« Pas pauvre, mais modeste Oui ! »
François Morel
J’écoute les analystes politiques, les économistes, les intellectuels pour m’éclairer sur notre société, sur ces élections présidentielles invraisemblables, désespérantes et qui révèlent des comportements et des « traditions » probablement très anciens mais qui nous paraissent de plus en plus choquants.
Mais ce sont souvent les poètes et quelquefois les humoristes qui expriment de la manière la plus forte, la plus limpide la réalité et le fond des choses de la vie.
J’ai plusieurs fois cité, François Morel qui est à la fois humoriste et poète.
Sa chronique de vendredi : a fait la synthèse de 3 faits :
L’affirmation de Brigitte Fontaine qui réfutait le qualificatif de modeste en affirmant qu’on l’utilisait pour le substituer à celui de pauvre.
L’aveu de François Fillon qu’il ne parvenait pas à mettre de l’argent de côté ;
Et enfin parmi toutes les affaires qui révèlent le personnage, l’épisode du costume sur mesure offert par un ami et qu’il a rendu, selon ses affirmations.
Comme François Morel, je suis issu d’un milieu modeste, je n’en fais plus partie mais je garde la mémoire de mon enfance et ce que dit François Morel me parle.
Certainement à beaucoup de vous aussi :
« Monsieur Fillon n’arrive pas à mettre de l’argent de côté.
Et moi je ressens de la sollicitude, je comprends ce que signifie ne pas mettre de l’argent de côté, car je viens moi-même d’un milieu modeste.
Récemment, Brigitte Fontaine s’énervait en disant qu’elle détestait le mot « modeste » que l’on employait selon elle par fausse pudeur quand on n’osait pas prononcer le mot « pauvre ».
Mais je ne suis pas d’accord Brigitte. Je ne dirais jamais que je viens d’un milieu pauvre, mais d’un milieu modeste Oui !
Ce n’est pas une hypocrisie, c’est une exactitude.
Je viens d’un milieu modeste. Je ne m’en flatte pas, je ne m’en cache pas non plus, c’est comme ça. Je n’ai pas à m’en prévaloir, je n’ai pas à en avoir honte c’est ainsi il faut bien être de quelque part.
Laissez-moi ce repère ou je perds la mémoire.
Modeste, c’est presque la définition que donne François Fillon : c’est ne pas pouvoir mettre de l’argent de côté. Si on a déchiré son pantalon, on fait une reprise. […] Si on a un costume trop petit parce qu’on a grandi des jambes, des bras, de partout, c’est le petit frère qui hérite du costume.
Ce n’est pas la misère, pas du tout, c’est la vigilance. Ce n’est pas le dénuement, l’indigence, c’est l’économie nécessaire, obligatoire.
Modeste, ce n’est pas pauvre, non Brigitte !
Pauvre c’est quand on n’a pas assez à manger, quand tout le monde vit dans la même pièce, […] quand le présent est incertain, quand l’avenir est sans lendemain, ce n’est pas pareil !
Modeste c’est ric rac, c’est sur le fil, c’est comparer les prix, c’est faire attention à tout, c’est être sur le qui-vive.
Modeste cela demande des talents d’ingéniosité, d’économiste, d’équilibriste. Modeste ça veut dire qu’on ne roule pas sur l’or, mais qu’on arrive quand même à payer les factures.
Modeste ça veut dire qu’on doit faire attention tout le temps, sinon la pauvreté [qu’on redoute, qui fait peur] celle dans laquelle on pourrait tomber [pourrait en être la conséquence].
Dans les milieux modestes, on ne connait personne qui pourrait nous offrir des costumes [neufs, sur mesure], jamais, cela n’existe pas !.
On peut avoir des amis qui viennent avec une bonne bouteille. On peut avoir des copains qui viennent avec des fleurs cueillis dans le jardin, des légumes ramassés dans le potager. Mais qu’ils viennent avec un costume neuf en cadeau, ça non, non …
Dans un milieu modeste on peut avoir une tante ou un oncle plus argenté, qui à Noël fait des cadeaux somptueux : une Nintendo switch, un smartphone, une machine à café ou même une salière électrique !
Dans un milieu modeste quand on achète une salière électrique, cela s’appelle faire une folie. Après tout le reste de sa vie, la salière électrique, on la regarde de travers.
Et même le parrain, celui qui a une bonne place [qui travaille dans une entreprise où tout le monde rêverait de travailler], il ne pourrait pas offrir un costume. D’abord les costumes c’est personnel, c’est comme les slips, on en achète soi-même quand c’est nécessaire. Mais moi je n’ai jamais vu quelqu’un offrir un costume, surtout un costume sur mesure.
C’est pourquoi, quand les gens modestes ont entendu que Monsieur Fillon avait rendu son costume sur mesure, ils ont trouvé que c’était dommage puisque le costume avait été fait spécialement pour Monsieur Fillon […] et que forcément sur quelqu’un d’autre il ne tombera pas si bien.
Vu qu’il était fait […] autant le porter. Surtout que maintenant il va peut-être rester sur un cintre et personne ne voudra le porter. C’est dommage, un costume qui a couté de l’argent, fait travailler tout un tas de petites mains.
Les gens modestes, pas les pauvres Brigitte ! Les pauvres ils considèrent cette histoire comme de la science-fiction. Les gens modestes, ils se disent comment voulez-vous mettre de l’argent de côté quand lorsqu’on vous fait un cadeau vous ne l’utilisez pas ?
Les gens modestes, ils n’en reviennent pas ! Il aurait mieux valu le porter et le rembourser à son copain. Parce qu’un costume c’est toujours utile […]
On ne peut pas prévoir le résultat des élections…
Les chances de Monsieur Fillon d’entrer à l’Elysée ne sont peut-être pas pauvres, mais modestes Oui ! »
Dans aucun autre pays comparable, François Fillon ne pourrait continuer à se présenter !
Mais le problème n’est pas Fillon, il est que presque 20% et peut être davantage de français sont prêt à voter pour lui !
Les français sont vraiment étonnants.
Vous pourrez me dire : Tu as peut être raison, mais si on considère qu’aucun autre candidat n’est sérieux, il faut bien voter pour lui !
Cette élection montre combien il devient nécessaire de prendre en compte le vote blanc, ce qui signifie que les électeurs peuvent voter majoritairement « blanc » et que cela a pour conséquence de renvoyer tous les candidats à l’élection en cause à la maison et qu’il faut appeler à une nouvelle élection avec d’autres candidats !
Elle montre aussi que l’élection présidentielle qui désigne un monarque républicain devient totalement décalée par rapport à notre société moderne. Sur ce point Mélenchon a raison ! Mais s’il était élu fera t’il ce qu’il dit ?
Philippe Meyer dans son émission d’hier <L’Esprit Public> a cité deux de ses anciens invités habituels :
Et Jean-Louis Bourlanges : «Avant, les élections c’était des salauds élus pas des cons, aujourd’hui c’est le contraire.»