Le documentaire qui était évoqué lors de mon mot du jour du 6 avril 2018 consacré à Hedy Lamarr est sorti en France, le 6 juin.
Il a pour titre, dans va version française « From extase to wifi »
Nous sommes allés le voir avec Annie, le 8 juin au cinéma <Comoedia> de Lyon.
Il a été réalisé par Alexandra Dean et c’est une autre grande actrice « Suzan Sarandon » qui a produit ce film documentaire pour rendre justice à cette actrice d’une intelligence supérieure et géniale inventrice.
Le film se base sur la dernière interview qu’elle a donnée à un journaliste et on entend ainsi cette femme au crépuscule de sa vie faire preuve de détachement et d’intelligence sur sa vie.
Le documentaire est bouleversant et profondément révoltant face à l’injustice qu’a subie cette femme.
Outre l’interview et d’autres entretiens, des extraits de films, le documentaire repose beaucoup sur le témoignage de ses enfants.
Il y a tant d’injustices, notamment dans la manière dont étaient traitées les actrices.
Hedy Lamarr révèle que la fameuse scène simulée d’orgasme qu’elle a tournée dans le film « Extase » fut un montage éhonté. On ne lui pardonnera jamais cette « erreur » de jeunesse. Dans le documentaire, Hedy Lamarr explique qu’elle a été trompée lors du tournage. « J’étais seule dans la pièce. On me demandait de lever les bras, et j’ignorais pourquoi je devais faire cela ». Mais pour les magnats de la Metro Goldwyn Meyer, Hedy Lamarr sera toujours la fille légère, la dévergondée, la séductrice, la putain.
Par la suite, l’industrie cinématographique pour la faire tourner sans relâche l’a soumise à des injections de drogues, en lui faisant croire qu’il s’agissait de vitamines.
Ces drogues ont abimé sa santé et son caractère.
Ses enfants qui ont décrit une mère douce et affectueuse dans leur enfance, ont décrit par la suite une femme colérique et au caractère instable.
Mais le cœur de ce documentaire se concentre sur son invention qui a pour nom le « saut de fréquence » et qui avait pour but de guider les torpilles contre les sous-marins allemands sans que la marine allemande ne puisse intercepter la communication.
Par de nombreux témoignages, le documentaire démontre l’intelligence et le génie de cette femme dont aujourd’hui plus personne ne conteste le rôle dans l’invention qui sera utilisée dans le domaine militaire mais servira plus généralement pour l’invention du wifi et du Bluetooth.
On lui reconnaitra tardivement la maternité de l’invention mais elle aura été flouée car jamais l’armée ne lui a payé l’utilisation de son invention dont elle avait pourtant déposé le brevet.
On estime aujourd’hui que son invention aurait dû lui rapporter des centaines de millions de dollars.
En outre son invention le « saut de fréquence » était en avance sur son temps et les militaires de la marine américaine n’ont pas voulu la prendre en sérieux : une belle femme ne pouvait pas inventer un système opérant pensaient-ils, la beauté excluait l’intelligence.
Et quand l’US Army lui balance ses schémas à la tête, tourne en ridicule son idée, et l’envoie récolter, à coup de baisers et de décolletés, des obligations de guerre auprès des Américains. Elle s’exécute avec brio et ramène à la cause plus de 45 millions de dollars.
Plus tard, en 1962, l’invention sera utilisée lorsque John Fitzgerald Kennedy décide d’envoyer des navires à Cuba – l’épisode du débarquement de la baie des Cochons. Une cérémonie en hommage à l’invention de Hedy Lamarr, en présence de militaires et d’officiels, a fini par être organisée en 1997.
Un documentaire à voir et qui finit de manière extraordinaire.
A la fin de sa vie, elle donne ces conseils :
« Les gens sont déraisonnables, illogiques et égocentriques, aimez les malgré tout.
Si vous faites le bien, on vous prêtera des motifs égoïstes et calculateurs, faites-le bien malgré tout.
Ceux qui voient grand peuvent être anéantis par les esprits les plus mesquins, voyez grand malgré tout.
Ce que vous mettez des années à construire peut être détruit en un instant. Construisez malgré tout.
Donnez au monde le meilleur de vous-même, et vous risquez d’y laisser des plumes.
Donnez au monde le meilleur de vous-même, malgré tout. »
Dans sa version originale le documentaire a pour titre « Bombshell : The Hedy Lamarr Story » et la réalisatrice Alexandra Dean explique sa démarche dans un <article passionnant publié par l’OMPI >, l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle.
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