La France est fière de ses grands restaurants. La semaine dernière le nouveau Guide Michelin a été publié, des chefs ont perdu des étoiles et d’autres ont en gagné.
Parallèlement, on répète à satiété que c’est un gisement d’emplois et que les jeunes français ne se pressent pas pour occuper ce type d’emploi. Certains même prennent prétexte de ce fait pour dire que cela prouve bien que des gens se complaisent dans le chômage puisque lorsqu’il y a du travail, les postes ne sont pas pourvus.
Mais quelle est la réalité qui se cache en cuisine dans beaucoup de ces maisons ?
Hier, quand je me demandais quel mot du jour je pourrais bien partager aujourd’hui et j’écoutais France Culture en retournant à mon travail. C’était l’émission de Sonia Kronlund : « Les pieds sur terre », dont le titre était « L’envers du décor »
C’est une autre journaliste Pauline Maucort qui est allé à la rencontre de jeunes qui racontent la vie, les relations, l’ambiance dans les cuisines, ce sont 4 histoires.
Pauline Maucort a un cousin qui a le même âge qu’elle : Maxime.
Lorsqu’elle était au lycée, lui travaillait déjà.
Elle se souvient que pendant les fêtes, bien souvent toute la famille se déplaçait en Alsace, là où travaillait Maxime. C’était le seul moyen de passer avec lui les quelques heures qu’il avait entre les services. A l’époque Maxime était apprenti serveur et n’arrêtait jamais de travailler
Des horaires de fou, il avait juste un jour de congé par semaine, parfois deux par semaine mais c’était impossible de savoir lequel à l’avance, ce n’était jamais le même et jamais le weekend end, on y pensait même pas.
Une année, à Noël alors que Maxime n’avait aucun jour de congé, la famille avait décidé d’aller déjeuner dans le restaurant gastronomique où il travaillait. C’était une folie, mais tous se réjouissait de le voir dans le beau costume 3 pièces dont il était fier. Pourtant en arrivant, ce n’est pas lui qui les a placés.
Quand il a fini par apparaître, pour prendre la commandes des boissons, c’est à peine s’ils l’ont reconnu : il était tendu, livide, il ne souriait pas et ne semblait même pas les voir. Il s’exécutait professionnel avec un petit tremblement dans le menton qui n’échappait pas à sa cousine Pauline. Il n’était pas seulement concentré, il y avait quelque chose de pétrifié dans son attitude, son regard vide.
Plus tard Pauline comprendra que c’était la peur.
Pendant les dix ans pendant lesquels Maxime a travaillé dans la restauration, Maxime ne s’est jamais plaint.
Puis il a démissionné et il a changé de métier, C’est alors qu’il s’est mis à parler.
Vous en saurez plus en écoutant l’émission : « L’envers du décor ».
Mais il y a de nombreux articles consacrés à ce sujet :
- Dans le Figaro : «La violence est banale en cuisine»
- Dans Psychologies : « Violence en cuisine : le silence brisé »
- Dans le Huffington Post « Violences en cuisine: la sale affaire Robuchon »
- Sur un site spécialisé : Atabula :« Violences en cuisine : levons le voile »
Heureusement que cette réalité est désormais décrite et que des chefs réagissent comme l’écrit Ouest-France : « Violences en cuisine. Des chefs s’insurgent et protègent leurs commis »
Ma conclusion sera de nouveau une critique aux technocrates qui plutôt que de se plonger dans leurs tableaux excel et dans leurs statistiques et dire que les jeunes ne cherchent pas de travail, feraient mieux d’aller simplement voir à hauteur d’être humain, ils comprendraient mieux certaines réalités.
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Peut-être va-t-on assister bientôt à la fin de cette société stupide à l’image des fédérations de commerce de vêtements qui commencent à demander la fin des « soldes » par l’établissement de prix justes pour le consommateur et permettant une équitable rémunération du commerçant?
dire que j’ai failli faire ce métier quand j’avais 14 ans!!!!
le pire c’est de voir que c’est une constante de ce milieu de la restauration : dans les années 30 dans un livre intitulé » dans la dèche à Paris et à Londres » Georges Orwell racontait ce qu’il avait vécu dans les cuisines de grands restaurants Parisiens, entre les conditions d’ hygiène lamentables et les agressions des chefs , tous ce qui est dit ici était déjà raconté.
Quand aux jeunes qui ne chercheraient pas de travail, et aux soi-disant 300000 emplois non pourvu dont on nous parle si souvent , j’ai entendu récemment dans « on n’arrête pas l’Eco »
( France inter) que lorsque l’on avait enlevé les 100000 offres que les entreprises n’avaient pas retirées (qu’elle soit pourvues ou abandonnées) celles qui faisaient doublon , il restait seulement au final une vingtaine de mille qui n’avaient eut aucun candidat. toutes les autres étant en fait le roulement normal des offres pour lesquelles les entreprises avaient des candidats mais qu’elles n’avaient pas encore fait leur choix!
Mais faut il seulement critiquer les technocrates, quand on voit comment les politiques cherchent à renvoyer la responsabilité sur les chômeurs!