Lundi 1er septembre 2014

« Les mots sont les passants mystérieux de l’âme »
Victor Hugo Les Contemplations Livre I. Poème VIII « Suite » (1854)

Eh bien essayons de continuer cette discipline quotidienne du mot du jour. Pour m’en convaincre j’ai reçu les protestations de certains à l’idée de finir ce défi et ce 8ème poème du livre Un des contemplations de Victor Hugo :

« Car le mot qu’on le sache est un être vivant ».

Cette période de congé m’a permis de faire le point, depuis le 9 octobre 2012, le présent mot est le 339ème de cette série.

Que le ciel et les mots de Hugo vous tiennent en joie. Ce poème étant fort long je me permets d’en citer des extraits :

Car le mot, qu’on le sache, est un être vivant.
La main du songeur vibre et tremble en l’écrivant;
La plume, qui d’une aile allongeait l’envergure,
Frémit sur le papier quand sort cette figure,
Le mot, le terme, type on ne sait d’où venu,
Face de l’invisible, aspect de l’inconnu;
Créé, par qui? forgé, par qui? jailli de l’ombre;
Montant et descendant dans notre tête sombre,
[…]

Oui, vous tous, comprenez que les mots sont des choses.
Ils roulent pêle-mêle au gouffre obscur des proses,
Ou font gronder le vers, orageuse forêt.
Du sphinx Esprit Humain le mot sait le secret.
[…]

Tel mot est un sourire, et tel autre un regard;
De quelque mot profond tout homme est le disciple;
Toute force ici-bas a le mot pour multiple;
[…]

Ce qu’un mot ne sait pas, un autre le révèle;
Les mots heurtent le front comme l’eau le récif;
Ils fourmillent, ouvrant dans notre esprit pensif
Des griffes ou des mains, et quelques-uns des ailes;
Comme en un âtre noir errent des étincelles,
Rêveurs, tristes, joyeux, amers, sinistres, doux,
Sombre peuple, les mots vont et viennent en nous;
Les mots sont les passants mystérieux de l’âme
Chacun d’eux porte une ombre ou secoue une flamme;
[…]

Le mot dévore, et rien ne résiste à sa dent.
A son haleine, l’âme et la lumière aidant,
L’obscure énormité lentement s’exfolie.
Il met sa force sombre en ceux que rien ne plie;
[…]

Oui, tout-puissant! tel est le mot. Fou qui s’en joue!
Quand l’erreur fait un nœud dans l’homme, il le dénoue.
Il est foudre dans l’ombre et ver dans le fruit mûr.
Il sort d’une trompette, il tremble sur un mur,
Et Balthazar chancelle, et Jéricho s’écroule.
Il s’incorpore au peuple, étant lui-même foule.
Il est vie, esprit, germe, ouragan, vertu, feu;
Car le mot, c’est le Verbe, et le Verbe, c’est Dieu.

<L’intégralité du poème se trouve ici avec l’intégralité des Contemplations>

<339>

Jeudi 14 février 2013

« Quand l’amour vous fait signe, suivez-le.
Bien que ses voies soient dures et rudes. »
Khalil Gibran

J’avais déjà fait appel au Prophète de Khalil Gibran pour son poème sur les enfants qui ne sont pas « vos enfants [mais] les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même »

C’est la Saint Valentin

Alors je vous envoie ce mot du jour

Voici le texte intégral de ce poème

Alors Almitra dit : Parle-nous de l’Amour.

Et il leva la tête et regarda le peuple assemblé, et le calme s’étendit sur eux. Et d’une voix forte il dit :

« Quand l’amour vous fait signe, suivez-le.
Bien que ses voies soient dures et rudes.

Et quand ses ailes vous enveloppent, cédez-lui.
Bien que la lame cachée parmi ses plumes puisse vous blesser.
Et quand il vous parle, croyez en lui.

Bien que sa voix puisse briser vos rêves comme le vent du nord dévaste vos jardins.
Car de même que l’amour vous couronne, il doit vous crucifier.
De même qu’il vous fait croître, il vous élague.
De même qu’il s’élève à votre hauteur et caresse vos branches les plus délicates qui frémissent au soleil,

Ainsi il descendra jusqu’à vos racines et secouera leur emprise à la terre.
Comme des gerbes de blé, il vous rassemble en lui.
Il vous bat pour vous mettre à nu.
Il vous tamise pour vous libérer de votre écorce.

Il vous broie jusqu’à la blancheur.
Il vous pétrit jusqu’à vous rendre souple.
Et alors il vous expose à son feu sacré, afin que vous puissiez devenir le pain sacré du festin sacré de Dieu.

Toutes ces choses, l’amour l’accomplira sur vous afin que vous puissiez connaître les secrets de votre cœur, et par cette connaissance devenir une parcelle du cœur de la Vie.

Mais si, dans votre appréhension, vous ne cherchez que la paix de l’amour et le plaisir de l’amour.
Alors il vaut mieux couvrir votre nudité et quitter le champ où l’amour vous moissonne,
Pour le monde sans saisons où vous rirez, mais point de tous vos rires, et vous pleurerez, mais point de toutes vos larmes.

L’amour ne donne que de lui-même, et ne prend que de lui-même.
L’amour ne possède pas, ni ne veut être possédé, car l’amour suffit à l’amour.

Quand vous aimez, vous ne devriez pas dire, « Dieu est dans mon cœur », mais plutôt, « Je suis dans le cœur de Dieu ».

Et ne pensez pas que vous pouvez infléchir le cours de l’amour car l’amour, s’il vous en trouve digne, dirige votre cours.

L’amour n’a d’autre désir que de s’accomplir, mais si vous aimez et que vos besoins doivent avoir des désirs, qu’ils soient ainsi:

Fondre et couler comme le ruisseau qui chante sa mélodie à la nuit.
Connaître la douleur de trop de tendresse.
Être blessé par votre propre compréhension de l’amour et en saigner volontiers et dans la joie.
Se réveiller à l’aube avec un cœur prêt à s’envoler et rendre grâce pour une nouvelle journée d’amour ;
Se reposer au milieu du jour et méditer sur l’extase de l’amour ;
Retourner en sa demeure au crépuscule avec gratitude ;
Et alors s’endormir avec une prière pour le bien-aimé dans votre cœur et un chant de louanges sur vos lèvres. »

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Vendredi 21 décembre 2012

Vendredi 21 décembre 2012
« Vos enfants ne sont pas vos enfants
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même »
Khalil Gibran
A quelques jours de la fête chrétienne de la nativité.
En ces temps où on parle du droit à l’enfant pour tous, cette parole du grand sage Khalil Gibran
Et voilà le texte intégral de ce poème :
« Une femme qui tenait un nouveau-né contre son sein dit:
Parle-nous des enfants.
Il dit: Vos enfants ne sont pas vos enfants
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même
Ils passent par vous mais ne viennent pas de vous
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas
Vous pouvez leur donner votre amour, mais pas vos pensées
Car ils ont leurs propres pensées
Vous pouvez accueillir leurs corps, mais pas leurs âmes
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter même en rêve
Vous pouvez vous efforcer d’être semblables à eux
Mais ne cherchez pas à les rendre semblables à vous
Car la vie ne revient pas en arrière ni ne s’attarde avec hier
Vous êtes les arcs à partir desquels vos enfants,
Telles des flèches vivantes, sont lancées
L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini,
Et Il vous tend de Sa puissance
Afin que les flèches soient rapides et leur portée lointaine.
Puisse votre courbure dans la main de l’Archer être pour l’allégresse
Car de même qu’Il chérit la flèche en son envol, Il aime l’arc en sa stabilité »
Khalil Gibran
Extrait du recueil Le Prophète
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Mardi 20 novembre 2012

Mardi 20 novembre 2012
Je sème, donc je suis !
Tom Eden
« Je sème, donc je suis ! »
Cette reformulation de la maxime « Je pense, donc je suis » du philosophe Descartes est de l’écrivain Tom Eden dans son livre « L’homme qui scrutait le Ciel en regardant ses pieds. »
« Si tu ne sèmes rien ;
Que de vaines paroles ;
Que t’attends-tu à récolter ;
Que du vent dans tes voiles ;
Que tu n’auras hissées ;
Que de l’eau dans ton puits ;
Que tu n’as pas puisée.
Pourtant ;
Heureusement ;
Il n’est jamais trop tard ;
Pour dans la terre offerte ;
Déposer tienne graine ;
Même au cœur de la nuit ;
Même en pleine tempête ;
Même au seuil de la mort ;
Qui est vie éternelle. »
(Tom Eden)