La mort de la mort est un des grands fantasmes de certains transhumanistes de la silicon Valley
Yuval Noah Harari nuance :
« L’immense majorité des chercheurs des médecins et des spécialistes se tiennent encore à distance de ces rêves affichés d’immortalité, affirmant qu’ils essaient simplement de surmonter tel ou tel problème particulier.»
Mais il est une minorité et qui selon Harari voit son nombre croître et qui :
« Parlent plus franchement, ces temps-ci et assurent que le projet phare de la science moderne est de vaincre la mort et d’offrir aux humains l’éternelle jeunesse.
Ainsi du gérontologue Aubrey de Grey et du polymathe et inventeur Ray Kurzweil. En 2012 Kurzweil a été nommé directeur de l’ingénierie chez Google et un an plus tard Google a lancé une filiale, Calico, dont la mission déclarée est de « résoudre le problème de la mort » ».
Vous pouvez aller sur le site internet de cette entreprise à la pointe de la modernité et dont l’objectif est donc de trouver les solutions techniques à la mort.
Et vous pouvez aussi voir cette conférence TED traduit en français dans laquelle Aubrey de Grey prétend « que le vieillissement n’est qu’une maladie — et de surcroît une maladie guérissable ».
Puis cette autre conférence TED dans laquelle Ray Kurzweil, explique comment selon lui « L‘homme sera transformé par la technologie ». Selon lui, d’ici les années 2020, nous aurons démonté le cerveau humain et des nano-robots opéreront notre conscience.
Larry Page et Sergey Brin, les patrons de Google avaient demandé à un autre convaincu de l’immortalité, Bill Maris, un neuroscientifique de formation, de prendre la tête du fonds d’investissement Google Ventures. Harari nous apprend que :
« Dans une interview de janvier 2015, Maris déclarait : « Si vous me demandez aujourd’hui s’il est possible de vivre jusqu’à 500 ans, la réponse est oui » […] Google Venture investit 36% de ses deux milliards de dollars en portefeuille dans des start-up spécialisées en sciences de la vie dont plusieurs projets ambitieux visent à prolonger la vie. Recourant à une analogie avec le football américain, Maris ajoute : dans le combat contre la mort, « nous n’essayons pas de gagner quelques mères. Nous cherchons à gagner la partie. Parce que mieux vaut vivre que mourir. »
L’édition anglaise d’Homo deus étant paru en 2016, Harari ne savait pas à l’époque que Bill Maris allait quitter Google Venture en août 2016, pour des raisons très louables : « s’occuper de son fils et être davantage avec son épouse » et aussi parce que Google Venture va très bien.
Et Harari cite aussi le cofondateur de PayPal : Peter Thiel :
« Je pense qu’il y a probablement trois grandes façons d’aborder la mort. L’accepter, la nier ou la combattre. Je crois que notre société est dominée par des gens qui sont dans le déni ou l’acceptation ; pour ma part je préfère la combattre. »
Harari explique :
« Le développement à vitesse grand V de domaines comme le génie génétique, la médecine régénérative et les nanotechnologies nourrit des prophéties toujours plus optimistes. Certains experts croient que les humains triompheront de la mort d’ici 2200, d’autres parlent même de 2100. Kurzweil et de Grey sont encore plus confiants. Ils soutiennent qu’en 2050 quiconque possède un corps sain et un solide compte en banque aura une chance sérieuse d’accéder à l’immortalité en trompant la mort de décennie en décennie. Tous les dix ans, selon Kurzweil et De Grey, nous ferons un séjour dans une clinique pour y subir une transformation qui nous guérira de nos maladies, mais régénérera aussi nos tissus en décomposition et améliorera nos mains, nos yaux et notre cerveau. Entre deux hospitalisations, les médecins auront inventé pléthore de nouveaux médicaments, d’extensions et de gadgets. »
Harari rappelle que ces projets s’ils aboutissent ne rendront pas ces humains immortels, mais plutôt a-mortels, car ils pourraient encore mourir dans une guerre ou un accident. Mais je crois qu’on peut rejoindre Yuval Noah Harari dans l’hypothèse, si ces choses arrivent cela ferait :
« Probablement d’eux les gens les plus angoissés de l’Histoire. »
Et Harari d’imaginer ce que cette nouvelle longétivité aurait pour conséquence sur la société et la famille :
« La structure familiale, les mariages et les relations parent-enfant s’en trouveraient transformés. Aujourd’hui, les gens s’imaginent encore mariés « jusqu’à ce que la mort les sépare » et une bonne partie de leur vie tourne autour de l’éducation des enfants.[…]. Une personne dont la durée de vie est de 150 ans […] se marie à 40 ans […] sera-t-il réaliste d’espérer que son couple dure cent dix ans ? […] A 120 ans une femme qui aura eu des enfants à quarante ans n’aura qu’un lointain souvenir des années passées à les élever qui seront comme un épisode plutôt mineur de sa longue vie. […]
Dans le même temps, les gens ne prendront pas leur retraite […] qu’éprouveriez-vous à avoir un patron de 120 ans, dont les idées ont été formulées du temps de la Reine Victoria ? »
Mais Harari n’y croit pas trop :
« Revenons à la réalité : il est loin d’être certain que les prophéties de Kurzweil et de Grey se réalisent d’ici 2050 ou 2100. A mon sens, espérer parvenir à l’éternelle jeunesse au XXIème siècle est prématuré et qui les prend au sérieux est voué à une cruelle déception. Il n’est pas facile de vivre en sachant que vous allez mourir, mais il est encore plus dur de croire à l’immortalité et de se tromper. »
Mais il pense quand même que ce combat restera un combat phare du XXIème siècle :
« Chaque tentative ratée de triompher de la mort nous rapprochera néanmoins un peu plus de ce but, nourrira de plus grands espoirs et encouragera les gens à consentir de plus grands efforts. Calico ne résoudra vraisemblablement pas le problème de la mort à temps pour rendre immortels les cofondateurs de Google […] mais elle réalisera très probablement des découvertes significatives en matière de biologie cellulaire, de médicaments génétiques et de santé humaine »
Et Harari imagine plus largement les conséquences de ce combat :
« L’establishment scientifique et l’économie capitaliste seront plus heureux d’épauler ce combat. La plupart des hommes de science et des banquiers se fichent pas mal de ce sur quoi ils travaillent, du moment que c’est l’occasion de nouvelles découvertes et de plus gros profit […]
Vous trouvez impitoyables les fanatiques religieux au regard brulant et à la barbe fleurie ? Attendez un peu de voir ce que feront les vieux nababs entrepreneurs […] s’ils pensent qu’un élixir de vie est à portée de main. Le jour où la science accomplira des progrès significatifs dans la guerre contre la mort, la vraie bataille se déplacera des laboratoires vers les parlements, les tribunaux et la rue. Dès que les efforts scientifiques seront couronnés de succès, ils déclencheront d’âpres conflits politiques. Les guerres et les conflits qui ont jalonné l’histoire pourraient bien n’être qu’un pâle prélude au vrai combat qui nous attend : le combat pour la jeunesse éternelle. »
Tous ces développements se situent entre les pages 35 et 41.
J’ajouterai une première limite à tous ces espoirs et développements, encore faut-il que la vie sur terre soit toujours possible à l’homme au-delà des années 2100, ce qui ne me semble pas totalement acquis.
Pour le reste le combat contre les maladies, pour la santé et pour éviter les morts prématurés ne peuvent que nous réjouir, notamment lorsque nous avons été confronté à la maladie ou à la mort prématurée d’un proche.
Mais Harari nous parle aussi d’une autre évolution qui est celle du big data et de l’intelligence artificielle dans ce domaine. Il est persuadé et probablement a-t-il raison que la plupart des humains accepteront d’ouvrir totalement les données privées de santé qu’ils livreront sans coup férir à ces outils à cause de la promesse d’une meilleure santé, promesse qui sera pour une part certaine respectée.
Ce sera un monde étrange dans lequel toutes les données de santé d’homo sapiens seront à la disposition de l’intelligence artificielle et probablement aussi des assurances et autres institutions financières qui feront tout ce qui est possible pour y avoir accès.
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passionnant, fascinant même!
mais (il y a un mais) qui s’interroge aujourd’hui sur la démographie et ses conséquences?
Je suis né, il y a 82 ans, sur une terre qui portait 2 milliards d’humains , et un certain Hitler revendiquait de » l’espace vital » pour son peuple! Actuellement la terre compte environ 7 milliards d’humains , en 2050 on envisage qu’ils seront 10 milliards.; avec l’ allongement général de la durée de vie les plus de soixante ans seront peut être les plus nombreux! les octogénaires et les centenaires seront nombreux à être encore aux commandes des entreprises et des états ,la terre pourra t’elle nourrir tout ce monde? oui puisque aujourd’hui nous gaspillons parait’il plus du tiers de nos productions! Toutefois il sera nécessaire d’imposer une discipline rigoureuse pour éviter les inégalités et les gaspillages, et en premier limiter la consommation de chaque individu a son strict nécessaire, ne serait ce que pour reporter vers la fin de l’année le fameux jour du dépassement des ressources annuelles de la planète, (qui se situe aujourd’hui fin juillet ou début août) les rêves d’éternité risquent fort d’en prendre un coup dans l’aile , car si l’on conserve la logique de la rentabilité et de l’efficacité en cours de nos jours, il y a fort a parier que de bons esprits prêcheront le suicide responsable et l’euthanasie compassionnelle pour alléger la société de vivants inutiles et coûteux!!
La bonne nouvelle c’est naturellement que ce monde de vieux engendrera moins d’enfants et que, la nature étant bien faite ,le nombre d’être humains diminuera mathématiquement pour revenir à un chiffre soutenable! il y a aussi les possibilités de carnage à grande échelle: explosion de centrales nucléaires, utilisation de la bombe atomique par un Trump qui ferait pas semblant, ou u un Kim machin qui voudrait montrer que oui il a la plus grosse! sans oublier les épidémies apportées par le changement climatique, je vous le dis moi, l’avenir est radieux!!!!!
dépêchons nous d’en rire……………..
Le pire n’est jamais certain.
Il y a actuellement des démiurges qui sont à l’oeuvre et qui sont soutenus à la fois par des capacités technologiques qui sont à un stade jamais atteint jusqu’à présent et à la fois par la puissance financière des GAFA et des entreprises de Californie.
Mais ces esprits vont se heurter à la nature et à l’équilibre fragile de la planète.
Il n’y a qu’une toute petite partie de leurs rêves qui pourra s’accomplir.
Pour le reste nous avons, je le pense, tous un rôle, certes modeste à jouer. Rôle que nous exerçons dans notre consommation, dans notre capacité à ne pas succomber à toutes les lubies et mirages des GAFA, dans notre intelligence à nous informer et à comprendre ce qui est en train de se passer.