Mercredi 22 avril 2015

« L’âge d’or des séries américaines »
Brett Martin

Avouons que nous avons tous, d’abord un peu honteux, regarder des séries américaines. Et même nous y avons pris goût.

Nous n’osions le dire mais cela nous plaisait.

Maintenant nous pouvons nous rassurer.

De grands esprits, des philosophes, des universitaires et même des critiques de cinéma du Cahier des Cinémas, nous expliquent qu’il s’est passé un « truc » aux Etats Unis où est né un nouvel espace créatif qui est devenu un phénomène artistique de premier plan, un art majeur.

Un philosophe, spécialiste de Michel Foucault, a ainsi écrit un livre sur le seul sujet de Game of Thrones en analysant la lutte pour le pouvoir dans cette série, 

Si nous aimions, c’est parce que ce sont de vrais œuvres d’art dont certaines même sont géniales.

Il y a maintenant sans cesse des classements pour savoir quelle est la série la plus remarquable :

  • « Mad men »,
  • « Breaking Bad »,
  • « Game of Thrones »,
  • « True Detective »,
  • « The Wire », et bien d’autres.

Brett Martin dans son ouvrage <Des hommes tourmentés>  raconte cette histoire et parle de l’âge d’or des séries américaines, pour être plus précis, il parle du 3ème âge d’or.

Il était l’invité de Nicolas Demorand <Hommage aux antihéros des séries américaines avec Brett Martin>

Il raconte cette révolution de la télévision américaine.

Avant les années 2000, la télévision était le cimetière des ambitions artistiques.

C’était un désert de platitude où régnait la publicité où il ne fallait pas froisser les annonceurs, les grandes marques étaient très conservatrices. Il fallait des héros positifs, des intrigues claires, avec des bons et des méchants et où à fin le bon devait toujours gagner.

C’est surtout une chaine de télévision Home Box-Office (ou HBO), chaîne de télévision payante qui va balayer tout cela.

C’était une chaine d’abonné sans publicité.

Cette chaîne a eu des patrons intelligents, intuitifs et téméraires pour croire et avoir foi en des artistes.

« Ce fut la source magique, faire confiance aux auteurs. » dit Brett Martin

Cela commence par « Les Soprano », histoire d’un mafieux violent mais dépressif et qui a des problèmes avec ses enfants adolescents.

Ils vont récupérer des cinéastes maudits, des scénaristes qui trainaient dans le milieu de la télévision sans jamais avoir eu la chance de se faire connaître et c’est avec eux qu’ils vont créer cet âge d’or.

Ces hommes tourmentés (les antis héros des séries) sont des hommes fragiles entre leur désir de faire le bien et leur tendance à faire le mal et un mal absolu.

Ces séries sont ouvertes et l’intrigue est inventée d’un épisode à l’autre.

Les personnages deviennent très complexes, le spectateur va suivre leurs évolutions pendant des dizaines d’heures et pas seulement 2 heures comme au cinéma.

Et pour que cela captive il faut de véritables auteurs comme David Simon (The Wire) ou Matthew Weiner (Mad Men).

On apprend qu’il a fallu sept ans à Matthew Weiner pour trouver un diffuseur à Mad Men.

Télérama décrit cette évolution :

« Une rage d’écrire autre chose, d’envoyer balader les codes et les bienséances, de rendre sa noblesse à un genre qui plante ses racines chez Dickens et Dumas, dans le feuilleton littéraire du XIXe siècle. Une envie, un besoin, qui renversera les logiques économiques classiques pour pousser HBO, FX, AMC et d’autres chaînes câblées américaines à développer des séries d’auteurs, à fouiller sans retenue la psyché humaine et les entrailles de la société contemporaine. »

Même les matins de France Culture s’y sont mis : <De Dallas à True detective la révolution des séries>.

Et les séries ont leur festival dont c’est la 6ème saison du 17 au 26 avril, donc en ce moment : < https://series-mania.fr/  >  au Forum des images qui se trouve Forum des Halles.

Souvent dans l’Histoire, quand tant d’intellectuels émérites commencent à s’intéresser à un phénomène c’est qu’il touche à sa fin …

Mais Brett Martin pense que ce n’est pas encore la fin de l’âge d’or.

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Mardi 7 octobre 2014

Mardi 7 octobre 2014
« Les films sont plus harmonieux que la vie, […]
Il n’y a pas d’embouteillages dans les films, il n’y a pas de temps morts. »
François Truffaut, La nuit américaine.

François Truffaut est mort il y a 30 ans, le 21 octobre 1984 à 52 ans, d’une tumeur au cerveau.

C’était une encyclopédie vivante du cinéma et aussi un très grand réalisateur.

Dans la « nuit américaine » le sujet du film est un film en train d’être réalisé.

C’est dans ce film que Truffaut jouant le rôle du réalisateur dit à l’acteur principal de son film « Jean-Pierre Léaud », cette ode au cinéma :

« Je sais, il y a la vie privée, mais la vie privée, elle est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie, Alphonse. Il n’y a pas d’embouteillages dans les films, il n’y a pas de temps morts. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit. Les gens comme toi, comme moi, tu le sais bien, on est fait pour être heureux dans le travail de cinéma ».

La « nuit américaine » est le nom d’une technique qui consiste à tourner des scènes nocturnes en plein jour.

Patrick Cohen dans la matinale sur France Inter du vendredi 3 octobre, à l’occasion du trentième anniversaire de la disparition de François Truffaut, a reçu Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque française qui consacre actuellement une exposition au cinéma de Truffaut, et l’actrice Nathalie Baye.

La nuit américaine fut le premier film important de Nathalie Baye qui a dit dans cette émission, combien Truffaut arrivait à mettre ses acteurs en confiance et créer une ambiance unique sur le plateau.

Elle a avoué qu’elle a dû répéter de nombreuses fois cette réplique qu’elle a dans le film

« Moi je quitterai un homme pour un film, jamais un film pour un homme » parce qu’elle la disait toujours à l’envers.

Voici le lien vers cette émission : <http://www.franceinter.fr/emission-linvite-le-cinema-de-francois-truffaut>

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Lundi 10 mars 2014

« Il nous regardait comme si on était des diamants,
et forcément si on vous regarde comme ça,
vous devenez un diamant. »
Pierre Arditi rendant hommage à Alain Resnais
C’est en ce jour du 10 mars qu’aura lieu la cérémonie de l’Adieu à Alain Resnais.
J’ai eu ma première rencontre avec l’œuvre d’Alain Resnais, en 1978 à Strasbourg, en entrant par « Providence ». Dès les premières images je fus fasciné par la maîtrise du cinéaste qui filmait l’introspection et les fantasmes d’un vieil homme se penchant sur son passé.
Par suite j’ai suivi ce grand cinéaste souvent avec enthousiasme toujours avec intérêt que ce soit Mon oncle d’Amérique, On connaît la chanson, I want to go home ou cette extraordinaire performance d’acteurs que fût smoking / no smoking, et encore les herbes folles.
Des films si différents les uns des autres.
Et je trouve merveilleux cet hommage d’un de ses acteurs fétiches.
Il rappelle un point fondamental : le regard de l’autre est essentiel dans nos performances.
Des expériences l’ont montré : des élèves à qui on disait qu’ils étaient formidables avaient de meilleurs résultats que des élèves que l’on critiquait sans arrêt, alors qu’au départ les deux populations n’avaient pas des performances différentes.
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