Vendredi 28 Août 2015

Vendredi 28 Août 2015
« Mon Dieu, qu’avons-nous fait ? »
Capitaine Robert Lewis
Robert Lewis était le co-pilote de la superforteresse B-29 « Enola Gay » qui a largué « au-dessus de Hiroschima une bombe de 4,5 tonnes surnommée « Little Boy », avant d’effectuer un virage de 158 degrés pour s’éloigner. Quarante-trois secondes plus tard, à 600 mètres d’altitude, l’engin explose. A l’éclair foudroyant succède une boule de feu d’un kilomètre de diamètre, puis une terrible onde de choc, qui secoue violemment le bombardier. En quelques secondes, une gigantesque colonne de fumée s’élève jusqu’à 12 000 mètres d’altitude. Terrifié, le capitaine Lewis s’écrie : « Mon Dieu, qu’avons-nous fait ? » »
Nous sommes en août 2015, c’était il y 70 ans que les américains ont largué le 6 août 1945  « Little boy » sur Hiroshima, et le 9 août  « fat-man » sur Nagasaki.
Du point de vue technique « fat-man » (au plutonium) était plus puissante que Little Boy (à l’uranium) mais la destruction fut toutefois moins importante à cause de la nature vallonnée du terrain à Nagasaki.
C’est un moment essentiel de l’Histoire, de l’Humanité et des sciences. C’est un moment de fracture. Car depuis ce mois d’août 1945, la science et le progrès qui étaient des valeurs uniquement positives depuis les Philosophes des Lumières, sont remis en question parce qu’ils ont leur part d’ombre : ils peuvent produire le mal absolu.
Un des physiciens qui avaient participé à l’élaboration de la bombe dans le projet Manhattan, Kenneth Bainbridge, avait dit au Directeur du projet Oppenheimer : « Now we are all sons of bitches » (Maintenant nous sommes tous des fils de pute). Par la suite,  Bainbridge s’engagera pour mettre fin aux essais d’armes nucléaires et pour garder le contrôle des futurs développements de ce domaine.
<Albert Camus écrivit son fameux éditorial du 8 août 1945 dans < Combat >: […] Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. En attendant, il est permis de penser qu’il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d’abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles. Que dans un monde livré à tous les déchirements de la violence, incapable d’aucun contrôle, indifférent à la justice et au simple bonheur des hommes, la science se consacre au meurtre organisé, personne sans doute, à moins d’idéalisme impénitent, ne songera à s’en étonner. […]
Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d’être mené. Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison. »
Michel Serres dans un entretien plein d’optimisme, dans une merveilleuse émission de France Culture : « Les racines du ciel », dit cependant : «Je suis un enfant de Hiroshima et de Nagasaki. » Il explique qu’il était étudiant en mathématiques et qu’il se destinait à la Physique, mais que l’explosion des bombes l’a fait changer de route et il s’est orienté vers la philosophie et l’Histoire des sciences. >>>http://www.franceculture.fr/emission-les-racines-du-ciel-serie-grands-temoins-la-passion-de-l-avenir-avec-michel-serres-2015-08-
Grâce au travail des historiens et à l’ouverture des archives, nous savons aujourd’hui que la version officielle : «L’utilisation de la bombe a permis d’abréger la guerre, d’économiser un million de morts car le Japon ne voulait pas mettre fin à la guerre » est un mensonge. Il fallait que la bombe explose parce que les américains voulaient pouvoir expérimenter, en réel,  l’effet de la bombe notamment pour montrer à leur Congrès que son coût était justifié et surtout ils voulaient montrer leur puissance destructrice pour pouvoir mieux imposer leurs conditions à la sortie de la guerre. Il fallait même une deuxième explosion pour pouvoir tester une autre version de la bombe. Ce documentaire diffusé sur France 3 montre les véritables raisons de Hiroshima et de Nagasaki.
Ce documentaire révèle aussi la censure et le silence qui ont été imposés sur les effets de la radioactivité des années après l’explosion. L’autre mensonge de 1945 étant que la bombe produit sa puissance destructrice pendant environ une minute et n’a plus aucune conséquence sur les humains après cette minute.
Pour finir, je voudrais aussi mettre l’accent sur cette petite phrase trouvée dans un article du Monde « Nagasaki, la ville catholique atomisée » décrivant le vol de la seconde bombe : Après avoir été béni par le chapelain de la base de Tinian dans les Mariannes, l’équipage du bombardier B-29 avec à bord « Fat Man », la seconde bombe atomique, prit la direction de Kyushu.
Le chapelain, nous apprend le Larousse, est un prêtre chargé d’assurer le service religieux dans une église non paroissiale, une chapelle de communauté religieuse, d’hôpital, de l’armée… Cette dernière incise pour revenir sur le concept éthéré de « religion de paix.» Le représentant d’«une religion de paix.» a béni les hommes et la bombe qui allait donner la mort à des milliers de gens…
HIROSHIMA
NAGASAKI