Lundi 20 février 2023

« Airglow »
Lueur d’air, phénomène naturel rare d’origine chimique dans la haute atmosphère

Au départ il y a une magnifique photo d’un étudiant de 22 ans : Julien Looten.

La photo prise le 21 janvier 2023 vers 22 heures, est garantie sans trucage. Toutefois pour réaliser ce que l’on voit, il a fallu à ce jeune homme patient et disposant d’une solide connaissance de la technique photographique : réaliser un « grand panorama » d’une quarantaine d’images, cumulant environ une heure d’exposition. Il a ensuite dû les assembler et enfin utiliser un logiciel pour régler la distorsion, la balance des blancs.

S’il n’y a pas de trucage, il y a au moins beaucoup de technique.

Julien Looten l’a ensuite publié sur Instagram : < https://www.instagram.com/p/Cn42shuMNLs/> avec ce commentaire :

« Samedi soir, je me suis rendu au Château de Losse (Dordogne) pour prendre en photo la Voie lactée. Un phénomène exceptionnel s’est produit ce soir-là… un airglow extraordinaire

Le ciel semble être couvert de “nuages multicolores”… Il ne s’agit pas de couleurs parasites ou de traitements spéciaux. Il s’agit d’un phénomène naturel rare causé par une réaction chimique dans la haute atmosphère, où les rayons du soleil excitent des molécules qui émettent alors une très faible lumière (chimiluminescence).

Ces “nuages” sont situés entre 100 et 300 km d’altitude. La couleur du phénomène change en fonction de l’altitude. Il peut prendre des formes étranges, comme ici sous forme de “vagues ». Ces nuages semblent émerger du pôle Nord (extrémité droite) et Sud (extrémité gauche).

Le airglow peut être observé à l’œil nu. C’était le cas ce soir-là, je l’ai même confondu avec du brouillard. En revanche, les couleurs ne sont pas visibles par l’œil humain, qui est bien moins sensible qu’un capteur d’appareil photo.

L’arche de la Voie lactée est ici, visible dans sa totalité, grâce à un panorama de 180°. À gauche, la constellation d’Orion. Au centre : Mars, les Pléiades et la nébuleuse Californie. À droite : la constellation de Cassiopée et la galaxie d’Andromède »

Cette photo a été repérée par la Nasa, qui l’a ensuite publiée sur un de ses sites le mercredi 15 février : <Astronomy Picture of the Day>

Cette étonnante photo prise en Dordogne a ainsi fait le tour du monde

Pour ma part j’ai découvert cette photo sur le site du journal « La Montagne », quotidien régional de Clermont-Ferrand, : <Repérée par la Nasa>

Ce journal nous apprend que Julien Looten étudie l’archéologie à Bordeaux et se passionne pour l’astrophotographie, une discipline consistant à immortaliser des objets célestes.

Il nous apprend aussi que c’est la seconde fois que Julien Looten a été repéré par la NASA. En août, une de ses photos prise au cap du Dramont avait déjà été sélectionnée pour servir de « Picture of the day ».

C’est aussi une aubaine pour le site touristique du château de Losse.

« La Montagne », écrit :

« Le gestionnaire de ce site touristique, Martin de Roquefeuil, se dit « très fier » de voir cette magnifique bâtisse du XVIème siècle ainsi mise en avant. « J’ai énormément de retours. Et notre site Internet, qui est d’habitude plutôt en sommeil à cette époque de l’année puisque nous sommes fermés jusqu’au printemps, a connu un gros pic de fréquentation ces derniers jours. Localement, on m’en parle beaucoup, les gens m’envoient les reportages qui sont faits sur le sujet. » »

Les journaux se sont fait l’écho de cette photo et de sa destinée :

« La Voix du Nord » : : <La superbe photo astronomique d’un Nordiste mise à l’honneur par la Nasa !>

Même « TF1 » en a parlé : <Ce photographe nous en met plein la vue !>

Et « Ouest France » <Sa photo d’un « airglow » capturée en Dordogne est l’image du jour sélectionnée par la Nasa>

La plateforme numérique : « Lille Aux Artistes » qui promeut les artistes et la culture des Hauts-de-France dispose d’une page consacrée à cet étudiant artiste : <Julien Looten>

Il faut savoir que sur le site de la NASA, « Apod » c’est généralement, des images capturées par des télescopes comme James Webb ou Hubble qui sont publiées.

Un tel voisinage ne peut être que valorisant

On pourrait dire que la nature est belle.

Cela est certes vrai.

Il faut cependant savoir qu’il n’est pas possible de voir ce que montre cette photo, à l’œil nu.

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Mercredi 27 mai 2020

«Je veux redonner la parole aux gens, moi qui ai tellement capté leur image.»
Raymond Depardon

Raymond Depardon est né dans le département du Rhône, en 1942, à Villefranche-sur-Saône. Il était fils de cultivateurs du Beaujolais

Il est considéré comme l’un des maîtres du film documentaire. Il est à la fois photographe, réalisateur, journaliste et scénariste.

Il a créé l’agence photographique Gamma en 1966 et est membre de Magnum Photos depuis 1979. L’agence Gamma a disparu en 2009 suite à une faillite.

Raymond Depardon a fait l’objet d’un entretien de la revue XXI, c’était dans le numéro 6 paru en avril 2009.

L’entretien, qui avait été mené par Michel Guerrin a été repris dans l’ouvrage « comprendre le monde» 

Il explique que c’est son origine paysanne qui va malgré sa timidité lui permettre, dans ses premiers années, de devenir un photographe téméraire et opiniâtre :

« Ce désir d’être photographe est venu à 14 ou 15 ans. […] Je pense à cette formule du paysan occitan Raymond Privat, qui apparaît dans mon film <La vie moderne > : « il ne faut pas seulement aimer son métier, il faut être passionné ».

L’orgueil est aussi un trait de mon caractère, quelque chose qui fait que je vais passer du statut de fils de paysan exploitant à petit photographe indépendant. Je pleure alors alors beaucoup, c’est lié à mon âge. Mais je pleure littéralement de rage quand je rate un cliché. Le désir de réussir une « plaque », c’est ma quête du Graal.

Un autre point central : comme un paysan, je déteste les activités structurées. J’ai enfin une grande curiosité. […] En fat, mon origine paysanne et mon extrême jeunesse vont se révéler être deux atouts.

Ma timidité s’estompe quand je tiens une raison de faire une photo. Dès le début, à 16 ans, je n’ai pas peur, je veux être sur la brèche, tout plutôt que la solitude du dimanche. Je me dis « Pourvu qu’il y ait un tremblement de terre, un fait divers, une personnalité à photographier »

Au début de sa carrière, il photographie beaucoup les personnalités, les vedettes. Il devient même une sorte de paparazzi.

Mais le voyage va l’éloigner de ce type de photographie du superficiel.

« A partir de 20 ans, je voyage beaucoup […] Ce qui me sauve, c’est de ne pas avoir peur du voyage. Je suis silencieux, empoté avec les filles, casanier, un peu sauvage, mais prendre un avion pour un pays lointain, même en guerre, ne me fait pas peur. Il est alors mille fois plus violent pour moi d’aller de Villefranche à Paris que de Paris à Saigon ou à Beyrouth en guerre. […]

J’ai passé la fin de mon adolescence dans ces grandes villes du monde que sont Buenos Aires, Saïgon, Alger ou Beyrouth. Au marché des mouches à Djibouti, même si on ne s’occupe pas de toi, tu peux rester des mois, grimper dans les montagnes, il y a cette force de vivre. Dans ces villes, je retrouve étrangement l’atmosphère de Villefranche. Je cherche un marchand de journaux, je bois un Coca. Après la journée de combats, tu as fait des photos, la lumière est belle, tu as envie de rencontrer la femme de ta vie, mais tu es seul.

Quand je découvre l’Éthiopie, je me dis que ce pays, c’est la Bible. […] Je me suis marié à 45 ans avec Claudine, nous avons fait voyager très jeunes nos enfants ; nous avons vendu une maison pour cela. Si tu aimes voyager loin, si tu n’as pas peur, si ça devient naturel, même si le monde est dur, c’est une fantastique joie et une belle leçon de réel. C’est le réel qui m’a sauvé »

Toujours au long de sa vie et de son évolution, il veut affirmer son indépendance et aussi un destin d’artiste :

« Je ne veux dépendre de personne. Je veux rester propriétaire de mon travail, donc de mes négatifs. C’est parce que je ne le suis pas à l’agence Dalmas que je contribue, avec d’autres, à créer l’agence Gamma en 1967. Rejoindre Magnum, en 1979, c’est aussi la confirmation que je deviens un auteur. […] .Un photographe, c’est un propriétaire, une profession libérale. Pas un salarié, pas un métayer. C’est la même chose pour mon cinéma. Je suis propriétaire de tous mes films. Je ne les ai jamais faits pour un client ou pour une télévision […] Quand un photographe me dit : « Je suis photographe salarié à l’AFP », il fait le choix de recevoir un salaire quel que soit son travail. C’est un choix, pas le mien. Pour moi, un photographe n’est pas un ouvrier mais un artiste.

Quand on me propose de rejoindre l’agence Magnum, la première chose que je fais est de lire les statuts. Ils sont d’une intelligence incroyable. C’est comme une ferme autogérée : mettre des choses en commun, mais jamais sa personnalité artistique. »

Rappelons que « Magnum Photos » est une des plus grandes agence photo mondiales et a été créée en 1947 notamment par Robert Capa et Henri Cartier-Bresson. Vous trouverez <sur cette page> des photos que Raymond Depardon a réalisé dans le cadre de Magnum.

Toujours il privilégie l’art, la poésie :

« Je m’exprime en images pour percevoir au mieux. Pas comme un professionnel, mais comme un amateur. Mon problème en fait est ailleurs. Beaucoup de gens, dans la photo documentaire, ne voient que le contenu et pas la forme, la description et pas la poésie.

A la sortie de mon exposition « Terre natale », à la fondation Cartier, une femme dit à propos de ces portraits sonores de gens du monde entier dont la langue est menacée : « Vous avez montré toute les misère du monde ». Ce n’est pas du tout ce que je voulais traduire. C’est toute l’ambigüité de l’image. Mais ce n’est pas une raison de démissionner. Je continue résolument de travailler la forme. J’avance… Toujours avec l’image. »

Vous trouverez derrière <Ce lien> une présentation de cette exposition par Raymond Depardon.

Et puis, il va passer de la photographie au cinéma, toujours dans la recherche de l’émotion et du partage de celle-ci. Ainsi en 1969, il part faire un reportage consacré à la minute de silence des Pragois visant à commémorer le premier anniversaire de la mort de Ian Palach qui s’était immolé par le feu pour s’opposer à l’intervention des chars russes en Tchécoslovaquie. Il va prendre une caméra et non un appareil photo et il s’en explique :

« L’image en mouvement est un rêve d’enfant, un rêve aussi de l’agence Gamma qui est toute jeune (créée en 1967). Nous voulons expérimenter, je peux oser des choses. Je veux étirer la minute de silence – le film dure douze minutes – et le cinéma est le meilleur moyen de le faire. C’est comme si je filmais ces gens pour la première ou la dernière fois. Ils sont magnifiques, car arrachés à leur quotidien. Entre mélancolie et perte.

Les bases de mon cinéma sont dans ce film. Montrer des choses qui disparaissent, un temps qui passe, mais sans nostalgie. Quand je fais un plan fixe de dix secondes, on me dit que c’est parce que je suis photographe. C’est faux, c’est même le contraire. C’est le rapport au temps qui s’oppose. En photo, je l’arrête ; au cinéma, je l’étire. »

Il va aussi faire des photos en Afghanistan où il rencontre le commandant Massoud qui devient son guide.

Et il raconte comment il s’est senti trahi par la Presse raison pour laquelle il s’est éloigné du photojournalisme pour se tourner davantage vers le documentaire :

« Une histoire en Afghanistan cristallise tout cela. A l’approche d’un village Massoud me dit de monter sur un cheval. Des enfants surgissent et me jettent des noix. C’est une tradition. Plusieurs mois après, je découvre l’image dans « Stern » avec cette légende « Les enfants fuient les bombes. » En fait, ils courent après les noix. Je suis triste, car je ne voix pas d’avenir pour cette photographie. Le cinéma m’aide alors à avancer. Je veux redonner la parole aux gens, moi qui ai tellement capté leur image. Mon cinéma part de là, filmer des mots, enregistrer ce que j’appelle le « discours frais ». »

Et j’aime beaucoup sa conclusion :

« Voilà comment, alors que je suis photographe, je décide de construire un cinéma fondé sur la parole. Sur le naturel des gens filmés, aussi. Pour cela, avec ma caméra, je deviens abat-jour ou portemanteau et prends un plaisir immense à être transparent. Gamin, à la ferme, j’avais vu une photo prise çà Lourdes d’un caméraman au milieu des pèlerins. Il leur disait : « Ne regardez pas la caméra, priez ! ». Je m’en souviens, car c’est un peu la métaphore de mon cinéma : « Ne regardez pas la caméra, parlez ! ».

Il existe des exemples sur Internet du travail de Raymond Depardon. Par exemple <10e chambre, instants d’audiences> qui est un film documentaire français réalisé en 2004. À travers 12 cas réels (conduite en état d’ivresse, petit trafic de drogue…), sélectionnés parmi plus de 200 filmés exceptionnellement entre mai et juillet 2003 à la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris, présidée par Michèle Bernard-Requin, ce film documentaire montre le quotidien de la justice. Les cas sont simplement filmés sans ajout de commentaire.

Je rappelle que Michèle Bernard-Requin est décédée le samedi 14 décembre 2019 et que quelques jours auparavant, elle avait écrit un texte bouleversant pour écrire un hymne au personnel hospitalier du pavillon Rossini de l’hôpital Sainte-Perrine, pavillon de soins palliatifs dans lequel elle finissait sa vie. Je l’avais repris dans un mot du jour <Une île>.

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Jeudi 7 novembre 2019

« Certaines personnes […] trouvent plaisir dans l’attente. Pour cela il faut posséder un esprit philosophique porté à l’espérance »
Sylvain Tesson parlant de Vincent Munier

Pour que le beau livre de Sylvain Tesson existât, il fallut d’abord un artiste qui le précéda et l’emmena avec lui : Vincent Munier.

Vincent Munier a un site sur lequel, il montre les photos qu’il réalise et dont il fait par la suite des livres : http://vincentmunier.com/indexflash.html

Vincent Munier et Sylvain Tesson

Sylvain Tesson écrit :

« Munier, lui rendait ses devoirs à la splendeur et à elle seule. Il célébrait la grâce du loup, l’élégance de la grue, la perfection de l’ours. Ses photos appartenaient à l’art, pas à la mathématique. » page 40&41

Sur ce site vous trouverez des photos magnifiques comme ce loup :

Pour accompagner ces photos réalisées dans l’attente et le silence, j’ai souhaité mettre en exergue une phrase de Sylvain Tesson dans son livre que je remets dans son contexte (page 23):

« L’affût est un pari : on part vers les bêtes, on risque l’échec. Certaines personnes ne s’en formalisent pas et trouvent plaisir dans l’attente. Pour cela il faut posséder un esprit philosophique porté à l’espérance. »

Parce qu’il faut savoir faire silence, attendre.

Sylvain Tesson avant son aventure avec Vincent Munier n’était pas de ce genre.

Il suivait plutôt cette règle qu’il écrit ironiquement page 17 :

« L’ennui court moins vite qu’un homme pressé »

Mais à la fin de son livre et de l’expérience partagée avec le photographe amoureux de la nature, il révélait (page 161)

« J’avais appris que la patience était une vertu suprême, la plus élégante et la plus oubliée. Elle aidait à aimer le monde »

Mais Vincent Munier dans sa quête de l’inaccessible et du monde sauvage exprime une crainte :

« Depuis 30 ans, je balade mes objectifs pour tenter de montrer le beau (…) à la recherche d’endroits où la nature n’a pas été maîtrisée, gérée. En France, parfois je suffoque. [Au Tibet], si haut, on se sent respirer. Mais je vis le paradoxe de montrer des endroits non anthropisés, où il peut y avoir un tourisme qui pourrait porter préjudice à ces animaux. Je suis en mutation à ce niveau-là, je réduis mes voyages pour essayer d’être cohérent. »

Il avoue par ailleurs qu’on peut aussi regarder la nature dans les Vosges.

Car en effet, le monde sauvage n’a pas besoin de l’homme. L’homme qui par sa démographie et son désir inexorable de croissance augmente sans cesse son emprise sur la terre, faisant reculer le territoire des autres espèces qui disparaissent par une <extinction de masse dont le rythme s’accélère>.

Lorsque le dernier hectare de vie sauvage aura été éradiqué pour installer des humains ou leurs œuvres, je ne donne pas cher de la durée de survie qui restera à homo sapiens. Et cela arrivera bien avant le dernier hectare, si nous ne savons nous arrêter à temps et fixer des limites à nos désirs insatiables.

Sylvain Tesson entreprend une réflexion sur les hommes qui sont sortis des grottes :

« La grotte dans laquelle je venais de rentrer avec Léo avait été occupée. […] Les grottes avaient constitué la géographie matricielle de l’humanité dans ses lamentables débuts. Chacune avait abrité des hôtes jusqu’à ce que l’élan néolithique sonne la sortie de d’abri. L’homme s’était alors dispersé, avait fertilisé les limons, domestiqué les troupeaux, inventé un Dieu unique et commencé la coupe réglée de la Terre pour parvenir, dix mille ans plus tard, à l’accomplissement de la civilisation : l’embouteillage et l’obésité. On pourrait modifier la pensée B139 de Pascal : – « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repose dans une chambre » – et trouver que le malheur du monde débuta quand le premier homme sortit de la première grotte » (pages 135 & 136)

Je ne partage pas ces propos désabusés. Je suis heureux que l’homme soit sorti de la grotte, parce que sinon il n’y aurait pas eu Jean-Sébastien Bach, William Shakespeare, Léonard de Vinci, Pasteur et tant d’autres que l’humanité s’honore de compter parmi les siens.

Mais la raison devrait nous inciter à méditer cette parole qu’on attribue à Géronimo, le chef amérindien :

« Quand le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière empoisonnée et le dernier poisson péché, alors l’homme s’apercevra que l’argent ne se mange pas. »

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Mercredi 21 novembre 2018

« Images interdites de la grande guerre »
Expositions et livre montrant et évoquant des photos de la guerre 14-18 qui avaient été censurées à l’époque

La guerre 14-18 a été une grande productrice de propagande et déjà de fake news.

Le site Agora vox parle d’« une diffusion massive de leurres invraisemblables » :

« Plus [les armes] sont perfectionnées, moins elles causent de morts et de blessés ! (Le Temps, 4/8/1914). Celles de l’ennemi, en tout cas, ne sont pas dangereuses ; c’est de la camelotte ! (L’Intransigeant, 17/8/1914) : les obus (shrapnels) éclatent en pluie de fer inoffensive ! Les blessures par balles ne sont pas dangereuses ! »

Et il existait aussi la censure.

Aujourd’hui je voudrais vous parler de la censure de photos prise pendant la guerre.

Pendant la guerre 14-18 le Haut commandement français avait compris l’intérêt et l’impact sur les populations que pouvaient avoir des photos de guerre et aussi les dangers et risques que cela représentait.

La photo avait déjà des dizaines d’années d’existence.

Même s’il fallut de nombreuses inventions avant d’aboutir à la photographie, on commence souvent l’histoire de cette technique avec Joseph Nicéphore Niépce, inventeur de Chalon-sur-Saône, qui parvint à fixer des images sur des plaques (1826 ou 1827). Louis Daguerre poursuit les expériences et parvient à raccourcir le temps de pose à quelques dizaines de minutes (quand même !). Et la date conventionnelle de l’invention de la photographie est fixé au 7 janvier 1839, jour de la présentation par Arago à l’Académie des sciences de l’« invention » de Daguerre, le daguerréotype.

Et ce n’est pas la guerre 14-18 qui fut le premier conflit à être photographié. Lors du mot du jour du <Lundi 17/03/2014> consacrée à « La guerre de Crimée » que Napoléon III avait mené contre la Russie (1853-1856).j’avais évoqué des photos qui avaient été réalisées et dont certaines ont été publiées sur le site de l’Obs : <Des photographies de la guerre de Crimée en 1855>.

Mais revenons aux photos censurées de la première guerre mondiale.

Plusieurs expositions ont présenté ces photos, appelées images interdites..

  • En octobre 2014 à l’Université Paris 1 au Centre Panthéon Sorbonne
  • Plus récemment une exposition au premier semestre 2017 a eu lieu au Château de Vincennes.

Un livre est paru sur ces deux expositions. Vous voyez ci-dessus la photo qui orne le livre et était aussi celle qui se trouvait sur l’affiche des deux expositions évoquées. Elle représente un soldat au repos et ayant l’air désabusé.

Pour ma part j’ai pu l’emprunter à la Bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon.

Ces photos qui n’ont pas été montrées pendant la guerre étaient pourtant l’œuvre d’une Unité de l’armée elle-même. Il n’était évidemment pas question d’embarquer des journalistes ou des photographes privés et de les laisser prendre les photos qui leur auraient paru pertinentes.

La section photographique de l’armée (SPA) est créée en 1915 pour fabriquer jusqu’en 1919 l’image officielle de la guerre en France.

Le livre prétend que la SPA est le premier organisme de production d’images officielles en Europe.

Ces expositions et ce livre présentent donc des vues qui n’ont jamais eu le droit de paraître. Censurées dès leur production, pour des raisons stratégiques, diplomatiques et aussi parce qu’elles auraient pu nuire à la crédibilité du discours du Haut commandement ou au moral de l’arrière, voire remettre en cause l’image négative de l’ennemi. Mais elles ont été inventoriées et conservées, comme toute administration et toute armée sait le faire.

Dans la préface au livre Annette Becker évoque l’écrivain Ernst Jünger qui en 1934 déclarait :

« La photo est une arme »

C’est donc une arme qui peut se retourner contre son auteur, sinon comment expliquer que l’Armée ait voulu censurer ses propres images.

Il existait une commission de censure spéciale qui était chargé de réaliser ce tri.

Il y a essentiellement deux types de raison :

  • Un premier groupe revêt un caractère stratégique
  • Le second rassemble des clichés pouvant avoir un effet négatif et contre-productif sur la propagande de la France aussi bien tournée vers l’intérieur que vers l’extérieur du territoire.

C’est l’Armée qui a fait les photos, les a répertoriées, classées et conservées. Ce ne pouvait donc être que l’armée qui organise ces expositions. C’est encore l’Armée qui affirme que sur un fonds de 90 000 clichés, il n’y a que 8% qui ont été censurés.

L’exposition commence donc par les photos censurées par stratégie et intérêts militaires. Ainsi des photos de postes d’observations ou de canons ne devaient pas être vues par l’ennemi. Cela ne présente à mes yeux pas grand intérêt.

Je suis beaucoup plus intéressé par le second groupe.

Il y a d’abord des photos de morts, de corps déchiquetés de mutilés qui ne sont pas compatibles avec les affirmations des journaux citées en début d’article.

Mais il y a d’autres photos qui me paraissent plus intéressantes à regarder avec nos yeux du XXIème siècle et 100 ans après ces terribles évènements.

J’en ai choisi trois.

1/ L’appel d’une classe d’âge en janvier 1916


Le commentaire du livre est celui-ci :

« Les hommes sur cette photographie, au visage particulièrement juvéniles, ont l’air préoccupés, soucieux […] On ne voit pas de franche résolution, d’envie de se battre ou plus simplement de sourires comme dans les représentations montrant la mobilisation et le départ des premiers combattants et abondamment diffusées. »

Et donne l’explication de la censure :

« [Cette] photo exprime ce que l’opinion ne doit pas voir, l’image de la résignation »

Ces jeunes ne croient pas aux sornettes que racontent les journaux et que les balles allemandes ne tuent pas. Ils ont tout simplement peur et à raison. Combien de ces jeunes gens vont mourir au front ou être mutilés, dans les deux années qui suivent la prise du cliché ?

2/ Le prisonnier allemand


Les soldats français sont fiers, ils ont attrapé un soldat ennemi. Le soldat allemand est assis et mange un morceau de pain.

Cette fois je trouve le commentaire particulièrement approprié et incisif :

« Les Français posent bravache devant l’objectif tous debout, grands souriants. […] L’Allemand lui, l’autre a l’air minable, tout petit, recroquevillé, tout juste bon à grignoter un morceau de pain. C’est sûr qu’ils n’ont rien à manger chez eux ces barbares. Il a peur, il ne comprend rien que va-t-on faire de lui ? Pourtant, la convention de Genève sera respectée, demain il partira pour un camp de prisonniers […]. Très loin des siens. Pour lui la guerre est finie, c’est lui qui devrait sourire. »

Mais pourquoi censurer une telle photo ?

Parce qu’il faut que l’ennemi soit monstrueux, assoiffé de sang, cruel.

Cet homme simple, un peu perdu ne peut pas être haï.

Au contraire, un élan d’empathie peut apparaître.

On construit l’ennemi, on le raconte, on le criminalise pour pouvoir le haïr.

Et alors la dernière photo que j’ai choisie dans ce livre est encore bien pire pour la censure de l’armée.
3/ Tombe faite par les allemands à un « héros français »


Dans un cimetière manifestement peu entretenu, avec en arrière-plan, un village relativement épargné par la guerre et les bombardements, cette tombe attire l’attention.

Il est écrit en allemand « Ein Französicher Held » « Un héros français »

Le commentaire en 2014 est :

« Cette inscription peut être émouvante, en ce qu’elle montre que même entre adversaires, on honore le courage de l’ennemi en lui offrant une sépulture… un geste rare. »

Il est bien évident qu’on ne peut montrer un tel geste chevaleresque de l’ennemi.

Aujourd’hui nous savons que parfois, les soldats des deux camps ont fraternisé.

J’ai évoqué ces moments dans le mot du jour du <21 décembre 2015>

Et j’avais utilisé comme exergue, cette phrase d’Albert Cohen :

«Frères humains et futurs cadavres, ayez pitié les uns des autres. »

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Vendredi 20 janvier 2017

Vendredi 20 janvier 2017
«Finalement !»
Premier mot du pape François en s’approchant de Kirill Patriarche de l’église Orthodoxe
Nos médias parlent abondamment des dissensions et des conflits à l’intérieur de l’Islam entre les sunnites et les chiites.
Mais on parle peu du grand schisme chrétien entre les Catholiques et les Orthodoxes qui date de 1054. Le 16 juillet 1054, le légat du Pape chef de l’Église de Rome dépose sur le maître-autel de Sainte-Sophie de Constantinople une bulle excommuniant le Patriarche de l’Eglise orthodoxe Michel Cérulaire, excommunication qui fut suivie de celle des responsables catholiques par le patriarche.
Depuis cette date (962 ans) le Pape et le Patriarche ne se sont jamais rencontrés avant le 12 février 2016 à l’aéroport de La Havane, à Cuba. La photo montre l’accolade que se donne ces deux responsables religieux.
« Finalement ». C’est le premier mot qu’a prononcé avec douceur le pape François en échangeant une longue et chaleureuse accolade avec le patriarche de Moscou, Kirill.
Par la suite le Pape a dit : « Nous sommes frères ». Il a quand même fallu près de mille ans pour que cette « évidence ? » puisse être exprimée.
Plusieurs articles ont relaté cette rencontre historique :
Cette série de photos a commencé par une photo montrant les dégâts de la guerre, elle finit par une photo de réconciliation d’un conflit de mille ans.
Nous avons besoin d’espoir et de croire en l’avenir. Tout ce qui peut nourrir cette espérance doit être savouré avec délectation.
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Jeudi 19 janvier 2017

https://ssl.gstatic.com/ui/v1/icons/mail/images/cleardot.gifJeudi 19 janvier 2017
« Homo sapiens d’hier et d’aujourd’hui : Solar Impulse survole les pyramides »
Une photo qui confronte le XXIème siècle et l’homo sapiens d’il y a 4500 années
Solar Impulse est cet avion solaire réalisé à l’initiative des Suisses Bertrand Piccard et André Borschberg, à l’École polytechnique fédérale de Lausanne.
Cet avion vole de nuit comme de jour, sans carburant ni émission polluante pendant le vol, un avion monoplace à moteurs électriques alimentés uniquement par l’énergie solaire, jusqu’à effectuer un tour du monde.  Sur leur site, il est indiqué qu’ils ont pu voler 40 000 km uniquement avec l’énergie solaire recueillie et stockée.
Ainsi le 23 juin 2016 : au terme d’un périple de 6 272 kilomètres au-dessus de l’océan Atlantique, l’avion Solar Impulse 2 a atterri jeudi 23 juin à Séville, dans le sud de l’Espagne.
Et puis du 11 au 13 juillet, André Borschberg vole de Séville au Caire, en survolant les Pyramides avant d’atterrir.
Cette photo montre la rencontre du génie humain du XXIème siècle qui survole le produit du génie humain d’il y a plus de 4 500 ans.
N’est-ce pas une raison d’émerveillement et aussi d’espoir ?
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Mercredi 18 janvier 2017

Mercredi 18 janvier 2017
«Un selfie»
Pratique des temps moderne
Selfie géant de Clinton, le 21 septembre 2016 à Orlando en Floride
Et à la fin de son meeting, dans une mise en scène savamment organisée, Hillary Clinton invite ses partisans de prendre un selfie “collectif et individuel” avec elle. Et on voit cette photo incroyable d’une leader politique qui salue une foule qui lui tourne le dos !
Dans des cérémonies religieuses, il arrive que l’officiant tourne le dos aux fidèles, mais c’est pour regarder dans la même direction vers un Dieu ou un Lieu qui unit la communauté et manifeste son «Nous».
Ici il y a une photo tournée vers son ego : «Moi et Hillary Clinton». L’individualisme poussé à son extrême : ils sont dans une manifestation politique où normalement ils devraient pouvoir créer un «Nous» autour de valeurs communes. Mais ce qui importe est de faire une photo où il n’y a que moi et la vedette de la soirée…  qui aurait dû être la première femme présidente des États-Unis …
Le Figaro a demandé à un philosophe et théologien, Bertrand Vergely d’analyser cette photo, je vous laisse le lire : <www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/09/26/ selfie géant d’Hillary Clinton>
Outre cette manifestation de l’égocentrisme, cette photo révèle aussi la tendance de prendre des photos à chaque instant et comme pour la photo d’hier de ne pas simplement regarder avec ses yeux.
C’est pourquoi cette photo me fait également penser à une chronique de François Morel qui décrit l’émotion d’un enfant qui va se produire en spectacle avec sa classe devant des parents et ses parents. Il raconte combien ce moment est important pour lui et aussi sa peur que ses parents ne le regardent qu’à travers leurs appareils numériques pour faire des photos et des vidéos de ce moment, plutôt que de simplement le vivre.
La supplique de l’enfant est : « Papa, maman, regardez-moi, mais avec vos yeux»
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Mardi 17 janvier 2017

Mardi 17 janvier 2017
« Les hommes regardent la réalité virtuelle, un homme regarde rien qu’avec ses yeux »
Mark Zuckerberg , photo prise à Barcelone à la veille de l’​ouverture du Mobile World Congress de Barcelone
Mark Zuckerberg,  traverse une foule assise et aveugle. Ceux qui la composent ont un casque de réalité virtuelle vissé sur le crâne, plongés dans un autre monde et ne voient pas le patron de Facebook déambuler parmi eux.
Bien sûr cette photo peut techniquement s’expliquer , des journalistes sont en train de tester un casque de réalité virtuelle et Mark Zuckerberg traverse tranquillement la salle pour aller sur la tribune vanter les mérites de cette nouvelle technologie..
Mais dans l’imaginaire cette photo peut être vue autrement. Ainsi, elle a été publiée dimanche 21 février sur le compte Facebook de Mark Zuckerberg et a été massivement partagée et commentée sur les réseaux sociaux.
Un internaute a écrit : « Mark – ça ne te semble pas étrange d’être le seul à marcher avec tes propres yeux, alors que tous les autres sont des zombies dans la Matrice ? » . Les internautes rapprochent en effet cette photo de la trilogie de Matrix.
Et si on la rapprochait plutôt de cette sentence de William Shakespeare dans le roi Lear: « Quelle époque terrible que celle où des fous dirigent des aveugles. » et qui avait fait l’objet du mot du jour du 01/04/2014.
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Lundi 16 janvier 2017

Lundi 16 janvier 2017
«Alep»
Une photo de l’année 2016
Le mot du jour avait déjà plusieurs fois pour objet une photo.
Cette semaine je vous propose 5 photos prises en 2016.
La première concerne la ville d’Alep, des hommes marchent dans une rue jonchée de débris qu’on a cependant dégagé vers les côtés pour essayer de continuer à vivre. ​Des câbles pendent, les bâtiments sont en ruines, probablement qu’au moment de leurs destructions des enfants, des femmes et des hommes sont morts
J’ai eu l’idée de faire une thématique sur des photos de 2016 en écoutant cette émission :https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/iconographie-de-lannee-2016
Le titre de l’émission était : « Iconographie de l’année 2016 », l’émission a ciblé deux photos que nous verrons demain et après-demain.
J’ai aussi été inspiré par deux articles :
Il faut cependant rappeler que la violence a reculé dans le monde par rapport aux siècles précédents et que la probabilité qu’un terrien meurt de mort violente aujourd’hui par rapport aux précédentes périodes historiques a diminué de manière considérable. Mais aujourd’hui grâce aux outils de communication, ces drames se sont rapprochés de nous.
Pour finir je vous oriente vers cette chronique sur la chute d’Alep de Nicole Ferroni et où dans sa conclusion très émue elle partageait une réflexion de son père :  « Autrefois, les hommes se mangeaient et on appelait cela du cannibalisme, eh bien, un jour, peut-être que la guerre sera si loin derrière l’humanité, qu’on pourra dire que les hommes se tuaient et qu’ils appelaient cela la guerre. »
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Vendredi 9 octobre 2015

«On devrait employer l’appareil photo comme si demain on devenait aveugle.»
Dorothea Lange.

Le mot du jour du 7 septembre 2015 parlait de photo. De ces photos pour l’éternité.

Dorothea Lange fut une des plus grandes photographes, à ce titre.

Dorothea Lange est morte le 11 octobre 1965 à San Francisco, il y a cinquante ans, ce dimanche, dans deux jours.

Elle était née le 26 mai 1895.

Ses travaux les plus connus ont été réalisés pendant la Grande Dépression.

Elle avait collaboré avec John Huston dans le cadre du film « Les raisins de la colère ».

L’article lié explique qu’elle aura poussé si loin l’empathie et la compassion avec la chair blessée du peuple américain que son œuvre devient témoignage, amour du prochain et cri de révolte.

Elle aura eu une profonde influence sur ce qui deviendra le photo-journalisme, la photographie documentaire. Elle ne se souciait point de cadrage ou d’esthétisme, mais de rendre dignité et émotion aux gens ordinaires, à ceux qui sont le peuple, mot qui fait tant peur encore aujourd’hui.

Elle a sillonné les routes au volant de sa vieille voiture Ford, pour croiser les Indiens, les migrants, les déportés de la vie.

Son regard est unique, car comme si elle photographiait une scène biblique, une Pietà par exemple, elle donne à ses modèles une profondeur humaine qui touche à l’universel, à l’humanité toujours vivante même au plus profond de la misère.

Elle qui vivait au chaud dans sa carrière toute tracée, en 1920 à San Francisco, comme photographe de portrait des riches bourgeois, ressent très vite l’appel des routes et de la poussière du monde.

Elle s’échappe d’abord dans le sud-ouest de son pays, pour travailler sur les images des Indiens d’Amérique en voie de disparition lente.

Son appareil photo devient un témoin, ses photographies preuves évidentes et convaincantes de l’immense misère, et du sort fait aux défavorisés. Son travail dès 1935 avec les administrations fédérales de réinstallation (plus tard la Farm Security Administration, connue sous le sigle FSA) est le plus puissant acte d’accusation dressé sur la souffrance des populations agricoles.

Son portrait de la mère migrante, « Migrant Mother, Nipomo, Californie, février 1936 », pris presque par hasard dans un campement de ramasseurs de pois, est devenu le symbole, un récit mythique, de ces migrations désespérées vers l’Ouest pour survivre, de ce qui fut un véritable exode américain. Cette photographie aura plus fait que tous les discours des politiques, et la conscience américaine en aura été changée et bouleversée. Les « vagabonds de la faim » avaient grâce à elle une existence digne et humaine.

Pour le reste lisez cet article sur cette photographe exceptionnelle http://www.espritsnomades.com/artsplastiques/langedorothea/lange.html

Il y a aussi cette page où sont reproduites ses photos

Ou encore cette page : <J’ai aussi trouvé ce blog>

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