Lundi 19 juin 2017

« Le baccalauréat »
Premier diplôme universitaire en France

Quand on regarde le taux d’abstention ce dimanche au deuxième tour des élections législatives, force est de constater que ces élections ne constituaient pas une préoccupation essentielle des français.

Il est clair, que ces derniers jours, la principale préoccupation des familles françaises ayant des enfants entre 15 et 18 ans, est le Baccalauréat dont les épreuves écrites sont en cours.

Il n’y a pas encore eu de mot du jour sur le baccalauréat, je vais donc tenter de combler cette lacune.

Quand on fait une recherche sur internet on tombe assez vite sur ce document : http://media.education.gouv.fr/file/200_ans_du_bac/42/3/200_ans_du_bac_28423.pdf qui date de 2008 et qui prétend que le baccalauréat avait 200 ans cette année-là.

Parce que cet opuscule prend comme date d’origine le décret du 17 mars 1808 qui organise l’Université impériale. Donc c’est encore une création de l’ère napoléonienne, comme le code civil, la légion d’honneur et tout ce qui compte dans notre bonne vieille France. Ce document nous apprend aussi qu’il y a eu 31 lauréats lors de la première session.

Mais si vous consultez Wikipédia vous avez une autre version qui nous emmène plus loin dans l’Histoire  : les premiers baccalauréats datent en France du XIIIe siècle avec l’apparition de l’Université de Paris. Il s’agit dès cette époque, et c’est encore le cas aujourd’hui, du premier grade universitaire.

Mais d’où vient ce mot : « Baccalauréat » ? Quel est l’étymologie ?

C’est bien sûr du latin. La concaténation des deux mots « bacca » et « laureatus » c’est-à-dire « baie de laurier » ou « orné de laurier ». Comme Jules César dans Astérix qui couvre sa tête d’une couronne de lauriers.

Il faut reconnaître que Goscinny respecte l’Histoire, lors du <triomphe romain> le général vainqueur et plus tard l’empereur portent bien une couronne de lauriers.

Le baccalauréat constitue donc un triomphe.

Mais on lit aussi que « baccalauréat » pourrait venir de l’altération du bas-latin bachalariatus, désignant un chevalier débutant. Ce n’est plus le triomphe qui est au centre mais une sorte de cérémonie initiatique pour les jeunes pour entrer dans la vie adulte.

Vous trouverez ces éléments comme d’autres dans un extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 publié sur Internet

Parmi ces autres précisions vous trouvez par exemple cette réflexion : « En France on prend le baccalauréat pour en finir avec ses études, on fait sa première communion pour en finir avec la religion, on se marie pour en finir avec l’amour. » — (Ernest Bersot, Études et discours (1868-1878), (1879) p. 138)

Le document précité et qui parle des 200 ans du baccalauréat donne les précisions suivantes : Durant l’essentiel du XIXème siècle et au début du XXème siècle, le baccalauréat connaît de multiples réformes, mais son développement reste limité et réservé à une élite restreinte, admise dans un enseignement secondaire payant. Il faudra attendre 1861 pour qu’il y ait enfin une bachelière. Elle s’appelait : Julie-Victoire Daubié et c’est l’Académie de Lyon qui lui a accordé ce diplôme. Les filles ne recevront un enseignement secondaire identique à celui des garçons que dans les années 1920, un peu avant que l’ouverture sociale ne soit rendue possible par la gratuité des études secondaires (années 1930).

Quand les chiffres parlent du baccalauréat, il est souvent question du taux de réussite toujours très élevé. Mais ce qui me parait pertinent de mesurer c’est la proportion de bacheliers sur une génération.

Elle était de 3% en 1945 et était monté à 25 % en 1975 (Annie a eu son bac cette année-là et moi l’année suivante en 1976.)

C’était en 1985, le ministre de l’éducation était Jean-Pierre Chevènement que l’objectif de 80 % d’une génération au niveau du baccalauréat était promis pour l’année 2000. Pour ce faire, on crée le bac professionnel en 1987 qui fait bondir le nombre de bacheliers d’une génération. La « massification du lycée » dure dix ans. Mais à partir de 1995, le nombre de candidats au bac cesse d’augmenter, et la proportion de bacheliers dans une génération stagne autour de 62 %. Puis un pallier est franchi en 2009, celui des « 65 % » (65,5 % en 2009, 65,3 % en 2010) et en 2011 un bond de 6 points porte cette proportion à 71,6 %.

Je tire toutes ces informations de <cet article> du Monde.

Et ce site de <L’Education nationale> nous apprend que la part des bacheliers dans une génération est montée à 77,7 % en 2015 et de 78,6 % en 2016.

16 ans après l’an 2000, l’objectif de 80 % d’une génération n’est toujours pas atteint.

Mais à mon sens, le baccalauréat pose bien d’autres questions que nous avons connues en tant que lycéen et plus tard de parents.

Qu’est-ce que ce remue-ménage qui mobilise les salles de classes comme les professeurs des lycées pendant toute la seconde quinzaine de juin, fermant en réalité les établissement pour les classes non concernées par cet examen et amputant l’année scolaire déjà particulièrement court et dense en France ?

Qu’est-ce que c’est que ce leurre d’une première sélection universitaire en juin, alors que la véritable sélection se passe en début année et sur les résultats du premier trimestre et de l’année de première pour l’entrée dans les classes préparatoires des grandes écoles qui sont aujourd’hui encore la filière de l’excellence essentiellement pour les enfants des classes privilégiées ?

Enfin, cette promesse de 80% d’une génération au niveau du bac était aussi une promesse d’amélioration des métiers et des salaires de toute cette partie de la génération qui faisait l’effort de continuer les études. Et c’est le contraire qui s’est réalisé : la multiplication des boulots « débiles » (j’essaie ce mot pour éviter celui de boulots de merde) et une diminution assez générale des salaires perçus par les jeunes. Ce problème n’est pas que français, mais il montre aussi en France, quand on le place en regard de cet objectif de 80%, de l’échec des politiques à créer les conditions de l’amélioration de la société dans son ensemble.

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Mardi 5 mai 2015

Mardi 5 mai 2015
«Le principe essentiel de cette progressivité est la notion d’acceptabilité (en fonction des genres, des situations d’énonciations, des effets recherchés et produits), notion qui permet à la fois le lien avec le socle et l’approche communicationnelle développée en langues vivantes»
Repères de progressivité sur l’étude de la langue
Programme du collège qui vient de paraître
Nicolas Boileau écrivait en 1674, dans  L’Art poétique «Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément.»
Il semble que des «facétieux» du Ministre de l’Education nationale ne soient pas de cet avis. Car le mot du jour est un extrait du programme du cycle 4 produit récemment par le Ministère, programme que vous trouverez en pièce jointe et que j’ai téléchargé à l’adresse suivante : http://cache.media.education.gouv.fr/file/CSP/04/3/Programme_C4_adopte_412043.pdf
Le cycle 3 de la scolarité s’achève avec la première année du collège. Le cycle 4 est donc celui du collège moins la première année.
A priori, au début l’objectif était fixé, dans une lettre au Président du Conseil supérieur des programmes datée du 4 décembre 2013, par le Ministre de l’éducation nationale qui a demandé au Conseil de formuler des propositions de programmes pour l’école élémentaire et le collège : « La refonte des programmes de la scolarité obligatoire doit être un chantier essentiel au service de cette mobilisation pour la refondation de l’école de la République. » Selon les termes de cette saisine, il est notamment attendu des projets de programmes qu’ils soient : « plus simples et plus lisibles pour que chacun sache bien ce que les élèves doivent apprendre ».
Je cite d’autres extraits :
Pour les langues étrangères et régionales : «Dans la continuité d’orientations notionnelles des programmes antérieurs la visée générale peut être caractérisée comme aller de soi et de l’ici vers l’autre et l’ailleurs.»
La course à pied devient : « Créer de la vitesse, l’utiliser pour réaliser une performance mesurée, dans un milieu standardisé.[…]
Se repérer dans l’espace athlétique et accepter les déséquilibres provoqués.
S’organiser pour construire une continuité spatiotemporelle d’actions.
Optimiser les trajectoires, les forces exercées et les vitesses produites, anticiper les actions à venir pour agrandir l’espace et raccourcir le temps»
La natation, souvent repris dans des articles de presse : « Se déplacer de façon autonome, plus longtemps, plus vite, dans un milieu aquatique profond standardisé.»
C’est certainement profond, mais ce n’est pas un langage standard.
Très naïf, je pensais que la pédagogie représentait cet effort de rendre simple des choses compliquées, force est de constater que nous sommes ici dans l’exact contraire.
Certains pour défendre ce jargon essaye d’expliquer qu’il faut bien manipuler un langage « précis » pour expliquer ces notions techniques.
D’autres articles parlent de cette pensée structurante et novatrice :
Je me répète, mais je pense vraiment que la personne qui a allégé son esprit de ces concepts complexes, en les formulant, doit se sentir beaucoup mieux après.

Mercredi 9 juillet 2014

« Pour la jeunesse et la paix »
Latifa Ibn Ziaten

Latifa Ibn Ziaten est la mère d’Imad, le premier soldat tué à Toulouse en mars 2012, l’une des sept victimes de Mohamed Merah.

Le mot du jour est le nom de l’association qu’elle a créée et dont le nom complet est « l’association Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix »

« J’ai découvert cette femme lumineuse par l’émission de France Inter – ils changent le monde – du 30 juin »

Je dois même dire que j’ai été submergé par l’émotion, d’entendre cette femme simple, musulmane voilée, parler avec une langue limitée mais avec une intelligence du cœur incroyable de l’éducation, de la république, de la paix entre les religions, du respect que mérite chacun. J’ai été impressionné par sa dignité et son humanité.

Dans cette émission elle raconte d’abord le début de l’histoire pour elle : Un coup de fil en Turquie, où elle séjourne en vacances avec son mari, Ahmed, cheminot à la retraite, leur apprend la mort d’Imad, abattu d’une balle dans la tête, près d’un gymnase. Le couple arrive à l’aube à Toulouse. Latifa veut voir son fils à la morgue.

Mais la police l’en empêche et la soumet toute la journée à un interrogatoire d’où il ressort que la police soupçonne son fils d’être mêlé à de sombres trafics et d’avoir été victime d’un règlement de compte.

«Un policier m’a dit : « Madame, vous ne connaissez pas toute la vie de votre fils. » Parce qu’il s’appelait Imad et qu’il était arabe, la police a pensé qu’il était délinquant, s’indigne-t-elle. Mes enfants, je les ai les élevés dans le respect de l’autre, de la République. A la fin de l’interrogatoire, il est trop tard, la morgue est fermée et Latifa ne peut plus voir son fils.

Et elle raconte aussi comment, après la mort de son fils, elle a pris un taxi pour retourner à Toulouse dans le quartier des Izards, où a grandi l’assassin de son fils. Elle a approché des jeunes en train de fumer un joint, leur a demandé qui était Mohamed Merah : «Vous le connaissez pas, madame ? C’est un martyr, un héros !». Cette réponse l’a tuée «une seconde fois», dit-elle.

Mais elle, la musulmane voilée, va faire face, elle va leur dire qui elle est et ces jeunes d’abord méfiant, vont être ébranlés puis vont s’excuser et écouter cette femme leur dire qu’ils sont dans l’erreur et que l’Islam ne leur dit pas d’être violent, de faire du mal.

Puis elle créée l’association, pour faire de la pédagogie aller à la rencontre des parents et des enfants en train de se perdre. Elle sillonne les collèges, les lycées, les prisons, à la rencontre des jeunes.

«Si je peux éviter qu’une mère souffre comme je souffre, dit-elle, si je peux éviter un autre Merah, c’est un bon combat.»

Marie Huret écrit dans Marianne :

« On se dit qu’elle n’était pas préparée à ça, Latifa, la jeune Marocaine de Tétouan arrivée à 18 ans en France pour rejoindre son homme. C’est mal la connaître. Elle s’est toujours battue, a appris le français au centre social, pris le bus, fait du Solex. «Il fallait que je trouve ma liberté», dit-elle. Ses enfants grandissent dans une cité, des tours de 10 étages à Sotteville-lès-Rouen. Le couple achète un pavillon, ici, pas au Maroc. Chez les Ibn Ziaten, on ne dort pas jusqu’à midi, on range sa chambre, on partage le ménage, on fait ses devoirs. Mais on dialogue, on choisit son sport, ses petits amis, ses études. Ses cinq enfants ont reçu une double culture, tous ont un métier, standardiste, prof de sport, chargé de com… Imad était le second. «Mon fils, il faisait mieux les gâteaux que moi, confie Latifa. L’éducation, c’est la base. Ce n’est pas à l’école d’éduquer nos enfants. Le repas se prend en famille. « L’école, ça va ? Les devoirs, ça va ? » C’est ça, le dialogue. J’ai cadré mes enfants, quand j’ai senti qu’ils étaient capables, je les ai laissés trouver leur chemin.»

« Un autre article, dans l’Express qui lui est consacrée se finit par cette réflexion : «A 52 ans, Latifa qui cherchait « un peu de lumière » a trouvé sa voie: tenter d’oublier ses souffrances, les cantines et le musée de Rouen pour prôner la réconciliation universelle. Avec juste cette hantise: « Qu’on se serve de ma douleur comme un label et que je finisse par faire commerce avec ma souffrance ». Lucide jusqu’au bout.

Le monde reste beau, tant qu’il existera des femmes comme Latifa Ibn Ziaten

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Mardi 05 février 2013

Mardi 05 février 2013
« Un enfant n’a jamais les parents dont il rêve.
Seuls les enfants sans parents ont des parents de rêve. »
Boris Cyrulnik
Lors de cette période où les débats à l’Assemblée Nationale évoquent la procréation, la parentalité et cette question sans réponse comment être de bons parents ? et même qui peut être de bons parents ?
Je voudrai partager avec vous ce beau propos de Boris Cyrulnik.
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Vendredi 21 décembre 2012

Vendredi 21 décembre 2012
« Vos enfants ne sont pas vos enfants
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même »
Khalil Gibran
A quelques jours de la fête chrétienne de la nativité.
En ces temps où on parle du droit à l’enfant pour tous, cette parole du grand sage Khalil Gibran
Et voilà le texte intégral de ce poème :
« Une femme qui tenait un nouveau-né contre son sein dit:
Parle-nous des enfants.
Il dit: Vos enfants ne sont pas vos enfants
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même
Ils passent par vous mais ne viennent pas de vous
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas
Vous pouvez leur donner votre amour, mais pas vos pensées
Car ils ont leurs propres pensées
Vous pouvez accueillir leurs corps, mais pas leurs âmes
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter même en rêve
Vous pouvez vous efforcer d’être semblables à eux
Mais ne cherchez pas à les rendre semblables à vous
Car la vie ne revient pas en arrière ni ne s’attarde avec hier
Vous êtes les arcs à partir desquels vos enfants,
Telles des flèches vivantes, sont lancées
L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini,
Et Il vous tend de Sa puissance
Afin que les flèches soient rapides et leur portée lointaine.
Puisse votre courbure dans la main de l’Archer être pour l’allégresse
Car de même qu’Il chérit la flèche en son envol, Il aime l’arc en sa stabilité »
Khalil Gibran
Extrait du recueil Le Prophète
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Mercredi 21 novembre 2012

« Maintenant, main tenant »
Michel Serres

Selon Michel Serres, les jeunes générations ont compris ce que signifiait le mot maintenant, qu’il faut lire main tenant, c’est à dire tenant dans la main. Avec les smartphones qu’ils tiennent dans la main, ils peuvent immédiatement échanger avec tous leurs proches ou personnes qu’ils connaissent quel que soit le lieu où les uns et les autres se trouvent dans le monde. Ils peuvent accéder à l’information et à la connaissance instantanément en surfant sur les outils de l’internet, ils peuvent envoyer, maintenant, des photos qu’ils viennent de prendre quelques secondes auparavant etc…

Chaque année est organisée à Lyon, sur une journée, une rencontre échange animée par Michel Serres.

Cette année elle a eu lieu samedi 17 novembre et j’ai eu la chance d’y assister.

Lors de l’une de ses interventions pleines d’intelligence fulgurante et d’analyse lucide et prospective du monde il a fait référence à son livre « Petite Poucette » où il décrit la jeune génération et sa capacité à envoyer des SMS avec son pouce et où il explique que c’est un bouleversement considérable dans l’Histoire de la société humaine.

Le sous titre de ce livre est le suivant :

« Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer : une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître… »

Si vous voulez en savoir plus, lisez un entretien dans le journal Libération avec cet homme qui s’est qualifié, lui-même, samedi, de vieillard au porte de la mort : <Petite poucette la génération mutante>

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