Mardi 21 Juin 2016

Mardi 21 Juin 2016
« Ce qui compte, ce n’est pas que le mec soit dingue, mais qu’il mette sa folie au service d’une idéologie… »
Raphael Glucksmann

Raphael Glucksmann est le fils d’André Glucksmann qui a quitté le monde des vivants 3 jours avant les attentats du 13 novembre 2015.

Il est possible de lire des choses intelligentes sur Twitter. En effet, l’exergue du mot du jour vient de twitter, car je suis un « abonné twitter » de Raphael Glucksmann.

Et ce tweet renvoie vers un message (on dit un « statut ») publié sur Facebook, car on peut aussi trouver des messages intelligents sur facebook :

Tous les salafistes ne sont pas des terroristes !

Mais l’idéologie salafiste qui classe les humains et les actes des humains entre « purs » et « impurs » donne à ces déséquilibrés violents les outils de justification pour passer à l’acte et même pour en être fiers.

J’aime beaucoup lire sur ce sujet Céline Pina qui a écrit « Silence Coupable

Céline Pina est une socialiste, ancienne élue régionale qui explique à la fois le danger devant cette idéologie radicale qui remet en cause nos fondamentaux de démocratie​, de liberté, d’égalité et du vivre ensemble et la réaction souvent molle voire la non réaction des responsables du PS. ​

Vous pouvez lire cet article où elle intervient sur le site de Marianne : « L’islamisme, ce n’est pas une invasion de barbus, c’est beaucoup plus insidieux ».

Elle n’est pas la seule à défendre cette position : Gilles Kepel dénonce aussi une « rupture salafiste de fond » qui est en arrière-plan des actes de terrorisme.

Il y a aussi, l’écrivain algérien qui a vu l’islamisme peu à peu s’imposer dans son pays : Boualem Sansal : «L’ordre islamique tente progressivement de s’installer en France. »

Cette question est très controversée en France, il y a notamment une opposition frontale entre « Gilles Kepel et Olivier Roy ». Le second parlant de l’islamisation de la radicalité et rejetant l’idée que l’islamisation salafiste soit un danger. Grosso modo il défend cette idée que certains jeunes sont radicaux et cherchent une cause pour laquelle ils peuvent trouver une raison pour tuer et se faire tuer et qu’aujourd’hui il n’y a que l’islamisme qui se trouve sur le marché…

Les tenants de la thèse d’Olivier Roy sont très nombreux dans la Gauche bien-pensante au pouvoir et universitaire comme l’a prouvé cette polémique qui a atteint cet homme remarquable qu’est Kamel Daoud.

« Ici » un article de Courrier International sur cette polémique ou cette émission de France Culture « Kamel Daoud : La polémique s’emballe »

« Ici » ce beau texte de l’écrivaine franco-tunisienne Fawzia Zouari qui défend Kamel Daoud.

D’habitude, je reste prudent dans mes analyses et j’essaie de rester à distance de points de vue opposés qui expriment un autre regard sur une même réalité. Car c’est de la richesse des regards différenciés qu’on peut le mieux approcher la compréhension de la complexité des choses.

Mais ici je ne le serais pas car je penche nettement du côté de Kepel, Céline Pina et Raphael Glucksmann, tant je pense avoir compris combien est dangereuse toute religion mise entre de mauvaises mains.

Dans mon analyse le nazisme et le communisme étaient aussi des religions, des religions sans Dieu, mais des religions car ils défendaient un dogme, une pensée qui n’acceptaient pas la contradiction et la mesure scientifique.

C’est cela même la maladie des religions qui n’acceptent pas l’altérité, pour qui celui qui n’est pas d’accord n’exprime pas une autre opinion mais se trouve dans l’erreur, dans l’impureté pour les salafistes.

Car pour que ces « criminels » puissent aller au bout de leur délire de destruction il faut qu’ils puissent s’appuyer sur une idéologie qui distingue « les vrais croyants » des « autres ».

« A partir du moment où l’autre est un Kouffar » ou un apostat, tout devient possible.

Il faut d’abord l’idéologie, comme celle des nazis qui distinguaient les aryens des sous hommes, pour que le reste devienne possible, les assassinats de masse, les camps et ces massacres d’aujourd’hui comme celui d’Orlando.

La première bataille est celle des idées et le refus des accommodements déraisonnables, pour reprendre ce concept cher à nos amis québécois !

Et si ce concept d’accommodements raisonnables vous interpelle voici plusieurs liens qui parlent de ce sujet :

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Lundi 16 novembre 2015

Lundi 16/11/2015
«Il fait beau à n’y pas croire
Il fait beau comme jamais
C’est un temps contre nature
[…]
Il fait beau comme jamais
un temps à rire et courir
Un temps à ne pas mourir
Un temps à craindre le pire»
Louis Aragon, Maintenant que la jeunesse
Que dire ?
Comment éviter le verbiage révélant des abimes de vacuité.
Nous avons eu un week end ensoleillé, un ciel d’un bleu azur.
Nous connaissons un automne magnifique,  où des feuilles de toutes les couleurs recouvrent le sol alors que beaucoup d’autres continuent à garnir les arbres, en restant accrochées aux branches comme autant de décorations belles et apaisantes.
Oui, Il fait beau à n’y pas croire, Il fait beau comme jamais, C’est un temps contre nature.
Un temps à rire et courir, un temps à ne pas mourir.
Dans ce décor propice aux ballades, au retour vers la nature, ou dans les villes aux repas ou simplement à un verre pour échanger sur les terrasses de café ou de restaurant, des armes de guerre ont fauché des centaines de femmes et d’hommes, surtout des jeunes de tout origine qui voulaient simplement vivre, vibrer aux sons d’un concert ou fêter un anniversaire ou d’autres choses encore qui font que la vie est si belle quand l’esprit de liberté règne.
Un temps à craindre le pire…
A ce texte, je me contenterai, aujourd’hui, d’ajouter ce magnifique discours où Angela Merkel a su trouver les mots de compassion, de compréhension et aussi de combat en 2 minutes.
Je n’en ai pas trouvé de traduction, alors j’ai tenté de la réaliser.
Vous trouverez, plus loin, le texte original et ma tentative de traduction dont je tire les extraits suivants :
«Nous venons de vivre une des nuits les plus horribles que l’Europe a vécu depuis longtemps.
Les personnes à Paris ont eu à vivre un cauchemar de violence, de terreur et de peur, et je voudrai avant tout, aujourd’hui, leur dire ainsi qu’à tous les Français : Nous, vos amis allemands, nous nous sentons si proche de vous.
Nous pleurons avec vous.
Nous poursuivrons avec vous, ensemble, le combat contre les responsables de ces actes inconcevables.
[…]
Les personnes dont  nous portons le deuil, ont été assassinées au restaurant, dans une salle de concert ou dans la rue. Ils voulaient vivre une vie d’hommes libres dans la ville qui célèbre la vie et ils sont tombés sur des meurtriers qui justement haïssent la vie dans la liberté.
Cette attaque contre la liberté compte non seulement pour Paris, elle atteint chacun d’entre nous et nous touche tous. Voilà pourquoi nous agirons ensemble pour donner la réponse.
[…]
Et puis nous donnons aussi, comme citoyen, une réponse claire qui est celle-ci : Nous vivons par la compassion, par la charité, par la joie de la communauté. Nous croyons aux droits individuels, au droit de chercher son bonheur, de vivre dans le respect d’autrui et dans la tolérance.
Nous savons que notre vie libre est plus forte que le terrorisme.
Répondons aux terroristes en vivant dans nos valeurs, dans la confiance dans la vie, en fortifiant ces valeurs pour l’ensemble de l’Europe, maintenant plus que jamais.»
Traduction du discours d’Angela Merkel

Meine Damen und Herren, hinter uns liegt eine der schrecklichsten Nächte, die Europa seit langer Zeit erlebt hat.

Mesdames et Messieurs, nous venons de vivre une des nuits les plus horribles que l’Europe a vécu depuis longtemps.

Die Menschen in Paris müssen einen Alptraum von Gewalt, Terror und Angst durchleiden, und ich möchte ihnen und allen Franzosen heute von hier aus vor allem eines sagen: Wir, die deutschen Freunde, wir fühlen uns Ihnen so nah.

Les personnes à Paris ont eu à vivre un cauchemar de violence, de terreur et de peur, et je voudrai avant tout, aujourd’hui, leur dire ainsi qu’à tous les Français : Nous les amis allemands, nous nous sentons si proche de vous.

Wir weinen mit Ihnen..

Nous pleurons avec vous.

Wir werden mit Ihnen gemeinsam den Kampf gegen die führen, die Ihnen so etwas Unfassbares angetan haben

Nous poursuivrons avec vous, ensemble, le combat contre les responsables de ces actes inconcevables.

Ich bin in Gedanken bei den mehr als 120 Menschen, denen das Leben geraubt wurde, und ich bin in Gedanken bei den Familien und Angehörigen. Seien Sie versichert: Deutschland fühlt mit Ihnen in Ihrem Schmerz und in Ihrer Trauer.

Je suis en pensée avec les plus de 120 personnes, à qui la vie a été dérobée et je suis en pensée avec les familles et les proches. Soyez assurés que l’Allemagne partage votre douleur et votre chagrin.

Ich denke auch an die Verletzten  mögen sie genesen, körperlich und seelisch.

Je pense aussi aux blessés, puissent-ils guérir dans leur corps et dans leur âme..

Die Menschen, um die wir trauern, wurden vor Cafés ermordet, im Restaurant, im Konzertsaal oder auf offener Straße. Sie wollten das Leben freier Menschen leben, in einer Stadt, die das Leben feiert  und sie sind auf Mörder getroffen, die genau dieses Leben in Freiheit hassen.

Les personnes dont nous portons le deuil, ont été assassinées au restaurant, dans une salle de concert ou dans la rue. Ils voulaient vivre une vie d’hommes libres dans une ville qui célèbre la vie et ils sont tombés sur des meurtriers qui justement haïssent la vie dans la liberté.

Dieser Angriff auf die Freiheit gilt nicht nur Paris  er meint uns alle und er trifft uns alle. Deswegen werden wir auch alle gemeinsam die Antwort geben.

Cette attaque contre la liberté compte non seulement pour Paris, elle atteint chacun d’entre nous et nous touche tous. Voilà pourquoi nous agirons ensemble pour donner la réponse.

Da ist zunächst die Antwort der Sicherheitskräfte: Die Bundesregierung steht dazu im engen Kontakt mit der französischen Regierung und hat jedwede Unterstützung angeboten. Wir werden alles tun, um bei der Jagd auf die Täter und Hintermänner zu helfen und gemeinsam den Kampf gegen diese Terroristen zu führen.

C’est d’abord la réponse des forces de sécurité : Le gouvernement fédéral est en contact étroit avec le gouvernement français et a offert son assistance. Nous ferons tout notre possible pour aider dans la capture des auteurs et des commanditaires et pour mener conjointement la lutte contre ces terroristes.

Ich werde heute im Laufe des Tages mit den zuständigen Ministern zusammenkommen, um die weitere Entwicklung der Lage in Frankreich und alle damit verbundenen Fragen zu erörtern

Je vais réunir au cours de la journée les ministres compétents pour discuter du développement de la situation en France et de toutes les questions liées.

Und dann geben wir auch als Bürger eine klare Antwort, und die heißt: Wir leben von der Mitmenschlichkeit, von der Nächstenliebe, von der Freude an der Gemeinschaft. Wir glauben an das Recht jedes Einzelnen  an das Recht jedes Einzelnen, sein Glück zu suchen und zu leben, an den Respekt vor dem anderen und an die Toleranz.

Et puis nous donnons aussi, comme citoyen, une réponse claire qui est celle-ci : Nous vivons par la compassion, par la charité, par la joie de la communauté. Nous croyons aux droits individuels, au droit de chercher son bonheur, de vivre dans le respect d’autrui et dans la tolérance.

Wir wissen, dass unser freies Leben stärker ist als jeder Terror.

Nous savons que notre vie libre est plus forte que le terrorisme.

Lassen Sie uns den Terroristen die Antwort geben, indem wir unsere Werte selbstbewusst leben und indem wir diese Werte für ganz Europa bekräftigen  jetzt mehr denn je

Répondons aux terroristes en vivant dans nos valeurs, dans la confiance dans la vie, en fortifiant ces valeurs pour l’ensemble de l’Europe, maintenant plus que jamais

Et voici le poème d’Aragon :
Maintenant que la jeunesse
Maintenant que la jeunesse
S’éteint au carreau bleui
Maintenant que la jeunesse
Machinale m’a trahi
Maintenant que la jeunesse
Tu t’en souviens souviens-t-en
Maintenant que la jeunesse
Chante à d’autres le printemps
Maintenant que la jeunesse
Détourne ses yeux lilas
Maintenant que la jeunesse
N’est plus ici n’est plus là
Maintenant que la jeunesse
Sur d’autres chemins légers
Maintenant que la jeunesse
Suit un nuage étranger
Maintenant que la jeunesse
A fui voleur généreux
Me laissant mon droit d’aînesse
Et l’argent de mes cheveux
Il fait beau à n’y pas croire
Il fait beau comme jamais
Quel temps quel temps sans mémoire
On ne sait plus comment voir
Ni se lever ni s’asseoir
Il fait beau comme jamais
C’est un temps contre nature
Comme le ciel des peintures
Comme l’oubli des tortures
Il fait beau comme jamais
Frais comme l’eau sous la rame
Un temps fort comme une femme
Un temps à damner son âme
Il fait beau comme jamais un temps à rire et courir
Un temps à ne pas mourir
Un temps à craindre le pire
Il fait beau comme jamais