Mercredi 19 septembre 2018

« La République en marché ? »
Frédéric Says

Lundi, j’exprimais ma satisfaction concernant le Président de la République et son attitude à l’égard de la guerre d’Algérie et du destin de Maurice Audin.

Aujourd’hui, je vais vous parler des produits dérivés de l’Elysée.

Par exemple ce « T-shirt Champions du monde » est vendu 55 euros.

Il nous rappelle que la France a gagné la coupe du monde Football et que notre jeune Président a illuminé de son euphorie et de ses qualités sportives cet évènement mondial.

Si vous souhaitez l’offrir pour Noël ou d’autres produits de ce type l’adresse est derrière ce lien : https://boutique.elysee.fr/

Le produit de la vente ne poursuit pas l’objectif de donner de l’argent de poche au couple présidentiel, mais doit servir à faire des travaux au Palais de l’Elysée sans passer par la case « impôts »

Frédéric Says a consacré sa chronique du 17 septembre à cette nouvelle disruption et a donné pour titre de son billet : « La République en marché ? »

Selon lui il s’agit d’une initiative moins anodine qu’il n’y paraît :

« 347 000 euros en trois jours : voici le chiffre d’affaires de la nouvelle boutique de l’Élysée.

Une boutique lancée ce week-end, à l’occasion des Journées du patrimoine. Sur place ou en ligne, elle rassemble des dizaines de produits dérivés liés à la présidence de la République. Cela va du stylo Bic bleu-blanc-rouge (3 euros) jusqu’au bracelet en or, estampillé liberté, égalité ou fraternité (250 €).

[…]

Plus sérieusement, la présidence de la République se justifie : les bénéfices de cette boutique seront affectés à la rénovation du palais de l’Elysée, dont certaines parties sont pour le moins décrépies.

Une stratégie de communication assez habile politiquement…

Oui, au moment où les ménages payent leur dernier tiers d’impôt sur le revenu, il ne sera pas dit que le contribuable finance les aménagements du « Château ». Par ailleurs, l’existence de cette boutique est cohérente avec les valeurs véhiculées inlassablement par Emmanuel Macron : la start-up nation, l’innovation, la disruption : ça n’avait jamais été fait, il faut donc le faire…

Évidemment, tout cela prête à hausser les épaules. Mais cette évolution n’est pas seulement anecdotique ou insolite. Elle éclaire aussi la philosophie générale du président sur la question de l’impôt. Peut-être connaissez-vous la formule d’Alphonse Allais : « il faut demander plus à l’impôt et moins au contribuable ».

Pour Emmanuel Macron c’est l’inverse. L’impôt ne peut pas tout, les budgets publics non plus. L’on a déjà vu cette logique à l’œuvre avec le loto créé pour venir en aide au patrimoine, sous la houlette de Stéphane Bern. Dans cette perspective, ce n’est pas à la puissance publique de soutenir le patrimoine en danger, c’est à la générosité du public. Même raisonnement pour la réfection de l’Élysée.

Bien sûr, l’État ne coupe pas tous ses financements. En l’occurrence, des fonds publics restent massivement engagés…

Mais derrière ces exemples très médiatisés, l’on entrevoit une idée générale, qui est ici introduite de manière subreptice. Celle de faire primer la charité sur la solidarité ; le mécénat individuel sur la contribution collective. Si l’on prend du recul, ces initiatives portent en germes l’idée d’un impôt à la carte : « je choisis les causes pour lesquelles je donne ».

D’ailleurs, il suffit d’étendre ce modèle pour en montrer les limites. Pourquoi ne pas imaginer, demain, une tombola pour financer la réfection d’une école ?

Une partie de poker pour la toiture du commissariat ?

Une loterie pour le matériel médical de l’hôpital ?

Ce serait à coup sûr disruptif. Voilà pourquoi cette boutique de l’Elysée a quelque chose de croquignolesque, pour ne pas dire de « poudre de perlimpinpin ». »

Je finirai en citant Philippe Meyer :

« Nous vivons une époque moderne où le futur ne manque pas d’avenir »

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6 réflexions au sujet de « Mercredi 19 septembre 2018 »

  • 19 septembre 2018 à 7 h 56 min
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    Quel plaisir Alain de te voir citer le cher oncle Philippe , la créativité des conseillers de l’Elysée donne une idée de l’infini comme dirait le cher Albert.

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    • 19 septembre 2018 à 8 h 59 min
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      Ce brave Albert qui aurait dit : deux choses sont infinies l’univers et la bêtise humaine, mais nous ne sommes pas tout à fait certain pour le premier.

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  • 19 septembre 2018 à 9 h 06 min
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    Dans une société où le manque est interdit , où il est légitime de demander tout ce qui peut nous compléter et dans la quelle le taux des prélèvements obligatoires atteint déjà 46% de la richesse nationale, il n’est pas forcément idiot de chercher à faire des économies ou à trouver des sources de financements volontaires.
    Cet article du journaliste de France Culture m’a quand même permis d’apprendre 2 mots que je ne connaissais pas en 30 lignes, subreptice et disruptif, ce qui relativise la hauteur de vue de mon interrogation

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    • 19 septembre 2018 à 9 h 51 min
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      Oui pourquoi pas.
      Mais que penses tu de cette idée disruptive d’un loto pour financer la rénovation de l’hôpital ?

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  • 19 septembre 2018 à 13 h 49 min
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    Je pense qu’il y a suffisamment de prélèvements pour financer les besoins fondamentaux de la population dans le cadre du contrat social auquel je reste attaché après il faut réfléchir aux priorités, à la nature de chaque besoin et à l’efficience des investissements.
    « L’hôpital » c’est un mot qui résonne bien mais de quel hôpital s’agit-t-il et pour maintenir quelle activité?

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    • 19 septembre 2018 à 14 h 42 min
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      Là je reprendrai le mot de François Morel : « Complique pas » …

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