Programme du collège qui vient de paraître
Mardi 5 mai 2015
Programme du collège qui vient de paraître
Latifa Ibn Ziaten est la mère d’Imad, le premier soldat tué à Toulouse en mars 2012, l’une des sept victimes de Mohamed Merah.
Le mot du jour est le nom de l’association qu’elle a créée et dont le nom complet est « l’association Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix »
Je dois même dire que j’ai été submergé par l’émotion, d’entendre cette femme simple, musulmane voilée, parler avec une langue limitée mais avec une intelligence du cœur incroyable de l’éducation, de la république, de la paix entre les religions, du respect que mérite chacun. J’ai été impressionné par sa dignité et son humanité.
Dans cette émission elle raconte d’abord le début de l’histoire pour elle : Un coup de fil en Turquie, où elle séjourne en vacances avec son mari, Ahmed, cheminot à la retraite, leur apprend la mort d’Imad, abattu d’une balle dans la tête, près d’un gymnase. Le couple arrive à l’aube à Toulouse. Latifa veut voir son fils à la morgue.
Mais la police l’en empêche et la soumet toute la journée à un interrogatoire d’où il ressort que la police soupçonne son fils d’être mêlé à de sombres trafics et d’avoir été victime d’un règlement de compte.
«Un policier m’a dit : « Madame, vous ne connaissez pas toute la vie de votre fils. » Parce qu’il s’appelait Imad et qu’il était arabe, la police a pensé qu’il était délinquant, s’indigne-t-elle. Mes enfants, je les ai les élevés dans le respect de l’autre, de la République. A la fin de l’interrogatoire, il est trop tard, la morgue est fermée et Latifa ne peut plus voir son fils.
Et elle raconte aussi comment, après la mort de son fils, elle a pris un taxi pour retourner à Toulouse dans le quartier des Izards, où a grandi l’assassin de son fils. Elle a approché des jeunes en train de fumer un joint, leur a demandé qui était Mohamed Merah : «Vous le connaissez pas, madame ? C’est un martyr, un héros !». Cette réponse l’a tuée «une seconde fois», dit-elle.
Mais elle, la musulmane voilée, va faire face, elle va leur dire qui elle est et ces jeunes d’abord méfiant, vont être ébranlés puis vont s’excuser et écouter cette femme leur dire qu’ils sont dans l’erreur et que l’Islam ne leur dit pas d’être violent, de faire du mal.
Puis elle créée l’association, pour faire de la pédagogie aller à la rencontre des parents et des enfants en train de se perdre. Elle sillonne les collèges, les lycées, les prisons, à la rencontre des jeunes.
«Si je peux éviter qu’une mère souffre comme je souffre, dit-elle, si je peux éviter un autre Merah, c’est un bon combat.»
Marie Huret écrit dans Marianne :
« On se dit qu’elle n’était pas préparée à ça, Latifa, la jeune Marocaine de Tétouan arrivée à 18 ans en France pour rejoindre son homme. C’est mal la connaître. Elle s’est toujours battue, a appris le français au centre social, pris le bus, fait du Solex. «Il fallait que je trouve ma liberté», dit-elle. Ses enfants grandissent dans une cité, des tours de 10 étages à Sotteville-lès-Rouen. Le couple achète un pavillon, ici, pas au Maroc. Chez les Ibn Ziaten, on ne dort pas jusqu’à midi, on range sa chambre, on partage le ménage, on fait ses devoirs. Mais on dialogue, on choisit son sport, ses petits amis, ses études. Ses cinq enfants ont reçu une double culture, tous ont un métier, standardiste, prof de sport, chargé de com… Imad était le second. «Mon fils, il faisait mieux les gâteaux que moi, confie Latifa. L’éducation, c’est la base. Ce n’est pas à l’école d’éduquer nos enfants. Le repas se prend en famille. « L’école, ça va ? Les devoirs, ça va ? » C’est ça, le dialogue. J’ai cadré mes enfants, quand j’ai senti qu’ils étaient capables, je les ai laissés trouver leur chemin.»
« Un autre article, dans l’Express qui lui est consacrée se finit par cette réflexion : «A 52 ans, Latifa qui cherchait « un peu de lumière » a trouvé sa voie: tenter d’oublier ses souffrances, les cantines et le musée de Rouen pour prôner la réconciliation universelle. Avec juste cette hantise: « Qu’on se serve de ma douleur comme un label et que je finisse par faire commerce avec ma souffrance ». Lucide jusqu’au bout.
Le monde reste beau, tant qu’il existera des femmes comme Latifa Ibn Ziaten
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Selon Michel Serres, les jeunes générations ont compris ce que signifiait le mot maintenant, qu’il faut lire main tenant, c’est à dire tenant dans la main. Avec les smartphones qu’ils tiennent dans la main, ils peuvent immédiatement échanger avec tous leurs proches ou personnes qu’ils connaissent quel que soit le lieu où les uns et les autres se trouvent dans le monde. Ils peuvent accéder à l’information et à la connaissance instantanément en surfant sur les outils de l’internet, ils peuvent envoyer, maintenant, des photos qu’ils viennent de prendre quelques secondes auparavant etc…
Chaque année est organisée à Lyon, sur une journée, une rencontre échange animée par Michel Serres.
Cette année elle a eu lieu samedi 17 novembre et j’ai eu la chance d’y assister.
Lors de l’une de ses interventions pleines d’intelligence fulgurante et d’analyse lucide et prospective du monde il a fait référence à son livre « Petite Poucette » où il décrit la jeune génération et sa capacité à envoyer des SMS avec son pouce et où il explique que c’est un bouleversement considérable dans l’Histoire de la société humaine.
Le sous titre de ce livre est le suivant :
« Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer : une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître… »
Si vous voulez en savoir plus, lisez un entretien dans le journal Libération avec cet homme qui s’est qualifié, lui-même, samedi, de vieillard au porte de la mort : <Petite poucette la génération mutante>
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