Lundi 20 février 2017

Lundi 20 février 2017
« Une antonomase »
Figure de style dans laquelle un nom propre est utilisé comme nom commun.
Le dictionnaire Larousse explique que ce mot vient du grec « antonomasia », de anti, à la place de, et onoma, nom et donne pour définition : Figure de style consistant à  remplacer un nom commun par un nom propre ou inversement.
Mais selon Wikipédia, certains linguistes limitent le sens de ce mot à l’antonomase du nom propre qui consiste à employer un nom propre pour signifier un nom commun.
Grâce à Wikipedia nous disposons d’une première liste d’exemples d’antonomase :
Ainsi François Barrême était un mathématicien du XVIIe siècle. Le mot devenu « barème » apparut au XIXe siècle ;
Eugène Poubelle était préfet de la Seine, où il généralisa l’usage de la poubelle à des fins de salubrité publique ;
« Mécène » désigne un « généreux donateur protégeant les arts et les artistes », en souvenir de Mécène, général romain de l’époque de l’empereur Auguste, qui s’étant enrichi au cours de ses campagnes, s’était offert une villa somptueuse entourée d’artistes ;
Et le mot « Atlas », vient du géant de la mythologie grecque condamné à porter le monde sur les épaules.
Plus couramment on parlera d’un « Harpagon » pour parler d’un avare ou d’un « Don Juan » pour évoquer un séducteur compulsif.
Je pense que bientôt on parlera d’un « Fillon » pour décrire une personne qui recommande des actions positives voire des sacrifices aux autres et se garde bien d’appliquer ces conseils à lui-même.
Mais on pourra aussi vouloir exprimer le contraire : « Je n’ai pas fait mon Fillon ».
C’est ce que peux dire à propos du conseil que je vous ai donné la semaine dernière d’aller voir « Lumière ! L’aventure commence » car vendredi en fin d’après-midi nous avons, avec Annie, suivi ce conseil pour nous même, et nous furent enchantés.
Il y a d’abord la qualité de l’image de ces petits films restaurés de 50 secondes et puis il y a le commentaire de l’expert Thierry Frémaux qui sait se mettre au niveau des néophytes pour expliquer combien tous ces tournages, a priori pris sur le vif, ont été soigneusement mis en scène et combien les frères Lumière ont immédiatement compris où mettre la caméra, comment attirer l’attention, faire un travelling qu’ils appelaient alors panorama.
Et puis pour les habitants de Lyon, comme pour ceux de Paris et de la Ciotat quelle émotion de voir vivre leurs villes et leurs aïeux dans les années 1900. Mais ces films ont été tournés aussi dans le monde entier.
Découpés en chapitres, Frémaux montre 108 films sur les 1 422 référencées et attribuées aux Frères Lumière et à leurs assistants.
En dehors des scènes tournées à Lyon, Paris, La Ciotat, Marseille, Jérusalem, Londres, New York, 3 scènes m’ont particulièrement marqué :
La première, un peu comique montre des chasseurs alpins faire des exercices d’escalade avec une maladresse particulière et Frémaux d’émettre cette idée qu’en voyant ces soldats à l’exercice on peut comprendre qu’à cette époque l’armée française perdait beaucoup de batailles …
La seconde est plus sociale, on voit une rivière et toute une rangée de femmes en train de laver le linge au lavoir. Et comme le fait remarquer le commentateur, le génie des frères Lumière est de montrer trois niveaux de scènes : au deuxième plan il y a trois hommes en costume qui observe la scène et au troisième plan qui est une route ou un chemin d’autres hommes se promènent. Thierry Frémaux a alors ce commentaire : « Quand on parle de la France au travail, dans ce film on parle exclusivement des femmes au travail !!! »
 
Et puis la troisième…
En Indochine, dans cette région qu’on appelait alors « Annam », on voit sur les marches d’une demeure occupée par des occidentaux deux femmes blanches qui jettent des poignées de pièces à des enfants annamites.
Le propos récent de Macron : « Le colonialisme est un crime contre l’humanité » a fait polémique. Peut-être. Il est possible que cette qualification soit inappropriée.
Mais ces 50 secondes montrent toute la violence de la colonisation et la réalité que dans ce rapport entre les occidentaux venus avec leur puissance guerrière et économique et les populations autochtones, il y a une inégalité telle qu’ils ne semblent pas appartenir à la même race humaine, un peu comme ces scènes où des humains jettent des aliments à des animaux.
J’ai trouvé sur Internet cette photo de mauvaise qualité qui est un extrait du film qui montre la scène dans de bien meilleures conditions techniques.
C’est tout cela qu’on voit dans ces 104 films qui montre le monde entre 1895 et 1905.