Lundi 11 Janvier 2016

« DEMAIN »
Film de Cyril Dion et Mélanie Laurent

La nouvelle année c’est le moment de fermer la porte à l’ancien et de penser à demain.

Alors je voudrais partager avec vous «Demain» qui est un film documentaire que je suis allé voir lors de mon abstinence épistolaire.

Beaucoup d’informations et de constats nous conduisent à nous inquiéter pour le demain que nous aurons à vivre ou que nous laisserons à nos enfants. Mais le film «Demain» apporte beaucoup d’optimisme. C’est un demain positif car Cyril Dion, Mélanie Laurent et quelques amis sont allés chercher dans le monde et même en France des expériences qui existent déjà et qui constituent une part de la solution aux défis que nous avons à affronter : diminuer notre empreinte carbone et notre dépendance aux énergies fossiles; être en mesure de nourrir de plus en plus d’habitants sur la planète bleue, surmonter l’impasse économique dans laquelle nous nous enfonçons et où la richesse produite est accaparée par une caste de plus en plus étroite.

Le film s’ouvre sur les conclusions d’une étude de la NASA publiée dans la revue Nature et annonçant un effondrement probable de notre civilisation dans les 40 années à venir. Les savants de Stanford qui ont piloté cette étude sont d’ailleurs interviewés au début du film.

Le film est ensuite divisé en 5 chapitres qui abordent les défis, les dysfonctionnements actuels et les pistes d’ores et déjà trouvées :

Le chapitre 1 concerne l’alimentation et tend à démontrer qu’il est possible de produire plus de nourriture, sans engrais ni pesticides, avec peu de mécanisation et en réparant la nature plutôt qu’en la détruisant. Nous voyons comment nos villes peuvent réintégrer l’agriculture et nos campagnes se repeupler. On voit ainsi l’expérience de la ville de Détroit qui est passée de 2000 000 d’habitants à 700 000 habitants lors de la crise de l’industrie automobile et où, dans un premier temps pour survivre, les habitants qui sont restés ont développé le concept de l’agriculture dans la ville. Cette expérience a débouché sur une nouvelle manière de vivre la ville et son approvisionnement avec 1600 fermes urbaines. Le film présente aussi des expériences en Angleterre en particulier la ville de Todmorden près de Manchester (14 000 ha) dont les habitants sont en train de reconstruire leur autonomie alimentaire (objectif 2018).

Le chapitre 2 traite de la transition énergétique. Ainsi des villes et même des pays s’organisent pour se passer totalement de pétrole, de charbon et d’énergie nucléaire. Ainsi le film montre Copenhague qui vise à n’émettre plus aucun CO2 en 2025 et qui a construit un modèle d’urbanisme où 50% des habitants de la ville se déplacent en vélo et où ils habitent à moins de trois cent mètre d’un espace vert. En 2010, elle arrivait en première place des villes les plus résistantes au changement climatique, dans l’étude du chercheur américain, Boyd Cohen. À l’horizon 2025, 75% des tous les déplacements devront être effectués, à pied, en vélo, ou en transports publics.

Le chapitre 3 aborde la question de l’économie et nous apprenons l’existence de monnaies locales (complémentaires aux monnaies classiques) qui ont pour effet d’améliorer la circulation locale de l’argent et donc les circuits courts et l’économie locale. C’est d’abord, à ma grande surprise, La Suisse qui possède l’un des exemples les plus solides de monnaies complémentaires dans le monde et qui s’appelle WIR. Créé en 1934 par 16 entrepreneurs subissant de plein fouet la crise de 1929 et la frilosité des banques, elle propose un système de crédit mutuel, permettant aux entreprises de continuer à fonctionner même lorsque les crises paralysent le système bancaire et de réaliser leurs investissement à bien plus faible coût.

Aujourd’hui, 70 ans plus tard, elle est utilisée par une PME suisse sur cinq (75.000 membres). Une étude américaine qui a porté sur une quinzaine d’années démontre que cette monnaie contribue à la solidité de l’économie nationale. En effet, en cas de crise monétaire, les entreprises échangent davantage de WIR, échappant ainsi au phénomène d’assèchement du crédit. En revanche, quand l’économie va bien, les entreprises ont moins tendance à utiliser le WIR, et utilisent davantage le Franc Suisse. Le WIR montre donc, chiffres à l’appui, qu’une monnaie complémentaire peut non seulement se développer à grande échelle, mais que l’existence d’un véritable écosystème monétaire permettrait de mieux faire face aux aléas économiques et financiers. Mais de telles monnaies existent aussi aux Etats Unis et en Angleterre. Cette vision est complétée par les pratiques de l’économie circulaire : créer des chaînes de production sans déchets où le recyclage des matières est quasiment infini et où les déchets des uns deviennent les ressources des autres.

Le chapitre 4 donne des exemples d’éducation et d’enseignement innovants qui apprennent aux enfants à coopérer, à résoudre pacifiquement leurs conflits, à vivre harmonieusement avec eux-mêmes, les autres et la nature, à réapprendre des savoir-faire indispensables. C’est cette fois la Finlande qui démontre son excellence dans ce domaine.

Le chapitre 5 enfin parle du réenchantement de la démocratie par des initiatives qui impliquent vraiment les gens.

Je ne peux que vous inciter à aller voir ce beau film plein d’espoir et de pistes que chacun peut compléter par ses idées créatrices.

Gandhi disait :

« Soyez-vous même le changement que vous voudriez voir dans le monde »

En attendant il y a le site de crowfunding, c’est à dire de financement participatif qui a assuré une partie du budget du film qui présent cette belle réalisation et dont j’ai tiré une partie des précisions que je vous ai donné dans ce message : http://www.kisskissbankbank.com/demain-le-film

Et puis il y a le site spécifique au film qui est très riche d’enseignements : http://www.demain-lefilm.com/le-film

<Et ici la bande d’annonce du film>

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Mercredi 22 avril 2015

« L’âge d’or des séries américaines »
Brett Martin

Avouons que nous avons tous, d’abord un peu honteux, regarder des séries américaines. Et même nous y avons pris goût.

Nous n’osions le dire mais cela nous plaisait.

Maintenant nous pouvons nous rassurer.

De grands esprits, des philosophes, des universitaires et même des critiques de cinéma du Cahier des Cinémas, nous expliquent qu’il s’est passé un « truc » aux Etats Unis où est né un nouvel espace créatif qui est devenu un phénomène artistique de premier plan, un art majeur.

Un philosophe, spécialiste de Michel Foucault, a ainsi écrit un livre sur le seul sujet de Game of Thrones en analysant la lutte pour le pouvoir dans cette série, 

Si nous aimions, c’est parce que ce sont de vrais œuvres d’art dont certaines même sont géniales.

Il y a maintenant sans cesse des classements pour savoir quelle est la série la plus remarquable :

  • « Mad men »,
  • « Breaking Bad »,
  • « Game of Thrones »,
  • « True Detective »,
  • « The Wire », et bien d’autres.

Brett Martin dans son ouvrage <Des hommes tourmentés>  raconte cette histoire et parle de l’âge d’or des séries américaines, pour être plus précis, il parle du 3ème âge d’or.

Il était l’invité de Nicolas Demorand <Hommage aux antihéros des séries américaines avec Brett Martin>

Il raconte cette révolution de la télévision américaine.

Avant les années 2000, la télévision était le cimetière des ambitions artistiques.

C’était un désert de platitude où régnait la publicité où il ne fallait pas froisser les annonceurs, les grandes marques étaient très conservatrices. Il fallait des héros positifs, des intrigues claires, avec des bons et des méchants et où à fin le bon devait toujours gagner.

C’est surtout une chaine de télévision Home Box-Office (ou HBO), chaîne de télévision payante qui va balayer tout cela.

C’était une chaine d’abonné sans publicité.

Cette chaîne a eu des patrons intelligents, intuitifs et téméraires pour croire et avoir foi en des artistes.

« Ce fut la source magique, faire confiance aux auteurs. » dit Brett Martin

Cela commence par « Les Soprano », histoire d’un mafieux violent mais dépressif et qui a des problèmes avec ses enfants adolescents.

Ils vont récupérer des cinéastes maudits, des scénaristes qui trainaient dans le milieu de la télévision sans jamais avoir eu la chance de se faire connaître et c’est avec eux qu’ils vont créer cet âge d’or.

Ces hommes tourmentés (les antis héros des séries) sont des hommes fragiles entre leur désir de faire le bien et leur tendance à faire le mal et un mal absolu.

Ces séries sont ouvertes et l’intrigue est inventée d’un épisode à l’autre.

Les personnages deviennent très complexes, le spectateur va suivre leurs évolutions pendant des dizaines d’heures et pas seulement 2 heures comme au cinéma.

Et pour que cela captive il faut de véritables auteurs comme David Simon (The Wire) ou Matthew Weiner (Mad Men).

On apprend qu’il a fallu sept ans à Matthew Weiner pour trouver un diffuseur à Mad Men.

Télérama décrit cette évolution :

« Une rage d’écrire autre chose, d’envoyer balader les codes et les bienséances, de rendre sa noblesse à un genre qui plante ses racines chez Dickens et Dumas, dans le feuilleton littéraire du XIXe siècle. Une envie, un besoin, qui renversera les logiques économiques classiques pour pousser HBO, FX, AMC et d’autres chaînes câblées américaines à développer des séries d’auteurs, à fouiller sans retenue la psyché humaine et les entrailles de la société contemporaine. »

Même les matins de France Culture s’y sont mis : <De Dallas à True detective la révolution des séries>.

Et les séries ont leur festival dont c’est la 6ème saison du 17 au 26 avril, donc en ce moment : < https://series-mania.fr/  >  au Forum des images qui se trouve Forum des Halles.

Souvent dans l’Histoire, quand tant d’intellectuels émérites commencent à s’intéresser à un phénomène c’est qu’il touche à sa fin …

Mais Brett Martin pense que ce n’est pas encore la fin de l’âge d’or.

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Mardi 7 octobre 2014

Mardi 7 octobre 2014
« Les films sont plus harmonieux que la vie, […]
Il n’y a pas d’embouteillages dans les films, il n’y a pas de temps morts. »
François Truffaut, La nuit américaine.

François Truffaut est mort il y a 30 ans, le 21 octobre 1984 à 52 ans, d’une tumeur au cerveau.

C’était une encyclopédie vivante du cinéma et aussi un très grand réalisateur.

Dans la « nuit américaine » le sujet du film est un film en train d’être réalisé.

C’est dans ce film que Truffaut jouant le rôle du réalisateur dit à l’acteur principal de son film « Jean-Pierre Léaud », cette ode au cinéma :

« Je sais, il y a la vie privée, mais la vie privée, elle est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie, Alphonse. Il n’y a pas d’embouteillages dans les films, il n’y a pas de temps morts. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit. Les gens comme toi, comme moi, tu le sais bien, on est fait pour être heureux dans le travail de cinéma ».

La « nuit américaine » est le nom d’une technique qui consiste à tourner des scènes nocturnes en plein jour.

Patrick Cohen dans la matinale sur France Inter du vendredi 3 octobre, à l’occasion du trentième anniversaire de la disparition de François Truffaut, a reçu Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque française qui consacre actuellement une exposition au cinéma de Truffaut, et l’actrice Nathalie Baye.

La nuit américaine fut le premier film important de Nathalie Baye qui a dit dans cette émission, combien Truffaut arrivait à mettre ses acteurs en confiance et créer une ambiance unique sur le plateau.

Elle a avoué qu’elle a dû répéter de nombreuses fois cette réplique qu’elle a dans le film

« Moi je quitterai un homme pour un film, jamais un film pour un homme » parce qu’elle la disait toujours à l’envers.

Voici le lien vers cette émission : <http://www.franceinter.fr/emission-linvite-le-cinema-de-francois-truffaut>

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Lundi 10 mars 2014

« Il nous regardait comme si on était des diamants,
et forcément si on vous regarde comme ça,
vous devenez un diamant. »
Pierre Arditi rendant hommage à Alain Resnais
C’est en ce jour du 10 mars qu’aura lieu la cérémonie de l’Adieu à Alain Resnais.
J’ai eu ma première rencontre avec l’œuvre d’Alain Resnais, en 1978 à Strasbourg, en entrant par « Providence ». Dès les premières images je fus fasciné par la maîtrise du cinéaste qui filmait l’introspection et les fantasmes d’un vieil homme se penchant sur son passé.
Par suite j’ai suivi ce grand cinéaste souvent avec enthousiasme toujours avec intérêt que ce soit Mon oncle d’Amérique, On connaît la chanson, I want to go home ou cette extraordinaire performance d’acteurs que fût smoking / no smoking, et encore les herbes folles.
Des films si différents les uns des autres.
Et je trouve merveilleux cet hommage d’un de ses acteurs fétiches.
Il rappelle un point fondamental : le regard de l’autre est essentiel dans nos performances.
Des expériences l’ont montré : des élèves à qui on disait qu’ils étaient formidables avaient de meilleurs résultats que des élèves que l’on critiquait sans arrêt, alors qu’au départ les deux populations n’avaient pas des performances différentes.
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