Après avoir fini la série des mots du jour concernant l’inceste j’ai lu un article du « Monde », publié le 26 février, : <Pierre Verdrager, le sociologue qui a vu un « grand renversement » au sujet de la pédophilie>.
Cet article parle du sociologue Pierre Verdrager qui s’intéresse de longue date à l’évolution de la perception de la pédocriminalité qui est évidemment un sujet plus vaste que l’inceste tout en l’incluant.
La première chose que j’ai appris dans cet article c’est que le livre : « L’enfant interdit » (Armand Colin, 2013) que ce chercheur avait publié en 2013 avait recueilli peu d’échos :
« zéro article de presse, une critique dans une revue spécialisée, deux passages radio et une poignée de colloques. »
Mais la parution du livre de Vanessa Springora « Le consentement » et paru début janvier 2020 a joué un rôle considérable dans l’évolution du jugement du monde médiatique. J’aimerai écrire une évolution des mentalités, je l’espère et c’est possible. Mais si on reste rigoureux, ce qui est incontestable c’est qu’aujourd’hui, dans les médias, les articles sont très clairement anti-pédophiles. D’ailleurs le mot « pédophile » ce qui signifie « aimer les enfants », ce qui peut apparaitre comme positif, au minimum ambiguë a été remplacé par « pédocriminalité » qui met l’accent sur l’interdiction et la réprobation, ce qui me parait plus juste et plus clair.
Car pendant longtemps « Le Monde », « Libération » et « Gai-Pied » ont ouvert des tribunes à des intellectuels qui étaient ouvertement pédocriminels ou au minimum favorable à la pédocriminalité.
Pour s’en convaincre, il faut regarder la vidéo qui est présente à la fin de cet article du Figaro <Affaire Matzneff: quand des intellectuels défendaient la pédophilie>
Ce même article du Figaro qui nous apprend que Gabriel Matznef a commis un livre qui se veut une réponse au livre « Le consentement ».
Ce livre qui a pour titre « Vanessavirus » et qui compare donc son accusatrice à un virus, n’a pas trouvé d’éditeur pour l’éditer.
L’homme qui comparaîtra devant un tribunal en septembre pour « apologie de la pédophilie » a donc auto-édité l’ouvrage et le vend par souscription à un cercle restreint d’amis et de connaissances,
Le Figaro écrit :
« Acheter le livre est une forme de soutien à un homme privé de revenus depuis que ses éditeurs ont « suspendu » indéfiniment la vente de ses livres. Le Centre national du livre l’a, également, rayé des bénéficiaires d’une allocation pour écrivains à faibles ressources. Deux tirages ont été proposés aux lecteurs. Un, dit ordinaire, à 100 euros, et un autre, de luxe, à 650 euros. L’auteur a, également, prévu un premier tirage de deux cents exemplaires.
La liste des souscripteurs devrait rester un secret bien gardé. L’un d’eux, contacté par l’AFP, et qui n’avait pas encore reçu, mercredi, son exemplaire, témoigne sous anonymat. «J’aime les livres rares et sulfureux. Tous les éditeurs lui ont fermé la porte, et moi je me suis dit que j’aimerais bien l’avoir, a-t-il expliqué. […]
Selon une autre source, Gabriel Matzneff rend hommage à «cinq soutiens indéfectibles», à savoir Alain Finkielkraut, Catherine Millet, Dominique Fernandez, Franz-Olivier Giesbert et Bernard-Henri Lévy. Ce dernier, qui a signé plusieurs critiques élogieuses des livres de Gabriel Matzneff, ne s’est pas exprimé sur le sujet après la parution du Consentement. En juin 2020, la romancière Catherine Millet avait déclaré, quant à elle, ne pas regretter avoir signé une pétition lancée par M. Matzneff en 1977 pour la dépénalisation des relations sexuelles avec des mineurs. »
Cette page de France Inter en dit davantage sur ce livre : <Ni remords, ni autocritique, on a lu « Vanessavirus » de Gabriel Matzneff > et dresse le constat suivant :
« Le texte d’un homme résolument sourd à la souffrance qu’il a pu causer. »
Il existe donc encore quelques rares intellectuels qui essaient de trouver des mots pour défendre l’homme et peut être ses actes.
C’est à partir de la sortie du livre « Le Consentement » et de l’affaire Matzneff qui s’en est suivi que le travail de Pierre Verdrager a été mis en lumière.
Je l’avais d’ailleurs cité, comme « l’enfant interdit » lors du mot du jour du 31 janvier 2020 consacré au livre de Vanessa Springora « Le consentement »
Et, c’est ce moment de la publication du livre que Pierre Verdrager définit comme le moment du grand renversement.
Il a fait paraître le 24 février, toujours chez Armand Colin, un livre qui reprend son étude de l’enfant interdit en la synthétisant et en l’actualisant : « Le grand renversement »
Il estime que la société a enfin opéré un changement.
Le hasard a voulu que son livre soit contemporain du dernier opuscule de Matzneff.
En quatrième page on lit :
« On ne se souvient généralement pas que la pédophilie a été considérée comme une cause défendable voici seulement une cinquantaine d’années. Au nom du processus de libération des mœurs, de grands intellectuels, de grands éditeurs, de grands journaux, à gauche mais aussi à droite, homosexuels comme hétérosexuels, l’ont défendue de façon passionnée. Certes, une telle position faisait débat. Mais certains étaient résolument convaincus que la lutte en faveur de la pédophilie était un combat politique qui valait la peine d’être mené. Ce livre se replonge dans les controverses de l’époque et passe à la loupe les arguments des différents protagonistes. L’auteur observe ensuite comment ces controverses s’arrêtent, la défense de la pédophilie devenant peu à peu impossible. Mais c’est en 2020, avec la publication du Consentement de Vanessa Springora, que la question pédophile subit sa dernière métamorphose. »
Une production de <L’INA> montre que la télévision française, dans ces mêmes années, avaient les mêmes faiblesses coupables. On voit même Françoise Giroud traiter légèrement de relations sexuelles entre un adulte et un enfant.
Et on revoit l’émission de Bernard Pivot, dans laquelle Matzneff peut dévoiler ses passions pour les jeunes filles sans entrainer la moindre réprobation de l’intelligentsia présente. Seule une auteure canadienne Denise Bombarbier ose exprimer un avis divergent :
« Moi, monsieur Matzneff me semble pitoyable. Ce que je ne comprends pas c’est que dans ce pays la littérature sert d’alibi pour de telles confidences.»
Elle était seule, bien seule.
Quelques jours après cette confidence, Matzneff était à nouveau invité par la télévision et il y avait l’écrivain et intellectuel très apprécié dans le monde littéraire Philippe Sollers qui va tenir ces propos ignobles :
« La connasse qu’on vient d’entendre qui est canadienne je crois, qui déraisonne comme ça à la télévision … »
Édifiant non ?
Pierre Verdrager souligne le combat dévoyé que certains défenseurs de la liberté sexuelle pour les homosexuels ont voulu élargir aux enfants.
En 2007, Pierre Verdrager publie « L’Homosexualité dans tous ses états ») réalisé à partir d’entretiens :
« C’est en lisant les journaux gay comme Gai Pied et en découvrant les articles de défense de la pédophilie que je me suis dit qu’il fallait que je creuse ».
Quand le Monde précise : « Il sait qu’il peut être accusé de faire le jeu de l’amalgame entre homosexualité masculine et pédophilie, que les gays ne cessent de combattre. ».
Il répond :
« Je n’ai jamais caché mon homosexualité[…] En tant que gay, j’ai plus de facilité à aborder ce sujet et personne ne peut me soupçonner d’être homophobe.
[C’est le Congrès] de l’International Lesbian and Gay Association (ILGA) en 1994, qui décide d’exclure les associations favorables aux rapports majeurs/mineurs. »
Et il oppose certains gays aux féministes :
« La libéralisation de la pédophilie annonçait pour certains gays une victoire de la liberté, alors qu’elle signifiait pour de nombreuses féministes une victoire de la domination masculine. »
Ce grand renversement de la défense à la condamnation de la pédocriminalité, Pierre Verdrager en trouve la confirmation dans le succès du livre de Camille Kouchner, La Familia grande (Seuil), et par la médiatisation de nombreuses affaires de violences sexuelles sur mineurs :
« Il faut faire attention à la présomption d’innocence, prévient-il. Mais nous vivons une période d’effervescence très positive. […] Cela a été une grande erreur de Michel Foucault et d’autres intellectuels de ne pas avoir compris que la sexualité entre un adulte et un mineur était une violence, même sans coups. […] La société ne se raidit pas. Elle se place du côté des dominés et des victimes pour dire le droit. C’est un bouleversement complet. »
C’est une parole et une vision salvatrice qui me semblait mériter un partage.
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