Votre vie ou votre argent»
Claude Askolovitch a commencé sa revue de presse de France Inter du 18 mai 2018 par ces informations :
« Une rêverie de fin de semaine que la fatigue nous inspire avec ce titre dans Society, « Prends l’oseille et tire-toi ».
C’est le slogan de jeunes gens aux États-Unis, qui travaillent dans la « tech », et qui accumulent et économisent pour pouvoir arrêter le plus vite possible, comme Jeremy, ingénieur chez Microsoft, qui a tout compris de la vie en découvrant une île des philippines où il pouvait vivre, calculs faits, pour 8 000 dollars par an. Lui qui en gagnait 350 000, il a vendu sa grande maison et sa voiture, et travaillé d’arrache-pied. Dix ans plus tard, la quille, à 38 ans !
Mais il y a mieux. Emmy Pattee, qui est sortie du travail à 26 ans… Elle était dans la communication dans la Silicon Valley et se nourrissait de riz et de haricots dans sa chambre, dans la maison des parents de son copain… Mais elle est libre ?
Et c’est une tendance aux Amériques, plus encore un mouvement, avec son égérie, Vicki Robin, 72 ans, qui a cessé de travailler il y a un demi-siècle et vit de ses rentes. Elle a investi ses sous dans la marijuana.
Mais l’ennui guette nos jeunes retraités, et les statistiques sont implacables, prendre sa retraite avant 62 ans est mauvais pour l’espérance de vie. »
Pour en savoir un peu plus, je suis allé sur le site de <Society>, mais je n’ai pas trouvé l’article, ni même un extrait.
Heureusement, il existe le site Pressreader.
Et j’ai retrouvé l’article publié le 18 mai, par le magazine Society, il a pour titre « Riches à 30 ans »
Et on en apprend un peu plus sur ce fameux Jeremy Jacobson qui vit sur une île. Il déclare :
« Depuis la fin de l’université, je travaillais 60 heures par semaine minimum, recevais des mails jusque tard dans la nuit et mon téléphone sonnait constamment, même le week-end », revit-il. Le prix à payer pour empocher ses 135 000 dollars annuels, primes non incluses. Et une somme désormais plutôt avantageuse pour tirer parti de ces vacances tant attendues. Les premiers jours, Jeremy enchaîne les cocktails tropicaux, les excursions et les « crevettes géantes ». Les jours suivants, il se lance palmes aux pieds dans d’interminables discussions sur le « sens de la vie » avec son moniteur de plongée. Et enfin, il décide qu’il ne veut plus rentrer chez lui. Il fait le calcul. Il ne lui faudrait que 8 000 dollars par an pour s’assurer une existence paisible sur cette île d’à peine dix kilomètres carrés. Encore mieux: selon les formules mathématiques couchées sur papier, il pourrait mener cette existence en n’ayant plus à travailler. « Je découvrais une nouvelle manière de vivre », se souvient-il. Quelques mois plus tard, Jeremy vend sa grande maison en banlieue de Seattle, refourgue sa berline, s’installe dans un studio et ne se déplace plus qu’à vélo. Surtout, il travaille d’arrache-pied. En vue: une promotion rapide et encore plus d’argent sur son compte en banque. Cela arrive au milieu de l’année 2012. Jeremy fête ses 38 ans et envoie le message suivant à 4 000 destinataires, tous employés de Microsoft: « J’arrête tout. À bientôt. » « Tout le monde pensait que je partais en secret chez un concurrent. Mais non. J’étais enfin libre, pour toujours. »
Et il est alors question de Vicki Robin qui est américaine et née le 6 juillet 1945. Elle est auteure d’un best seller avec Joe Dominguez« Your Money or Your Life » donc «votre vie ou votre argent »
Et l’article de Society lui donne la parole :
« la plateforme participative Reddit, plus de 400 000 personnes débattent quotidiennement depuis plus d’un an sur la manière de prendre leur retraite avant 40 ans, et même, pour beaucoup, avant 30 ans. Elles viennent de partout dans le monde, même si c’est très américain. » Pour communiquer, ces personnes se sont donné un nom: le mouvement « FIRE », pour « Financial Independence Retire Early ». En clair, il s’agit de trouver le meilleur moyen de mettre assez d’argent de côté pour sortir du marché du travail, sans jamais avoir à y revenir. Tout ça le plus rapidement possible. »
Et ce magazine d’ajouter : « À 72 ans, Vicki Robin est considérée comme la « Ève de Adam et Ève » de cette « sous-culture », dont elle a établi les bases: se libérer de la société de consommation, ne plus être « victime d’un job qui vous aspire tout entier ni esclave du salaire ».
Et Vicki Robin d’ajouter :
« Personne ne veut se lever tous les matins pour aller s’asseoir dans un box au milieu d’un open space, se connecter sur un ordinateur et travailler à l’heure comme une personne louée pour une durée déterminée. Ce n’est pas une vie enrichissante, ça n’a même aucun sens de faire ça ! »
Cette dame n’agit donc plus ainsi depuis bientôt 50 ans. À la place, elle investit son argent dans la marijuana et quelques fermes locales depuis le ponton de sa maison perchée au-dessus du Puget Sound, dans l’état de Washington.
Et le magazine de donner d’autres exemples de jeunes qui cherchent à sortir le plus vite possible du marché du travail.
Je trouve le titre de l’article trompeur : « riche à trente ans ». Car finalement à l’aune de nos footballeurs vedettes ou même je pense des génies de la silicon valley, ces « aspirants retraités jeunes », donnés en exemple par l’article, ont des revenus très confortables mais pas mirobolants. Jérémy cité précédemment touche donc annuellement 135 000 dollars plus des primes, une autre personne citée « Emma Pattee » gagne 79 000 dollars annuels
Et Emma Pattee explique :
« L’époque n’a pas grand-chose à offrir à ma génération. Les robots feront bientôt le boulot à notre place, et comme l’a prouvé la crise de 2008, tout est trop fragile pour s’y adonner sérieusement. »
Et l’article de citer encore Russell Romney, 21 ans, fraîchement diplômé de l’université de l’idaho, actuellement ingénieur informatique, il considère que le niveau de bonheur ne fait que s’effondrer depuis des années, et peu importe le nombre de voitures possédées ou la rémunération. « C’est bien la preuve que le rêve américain, partagé par toutes les sociétés occidentales, est complètement absurde. Il n’aurait jamais dû être valide. » Alors pour Russell, c’est décidé : il mettra un terme à sa carrière professionnelle « à 35 ans maximum ».
Si je comprends bien et le livre de Vicki semble aller dans ce sens, il ne s’agit pas de devenir multi-milliardaire mais d’être très rigoureux sur ses dépenses, de chasser l’accessoire pour ne garder que le principal dans la consommation. Il vaut mieux commencer avec un petit pécule et puis ensuite on fait quelques investissements intelligents, des affaires comme la marijuana et le travail devient du passé.
Vicky Robin développe ces idées sur son site : <https://vickirobin.com/>
J’ai aussi trouvé un site canadien en langue française qui fait référence à Vicky Robin et qui a pris pour nom <modestmillionaires>.
L’exergue de ce site est « Atteindre l’indépendance financière avec la simplicité »
Une petite introduction sur la page d’accueil explique : « Nous sommes de jeunes parents dans la début trentaine vivant au Québec et ce blogue documente notre cheminement simple vers l’indépendance financière d’ici 2025. »
Alors tout n’est pas simple pour ces personnes et c’est encore Vicki Robin qui analyse :
« Ces gens-là gagnent quatre ou cinq décennies de temps libre. Très bien. Mais très peu ont réfléchi à comment les occuper […] Ils sont heureux d’avoir hacké la société. Mais ils n’ont pas pensé au reste. »
Ainsi selon le magazine Society : Une fois leur pari remporté, beaucoup tombent en dépression. Une récente étude de l’université Cornell, aux États-unis, a même fait un lien entre retraite avancée et mort précoce. L’arrêt du travail en dessous de 62 ans augmenterait les risques de décès prématuré de presque 20%.
Emma Pattee:
« L’entourage de nombreuses personnes est lié à leur travail. Leur statut social vient de là, leurs activités aussi, leurs amitiés également. Une fois débarrassés de tout cela, certains se retrouvent face à l’ennui. Et l’être humain n’est pas fait pour être tout seul. »
La jeune femme l’avoue, d’ailleurs: depuis quelques mois, elle a l’impression d’avoir quelque peu « trahi » ses amis retraités. Et se sent comme « le vilain petit canard » de la bande. Qu’a-t-elle donc fait? Elle souffle, à voix basse: « Je ne supportais plus cette solitude, moi non plus. Alors j’ai repris un job, à mi-temps. »
Certains diront peut être : l’esprit de mai 68 souffle encore…
<1080>
Le début du projet n’est pas dénué de sens, vivre plus frugalement pour accumuler un pécule qui doit permettre de se libérer d’un travail qui n’épanouit pas, ce qui par contre assez débile est de concevoir une 2ème partie de vie comme un espace de récréation car la vie est toujours une construction
Je suis absolument en accord avec cette philosophie la vie est une construction non un espace illimité de récréation.