Mardi 22/09/2015

Mardi 22/09/2015
«Jérémy Corbyn : effroi de la presse française»
Arrêts sur Image décrivant le rejet dont fait l’objet le nouveau chef du Parti travailliste anglais
Le site arrêts sur images analyse ce phénomène médiatique français par le titre : <Corbyn chef du parti travailliste : effroi de la presse française>
Et explique : « Cette oraison funèbre n’est pas nouvelle. Cet été, comme l’a relevé de manière exhaustive Acrimed, la presse française, effrayée par la victoire annoncée de Corbyn, se plaisait à relayer tous les arguments de ses adversaires. Corbyn, c’est d’abord un homme politique qui “n’est pas vraiment d’une extrême fraîcheur” (L’Express), prônant de “vieilles recettes” et “un retour aux stratégies perdantes de l’époque” (Slate), à moins qu’il n’ait que “de vieilles solutions à de vieux problèmes” (HuffingtonPost). “Il a un discours qui date d’il y a 30 ans”, assure un professeur de Sciences politique cité par Le Parisien. Quant à Libé, le journal de gauche n’a rien trouvé de mieux que de comparer, le 1er septembre dernier, Corbyn au personnage de fiction Freddy, “qui attaque (et tue) les enfants dans leurs rêves”, ironise Acrimed qui dénonce un parallèle un peu douteux.
Au-delà de son discours, c’est la personnalité même de Corbyn qui est problématique pour les médias français. Dans le genre ringard : “Ascétique, végétarien, refusant de boire de l’alcool et de posséder une voiture, il est perçu comme la caricature des intellectuels de gauche du nord de Londres”, écrit Le Monde, soulignant ainsi qu’il est “dénué de charisme”. Et un peu moche aussi ? “Il porte des chemises froissées”, remarque finement le quotidien de droite L’Opinion. Heureusement qu’il va faire perdre son parti aux prochaines élections.»
Caroline Fourest que je défends la plupart du temps a cette fois attaqué, dans sa chronique sur France Culture,  Corbyn sur «ses amitiés suspectes» <Jeremy Corbyn : tremblement de terre ou suicide politique ?> et elle a le même jour commis un article sur le Huffington Post <Les amis intégristes de Jeremy Corbyn>
Et enfin dans l’émission que j’écoute religieusement chaque dimanche “Les centristes parlent aux centristes” pardon cela s’appelle “L’esprit public” l’excellent centriste du Centre, je veux parler de Jean-Louis Bourlanges s’est moqué avec condescendance de ces pauvres députés travaillistes qui ont par leur manque d’intelligence permis cette incongruité (je vous expliquerai plus loin pourquoi il dit cela).
Les médias français semblent donc d’accord avec le Premier ministre David Cameron qui a déclaré via son compte Twitter : « Le Labour représente maintenant une menace pour notre sécurité nationale, pour la sécurité de notre économie et celle de votre famille ».
Je ne connaissais pas Jeremy Corbin, mais cette unanimité et surtout cette violence me paraissent suspectes.
Jeremy Corbin n’est pas un nouveau venu en politique. Né en 1949, il est député de la circonscription d’Islington-nord à la Chambre des Communes depuis 1983, plus de 30 ans !
Par exemple cette année où le Parti travailliste a été sévèrement vaincu aux élections, Jérémy Corbin a été élu avec 60,24% des voix.
Je pense que vous savez qu’en Grande Bretagne le scrutin est un scrutin uninominal à un seul tour !
Il a eu 60 % au premier et seul tour des élections et il y avait 5 autres candidats !  Le conservateur (17%) un écologiste (10%) et encore 3 autres dont l’extrême droite UKIP 4%.
Il a été élu à la tête du Parti Labour, le 12 septembre 2015, dès le premier tour, avec 59,5 % des voix exprimées.
La candidate se réclamant du blairisme, Liz Kendall a eu 4,5% des voix, ce qu’a à peu près obtenu Manuel Valls aux primaires qui lui aussi se réclamait du blairisme.
Le scrutin qui l’a désigné est nouveau, en effet ce ne sont pas seulement les adhérents du Parti Travailliste qui ont voté mais tous les sympathisants qui acceptaient de verser 3 livres sterling (c’est assez proche des primaires socialistes ou de ceux que veulent organiser le parti des républicains, mais c’est un peu plus cher).
La remarque de Bourlanges à l’égard des députés qui auraient fait une erreur,  s’explique du fait que pour se présenter à ce scrutin il fallait avoir l’aval d’un certain nombre de députés travaillistes qui aurait donc pu s’opposer à ce qu’il se présente ! Bien que le corps électoral de sa circonscription lui ait accordé 60%.
Je suis effaré par cette attitude !
Quand en Iran, pour pouvoir se présenter aux élections il faut que le “Guide Suprême” et sa clique de religieux soient d’accord, on trouve cela scandaleux.
Et on trouverait normal qu’un quarteron d’élus puisse jouer le même rôle de censeur !
Certains diront mais il faut bien écarter les candidats farfelus !
Mais on ne peut pas dire d’un homme qui a été élu démocratiquement par le corps électoral de sa circonscription soit un farfelu.
Et puis l’élection à la tête du Parti montre encore plus la légitimité de cette candidature.
Tony Blair a tout au long de la campagne éructé contre ce candidat qu’il abhorre. Il ne s’interroge pas sur le rejet de sa personne dont cette élection est la preuve.
Qu’est ce qu’est que le blairisme anglais et le Schroederisme allemand ?
Ce sont deux types, beau gosse, très télégéniques qui disent à leur peuple : “Les gars il va falloir sacrément se serrer la ceinture et renoncer à beaucoup de vos petits privilèges pour qu’on arrive à s’en sortir”.
Parallèlement on constate que les inégalités progressent de manière considérable.
Et dès que nos beaux gosses “représentant la gauche moderne” quittent la politique, ils vont s’enrichir grassement l’un dans une tournée de conférence payée à prix d’or et l’autre dans un poste de dirigeant d’une entreprise russe grâce à ses bonnes relations avec Poutine.
Des valeurs à mille lieux de ce que la vie de Corbyn jusqu’ici montre.
Je vous renvoie vers deux articles de presse française plus équilibrés que les premiers que j’ai cité <lesinrocks> et <mediapart.fr>.
Je ne crois pas aux hommes providentiels mais je crois que dans ces temps difficiles nous avons besoin d’hommes intègres qui bien sûr ne peuvent pas réaliser des miracles mais qui dans leurs paroles, leurs actions et leur comportement sont clairement dans le camp du plus grand nombre.
On ne rappellera jamais assez ce propos révélateur de Warren Buffet “Oui la lutte des classes existent, et c’est ma classe qui l’a gagnée”. Pour être juste avec Warren Buffet, il a exactement dit Le 25 mai 2005, sur la chaîne de télévision CNN : « Il y a une guerre des classes, où ma classe gagne de plus en plus, alors qu’elle ne le devrait pas » (It’s a class warfare, my class is winning, but they shouldn’t be)
Car le rejet de Tony Blair est aussi celui d’un homme qui se dit de gauche et qui est si proche de la classe d’un très petit nombre qui gagne de plus en plus au sens de Warren Buffet.
Et je pense que si Alexis Tsipras a été réélu dimanche malgré son renoncement au programme qui l’avait fait élire en janvier, c’est parce que les grecs lui reconnaissent, à tort ou à raison, une plus grande intégrité qu’aux autres candidats.