Mercredi 21 juillet 2021

« Il est illusoire de penser qu’en se montrant radical, on fait taire les radicaux. C’est souvent l’inverse qui se produit.»
Amin Maalouf

Parmi les évènements majeurs de l’année 1979, Amin Maalouf cite l’évènement qui s’est passé 16 jours après la prise par des étudiants iraniens de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran : l’envahissement de la grande mosquée de La Mecque par un groupe de fondamentalistes sunnites.

La mosquée al-Harâm ou grande mosquée de la Mecque est  le premier lieu saint de l’islam et la plus grande mosquée du monde. Elle abrite en son centre la Kaaba, le plus important sanctuaire de l’islam, dans lequel est enchâssée la pierre noire : c’est elle que les musulmans tentent de toucher au cours des ṭawāf (circumambulations) qu’ils accomplissent durant leur pèlerinage (hajj) ; et c’est dans la direction de la Kaaba que les musulmans du monde entier (y compris ceux qui se trouvent dans la mosquée al-Harâm) se tournent pour prier.

Il faut d’abord raconter les faits.

Mais avant encore, il faut rappeler quelques éléments d’Histoire.

Je pense que personne n’ignore que l’islam est né sur la péninsule arabique. Sur cette péninsule la croyance islamique a déclaré deux lieux saints Médine et La Mecque.

Plus que des lieux saints se sont des lieux sacrés dans lesquels seuls des musulmans ont le droit de pénétrer. Pour tout autre, il est sacrilège de fouler la terre de ces deux cités.

Ces lieux se trouvent dans un État dont le nom intègre la référence à la dynastie régnante. C’est le seul État au monde qui présente cette particularité. Il est étonnant qu’un pays qui prétend être consacré au Dieu monothéiste absolu, comporte une telle expression de l’ego exacerbé de quelques hommes qui se prétendent croyants.

Pour s’emparer du pouvoir et soumettre les nombreuses tribus de la péninsule Ibn Saoud a fait un pacte avec les religieux fondamentalistes wahhabites : Au roi le pouvoir politique, les affaires étrangères, aux Oulémas les règles sociales, les mœurs et le droit civil et pénal.

Bref, les oulémas étaient les maîtres du récit qui organise la vie !

J’avais déjà évoqué ce pacte lors du mot du jour <La Maison des Saoud> qui renvoyait vers un documentaire.

Et j’ai aussi raconté le conflit et la victoire de la dynastie saoudite qui régnait sur le Nejd avec pour capitale Ryad sur la dynastie hachémite qui régnait sur la La zone côtière, de la mer Rouge qui comprend les villes religieuses de La Mecque et de Médine et s’appelle Hedjaz. Ce fut le mot du jour consacré aux « accords Sykes-Picot»

Les Oulémas et la dynastie régnante étaient donc liés par ce pacte et vivaient les uns et les autres dans un luxe et un confort, fruit du pétrole que le hasard ou Allah avait opportunément enfoui dans les sous-sols de ce pays.

Mais de nombreux membres de la famille régnante aimaient voyager et se complaire dans des mœurs occidentales, voire les dépasser. En toute hypothèse, il s’agissait de comportements très éloignés du récit des oulémas.

Des mouvements sectaires issus de tribus rigoristes s’en indignaient.Et, très probablement, inspirés par la révolution islamique iranienne, vont passer à l’acte.

L’évènement s’est passé aux premières heures du 20 novembre 1979 alors que quelque 50 000 fidèles du monde entier s’étaient rassemblés pour les prières de l’aube.

Nous parlons d’une date du calendrier chrétien, mais dans le calendrier de l’islam qui débute par l’hégire, ce jour correspondait au premier jour de l’an 1400, la dernière année du XVème siècle musulman.

Le nombre d’assaillants n’est pas connu de manière précise :  entre 200 et 600 combattants. Il n’y avait pas que des saoudiens. Le groupe était aussi composé d’Egyptiens, de Yéménites, de Koweïtiens, d’Irakiens et de Soudanais

A leur tête un prédicateur de 40 ans, Juhayman al-Utaybi.

Un journaliste du Wall Street journal, Yaroslav Trofimov, a écrit un livre sur cet évènement : « The Siege of Mecca », livre non traduit en français. Mais <cet article> cite plusieurs fois l’auteur.

« Tout d’abord, le groupe d’Utaybi n’était pas surgi de nulle part: son chef lui-même venait d’une des tribus parmi les plus rigoureusement converties au wahhabisme, qui avaient aidé le roi Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud, dit Ibn Séoud ou Ibn Saoud (1876-1953) à conquérir le pouvoir, mais s’étaient retrouvées par la suite en opposition avec lui à la fin des années 1920, quand il avait voulu rétablir la paix dans le pays et avec ses voisins, et quand il avait autorisé l’introduction dans son royaume d’innovations modernes telles que le téléphone, le télégraphe, la radio et l’automobile. »

Juhayman al Utaybi était aussi caporal retraité de la Garde nationale saoudienne

Ses hommes, dissimulés derrière des tenues de pèlerins avaient placé des cercueils fermés au centre de la cour, un acte traditionnel de recherche de bénédictions pour les personnes récemment décédées. Mais lorsque les cercueils ont été ouverts, il y avait des armes de poing et des fusils, qui ont été rapidement distribués aux assaillants.

Ils vont donc s’emparer des lieux. Les hommes de Juhayman vont prendre position notamment dans les hauts minarets de la mosquée, qui dominaient la ville, et vont se préparer à défendre leurs positions.

Juhayman avait fondé une association appelée al-Jamaa al-Salafiya al-Muhtasiba (JSM) qui condamnait ce qu’elle percevait comme la dégénérescence des valeurs sociales et religieuses en Arabie saoudite.

Très rapidement il va prendre la parole et utiliser les mégaphones de la grande mosquée pour dénoncer la corruption et l’attitude déviante de la dynastie régnante par rapport aux règles du wahhabisme.

Le journaliste du Monde Jean-Pierre Péroncel-Hugoz écrivait dans <un article du 3 décembre 1979> :

« L’idéologie des insurgés paraît encore plus radicale que celle de l’imam Khomeiny et fait penser à celle de l’organisation Takfir Oua Higra, mouvement clandestin dont le nom, Repentir et Émigration, résume le programme : les musulmans doivent revenir à l’islam originel au moyen de la violence et pour s’y préparer ils doivent quitter provisoirement le monde corrompu dans lequel ils vivent, comme le prophète Mahomet choisit la fuite (Hégire) et s’en alla de La Mecque à Médine. »

Et il va faire une autre annonce plus surprenante : « la venue du Mahdi ». Le Mahdi est une figure messianique de l’islam qui vient à la fin des temps établir sur terre une société juste après une confrontation avec les forces du mal.

C’est surprenant parce que si le Mahdi est bien une croyance de l’islam mais elle est surtout vivace au sein de la communauté chiite, beaucoup moins chez les sunnites.

Juhayman avait rencontré un prédicateur et l’a convaincu qu’il était le Mahdi. Ce dernier a adhéré à cette croyance et est devenu le beau frère de Juhayman.

Le nom du Mahdi était Mohammed bin Abdullah al-Qahtani.

Les dirigeants saoudiens ont réagi avec lenteur à la saisie de la Grande Mosquée. Le prince héritier Fahd bin Abdulaziz al-Saud était en Tunisie lors du sommet de la Ligue arabe et le prince Abdullah, chef de la Garde nationale – une force de sécurité d’élite chargée de protéger les dirigeants royaux – était au Maroc.

C’est au roi Khaled, malade, et au prince Sultan, ministre de la Défense, qu’il incombait de coordonner une intervention.

Je ne vais pas rentrer dans les détails mais cela se passe mal pour la garde nationale. Les hommes Juhayman sont très bien armés, très bien organisés et prêts au sacrifice. De leurs positions dominantes ils vont commettre un massacre des gardes nationaux désemparés et mal encadrés.

En outre, ils ne peuvent utiliser de gros moyens militaires parce qu’ils sont sur des lieux saints et ne peuvent pas bombarder la grande mosquée, en plus le droit d’asile est a priori accordé aux fidèles qui y trouvent refuge.

Le roi est obligé de faire appel aux Oulémas pour savoir ce qu’il a le droit de faire.

Or, à la tête de la communauté des oulémas se trouve Ibn Baz.

<L’article précité> explique que selon Trofimov, à quelques exceptions près (par exemple l’identification de Qahtani avec le Mahdi), l’essentiel du message des insurgés était le même que celui des oulémas les plus influents d’Arabie saoudite : d’ailleurs, bien que Utaybi se soit éloigné de son allégeance aux oulémas du Royaume vers 1977, les jugeant trop soumis au pouvoir, Ibn Baz lui-même intervint en 1978 pour faire libérer les adeptes d’Utaybi arrêtés par les autorités, qui s’étaient émues des activités de ce réseau clandestin hostile aux Saoud. De l’avis de Ibn Baz, des hommes qui voulaient ainsi rendre le pays plus pieux avaient de bonnes intentions, malgré des excès de langage (Trofimov, pp. 41-42).

Et après plus de 48 heures de délibérations, les oulémas et Ibn Baz vont accorder le droit au Roi de faire usage d’une force sérieuse mais encadrée pour déloger et châtier les personnes qui ont selon eux profanés le lieu saint.

Mais ils vont y mettre plusieurs conditions et notamment que le royaume et la famille régnante deviennent plus pieux.

Je cite à nouveau l’article consacré au livre de Trofimov :

« Dirigé par Ibn Baz, le Conseil suprême des oulémas donna raison au régime saoudien et condamna les insurgés, mais obtenant en échange une série de mesures contre la libéralisation qui s’était amorcée en Arabie saoudite. »

Cet <article de la BBC> cite Nasser al-Huzaimi qui dit :

« L’action de Juhayman a arrêté toute modernisation. Laissez-moi vous donner un exemple simple. Il a notamment exigé du gouvernement saoudien le retrait des présentatrices de la télévision. Après l’incident du Haram, aucune présentatrice n’est réapparue à la télévision »

Et Amin Maalouf explique encore davantage

Une autre conséquence majeure des évènements de La Mecque fut d’ébranler l’Arabie saoudite et d’amener ses dirigeants à modifier radicalement leurs comportements en matière religieuse. Certains observateurs qui s’intéressent de près à l’histoire du royaume, parlent d’un « traumatisme de 1979 » à partir duquel le régime, craignant d’apparaître comme trop mou dans la défense de la foi, dut redoubler d’effort pour propager le wahhabisme et le salafisme à travers le monde, notamment par la construction de mosquées et par le financement d’associations religieuses, de Dakar à Djakarta ainsi qu’en Occident… »
Le Naufrage des civilisations Page 238

A ce stade, il faut rappeler que tous les sanglants actes terroristes qui ont été perpétrés dans les pays occidentaux par des hommes se réclamant de l’islam, tous ces hommes étaient sunnites !

Concernant la reprise de la mosquée par les forces gouvernementales, malgré le blanc sein des oulémas, les forces de sécurité saoudiennes n’arrivent pas au bout des rebelles.

Alors les autorités saoudiennes se tournent vers la France.

Le président Giscard d’Estaing envoie Paul Baril et d’autres membres de la nouvelle unité anti-terroriste, le GIGN.

L’opération devait rester secrète, pour éviter toute critique de l’intervention occidentale dans le berceau de l’Islam.

L’implication des français dans l’action directe contre les insurgés est sujet à controverse.

Alain Bauer le criminologue affirme que les français ont été convertis temporairement et rapidement à l’islam pour pouvoir intervenir. Le monsieur X de France inter dans l’émission  <L’attentat à la Mecque du 20 nov 1979> prétend aussi que le GIGN est intervenu directement.

En tout cas ce sont des armes sophistiquées et notamment des gaz qui ont été massivement utilisés pour mettre fin à l’occupation.

Le plan français s’est avéré un succès. Le 5 décembre, les survivants hagards et à bout de force se sont rendus. Le mahdi était mort. Se croyant invulnérable, il ramassait les grenades dégoupillées et les renvoyait vers les forces gouvernementales, jusqu’à ce que l’une d’entre elles explose et le déchiquète mettant fin à son rêve religieux.

La seule photo certaine de Juhayman a été prise après cet assaut.

Un mois après la fin de l’occupation de la mosquée, 63 des rebelles ont été exécutés publiquement dans huit villes d’Arabie Saoudite. Juhayman a été le premier à mourir.

Il reste encore beaucoup de points obscurs au sujet de cet évènement. Qui a armé et permis l’organisation de ce groupe international ?

Monsieur X avance une hypothèse surprenante : <L’attentat à la Mecque du 20 nov 1979> . Ce serait des iraniens aidés par des américains proches du candidat républicain aux élections Ronald Reagan qui auraient en sous-main tiré les ficelles.

La France a été récompensée. J’ai noté en 1980 :

Beaucoup disent que Juhayman a eu une grande influence sur Oussama Ben Laden. L'<article de la BBC> écrit :

« Dans l’un de ses pamphlets contre la famille régnante saoudienne, [Ben Laden] disait qu’ils avaient  » profané le Haram, alors que cette crise aurait pu être résolue pacifiquement […] je me souviens encore aujourd’hui des traces de leurs empreintes sur le sol du Haram.»

Amin Maalouf exprime cette même idée :

« L’incroyable assaut contre ce lieu saint fut l’acte de naissance d’un militantisme sunnite radical dont on allait entendre parler pendant des décennies. Pour l’heure, certains admirateurs de l’audacieux commando, meurtris par sa défaite s’en furent poursuivre leur combat loin de la péninsule arabique. En Afghanistan, par exemple. Et les autorités saoudiennes, soucieuses de s’en débarrasser, encouragèrent cette diversion. Ce fut notamment le cas d’Oussama Ben Laden ; il s’employa désormais à construire […] Al Qaïda (« La Base » »
Le Naufrage des civilisations Page 237

Je laisserai la conclusion à Amin Maalouf et j’en tire l’exergue du mot du jour

« Sans Doute le royaume espérait-il acquérir de la sorte un « certificat » de piété, qui le préserverait des surenchères. Mais ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées. Il est illusoire de penser qu’en se montrant radical, on fait taire les radicaux. C’est souvent l’inverse qui se produit. […] L’enseignement qu’il prodigue ne fait que légitimer une certaine vision du monde que d’autres se hâtent de retourner contre lui. […] Le traumatisme causé par les évènements sanglants de 1979 allait se révéler durable.»
Le Naufrage des civilisations Page 238

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Jeudi 19 mai 2016

Jeudi 19 mai 2016
«King Abdullah Economic City,»
La ville privée

Nous avons donc compris que les maîtres de la Silicon Valley voulaient faire disparaître la politique et l’Etat.

C’est encore le jeune patron de Facebook, Mark Zuckerberg, qui a annoncé un projet urbain baptisé « Zee Town ».

Pour un montant estimé à 200 milliards de dollars, le roi des réseaux sociaux prévoit de construire sur 80 hectares, dans la Silicon Valley, rien de moins qu’une ville complète dédiée à ses 10.000 salariés, avec supermarchés, hôtels, villas et même dortoirs pour les stagiaires du groupe.

Mais ce n’est pas aux Etats-Unis, pas encore peut-être, mais dans ce « beau ? » pays, qui abrite les villes saintes de l’Islam, où l’alcool est interdit, où les femmes suivent la mode pudique, ce pays où toute autre religion que l’Islam est interdite sauf peut-être la religion de l’argent qu’est en train de se bâtir la première ville privée du monde : KAEC , King Abdullah Economic City.

Il est vrai que dans ce pays « saint », il est habituel de tout privatiser puisqu’ils ont même privatisé le nom de l’Etat qui porte le nom privé de la famille régnante.

Mais qu’est-ce que KAEC ?

KAEC n’a pas de maire, elle est gouvernée par le PDG d’Emaar Economic City (EEC), Fahd Al Rasheed, qui juge le modèle « très bon pour les villes ».

« Par définition, le secteur privé doit créer de la valeur : je dois donc vendre plus cher que le coût de revient, explique-t-il A l’inverse, les politiciens ont parfois du mal à créer de la valeur avec les services : ils en connaissent le coût, mais le prix qu’ils facturent à leurs administrés dépend de facteurs politiques. »

A Kaec, les habitants ne paient pas de taxes mais des « frais de services » pour la sécurité, l’eau ou la collecte des déchets, qui sont sous-traitées à différents entrepreneurs.

« Les habitants nous payent pour un service, pas pour financer une administration. Et comme ce sont nos clients, ils n’hésitent pas à se plaindre si les services sont mal rendus. Dans ce cas, la ville peut facilement changer de prestataire. »

Les concepteurs de ce projet visent près de 2 millions d’habitants, pardon de clients d’ici à 2035

Dans le cas de Kaec, un partenariat public-privé a été conclu entre le gouvernement saoudien et un groupe immobilier de Dubaï, Emaar Properties.

Vous trouverez toutes les informations utiles derrière ces liens :

Dans le Figaro : <Kaec, la première ville cotée en Bourse au monde>

Dans les Echos : <Villes privées : la nouvelle utopie>

Et sur un site spécialisé en urbanisme : <Kaec : une ville 100% privée>

Une ville privée !

Il est vrai que ville vient du mot latin VILLA qui signifie ferme agricole, domaine rural voir maison de campagne. C’est à dire, à l’origine, quelque chose de privée.

Le mot VILLA a donné d’abord village, comme une communauté de villa puis ville.

Le mot vilain vient aussi du latin VILLA car l’ancien français désignait sous le terme de vilain un « habitant du domaine rural », bref un paysan.

En latin VILLA ne désignait pas la ville ; Le terme latin pour désigner ville est «urbs». C’est à partir de cette racine que nous connaissons urbain, urbanisme, urbanité etc.

Lorsqu’il était employé avec une majuscule, l’Urbs désignait alors « la ville d’entre toutes les villes », Rome.

Ainsi la bénédiction papale le jour de Pâques est : « Urbi et Orbi », « À Rome et au Monde ».

Mais il y a un autre mot pour désigner la réalité de la ville : En Grèce antique on parlait de la « polis » qui est bien sûr la racine de « politique » dont les patrons des technologies numériques ne veulent plus.

Et dans l’étymologie latine « polis » est devenu « civitas » c’est à dire une cité-État, autrement dit une communauté de citoyens libres et autonomes.

Dans la pensée grecque antique, la cité préexiste à l’homme.

À titre d’exemple, la cité d’Athènes n’existe pas en tant que telle : c’est la cité des Athéniens, tout comme Sparte est la cité des Lacédémoniens.

Toutes ces informations sont tirées de Wikipedia qui rappelle aussi qu’Aristote disait :

« la cité est une communauté — une koinônia — « d’animaux politiques » réunis par un choix — proairésis — de vie commune (Politique, 1252 – 1254). »

En français, ce mot « la cité » a aujourd’hui mauvaise réputation. Ce n’est pas très valorisant de venir de la cité

Mais le mot cité eut son heure de gloire, il y avait les cités Etat : Venise, Gêne, il reste la cité du Vatican.

Aujourd’hui on garde une connotation historique pour certains quartiers ou centres historiques l’Ile de la cité à Paris ou encore la cité de Carcassonne.

On utilise aussi ce mot pour désigner un ensemble immobilier qui a une fonction particulière : La cité universitaire, La cité ouvrière ou encore comme un nom commercial « La cité de la gastronomie » ou à la Lyon « la cité internationale ».

Mais c’est bien à la racine latine de cité que s’attaque la ville privée car si cité vient du latin civitas (« état de citoyen, droit de cité, ensemble des citoyens d’une ville, cité, nation, État »), il est surtout apparenté à civis (« citoyen »).

Et de citoyen, il n’est plus question à KAEC !

A KAEC n’y a plus que des consommateurs !

Il y a bien sûr des sites saoudiens qui vantent cet objet du futur déjà présent :

https://www.visitsaudi.com/fr/see-do/destinations/kaec/kaec-family-fun-in-the-sun

https://www.arabnews.fr/node/Economie

Et le site de <la ville en anglais>

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Mercredi 21 Janvier 2015

«La maison des Saoud»
Film de Jihan El Tahri

Si on veut dépasser les émotions et les propos simpliste, il faut tenter de comprendre.

Pour tenter de comprendre la complexité du Monde il faut s’en donner les moyens.

Si on se contente de regarder TF1 et consorts, ce n’est pas gagné.

Sur Internet il y a de tout : des sites conspirationnistes, des informations erronées mais aussi de vrais trésors d’intelligence et de science.

Tel est le cas du documentaire « La Maison des Saoud » de Jihan El Tahri.

Jihan El Tahri est une journaliste franco-égyptienne qui a fait ce film en 2005 après les attentats du 11 septembre.

En effet, si on veut comprendre d’où viennent les djihadistes, il faut revenir à leur source religieuse des salafistes et des wahhabites.

Ils ont été financés et soutenus par l’Arabie Saoudite qui voulait imposer sa vision de l’Islam partout dans le monde.

Comme souvent, ces créatures ont échappé en partie à l’Arabie Saoudite qui n’aime pas cette publicité ainsi que le manque de distinction et de diplomatie de ces mouvements extrémistes.

Ces mouvements qui en outre risquent même de vouloir remettre en cause le pouvoir de la famille Saoud.

Evidemment pour appréhender ce documentaire, il faut y consacrer un peu de temps, il dure 1 h 43, mais on y apprend énormément de choses.

En synthèse j’ai retenu les choses suivantes :

1° D’abord il est étonnant que ce pays des lieux sacrés de La Mecque et de Médine et qui professe une soumission totale à Dieu, soit le seul pays du monde dont le nom intègre la référence à la famille régnante terrestre « Les Saoud ».

A cela une explication est donnée, à l’intérieur de l’empire Ottoman et au milieu de tribus rivales, c’est l’alliance entre des religieux, « les oulémas » issus de la secte des Wahhabites (de  Ibn Abdelwahhab nom du prédicateur qui a créé cette secte fondamentaliste qui veut revenir au texte initial du Coran sans le faire évoluer) et d’un chef de guerre de la famille des Saoud qui ont permis à l’Arabie Saoudite de naître et de devenir ce pays à la fois florissant à cause du pétrole mais aussi archaïque et totalitaire.

Dès lors, la famille Saoud ne saurait, sans danger pour son pouvoir politique et économique, remettre en cause la stricte application de la charia voulue par ces religieux.

Les wahhabites sont très proches des salafistes qui s’inspirent aussi de Ibn Abdelwahhab  (nom issu de salaf les ancêtres, c’est à dire les premiers compagnons de leur prophète et qui prônent de la même manière un retour absolu vers l’islam des premiers temps).

Distinguer les deux n’est pas aisé, sauf sur un point : les salafistes souhaitent un retour du califat, c’est à dire une autorité religieuse unique qui exerce le pouvoir religieux mais aussi politique sur la communauté des croyants : l’oumma. Vous comprendrez que la naissance particulière de l’Arabie Saoudite implique, pour les wahhabites, une séparation entre le chef politique et les docteurs de la loi religieuse.

2° Ce documentaire montre aussi les relations très fortes qu’il y a eu entre les Etats Unis et ce pays qui repose sur le contrat suivant : L’Arabie approvisionne les Etats Unis de Pétrole bon marché et en quantité importante, en retour les religieux et le roi font ce qui leur plait dans leur pays avec la protection extérieure de l’armée américaine.

Un accord qui permettra aux quatre plus grandes compagnies pétrolières américaines regroupées sous le nom d’Aramco de s’installer dès les années 30 au cœur du royaume. Evidemment les choses sont plus compliquées depuis les attentats du 11 septembre qui ont été réalisés par des ressortissants de ce pays.

3° Les Etats-Unis ont trompé l’Arabie Saoudite sur la création de l’Etat d’Israël.

Le 14 février 1945, le président Roosevelt et Ibn Saoud se réunirent à bord du croiseur Quincy, à cette occasion le Pacte de Quincy fut signé.

Ce pacte portait sur l’accord expliqué ci-avant. Mais lorsque Roosevelt tenta d’obtenir l’appui du roi pour la création d’un foyer national juif en Palestine, Ibn Saoud répondit que ce que Hitler avait fait aux juifs étaient abominable mais posait cette question :

«  pourquoi prendre de la terre arabe pour la donner aux juifs ? Si vous voulez faire quelque chose pour les juifs, pourquoi ne pas leur donner une partie de l’Allemagne ? »

Sur ce, Roosevelt promis de ne pas aller contre l’avis de l’Arabie Saoudite. Mais son successeur, Truman ne tint aucun compte de cet accord et votera pour la création de l’Etat d’Israël. Ce qui sera vécu comme une trahison par les saoudiens.

Pour le reste je vous engage à regarder ce documentaire, lorsque vous aurez du temps de cerveau disponible pour l’Histoire (1) : <Maison des Saoud>

<Et ici pour le fun vous verrez que certains Oulémas d’Arabie Saoudite interdisent même de construire des bonshommes de neige>

(1) je ne me lasse jamais de faire référence à ce magnifique aveu de Patrick Le Lay, ancien PDG de TF1 qui avait expliqué que le rôle des émissions de TF1 était de conserver du temps de cerveau disponible pour que par la publicité Coca Cola puisse vendre ses produits.

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