«La mondialisation c’est la fin de la rente que l’Occident avait sur le monde depuis la révolution industrielle.»
Zaki Laïdi
Nous tournons depuis longtemps autour de ce concept de mondialisation, certains pour s’en enthousiasmer et il vrai qu’il y a beaucoup d’aspects très positifs à cette évolution et d’autres pour s’en méfier, voire de la rejeter.
La mondialisation est un terme français, les anglo-saxons parlant de globalisation. Certains esprits français distinguent désormais la globalisation comme la partie économique de la mondialisation qui concerne outre l’économie, la culture, le village global dans lequel les gens échangent des idées, des appartements et voyagent.
France Culture a invité, dans une émission qui avait pour titre <Peut encore défendre la mondialisation ?>, Zaki Laîdi qui est politologue et a beaucoup investi dans une réflexion sur ce changement de monde.
Et à la question de Guillaume Erner : «Comment peut-on définir la mondialisation ?» Il a eu cette réponse qui me semble pleine de clarté et de pertinence :
«Fondamentalement au niveau géopolitique globale, la mondialisation c’est la fin de la rente que l’Occident avait sur le monde depuis la révolution industrielle. C’est-à-dire que la position dominante de l’Occident dans le monde arrive aujourd’hui à son terme.
Et ce que fondamentalement la mondialisation est, c’est un basculement du centre de gravité de la richesse du monde de l’Occident vers le reste du Monde. On voit bien le problème que cela pose à l’Occident, à l’Europe, aux Etats-Unis : ils ne sont plus dans la position dominante dans laquelle ils étaient et qui va les obliger à composer avec le reste de ce monde. Avant la révolution industrielle, la Chine et l’Inde représentait 40 % de la richesse du monde.»
Nous ne sommes pas en déclin selon Zaki Laïdi, mais nous entrons dans un monde plus difficile, plus concurrentiel parce que nous avons perdu cette rente.
La mondialisation produit des gagnants et des perdants. Emmanuel Todd avait eu cette image il y a quelques années, dans les années 70 quand vous alliez à Calcutta vous voyiez énormément de gens très pauvres vivre dans la rue en s’abritant dans des cartons. La mondialisation a fait en sorte que proportionnellement il y ait moins de gens qui vivent de la sorte à Calcutta mais que maintenant chez nous il y a aussi des gens qui dorment dans les rues, dans des cartons…
Zaki Laïdi dit encore :
«Derrière la mondialisation nous avons fondamentalement le changement technologique. Ce changement a eu pour conséquence que le coût de l’échange d’informations s’est effondré, le coût des transports aussi, c’est un effondrement des distances.»
Une autre invité Virginie Raisson ajoutant cette évidence:
«Si les inégalités entre pays ont diminué du fait de la mondialisation, elles ont augmenté à l’intérieur même des pays»
La grande question politique qui se pose dès lors est : Comment aide t’on les perdants de la mondialisation ? Pour les gagnants, l’économie s’en charge. Pour qu’il y ait plus de gagnants, il faut probablement plus d’éducation et une éducation de qualité adaptée aux besoins du temps. Mais il y aura toujours des perdants. Et s’occuper des perdants c’est une question politique, d’organisation de la société.
Or comme le dit un message que j’ai vu récemment circuler sur les réseaux sociaux : « Nous vivons dans un monde où ceux qui gagnent 100 000 € par mois persuadent ceux qui en gagnent 1800 que tout va mal à cause de ceux qui vivent avec 535 €. Et ça marche. »
Tant que nous étions dans le système de la rente de l’Occident sur le reste du monde, nos élites économiques prélevaient sur le reste du monde de quoi, sans rien lâcher sur leurs profits, donner des emplois convenablement rémunérés au plus grand nombre des occidentaux. Sans cette rente comment faire ?
Il me semble qu’il y a 3 solutions : la redistribution, la charité ou la relégation qui peut devenir élimination.
Il va sans dire que pour moi seule la première est digne.