Martine est une ancienne infirmière en unité de cancérologie. Elle m’a conseillé un livre à lire, car c’était un livre qui l’a beaucoup inspiré ainsi que tout son service, par son approche de la maladie et plus encore des thérapies et de la démarche pour donner une chance à la guérison. J’ai donc suivi ce conseil et je suis en train de lire « Guérir envers et contre tout ».
Carl Simonton (1942 – 2009) était un médecin américain, cancérologue et radiothérapeute. Il a écrit ce livre avec son épouse Stéphanie Matthews Simonton, psychologue et James Creighton, psychothérapeute. Il a été publié aux Etats-Unis en 1992.
Dans ce livre il insiste beaucoup sur l’aspect psychologique du malade qui a des conséquences fondamentales sur la qualité de vie ainsi que la durée de survie et même la guérison. Il avait constaté qu’avec le même diagnostic, certains patients mouraient et d’autres non. Et même, avec un pronostic plus pessimiste que d’autres, certains connaissaient des rémissions beaucoup plus longues.
Il a observé que certains patients pouvaient retarder l’échéance fatale. Ceux-là marchandaient avec la mort, par exemple : « Je ne peux pas mourir maintenant, je ne peux pas m’en aller avant que ma fille se marie ». Ils se sentent indispensables et pensent qu’ils doivent être là jusqu’à ce que….
Et disons pour faire simple que le docteur Simonton a développé des méthodes qui se basent sur cette réflexion :
« Puisque les malades qui ont guéri sont des battants qui se persuadent et se voient guérir, je me dois donc d’apprendre à mes patients à devenir des lutteurs. »
Il donne comme conseil essentiel à tout malade d’être acteur de sa thérapie et de sa guérison et non simple spectateur du travail des médecins.
Mais ce que j’entends partager aujourd’hui, c’est une histoire vraie que Simonton raconte dans son livre et que vous trouverez d’ailleurs rapporter par plusieurs sites qui essaient d’approcher le phénomène de l’effet placebo :
« Un exemple particulièrement spectaculaire et dramatique, de l’effet placebo a été rapporté par le Docteur Bruno Klopfer, un chercheur travaillant à tester le médicament appelé Krebozien. En 1950, le Krebozien reçu une publicité nationale américaine formidable comme « cure » du cancer, et était en train d’être testé par l’association médicale américaine et le service national américain de contrôle des aliments et produits par. Un patient du Docteur Bruno Klopfer avait un lumphosarcome, un cancer généralisé, très avancé, qui touche les ganglions lymphatiques. Le patient avait des masses tumorales énormes partout dans son corps, et il était dans un état physique si désespéré, qu’il avait souvent besoin de prendre de l’oxygène à l’aide d’un masque ; il fallait lui enlever du liquide de sa poitrine tous les deux jours.
Lorsque le patient découvrit que le docteur Klopfer travaillait dans l’équipe de recherche sur le Krebozien, il supplia qu’on lui fasse le traitement au Krebozien.
Klopfer accepta et le rétablissement du patient fut étonnant. En peu de temps, les tumeurs avaient diminué de façon spectaculaire et le patient pu reprendre une vie normale, piloter son avion privé.
Puis lorsque les rapports de l’association médicale américaine et du service national américain de contrôle des aliments et produits pharmaceutiques sur les résultats négatifs du Krebozien commencèrent à être publiés, l’état du patient empire. Croyant les circonstances assez graves pour justifier des mesures exceptionnelles, Klopfer raconta à son patient qu’il avait obtenu un autre Krebozien, super raffiné, doublement puissant et qui produirait les meilleurs résultats.
En fait les injections que fit Klopfer n’étaient que de l’eau distillée.
Néanmoins, le rétablissement du patient fut encore plus remarquable. Encore une fois, les masses malignes fondirent, le liquide dans la poitrine disparut, et il redevint autonome ; même il reprit le pilotage de son avion. Le patient resta libre de tout symptôme durant deux mois. La foi celle du patient, indépendante de la valeur du médicament, avait produit son rétablissement.
Puis d’autres articles sérieux sur les tests, des rapports médicaux (A.M.A.) et gouvernementaux (F.D.A.) parurent dans la presse : « Des tests de portée nationale montrent que le Krebozien est un médicament sans valeur dans le traitement du cancer ». En l’espace de quelques jours, le patient mourut. »
L’effet placebo explique peut-être une partie du bénéfice reçu d’un vrai médicament. L’effet est créé aussi bien par la manière dont le docteur prescrit ou administre le médicament que par le processus par lequel les médicaments sont cautionnés par la profession médicale. Tout le monde sait que dans nos pays les nouveaux médicaments doivent subir au préalable des tests poussés par des laboratoires pharmaceutiques et qu’ils doivent être approuvés par le gouvernement. […] Le rite qui établit la croyance sociale dans le traitement médical est complet, on vient à croire que le médicament ordonné par un médecin doit être efficace.
Voici l’histoire : c’est parce que le malade croit que le médicament va le guérir, que le cancer recule et lorsque définitivement, il n’y croit plus, il meurt.
Dire que la psychologie est essentielle est certes intéressant, mais n’explique pas au fond ce qui se passe.
D’autres livres expliquent parfaitement que tout le monde développe des cellules cancéreuses au cours de sa vie, mais tous ne développent pas cette maladie.
La raison en est connue désormais, c’est parce que le système immunitaire, détecte les cellules anormales et déviantes et les neutralise.
Chez tous ceux qui n’ont pas le cancer, ce mécanisme fonctionne.
Pour ceux qui ont le cancer, il y a eu une faille dans la défense immunitaire.
Dans ce cadre, on peut admettre que le cerveau et donc ce que croit le cerveau a une influence essentielle sur le fonctionnement du système immunitaire.
Le médicament, dans cette hypothèse, ne guérit pas directement, mais aide notre système de défense à se mobiliser davantage et à faire le job.
Au-delà des recherches qui visent à renforcer directement le système immunitaire pour lui permettre de redevenir efficace, il me semble donc essentiel de comprendre que nous disposons, en nous, des outils et des armes pour vaincre la maladie. Il est donc bien important de se sentir acteur de sa guérison. Si on peut espérer que des médicaments peuvent nous aider dans cette tâche, ils ne peuvent pas grand-chose si notre corps ne mène pas la lutte.
Cela ouvre d’ailleurs des perspectives de compréhension dans d’autres domaines de réflexion.
Il est établi que des personnes qui sont allées en pèlerinage à Lourdes, ont été guéries.
Mais quand on sait ce que cette histoire racontée par Simonton nous apprend, nous ne pouvons pas être surpris que des personnes qui manifestent sincèrement une croyance forte à la toute-puissance de Dieu, peuvent dans le rituel du pèlerinage parvenir à mobiliser les ressources de leur corps et de leur défense immunitaire pour guérir.
Cela conduit à une conclusion simple : Dieu est un placebo !
Pour celles et ceux qui seraient choqués par ce constat brutal, il est possible d’exprimer cela de manière plus nuancée :
Les guérisons miraculeuses sont la résultante d’un effet placebo.
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