Mardi 29 mai 2018

« Mai 68 : De Gaulle contre Georges Pompidou »
Analyse du pouvoir politique en France en mai 68

Le mouvement de mai va prendre un tour dramatique le 29 mai 1968. Le Général de Gaulle va quitter le territoire français, sans informer personne et notamment pas son premier Ministre Georges Pompidou qui ne saura donc pas, pendant plusieurs heures, où se trouve le Président de la République.

Le général De Gaulle a quitté l’Élysée mercredi 29 mai à 11 heures 15 après avoir soudainement ajourné le conseil des ministres. À Georges Pompidou, le président de la République a expliqué qu’il partait à Colombey-les-deux-églises. À 14 heures, Bernard Tricot, secrétaire général de la Présidence, a appris au Premier ministre que le Général ne se trouvait pas dans sa maison de famille en Haute-Marne. Tous ses proches collaborateurs ignoraient où il était parti. La disparition du chef de l’État a suscité de la surprise et de la panique au sein de son entourage.

Maintenant nous savons, il était à Baden Baden, dans le quartier général de l’armée Française en Allemagne. Armée qui était sous le commandement du Général Massu. A son arrivée le gouvernement allemand n’était pas non plus au courant.

C’était un acte extrêmement grave. Le Général de Gaulle en est conscient et évoque sa déchéance possible.

Georges Pompidou ne lui pardonnera jamais cet acte de « non confiance » ou de « fuite ».

Le matin du 29 mai, De Gaulle avait fait venir à l’Élysée le général Alain de Boissieu qui était aussi son gendre et lui a fait cet aveu :

« Le peuple français n’a pas besoin de De Gaulle à sa tête … Je vais me retirer à Colombey… »

Et à 11h30, la DS présidentielle franchit, au fond du parc, la grille du Coq et ne sort donc pas par la porte principale au 55, rue du Faubourg-Saint-Honoré. Elle file vers l’héliport d’Issy les Moulineaux et il est prévu que son fils : Philippe de Gaulle les rejoigne. Tante Yvonne, la discrète épouse murmure : « Cela ressemble à la fuite de Varennes… »

L’hélicoptère atterrit dans la résidence occupée par le Général Massu à 14h50.

Dans un livre publié en 2016 par La journaliste Christine Clerc: « Le tombeur du Général » dans lequel elle mélange fiction (un entretien imaginaire entre Cohn Bendit et De Gaulle) et la réalité historique, fait ce récit :

« A Matignon, Pompidou, jusque-là si calme est décomposé. Certes il connaît depuis longtemps les coups de blues du Général et sa tentation périodique du départ. Combien de fois Madame de Gaulle lui a-t-elle confié ses inquiétudes pour la santé de son mari. Mais en pleine crise politique et sociale, ce mercredi 29 mai, alors que la CGT et le PC prévoient pour le lendemain une manifestation géante dans le but d’affirmer leur prépondérance, son départ serait une véritable catastrophe. […] son retrait le placerait, lui, le Premier ministre, dans une situation constitutionnelle inextricable : verra-t-on le président du Sénat, Gaston Monnerville, qui n’a cessé de combattre le régime, assurer l’intérim ?  […] De toutes parts, y compris au sein du gouvernement, des voix s’élèvent depuis plusieurs jours que l’on fasse appel à celui qui régla naguère le problème indochinois : Pierre Mendès France.»

Aujourd’hui nous disposons de divers témoignages, ainsi celui de l’entourage de Georges Pompidou :

« On est dans le salon avec Claude Pompidou et son fils Alain, ce 29 mai, à l’heure du café, lorsque le Premier ministre sort, « blême », de son bureau et lâche : « Le général de Gaulle a disparu, on a perdu sa trace. » »

Dans un article de l’Express du 8 mai 2008, l’amiral Flohic qui était en 1968 capitaine et aide de camp du Général et qui a accompagné la famille présidentielle a fait un récit « de cette escapade ». C’est lui qui révèle que le but réel du voyage a été caché jusqu’au dernier moment. Et c’est le capitaine Flohic qui raconte qu’une fois arrivée c’est lui qui téléphone au Général Massu. Récit amusant :

« – Nous sommes là !
– Qui nous ?
– Le Général et Mme De Gaulle.
– Laisse-moi 5 mn, je faisais la sieste à poil sur mon lit »

On saura plus tard qu’il avait reçu la veille le maréchal Kochevoï, commandant des troupes soviétiques en RDA. LA soirée avait été plutôt arrosée ! […]

Le président apostrophe Massu : « Tout est foutu ! » […]

A 15h20. Le chef de l’Etat m’interpelle : « Que va-t-il se passer maintenant en France, le Conseil constitutionnel va constater ma déchéance »

Et puis De Gaulle discute en tête à tête avec Massu et à 16 heures, le capitaine Flohic constate :

« Je trouve un homme transformé, ragaillardi. Il avait pris sa résolution. L’intervention de Massu s’est révélée déterminante. Il le confirmera quelque temps plus tard lors d’un déjeuner, s’adressant à Mme Massu : « C’est la Providence qui a placé votre mari sur mon chemin. »

La suite est connue. Il repart à 16h30 et cette fois va à Colombey. Dès qu’il arrive il téléphone enfin à Pompidou pour l’avertir de convoquer le Conseil des ministres le lendemain donc le jeudi.

Le lendemain matin, le 30 mai Pompidou présente sa démission à De Gaulle qui la refuse.

<Le Monde relate : >

« Quand Pompidou arrive à l’Elysée, ce jeudi 30 mai à 14 h 30, sa grande lassitude le dispute à la déception. Il n’a toujours pas digéré les événements des vingt-quatre dernières heures. […]

Tenu à l’écart de cette initiative prise sous le sceau du secret le plus absolu, duquel même la garde rapprochée du chef de l’Etat a été exclue, il estime que le Général a commis une erreur. Partir ainsi, dans un pays étranger, pour chercher conseil auprès d’un autre général, Massu en l’occurrence, alors que la nation traverse une période d’instabilité profonde, constitue, selon lui, un risque majeur, explique-t-il à ses proches.

Ce différend entre le chef de l’exécutif et celui qu’il a désigné pour diriger sa majorité n’est pas le premier. Dix jours auparavant, les deux hommes s’étaient déjà montrés en désaccord sur la manière de répondre aux manifestations.

Le 19 mai, à son retour de Roumanie, où il a séjourné du 14 au 18, de Gaulle a convoqué Pompidou à l’Elysée, ainsi que Pierre Messmer, ministre des armées, Georges Gorse, ministre de l’information, Christian Fouchet, ministre de l’intérieur, et Maurice Grimaud, préfet de police de Paris. Dans un bloc-notes qu’il tient de manière quasi quotidienne, ce dernier livre un compte rendu de cette réunion. « Pompidou veut prendre la parole mais le général la lui coupe : « Ce qui se passe a assez duré. Cette fois, c’est la chienlit et l’anarchie. Ça n’est pas tolérable. Il faut que ça cesse. J’ai pris mes décisions. On évacue aujourd’hui l’Odéon et demain la Sorbonne. » » Dans la salle, quelques voix tentent de faire entendre la difficulté de l’entreprise. Bien que le Général refuse de les prendre en compte, l’ordre ne sera pas suivi d’effet. Ni le préfet ni Pompidou ne sont partisans de la manière forte.

[…] Le premier ministre cherche une sortie pacifique. Il pense que la surenchère des étudiants joue contre eux. Il sait que leur intransigeance inquiète les syndicats, surtout la CGT. Dans cette période d’agitation extrême, la centrale de Georges Séguy craint d’être débordée sur sa gauche. Elle aussi cherche une issue. Ces derniers jours, des contacts officieux, mais de plus en plus fréquents, sont établis entre les responsables de la CGT et les représentants de Matignon.

D’un côté comme de l’autre, on prépare la négociation de Grenelle à l’abri des regards. C’est dans ce contexte — entre le 18 et le 20 mai, la date exacte reste introuvable — qu’Henri Krasucki, numéro deux de la CGT, et Jacques Chirac se retrouvent en tête à tête à Paris, dans un lieu discret — le cabinet d’un avocat communiste.

Quand, en 1977, Chirac livre dans Paris Match sa version de ce tête-à-tête — il parle d’une chambre de bonne et d’une planque clandestine —, Krasucki s’en amuse. Avec sa gouaille inimitable, le dirigeant de la CGT décrit le jeune Chirac en « homme fébrile et angoissé » à l’idée de se rendre dans un endroit qui lui était inconnu. En vérité, et cet épisode rocambolesque l’illustre, durant toute la période de Mai 68, les ponts n’ont jamais été rompus entre le gouvernement et les syndicats. « Nous étions tous en relation avec nos interlocuteurs habituels », se souvient Edouard Balladur. […]

Blessé par l’épisode de la veille, Pompidou le rejoint en début d’après-midi. Sa lettre de démission en poche, le voici devant le Général. « Si vous partez, je pars aussi. Vous restez ! », rétorque celui-ci. De Gaulle n’a pas l’intention de sacrifier son premier ministre. A ses yeux, ce n’est pas le moment de fléchir. Le pays a besoin que s’exprime l’autorité de l’État. Le peuple veut en finir avec ce désordre. Le message vaut pour l’opinion, mais aussi pour ceux qui, dans l’entourage du chef de l’État — responsables militaires, hauts fonctionnaires et dirigeants de la droite —, douteraient de sa détermination. Il montre à Pompidou la déclaration qu’il s’apprête à faire à la radio. « Je ne me retirerai pas. Je ne changerai pas le premier ministre… » Il appelle à l’ordre et annonce la convocation d’un référendum sur la participation. […]

L’idée de ce référendum lui a été suggérée par Bernard Ducamin, l’un de ses conseillers, qui travaille au secrétariat général de l’Élysée sous l’autorité du fidèle Bernard Tricot.

Comme le révèle le livre 68, les archives du pouvoir (L’Iconoclaste, 304 p., 25 €), dès la mi-mai, Bernard Ducamin considère que l’exécutif a perdu suffisamment de temps. « Le tableau de la situation est sombre, écrit-il dans une note confidentielle qu’il remet à Bernard Tricot. […] Toutes les conditions objectives d’un drame sont réunies. » Et le haut fonctionnaire de recommander un remaniement ministériel, une reprise en main policière et l’organisation d’un référendum.

Mauvaise idée, selon Pompidou. Pour lui, ce référendum est un piège. Il n’en veut pas et le dit au Général. Le premier ministre plaide pour la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation de nouvelles élections législatives dans la foulée. De Gaulle accepte. Aux yeux de Pompidou, cette décision a le mérite de satisfaire tout le monde : la gauche, qui réclame la démission du gouvernement ; les syndicats, qui ont rejeté ses propositions ; et les Français, qui souhaitent que tout ça se termine. »

Encore une fois, Pompidou fait fléchir De Gaulle et arrive à le convaincre de convoquer de nouvelles élections législatives et non de faire un référendum sur la participation dont Pompidou ne veut pas. Il est en effet beaucoup plus à droite que De Gaulle.

L’histoire retiendra que Pompidou par son calme ainsi que le préfet de police «  Maurice Grimaud » ont évité des violences inutiles et surtout des morts et des blessés graves. De Gaulle aurait voulu une manière forte.

Cette Histoire est probablement vraie en partie.

Mais Pierre Mendés France dans l’émission Apostrophes du 23 janvier 1976, apporte de petites nuances. Le 27 mai 1968, s’était tenu le fameux meeting de la gauche non communiste au stade de Charléty. Et Mendés France était venu mais beaucoup s’étonnèrent qu’il n’y prenne pas la parole. Dans ce court extrait il explique à la fois la désunion de la Gauche, raison pour laquelle il ne trouvait aucun intérêt à parler devant la foule et il raconte autre chose : la raison de sa présence. Il avait appris, car ses réseaux au niveau du pouvoir étaient très présents, que dans l’entourage du premier ministre on voulait employer la méthode forte, brutale pour cette fois réprimer violemment les étudiants et les jeunes et lui avec son prestige avait la volonté d’éviter cela par sa présence. Il est vrai qu’il reconnait que l’échec à ce moment-là des négociations de Grenelle avait conduit les tenants de la manière forte à revenir à la modération.

Les syndicats avaient donné leur accord à Pompidou, mais le 27 mai Georges Séguy, secrétaire général de la CGT n’avait pas obtenu l’adhésion des ouvriers de Renault à Boulogne Billancourt qui trouvaient les avancées sociales insuffisantes.

Et cela est à rapprocher du témoignage d’Edouard Balladur sur France Inter que j’ai évoqué lors du mot du jour du 22 mai 2018….

On apprend que Pompidou n’était pas tant adepte de la méthode douce, mais qu’il était convaincu que la méthode forte contre les étudiants conduirait à la mobilisation de l’opinion publique contre le gouvernement.

Il a donc poursuivi une stratégie simple : attendre que le mouvement lasse l’opinion publique et faire diverger les intérêts des ouvriers et les revendications des étudiants. Si les accords de Grenelle avaient été concluants dès le 27 mai 1968, il n’aurait probablement eu aucun scrupule à essayer d’employer la manière forte à Charléty.

Tel ne fut pas le cas

Le 30 mai le Général prend la parole à la radio :

« J’ai envisagé depuis vingt-quatre heures toutes les éventualités. J’ai pris des résolutions. Je ne me retirerai pas. Je dissous aujourd’hui l’Assemblée nationale. »

Immédiatement, des centaines de milliers de gaullistes remontent les Champs-Elysées vers la place de l’Étoile derrière Michel Debré et Malraux.

Le 1er juin, Georges Séguy écrit dans « l’Humanité » :

« La CGT n’entend gêner en rien le déroulement » des élections législatives fixées par de Gaulle à la fin du mois ».

Elle choisit ainsi avec le parti communiste résolument le parti de De Gaulle contre les anarchistes trotskystes et maoïstes que l’une et l’autre détestent. Il est vrai aussi que la France profonde est devenu lasse des perturbations et va prouver par son vote le retour à la normalité du pouvoir gaulliste et au-delà : il s’agira d’un triomphe.

La manifestation gaulliste du 30 mai et l’organisation des élections législatives les 23 et 30 juin sonneront la fin de Mai 68.

Mais Pompidou et De Gaulle ne sont plus sur la même ligne.

Pompidou démissionne, De Gaulle nomme Maurice Couve de Murville.

Georges Pompidou, lors d’un voyage à Rome en janvier 1969 déclarera :

« Ce n’est un mystère pour personne que je serai candidat à une élection à la présidence de la République quand il y en aura une, mais je ne suis pas du tout pressé ».

Il ira ainsi toujours plus loin dans la rupture.

En parallèle, une sordide affaire Markovic mettant en cause son épouse Claude augmentera encore son ressentiment car il ne trouvera pas le soutien qu’il aurait attendu de l’homme qu’il avait fidèlement servi pendant tant d’années.

De Gaulle tombera comme un fruit mur, comme une conséquence de mai 68 par le référendum du 27 avril 1969, moins d’un an après.

Et Georges Pompidou fut élu triomphalement Président de la République le 15 juin 1969 avec 58,21 % des suffrages exprimés. Il avait quitté son poste de premier ministre le 10 juillet 1968, moins d’un an avant !

Son opposant était un centriste, le président du Sénat Alain Poher. La Gauche ne fut même pas représentée au second tour.

Mai 68 fut le naufrage de la Gauche et le triomphe de Georges Pompidou contre la Gauche et finalement contre le Général de Gaulle.

Patrick Rotman avait produit un documentaire sur ce 29 mai <De Gaulle disparaît>

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Mercredi 2 mai 2018

« Grandeur et servitude du système de retraite par répartition »
Réflexion sur notre système de retraite

Quand il m’arrive de discuter avec nos aînés ou de les entendre parler, je me pose parfois la question mais ont-il bien compris comment fonctionne notre système de retraite par répartition ?

Dire par exemple : « J’ai cotisé pendant toute ma vie pour ma retraite et j’ai maintenant le droit de toucher mon dû » n’est pas tout à fait exact même si on peut comprendre que c’est un sentiment légitime de prétendre que lorsqu’on a cotisé toute sa vie de travail, on a droit aussi de s’arrêter de travailler et de percevoir une pension de retraite.

Mais dire «  j’ai cotisé pour ma retraite » est faux, dans notre système. Il faut bien s’en rendre compte.

On peut dire : « j’ai participé au système de retraite en tant que cotisant » et ajouter : « En tant que participant au système, j’ai le droit d’en bénéficier et d’obtenir une pension pour ma retraite. »

Dans le système de répartition dans lequel nous sommes, les gens qui travaillent cotisent pour payer les retraites de leurs aînés qui ne travaillent plus.

Un ministre allemand a dit un jour à un homologue asiatique : « Et en Europe nous sommes tellement riches que nous pouvons même payer des gens à ne pas travailler ».

C’est fondamentalement un système de solidarité. Un système qui ne peut être mis en place que dans une société que le grand sociologue Emile Durkheim a décrit ainsi :

« Pour que les hommes se reconnaissent et se garantissent mutuellement des droits, ils faut qu’ils s’aiment et que pour une raison quelconque ils tiennent les uns aux autres et à une même société dont ils fassent partie. »

J’ai évoqué cette solidarité lors de deux mots du jour : celui du < Vendredi 12 septembre 2014> et aussi celui plus récent que j’ai intitulé « Réflexions sur l’Etat social »

Avant de continuer, je voudrais affirmer ma communauté d’intérêts avec les retraités, car vu mon âge j’espère pouvoir entrer dans peu d’années dans cette nouvelle partie de la vie.

Mais parler en terme de « droit », me semble délicat et même inapproprié car ce terme ne révèle pas totalement la situation de solidarité et de confiance qui fonde ce système.

Soyons clair : Celles et ceux pour qui les retraités d’aujourd’hui ont cotisé lorsqu’ils travaillaient sont pour une grande part d’entre eux morts. La confiance dont je parle ne les concerne pas. La confiance concerne les jeunes et les « actifs » d’aujourd’hui qui cotisent pour que les ainés puissent ne pas travailler. Et la confiance signifie d’abord que ceux qui cotisent peuvent croire qu’eux-mêmes bénéficieront un jour de ce système et ensuite que la cotisation qu’il verse est acceptable par rapport à leurs revenus. »

Poser les faits de cette manière nous amène à ce constat inquiétant que révèle le schéma suivant :


Ceci signifie qu’en 1960 : 4 actifs cotisaient, en moyenne, chacun 25 euros pour qu’un retraité puisse toucher 100 euros. Selon cette projection en 2050, un actif devra cotiser 83,33 € pour arriver au même résultat que le retraité puisse toucher 100 euros.

Grandeur de la solidarité.

Mais servitude aussi.

Le système social a été mis en place par la rencontre de deux pensées :

  • La pensée sociale : il fallait permettre aux ainés de vivre dignement et de manière apaisée la dernière période de leur vie !
  • La pensée économique : les aînés sont moins productifs et consomment donc moins, ce n’est pas bon pour le PIB. Leur donner une pension leur permet de continuer à consommer et donc de contribuer à la prospérité générale du système économique.

Dans ce système quand j’entends des retraités dirent je vais aller vivre au Portugal, je vivrai mieux, la vie est moins chère, je suis encore une fois inquiet du manque de compréhension ou d’appréhension de ceux qui agissent ainsi. Si je cite le Portugal, ce n’est pas un hasard mais une réalité : «Le Portugal séduit de plus en plus de retraités français».

Ce sont des motivations égoïstes et individualistes qui ne sont pas très compatibles avec le système de solidarité.

Evidemment s’il n’y a que quelques individus qui font ce choix, l’équilibre du système ne sera pas affecté même si l’esprit en est un peu dévoyé.

Mais si ce comportement devient massif, les actifs français vont cotiser pour des retraités qui vont abonder l’économie portugaise et non l’économie des actifs.

Ceci ne poserait pas de difficultés si de manière réciproque un nombre équivalent de retraités portugais venaient dépenser leurs retraites en France. Mais vous savez bien que ce n’est pas le cas, si des portugais poursuivent la même ambition ils vont aller vivre dans un autre pays ayant un niveau de vie inférieure que celui du Portugal.

Quand on sort de la solidarité et qu’on devient pleinement individualiste le système par répartition n’est plus approprié il faut opter pour le système de fonds de pension. Dans ce cas vous ne cotisez plus pour vos ainés, mais vous investissez pour vous-même en confiant une partie de votre argent d’actif à une institution financière.

Mais alors, vous ne pourrez plus vous plaindre que seuls les raisonnements financiers à court terme sont à l’œuvre dans l’économie. En effet, les fonds de pension du monde entier investissent et demandent aux entreprises dans lesquels ils investissent un rendement suffisant pour pouvoir payer les pensions des retraités qui leur ont fait confiance. Il faut connaître les priorités : les salariés de l’entreprise ou les retraités clients de l’actionnaire ?

En outre, ce système peut poser de grands problèmes aux retraités en cas de crise financière, car dans ce cas les fonds de pension ne peuvent plus payer les retraites au même niveau et ils peuvent même faire faillite.

Une grande part de ces problèmes provient d’une merveilleuse nouvelle : nous vivons de plus en plus vieux.

Une autre part vient du fait que la génération des baby-boomers pour des raisons de confort et d’évolution sociétale ont fait moins d’enfants que leurs ainés.

Et c’est ainsi que les baby-boomers de l’après-guerre réussissent cet exploit à la fois d’avoir été nombreux en tant qu’actifs par rapport aux retraités d’alors et maintenant d’être aussi nombreux en tant que retraités par rapport aux actifs.

La France a en outre ce privilège d’avoir plus d’une quarantaine de systèmes différents qui fragilisent encore le système d’ensemble.

Pendant de longues années les gouvernements n’ont fait que du paramétrage jouant sur les 3 leviers dont ils disposaient :

  • Les montants des cotisations ;
  • Le niveau des retraites ;
  • L’âge de départ à la retraite.

Emmanuel Macron entend aller plus loin et refonder le système. Il a dit qu’il souhaite conserver le système par répartition en le rendant universel et probablement par points.

Voici comment un blog de mediapart présente ce système avec sa variante « à compte notionnel »

« La retraite à points, qui se base sur la répartition, où la solidarité nationale joue pleinement son rôle, offre aussi une grande transparence. Chaque Français possède un compte alimenté par ses cotisations, la valeur des points acquis étant revalorisée chaque année. Cela permet à chaque assuré de connaître le montant de sa pension s’il devait partir à la retraite.

Il existe une variante du système à points, dit « à compte notionnel ». Dans ce type de régime, en vigueur en Suède par exemple, chaque personne se trouve à la tête d’un « capital », alimenté par les cotisations qu’elle verse pour sa retraite. Lorsqu’elle fait liquider ses droits, un coefficient de conversion est appliqué à ce capital pour déterminer le montant de sa pension. On est donc proche d’un régime par points. Mais l’idée novatrice du système de « comptes notionnels », c’est que ce coefficient peut être établi en fonction de l’âge mais aussi de l’espérance de vie de la génération concernée.

Rappelons qu’un système par points attribue des droits à pension mais ne fixe pas le niveau des pensions, qui dépend de la valeur des points, laquelle n’est pas donnée a priori. Un tel système joue sur la distribution des pensions au sein d’une même génération mais ne résout pas vraiment la question du financement des retraites, en tout cas il reste un déficit initial à amortir (qui va le payer ?) et au lieu de déficits futurs, le système visant un équilibrage oblige à un ajustement (baisse de pensions ou allongement de cotisations ou hausse de cotisation) mais au choix du cotisant. […]

La Suède, qui avait un système proche du système français, est le premier pays à avoir adopté un tel régime en 1999, dans une version « comptes notionnels » tenant compte de l’espérance de vie. Le système suédois est souvent montré en exemple. Il serait transposable en France à condition d’unifier l’ensemble des régimes de retraites (spéciaux, fonctionnaires etc.). »

Tout ceci sera forcément compliqué mais repose à peu près sur ce principe : les retraités touchent ce que les actifs sont capables et acceptent de cotiser.

L’exergue du mot du jour fait bien sûr référence à « Servitude et grandeur militaires » qui est un recueil de nouvelles d’Alfred de Vigny publié en 1835.

Et pour rester taquin, je vous donne un lien vers un site qui organise la fraude à la retraite, je veux dire l’expatriation des retraités au Portugal : <Maison au Portugal>. J’espère que vous saurez résister…

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Vendredi 20 avril 2018

« Dire, ne pas dire »
Site créé par l’Académie française pour répondre aux questions des personnes qui veulent bien parler français

L’émission « Répliques » d’Alain Finkielkraut du 31 mars 2018 avait pour sujet : « La langue française : état des lieux »

Il avait deux invités Alain Borer qui a écrit : « De quel amour blessée » et Jean-Michel Delacomptée qui a publié «  Notre langue française ».

L’état des lieux rapporté par cette émission est assez préoccupant.

Parallèlement, en entrant dans une librairie j’ai trouvé un de ces petits livres édités par l’hebdomadaire « Le Un », dans une collection appelée les « 1ndispensables » et ayant pour titre « Le Français a-t-il perdu sa langue ? »

Ce livre est une suite d’articles de linguistes, de lexicographes, de philosophes ou encore d’écrivains sur la langue française.

Il commence par un article provocateur de Nancy Huston. Nancy Huston est née en 1953 au Canada, c’est une femme de lettres, d’expression anglaise et française. Son article s’intitule « la morgue de la reine » et le rôle de la reine est joué par la langue française.

Elle raconte comment elle avait réagi au discours d’une élue municipale qui s’était adressé à un groupe d’enfants : « Quelle chance vous avez, d’apprendre notre si belle langue ! ».

« Comme je dois prendre la parole ensuite, j’en profite pour expliquer aux enfants que, certes, le français est une belle langue mais qu’on peut en dire autant de toutes les langues ; que disposer d’une belle langue ne suffit pas, encore faut-il s’en servir pour dire des choses intelligentes ; qu’il est tout à fait possible de se servir d’une belle langue pour dire des choses débiles ; et que , plus on connait de langues, plus on est susceptible de dire des choses intelligentes. »

Elle cite aussi Mme de Staël qui trouvait nulles les soirées mondaines à Berlin, car en allemand il faut attendre la fin de la phrase pour en connaître le verbe : « pas moyen de couper la parole à son interlocuteur, vous imaginez, cher comme on s’ennuie. »

Un des invités de Finkielkraut avait aussi relevé cette particularité du français qui met le verbe immédiatement après le sujet donnant plus rapidement le sens à la phrase et permettant à l’interlocuteur d’interrompre immédiatement celui qui parle. Selon cet invité cela créait des échanges plus dynamiques, pleinement en phase avec la remarque de Mme de Staël.

Pour ma part, cette manière de faire montre surtout une grande impatience et un manque de savoir-vivre de ne pas laisser son interlocuteur terminer ses phrases. Mais il est vrai que je suis presque germain.

Un des invités, Alain Borer, a aussi commis un article dans cet ouvrage, dans lequel il reprend les critiques qu’il a exprimé dans l’émission de Finkielkraut. Il prend soin d’abord de préciser que la langue anglaise est très belle et que ce qu’il combat n’est pas l’anglais mais « L’anglobal » ce que d’autres appellent « le globish ». Et sur ce point, il écrit :

« Les Anglo-Saxons n’ignorent pas leur dette envers les « Normands » mais ils refusent massivement, au fond, de savoir que leur langue procède du français à hauteur de 63% et à travers 37 000 mots (plus que l’intégralité du Dictionnaire de l’Académie française en 1835). La plupart s’étonnent à la façon de George W Bush : « The problem with te French is that they don’t have a word for entrepreneur ». […] Toutefois il y eut échange millénaire entre la langue française et sa bouture anglaise, une forme de tennis (du français tenez). Or, tel est le phénomène en cours : les francophones ne renvoient plus la balle. Pour la première fois dans l’histoire de la langue française, les mots anglais ne sont plus usinés sur place et renvoyés, mais au contraire ils se substituent aux mots français existants.
Air France au téléphone : « Vous avez fait un non-show » Comprendre je ne me suis pas présenté au départ.
Le Premier ministre qui appelle au « patriotisme alimentaire », parle de « France bashing ». »

Mais pour défendre le français, il faut le parler et l’écrire correctement.

Et c’est un autre article « Mais que fait l’Académie ? » de l’académicien Yve Pouliquen qui m’a appris l’existence d’un site simple et ouvert que l’Académie a mis en place pour aider à mieux parler et à mieux écrire le français.

http://www.academie-francaise.fr/dire-ne-pas-dire

Et sur ce site les internautes que nous sommes peuvent même poser des questions.

Ainsi un internaute a demandé, laquelle de ces deux formules est juste : 1. « Nous avons pensé À lui offrir… » ou « Nous avons pensé lui offrir… ».

Et l’Académie a répondu :

« Les deux formes sont correctes. Il y a entre elles une nuance de sens. Nous avons pensé lui offrir signifie « nous avons l’idée de lui offrir telle ou telle chose », alors que Nous avons pensé à lui offrir souligne « nous n’avons pas oublié de lui offrir… » »

La semaine prochaine je serai en congé, le mot du jour reviendra le 2 mai 2018.

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Mercredi 18 avril 2018

« Je n’ai pas d’amis »
Le président de la République, Emmanuel Macron, pendant l’interview du Palais de Chaillot

Et Jean-Jacques Bourdin, parlant de l’évasion fiscale avec verve lança au Président de la République c’est « ce que fait votre ami Bernard Arnault ».

Le chef de l’Etat n’a pas aimé cette allégation et l’a coupé aussitôt :

« Pardon, moi, je n’ai pas d’amis, M. Bourdin. De là où je suis, je n’ai pas d’amis. »

Et, il a ajouté

« Vous savez, les insinuations dans la vie, ce n’est pas une bonne chose. »

Et Jean-Jacques Bourdin a alors répondu :

« Ce ne sont pas des insinuations »

Et encore quelques échanges aigres doux vont se poursuivre en raison de cette affirmation qui a déplu au Président de la République.

« Je n’ai pas d’amis »

Est-ce là un sujet personnel, intime, lié à la personnalité d’Emmanuel Macron ?

En septembre 2017, l’écrivain Philippe Besson publie « Un personnage de roman », récit intime de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron qu’il connaît et pour qui il avoue une sympathie certaine.

Pour présenter son livre il avait été invité par Léa Salamé à France Inter .lors de son émission du 8 septembre 2017.

Et dans cette émission il a dit ceci :

« Il n’a pas d’ami, très peu d’ami. Il a du mal avec l’intimité, il est intime avec très peu de gens, et il cite souvent cette phrase de Diderot, qui est une façon de prendre de la distance : « Partout où il n’y aura rien, lisez que je vous aime. » Il est dans l’impossibilité de dire les choses. Et puis parce que sans doute, l’essentiel se joue dans l’intimité familiale. Ce sur quoi il se replie, c’est son épouse, sa famille. Et c’est là que l’essentiel se joue, l’intimité est là, la fragilité aussi. » »

Même si cette description peut être intéressante montrant ainsi des fêlures de l’humain ce n’est évidemment pas cet aspect qui nous intéresse.

D’ailleurs dans la réponse d’Emmanuel Macron, il y a une autre proposition dans la même phrase :

« De là où je suis, je n’ai pas d’amis. »

De là où il est… donc en tant que Président de la République …

En serait-il de même des Présidents de la République que des Etats, dont le Général de Gaulle disait :

« Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. »

J’aimerai à croire ou à espérer que le Président de la République n’a pas que des intérêts mais a plutôt l’intérêt général chevillé au cœur et à l’esprit quand il propose, agit et décide.

Guillaume Erner a consacré son billet d’humeur du 16 avril 2018 à cette privation présidentielle d’amis :

« Une vraie rupture avec les présidents précédents.

Vous savez que chacun de nos présidents pourrait se caractériser par son rapport à l’amitié : François Mitterrand avait des amitiés très encombrantes, je pense bien évidemment à René Bousquet, et une règle, ne jamais renier ses amis. Jacques Chirac n’avait lui que des amis parmi ses compatriotes, donnant l’impression qu’il était toujours l’heure de l’anisette. Nicolas Sarkozy a parfois donné l’impression qu’il aurait aimé avoir 40 amis, avec un 40 comme CAC 40. François Hollande a eu cinq ans pour faire le plan de table du PS, l’art de la synthèse étant de conserver tous ses amis. Et Emmanuel Macron, lui, donc, n’aurait pas d’amis.

Une manière bien entendu de dire que l’on est inaccessible au conflit d’amitié, que l’on est le président de tous, et l’ami de personne, mais aussi une manière d’évoquer la solitude du pouvoir, celui qui isole et esseule. A moins, à moins qu’il y ait une manière encore plus noire d’entendre cet aveu, une manière de dire «  je n’ai pas d’amis, je n’ai que des obligés, je n’ai que des courtisans ». »

Peut-être, est-ce la lucidité d’Emmanuel Macron de comprendre qu’il est surtout entouré de courtisans.

Mais il pourrait aussi avoir des amis qui ont des intérêts et sur lesquels il aurait pu compter pour arriver là où il est et qui sauront aussi être là le jour où il ne sera plus Président de la République et vu son jeune âge cherchera d’autres occupations ?

Le Huffington Post tente de répondre de manière factuelle à cette question : Existe-t-il des raisons objectives permettant de penser que Bernard Arnault et Emmanuel Macron sont amis, non pas amis de cœur ce qui ne nous regarderait pas, mais amis d’intérêts ?

« Si le chef de l’État n’est pas un « intime » du milliardaire, il existe plusieurs éléments de rapprochement entre les deux. Dans l’entre-deux-tours de la présidentielle dans Les Echos, journal dont il est propriétaire, Bernard Arnault avait publié une tribune pour appeler, comme d’autres, à voter Emmanuel Macron face à Marine Le Pen. Dans ce billet, le milliardaire saluait « un programme de liberté et de stimulation du succès économique ». Un programme « bâti sur la conviction que l’entreprise privée constitue le seul levier efficace de création durable, saine et massive d’emplois en France », louait-il sans pour autant mettre en avant d’éventuels liens personnels avec le futur président de la République. »

Le Huffington Post cite ensuite un article du journal Capital du mois d’avril 2017.

« Entre les Arnault et les Macron, c’est peut-être une longue amitié qui commence. Elle a démarré au lycée privé Franklin, dans le XVI e arrondissement de Paris, où Brigitte fut la prof de français de Frédéric et Jean. Puis la Picarde a sympathisé avec Delphine lors d’un déjeuner à New York à l’été 2014, accompagnées de leurs conjoints respectifs, Emmanuel et Xavier (Niel). Depuis, l’épouse du candidat à la présidentielle porte du Vuitton à chacune de ses sorties officielles ».

Alors là il faut décrypter pour que le commun des mortels se retrouve dans ces liens croisés et ces familles :

Delphine, est Delphine Arnault fille de Bernard, né en 1975. Elle est diplômée de l’EDHEC Business School, à Lille et de la London School of Economics, elle a travaillé, à ses débuts, pour le cabinet de conseil en stratégie McKinsey & Company. Elle rejoint, en 2000, le groupe LVMH fondé par son père. Depuis 2013 elle est directrice générale adjointe de Louis Vuitton. Elle est la compagne de Xavier Niel, une fille est née dans ce couple en 2012.

Frédéric et Jean sont ses frères ou plus précisément ses demi-frères car issues du second mariage de son père. Je suis un peu gêné que mon mot du jour devienne brusquement une chronique mondaine. Je n’avais pas imaginé cela.

Le huffington Post poursuit :

« Il y a quelques jours à peine, lors de l’assemblée générale annuelle des actionnaires du groupe de luxe réunie au Carrousel du Louvre le 12 avril, Bernard Arnault ne s’en est pas caché. « Nous sommes très fiers d’habiller la première dame », a-t-il lancé, précisant que « aucun impact commercial » n’était constaté depuis cette collaboration.

Ces informations n’ont pas été démenties par l’Elysée même si, là encore, elles ne constituent pas une preuve d’une amitié directe entre le fondateur du géant du luxe et le chef de l’Etat. »

Ce journal ne peut donc conclure que prudemment et sans certitude.

Il serait éthique que le président de la république n’ait pas des amis qui ont des intérêts à défendre face à l’État.

J’espère que c’est le cas.

Pouvons-nous le croire ?

<1059>

Mardi 17 avril 2018

«  La convergence des luttes »
Réflexions sur ce concept manié par certains aujourd’hui en France

Dans un article qui n’est qu’à l’état d’ébauche, Wikipedia donne comme définition : « La convergence des luttes est une démarche syndicale en usage dans le syndicalisme de lutte, mais aussi parfois dans le monde associatif militant, qui tend à faire converger dans un mouvement social commun des luttes différentes mais proches. »

Le mouvement Nuit debout a créé un site Convergences des luttes : http://convergencedesluttes.fr/, mais ce site semble bloquer à la date du 20 avril 2016. Il est vrai que « Nuit Debout » avait beaucoup utilisé ce slogan de la convergence des luttes.

Sur un autre site créé par un mouvement appelé Pôle de Renaissance Communiste en France. La page d’accueil de ce site réagit à l’édito politique de Thomas Legrand sur France Inter du 3 avril 2018 :

« Sur France inter ce matin Thomas Legrand s’inquiète de la convergence des luttes qui montent … décrète son illusion et préconise au pouvoir enfin … de la pédagogie en mettant l’accent sur ce qu’il n’y aurait pas de commun entre :

Les cheminots qui veulent garder leur statut, des hospitaliers qui n’arrivent pas à soigner leurs patients … les employés de la grande distribution, les retraités qui craignent pour leur pouvoir d’achat … les étudiants qui ne veulent pas de sélection »

Mais ce qu’ignore ou feint d’ignorer l’éditorialiste au quotidien c’est que la diversité des effets et des situations est le résultat diversifié d’une même politique.

Cette politique et celle de ceux qui l’ont précédé consistant à privilégier les privilégiés, à désorganiser les services publics, à remettre en cause TOUS les conquis de la Libération sous le mensonge récurrent de la nécessité de la « réforme » et de la modernisation, de l’adaptation à la mondialisation …

Mais il arrive toujours un moment où les mensonges craquent et où les efforts de « pédagogie » des classes dominantes échouent comme les épaves et les détritus sur les rivages de nos plages.

Et que la question d’une autre politique, d’un autre pouvoir, d’autres forces dirigeantes … soit posée ! »

Une autre politique ! Oui mais laquelle ?

Ce même jour, le 3 avril, l’autre radio du service public, les matins de France Culture avaient pris comme sujet de débat : « La convergence des luttes : un rêve général ? »

Le sociologue, invité par Guillaume Erner, Manuel Cervera Marzal avait résumé dans une phrase le malaise d’aujourd’hui :

« Quand on parle de réforme aujourd’hui, on parle en réalité de contre-réforme : il s’agit de revenir sur des acquis sociaux. »

Sommes-nous dans un moment de convergences des luttes, comme en mai 68 où les ouvriers ont rejoint les étudiants dans un mouvement où les revendications sociales ont rejoint les revendications sociétales et de libération des mœurs et des idées ?

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, n’y croit pas. Le journal Libération publie un article : Laurent Berger: «je ne crois pas à la convergence des luttes». Il s’oppose sur ce point avec la CGT :

«Je ne crois pas à la convergence des luttes», a déclaré le patron de la CFDT sur RMC et BFMTV, soulignant qu’il s’agissait d’un «point de désaccord» avec la CGT.

Dans l’autre camp, celui qu’on appellerait dans un langage bienveillant, le partenaire gouvernemental on n’y croit pas non plus :

Cette fois il faut lire le Figaro ou le Journal du dimanche pour entendre l’avis d’Agnès Buzyn :

« La ministre de la Santé balaie dans une interview au Journal du dimanche le scénario d’une « convergence des luttes », au moment où s’exprime le mécontentement des retraités, des cheminots et des fonctionnaires face aux choix du gouvernement. »

Dans l’interview du Palais de Chaillot de dimanche, Emmanuel Macron a utilisé une autre terminologie : « La coagulation des mécontentements » pour préciser qu’il n’y croit pas non plus.

Nous disposons d’un gouvernement d’experts, du moins il se présente ainsi, c’est pourquoi le Point fait appel à des « experts » de l’analyse politique et sociologique pour en arriver à la conclusion :

« La « convergence des luttes »: on n’y est pas encore ».

Dans le corps de l’article, l’hebdomadaire est plus prudent et substitue au terme « expert » le terme « spécialiste » :

« D’abord, il faudrait un objectif politique commun comme faire tomber le gouvernement. Or, personne dans les syndicats n’a cette vision », souligne le politologue Philippe Braud. Ensuite, selon lui, il n’y a pas de « figure charismatique » qui incarne la mobilisation. Enfin, il rappelle la désunion syndicale. […]

Selon l’historienne Danièle Tartakowsky, « la convergence » est « avant tout un slogan pour cristalliser des espoirs et le symptôme de l’absence de stratégie unifiante ».[…]

De son côté, le politologue Jean-Marie Pernot se montre « moins catégorique » sur l’impossibilité d’une « convergence » des luttes, une « stratégie syndicale qui a du sens ». Il rappelle qu’en 1995 aussi, personne ne croyait à l’émergence d’un « grand mouvement ». « Or, les rancœurs sociales aujourd’hui sont très grandes et il y a une vie propre à ces mouvements de mobilisation que les syndicats ne maîtrisent pas », explique-t-il. […]

Quant à créer un éventuel mouvement d’entraînement, c’est celui des cheminots qui est considéré comme « stratégique » par les trois spécialistes. . […]

« Les cheminots sont sur le devant de la scène. Il faudrait vraiment qu’ils gagnent pour que les autres fronts prennent de l’ampleur », affirme Philippe Braud.

Toutefois, il se montre pessimiste sur ce scénario, estimant qu’il y a un « alignement des planètes en faveur de l’acceptation des réformes » par le grand public. « Le taux de soutien aux grévistes est faible alors qu’en France d’habitude, les gens soutiennent majoritairement les mouvements sociaux », ajoute-t-il. »

La convergence des luttes !

Si nous essayons de reprendre un peu de hauteur et d’essayer de comprendre ce qui se passe, que peut-on dire ?

Une phrase de Thomas Legrand dans son édito précité ouvre une piste de réflexion :

« Ces mécontentements ne dessinent pas un modèle alternatif cohérent »

Et il ajoute une phrase tout aussi importante :

« Il peut naître un front du refus. »

Dit plus simplement cela signifie que les NON peuvent s’ajouter pour bloquer le système mais que pour pouvoir s’inscrire dans la durée et dans une organisation viable et pérenne, il faut se mettre d’accord sur un OUI.

Alors évidemment on peut partir de la réflexion de Manuel Cervera Marzal : « Quand on parle de réforme aujourd’hui, […] il s’agit de revenir sur des acquis sociaux. »

Exprimé ainsi, il semble que l’essentiel du problème provienne d’une volonté explicite de ce que les militants de gauche pourraient appeler, « des forces du capital » de rogner toujours davantage les droits, les acquis, les protections des salariés.

Il s’agit évidemment d’un des aspects du problème : l’omnipotence du capitalisme financier sur l’économie mondiale, le refus des plus riches et notamment des grandes multinationales de participer à l’effort commun pour préserver L’État social.

Mais il faut comprendre qu’une grande partie du monde ne veut pas de cet État social. Que la plus grande part de celles et ceux qui participent à la révolution de la Silicon Valley sont des Libertariens qui fustigent l’interventionnisme de L’État.

J’ai découvert tout récemment Ayn Rand qui est une Philosophe, scénariste et romancière américaine d’origine russe, juive athée(1905-1982) qui a écrit La Grève ou La Révolte d’Atlas (titre original en anglais : Atlas Shrugged, littéralement : « Atlas haussa les épaules »). Selon une étude de la bibliothèque du Congrès américain et du Book of the month club menée dans les années 1990, ce livre est aux États-Unis le livre le plus influent sur les sondés, après la Bible. Il a été publié en 1957 aux États-Unis. Elle y développe sa pensée critique de la démocratie sociale interventionniste en envisageant ce que deviendrait le monde si ceux qui le font avancer, les « hommes de l’esprit », décidaient de se retirer : en l’absence de ceux qui soutiennent le monde (tel le légendaire titan grec Atlas), la société s’écroule.

C’était le livre de chevet de Ronald Reagan et de ses principaux conseillers, c’est encore cette pensée qui irrigue les détenteurs du pouvoir dans les entreprises américaines numériques qui dominent le monde. Mais j’y reviendrais dans d’autres mots du jour.

Mais bien au-delà de cette réalité du monde dans laquelle la pensée individualiste est extrêmement puissante, la conservation des acquis sociaux se heurtent à bien d’autres contraintes :

Nos acquis sociaux occidentaux ont reposé pour une grande part sur l’exploitation de nos pays et de nos entreprises sur le reste du monde. J’avais consacré le mot du jour du 21 février 2017 au politologue Zaki Laïdi qui avait cette formule : «La mondialisation c’est la fin de la rente que l’Occident avait sur le monde depuis la révolution industrielle.». Nous ne sommes plus dans cette position avantageuse, dont nous ne devrions d’ailleurs pas être fiers, mais plutôt dans une position beaucoup plus compliquée pour nous de la concurrence avec le reste du monde.

Dans ce contexte quel est notre OUI ?

C’est une question qui me préoccupe depuis longtemps et qui me plonge dans un océan de perplexité, notamment quand je discute avec certains collègues, voisins, connaissances ou que j’entends par voie de presse ou de réseaux sociaux s’exprimer car j’ai le sentiment qu’il y a beaucoup d’illusions et de contradictions dans ce qui est espéré et exprimé.

.

J’ai acquis une conviction, c’est que si des idées comme celles que défend Mélenchon arrivaient au pouvoir, nous serions conduits à une alternative :

  • La première serait qu’au bout de très peu de temps, il suivrait la voie d’Alexis Tsipras et son parti grec SYRIZA c’est-à-dire qu’il renoncerait à son programme et se soumettrait aux diktats des puissances financières ;
  • La seconde serait qu’il ne soumette pas, et mette en œuvre contre vents et marées son programme qui déplairait donc très fort aux puissances financières et mondialisées.

Dans cette seconde hypothèse et pendant longtemps, tous les français qui resteraient en France perdraient énormément de pouvoir d’achat. Il y a des denrées indispensables comme le pétrole dont la France ne dispose pas, d’autres biens services qu’elle ne sait plus faire surtout pas au coût que lui offre la mondialisation.

Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’alternative, mais la politique qui conduirait à réaliser une politique en France totalement décalée avec l’économie mondiale ne conduit pas à une augmentation du pouvoir d’achat. Le prétendre est un mensonge, le croire est une naïveté.

L’alternative crédible est plutôt dans ce cas celle que propose un homme comme Pierre Rahbi : « Vers la sobriété heureuse » pensée qu’il développe aussi lors de sa conférence à l’université de Lyon 3 dont je vous donne le <lien>.

Dans ce type de société, vous vivez sans doute plus sainement, mieux en harmonie avec la nature, mais vous consommez beaucoup moins. Moins de produits de toute sorte, moins de services achetés, moins de voyages, moins de soins etc. La société française y est-elle prête ?

J’entends surtout : « On veut plus de pouvoir d’achat ! ».

Bien sûr que ce n’est pas la consommation qui rend heureux ou alors quelques minutes simplement et encore ce n’est pas du bonheur, plutôt du plaisir ou de la satisfaction.

Mais sortir de cette société de consommation et de concurrence demande une révolution personnelle et sociétale.

Je ne crois pas qu’on soit prêt à cette révolution, ou qu’il y a suffisamment de volontaires pour créer cela au niveau d’un pays.

Et cela pose d’autres questions :

  • Comment payer les dépenses de santé de plus en plus onéreuses ?
  • Comment payer les retraites dans une société de plus en plus vieille ?
  • Comment payer les études des enfants, alors que là aussi cela coute de plus en plus cher surtout s’il faut faire un passage à l’étranger ?

Et puis il existe un certain nombre de nos concitoyens qui seraient viscéralement contre ce type d’évolution et qui irait mener leurs affaires ailleurs, les destinations ne manquent pas.

Ajouter les « Non » ne suffit pas il faut se retrouver sur un « Oui »

Et encore faut-il penser que ce serait une évolution franco française, alors que le reste du monde continuerait sa course folle vers la consommation et le progrès technique. Au moins aussi longtemps que la nature et la terre ne disent stop à ce désir de démiurge.

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Mercredi 11 avril 2018

« 300 imams de France sont des fonctionnaires d’Etats étrangers »
Réalité de la France contemporaine et acceptée dans le cadre d’accord bi-nationaux

Nos politiques parlent toujours d’islam de France. La réalité est un peu moins franco-française.

Nous savons qu’il existe des financements étrangers de l’Islam de France, on parle beaucoup du Qatar et aussi de l’Arabie Saoudite. Mais concernant les responsables religieux, les imams, trois pays, pour l’essentiel, se chargent d’envoyer des imams en France : La Turquie, l’Algérie et le Maroc et de les rémunérer.

Ces situations existent dans le cadre d’accord bilatéraux avec la France.

Et <le site BFM TV> nous apprend en outre que ces religieux sont des fonctionnaires des pays qui les envoient :

« Parmi les imams exerçant en France, 300 sont des fonctionnaires d’Etats étrangers qui les rémunèrent: à savoir la Turquie, l’Algérie et le Maroc. Ces expatriations de fonctionnaires de la foi musulmane se font dans le cadre de conventions bilatérales signées par ces trois pays. […] On peut partir du principe qu’il y a 3000 mosquées en France. […] Dans ce schéma, les imams détachés, fonctionnaires turcs, algériens ou marocains, représenteraient 10% environ de l’ensemble.

Parmi ces fonctionnaires religieux déployés par des Etats étrangers, on trouve ainsi […] « 151 imams turcs, 120 Algériens, et 28 Marocains ». L’addition de ces trois groupes n’atteint pas la barre des 300. La raison? Le départ récent de deux imams marocains. »

Le JDD du 11 février 2018 dans un article « Islam de France : ce que veut faire Macron » précise quelques points supplémentaires :

« [Macron] n’a guère apprécié que son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, profite d’une visite à Paris pour s’entretenir avec les dirigeants du Conseil français du culte musulman (CFCM) et afficher outrageusement le poids de son pays au sein de l’islam français. […]

Désormais, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a pour mission de préparer la réforme du CFCM, institution créée en 2003 sous l’égide de Nicolas Sarkozy, mais qui n’est jamais parvenue à s’imposer – à peine un tiers des musulmans connaissent son existence […] Tous les experts consultés ont livré le même diagnostic : le mode de désignation des membres du CFCM est en soi un facteur d’immobilisme, une sorte de péché originel. Ils sont élus dans les mosquées selon une répartition des sièges proportionnelle à la surface des bâtiments et dans un scrutin où l’influence des pays étrangers (Algérie, Maroc, Turquie, Arabie saoudite, Qatar) se révèle déterminante.

Capital qui a consacré un article à ce sujet : « Comment sont financées les mosquées en France ? » explique :

« S’il est effectivement difficile d’obtenir des données précises sur le sujet, un rapport parlementaire publié le 5 juillet estimait que le financement des mosquées par des pays étrangers restait « marginal », l’essentiel étant assuré grâce aux dons des fidèles (la loi interdisant aux pouvoirs publics de subventionner les cultes). « Le financement du culte musulman se rapproche de celui des autres cultes, notamment du culte catholique, qui provient à 80 % des dons des fidèles », soulignent les auteurs.

Le rapport cite notamment le président de l’Union des organisations islamiques de France, Amar Lasfar, pour qui « hormis une vingtaine de mosquées financées par des organisations ou des États étrangers, l’immense majorité est financée par la communauté musulmane ».

Parmi les pays concernés, figure l’Arabie Saoudite qui affirme avoir « participé au financement de huit mosquées françaises : les aides ont varié entre 200.000 et 900.000 euros par projet. Au total, nous avons versé 3.759.400 euros ». Il s’agit principalement de lieux situés en banlieue parisienne (Cergy, Nanterre, Asnières…), à Strasbourg ainsi qu’à Givors près de Lyon.

L’Algérie, de son côté, évoque une subvention de 2 millions d’euros par an allouée à la Grande Mosquée de Paris, qui l’utilise pour son fonctionnement et les répartit ensuite vers des dizaines d’associations ou lieux de culte affiliés. Le Maroc, lui, est propriétaire de la mosquée d’Evry et a participé à la construction ou la restauration de celles de Saint-Étienne, Strasbourg et Mantes-la-Jolie. Le Royaume chérifien a consacré 6 millions d’euros en 2016 à cette activité ainsi qu’à la rémunération de 30 imams envoyés en France. […]

Par ailleurs, l’Arabie Saoudite a indiqué prendre en charge le salaire d’environ 14 imams exerçant dans des mosquées en France, sans que ces derniers soient détachés par les Saoudiens.

Reste la question des financements par des particuliers étrangers, pour lesquels c’est beaucoup plus flou : seule l’Arabie Saoudite indique « 3 dons privés » versés pour la construction de mosquées. « Ces dons privés étrangers, éclatés, ne peuvent faire l’objet d’une collecte statistique exhaustive. Ils sont pourtant, sans nul doute, ceux qui suscitent, dans l’opinion publique, le plus de suspicion, quant à l’orientation idéologique qui les anime », regrettent les auteurs du rapport. L’initiative de Manuel Valls permettra peut-être, à terme, d’améliorer la transparence sur ce point… »

La Loi de séparation de l’église de l’Etat interdit à l’Etat de financer les activités cultuelles ou la construction des édifices religieux. Mais cette loi était destinée aux églises chrétiennes qui avaient eu le temps et l’argent pour s’implanter dans le pays au cours des siècles.

Rien de tel pour l’Islam.

Or comme le proclame le titre du livre d’Hakim El Karoui « L’islam, une religion française  », nous ne pouvons pas nier cette réalité que l’islam existe et est pratiquée dans notre pays.

Il est probable que la loi de 1905 n’est pas adaptée à cette situation.

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Mardi 10 avril 2018

« 100 imams algériens envoyés en France pour le ramadan »
Arrangement entre Le ministre des cultes français Gérard Collomb et le ministre des Affaires religieuses algériens, Mohamed Aïssa.

J’ai été étonné lorsque, lors d’une émission de radio, un des intervenants a évoqué ce sujet d’un accord de notre ministre de l’intérieur avec le ministre algérien des affaires religieuses.

J’ai fait des recherches internet, peu de grands médias français en ont parlé.

Le Figaro a donné la parole à Jeannette Bougrab «On nous casse les oreilles avec l’islam de France et on fait venir des imams d’Algérie

LCI aussi en fait mention en évoquant un propos de Manuel Valls : « De quoi parle Manuel Valls ? »

Sur ce site nous pouvons lire :

« Une dépêche de l’agence officielle de presse algérienne reprend en effet cette citation du ministre annonçant : « Nous avons choisi 150 imams, parmi les meilleurs qui ont exprimé le vœu d’aller à l’étranger pour diriger les prières durant le mois sacré de Ramadhan. » Parmi ces 150 imams, la France en recevra 100 « vu la forte concentration de la communauté algérienne qui y est établie et les 50 autres seront répartis à travers plusieurs pays, comme l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne, la Belgique et le Canada »

[…] Djelloul Seddiki, directeur de l’institut Al-Ghazâli de la grande mosquée de Paris, chargé d’accueillir les imams étrangers [a expliqué] : «  Ces imams « viennent pour 29 jours. Nous les accueillons, leur réservons une nuit d’hôtel et nous occupons des affectations en amont. Ils n’ont pas de formation en arrivant car ils vont simplement réciter les 60 chapitres du Coran en arabe, ils n’ont pas besoin de savoir parler français. »

Le directeur fait ainsi une distinction avec d’autres imams, venant eux aussi d’Algérie – mais pour quatre ans cette-fois – dans le cadre d’un accord passé à l’époque avec Bernard Cazeneuve. « Ceux-là, nous les accueillons à l’institut pendant 3 semaines car ils doivent savoir parler français et prendre des cours sur les institutions françaises, la laïcité… Ils passent également un diplôme universitaire par la suite dans le cadre d’un accord avec l’université Paris1 La Sorbonne »

Et cet accord, passé entre la France et l’Algérie à l’occasion du Ramadan, est loin d’être nouveau, ou même isolé. Déjà en 2011, par exemple, le Conseil français du culte musulman (CFCM) annonçait la venue de 180 imams marocains : « C’est devenu une tradition. Chaque année, le Maroc nous envoie en renfort des imams pour assurer la lecture du Coran et les prêches durant le mois sacré du Ramadan où les fidèles sont plus nombreux à se rendre sur les lieux du culte musulman » expliquait alors Mohamed Moussaoui, le président. […]

Toujours dans l’agence de presse algérienne, on peut lire que ces imams ont été « sélectionnés pour la maîtrise des règles de la psalmodie et les aptitudes à diffuser un discours religieux ‘modéré et éclairé’, à être les « ambassadeurs de la paix » et à faire valoir la véritable image de l’Islam dans le monde. »

Djelloul Seddiki explique par ailleurs qu’ils ont été choisis aussi sur le critère de leur savoir-faire : « Ils ont été choisi pour leur belle voix », nous dit-il, « pour faire plaisir aux fidèles ». »

J’ai aussi trouvé le site Atlantico qui a donné la parole à Alexandre del Valle qui est un géopolitologue et essayiste franco-italien et qui soutient plutôt cette initiative. « Un des pôles les plus modérés de l’Islam de France est depuis longtemps l’Islam algérien de la Grande Mosquée de Paris»

Il précise que :

« La Mosquée de Paris avant cela était marocaine mais est depuis des décennies algérienne. Les imams de la Mosquée de Paris sont souvent nommés par l’Algérie, elle est co-financée par l’Algérie. Il est vrai, et on le constate, que ce n’est pas parce qu’un Islam est français qu’il est modéré. Il y a des salafistes, Français de troisième génération qui ne sont pas particulièrement financés par l’Arabie Saoudite, et inversement, des immigrés algériens qui sont parmi les plus modérés qu’on ait en France. Il n’y a donc pas de règles : ce n’est pas parce qu’on est Français qu’on est modéré et parce qu’on est étranger qu’on est radical. Aujourd’hui le plus grand lieu représentant d’un Islam tolérant et correct (même s’il y a des choses à critiquer), c’est la Mosquée de Paris et le réseau qu’elle dirige en France. »

Gérard Collomb parie sur la promotion d’un islam de «modération » et du « juste milieu» en France. Ce sont ses mots.

Plusieurs sites algériens parlent de cet accord.

Si les grands médias français, mis à part le Figaro n’en parle pas, en revanche les sites d’extrême droite comme résistance républicaine ou français de souche en parle abondamment pour dénoncer cette ingérence étrangère.

La réalité c’est qu’il n’y a pas suffisamment d’imams en France et qu’il faut donc faire appel à une main d’œuvre étrangère ou des voix étrangères.

Peu de publicité est faite sur ce sujet, le gouvernement a probablement peur d’aggraver les tensions.

Gérard Collomb a-t-il raison de parier sur la modération des imams algériens ?

Alexandre del Valle  sur le site Atlantico nuance son propos optimiste à la fin de son entretien :

« C’est souhaitable. Mais les faits sont relativement différents. Autant je vous ai dit que la Mosquée de Paris est un pôle relativement modéré, en revanche en Algérie, la situation est différente. Les athées sont persécutés, on s’en prend à ceux qui ne fêtent pas le Ramadan, des lois sont venues renforcer la ségrégation des chrétiens, la conversion à une autre religion que l’Islam est interdite… Si l’Algérie était un havre de tolérance républicaine, cela se saurait. Cette volonté de l’Islam de Cordoue est peut-être la volonté de quelque personnes, mais dans les faits, même si l’Algérie combat l’islamisme politique et le terrorisme (et ce depuis la guerre civile), elle a connu un durcissement des conditions de vie des musulmans non-pratiquants, des autres croyants, des apostats.

Je pense donc que malheureusement, dans ces propos [du ministre algérien], il y a une part de double-jeu qui m’ennuie. »

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Mardi 3 avril 2018

« La liberté se confond avec le bonheur et le courage avec la liberté ! »
Périclès rendant hommage aux morts athéniens pendant la guerre du Péloponnèse

Le Président de La République, Emmanuel Macron a décrit, dans son hommage aux Invalides, les conditions dans lesquelles le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame a accepté de prendre la place de l’otage que détenait le terroriste islamiste :

«Il était environ onze heures ce vendredi 23 mars 2018, lorsque le lieutenant-colonel Arnaud BELTRAME s’est présenté avec ses hommes devant la grande surface de Trèbes dans l’Aude. Un quart d’heure seulement leur avait suffi pour être sur les lieux. Que savait-il à ce moment-là du terroriste qui s’y était retranché ? Il savait qu’il avait un peu plus tôt tué le passager d’un véhicule, Jean-Michel MAZIERES, et grièvement blessé son conducteur Renato GOMES DA SILVA.  Qu’il avait fait feu sur des CRS aux abords de leur caserne et blessé l’un d’entre eux à l’épaule, le brigadier Frédéric POIROT. Que dans ce commerce où il s’était retranché il avait abattu deux hommes à bout portant : Hervé SOSNA, un client, et Christian MEDVES, le chef boucher.  Nous pensons en cet instant à ces blessés, à ces morts, nos morts, et à leurs familles dans le recueillement.

Il savait aussi que le terroriste détenait une employée en otage. Qu’il se réclamait de cette hydre islamiste qui avait tant meurtri notre pays. Qu’avide de néant ce meurtrier cherchait la mort. Cherchait sa mort. Cette mort que d’autres avant lui avaient trouvée. Une mort qu’ils croyaient glorieuse, mais qui était abjecte : une mort qui serait pour longtemps la honte de sa famille, la honte des siens et de nombre de ses coreligionnaires ; une mort lâche, obtenue par l’assassinat d’innocents.

L’employée prise en otage était de ces innocents. Pour le terroriste qui la tenait sous la menace de son arme, sa vie ne comptait pas, pas plus que celle des autres victimes. Son sort sans doute allait être le même.  Mais cette vie comptait pour Arnaud BELTRAME. Elle comptait même plus que tout car elle était comme toute vie la source de sa vocation de servir.

Accepter de mourir pour que vivent des innocents, tel est le cœur de l’engagement du soldat. Être prêt à donner sa vie parce que rien n’est plus important que la vie d’un concitoyen, tel est le ressort intime de cette transcendance qui le portait. Là était cette grandeur qui a sidéré la France.  Le lieutenant-colonel BELTRAME avait démontré par son parcours exceptionnel que cette grandeur coulait dans ses veines. Elle irradiait de sa personne. Elle lui valait l’estime de ses chefs, l’amitié de ses collègues et l’admiration de ses hommes.

A cet instant toutefois d’autres, même parmi les braves, auraient peut-être transigé ou hésité. Mais le lieutenant-colonel BELTRAME s’est trouvé face à la part la plus profonde et peut-être la plus mystérieuse de son engagement.  Il a pris une décision qui n’était pas seulement celle du sacrifice, mais celle d’abord de la fidélité à soi-même, de la fidélité à ses valeurs, de la fidélité à tout ce qu’il avait toujours été et voulu être, à tout ce qui le tenait. »

Arnaud Beltrame est un héros.

Certains voudraient faire de toutes les victimes du terrorisme des héros, mais ce n’est pas le cas. Les victimes sont des victimes, elles sont assassinées parce que les terroristes islamistes les considèrent comme faisant partie de la communauté de leurs ennemis.

La nation française doit leur rendre hommage parce que c’est en raison de leur appartenance à notre nation qu’elles ont été tuées, qu’à travers leur mort chacun de nous a été atteint. Il faut entourer leurs proches, aider les blessés, accompagner positivement les uns et les autres dans la compassion, dans l’entraide et dans la fraternité de notre devise, car elles ont été atteints dans leur chair en tant que frère dans la nation.

Mais ce ne sont pas des héros. Arnaud Beltrame est un héros.

C’est un héros, parce que sachant ce qu’il savait, il a agi pour prendre la place d’une otage et connaissant l’instinct de mort de l’ignoble individu qui se trouvait dans le supermarché, il savait que le risque pour lui de mourir était immense.

Il a accepté ce risque, parce qu’il croyait à des valeurs qui étaient plus importantes que sa vie, que la conservation de sa vie.

<Mohammed Merah a dit : moi la mort je l’aime comme vous aimez la vie>

Il semblerait que Ben Laden dans une de ses diatribes contre l’Occident aurait écrit : « Nous vous avons préparé des hommes qui aiment la mort autant que vous aimez la vie. »

Toujours est-il que dans l’idéologie de ces criminels illuminés leur premier objectif est de donner la mort fusse-ce au prix de leur mort. Ils prétendent aimer la mort.

Arnaud Beltrame aimait la vie jusqu’au point de donner la sienne pour en sauver une autre. C’est une réponse immense, extraordinaire à la folie de nos ennemis : « Vous recherchez la mort pour donner la mort, il en est parmi nous qui sont capable de mourir pour sauver des vies ».

Parce qu’il existe des combats qui sont plus grands que nous, des causes plus grandes que notre vie.

Nous ne savons pas individuellement si nous serions capables de ce courage dans de telles circonstances.

Celui qui prouve ce courage est un héros.

C’est pourquoi le Colonel Arnaud Beltrame en est un.

C’est Thierry Pech, directeur général du think tank Terra nova, lors de l’émission l’Esprit Public du dimanche de Pâques qui a cité les mots de Périclès mis en exergue de ce mot du jour :

« La réponse que cet homme a apportée aux islamistes est la plus terrible qui ait été apportée jusqu’à présent.Ils croient que nous ne croyons en rien. Ils pensent qu’eux seuls ont le courage de sacrifier leur vie pour leur cause.
Et ils ont eu devant eux un sacrifice démocratique. Ils ont eu un martyr pour la vie, non pas un martyr pour la mort.
Il faut bien sûr célébrer le courage de cet homme.
Il faut célébrer cette idée que la démocratie est plus grande que nous et qu’elle mérite qu’on aille jusqu’à là, jusqu’au sacrifice ultime. »

Et il cite Périclès qui rend hommage aux morts athéniens :

« Sachez que chez nous la liberté se confond avec le bonheur, et le courage avec la liberté ! »

Propos rapportés par le grand historien grec, Thucydide, dans la Guerre du Péloponnèse.

Et vous pouvez trouver l’intégralité de la traduction de la Guerre du Péloponnèse de Thucydide sur Internet.

L’extrait dont parle Thierry Pech se trouve dans le Livre II au chapitre XLIII. Voici ce chapitre : . –

« C’est ainsi qu’ils se sont montrés les dignes fils de la cité. Les survivants peuvent bien faire des voeux pour obtenir un sort meilleur, mais ils doivent se montrer tout aussi intrépides à l’égard de l’ennemi ; qu’ils ne se bornent pas à assurer leur salut par des paroles. Ce serait aussi s’attarder bien inutilement que d’énumérer, devant des gens parfaitement informés comme vous l’êtes, tous les biens attachés à la défense du pays. Mais plutôt ayez chaque jour sous les yeux la puissance de la cité ; servez -la avec passion et quand vous serez bien convaincus de sa grandeur, dites-vous que c’est pour avoir pratiqué l’audace, comme le sentiment du devoir et observé l’honneur dans leur conduite que ces guerriers la lui ont procurée. Quand ils échouaient, ils ne se croyaient pas en droit de priver la cité de leur valeur et c’est ainsi qu’ils lui ont sacrifié leur vertu comme la plus noble contribution. Faisant en commun le sacrifice de leur vie, ils ont acquis chacun pour sa part une gloire immortelle et obtenu la plus honorable sépulture. C’est moins celle où ils reposent maintenant que le souvenir immortel sans cesse renouvelé par les discours et les commémorations. Les hommes éminents ont la terre entière pour tombeau. Ce qui les signale à l’attention, ce n’est pas seulement dans leur patrie les inscriptions funéraires gravées sur la pierre ; même dans les pays les plus éloignés leur souvenir persiste, à défaut d’épitaphe, conservé dans la pensée et non dans les monuments. Enviez donc leur sort, dites-vous que la liberté se confond avec le bonheur et le courage avec la liberté et ne regardez pas avec dédain les périls de la guerre. Ce ne sont pas les malheureux, privés de l’espoir d’un sort meilleur, qui ont le plus de raisons de sacrifier leur vie, mais ceux qui de leur vivant risquent de passer d’une bonne à une mauvaise fortune et qui en cas d’échec verront leur sort complètement changé. Car pour un homme plein de fierté, l’amoindrissement causé par la lâcheté est plus douloureux qu’une mort qu’on affronte avec courage, animé par l’espérance commune et qu’on ne sent même pas. »

Jean-Luc Melenchon a eu des paroles lumineuses, comme il sait parfois les porter, à l’Assemblée nationale :

« Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame a remis le monde humain en ordre. Il a assumé la primauté d’un altruisme absolu : celui qui prend pour soi la mort possible de l’autre, illustrant ainsi les valeurs de foi et de philosophie auxquelles il était attaché personnellement. En ce sens, le lieutenant-colonel Beltrame est un héros de la condition humaine. »

Robert Badinter, du haut de la sagesse de ses 90 ans a rendu cet hommage au Colonel Beltrame

« Que le colonel Beltrame soit mort en héros, les hommages et les larmes de tant de Français de toutes origines et de toutes conditions l’ont proclamé. Un héros est en effet celui qui accepte de donner sa vie pour servir son idéal. Mais au-delà de cette grandeur, on doit s’interroger sur le sens de ce sacrifice, sur la cause pour laquelle il choisit de mourir, car il est des causes qui font horreur.

Ainsi en est-il du terrorisme. Le jihadiste qui se fait exploser au milieu de ces victimes innocentes commet un acte monstrueux. Mais pour les partisans de son idéologie, il est un martyr. Assassin pour nous, martyr pour les siens : c’est pourtant du même homme et du même acte dont il s’agit.

Dès lors, s’agissant de notre héros le colonel Beltrame, il faut, pour prendre la mesure de son sacrifice, dégager le sens de son action. Le colonel Beltrame est mort parce qu’il a donné sa vie pour sauver d’autres vies. C’est la plus noble expression de la fraternité. Son sacrifice est à l’opposé du crime du jihadiste, qui meurt pour que d’autres êtres humains périssent avec lui ou à cause de lui.

Comme les fascistes espagnols, hurlant jadis dans les ruines de Tolède « Viva la muerte ! », c’est au culte de la mort que le jihadiste se voue. Le colonel Beltrame, lui, agit à l’opposé. C’est pour épargner la vie d’innocents qu’il a donné la sienne. Que son souvenir demeure vivant à travers les générations. Il a servi la cause de l’humanité toute entière. Merci, mon colonel ! »

Oui Merci mon colonel, d’avoir remis le monde humain en ordre.

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Lundi 26 mars 2018

« Claude de France »
Achille Claude Debussy

Le 25 mars 1918, mourait Claude Debussy. Tous les journaux lui rendent hommage.

Le Figaro titre : « Il y a 100 ans, la mort du génial compositeur Claude Debussy »

Le Monde : « Claude Debussy, ce moderne méconnu »

La Croix : « Debussy, un moderne mort il y a cent ans »

Ou encore la voix du Nord : « Centenaire de Claude Debussy, père de la musique des «sens» »

Dans un autre article du Monde : « Debussy, le musicien de toutes les guerres », nous apprenons :

« Le 25 mars 1918, à 6 h 50, le premier obus de la journée tombe sur Paris. Un autre suit, puis un deuxième, un troisième. « Le gros canon boche n’est plus qu’un ennuyeux personnage de faits divers », commente Le Figaro. Vers 22 heures, Claude Debussy pousse son dernier soupir, terrassé par un cancer, à l’âge de 55 ans. La nouvelle est rapportée dans les journaux, qui consacrent l’essentiel de leurs maigres pages à la bataille qui fait rage en Picardie. L’hommage prend un tour antigermanique. « C’est la musique de Debussy qui nous a délivrés du prestige maléfique de Wagner, assure Louis Laloy, à une heure où nos meilleurs artistes en étaient victimes. » »

Mais c’est probablement la page d’hommage du site « Culturebox » qui est la plus intéressante parce qu’elle présente des vidéos remarquables par exemple celle où Boulez explique la modernité du ballet « Jeux » ou une vidéo d’animation qui présente « Pelleas et Mélisande » et aussi parce qu’il donne la parole au grand pianiste Philippe Cassard qui a écrit un livre sur Debussy qui vient d’être publié :

« Au départ admirateur du génie de Richard Wagner, Claude Debussy se révolte rapidement contre l’ornière romantique et la musique allemande. « Quelle était la vague en 1885 à Paris? C’était Wagner, Wagner, Wagner, tous les compositeurs succombaient à cette espèce de tsunami wagnérien. « Le Prélude à l’après-midi d’un faune » était « la réponse d’un compositeur français à l’invasion sonore allemande […] C’est intime, c’est lyrique, avec beaucoup de poésie et de délicatesse […] Il est né le 22 août 1862 à Saint-Germain-en-Laye, à l’ouest de Paris, au sein d’une famille de petits commerçants. Alors qu’on ne discutait pas culture en famille, on l’a confié à la belle-mère de Verlaine », la pianiste Antoinette Mauté, elle-même élève de Chopin. »

On constate donc que s’il n’est pas né dans une famille d’artiste, il a rapidement été baigné dans un univers culturel particulier

Il est vrai comme l’écrit ce site qu’on compare Debussy non pas à d’autres musiciens mais à plutôt à d’autres artistes de son époque, notamment les Impressionnistes et les Symbolistes. « Prélude » est une interprétation musicale très libre d’un poème de Stéphane Mallarmé, tandis que « Fêtes galantes » et le célébrissime « Clair de Lune » sont à l’origine des poèmes de Paul Verlaine. Bertrand Dermoncourt qui a été nommé conseiller artistique pour le centenaire de Debussy par Emmanuel Macron explique :

« C’est un peu le Claude Monet de la musique (…) car ses œuvres sont très proches de la nature », comme « La mer » Ce sont les mêmes impressions qu’on peut retrouver dans les tableaux de Monet, de petites touches qui créent des ambiances. […] Il annonce toute la musique du 20e siècle, tous les compositeurs après se réclament de lui»

Emmanuel Macron qui a dit cette phrase énigmatique « On a tous en nous quelque chose de Johnny », surtout depuis qu’on en sait davantage sur la grande propension de cet artiste de vouloir pratiquer l’évitement fiscal et le refus de se soumettre au droit français concernant l’héritage, joue aussi du piano et a fait part, dans une déclaration transmise à l’AFP, de son admiration pour le maître de musique français :

« J’accorde une place toute particulière aux Préludes pour piano, dont on ne finit jamais de sonder la nouveauté radicale ».

Certainement Debussy fut un compositeur de piano tout à fait étonnant, avec de petites pièces ciselées, toute en poésie et en finesse.

Parmi les préludes évoqués par le Président de la République, il y a cette délicieuse pièce « La Fille aux cheveux de lin »

D’abord pour votre culture et développer votre capacité de jugement, je vous invite à regarder cette pitrerie : « Lang Lang joue La fille aux cheveux de lin »
Cet acteur de théâtre du nom de Lang Lang que certains prétendent pianiste fait semblant d’interpréter l’œuvre de Debussy.

Ici, beaucoup plus mal enregistré, vous écouterez un vrai pianiste, Arturo Benedetti Michelangeli jouer cette œuvre avec grâce et musicalité

Vous pouvez aussi écouter une belle interprétation à la harpe par Sasha Boldachev

<Le quatuor à cordes opus 10> est aussi un chef d’œuvre de la musique, le lien vous emmène vers une interprétation du 1er mouvement par le Jerusalem Quartet.

Et encore une œuvre moins connue que j’aime particulièrement <Danse sacrée et profane pour Harpe et orchestre à cordes>

Et puis aussi cette œuvre surprenante, pleine de poésie <Syrinx> pour flûte solo jouée par Emmanuel Pahud.

Enfin le chef d’œuvre, unique, absolu, celui dans lequel Claude Debussy atteint au sublime : son opéra « Pélléas et Mélisande » dans une interprétation de l’Opéra de Lyon sous la direction de John Eliot Gardiner.

Il aimait signer ses partitions du nom de « Claude de France » et il est vrai qu’il est par essence le musicien français comme le décrit superbement Wikipedia que je cite :

« D’une audace imprévisible, mais d’une sûreté de goût absolue, harmoniste inclassable et dramaturge subtil, Debussy est comme Rameau auquel il a rendu hommage dans ses Images pour piano, un compositeur d’esprit très français (il signait d’ailleurs certaines de ses partitions Claude de France). Mais grâce à la révolution qu’il opère dans l’histoire de la musique, à travers les ponts qu’il lance en direction des autres arts et des multiples sensations qu’ils éveillent (les sons et les parfums, les mots et les couleurs), il fait accéder sans doute mieux qu’aucun autre la musique française à l’universalité : celle du corps, de la nature et de l’espace. »

<Vous trouverez ici un site entièrement consacré à l’œuvre de Claude Debussy>

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Vendredi 23 mars 2018

«Je danse chaque jour pour que la journée ne soit pas perdue.»
Nadia Vadori-Gauthier

C’est par l’émission « L’Invité culture » que présente Caroline Broué que j’ai entendu parler une première fois de Nadia Vadori-Gauthier. Cétait l’émission du 24 février 2018.

Nadia Vadori-Gauthier est danseuse et chercheuse. Elle a été, comme beaucoup, choquée en janvier 2015 par l’attentat contre Charlie Hebdo.

Et c’est en voulant réagir à ce crime, à cette violence qu’elle a eu l’idée de danser chaque jour une minute dans un endroit particulier et de poster la vidéo de cette danse sur Internet.

Caroline Broué l’a invité car elle vient de publier un livre Danser, résister : une minute de danse par jour publié aux éditions Textuel, où elle raconte ces performances.

J’ai beaucoup aimé l’énergie positive qui se dégageait de ses réponses et de sa personnalité. Elle a cette belle phrase :

« Je danse chaque jour pour que la journée ne soit pas perdue »

Et elle dispose d’un site Web qui reproduit toutes ces danses : http://www.uneminutededanseparjour.com/

Et où elle décrit son projet et son inspiration :

Le 7 janvier 2015, date de l’attentat à Charlie Hebdo, j’étais très affectée. Ce soir-là, j’ai mis au point le projet de Une minute de danse par jour, pour agir une présence sensible dans le monde. Je voulais agir en m’assignant une action quotidienne petite mais réelle et répétée, qui œuvre pour une poésie en acte, en me mettant réellement en jeu, seule ou en relation à d’autres. Les attaques des jours suivants ont renforcé cette détermination.

C’est dans ce monde qui est le nôtre que, depuis le 14 janvier 2015, je danse chaque jour, sans autres armes que celles du sensible, pour ne pas céder à l’anesthésie, la peur ou la pétrification et créer des connexions vivantes aux autres, aux environnements. Comment agir de façon locale, infinitésimale, à sa mesure, afin de contribuer à la création de liens et au décloisonnement ?

[…] Depuis le 14 janvier 2015, Je danse une minute et quelque, tous les jours, simplement, sans montage avec les moyens du bord, dans les états et les lieux dans lesquels je me trouve, sans technique, ni mise en scène, ni vêtement ou maquillage particulier, rien d’autre que ce qui est là. Et je poste la danse en ligne le jour-même.

Je danse en intérieur ou en extérieur, dans des endroits publics ou privés, seule ou avec d’autres, des inconnus ou des gens que je connais et parfois des amis.

Je danse comme on manifeste, pour œuvrer à une poésie vivante, pour agir par le sensible contre la violence de certains aspects du monde.

C’est la réponse que j’ai trouvé pour m’impliquer en acte à ma mesure, dans une action réelle, répétée, qui puisse déplacer les lignes, faire basculer le plan ou osciller la norme.

J’ai été également inspirée pour ce projet d’une phrase de Nietzsche tirée de Ainsi parlait Zarathustra et qui dit : « Et que l’on estime perdue toute journée où l’on n’aura pas dansé au moins une fois. ». Ca veut dire pour moi qu’il s’agit de vivre, qu’il s’agit de vivre en mouvement, de rester en mouvement.

J’ai été également accompagnée dans l’élaboration de ce projet par un proverbe chinois : « Goutte à goutte l’eau finit par traverser la pierre. ». Cela veut dire qu’une action minime et répétée peut finir par avoir un grand effet.

La goutte d’eau, ce sont les danses, quotidiennes, interstitielles, sans armes ni sans boucliers. et la pierre, c’est un certain durcissement du monde (communautarismes, hiérarchies, consumérismes, dogmatismes), et aussi la désolidarisation d’avec la nature (environnement, animaux, végétaux) et le manque d’une dimension poétique active au quotidien.

Alors pour moi, Une minute de danse par jour, c’est un engagement esthétique, c’est à dire de la sensibilité, un engagement poétique, éthique et microlitique, qui est radical à la petite échelle qui est la mienne.

Je continue à danser tous les jours, pour œuvrer à une place plus sensible dans le monde, pour qu’il y ait des circulations entres les cases, les catégories, les corps.

Je parie que c’est possible.

Chaque jour, tout recommencer à zéro, comme s’il n’y avait jamais eu aucune danse ; tout est à refaire, le corps, la danse ; tout est à danser, à redanser, pour une minute et quelque.

Danser la vie qui passe et qui vibre dans les interstices du quotidien, qui vibre, dans les intervalles entre les images brillantes qui prétendent nous tenir lieu de monde.

<Le Monde lui a aussi consacré un article>

<Cette danse est la numéro 509, elle danse avec un handicapé> c’est beau et émouvant.

Une bien belle personne …


Ici devant le Palais de Tokyo.

<1043>