Cependant l’Université d’Al-Azhar du Caire qui est une institution islamique sunnite d’enseignement, a commencé sa mission en 988, elle est l’un des plus anciens lieux d’enseignement islamiques au monde et constitue une référence.

<Wikipedia> précise que :

« Selon l’article 2 de cette loi, al-Azhar « est un organisme savant islamique qui cherche à préserver, à étudier, à divulguer et à diffuser le patrimoine islamique, à diffuser le message islamique qui a été confié, à tous les peuples et à le promouvoir, à montrer l’islam et son influence sur le progrès de l’humanité, le développement de la civilisation, le maintien de la paix, la tranquillité et la paix d’esprit de tous les peuples, ici et maintenant».

Cette Université est présidée par cheikh Ahmed al-Tayeb qui a condamné mardi 20 octobre la décapitation d’un professeur en France, « un acte criminel odieux» mais il a tout de suite ajouté qu’insulter les religions au nom de la liberté d’expression constitue «un appel à la haine».

<Le Figaro> précise que

« Il s’exprimait à distance dans un discours lu à Rome, sur la célèbre place du Capitole, devant un prestigieux parterre de leaders religieux du christianisme, du judaïsme et du bouddhisme – dont le pape François, le patriarche oecuménique Bartholomée ou encore le grand rabbin de France Haïm Korsia- qui se sont retrouvés mardi pour signer un appel commun à la paix.

«En tant que musulman et grand imam d’Al-Azhar, je déclare que l’islam, ses enseignements et son prophète n’ont rien à voir avec cet acte criminel odieux», déclare en arabe le grand imam sunnite dans ce discours. «Dans le même temps, j’insiste sur le fait qu’insulter des religions et attaquer leurs symboles sacrés au nom de la liberté d’expression est un double standard intellectuel et un appel à la haine», a-t-il ajouté.

«Ce terroriste ne représente pas la religion du prophète Mahomet», a encore commenté le grand imam d’Al-Azhar, dans son discours traduit de l’arabe par l’AFP. L’institution islamique sunnite avait qualifié début septembre d’«acte criminel» la réédition en une du journal français Charlie Hebdo des caricatures du prophète Mahomet à l’occasion du procès des attentats djihadistes de janvier 2015 en France.

Et en octobre elle avait jugé « raciste » le discours du président français Emmanuel Macron contre le « séparatisme islamiste », dénonçant des « accusations » visant l’islam.»

C’est très clair, il ne fallait pas tuer, mais car il y a toujours un mais ce n’est pas bien ce que fait, ce que dit la France sur le rire, la caricature et l’humour sur les religions. Car il s’agit bien de la France, Samuel Paty dans son enseignement était le digne représentant des valeurs de la France. Cela crée bien sur une ambiance, un climat dans lequel des illuminés pensent qu’ils peuvent passer à des actes violents.

Par ailleurs, cheikh Ahmed al-Tayeb a exprimé une demande bien précise : l’adoption d’une législation mondiale sur la « diffamation des religions et de leurs symboles sacrés »

Je ne me lasserai pas de rappeler que si dans la déclaration universelle des droits de l’homme, il n’a pas été mentionné qu’on avait le droit de changer de religion c’est en raison de l’opposition de pays musulmans.

Dans ces domaines nous ne sommes vraiment pas dans le même camp.

Quand sur Twitter, immédiatement après l’assassinat de Samuel Paty, j’ai réagi pour défendre nos valeurs et notre liberté, tout de suite quelqu’un a réagi en me répondant

« Qu’est ce que tu dirais, si on pissait sur ton prophète ? »

Dès lors, on constate que notre position n’est pas admise dans beaucoup de pays musulmans.

Et c’est ainsi que « Le Monde » a publié ce mardi un article : « Colère grandissante du monde musulman contre Macron ». Même les opposants de Macron doivent comprendre qu’ici il n’est pas question de l’homme politique qu’ils combattent mais du Président de la République que les manifestants voient comme l’image de la France.

L’Arabie saoudite ce pays de l’intolérance et des mœurs archaïques ne se tait pas :

« Considérée comme une alliée de la France, l’Arabie saoudite a condamné à son tour les représentations jugées offensantes du prophète Mahomet, rapporte l’agence Reuters. »

Au Bangladesh,

« Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté mardi à Dacca, appelant au boycott des produits français et brûlant une effigie d’Emmanuel Macron […]. Selon la police, plus de 40 000 personnes ont participé à cette marche organisée par l’Islami Andolan Bangladesh (IAB), l’un des principaux partis islamistes bangladais […] « Macron fait partie des quelques dirigeants qui adorent Satan », a déclaré à la foule rassemblée à la mosquée Baitul Mukarram un haut responsable de l’IAB, Ataur Rahman. Il a appelé le gouvernement bangladais à « mettre dehors » l’ambassadeur français. Un autre dirigeant islamiste, Hasan Jamal, a pour sa part, déclaré que les protestataires allaient « mettre à terre chaque brique » de l’ambassade si l’ambassadeur n’était pas renvoyé. »

Et aux Emirats :

« Le Conseil des sages musulmans, sis à Abou Dhabi, a, de son côté, annoncé son intention de poursuivre Charlie Hebdo. Ce conseil, regroupant des dignitaires musulmans de divers pays, « a décidé de mettre en place un comité de juristes internationaux pour poursuivre en justice Charlie Hebdo », fait savoir un tweet publié mardi sur le compte de l’institution sunnite Al-Azhar, située au Caire. Le conseil, présidé par le grand imam d’Al-Azhar, affirme qu’il envisage également de « poursuivre en justice quiconque offense l’islam et ses symboles sacrés ».

« La liberté d’expression (…) doit respecter les droits d’autrui et ne devrait pas permettre d’utiliser les religions dans les marchés de la politique ou dans la propagande électorale », affirme le conseil. »

Et en Algérie :

« Décapitation de Samuel Paty : le Haut Conseil Islamique algérien condamne la campagne “enragée” contre la « religion de paix » et fustige les « dépravés qui prétendent s’exprimer au nom de la liberté d’expression » »

Devant cette déferlante sommes nous soutenus par les pays occidentaux ?

Certes ils condamnent tous l’acte terroriste, mais ils ne soutiennent pas la liberté d’expression à la Française.

Les pires sont certainement les américains.

Immédiatement après l’assassinat de Samuel Paty a circulé sur la toile cette photo d’un texte sensé avoir été publié par le New York Times

Mais le site <Des décodeurs> du Monde nous apprend que ce texte est de 2015 et :

« Ce joli texte de soutien à la France, dont on a pu lire qu’il était extrait d’un éditorial, est en fait un commentaire publié dans la nuit de vendredi à samedi sur le site du New York Times »

Ainsi le New York Times officiel a titré après l’attentat terroriste :

« La police française tire et tue un homme après une attaque mortelle au couteau dans la rue »

Ce journal réputé de gauche et progressiste a donc traduit ce qui s’est passé à Conflans saint Honorine comme une vulgaire bavure policière.

La victime principale semble être le terroriste tchétchène.

Heureusement que des américains ont protesté. Ainsi une journaliste américaine Claire Lehmann a twitté :

« Un professeur de collège est décapité pour avoir blasphémé en France – la plus laïque des nations – et le New York Times titre comme cela »

Alors le New York Times a fait un effort et a modifié son titre :

« La police française tue un homme qui venait de décapiter un professeur dans la rue »

Est-ce vraiment mieux ?

Le point essentiel reste que la police a tué un homme.

Ce titre révèle bien sur la condamnation sur le fond. Le New York Times est désormais totalement paralysé par le risque de pouvoir choquer, blesser une communauté particulière qu’il a renoncé de publier des dessins de Presse,

Il n’est pas isolé, cette vision est celle de la plupart des médias que nous pensons progressistes aux Etats-Unis.

Bien sûr, il existe au sein même du monde musulman des hommes et des femmes qui se lèvent et soutiennent la France : Kamel Daoud, Boualem Sansal.

Mais globalement l’air du monde ne sent pas bon.

Le plus probable c’est que par lâcheté, par lassitude, pour l’économie nous allons nous coucher. Il n’y aura plus de caricature, plus que des critiques très modérés de ces machines religieuses qu’on n’aurait pas le droit de blesser.

Je le regrette profondément, les pays dans lesquels la religion est religion d’État que ce soit dans le passé ou aujourd’hui, ne sont pas des pays où il fait bon vivre, rire et réfléchir.

Vous pouvez lire avec beaucoup d’intérêt ce bel entretien de Caroline Fourest :

« Nous sommes l’un des rares pays à regarder le fanatisme dans les yeux »

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2 réflexions au sujet de « Mercredi 28 octobre 2020 »

  • 28 octobre 2020 à 17 h 32 min
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    Nous traversons un de ces moments d’obscurantisme comme le monde en connait régulièrement.
    Mais aussi chaque fois les excès des fanatiques finissent toujours par provoquer un retournement de l’opinion. Et soudain les plus accommodants d’aujourd’hui redeviendront de farouches défenseurs de la liberté, dès que celle ci aura triomphé sans eux!!
    J’ai connu de farouches pétainistes devenant gaulliste en un instant.
    J’ai connu des gens bien à droite converti au socialisme au matin du 11 mai 1981.
    mais bon dieu, ça va pas vite en ce moment!!!!

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